LE PERROQUET

1112
1741

Titre(s)

Le Perroquet, ou Mélanges de diverses pièces intéressantes pour l'esprit et pour le cœur.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier-décembre 1741. Deux tomes.

Périodicité annoncée et réelle: hebdomadaire (voir annonce du n° 27). Cinquante-deux livraisons.

Les deux tomes sont datés de 1742. Dans l'édition de Munich, page de titre bicolore datée de 1742.

Description de la collection

Chaque tome comprend 26 livraisons (chaque livraison étant de 16 p.). T. I: 418 p. (+ Préface); t. II: p. 419-834 (+ table des matières).

Cahiers de 16 p. in-8°, 95 x 160.

Frontispice: dans le cadre d'un jardin à la française avec arcades, bassin et jet d'eau, un petit Amour, carquois au dos; devant lui, un perroquet; du bec de celui-ci sort un fil que tient l'Amour. Au bas du frontispice, on lit: «Toujours Badin. Rosler Fec. Fr.» (Michael Rössler, graveur de Francfort).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Francfort-sur-le-Main» chez François Varrentrapp. Chaque livraison ajoute «et dans les bureaux des postes de chaque ville».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: recueil de pièces variées «tant en prose qu'en vers», d'où ne sont pas exclus des «morceaux de la belle littérature ancienne et moderne» et dont la lecture doit amuser et délasser, mais aussi instruire, car au «badin» se mêle quelquefois le «sérieux» (Préface, t. I).

Contenu réel: pièces de vers–odes (bachiques, anacréontiques...), épîtres, fables, sonnets, stances et petits genres (épigrammes, épitaphes, rondeaux, ballades, madrigaux, maximes en comparaisons); vaudevilles de la comédie ou de l'opéra-comique, airs à boire; lettres, anecdotes, dialogues, histoires et contes; réflexions tirées d'ouvrages ou de discours et relatives au théâtre, à la poésie, à la peinture, à l'histoire; traductions (vraies ou supposées), imitations, explications d'historiettes ou de poèmes tirés de l'Antiquité (d'Hérodote et Pausanias à Horace et Ovide).

Principaux centres d'intérêt: Eros et Bacchus; satire des mœurs et de la société, des ridicules et de la superstition, de la franc-maçonnerie, le tout sur un ton de badinage parfois assez libre...

Poètes publiés, entre autres: La Motte, Diderot (voir De Booy et Dawson), poètes latins et grecs en traduction, chansons (sans musique gravée, voir Préface, p. 4).

Auteurs cités: L. Riccoboni, Saint-Foix, Rudbeck, Mmes Deshoulières et Du Châtelet, Servandoni.

Articles intéressants: t. I, n° 1, 3, 4, 6, anecdote scandaleuse à l'Opéra de Paris; n° 14, 22, description de Francfort par un Français; n° 19-20, satire des «wolffiens»; n° 24-26, «Parallèle de la poésie et de la peinture»; t. II, n° 32, réflexions sur la carrière poétique comparée à des activités utiles (militaires ou commerciales); n° 40, «Eloge d'Arlequin» (en vers, sur Thomassin); n° 41, sur la pantomime; n° 45-46, une promenade aux Tuileries.

Table à la fin du t. II.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8° P.O. gall. 1657 (basane aux armes de Bavière, avec ex-libris gravé monogramme C.F.: «Bibliotheca Palatina»); Ars., 8° B.L. 34872 (1-2); 8° B.L. 34873 (1-2); Opéra, Pi 212 (ex-libris imprimé: «P.C. Marchant, Doctoris Medici Bisontini», et sur le titre, cachet: «L.T. Simon D.T.»); B.N., Ye 12433-12434 (t. I: Préface + livraisons I-XXIX + table non intégrée; t. II: livraisons XXX-LII); Z 57400-57401 (manquent les n° LI-LII); B.U. Halle (inc.); B.U. Rostock.

Bibliographie

Kirchner 1931, n° 623; Kirchner 1969, n° 5211. — Strauss B., La Culture française à Francfort au XVIIIe siècle,Paris, 1914, p. 35, 122, 207, 245-246. — Van Roosbroeck, «Diderot's earliest publication», Modem language notes, t. XXIX, 1924, pp. 504-505. — Couperus, p. 191. — De Booy J.-Th., Denis Diderot. Ecrits inconnus de jeunesse, Studies on Voltaire, t. CXIX, 1974, p. 47-55. — Dawson R.L., Baculard d'Arnaud: life and prose fiction, Studies on Voltaire, t. CXLI, 1976, p. 38-39, note 9.

Historique

Ouvert sur un poème où le Perroquet s'adresse au public et où il définit son dessein, le périodique, composé de pièces fugitives et qui devait reproduire la musique des chansons publiées (mais la promesse ne sera pas tenue), semble avoir été assez bien accueilli. Dans la 27e livraison, au moment où il aborde le second semestre, le Perroquet, s'adressant de nouveau au public, observe:

«Parce qu'il vous a plu d'applaudir

Avec beaucoup de complaisance

Ma manière de divertir,

Pourrais-je m'imposer silence?»

Quand le Journal littéraire d'Allemagne signale à l'attention de ses lecteurs l'existence de cette publication hebdomadaire, il parle d'«un agréable mélange de pièces». C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les feuilles sont ensuite rassemblées en volumes: «comme il a plu en détail», lit-on dans la Préface (t. I), «nous espérons que [le recueil] ne plaira pas moins en gros». Un troisième tome est du reste envisagé, mais qui serait donné «tout à la fois dans six mois».

Qui s'intéresse aux statuts de l'Ordre de la Malice fondé par une Dame de province (t. I, n° 5), à la mode des robes à paniers (t. I, n° 6) ou à l'histoire allégorique de la galanterie (t. I) y trouvera sa pâture. Petits vers, parmi lesquels on compte une première production de Diderot (Van Roosbroeck, De Booy), délicat féminisme (t. II, n° 46: éloge des femmes savantes) d'un «Perroquet» qui privilégie le sexe comme interlocuteur, historiettes françaises donnent au Perroquet, qui y puise d'ailleurs largement, un ton de Mercure alambiqué pour la clientèle germanique. Il y a, comme toujours dans ce type de périodique, fort peu de nouvelles d'intérêt local ou régional: quelques flatteries poétiques à l'endroit du roi de Prusse, une satire des «wolffiens», une polémique contre L'Espion turc de Francheville (t. I, Préface, p. 2). Le débat idéologique, souvent assez curieusement mêlé au badinage dans les journaux de son concurrent James de La Cour, reste ici très secondaire; à peine notera-t-on une réfutation de la notion d'animal-machine (t. I, n° 10) et un parallèle de l'utilité sociale du poète, du marchand et du militaire qui se conclut en faveur des deux derniers. La durée du périodique ne témoigne pas évidemment du succès qu'il espérait.

Titre indexé

PERROQUET

Date indexée

1741

LE PATRIOTE ANGLAIS

1109
1748
1752

Titre(s)

Le Patriote anglois [1748-1750: dans l'Empire] ou Histoire de l'Europe Où se trouvent toutes sortes de Remarques et Reflexions Politiques, Historiques, Morales et Critiques [1749-1751: tirées des Auteurs Anglois, et autres les plus celebres].

