L'ordre dans lequel se succèdent les rubriques d'une feuille périodique n'est jamais indifférent. Il dépend des orientations de la rédaction. Avec les Affiches du Poitou, on ne peut s'y tromper: Jouyneau-Desloges puis Chevrier ont privilégié le contenu rédactionnel aux dépens des annonces et des rubriques de service. Un tel choix n'allait pas de soi, parce que s'imposait le modèle parisien des Affiches de province, commençant toujours par l'annonce des «Biens et charges à vendre». Aussi, pendant les deux premières années, les Affiches du Poitou débutent-elles d'abord sur les «Avis divers» (publicités commerciales, demandes particulières, biens à vendre), puis à partir du 29 avril 1773 sur la «Conservation des hypothèques». Alors que les rédacteurs des autres Affiches sont très souvent heureux de faire de la copie en insérant minutieusement et sur plusieurs colonnes les contrats de vente enregistrés dans les bailliages de leur province, Jouyneau-Desloges s'y résigne à contre-cœur et s'efforce de réduire la rubrique: «Nous connaissons l'utilité de l'insertion de ces notes dans nos feuilles; elle était de notre plan; elle est de notre privilège [...]. Nous allons commencer ce tableau [...], nous l'abrégerons autant qu'il nous sera possible, afin de ménager de la place pour les autres matières. Nous pensons qu'il suffit d'indiquer le nom du vendeur, celui de l'acquéreur, leur demeure et la situation du bien. Les propriétaires d'hypothèques pourront y reconnaître leurs intérêts et leurs droits; tous autres renseignements seraient surabondants» (29 avril 1773). Aussi la rubrique est-elle peu étendue: en général une demi-colonne, au maximum une à deux colonnes. Y sont publiées les ventes enregistrées aux bureaux de Poitiers, Châtellerault, Civray, Fontenay, Lusignan, Montmorillon, Niort, Saint-Maixent, etc. A partir de 1775, la «Conservation des hypothèques» disparaît de la première page pour émigrer en troisième ou quatrième page. Les trois premières pages sont désormais consacrées au contenu rédactionnel, parfois même une bonne partie de la quatrième. Cette quatrième page voit se succéder les annonces ou «Avis divers» (une colonne au grand maximum, le plus souvent à peine un quart de colonne) et quelques autres articles: les «Morts», ou les «Evénements» (informations sur la petite actualité de Poitiers ou de la province), ou bien la «Législation» ou «Jurisprudence» (mention rapide de déclarations et d'édits royaux, ou de décisions de justice). Est également parfois insérée une publicité de librairie. Ainsi n'y a-t-il pas d'Affiches aussi peu soucieuses des annonces et des rubriques de service. De même n'y trouve-t-on jamais (sauf une ou deux exceptions rarissimes et soulignées comme telles par le rédacteur) ces vers et autres bouts rimés qui remplissent souvent la dernière colonne des autres Affiches. Jouyneau-Desloges refuse d'en insérer, il lui faut le répéter plusieurs fois. Il a choisi un journalisme sérieux, de type encyclopédique, fort éloigné de la «frivolité» des petits jeux de société: «Les réflexions que les bons citoyens nous adressent, les nôtres valent bien sans doute les vers, les énigmes, les logogriphes que quelques personnes nous demandent, et qui ne sont point de notre plan, et les nouvelles politiques qui ne sont pas de notre privilège. Poitevins! ô mes compatriotes, mes concitoyens, mes amis! serait-il possible qu'un seul d'entre vous préférât à ce que nous présentons, des vers, des énigmes, des logogriphes? Laissons les frivolités aux lecteurs frivoles; occupons-nous de nos véritables intérêts. La religion, les mœurs, les lois, les vertus sociales, l'humanité, le patriotisme, l'agriculture, le commerce, les arts, la physique, les sciences économiques, la médecine, la chirurgie, voilà les grands, les principaux objets, qui doivent nous occuper» (22 avril 1773). Dans ce journalisme encyclopédique, les «fabricants d'idées» se préoccupent moins de traiter l'actualité la plus immédiate pour elle-même que d'en tirer des leçons de conduite pratique et «éclairée» (Feyel, art. 3).
