COURS DES MARCHANDISES DE ROUEN

0329
1751 ?
1755 ?

Titre(s)

Cours des marchandises de Rouen du […]. Par ordre de Messieurs les Prieurs et Juges-consuls [...].

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Deux numéros conservés (11 sept. 1751 et 20 déc. 1755), de cette feuille qui paraissait une fois la semaine.

Description de la collection

Feuille imprimée recto-verso, 2 p. sur deux colonnes, format oblong.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Rouen, chez le courtier La Fontaine, rue Saint-Etienne-des-Tonneliers. Sur l'exemplaire conservé, une mention manuscrite à l'encre : «Les négociants qui prennent cette feuille payent au sieur La Fontaine chacun 5 liv. par an».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Liste de marchandises accompagnées de leur prix ; à la fin sont insérés les prix des assurances. «Les articles en blanc n'ont pas de prix réglé» (p. de titre).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., ms. f. fr. 22133, pièce 6, et 22135, Pièce 44.

Auteur

Titre indexé

COURS DES MARCHANDISES DE ROUEN

Date indexée

1751
1752
1753
1754
1755

LE COURRIER UNIVERSEL

0321
1631
1637 ou 1643 ?

Titre(s)

Le frontispice de chaque volume est titré :

Le Courrier universel Fidelle rapporteur des choses les plus remarquables qui se sont passées dés le commencement de l'année 1631 iusques à 1632. ou L'Histoire mémorable du Roy de Suede, est amplement descrite depuis son advenement en Allemagne, iusques a ses conquestes d'Ausbourg et autres villes (t. I).

Le Courrier universel Fidelle rapporteur des choses les plus admirables qui se sont passées dés le commencement de l'année 1632 iusques à 1633. ou L'Histoire admirable du Roy de Suede, continuée iusques à sa mort (t. II).

Le Courrier universel Contenant l'Hystoire véritable de ce qui s'est passé. Depuis le commencement de l'Année 1633 jusques à 1634 (t. III).

Titre présent sur chaque «suite» ou numéro : La Seconde Suite du Courrier universel ou porteur des nouvelles du temps qui court du ... (suit la date).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Réimpression de la Gazette. Le premier numéro connu dont on est sûr qu'il a été distribué tel qu'il a été imprimé est la «seconde suite» datée du 7 novembre 1631. Le précédent numéro, réimprimé après coup pour compléter le premier recueil, reproduit les Gazette des 17 et 24 octobre 1631 et les Nouvelles ordinaires de Vendosme du 24 octobre 1631. Le dernier numéro connu, distribué tel qu'il a été imprimé, est la trente-et-unième «suite» datée du 27 juillet 1633. Les numéros suivants, «suites» 32 à 54 (30 juil. – 31 déc. 1633), ont été réimprimés après coup pour compléter le troisième volume.

Hebdomadaire tout d'abord daté du vendredi, comme à Paris la Gazette. partir du 4 avril 1632, il est daté du jour de son impression à Rouen : le dimanche, le mardi, puis à nouveau le dimanche («suites» des 4, 13 et 18 avril) ; à quelques exceptions près, il est daté du lundi entre le 26 avril 1632 et le 14 mars 1633, puis du mardi (22 mars – 27 juil. 1633). Les «suites» 32 à 54 de 1633 sont à nouveau datées du samedi, comme la Gazette imprimées après coup, ces numéros portent la date de Paris. Les deux premiers volumes sont datés de 1633, le troisième de 1637.

Description de la collection

3 volumes, de format petit 8° (100 à 102 x 153 à 164, ex. rognés ; 109 x 166, ex. non rognés). Les trois volumes débutent chacun sur une Préface du libraire : «Le Libraire au Lecteur, Salut [...]». Dans les deux premiers, cette Préface est suivie du même bois gravé présentant le portrait du roi Gustave-Adolphe. Le tout fait 5 à 6 p..

T. I : – L'Histoire et progrès des armes du Roy de Suede en Allemagne. Avec ce qui s'est passé de plus mémorable en la bataille de Leipzic. Le succès de ses armes iusques à présent. Et un discours sommaire de la victoire obtenuë par les Hollandois, réimpression de l'occasionnel édité à Paris en décembre 1631 par les libraires Jean Martin et Louis Vendosme (voir notice sur les Nouvelles ordinairesp. 1-60. – Le Courrier universel, fidelle rapporteur des choses les plus remarquables qui se sont passées en l'an 1631 (17 et 24 oct. 1631), p. 61-94. – La seconde suite du Courrier universel, ou porteur des nouvelles du temps qui court du 7 novembre 1631, p. 1-32. – Les «suites» «troisiesme» à «trentiesme» (14 nov. 1631 – 17 mai 1632), paginées séparément, p. 1-32.

