JOURNAL DE MONSIEUR

0674
1776
1783

Titre(s)

Le Journal dédié à Monsieur, frère du Roi. Table générale des journaux anciens et modernes «contenant les jugements des journalistes sur les principaux ouvrages de tout genre; suivie d'observations impartiales, et de planches en taille-douce ou en couleurs, par une société de gens de lettres».

A partir de 1781: Journal de Monsieur, Frère du Roi.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Septembre 1776-août 1777, puis octobre 1778-1783. Revue mensuelle. 12 livraisons par an pour la première période; interruption et périodicité irrégulière de 1778 à 1781. De 1781 à 1783, trois livraisons par mois, 36 par an. La collection complète devrait comprendre 30 volumes (12 pour la première période, 18 pour la seconde).

Description de la collection

Pour la première période, 12 volumes doubles en 6 tomes (3 «Anciens» et 3 «Modernes»). Livraisons de 240 p. environ, de pagination continue: 120 p. pour les «Anciens», 120 p. pour les «Modernes». A partir de 1781, la livraison est de 72 p. en général (parfois 56 ou 96 p.). Pagination continue par tome de 440 p. environ. Cahiers de 24 p. in-12, 95 x 160.

Devise: ... justique tenorem / Flectere non odium cogit, non gratia suadet. A partir de 1781, t. II: Non odium, non gratia flectet.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Paris, chez Demonville, imprimeur libraire de l'Académie Française, rue S. Severin, Aux armes de Dombes»; pour les t. III et IV, en 1777, «Chez Valleyre l'aîné, imprimeur-libraire, rue de la vieille Boucherie». En 1781 et 1782, «A Paris, de l'imprimerie de Knapen, au bas du pont S. Michel»; en 1783, «A Paris, de l'Imprimerie de Monsieur».

Abonnement à 24 £ pour Paris, 30 £ pour la province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jacques GAUTIER DAGOTY, rédacteur principal en 1776-1777; la présidente Charlotte d'ORMOY pour la fin de 1778 et 1779; Julien-Louis GEOFFROY et Thomas-Marie ROYOU à partir de 1781. Les Affiches du Dauphiné donnent pour auteurs principaux Clément et Royou (3 janv. 1783).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Pour la période 1776-1777, le titre développé annonce très exactement le contenu. On trouve, pour la partie «Anciens», des extraits de journaux du XVIIe siècle et du début du XVIIIe (Journal des savants Mercure galant, Mémoires de Trévouxetc.). La partie «Modernes» donne des extraits des journaux paraissant la même année ou l'année précédente. Outre les extraits d'ouvrages scientifiques, on trouve des mélanges littéraires, des annonces et une «table générale et raisonnée du Journal de Paris». Les planches et gravures sont relatives aux sciences naturelles. Chaque volume devait se terminer par des anecdotes de la vie politique. Vers la fin de 1778, le journal ressemble aux magazines de l'époque. Entre I781 et 1783, la division «Anciens» et «Modernes» disparaît pour laisser place à des sujets actuels et à des comptes rendus de livres, d'almanachs, à des poésies fugitives, des «nouvelles littéraires» et surtout à d'intéressants et nombreux comptes rendus de pièces de théâtre contemporaines. On note une attitude nettement défavorable à Voltaire et à la philosophie des Lumières.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, Presse 2138 (années 1776-1777, 4 vol. sur 12), F 19020 (coll. complète en 18 vol. pour 1781-1783); B.N., Z 51207-51227.

Bibliographie

B.H.C., t. III, p. 205-211.

