LE CONSERVATEUR 2

0223
1760

Titre(s)

Le Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes imprimés ou manuscrits, élagués, traduits et refaits en tout ou partie («imprimés ou manuscrits» figure sur la première page, mais non sur la page de titre). L'ouvrage paraît «avec approbation et privilège»; cela vaut pour les deux suppléments également.

Les numéros de novembre 1758 et de décembre 1758 publiés en 1760 et 1761 s'intitulent: Supplément au Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes, élagués (etc.).

C'est la continuation du Conservateur de 1756-1758.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er janvier 1760 – 1er décembre 1760. 12 vol. + 2. Privilège du 12 novembre 1758, cédé le 16 novembre 1759 par Bruix à MM. *** et ***. Prospectus du 24 novembre 1759, repris dans le numéro de janvier 1760.

Périodicité mensuelle + un volume de Supplément, de 6 mois en 6 mois. Supplément en juillet 1760 (nov. 1758) et en mai 1761 (déc. 1758), soit au total 14 vol.

Ensemble les deux séries du Conservateur font 38 volumes.

Description de la collection

Chaque volume est divisé en 5 articles, chaque article en 2 ou 3 sections, chaque section en chapitres. 216 à 220 p. par volume, 95 x 160, in-12.

Devise: Floriferis ut apes in saltibus libant, Omnia nos itidem depascimur aurea dicta Lucret

Les figures gravées qui disparaissent de la couverture séparent désormais les articles.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Duchesne, rue Saint-Jacques au-dessous de la Fontaine Saint-Benoit, au Temple du Goût (1er juin – 1er juillet 1760); Paris, Lambert (à partir du 1er août 1760). Imprimeur P.G. Le Mercier, imprimeur libraire, rue Saint-Jacques au Livre d'or.

Anciens volumes 1 £ 10 s. l'un. Nouveaux volumes 40 s. l'un. Souscription aux 14 volumes (12 + 2 suppl.), 24 £; et «pour les personnes de province», 28 £ 8 s., franc de port.

Adresse du bureau du Conservateur: M. de Monglas, rue et croix des Petits Champs, vis-à-vis l'hôtel de Lussan.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Chevalier de BRUIX (et Turben?). Turben s'efface devant Bruix (Avertissement, oct. 1758), mais ne précise pas les noms des «trois collaborateurs» sur lesquels son successeur compte. L'aide de Fréron est possible (D.P. 2, art. «Bruix»). «L'auteur» du poème La Guerre de Hollande (févr. 1760, p. 193-216) et du Conservateur se dit «chargé d'une partie de cette collection» (p. 194). Il n'a pas été possible d'identifier l'auteur de ce poème qui ne figure pas dans les bibliographies de Bruix ni de Turben.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«A la tête de chaque volume une portion de l'Histoire littéraire du monde». Puis 4 articles: Philosophie (morale, physique, métaphysique); Histoire (chroniques, vies); Beaux-Arts (éloquence, poésie); Philologie (romans, fables, contes, musique). Ce projet, très précis, est scrupuleusement respecté. Noter la part importante de l'histoire, également présente dans les articles: Histoire littéraire et Philosophie. La géographie, chère à Turben, disparaît. Des textes récents et des manuscrits anonymes sont introduits. Mais on se souviendra que Turben avait déjà publié en inédit Les Acteurs de bonne foi. «L'auteur» offre en outre sa propre production: un poème héroïque, La Guerre de Hollande (févr. 1760, p. 195-216). Par rapport au premier Conservateur, la modernité est plus accentuée. La Grèce antique et l'Europe du Nord tendent à supplanter la Rome antique et l'Europe méditerranéenne. On trouve une série d'études sur l'athéisme.

Auteurs étudiés: Scudéry; divers philosophes grecs, Spinoza; Newton; Hobbes, dont le Leviathan est analysé en 4 livraisons (juil. – oct. 1760); Gottsched pour ses Principes de philosophie (févr. 1760). Tables à la fin de chaque volume.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 27513-27518 (janv. – nov.), vol. reliés deux à deux; B.U. Médecine Paris, 90336 (déc. 1760 et le 2e supplément: déc. 1758); B.M. Lyon, 807 171 (déc. 1760 et les deux suppléments de 1758).