T. II : – Les «suites» «trenteuniesme» à «soixante et deuxiesme» (24 mai – 26 déc. 1632), paginées séparément, p. 1-32. – La Gazette de Hollande du neufiesme Decembre 1632. Où se voit la deffaite de neuf cens hommes de Caualerie du Duc de Bauière, par les Suedois. Quatre mille Neapolitains mis en pièces par les habitons de la Catalogne. Différent entre le Pape et les Vénitiens. Seremonie faite à Rome par les Ambassadeurs de France et de Sauoye. L'arriuée du Prince d'Orange à la Haye La memorable bataille du Roy de Suede, donnée le 15 et 16 de Nouembre, et autres nouuelles, p. 1-22.

T. III : – Le Courrier universel ou porteur des nouvelles du temps qui court du 3 janvier 1633, jusqu'à sa «cinquante et qua-triesme suite» (31 déc. 1633). La «dixiesme suite» est la reproduction de la Relation des Nouvelles du monde receües tout le mois de Février, 1633 (n° 20 de la Gazette). Le numéro du 3 janvier est imprimé à la suite de la Préface, avec les mêmes petits caractères. Les «suites» 2 à 31 sont paginées séparément sur 24 p. chacune, l'imprimeur utilisant de plus petits caractères qu'en 1632. La «traisiesme suite» présente une importante erreur de pagination : p. 17 à 32 manquent, le texte s'arrêtant p. 16 et reprenant p. 33, imprimé avec des caractères plus petits, pour cesser p. 40. Réimprimées après coup, les «suites» 32 à 54 sont paginées de façon continue : les «suites» 32 à 35 (30 juil. – 20 août), p. 1-80, 36 et 37 (27 août et 3 sept.), p. 1-40, 38 à 46 (10 sept. – 5 nov.), p. 1-176, 47 à 54 (12 nov. – 31 déc), p. 1-150. Toutes ces «suites» sont imprimées dans le même petit caractère que la Préface et le premier numéro, et chacune ne s'étend que sur 18 p.. Trois ou quatre d'entre elles, telle la trente-neuvième, ont leur page de titre au dos de la dernière page de la «suite» précédente.

Le titre de chacune des «suites» est suivi d'un sommaire, par exemple : La Troisiesme suite du Courrier universel, ou porteur des nouvelles du temps qui court, du 14 de Novembre 1631. «Où se voit la deffaite de 3000. Imperiaux par les Suedois, et la prinse de la ville et Chasteau de Wirtzbourg par le Roy de Suède, et a trouvé de grandes richesses, la prinse de neuf navires holandois par les Dunquercoys, la mort de la Duchesse de Rohan, le sejour du Roy au Chasteau Thierry, et autres nouvelles».

Comme les deux premières livraisons de 1631, les «suites» du Courrier imprimées après coup (1re, 32e à 54e de 1633) portent toutes, au-dessus de leur titre, une frise d'arabesques ; sauf la 53e «suite», leur texte débute sur une simple majuscule. La première livraison de 1633 et la 53e «suite» ont leur texte ouvert par la même vignette. En revanche, sauf exceptions – les 9e et 10e «suites» de 1631 possèdent une frise –, les autres «suites», imprimées pour être distribuées chaque semaine dans Rouen, ne présentent pas de frise, mais leur texte est orné d'une vignette initiale (2 à 3 lignes de haut). A cinq reprises, un bois gravé illustre une nouvelle : deux frères siamois (22 janv. 1632), l'éruption du Vésuve (30 janv. 1632), enfin un loup monstrueux dévorant un homme (gravure trois fois reproduite : 5 et 26 mars 1632, 20 août 1633).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Sur les frontispices des trois volumes, le titre est suivi d'une marque présentant une Renommée ailée sonnant de la trompette, accompagnée d'une légende : Ad celum volito ut in Deo quiescam. Puis vient l'adresse du libraire : «A Rouen, Chez Claude le Villain, Libraire et Relieur du Roy, ruë du Bec, à la bonne Renommée. Avec Privilège». Dès la deuxième «suite» de 1631, l'adresse de ce même libraire est présente en dernière page : «A Rouën, Chez Claude le Villain, ruë du Bec, à la bonne Renommée. Avec Privilège». Jusqu'au 28 juin 1632, Le Villain signe seul la gazette normande. Le 5 juillet suivant, le Courrier porte : «A Rouen, Chez Claude le Villain, Dauid Ferrand et Jacques Cailloüé ; Iouxte la Coppie imprimée à Paris, au Bureau d'addresse. Avec Privilège». Les trois hommes signent ensemble le Courrier jusqu'au 12 juillet 1633. Le Villain signe seul les deux livraisons suivantes (30e et 31e). Les «suites» 32 à 54 de 1633 ne portent aucune adresse.