Historique

Gautier Dagoty acquiert en 1776 le privilège d'un Journal dédié à Monsieur, et lance le premier numéro en septembre 1776, avec une dédicace signée «par la Société, G**, d'A**, D**, S**, M**» (Gautier d'Agoty, Dessinateur de Sa Majesté?). Il s'agissait apparemment de la société familiale fondée par Dagoty en 1746 pour exploiter le procédé de reproduction gravée en couleur qu'il avait mis au point (cf. D.P. 2, art. «Dagoty»), et qui avait déjà été à la base du privilège des Observations sur l'histoire naturelle. Comme le dit le titre développé, le Journal de Monsieur donnera lui aussi une place importante aux planches en couleurs. Toutefois, Dagoty semble avoir été plus soucieux d'exploiter son privilège que de faire vivre son journal; au bout d'un an, il cherche à le revendre. Les Mémoires secrets déclarent, le 12 septembre 1778: «On avait commencé un Journal de Monsieur. Il a été interrompu un an et reparaîtra au 1.10 sous les auspices de Madame la Présidente d'Ormoy». Toutefois, Mme Chaumet, présidente d'Ormoy et romancière en faveur, ne réussit guère à étendre le public du journal; en 1781, elle dut le vendre à Royou, pour la somme de 4000 £ si l'on en croit les Mémoires secrets (2 nov. 1782). Royou est associé à Geoffroy qui prend en main la rédaction du journal, pour faire pièce à L'Année littéraire (voir le texte de la Correspondance secrète, t. II, p. 48, cité par Hatin, H.P.L.P., t. III, p. 210); Royou et Geoffroy figurent ensemble sur la page de titre en 1781; toutefois, Royou est seul à figurer sur les volumes de 1782-1783. Le journal parvint à remonter jusqu'à 300 soucripteurs (M.S., 2 nov. 1782), chiffre très insuffisant. Il tomba en 1783, «faute de souscripteurs» (La Harpe, cité dans D.P. 2); d'après les Mémoires secrets (2 nov. 1782), il s'était attiré la réputation de «satirique effréné, chien enragé»; les Affiches du Dauphiné signalent son «courage inébranlable à résister aux novateurs» (3 janv. 1783). En fait, le Journal de Monsieur eut dès le début beaucoup de mal à s'assurer une place sur un marché déjà tenu par l 'Esprit des journaux (1772-1818) puis par l'Esprit des gazettes (1780-1797), et la tentative de renouvellement du journal par Royou en 1782 est sans doute arrivée trop tard pour le sauver.

Titre indexé

JOURNAL DE MONSIEUR

Date indexée

1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783

BIBLIOTHÈQUE DES SCIENCES ET DES BEAUX-ARTS

0160
1754
1778

Titre(s)

Bibliothèque des Sciences et des Beaux-Arts, pour les mois de...

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1754-décembre 1778. Trimestriel, 50 tomes en 96 livraisons (2 livraisons en 1777: janv.-juin et juil.-déc.). Les t. XXV et L sont des tables.

Description de la collection

Le volume, en deux parties, a une pagination continue. Les premiers tomes comptent environ 500 p. chacun (250 + 250). Ce chiffre augmente par la suite: 580 p. (t. XX) et dépasse les 600 p. (t. XXIII-XXVI) pour revenir aux 500 p. (t. XXXI-XL). Les derniers tomes ont souvent 550 p.

Table sommaire, par articles, au début de chaque livraison, et table analytique, par ordre alphabétique des matières, à la fin de chaque tome. Après cela on trouve souvent un errata, des prospectus, et des nouvelles des dernières publications disponibles chez l'éditeur du journal. A partir de 1771, on trouve, chaque année, un dépliant contenant des statistiques sur le nombre des morts à La Haye et les causes de leur mort.

La vignette de la page du titre représente l'agriculture avec cette devise: «Le plaisir des beaux-arts est le plaisir des sages». On remarque des renouvellements et des changements dans cette gravure, probablement à cause de l'usure. Le dessin du t. XXVIII et suivants insiste davantage sur les différents aspects de l'art agricole: labourer, planter, tailler, cueillir. A partir du t. XXXV, et à l'occasion d'un renouvellement de la vignette, la devise devient: «Le plaisir des beaux-arts est plaisir des sages», l'article «le», omis, réapparaît au t. XLVIII. La page du titre est en rouge et noir à partir du t. XXXI (1769).

Dimensions du cahier: 95 x 160, format in-16.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A La Haye. Chez Pierre Gosse junior, libraire de son Altesse royale. A partir de 1761, chez Pierre Gosse junior et Daniel Pinet, libraires de son Altesse royale le prince Stadhouder héréditaire. A partir de 1774, chez Pierre Frédéric Gosse, libraire de [...]