Bibliographie

B.H.C, p. 48; H.P.L.P., t. III, p. 202-203 (inexact); D.P. 2, art. «Bruix», «Le Blanc de Guillet», «Turben». Mémoires de Trévoux, janv. 1760 et t. II, p. 368. Quérard, «Le Blanc de Guillet».

L'Année littéraire comparait l'entreprise de «Messieurs Turben et de Bruix» à celle des Egyptiens embaumant et conservant leurs morts, ou à la redécouverte d'«Herculane» par les archéologues (3 oct. 1756, t. VI, p. 116-119). Les liens qui unissent les auteurs à Fréron semblent étroits. Lambert est l'éditeur de L'Année littéraire comme du Conservateur. En décembre 1756, dès le second numéro, Fréron est remercié d'avoir «bien voulu inviter les curieux à [...] communiquer leurs richesses». Thiriot, dans une lettre à Voltaire du 4 novembre 1756, affirmait même: «Je vous dirais ce que c'est que le Conservateur de Fréron qui va paraître. C'est un ouvrage dont vous avez donné l'idée» (Best. D7049). Cette dernière remarque est fondée sur une citation du Prospectus: «Il serait à souhaiter, dit M. de Voltaire, que quelqu'un se chargeât d'abréger les meilleurs livres». Turben veut trouver des auxiliaires autant pour recueillir des textes que pour les condenser. Mais il se plaint du manque de collaborateurs en octobre 1758 (voir 5). Cela peut expliquer l'arrêt de l'entreprise à cette date ou plus exactement en février 1759, quand paraissent août, septembre et octobre 1758. Avec Turben, disparaît alors un certain dilettantisme dans la conception du Conservateur première manière.

Sans être fondamentalement différent de ce périodique, le nouveau Conservateur s'en distingue assez nettement pour que deux notices aient été jugées nécessaires. Le souci de continuité s'affirme dans l'Avertissement de Turben d'octobre 1758, qui reconnaît ses insuffisances: «Les relations de mon successeur sont plus étendues que les miennes. Il sera aidé par trois collaborateurs». Mais, si la volonté de combler le vide chronologique se manifeste dans des suppléments, il importe de souligner le changement de méthode et d'orientation: instauration de rubriques nettes, reprises dans chaque table des matières; introductions plus consistantes; présentation d'ouvrages modernes et notamment anglo-saxons, au détriment des espagnols et des italiens. Le titre lui-même a d'ailleurs subi une légère modification pour mettre en évidence l'intention de modernité. La référence au travail de l'abeille, dans la devise, manifeste apparemment un souci nouveau de sérieux et d'ordre, de même que la critique de Montaigne que contient le Prospectus de novembre 1759: Montaigne était un des auteurs favoris de Turben. Le changement de direction ne doit donc pas tenir seulement à des «raisons domestiques» (Turben, oct. 1758). On aura aussi remarqué le passage chez un autre éditeur, de janvier à juillet 1760, avant le retour chez Lambert. Quant à la date à laquelle disparaît effectivement le périodique, 1761 selon diverses sources (D.P. 2, «Bruix», etc.), elle semble justifiée par l'Approbation du 5 mai 1761 donnée au supplément pour le mois de décembre 1758, ce volume portant néanmoins la date «MDCCLX» sur la page de titre. Le dernier volume régulier que nous ayons pu voir est de décembre 1760, sans doute retardé, puisque son Approbation est du 30 de ce mois. Ainsi, quoique l'intention eût été affirmée de constituer un ensemble continu grâce aux suppléments promis à la cadence d'un tous les six mois, l'année 1759 n'a jamais vu le jour. Et l'on peut lire cet avis à la dernière page du numéro de décembre 1760: «L'auteur ayant été malade n'a pu donner plus tôt ce volume, ni y insérer d'histoire littéraire. Le Supplément de décembre 1758 est sous presse, il va paraître bientôt. Si l'auteur se trouve assez rétabli pour commencer l'année 1761, il se rengagera dans cette carrière. En attendant l'ouvrage sera suspendu, et le public sera averti lorsqu'il sera continué». Nul autre avis ne devait être publié. En 1761 s'achève une série qui n'a jamais été datée de ce millésime.

Titre indexé

CONSERVATEUR 2

Date indexée

1760

LE CONSERVATEUR 1

0222
1756
1758

Titre(s)

Le Conservateur ou Collection de Morceaux rares, et d'Ouvrages anciens, élagués, traduits et refaits en tout ou en partie.