Entre 1630 et 1633, chacun de son côté, Claude Le Villain et Jacques Cailloüé éditent quelques pièces d'actualité. A partir de 1633, et notamment en 1634, ils signent ensemble ces occasionnels. Les 18 pièces conservées paraissent toutes provenir de chez le même imprimeur. De cet atelier est également sorti le Courrier. S'agit-il de l'imprimerie de David Ferrand ? Jacques Cailloüé a été imprimeur-libraire à Rouen entre 1612 et 1663, mais n'aurait jamais lui-même imprimé les ouvrages qui portent son nom. En revanche, David Ier Ferrand a bien été réellement imprimeur entre 1599 et 1636 au moins, et n'est guère connu que par les occasionnels qu'il a imprimés. Son fils, David II Ferrand, né vers 1591, a été imprimeur à Rouen entre 1615 et 1660.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur du Courrier universel, le libraire Claude LE VILLAIN a été entre 1597 et 1643 l'un des plus importants éditeurs rouennais de son temps. Recensant la littérature baroque, R. Arbour montre que ce libraire a connu cinq périodes d'intense activité : 1597-1599 (6 ouvrages édités), 1602-1610 (26), 1614-1618 (23), 1621-1630 (14). Entre 1634 et 1643, Le Villain n'édite plus que quatre ouvrages. Les volumes édités sont parfois importants : 49 de ces ouvrages ont 100 p. ou plus, et les volumes d'au moins 400 à 500 p. ne sont pas rares. Il apparaît que le dynamisme du libraire se serait nettement affaibli à partir de 1630. Faut-il y voir les effets du vieillissement ? Ne s'agit-il pas plutôt d'un choix délibéré ? En 1628 et 1629, Claude Le Villain et son confrère Jacques Cailloüé s'associent pour éditer les ouvrages religieux de la communauté protestante de Quevilly. Avec l'édition du Courrier universelLe Villain se lance dans la distribution des pièces d'actualité.

Dès novembre 1631, c'est «avec privilège» que Claude Le Villain fait imprimer son Courrier. S'agit-il d'un privilège accordé par les autorités locales ? Ou bien Le Villain a-t-il dès ce moment traité avec Vendosme et Renaudot pour la réimpression de leurs gazettes ? Etant donné ce que l'on sait sur la rivalité qui opposait alors ces deux derniers, la première hypothèse semble la plus vraisemblable. Le Courrier eut en tout cas assez de succès pour exciter quelques convoitises. Aussi, Le Villain obtint-il, en décembre 1631, le monopole de l'impression et de la distribution des gazettes dans la ville de Rouen, comme nous l'apprend «l'Extrait du Privilège» inséré dans la Treizième suite du Courrier universel (16 janv. 1631, p. 31) :

«L'an de grâce mil six cens trente et un, Le Mardy trentiesme jour de Décembre en la Chambre du Conseil du Bailliage de Roüen, devant nous Scipion Marc Escuyer Sieur de la Ferté, Conseiller du Roy en ses Conseils d'Estat, et Priué, Lieutenant gênerai audit Bailliage, et President au Siège Présidial dudit lieu. Sur la Requeste présentée par Claude le Villain, marchand Libraire Imprimeur en ceste ville de Roüen, Tendant à ce que pour les causes y contenuës. Il soit permis de faire Imprimer, vendre et distribuer un Livre intitulé les Gazettes ou Courrier Universel, par suittes et feuillets, et par recueils et vollumes, s'il le trouue à propos, et cependant que deffences soient faites à tous autres Maistres Libraires Imprimeurs en ceste ville, d'imprimer, vendre ny distribuer lesdites Gazettes et feuillets ny recueils. Veu par nous ladite Requeste, Conclusions du Procureur du Roy baillez sur icelle en dabte du vingt-quatriesme de ce présent mois et an. Il est dit du consentement dudit Procureur du Roy, que le dit le Villain, a esté et est permis de faire Imprimer, vendre et distribuer lesdites Gazettes ou Courrier Universel par suittes et feuillets, comme il a commencé et par recueils et vollumes s'il voit que bien soit. Et deffences faites à tous autres Libraires et Imprimeurs de cestedite ville, d'imprimer vendre ny distribuer lesdits Livres, à peine de cinquante livres d'amendes, et confiscation desdits livres. Fait comme dessus. Signé Marc, et Sanson.»

Renaudot a-t-il autorisé l'impression du Courrier 1632 ? Le Villain, Ferrand et Cailloüé se sont-ils associés pour prendre à bail la réimpression de la Gazette  L'expression «Iouxte la Coppie Imprimée à Paris, au Bureau d'addresse» serait-elle la preuve explicite que le Courrier était bien une réimpression autorisée par Renaudot ?