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

2 janvier 1748–4 janvier 1752; 4 volumes; bihebdomadaire, le mardi et le mercredi (1748, 2e série, n° 1).

Description de la collection

Huit séries à pagination continue reliées en 4 vol.

T. I: 2 janv.-2 mars 1748, XVII numéros, 136 p., inc.; 2e série, 6 août-31 déc. 1748, XLII numéros, 334 p., inc. des n° III, XIII, XXXVII-XLI.

T. II: 4 janv.-22 juil. 1749, LII numéros, 422 p. inc. des n° XI-XIV, XVIII-XIX, XXIII, XXVIII-XXXII; 2e série, 16 sept.-30 déc. 1749, XXIX numéros, 230 p.

T. III: 3 janv.-30 juin 1750, LI numéros, 406 p.; 2e série, 4 juil.-22 déc. 1750, XLI numéros, inc. des n° XXX, XLII.

T. IV: 2 janv.-29 juin 1751, LII numéros (n° I relié en tête du t. III), 412 p.; 2e série, 3 juil. 1751-4 janv. 1752, XLIII numéros, 342 p., inc. du n° XXXII.

Livraisons de 8 p.: cahiers de 8 p. in-12, 95 x 154.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Francfort-sur-le-Main, James de La Cour. 1748-1749: au coin de la Haase Gass, près les Capucins. 1750-1751: dans la Fahrgass, auprès du Lion d'Or. Se trouve chez M. Schild, graveur au coin de la Haasgass, près les Capucins et dans les bureaux des Postes impériales (5 premiers numéros de 1748).

James de La Cour, à Francfort, demeurant dans la Fahrgass, auprès du Lion d'Or chez M. Francke, pâtissier (1750, n° XXXVI).

Nombreuses publicités pour des médicaments à prendre chez James de La Cour (cf. Le Nouveau Magasin de Londres, 1752-1753).

Abonnement: 6 florins par an dans Francfort; 8 florins franco au dehors (Vrai Patriote hollandais).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

James de LA COUR (cf. Amusements historiques); correspondant à Neuchâtel, D.C*** (avril 1750, p. 45), qui s'intéresse à la médecine et aux sciences naturelles.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu: nouvelles politiques, extraits des papiers et des gazettes anglais, informations scientifiques et techniques, articles sur les médailles, galanteries et anecdotes, réflexions morales, vers.

Principaux auteurs étudiés: Lévesque de Pouilly (Théorie, numéro entier: t. I, n° XXVII), Soubeiran de Scopon, Frédéric II, Mme de Puisieux, Hurtaut, Dr. Berkeley, Coyer, Le Cat, Burlamaqui, Trochereau. L'Economie de la vie humaine (Le Bramine inspiré) de Dodsley, trad. par Desormes, est curieusement attribué à La Douespe (t. IV, 2e série, n° V).

Vers: Voltaire, Bernis, Desmahis.

Périodiques cités: Journal des savants d'Italie (t. II, n° XXXIV; critique de son catholicisme); Journal historique (t. IV, n° 51, 26 juin 1751; annonce); ce périodique, dirigé par C. Newbrouck de Munster et rédigé par un anonyme, devait commencer de paraître en janvier 1752. Projet: trimestriel, in-8° de 128 feuilles, abonnement par souscription: 3 florins, ensuite 4. Journal inconnu de tous les bibliographes, dont J. Kirchner. Série d'articles sur la mort de Mme Du Châtelet (t. II, n° XII, t. III, n° II et XI), dont le dernier est une lettre de Lunéville sur l'apparition de son fantôme à une sentinelle du roi Stanislas; curieuse «Apologie des Français» sur les ambiguïtés de la langue française (t. III, 2e série, n° X-XI).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8° Eph. pol. 63. Autre ex.: B.U. Halle.

Bibliographie

Le Vrai Patriote hollandais (contrefaçon La Cour), t. II, n° VIII, 20 mai 1748: annonce du Patriote anglais. – Kirchner 1931, n° 636. – Kirchner 1969, n° 1665.

Historique

Ce périodique qui se présente comme inspiré des papiers et gazettes anglais ne remplit qu'imparfaitement son programme. Si La Cour, qui se chargeait par ailleurs «depuis huit ans» de fournir deux fois par semaine aux «grands seigneurs de l'Empire» la traduction des papiers anglais (Avertissement, t. IV, 2e série, n° 7), connaît bien le monde britannique, il n'en est pas moins attentif à tout ce qui vient de France. Son journal est politique, plutôt pro-prussien et anti-français (parallèle du système des lois: t. III, n° XLIII-XLIV); il est pénétré de l'esprit de la Réforme; anti-catholicisme naturellement, mais aussi moralisme toujours vigilant, bien que modéré dans ses effets (la danse n'insulte pas Dieu! t. II, n° VI). «Le Prince philosophe encouragera la Religion, qui enseigne toujours une Morale pure et utile aux hommes» (Extrait de «La Voix du Sage et du peuple», t. III, 2e série, n° XVI). En homme des Lumières (t. II, 2e série, n° I), La Cour croit à la pédagogie de la morale, au «catéchisme politique» (t. III, 2e série, n° VII-VIII), qui sortira le peuple de son indolence, l'aristocratie de sa décadence (t. IV, n° XXXI-XXXII), et les gouvernants de leur «épicurisme dangereux à l'Etat» (t. I, 2e série, n° I). Le progrès est dans la science de la politique qui, comme la physique, mesure dans sa «balance universelle» les actes du Prince (t. II, n° XLI).

Mais Le Patriote anglais a aussi son versant frivole: petits vers d'auteurs parmi les plus mondains, réflexions galantes ou à la mode («Remarques sur les paniers des dames», t. III, n° XXXVI), comptes rendus qui ne dédaignent pas les ouvrages enjoués. Il voue à Voltaire, «ce grand poète» (t. III, n° XIV) une admiration éperdue qui n'est peut-être pas dépourvue d'ambiguïté; son éloge de Condillac (t. III, n° XXII) est plus inattendu.

L'historien des sciences et des techniques trouvera ample matière dans Le Patriote anglais nourri de tout ce qui, dans ces domaines, pouvait lui venir des papiers anglais.

En définitive, Le Patriote anglais est un périodique curieusement composite, mélangeant agréablement frivole et sérieux, caractéristique qui signe tous les périodiques de James de La Cour (voir les Amusements historiques et le Nouveau Magasin de Londres).

Titre indexé

PATRIOTE ANGLAIS

Date indexée

1748
1749
1750
1751
1752

LE NOUVELLISTE UNIVERSEL

1069
1724

Titre(s)

Le Nouvelliste universel du [...] 1724.

Supplément : Supplément au Nouvelliste universel du [...] 1724.

La livraison est numérotée en chiffres romains au-dessus du titre.

Succède, vraisemblablement, au Nouvelliste sans fard (Dossier Roy, f° 16v).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juillet (?) 1724–28 décembre 1724. 48 livraisons et un nombre indéterminé de Suppléments.