Les Affiches du Poitou sont tout à la fois un journal économique et une gazette d'agriculture suivant les mots d'ordre des physiocrates, une gazette de santé répercutant les recommandations de la Société royale de médecine. Jouyneau-Desloges et ses correspondants recensent également tout ce qui peut particulariser la province ou telle ou telle localité: recherches à caractère «proto-ethnographique», descriptions d'usages et de coutumes dont le sens n'est plus alors perçu, recherches étymologiques à propos de certains termes de terroir, études d'archéologie et d'histoire locale. Il suffit de dénombrer et d'étudier le contenu des informations médicales pour se persuader que Jouyneau-Desloges s'est efforcé de répandre dans sa province l'esprit des Lumières. Entre 1773 et 1781, il publie 450 articles de médecine, soit en moyenne 50 par an. Il s'est assuré assez de correspondants pour donner à ses Affiches une dimension nettement régionale; les emprunts faits à d'autres feuilles sont rares. Les Affiches du Poitou ont participé au vaste effort des Lumières pour réformer la médecine et ses méthodes. 268 articles sont consacrés à la maladie et à la mort: statistiques du croît naturel de la population poitevine, études météorologiques, descriptions d'épidémies et soins conseillés, propagande en faveur de l'inoculation, amélioration des méthodes d'accouchement, comment soigner les noyés, les asphyxiés, les morts apparents, les accident dus au méphitisme et le déplacement des cimetières, le fléau de la rage, les morsures de vipères, le danger de sonner les cloches ou de s'abriter sous un arbre pendant l'orage, l'hygiène de l'alimentation et du vêtement. Lorsqu'il s'agit des praticiens et de leurs remèdes (147 unités rédactionnelles), Jouyneau-Desloges et ses correspondants ont un discours un peu moins éclairé. Le journaliste estime que tout bon remède populaire est utile à connaître, il esquisse même les grands traits d'une collecte générale de toutes les recettes capables de soulager l'humanité souffrante. Ainsi l'esprit statistique et l'encyclopédisme des Lumières parviennent-ils à s'exprimer là où on les attendait le moins. Les Affiches du Poitou sont également très favorables aux empiriques, ces médiateurs culturels que sont les «dames» charitables ou bien les curés philanthropes, soignant les pauvres avec un remède de leur composition. Les charlatans, «devins» et autres «guérisseurs» de village sont en revanche vigoureusement dénoncés (Feyel, art. 2).