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Réimpression de la Gazette et des Nouvelles ordinaires, le Courrier universel est très riche en nouvelles ajoutées par Le Villain au texte parisien. Les six premières «suites» reproduisent intégralement, en leurs 16 premières pages, les Nouvelles ordinaires de Jean Martin et Louis Vendosme (24 oct., 7, 14, 21 et 28 nov. 1631). Quelques nouvelles françaises ne proviennent pas de la Gazette («suites» des 7 nov. 1631, 2 janv., 28 juin, 19 juil., 2 août, 13 et 20 sept., 8 nov. 1632). Le Courrier contient également de très nombreuses nouvelles étrangères ne venant pas du Bureau d'adresse de Renaudot. La 5e «suite» de 1631 (5 nov.) est entièrement occupée par ces nouvelles. Vingt autres «suites» en reproduisent une ou deux, parfois trois ou quatre (30 janv., 4, 13 et 26 avril, 3 et 26 mai, 21 juin, 5 et 26 juil., 13 et 20 sept., 22 oct. 1632, 17 janv., 7 et 21 févr., 6 mars, 14, 21 et 27 juin, 19 juil. 1633). Près de la moitié de ces nouvelles trouvant leur origine en Hollande et aux Pays-Bas espagnols, Claude Le Villain les a certainement extraites des «courants» édités en français à Amsterdam et à Anvers. L'un d'entre eux est même totalement reproduit, La Gazette de Hollande du neuflesme Décembre 1632. Villain a aussi réimprimé 14 pièces occasionnelles. Quatre pièces viennent probablement d'Anvers ou d'Amsterdam («suites» des 13 sept, et 16 oct. 1632, 31 janv. et 9 mai 1633). Quatre autres occasionnels ont trait aux rois de Suède et de Grande-Bretagne (12 mars et 17 mai 1632, 21 mars et 7 juin 1633). Les six dernières pièces, françaises, sont consacrées à la vie de la Cour et à des faits divers (18, 24 mai et 8 nov. 1632, 7 juin et 5 juil. 1633). Le Courrier offre enfin à ses lecteurs quelques nouvelles locales : 7 (Rouen), 3 (Caen), 1 (Le Mans), (9 janv., 5, 12, 19 et 26 mars, 7 juin, 16 oct. 1632, 6 et 22 mars, 27 juin, 10 déc. 1633). Sauf la nouvelle du Mans (10 déc. 1633), sauf aussi le bois gravé du 20 août 1633, les «suites» 32 à 54 de 1633 ne contiennent aucun ajout au texte de la Gazette  imprimées après coup et en dehors de l'actualité, elles n'avaient nul besoin d'autres nouvelles pouvant relever leur intérêt immédiat.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ste G., AE. j 8° 12 Rés. Trois volumes complets. Premier volume : «suites» 1 à 30 (oct. 1631 – 17 mai 1632) ; deuxième volume : «suites» 31 à 62 (24 mai – 26 déc. 1632) ; troisième volume : «suites» 1 à 54 (3 janv. – 31 déc. 1633) ; Maz., Réserve 42418, un volume contenant les «suites» 47 à 62 de 1632 (13 sept. – 26 déc), ainsi que La Gazette de Hollande du neufiesme Décembre 1632 B.N., G. 30698 («dixiesme suite» du 3 mars 1633) ; B.M. Bordeaux, H. 13. 829, le premier volume, complet («suites» 1 à 30, oct. 1631 – 17 mai 1632).

Bibliographie

H.P.L.P., t.  I, p. 98-102 ; B.H.C., p. 12-13. – Dahl F., Petibon F. et Boulet M., Les Débuts de la presse française : nouveaux aperçus, Göteborg et Paris, 1951, p. 48 et 51. – Arbour R., L'Ere baroque en France : répertoire chronologique des éditions de textes littéraires, Genève, 1977-1980. – Feyel, p. 75, 90, 126, 135-139. 345-355.

Historique

A partir du 30 juillet 1633, toutes les «suites» du Courrier ont été imprimées après coup. Le Villain s'est-il vu interdire l'impression de son Courrier Ces «suites» n'ont-elles jamais été imprimées ni distribuées séparément dans Rouen ? Ou bien, imprimées et distribuées «par feuillets» chaque semaine dans la capitale normande, ces «suites» étaient-elles épuisées lorsque Le Villain décida, en 1637, d'éditer le recueil de 1633 ? Cette seconde hypothèse paraît la plus vraisemblable. Le Villain aurait continué de distribuer son Courrieren 1633 et en 1634 : en font foi les quelques pièces d'actualité imprimées ces mêmes années. Et d'ailleurs, en 1637, le libraire promet au public, très explicitement, l'édition des recueils suivants : «La satisfaction que i'espère faire receuoir au public de ce Recueil m'oblige à luy préparer la suitte des autres Relations pour les Années suiuantes». A quelle date le Courrier a-t-il cessé de paraître ? En 1637, Le Villain semble encore le distribuer. En 1646, la Gazette est réimprimée à Rouen par les soins des libraires Jacques Besongne et Jean Viret. C'est entre ces deux dates qu'il faut situer la disparition du Courrier. Villain édite encore en 1643. Meurt-il cette année-là ou en 1644 ? A-t-il jusqu'à sa mort diffusé le Courrier universel ?