Paraît sans la permission des Etats de Hollande (D.R., f° 16r). Périodicité : l'état lacunaire de la collection conservée permet cependant l'hypothèse d'une périodicité bihebdomadaire, le lundi et le jeudi.

Description de la collection

Livraisons de 4 p. non numérotées ; Supplément de 2 p., 160 x 222, in-12 carré.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

La Haye, par Jeanne Vaucher et Michel Guyot de Merville. Aucune indication d'imprimeur.

Diffuseurs : H. Du Sauzet (Amsterdam), J. Van Duren (La Haye), A. Acher (Rotterdam), frères Verbeek (Leyde).

Parvient en France par une voie indirecte : expédition en Flandre, puis envoi par poste à Paris (D.R., f° 16).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Michel Guyot de MERVILLE (D.P. 2), Jeanne VAUCHER (plutôt dans une fonction d'éditeur).

Collaborateurs : P.-Ch. Roy. Son embastillement, le 9 décembre 1724, amena le sabordage du journal («Avis des auteurs du Nouvelliste universel,p. 4 du n° XLVIII : D.R., passim, Polinger et Registre B.N. : Personnes qui ont été détenues à la Bastille).Gosler (G.H.).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu : 1) nouvelles de divers endroits ; France et Europe, avec prédominance de l'Europe du Nord ; 2) pièces de vers satiriques.

Principaux centres d'intérêt : informations politiques et littéraires, mélangeant assez curieusement les nouvelles anodines (vies des cours) à des anecdotes diffamatoires ou aux productions du Régiment de la Calotte, dont Roy était le fournisseur (D.R.). Tendance anti-jésuite et anti-moderne. Anecdotes ou vers sur Dufresny, Fontenelle, Francine, La Motte, Jean-Baptiste Rousseau, Voltaire.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Périodique de la plus grande rareté selon Hatin (GH.). Les quelques numéros connus proviennent de la saisie Roy conservée aux Archives de la Bastille, Ars., ms. 10865, f° 105-110 : – XXI, lundi 25 nov. 1724 ; – XXX, Supplément, jeudi 26 oct. 1724 (2 ex.) ; – XLVIII, jeudi 28 déc. 1724.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Merville». G.H., p. 194.

Mention dans la presse du temps : «Heureux Nouvelliste universel, qui, après les douleurs les plus cuisantes de l'enfantement le plus difficile, a pu mettre au jour des avortons (cet ouvrage vient d'être supprimé) tout pétillants d'esprit et d'une figure si élégante» (Nouvelliste sans fard, 1er janvier 1725, p. 57).

Sources manuscrites : Dossier P.-Ch. Roy, 1824-1725. Archives de la Bastille. Ars., ms. 10865 (D.R.) ; Personnes qui ont été détenues à la Bastille. Registre. B.N., ms., nouv. acq. fr. 1891, f° 145. – Polinger E., Pierre-Charles Roy, playwright and satirist (1683-1764), New York, 1930, p. 43-59, 334-337.

Titre indexé

NOUVELLISTE UNIVERSEL

Date indexée

1724

LE NOUVELLISTE SANS FARD

1068
1723
1725

Titre(s)

Le Nouvelliste sans fard ou la Gazette sans privilège du [...]. Continué par : Le Nouvelliste universel en 1724 (voir notice).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

9–30 octobre 1723 (n° I-VII) ; puis 1er janvier–27 avril 1725 (n° VIII-XXVII).

La première série est bihebdomadaire, chaque livraison paraissant le mercredi ou le samedi. Lors de la reprise, la périodicité est irrégulière, mais (en gros) hebdomadaire.

Description de la collection

27 livraisons numérotées en chiffres romains. Recueil à pagination continue : 216 p. ; 8 p. par livraison. Cahiers de 8 p., 116 x 187, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

N° I à VII : «Cologne, chez la veuve Couraprez» (sic). Le lieu d'impression véritable semble être Utrecht (G.H., p. 168).

N° VIII-XXVII : «A Cléve[s]», lieu d'impression vraisemblable (voir les éloges de la Prusse).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur : Michel Guyot de MERVILLE (?) (D.P. 2).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : «Je parlerai de tout» (n° I) ; «Il ne s'agit ici de gazette, mais de littérature qui demande de la méditation pour les choses qu'on y traite et de la disposition pour les exécuter» (n° VIII, p. 64).

Contenu réel : proche des nouvelles à la main satiriques ; 1) politique européenne ; 2) affaires de religion ; 3) scandales ; 4) polémique avec ses confrères ; 5) feuilleton (n° XI à XXIV) ; «Lettre à une demoiselle au sujet d'un songe».

Principaux centres d'intérêt : les affaires françaises, temporelles (Law, Dubois) ou spirituelles (Constitution), sont analysées d'un point de vue réformé (satire violente des jésuites), et, en contrepoint, la Prusse donne l'image d'un état tolérant et moderne. Mais la gazette se guinde souvent dans une critique universelle qui répond un peu trop à son titre et n'exprime pas nécessairement l'opinion du rédacteur. On retiendra malgré tout un éloge équivoque des souverains (n° IV), une explication rationnelle des miracles (n° XII) et un curieux feuilleton allégorique.

Auteurs cités : le R.P. Daniel, le R.P. Hardouin, Mariana (n° XXII), Fontenelle (n° XXVI).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection étudiée : B.N., G. 16506 (I-XXVII, n° XX en «deficit»).

Bibliographie

B.H.C., p. 57 ; G.H., p. 168 ; D.P. 2, art «Merville».

Historique

Cette gazette élégamment écrite mérite quelque attention. Composée à la première personne, elle pratique le paradoxe avec délectation, se vantant sans pudeur de paraître dépourvue de privilège et de «mentir comme un faiseur de gazettes» (n° IV). L'auteur mène de rudes polémiques contre la Gazette d'Utrecht et son directeur François-Michel Janiçon (passim, et n° III), répond au Courrier politique et galant et à La Quintessence (n° V) de Rousset de Missy. Il s'adresse au public sur un ton de vivacité et avec une verdeur de langage qui mettent en valeur son esprit mécontent de tout et sa critique presque universelle. Cette petite gazette, qu'on peut ranger dans la série des Spectateurs, s'offrait avec jubilation à l'interdiction (réflexions sur la censure universelle : n° I) : l'information qu'elle fournit doit être considérée avec prudence. Mais il y a là un excellent style de polémiste.