Copieusement nourries d'une information de première main, les Affiches du Poitou sont alors au centre d'un véritable système de communication. Leur contenu est repris par d'autres feuilles, cependant qu'elles empruntent ailleurs ce qui pourrait leur manquer. Deux exemples parmi d'autres: la Gazette de Santépériodique parisien, «prête» aux Affiches du Poitou les observations du médecin poitevin Gallot sur l'épidémie de dysenterie de 1779, mais leur emprunte celles du chirurgien Bouquié, ce dont est tout glorieux Jouyneau-Desloges (28 oct. 1779). Un empirique soignant gratuitement la dysenterie à l'aide de remèdes de sa composition, Dandeville, avocat à la Flèche en Anjou, a appris les ravages de l'épidémie par le Journal de Genève du 25 décembre 1779. La source est facile à identifier: il s'agit des Affiches du Poitou du 22 octobre précédent (Affiches du 24 févr. 1780). Jouyneau-Desloges est bien sûr très flatté de ces emprunts qu'il signale fréquemment. Il se glorifie surtout des compliments de l'abbé Roubaud, rédacteur du Journal de l'agriculture, de ceux de Meusnier de Querlon (Affiches de province), et plusieurs fois il insère des lettres flatteuses qu'il est parvenu à obtenir de l'astronome de Lalande, «l'un des savants les plus célèbres de l'Europe» (2 févr. 1775, 15 janv. 1778, 23 déc. 1779). Il est cependant agacé par ses «confrères, auteurs de feuilles hebdomadaires dans les provinces» qui prennent dans les Affiches de Poitou«sans les citer, des articles qui leur conviennent, et qui souvent les dénaturent, pour qu'il soit impossible à leurs lecteurs de deviner d'où ils viennent, voulant par là leur faire accroire qu'ils les ont reçus les premiers» (28 nov. 1776). Malgré ce coup de colère, les «confrères» en mal de copie sont trop heureux de la richesse d'un tel gisement pour l'abandonner, et l'abbé Vitrac, rédacteur de la Feuille hebdomadaire de Limoges, note encore le 6 mai 1779: «Quelques-uns de nos confrères ne se font pas scrupule de copier mot à mot des articles entiers de vos feuilles [les Affiches du Poitoudes miennes et de quelques autres, et n'ont pas assez d'honnêteté pour indiquer les sources où ils ont puisé. Les propriétés littéraires doivent être aussi sacrées que les autres propriétés civiles. Nous devons défendre celle des gens de lettres qui nous confient leurs productions, et réclamer toutes les fois que par un plagiat indécent on osera s'approprier les richesses littéraires de notre province. Qu'on copie quelques articles de nos feuilles, s'ils paraissent intéressants, cela nous flattera; mais qu'on nomme nos concitoyens lorsqu'ils auront composé quelque chose digne d'être publié».
Parmi ces «gens de lettres» correspondants assidus de Jouyneau-Desloges, il faut citer de Scévole, secrétaire du roi à Argenton en Berry (Argenton-sur-Creuse), 33 lettres jusqu'en 1781, l'économiste Sarcey de Sutières, l'avocat-feudiste Moisgas, de Mortagne en Bas-Poitou, l'avocat Allard de la Resnière, le notaire Delanoue, archiviste du marquis de la Roche du Maine, Dumoustier de Lafond, capitaine d'artillerie et historiographe du comte d'Artois, l'académicien lyonnais Thomé, l'abbé Coll, chanoine de Targé, près Châtellerault, Tallerye, archiprêtre de Parthenay et curé de la Chapelle-Saint-Laurent, Puisais, curé de Savigny-Levescault, de Luzines, curé de Notre-Dame de Vivonne, les médecins Dorion, Gallot, Dubrac de La Salle, etc. Lorsque Chevrier reprend les Affiches de Poitou, il s'efforce de ne pas perdre les collaborateurs de son prédécesseur. La transition est difficile. Ses quatre premiers numéros de janvier 1782 ne sont que bourrage de colonnes à l'aide de la «Conservation des hypothèques» qui va jusqu'à en occuper trois, de publicités de librairie, d'ordonnances de l'intendant. A partir du n° 5 (31 janv. 1782), reparaissent les lettres des correspondants. Le 7 février suivant (n° 6), Chevrier insère la trentième lettre de Moisgas, et remercie: «Nous avons obligation du premier article, à M. Moisgas, avocat-feudiste, qui a enrichi de ses recherches le recueil des Affiches, par 29 lettres différentes et qui veut bien se prêter à nous être utile; et du second, à M. Gallard, commissaire subdélégué du Bureau des finances, à Aunai. Nous en faisons nos remerciements et invitons nos abonnés à avoir pour nous la même complaisance. Cette feuille appartenant à tous, doit être l'ouvrage de tous, ainsi, il est de l'intérêt d'un chacun de l'enrichir, les uns par leurs productions, les autres en nous faisant connaître les choses utiles; ceux-ci en nous faisant part des traits qui peuvent honorer la province, et ceux-là enfin, par tout ce qui peut intéresser la société. Nous assurons d'avance les unes et les autres de toute notre reconnaissance». Pour développer l'émulation, il publie à la fin de ses tables des matières un véritable tableau d'honneur: les «noms des personnes qui, par leurs productions et leur zèle à nous faire passer différents articles, ont coopéré à nos travaux». Celui de 1784 comprend vingt-deux noms. Les collaborateurs les plus empressés sont Gratton, officier des canonniers à Saint-Gilles-sur-Vie, grand fournisseur de pièces en vers (22 fois), Bourguignon, futur rédacteur des Affiches de Saintonge et le feudiste Moisgas (5 fois chacun).