Auteur

Titre indexé

COURRIER UNIVERSEL

Date indexée

1631
1632
1633
1634
1635
1636
1637
1638
1639
1640
1641
1642
1643

COURRIER DU MARDI 1

0289
1744

Titre(s)

Courrier du mardy ou du vendredy, suit la date : par exemple, Courrier du mardy 4 août 1744.

Gazette imprimée, bihebdomadaire, distribuée à Bordeaux en 1744. Il n'en est connu aucun exemplaire. Investie du droit de réimprimer la Gazette à Bordeaux, la veuve de La Court se plaint auprès de l'Intendant en Guyenne, que «le nommé Merlin nouvellement reçû libraire s'est avisé de débiter et faire publier dans la présente ville une gazette sous le titre de Courrier qui paroit même imprimée sans nom d'imprimeur, ce qui est une contravention manifeste au privilège exclusif dudit sieur de Verneuil [le privilège de la Gazette, et porte un préjudice notable a la suppliante cessionaire et fermière dudit privilège. Elle s'en est même apperçue le dernier ordinaire par le peu de Gazettes qu'elle a débité, et le nombre considérable que les crieurs par lesquels elle est dans l'usage de les faire débiter par la ville lui ont rendu». Cette requête de la veuve de La Court est signifiée le 17 août 1744 au libraire Merlin qui répond aussitôt par une seconde requête où il affirme que c'est sur les sollicitations «de plusieurs presidens à mortier, de nombre de conseillers et de plusieurs personnes qualifiées de Bordeaux qu'il faisoit venir deux cents gazettes appelées Courrier du mardy et du vendredy», gazettes «qu'on peut voir chez tous les libraires depuis un temps immémorial». Le 26 août suivant, la veuve de La Court insiste par une nouvelle requête et produit, outre le privilège de la Gazette, son bail et ses quittances de fermage, un exemplaire du Courrier, celui du mardi 4 août 1744. Le 22 septembre, Merlin et la Communauté des imprimeurs et libraires bordelais reçoivent notification de l'interdiction du Courrier.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Sur le libraire Jacques Merlin, lire Anne Sauvy, «Un marginal du livre au XVIIIe siècle : Jacques Merlin», Revue française d'histoire du livre, 1976, n°  12, p. 443-485.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Comment ne pas penser, à propos de ce Courrier, aux Nouvelles intéressantes distribuées à Nantes en 1748 et 1749 ? Même périodicité hebdomadaire, même absence de nom d'imprimeur. Comme les Nouvelles intéressantes, le Courrier était très probablement la reproduction imprimée de nouvelles à la main venues de Paris. Etait-il imprimé à Bordeaux ? Ailleurs, ainsi que voudrait le suggérer Merlin ? Notons en tout cas qu'il ne saurait s'agir du Courrier d'Avignon, que la veuve de La Court et la police bordelaise étaient parfaitement capables de distinguer de notre gazette. En 1744, le Courrier d'Avignon était d'ailleurs réimprimé à Bordeaux au vu et au su de la police, par l'imprimeur Lacornée.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

A.D. Gironde, C. 3308, note sur l'impression de «la Gazette d'Avignon» par l'imprimeur Lacornée, et C. 3315, requête de la veuve de La Court, août 1744.

Bibliographie

Bouchon G., Histoire d'une imprimerie bordelaise 1600-1900. Les imprimeries G. Gounouilhou. La Gironde. La Petite Gironde, Bordeaux, 1901, p. 106. – Feyel.

Auteur

Titre indexé

COURRIER DU MARDI 1

Date indexée

1744

AFFICHES DE TOURAINE

0068
1768
1797

Titre(s)