Additif

L’histoire de cette petite revue est complexe. W.P. Sautijn Kluit, dans son étude sur les journaux publiés à Utrecht, «Hollandsche en Fransche Utrechtsche couranten» (dans Bijdragen en mededelingen van het Historisch Genootschap te Utrecht, Utrecht, Kemink en zoon, 1877), a extrait des archives de la ville d’Utrecht un  certain nombre de renseignements relatifs à sa naissance ; Le Nouvelliste sans fard, ou la gazette sans privilège, est publié à Utrecht par Janiçon et rédigé par un religieux catholique nommé Des Maisons habitant non loin de chez lui. Le magistrat avait lu les numéros des 13, 16, 20 et 24 octobre 1723 et y avait trouvé beaucoup de remarques critiques surtout sur les gouvernements de Hollande et  Zélande (p. 56-57). Le 8 novembre, les journaux hollandais et français de Janiçon sont interdits pour quelque temps, et le 6 décembre, cette période est prolongée. Michel Gilot  cite, dans sa notice sur Guyot de Merville, deux témoignages qui donnent le Nouvelliste universel  comme une suite du Nouvelliste sans fard, supprimé en 1724 et publié sous un autre nom. Le Nouvelliste universel est publié à La Haye ; «Jeanisson» est cité (en février 1725 ?), mais ce sont Guyot de Merville et Mme Vaucher «auteurs du Nouvelliste universel » qui sont convoqués par le magistrat  (DP2, 382). Difficulté supplémentaire : comme le souligne François Moureau, le Nouvelliste sans fard attaque à plusieurs reprises  Janiçon et la Gazette d’Utrecht (DP1, 1068). On ne peut donc faire, au sujet des auteurs du Nouvelliste sans fard, que des hypothèses : fondé en octobre 1723 par Janiçon, ce petit «spectateur» est confié par lui à Des Maisons, puis à Guyot de Merville ; le magistrat d’Utrecht y repère aussitôt des traits politiques sur la Hollande et le fait interdire en novembre et  décembre. Janiçon, qui nourrit des craintes pour la Gazette d’Utrecht, se serait alors brouillé avec Guyot, qui aurait créé à La Haye le Nouvelliste universel. Cependant, le Nouvelliste sans fard reparaît en 1725 et attaque ironiquement le Nouvelliste universel, qui vient à son tour d’être supprimé : «Heureux Nouvelliste universel,  qui après les douleurs les plus cuisantes de l’enfantement le plus difficile, a pu mettre au jour des avortons (cet ouvrage vient d’être supprimé) tout pétillants d’esprit et d’une figure si élégante» (cité par François Moureau, DP1 1069).

Auteur additif

Titre indexé

NOUVELLISTE SANS FARD

Date indexée

1723
1724
1725

NOUVELLES ORDINAIRES 1

1050
1664

Historique

Nouvelles ordinaires. Hebdomadaire, à Lyon, Antoine Jullieron, 1664, in-4°. La référence se trouve dans le Catalogue de la bibliothèque de M*** (vente, Lyon 1864, n° 547) qui parle d'«un vol. bas., année 1664 complète moins 4 numéros». Il pourrait s'agir d'une réimpression lyonnaise, peut-être augmentée de nouvelles locales, de la Gazette, analogue aux Nouvelles ordinaires éditées par Jean et Jean-Jacques Boude en 1673 avec l'assentiment des fils Renaudot. Cf. H.G.P., p. 106. Non retrouvé.

Titre indexé

NOUVELLES ORDINAIRES 1

Date indexée

1664

NOUVELLES HISTORIQUES, POLITIQUES ET LITTÉRAIRES

1032
1728

Titre(s)

Nouvelles historiques, politiques et littéraires. Pour le mois [...].

Continué par : Mémoires historiques pour le siècle courant.

Août-décembre 1728. Un volume. Mensuel. Supplément trimestriel ou semestriel annoncé (Avertissement, août).

Description de la collection

Cinq livraisons mensuelles de 92 p. ; pagination continue : 476 p., page de titre tomée I.

24 p. par cahier, 74 x 130, in-12.

Devise : Natura inest mentibus nostris insatiabilis quaedam cupiditas veri videndi. Cicéron, Tusculanes, I, 19.

Au titre, vignette avec devise : Amat libraria curam.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

La Haye. Adrien Moetjens.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Antoine Bruzen de LA MARTINIÈRE (voir Bruys : «Il avait commencé un petit journal sous le titre de Nouvelles politiques et littéraires  ce dessein n'a pas été suivi» ; et D.P. 2, art. «La Martinière», citation de C. de La Motte).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Avertissement, août : «Le but que l'on se propose en donnant ces nouvelles au public, c'est d'y rassembler les faits les plus remarquables qui arrivent en Europe, et ce qui se passe de plus intéressant dans les Cours et dans les affaires politiques, ou même entre les particuliers, quand les événements ou les personnes méritent d'occuper l'attention publique». Promet un supplément consacré aux édits et arrêts, des «nouvelles littéraires» et des pièces fugitives. «Nous éviterons toute partialité de pays ou de religion».

Nouvelles des cours classées par pays ; affaires religieuses ; comptes rendus et annonces de littérature dans un article intitulé : «Nouvelles littéraires».

Principaux auteurs étudiés (août) : Saurin, Bernard Picart, Le Gentil, P. Laguille, Jean Léon, Desfontaines, Mme de Gomez ; (septembre) : Béat de Muralt, P. Brumoy, Abraham Ruchat ; le père Labat, de Solignac ; Sallengre, Erasme, Gueudeville, Holbein, Onslow Burrish, Puffendorf, Chamberlayne ; (novembre) : le père Lobo ; le père Berruyer, L. Riccoboni, Triller, Rousset de Missy ; (décembre) : Swift, Huyghens, Piossens, G.L. Le Sage.

Article intéressant mais unique : détail de la cargaison des navires arrivés des Indes orientales à Amsterdam (nov.) ; récit de la quête pieuse d'un prêtre, «Prince du Haut-Liban» dans les Cantons suisses, à rapprocher de l'Archimandrite des Confessions (L. IV) de Rousseau (oct.).

Comptes rendus sur la presse : Bibliothèque italique, Bibliothèque anglaise, Bibliothèque germanique, Lettres historiques, Mémoires historiques (oct. et déc) ; arrestation de l'abbé Galard (orthographié : Gallant), rédacteur des Nouvelles ecclésiastiques (oct.).

Catalogue de Moetjens au verso du titre.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8° Eph. pol. 61 ; Sächsische Landesbibliothek Dresden, Ephem. hist. 306.

Bibliographie

Lettre de C. de La Motte à Desmaizeaux, 12 oct. 1728, Londres, B.M., add. ms., 4287. – Bruys F., Mémoires historiques, critiques et littéraires,Paris, Hérissant, 1751, t. I, p. 153.

Historique

Ce mensuel de la plus grande rareté (D.P. 2) est né d'une pénurie momentanée des journaux de ce style en Hollande. Entre le moment où cessèrent les Lettres historiques publiées chez la veuve Desborbes et celui où parut chez Moetjens les Mémoires historiques du même Desroches-Parthenay, le deuxième de ces libraires lança un petit périodique qu'il saborda délibérément quand l'autre entreprise fut au point (voir explications détaillées données en décembre, p. 387-390). Mais les Nouvelles historiques méritent attention : leur auteur appartient à la «cabale catholique de Van Duren» ; le contenu de son périodique s'en ressent : bénignité marquée à l'égard de Rome, malgré quelques légères piques contre les jésuites, qui, pourtant, ont une part royale dans les comptes rendus littéraires, critique de la Réforme, informations de première main sur l'église janséniste d'Utrecht, etc. Mais les N.H. s'honorent de leur libéralisme idéologique, ce que leur reprochent divers correspondants qui aimeraient, l'un que l'on y malmenât le Pape et l'autre, que l'on y tînt chronique des affaires de la Constitution (nov.). Politiquement les N.H. restent d'une grande prudence, se permettant seulement de critiquer légèrement, dans le passé récent, les hommes de la Régence, «acteurs d'une comédie qui a fait couler bien des larmes» (déc.). On voit par la liste des comptes rendus que l'ouvrage ne manque pas non plus d'intérêt littéraire. L'éloge insistant que fait le journaliste de Solignac de Pimpie, gentilhomme au service du roi Stanislas, et auteur obscur des Amours d'Horace (sept., déc.) doit être pardonné en faveur de l'amitié.