Moins riches de contenu qu'au temps de Jouynau-Desloges, les Affiches du Poitou de Chevrier font cependant bonne figure lorsqu'on les compare à beaucoup de leurs consœurs. Après les deux premières pages consacrées au contenu rédactionnel, parfois remplacé par un long prospectus de librairie ou une autre publicité, se succèdent l'annonce de livres nouveaux ou des rubriques de service telles que «l'Etat des vaisseaux entrés au port des Sables-d'Olonne», ou bien les entrées au port de Saint-Gilles-sur-Vie, le prix des denrées aux Sables-d'Olonne, etc. Vient ensuite la «Conservation des hypothèques» (une à deux colonnes), souvent absente entre septembre et novembre. Sont ensuite parfois insérés des «Avis particuliers» ou «Avis intéressants» (publicités diverses), une rubrique «Morts» ou un article «Législation». Suivent les «Avis divers» (biens à vendre ou à louer, demandes particulières, etc.), à peu près toujours présents. Les Affiches s'achèvent sur des pièces versifiées (poésies, énigmes, logogriphes), les résultats du tirage de la loterie royale et le «Prix des grains au marché de Poitiers, le...». A partir de janvier 1787, cette mercuriale s'étoffe en un large tableau occupant tout le bas de la dernière page: «Prix des grains dans les marchés des environs de Poitiers», précédé depuis le 2 août de la même année par les «Prix des eaux de vie». Parce qu'il dispose de moins de copie, Chevrier montre donc un plus grand souci des rubriques de service et des annonces. Autre petite révolution par rapport aux règles que s'était fixées Jouyneau-Desloges: la publication de très nombreux bouts-rimés. Ce qui ne va pas sans difficultés, à lire quelques avis du rédacteur: «Dès qu'on a fait trois à quatre vers, on se croit poète, et l'on veut en instruire toute sa province. De là un déluge de pièces que nous recevons de toutes parts, et que l'on voudrait voir paraître l'ordinaire suivant. Si nous ne contentons pas MM. les auteurs aussi promptement qu'ils le désireraient, leur génie poétique s'évanouit, et s'exprimant en prose très intelligible, ils épanchent leur bile sur le pauvre rédacteur, pour le punir de n'avoir pas voulu ennuyer ses lecteurs, et le menacent d'envoyer leurs productions à des personnes qui les priseront davantage. Il est pourtant vrai que toutes les pièces qu'on nous envoie ne sont pas également mauvaises, et qu'il en est dont nous faisons un cas particulier: mais nous sommes forcés d'en différer l'emploi» (21 août 1788).