Bureau des Affiches de la généralité de Tours (1768), puis Annonces, affiches, nouvelles et avis divers de la Touraine, l'Anjou et le Maine, généralité de Tours (14 mars 1772), Affiches de la Touraine et de pays saumurois (1778-1785), Journal de Touraine (1789), enfin Journal patriotique du département d'Indre et Loire, ou l'Ami de la République (1794-1797).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Feuille fondée en 1768, et non en 1767 comme le dit A. Dorange. Le 14 août 1773, Bruslon du Boullay, son rédacteur, se plaint des abonnés et précise: «Lors de l'établissement de notre feuille (en l'année 1768) nous voulûmes bien ne pas tirer à la rigueur l'usage de faire payer d'avance l'abonnement [...]». Il confirme cette date dans sa supplique au garde des Sceaux, le 23 mars 1789: «Remontre très humblement qu'en 1768 il jeta les fondements d'une feuille périodique connue sous le nom de Journal de Touraine, que le privilège nécessaire lui fut accordé par M. Le Bas de Courmont, lors fermier général; qu'il a joui paisiblement et sans trouble de cette commission jusqu'à ce jour, que ses fonctions de rédacteur ont été à l'abri de tous reproches soit de la part de M. Du Cluzel intendant, soit de M. Daine son successeur, soit enfin de feu M. Loiseau lieutenant général de police, censeur par sa place de ce petit ouvrage» (A.N., V1 551). La bibliothèque de Tours ayant brûlé en 1940, on ne peut reconstituer l'histoire de cette feuille qu'en s'appuyant sur son ancien Catalogue méthodique. Vient surtout à notre secours le seul volume actuellement connu de ces Annonces, conservé à la B.M. du Mans. A lire le Catalogue, il semble que la première feuille avait pour simple titre Bureau des Affiches de la généralité de Tours. Elle paraissait tous les quinze jours, et était distribuée contre un abonnement de 3 £, ainsi que l'indique son rédacteur le 14 mars 1772. Ce Bureau des Affiches avait été créé sans l'assentiment du propriétaire du privilège général des Affiches, qui avait fini par faire valoir ses droits: «Les établissements les plus avantageux pour la société, ne doivent souvent leur existence qu'à des causes légères, qu'à des événements peu intéressants dans leur principe. Les Affiches que le sieur Bruslon du Boullay a fait distribuer depuis plusieurs années, n'ont eu pour objet jusqu'à présent, que l'annonce des biens, charges et effets à vendre. Quoiqu'il sentît parfaitement l'avantage d'unir dans ses feuilles l'utile à l'agréable, il s'est astreint à une forme sèche et stérile, parce que l'établissement de son Bureau des Affiches n'était pas encore revêtu des formalités requises pour le rendre stable. L'amour du bien public lui faisant sentir de plus en plus l'avantage et la nécessité même, de donner à ses Affiches une forme plus intéressante et plus utile, il a obtenu un privilège exclusif, qui rend légal l'établissement de ses feuilles périodiques; il peut donc maintenant répondre aux invitations de plusieurs personnes, en donnant à ses Affiches la forme qu'ont celles de plusieurs provinces» (Feyel, art. 2, n. 9, p. 108).

Devenues hebdomadaires à partir du 14 mars 1772, les Annonces de Touraine sont distribuées le samedi, le Journal de Touraine, toujours hebdomadaire, le vendredi. Bruslon du Boullay publie ses Affiches pendant la Révolution, jusqu'à la fin de juillet 1797. Le dernier numéro connu du Journal patriotique du département d'Indre et Loire, une feuille paraissant le 5 et le 10 de chaque décade, est daté du 25 messidor An V (13 juil. 1797, n° L). Le 10 thermidor de l'An V (28 juil. 1797), est publié le premier numéro du Journal général d'Indre et Loire, imprimé par Norbert Lhéritier. Le nouveau journal paraît lui aussi le 5 et le 10 de chaque décade. A lire son prospectus, il semble qu'il succède à la feuille de Bruslon, avec qui Lhéritier a probablement traité: «Presque tous les départements ont reconnu la nécessité de journaux consacrés à recueillir tout ce qui les intéresse particulièrement. Celui d'Indre et Loire a été privé jusqu'ici des avantages qu'offrent ces établissements, et qu'on eût en vain cherchés dans le Journal patriotique du citoyen Bruslon. Le discrédit dans lequel cette feuille est tombée depuis quelque temps, n'est dû, sans doute, qu'à l'insuffisance des ressources du rédacteur, qui, se renfermant dans un cercle beaucoup trop étroit, avait, pour ainsi dire, conservé la forme insignifiante des journaux de l'ancien régime». Répondant à une enquête lancée par le Directoire le 13 vendémiaire An VI (4 octobre 1797), le commissaire près l'administration du département confirme la disparition du journal de Bruslon: «Sa profonde nullité ne le fait guère regretter» (R. Vivier, A.D. Indre-et-Loire, L 126, f° 92-96).