Le prix de l'abonnement est de 3 fleurons de Hollande par année (t. I et XX).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Charles CHAIX, à la tête d'une «société de gens de Lettres». Parmi les collaborateurs les plus actifs de Chaix, citons: Elie de JONCOURT et Jean Daniel LA FITE qui sont, tout comme Chaix, «pasteurs de l'Eglise wallone à La Haye». On remarque également la participation de Madame La Fite, Marie-Elisabeth Boué, de Charles-Guillaume-Frédéric Dumas, ainsi que de H. Hop, J. Guiot, L'Héritier... (cf. Haag).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

L'Avertissement du t. I, la devise et la vignette de la page du titre annoncent une prédilection pour les sciences, exactes et appliquées. On s'intéresse dans les premiers tomes à la médecine, à l'agriculture, aux mathématiques, à la physique, mais aussi aux voyages, histoire ecclésiastique et belles-lettres. Les mémoires des sociétés savantes, de Hollande notamment, sont très souvent publiés.

On remarque une importante évolution et un intérêt de plus en plus grand pour les belles-lettres à partir de 1760. L'évolution de la rubrique «Nouvelles littéraires» confirme cette tendance. On y donne aussi bien des nouvelles scientifiques que des nouvelles de la «République des Lettres». Les nouvelles des belles-lettres l'emportent largement par la suite, ainsi que le nombre des pages consacrées à cette rubrique. D'une vingtaine de pages dans les premières livraisons, on approche la centaine quelquefois (t. XXVI et XXVII), presque le tiers du contenu. Des nouvelles de toutes les villes d'Europe attestent l'existence d'un important réseau de correspondants.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 43030-43079; B.M. Lyon, 807-181 (coll. incomplète, 34 livr.).

Historique

Ce journal qui rappelle à la fois des aspects du Journal des savants, du Journal étranger, et du Mercure présente à notre avis un grand intérêt dans les domaines de l'histoire littéraire et de l'histoire de l'édition. Ses «Nouvelles littéraires» contiennent de précieux renseignements sur la vie littéraire en Europe pendant un quart de siècle très riche.

Les nombreux extraits du Catalogue de Gosse insérés dans le journal, ainsi que les prospectus et les annonces de souscriptions permettent de suivre l'évolution du marché de l'édition à La Haye et en Europe. Un extrait du Catalogue peut atteindre 34 p. (1765) où figurent des livres en français, en anglais, en hollandais et en latin. A l'occasion d'une importante souscription de L'Histoire militaire de Brunsvic sur la dernière guerre entre la Grande-Bretagne et la France, en Allemagne, on trouve une impressionnante liste de presque tous les libraires de l'Europe (t. XXI, II, 1764).

Additif

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: Marc Béghin a souligné l’importance de cette revue comme lieu d’échanges culturels entre la France et l’Allemagne («Que M. Palissot apprenne l’allemand!» Diffusion et traduction des lettres allemandes dans la Bibliothèque des sciences et ces beaux arts », DHS, n° 30, 1998, p. 473-488). Dans les années 1760, la revue s’ouvre largement aux belles-lettres dans toute l’Europe, mais particulièrement aux œuvres allemandes. Alors que les pasteurs protestants, et en particulier Formey, s’étaient surtout préoccupés de répandre l’usage de la langue française en Prusse, les pasteurs Chaix, Lafite et et Joncourt attirent l’attention sur l’éveil de la littérature allemande au milieu du XVIIIe siècle, et ils plaident inlassablement en faveur de bonnes traductions. S’appuyant sur la thèse de François Genton, La Découverte du théâtre allemand (1750-1772), Marc Béghin montre à travers les comptes rendus de la B.S.B.A. un constant souci de la traduction exacte et élégante. Elle fait l’éloge des traductions de Wieland ou de Gellert, elle raconte les déconvenues de Winckelmann devant la traduction de son Histoire de l’art. Rendre justice à la littérature allemande, tel est le souci constant des auteurs, qui prennent vivement à partie Palissot pour son mépris de la poésie allemande.

Auteur additif

Titre indexé

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