En 1788, les Affiches du Poitou restent muettes sur le grand débat agitant la France. Tout juste peut-on y lire le 18 septembre un article d'un peu plus d'une colonne, également inséré dans les Affiches de Rennes du 27 août précédent, «L'Idée de l'objet et des fonction des Etats généraux», extrait d'une des très nombreuses brochures de l'époque. Ce n'est d'ailleurs pas le premier emprunt fait à ces dernières Affiches ou à une source commune: le 22 mai 1788, les Poitevins avaient pu lire ce même article louangeur déjà inséré dans les Affiches de Rennes du 7 mai, où les quatre grands philosophes Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Buffon étaient comparés à quatre lampes s'éteignant successivement après avoir illuminé le monde. Comme dans beaucoup d'autres l'année 1789 débute sur les appels à la bienfaisance suscités par l'exceptionnelle dureté de l'hiver. Il faut attendre le 19 février pour lire un article faisant référence à l'actualité politique. De Scévole y demande l'égalité des trois ordres devant l'impôt, a des mots très durs sur les collecteurs et autres financiers, s'apitoie sur le sort de «l'utile laboureur»: «Aujourd'hui donc que la Nation française est plus éclairée que jamais, pourquoi un membre du Tiers-Etat en voyant de près ces grands hommes dont le faste et la morgue en imposent de loin, ne dirait-il pas avec assurance: Et moi aussi je suis homme?» Le 2 avril, le marquis de la Roche du Maine proteste contre un article du Journal de Bouillon il n'est pas hostile à la réforme, l'union règne entre les trois ordres de la province, et les deux premiers ordres donnent toutes les preuves de désintéressement et de générosité. La semaine suivante est donné un compte rendu très neutre de l'élection des députés aux Etats généraux. Le 23 avril, un certain Pruel, licencié ès lois, s'étend avec enthousiasme et lyrisme sur les bienfaits que l'on peut attendre des Etats et fait appel aux deux ordres privilégiés pour adoucir le fardeau des impositions. On est beaucoup plus prudent à Poitiers qu'à Rennes, et l'on ne s'y hâte pas de rendre compte des travaux des Etats généraux. Les Affiches du Poitou fêtent à leur manière l'ouverture de l'assemblée en publiant le 6 mai 1789, en première page et sous le titre «Etats généraux», un discours prononcé le 16 mars précédent par le grand sénéchal d'épée de la Basse Marche, à l'assemblée des trois ordres de la province. C'est seulement les 4 et 11 juin que sont insérés les premiers comptes rendus des Etats: le décès et l'enterrement de l'un des députés de la sénéchaussée du Maine, la description de la grande salle de réunion des Etats, les premiers discours, le nombre des députés, et puis l'autorisation du directeur de la librairie de rendre compte des séances (19 mai). A partir du 18 juin, les Affiches s'efforcent de rattraper le temps perdu: on y lit ce jour-là ce qui s'est passé à Versailles au début de mai (6 au 13 mai). Comme le rédacteur veut intégralement informer ses lecteurs sans briser la suite chronologique des événements, il garde un mois de retard sur le déroulement des faits, parce que l'espace de ses Affiches est très étroit. Pour insérer plus de copie, il adopte un plus petit caractère le 16 juillet. Mais son retard devient intolérable, aussi la semaine suivante (23 juil.) publie-t-il le compte rendu des séances des 10 au 12 juin, tout en donnant le «Récit de ce qui s'est passé à la séance tenue par le roi le 15 juillet 1789», expliquant: «nous avons cru faire plaisir à nos lecteurs en leur donnant de suite cet article». Pendant encore deux semaines, Chevrier donne la suite des séances des Etats. Le 6 août, il en est encore à la journée du 17 juin, lorsque les députés du Tiers se déclarent Assemblée nationale. Il lui devient impossible de faire accepter ce retard grandissant. Plutôt que de changer la nature de sa feuille, il préfère adopter, comme Couret de Villeneuve à Orléans, la solution du supplément. Le 13 août il informe ses concitoyens: «D'après les représentations de plusieurs de nos souscripteurs qui désireraient avoir