Titre indexé

NOUVELLES HISTORIQUES, POLITIQUES ET LITTÉRAIRES

Date indexée

1728

NOUVELLES DE L'ORDRE DE LA BOISSON

1014
1703
1709  ?

Titre(s)

Nouvelles de l'Ordre de la Boisson Avec Privilège du Grand Maître.

Jeudi 29 novembre 1703 et 25 février 1704. Un volume.

Description de la collection

Numéros 1 et 2. Cahier de 4 p., in-4°, 167 x 220. Devise : Donec totum impleat. Illustration : armoiries bachiques (gravure sur bois).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

[Fr. Museau Cramoisi, Imprimeur et libraire ordinaire de l'Ordre de la Boisson].

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

François MOURGIER (D.P. 2) et abbé Louis-Antoine de CHARNES.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Sous forme de gazette, nouvelles de «l'étranger» (la vie bachique dans le monde) et de l'Ordre de la Boisson avignonnais. «Statuts de l'Ordre de la Boisson» (en vers). Piquante liste de livres fictifs en vente chez «Museau Cramoisi» (nom jouant avec celui du célèbre libraire parisien Mabre Cramoisy).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Zp 168 ; Zz 3600 N : numéro du 29 décembre 1703 avec une apostille d'une main anonyme en p. 1 : «N° 1. Il y en a 4. Ce pamphlet est fort rare. Il parut aussi in-4°. J'en donnai un exemplaire in-4° au célèbre Goujet en 1749».

Bibliographie

Ménard L., «Mémoire pour servir à l'histoire de l'Ordre de la Boisson», Mercure de France, janv. 1742, p. 88-122. – Crozet L. de, Etudes et recherches scientifiques et archéologiques sur le culte de Bacchus en Provence au XVIIIe siècle, Toulon, 1860, et Suppléments, 5 lettres, 1861-1862 (B.N., Rés. 8° LI28 58 et 58 bis). – Dinaux A., Les Sociétés badines, bachiques, littéraires et chantantes, Paris, 1867, t. I, p. 102-118. – Moulinas, L'Imprimerie, la Librairie et la Presse à Avignon au XVIIIe siècle, Grenoble, 1974, p. 418.

Historique

Il existe plusieurs éditions de ce périodique : des versions in-4°, dont l'exemplaire décrit et un autre (coll. part.) portant une marque identique mais gravée sur cuivre. D'autre part, une ou plusieurs «contrefaçons» in-12 ont circulé ; la B.N. en possède une du n° 1 postdaté d'un mois (29 déc. 1703), sans doute pour rafraîchir la marchandise (24 p.) : B.N., Y2 56918. L'édition originale est d'Avignon ; Crozet (p. 27) signale des rééditions à Orange et à Toulouse.

De périodicité incertaine, les Nouvelles continuèrent jusqu'en «juin de l'an 1705» (4 numéros) selon Ménard et jusques «vers 1709» selon Crozet (Supplément, Lettre 3, p. 25). Cet auteur signale une résurrection en 1734 chez le même «Museau Cramoisi» à «Bergue-Saint-Vinox» (p. 28), dont il y aurait eu au moins deux numéros. François Morénas, né en 1702, à qui l'on attribue parfois les Nouvelles ne peut évidemment être l'auteur que de cette dernière feuille.

Le périodique avait été précédé par une gazette de même type, plus mystérieuse encore, publiée à Arles en 1703, les Nouvelles de la grappe, «Theline, chez les frères Belletrogne». Il s'agissait de l'émanation de l'Ordre de la Grappe, autre société bachique créée en Arles par Amat de Graveson. Le rédacteur en était Mesnier. Un numéro in-8° de 4 p. fut encore publié par l'Ordre sous la date du 15 janvier 1705 et le titre de Journal des dipnosophistes (Crozet, p. 16-18 ; Supplément, Lettre 2, p. 15-18, avec extrait ; G. Vicaire, Bibliographie gastronomique, 1890, p. 631). Le périodique imprimé aurait été précédé d'une gazette manuscrite : Crozet (Supplément, Lettre 2, p. 19-20) cite une livraison du 29 août 1701.

Pour en revenir à l'Ordre de la Boisson, créé par M. de Posquières vers le commencement de 1703, il donna lieu à diverses fêtes et cérémonies bachiques à Villeneuve-lès-Avignon, en dehors du territoire pontifical... Mourgier, viguier de Villeneuve et l'abbé de Charnes, chanoine et auteur des Conversations sur la princesse de Clèves furent les historiographes de cette société dont les activités sont décrites complaisamment dans les Nouvelles. Le Grand Inquisiteur d'Avignon, d'après des archives citées par Crozet (p. 27), aurait été scandalisé d'une livraison du 29 juillet 1707. Cela aurait amené la mise en sommeil de l'Ordre, bien que Posquières, alias François Réjouissant, Grand Maître, soit mort seulement en 1735 et Mourgier en 1723 : ils durent se faire plus discrets.

Titre indexé

NOUVELLES DE L'ORDRE DE LA BOISSON

Date indexée

1703
1704
1705
1706
1707
1708
1709

LE NOUVEAU MERCURE

0986
1708
1711

Titre(s)

Le Nouveau Mercure dédié à Son Altesse Serenissime Monseigneur le Prince de Dombes (titre bicolore).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1708–mars 1709, puis janvier–mai 1711.

Privilège du duc du Maine, prince de Dombes, à Etienne Ganeau comme seul «imprimeur et libraire» de la principauté (28 août 1707). Chaque livraison est dotée d'une permission signée de Desrioux de Messimy ; la première est du 29 janvier 1708.

Mensuel en principe, mais de fait bimestriel entre mars et décembre 1708, puis en février-mars 1709. 7 livraisons en 1708, 2 en 1709, 5 en 1711.

Description de la collection

Huit volumes reliés. Chaque livraison est paginée séparément. En février 1711, une «Addition» à pagination nouvelle ; en mars 1711, après la table, Nouvelles politiques paginées à la suite. Février 1711 : errata de janvier ; mars 1711 : errata de janvier, février, mars.

Cahier de 24 p., format in-12, 84 x 154.

Sur le titre, armes du duc du Maine. Mars-avril 1708 : planche dépliante. Février 1711 : 9 p. de musique imprimée pour la chanson.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Trévoux, Paris. Jacques Estienne, rue Saint-Jacques, au coin de la rue de la Parcheminerie, à la Vertu.

A partir de janvier 1711 : Michel Brunet, grand-salle du Palais, au Mercure galant, et Etienne Ganeau, rue Saint-Jacques, vis-à-vis la fontaine Saint-Séverin, aux Armes de Dombes.