Continué par Le Conservateur ou Collection de Morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes, imprimés ou manuscrits, élagués, etc. (1760).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er novembre 1756 – 1er octobre 1758. 24 vol. Privilège du 2 décembre 1756. En novembre le privilège est annoncé pour le numéro de décembre, mais il ne paraît qu'en octobre 1757. L'Année littéraire du 3 octobre 1756 dit qu'on le distribue «actuellement». La périodicité annoncée mensuelle est tenue, mais en 1758 il y a des retards.

12 livraisons par an en 12 volumes.

Chaque volume est daté du premier jour de chaque mois, comme l'annonçait le prospectus ; si le souci de ponctualité est affirmé en décembre 1756, la publication d'août, septembre, octobre 1758 se fait fin février 1759 (D.P. 2, art. «Turben»).

Description de la collection

Chaque volume contient une dizaine d'articles présentés sans ordre fixe. 240 p., 97 x 165, in-12.

Six modèles différents d'illustrations, une gravure sur chaque couverture.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Lambert, rue et à côté de la Comédie-Française, au Parnasse. Imprimeur : P.G. Le Mercier, rue Saint-Jacques, au Livre d'or.

Le prix de la souscription pour les douze volumes est de 21 £ ; chaque volume se vendra 40 s. à ceux qui n'auront pas souscrit. Le port par la poste est de 6 s. par volume (conditions de nov. 1756, renouvelées en nov. 1757).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le chevalier Pierre de BRUIX et François TURBEN. Mais il semble que Turben ait seul rédigé ou composé ces vingt-quatre volumes, Bruix ayant donné «l'idée» d'un tel périodique (selon Turben, n°  d'oct. 1758, p. 237). Selon Mahérault, Le Blanc de Guillet aurait collaboré à ce périodique, à la demande de Turben (D.P. 2, art. «Le Blanc de Guillet» et «Turben»). Turben affirme pourtant en octobre 1758 n'avoir «point été secouru» (Avertissement).

Collaborateurs occasionnels : abbé Claude Sailier, Antoine Le Blanc de Guillet, Paris de Meyzieu, Burlamont, Pierre Jamet, Jean-François Dreux du Radier et quelques bibliothécaires : «ils sont les seuls qui m'aient communiqué quelques morceaux rares» (Avertissement, oct. 1758).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le titre donne le contenu prévu. La variété règne, sans ordre, dans Le Conservateur. Principales rubriques : histoire, géographie, philosophie, curiosités, contes. Quelques sujets techniques (typographie, natation). Poésie : pièces morales ou de circonstances ; un inédit de Boivin le jeune : Sommium chronologicum (1709) avec la traduction en vers français par le père Buffier (févr. et mars 1757). Inédit : Les Acteurs de bonne foi de Marivaux (nov. 1757).

Centres d'intérêt : Antiquité, Orient, Méditerranée. Rares sujets d'actualité ; mais une pièce médiévale Le Courroux de la mort contre les Anglais, marque «le rapport» entre «aujourd'hui» et «les temps éloignés» : «ce sont les mêmes plaintes contre les Anglais, le même manque de procédés de leur part et la même forfanterie» (sept. 1757, p. 210). En outre, un poème Sur la mort de Montesquieu par Turben (oct. 1758, p. 223-228), de 1755, suivi d'une Epître sur le retard des vers précédents, de Turben aussi, sans doute.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 27501-27512 (vol. reliés deux à deux) ; B.M. Lyon, 8071 71 (manquent oct. – nov. 1756).

Bibliographie

Mémoires de Trévoux, oct. 1756, t. II, p. 2668-2669. Année littéraire, 3 oct. 1756, p. 116-119 ; sept. 1757, p. 145-171. Grimm, Corr. litt, t. III, p. 242.

Additif

Bibliographie: Mentions dans la Bibliothèque impartiale, XIV, iii (novembre-décembre 1756), p. 466 ("Nouvelles littéraires de Paris:  On a répandu ici le projet d’un ouvrage intitulé Le Conservateur ; et l’on en a même commencé l’exécution ; mais le début ne promet rien de fort intéressant"). Bibliothèque des sciences et des beaux-arts, t. VI, ii (octobre-décembre 1756, p. 480).

Auteur additif

Titre indexé

CONSERVATEUR 1

Date indexée

1756
1757
1758