de suite tout ce qui se passe aux Etats généraux, nous nous sommes déterminé à donner notre feuille double; mais comme nous ne pouvons le faire sans une dépense considérable, qui, malgré le désir que nous avons de nous rendre utile à nos compatriotes, ne pourrait tourner qu'à une perte réelle pour nous, nous avons lieu d'espérer qu'ils ne refuseront pas de nous accorder une augmentation de six livres chacun pour les Bulletins des Etats généraux que par la suite nous imprimerons en suppléments, ce qui mettra promptement tous nos souscripteurs à même d'avoir sous les yeux, le résumé de toutes les affaires traitées à l'Assemblée nationale. Nous prions MM. nos souscripteurs de vouloir nous faire part de leurs intentions par lettre affranchie, afin de pouvoir nous mettre à même de savoir si le nombre peut nous dédommager de la dépense. Il n'y aura que ceux qui auront donné leur engagement qui recevront ledit supplément». La collection des Affiches du Poitou (B.N.) contient effectivement deux suppléments successifs de 4 p. in-4°, paginés 1 à 4, intitulés chacun Supplément au n° 33 de l'Affiche du Poitou. Du jeudi 13 août 1789, et contenant les séances de l'Assemblée depuis le 19 juin jusqu'au 10 juillet. Provisoirement débarrassées du compte rendu des débats, les Affiches retrouvent leur physionomie coutumière. Le Bulletin de l'Assemblée nationale continue d'être publié en suppléments (il en est fait mention le 17 septembre). Avec les n° 44 et 45 (29 oct. et 5 nov.), le compte rendu de l'Assemblée revient dans les Affiches (séances des 5 au 12 oct.). De nouveau absent, on le retrouve encore dans les n° 48 à 51 (26 nov.-17 déc, séances du 5 au 26 nov.). Le 19 novembre, Chevrier annonce la mutation de sa feuille: «Nous nous proposons de commencer notre premier numéro de 1790, sous le titre de Journal de la province de Poitou mais pour répondre à l'envie de plusieurs de nos abonnés qui désirent avoir ce qui se passe de plus intéressant dans l'Assemblée nationale, nous ne pouvons le faire qu'en doublant notre feuille [...] Nous donnerons tous les lundis et jeudis une feuille de 8 pages in-8°, dans laquelle nous insérerons tout ce qu'il pourra y avoir d'intéressant concernant la province du Poitou, les hypothèques, les avis divers, les prix des grains, vins, eaux de vie, etc. Nous aurons soin de puiser dans les meilleures sources le plus intéressant de ce qui se passe à l'Assemblée nationale, pour en faire part à nos lecteurs; enfin, nous ne négligerons rien pour leur rendre notre journal utile et intéressant». Le doublement de la périodicité va permettre de suivre les événements parisiens de manière moins lointaine. Devenue très pressante, l'actualité a fini par détruire le journalisme de type encyclopédique et historique sur quoi reposait la réussite des Affiches du Poitou.
Pendant trois ans au moins (1782-1784), Affiche comporte une table des matières de 3 p. L'année 1785 a une table des matières de 4 p. Les années suivantes n'ont pas de table. Chevrier, le rédacteur, s'en explique: «On nous a écrit plusieurs fois pour se plaindre du peu d'exactitude à donner les tables. Nous répondrons que jamais nous ne nous sommes engagés à fournir ces tables; que nous avons pris ce surcroît de travail et de dépense, pour mériter de plus en plus la bienveillance de nos souscripteurs; et que nous aurions cru que quelques-uns d'entr'eux eussent pu s'épargner les reproches amers qu'ils se sont imaginés être en droit de nous faire à ce sujet. Nous savons que nous sommes en retard pour 1786; mais nous nous en occupons sérieusement» (3 janv. 1788). Entre 1773 et 1781, son prédécesseur, Jouyneau-Desloges, avait promis presque tous les ans une table qui ne fut jamais publiée: «Nous allons en même temps nous occuper du soin de donner la table générale de ces feuilles depuis leur établissement en 1773 [...] Cette table est promise; elle est attendue; elle est nécessaire. Notre recueil [...] serait incomplet sans cela. Nous osons croire qu'il contient des mémoires utiles, qui pourront être recherchés un jour» (6 déc. 1781).