La correspondance doit être envoyée à E. Ganeau, directeur de l'imprimerie de Trévoux, et à Jacques Estienne, tant que ce dernier apparaît sur le titre.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Abbé Augustin NADAL et Jean Aymar PIGANIOL DE LA FORCE (D.P. 2). Un nouveau rédacteur leur est adjoint en 1711, si l'on en croit les Mémoires de Trévoux, mars 1711, p. 553 : «Trois auteurs qui ont du nom dans la belle littérature en partagent le travail».

Nombreux poètes publiés : Baraton, Mlle Barbier, Mlle Bernard, Betoulaud, Campistron, Du Cerceau, Fontenelle, Fuzelier, Genest, Lebrun, Mlle L'Héritier, Maumenet, Palaprat, Pellegrin, J.-B. Rousseau, Roy, etc.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Epître dédicatoire au duc du Maine, janvier 1708, n.p. : «Du sort d'un cadet de Trévoux, / Les Mercures de mon espèce / Ne doivent point être jaloux».

Préface, janvier 1708, n.p. : «Depuis [...] l'Antiquité, l'histoire des Mercures est celle de leur plagiat». On annonce le compte rendu des «livres agréables» et non des savants, la «critique sincère des pièces de théâtre et des autres livres amusants». On ne refusera pas quelquefois «les remarques que d'habiles gens enverront sur des livres de doctrine». On donnera «l'état général des affaires de l'Europe».

Préface, janvier 1711, au moment de la renaissance du N.M. :  ses causes (la mort de De Visé et Dufresny qui lui a succédé à la direction du Mercure de Paris ;  p. 1). «C'est en quelque sorte cette façon de traiter le Mercure galant qui a donné lieu à la reprise du Mercure de Trévoux» (p. 8-9). Histoire du Mercure de Trévoux et de ses difficultés : «mais comme dans la distribution qui fut faite des matières chacun ne travaillait pas également de son côté, l'imprimeur attendait longtemps après les auteurs et se trouva même dans la suite [obligé] de mettre plusieurs mois ensemble ; les nouveautés eurent le temps de vieillir et les lecteurs de se rebuter» (p. 9). «Après une interruption de dix-huit mois, il s'est formé une société qui a entrepris de le rétablir [...] la variété est en quelque façon l'âme de cette sorte d'ouvrages [...] le mélange des chose sérieuses et enjouées maintient l'attention de la plupart des lecteurs» (p. 10-11).

Chaque numéro débute par des nouvelles ou réflexions politiques et se termine par des «nouvelles particulières» sur la Cour et la Ville. L'entre-deux du périodique est consacré à des pièces fugitives généralement en vers, à des comptes rendus dramatiques, à des articles de fond agréablement érudits (mais surtout à partir de 1711), à des «questions» qui appellent réponse des lecteurs. Avec le renouvellement de 1711, les rédacteurs tentent aussi les énigmes et même la chanson. Caractère original, une fable est fournie régulièrement («J'ai promis une fable dans chaque Mercure :  je tiens parole», nov.-déc. 1708, p. 76).

Quelques articles relevant du fait divers ou de la criminologie : affaires Martin Guerre et Caille sur des suppositions d'identité ; Dufresny en fera un sujet de comédie en 1721 : Le Mariage fait et rompu (plusieurs livraisons de janvier à octobre 1708) ; un maître escroc suisse (mars 1711) ; procès d'une femme battue contre son mari (avril 1711) ; tremblement de terre à Manosque (sept.-oct. 1708). Intéressante question et réponses argumentées : les Français ont-ils la tête épique ? (févr., mai- juin 1708).

Dans les livraisons de 1711, articles scientifiques du chimiste Homberg (févr.), du médecin Deidier (mai) et de l'académicien polygraphe Antoine Parent, providence des périodiques de l'époque (géographie historique : janv. ; l'hiver de 1709 : févr. ; sur le sommeil : mai).

Biographies littéraires : J.-B. Rousseau (janv. 1708) ; Jean Leclerc, «fameux socinien» (juil.-août 1708) ; La Fosse (janv. 1709) ; Donneau de Visé (janv. 1711) ; Boileau (avril 1711).

Beaux-arts : Antoine Coypel, Epître sur la peinture à son fils Charles-Antoine (janv. 1708) ; Mlle de Masquière, Vers sur la Résurrection de Lazare par Jean Jouvenet, tableau peint en 1706 pour l'église Saint-Martin-des-Champs et aujourd'hui au Louvre (inv. 5489 ; A. Schnapper, n° 119) (mai- juin 1708) ; Antoine Lebrun, Poème sur le peintre Santerre (avril 1711).

«Nouvelles du Canada» (avril 1711), clavecins nouveaux (févr. 1708).

Nombreux comptes rendus dramatiques : Regnard, Les Ménechmes, «Nuits de Sceaux» (janv. 1708) ; Regnard, Le Légataire universel, Campistron (févr. 1708) ; Danchet, Les Tyndarides (mars-avril 1708) ; Dufresny, Le Jaloux honteux ;Dancourt, La Trahison punie (mai-juin 1708) ; Legrand, L'Amour diable (sept.-oct. 1708) ; Crébillon, Electre (janv. 1709) ; Danchet et Campra, Les Fêtes vénitiennes (janv. 1711) ; Genest, Joseph (févr. 1711).

Table à la fin de chaque livraison, sauf en avril 1711. En février et mars 1711, la table est suivie d'additions imprimées au dernier moment.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 8° H 26487. Exemplaire complet en 8 volumes, portant un ex-libris à la date de 1730 gravé par Beaumont pour Jacques Olivier Vallée, maître des comptes. Une inscription manuscrite : «Cat. de Nyon 11146» indique qu'il fit ensuite partie de la bibliothèque La Vallière.

Autres exemplaires : B.N., 8° Lc2 51 (exemplaire complet de la bibliothèque du Roi en maroquin aux armes) ; Ars., 8° H 26488 (6 vol., incomplet de mai 1711 ; provenance manuscrite sur la livraison de février 1708 : Antoine Cointreau) ; Maz., 33890, fasc. 540-547 (sans les livraisons de 1709, corrections manuscrites à la pièce de vers d'avril 1711, p. 198) ; Ste G., AE 8° 1715-1720 ; B.M. Lyon, 807 161 (janv. 1709).

Bibliographie

Barbier ; Quérard.

La Monnoye B. de, Œuvres choisies, 1770, t. II, p. 139 : lettre du 4 avril 1708.

Mentions dans le Mercure galant (de Dufresny), mars 1711, Réponse au Mercure de Trévoux, en tête de livraison n.p. (reprise dans les Œuvres de Dufresny, Paris, Briasson, 1731, t. V, p. 361-367 : «Réponse apologétique de l'auteur du Mercure galant au Mercure de Trévoux  dans les Mémoires pour l'histoire des sciences et des beaux-arts, mars 1711, p. 533-534. – Mélèse P., Le Théâtre et le public à Paris sous Louis XIV, 1659-1715, Paris, Droz, 1934, p. 18. – Idem, Répertoire analytique des documents contemporains d'information et de critique concernant le théâtre sous Louis XIV, 1659-1715, Paris, Droz, 1934, p. 219-221. – Mattauch H., Die literarische Kritik der frühen französischen Zeitschriften (1665-1748),München, Hueber, 1968, p. 165-168, 302. – Moureau F., Dufresny auteur dramatique (1657-1724), Paris, Klincksieck, 1979, p. 83-84. – Idem, Le «Mercure galant» de Dufresny ou le journalisme à la mode (1710-1714), Oxford, The Voltaire Foundation, 1982, p. 85, 90.