Description de la collection

Le Bureau des Affiches de la généralité de Tours était imprimé sur 4 p. probablement in-4°. Les quatre numéros bimensuels de janvier-février 1772 couvraient 16 p., puisque le premier numéro des Annonces de Touraine (14 mars 1772) est numéroté 5 et paginé 17-24 à leur suite. De format in-4° (format rogné 195 x 252), les Annonces de Touraine sont imprimées sur deux colonnes. Les trois premiers numéros (n° 5-7, 14-28 mars) ont 8 p. (p. 17-40). Par la suite, la feuille n'a que 4 p. La pagination étant continue tout au long de l'année, il y a 200 p. et 46 numéros en 1772 (y compris les quatre premières feuilles de janv.-févr.), 208 et 52 en 1773. Selon le Catalogue, les Affiches de Touraine et pays saumurois étaient imprimées sur 8 p. in-8°. Le Journal de Touraine a toujours en 1789 ce même petit format in-8°. Les numéros ont alors 8 à 12 p.; celui du 20 mars (n° VII) est paginé 65-76 (format non rogné 127 x 190). Le Journal patriotique du département d'Indre-et-Loire a retrouvé le format in-4° (deux colonnes, 4 p., dimensions non rognées 207 x 269), le n° L du 25 messidor An V est paginé 193-196.

Au début des Annonces, l'imprimeur et le rédacteur ont quelque mal à calibrer leur texte. Les numéros 5 à 14 (14 mars – 16 mai 1772) sont imprimés en caractères assez gros, de type Cicéro ou Philosophie. La première page de chacun est décorée d'un haut bandeau rectangulaire, large cadre historié enserrant en son centre la numérotation. Le titre s'étend ensuite sur quatre lignes, précédant l'épigraphe latine Fama volans venit utilium praenuncia rerum, puis la date. Le tout occupe les deux tiers de la page (n° 5, 6 et 7). Le numéro 14 n'ayant que quatre pages, l'imprimeur a gagné de l'espace en réduisant considérablement l'emprise du titre, tout en gardant le même bandeau. Avec la feuille suivante (n° 15, 23 mai), il agrandit encore la place consacrée au texte en l'imprimant avec un plus petit caractère, du genre Petit-Romain, ce qui permet au titre de retrouver presque son ampleur initiale. La feuille changeant d'imprimeur avec le n° 37 (24 oct. 1772), elle est ornée d'un nouveau bandeau, le titre est imprimé sur trois lignes, une vignette passe-partout entoure la première lettre majuscule du texte, désormais composé en caractères encore un peu plus petits (caractères Gaillarde?). Gardant toujours le même libellé, le titre occupe de nouveau quatre lignes à partir du n° 6 (6 févr. 1773). Le Journal de Touraine a un décor extrêmement réduit. Le titre, imprimé sur deux lignes, est suivi de la nouvelle épigraphe Cogimur ipsius commoditate frui (Ovide); le tout est enchâssé dans un simple cadre rectangulaire constitué de deux filets parallèles. Sont mentionnés au-dessus la numérotation à gauche, l'âge de la feuille (22e année) à droite, et au-dessous la date. Le Journal patriotique n'a aucun décor. Le titre, imprimé sur trois lignes, est précédé de deux filets horizontaux soulignant la numérotation à gauche, la devise «Liberté, Egalité, République» au centre, l'âge de la feuille (30e année) à droite. Sous le titre, la date s'étend sur une ligne: «Quintidi 25 messidor de l'an 5 de la République Française, une et indivisible (13 juil. 1797. v.s.)».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Annonces / Journal de Touraine ont utilisé les services de plusieurs imprimeurs. Signant la feuille «A Tours, chez Jean Masson, Imprimeur de Mgr l'Archevêque et du Clergé, près Saint-Pierre du Boille», le premier d'entre eux a exercé entre 1758 et 1772. Après sa mort, François Vauquer imprime les Annonces à partir du 24 octobre 1772; imprimeur entre 1768 et 1791, il signe «A Tours, de l'Imprimerie de François Vauquer, Imprimeur du Roi». A son tour, son frère Auguste Vauquer (imprimeur 1778-1793) imprime la feuille (selon le Catalogue). En 1789, le Journal de Touraine sort de l'atelier de François Légier (imprimeur 1775-1815): «A Tours. De l'Imprimerie de L.-M.-F. Légier». Pendant la Révolution, probablement à partir de 1790 ou 1791, Bruslon du Boullay imprime lui-même son journal.

L'abonnement est de 6 £ «pour les personnes de la ville» et de 7 £ 10 s. «pour les autres villes» (1772-1773). La feuille est diffusée par un porteur en ville, par la poste, ou par tout autre moyen moins sûr: «Plusieurs de nos abonnés des environs de Tours, en souscrivant pour notre Affiche, nous ont donné leur adresse chez des particuliers de la ville. Nous avons toujours été très exacts à remplir leurs intentions, malgré cela nous avons le désagrément de recevoir des reproches sur ce que nos feuilles ne leur parviennent pas avec exactitude. Ces reproches auxquels nous sommes sensibles nous engagent à supplier nos abonnés qui ne peuvent recevoir directement nos feuilles par la poste ni par le porteur en ville, de vouloir bien, à l'imitation de quelques-uns parmi eux, avoir la bonté de faire prendre Affiche en notre Bureau; la diffusion s'en faisant régulièrement le samedi, et ce jour étant à Tours celui d'un marché, les messagers ou domestiques ne seront pas détournés. Nous connaissons la cause de l'inexactitude qu'on nous attribue. La proposition que nous faisons y apportant un remède certain, il est inutile de la démontrer, il nous suffit de dire que Affiche parviendra sans retard et que nos intérêts n'en souffriront plus» (4 sept. 1773). Pour Tours, l'abonnement est alors de 12 F. en numéraire pour un an, 6 F. pour six mois, 3 F. pour trois mois; pour le département, il est de 15 F. «par la poste, franc de port». «On souscrit à Tours, chez Bruslon, au Musée national» (l'ancien archevêché).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur des Annonces de Touraine, le Tourangeau André BRUSLON DU BOULLAY dirige et rédige toujours le Journal de Touraine en 1789.