Historique

Le statut politique de la principauté de Dombes, héritée de la Grande Mademoiselle par le duc du Maine, la présence d'un imprimeur régnicole mais indépendant du pouvoir royal et protégé par un prince du sang, la décadence du Mercure de Paris entre les mains d'un vieillard aveugle incapable, après plus de sept lustres, de poursuivre son œuvre, tout cela donnait une chance sérieuse de succès à un Mercure nouveau publié à Trévoux. Ce fut sans doute le projet de Ganeau, imprimeur de la principauté. Les ambitions politiques des princes, spécialement celles de l'active duchesse du Maine, en ce couchant du règne de Louis XIV qui annonçait pour les légitimés des transitions délicates, ne furent pas sans déterminer un périodique qui ne manque pas une occasion de faire sa cour au couple brillant de Sceaux. Les deux rédacteurs d'origine appartiennent à l'intelligentsia des précepteurs princiers ; Nadal a servi les Orléans et Piganiol de La Force le comte de Toulouse, frère du duc du Maine. Ce sont des érudits polygraphes, Nadal ayant de surcroît quelque réputation d'auteur tragique et Piganiol de géographe. Le troisième associé qui leur fut adjoint au renouvellement de 1711 a un style plus enlevé et un talent journalistique mieux affirmé : on serait tenté d'y voir la marque de Louis Fuzelier, auteur d'opéras-comiques à la mode, protégé des Grands et co-privilégié du Mercure de Paris à compter de 1721.

Le périodique de Trévoux est, malgré son «origine» légale, très parisien ; il rêve de supplanter la vieille institution de Donneau de Visé et ne s'en cache pas. La Monnoye écrit à l'un de ses correspondants le 4 avril 1708 : «Le Nouveau Mercure de Trévoux, qui va couler à fond celui du pauvre De Visé, vous fournira désormais toutes les petites productions nouvelles tant en prose qu'en vers». En janvier 1711, les rédacteurs avoueront que le début fut difficile par suite d'un manque de coordination avec l'imprimeur. Les livraisons furent en retard dès le troisième numéro, ce qui contraignit de passer à un rythme bimestriel et à modifier l'ordre des matières en éliminant la politique de l'ouverture des livraisons (Avis, mars-avril 1708, n.p.). Le périodique eut une première mort en mars 1709. La disparition de De Visé en 1710, le sentiment que son successeur, Dufresny, ne bénéficiait pas des mêmes appuis, conduisirent l'équipe de Trévoux reprise en mains officiellement cette fois-ci par Ganeau qui s'était adjoint un ancien libraire du Mercure galant, Brunet, à redonner vie au périodique : le contenu en fut adapté dans le sens d'une concurrence accrue avec le Mercure de Dufresny, considéré comme trop badin. La politique et la science mise au goût d'un vaste public, les comptes rendus dramatiques dont Dufresny, professionnel du théâtre et homme prudent, s'épargnait les complications dans le sien, nourrirent le Nouveau Mercure. Dufresny répliqua par une «réponse apologétique» (mars 1711). Les Mémoires de Trévoux jésuites, qui voyaient se développer avec une certaine délectation cette belle querelle journalistique, n'en rendirent pas moins public le fait qu'ils ne participaient en rien à cette entreprise (mars 1711).

Tribune traditionnelle des Modernes, le Mercure galant avait un long passé de périodique littéraire de combat. La duchesse du Maine passait pour libérale, mais penchait pour les Anciens. Le Nouveau Mercure se plaça sur cette position médiane, dont l'éloge funèbre du dramaturge La Fosse donne le ton : «[...] il était grand partisan des Anciens, mais plutôt par reconnaissance des lumières qu'il avait puisées chez eux que par entêtement» (janvier 1709, p. 84). C'est pourquoi le contenu littéraire du Nouveau Mercure est peu différent de son rival parisien ; la liste des poètes publiés en témoigne : des amis plus ou moins illustres des Anciens (Rousseau, Roy) aux Modernes de toutes les générations, des derniers fidèles de Mlle de Scudéry (Betoulaud, Maumenet, Genest), de la nièce des Perrault, Mlle L'Héritier, aux admiratrices du grand Fontenelle, Mlles Barbier et Bernard, jusqu'à la jeune génération qui allait aussi se rendre célèbre par le théâtre (Fuzelier, Pellegrin). Le Mercure de Dufresny (Moureau, 1982) permet de retrouver tous ces noms, ainsi que ceux des collaborateurs scientifiques occasionnels dont les deux périodiques publient parfois les mêmes productions (par exemple, l'article de Guillaume Homberg sur les «végétations artificielles» donné en janvier 1711 par les deux Mercure. Une originalité discrète se note cependant dans le Nouveau Mercure, pas tant dans le style qui se moule sur celui du Mercure galant et réutilise les mêmes procédés (Ich-Form du discours, transitions habiles, variétés des sujets, obsession des bonnes manières), mais dans l'intérêt pour des genres poétiques dont il se fait le champion, comme la fable qui mêle l'enseignement moral à l'allégorie, et la «cantate», construction nouvelle venue d'Italie dont Jean-Baptiste Rousseau fera un magnifique usage. Des poèmes sur la peinture moderne trahissent sans doute la main de Piganiol de La Force, amateur éclairé et écrivain d'art. La critique dramatique est elle aussi de qualité. On peut penser qu'elle est due à l'abbé Nadal qui avait quelque connaissance de la question. Grand organisateur des Nuits de Sceaux, il n'avait garde de les oublier, de même que d'autres fêtes honorant des princes qui se plaisaient ailleurs qu'à Versailles. Dans le domaine comique, la sévérité à l'égard de Regnard accusé d'avilir la scène par Le Légataire universel est compensée par un jugement nuancé et réfléchi sur une des meilleures pièces de Dufresny, Le Jaloux honteux, dont le succès auprès du public n'avait pas été à la hauteur d'ambitions que le journaliste de Trévoux discerna pour sa part. Il est vrai que Dufresny n'était pas encore directeur du Mercure galant. La politique s'occupe surtout de la guerre, celle de Succession d'Espagne, où les princes amis et alliés se couvrent d'une gloire bien utile en cette fin de règne qui est l'une des plus terribles que la nation française ait connues. L'hiver de 1709, emblème effrayant de ces années, n'est pas même évoqué, sauf dans une frivole «Epigramme sur le froid» du jeune auteur dramatique Lafont (févr.-mars 1709, p. 115). Par un étrange retour de commémoration, l'inévitable Parent attendra deux ans pour en parler sur le ton de l'homme de science («Addition» de févr. 1711). Mais la cécité du Nouveau Mercure n'était pas d'un autre ordre que celle de ses confrères. Il mourut d'être la copie d'un journal que Dufresny faisait renaître avec panache à la même époque.

Titre indexé

NOUVEAU MERCURE

Date indexée

1708
1709
1710
1711

LE NOUVEAU MAGASIN DE LONDRES

0984
1752
1753

Titre(s)

Le Nouveau Magasin de Londres Contenant des histoires secretes, galantes, amusantes et serieuses, avec des Remarques utiles.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

8 janvier 1752 – 21 avril 1753. 3 volumes. Hebdomadaire paraissant le samedi.

 

Description de la collection

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8° Per. 118. Demi-velin aux armes de Bavière.

Historique

Le titre de ce périodique joue sur la confusion possible avec celui du Nouveau Magasin français de Mme Le Prince de Beaumont, imprimé à Londres et diffusé à Francfort par Varrentrapp et les frères van Duren. Leur confrère et rival commercial, James de La Cour, s'inspire en partie seulement de son modèle londonien: papiers anglais, anecdotes britanniques, déclarations féministes (t. I, n° 7-8: «Le mariage à la mode»). Mais l'essentiel du périodique a des sources plutôt françaises: gazettes (Courrier d'Avignon, t. I, n° 24, rectificatif: t. II, n° 1), nouveautés littéraires et scientifiques. L'ensemble a l'ambition de divertir en instruisant. Le passage récent de La Beaumelle à Francfort (Cl. Lauriol, La Beaumelle, Genève, 1978, p. 300-301) explique la lourde insistance avec laquelle le N.M. fait son éloge et cite avec complaisance ses Pensées (t. II, n° 12; t. II, n° 2). Idéologiquement, le N.M. est réformé (satire des moines; t. II, n° 7: «Lettre d'une religieuse [malgré elle] à son frère») et il s'inquiète des tendances matérialistes qu'il décèle dans la pensée contemporaine française (t. I, n° 10; abbé de Prades et second vol. de l'Encyclopédie).

Comme tous les périodiques sortis de la manufacture de James de La Cour, le N.M. est agréablement écrit, varié, assez sérieusement frivole. Il sait être autre chose qu'un démarquage du N.M. de Mme Le Prince de Beaumont. Celle-ci, qui se plaignait des adaptations pirates en anglais de son Magasin (Nouveau Magasin français, août 1752, p. 232), ne semble pas avoir eu connaissance de ce rival dans l'Empire.

Titre indexé

NOUVEAU MAGASIN DE LONDRES

Date indexée

1752
1753

MERCURE TURC

0953
1781

Titre(s)

Mercure turc.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er mars 1781 – fin du printemps (?) de la même année (dernière lettre de nouvelles datée dans le n° 3: 24 mars). Prospectus de 6 p. en tête (s.d.). Périodicité annoncée: hebdomadaire (p. 30), mais sur la page de titre, on trouve seulement l'indication de l'année et du numéro de livraison.

Description de la collection

Sept numéros à pagination continue (224 p.). Cahiers de 16 p., in-8°. Sur la page de titre générale: armes du Grand Turc (cuivre; bois pour les livraisons).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«[Constantinople, Nazm-Sad-Ouheil-Effendi, Imprimeur du Sérail. Londres, Peter-Paul Hardy et Cie, in Pater-Noster-Row]».

Faux tarifs en livres sterling.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Prospectus: «moi, le Dalembert, le Formey des Turcs», l'auteur attaque ses confrères. «Je suis turc, et j'écris pour les Turcs, et non pour les pédants, les pâtres, les rustres, les têtes à perruque et autres manants de la petite Europe». Il veut tirer sur les Anglais «à boulet rouge avec mon petit burin». «Nous avons l'honneur d'être un peu francisé». Le Mercure turc «est entièrement consacré à la politique».

Nouvelles politiques satiriques, en partie inventées, sous forme de lettres de nouvelles provenant de divers pays.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.A.A., 12° Z 27.

Bibliographie

Mettra L.F., Correspondance secrète, politique et littéraire, Londres, 1788, t. XII, p. 281-282 (30 janv. 1782).

Casanova Gleanings, vol. IX, 1966, p. 54; 1967, p. 32.

– Hjortberg M., Correspondance littéraire secrète. 1775-1793. Une présentation, Göteborg, 1987, p. 25.

Historique

Ce périodique d'une impression soignée livrera ses secrets quand on connaîtra mieux les circuits de diffusion des nouvelles à la main françaises vers la Hollande et l'Allemagne, où il fut selon toute vraisemblance réalisé. Mettra prétend que ses «rédacteurs» sont identiques à ceux du Postillon de Versailles sorti des mêmes presses. Ce détail et le contenu du périodique ont pu faire penser que Mettra lui-même était le maître d'œuvre des deux entreprises. De toute manière, les auteurs avaient tout avantage à rester mystérieux, ne fût-ce que pour allécher la clientèle (voir n° 3, p. 81, une fausse lettre de lecteur s'interrogeant sur l'identité du «Turc»). Une autre lettre publiée par M. Hjortberg prouve que Jean Manzon (D.P. 2.), directeur à Clèves du Courier du Bas-Rhin, diffusait le journal et son frère le Postillon. Les allusions venimeuses à d'Alembert, «intrigant reconnu» (n° 3, p. 76), co-auteur du Compte rendu de Necker (p. 24), la bénignité à l'égard de Linguet (mort annoncée puis démentie, p. 21, 81-85), les prises de position en faveur du Stadhouder, de même que deux correspondances «De Clèves» (n° 2, 5) dirigent les soupçons vers la manufacture de Manzon qui répandait dans le Centre et l'Est de l'Europe les nouvelles à la main parisiennes. Une allusion à un nouvelliste à la main, correspondant d'un gazetier, mis pour deux mois à la Bastille à l'époque de Sartine (Aubry de Julie en 1769; voir notre article dans L'Année 1768 à travers la presse traitée par ordinateur,Varloot et Jansen éd., Paris, 1981, p. 58-79), suggère encore Manzon et ses collaborateurs parisiens. Dans l'état actuel de la recherche, on ne peut en dire plus.

Ecrit d'une manière vive et originale, le Mercure turc présente un intérêt documentaire certain. S'il est fondamentalement «politique» selon le Prospectus, il informe aussi de littérature et de faits divers: éloge de Raynal (n° 6, 7), de L.S. Mercier et de son Tableau de Paris (n° 5, 6), de Voltaire, combattant de la liberté religieuse (n° 4), arrivée de Cagliostro à Strasbourg (n° 5), sortie contre la destruction du très symbolique jardin du Palais-Royal pour une spéculation du futur Philippe-Egalité (n° 7). Politiquement, le journal est pro-français, favorable aux réformes de Joseph II, contre les «patriotes» hollandais, mais surtout d'un pacifisme tout à fait extraordinaire qui va jusqu'à un anti-monarchisme viscéral. On comprend que le Mercure turc ait été pourchassé: ce qu'il dit de la «boucherie» guerrière (n° 1, p. 1) donne lieu à plusieurs diatribes éloquentes où militaires et politiques sont fustigés sans nuance (n° 5, 6, 7). Des éloges ironiques de Necker contribuent encore à donner à ce périodique un ton original, assez à contre-courant de la mode au début des années 1780.

Titre indexé

MERCURE TURC

Date indexée

1781