Le «Bureau des Affiches » est installé rue de la Monnaie en 1772, rue de Choiseul en 1789, au Musée national en 1797. Ayant obtenu un privilège pour toute la généralité de Tours, Bruslon du Boullay revendique la clientèle et la collaboration des habitants du Mans et d'Angers. Ainsi à propos de l'agriculture et des «nouvelles découvertes que l'on y fait tous les jours»: «Nous osons nous flatter que les agriculteurs de cette généralité, surtout Messieurs des sociétés d'agriculture de Tours, du Mans et d'Angers, voudront bien nous fournir les articles qu'ils jugeront intéressants» (14 mars 1772). Après quelques démêlés, il doit cependant rapidement accepter que les deux autres capitales provinciales, Le Mans et Angers, aient elles aussi leur Affiche, le lire, il semblerait qu'il ait suscité la création de la feuille angevine, et qu'il ait fini par s'accorder avec l'imprimeur Monnoyer, fondateur des Affiches mancelles (1771): «D'Angers. Le directeur des Affiches de la ville de Tours, qui a le privilège exclusif pour toute la généralité, après avoir fait les démarches décentes envers MM. les Magistrats de cette ville, vient, pour répondre au vif empressement que ses citoyens témoignent d'avoir aussi une feuille périodique dédiée à la ville d'Angers, de prendre les arrangements convenables pour que cette feuille paraisse dans les premiers jours de janvier 1773. Le prospectus de ce nouvel établissement paraîtra incessamment; on y indiquera le prix de la souscription et le lieu où il faudra souscrire. Du Mans. Affiche dédiée à cette province depuis près de deux ans a été sur le point d'être supprimée. L'imprimeur de cette feuille ignorait s'il anticipait sur le droit de quelqu'un: il n'a plus rien à craindre. Le directeur des Affiches de Tours et qui a seul le droit de faire imprimer en cette ville ces sortes de feuilles, a donné à cet établissement toute la solidité possible» (28 nov. 1772). Notons qu'il va falloir plus de six mois pour faire sortir les Affiches d'Angers (début juil. 1773). Le notaire angevin Deville, leur «directeur», et l'imprimeur manceau Monnoyer paraissent payer redevance à Bruslon du Boullay. Par la suite, nul doute qu'ils n'aient fini par verser directement leur fermage auprès du propriétaire du privilège général des Affiches, le fermier général Le Bas de Courmont.

Les Annonces / Journal de Touraine sont censurées par le lieutenant général de police de Tours qui accorde le permis d'imprimer: «Avec privilège du Roi et permission de M. le Lieutenant général de police. Loiseau» (1772), «Avec privilège du Roi. Vu, permis d'imprimer à Tours... Signé Pradeau» (1789). Au printemps 1789, Bruslon du Boullay fait les frais de la querelle qui oppose le lieutenant général Pradeau aux deux autres administrations de Tours, l'intendance et la municipalité. Tatillon, Pradeau ne lui passe rien. Il fait supprimer du Journal les «annonces» c'est-à-dire les communiqués insérés sur l'ordre des «chefs, ou de l'assemblée provinciale, ou de l'administration de l'hôtel de ville». Il fait plus. Ayant un nouveau conflit d'autorité avec les deux autres administrations à propos de l'enlèvement des boues de la ville, il ordonne l'insertion de quatre pages d'arrêt et ordonnance à leur propos, le tout accompagné de notes de commentaire mettant en cause l'intendance et le corps municipal, ce dont le malheureux rédacteur se plaint aussitôt au garde des Sceaux: «Le 16 de ce mois (mars 1789) il a été présenté à la censure de M. Pradeau le manuscrit du Journal qui devait être distribué le 20; ce Magistrat l'a gardé jusqu'au 18, qu'il lui a plu d'y joindre un arrêt du conseil, une ordonnance sur icelui de M. l'Intendant, il y a inséré sous le nom du rédacteur des notes interprétatives. D'après une lettre reçue de M. Daine, d'allée de Paris du 17 de ce mois, qui ordonne de ne placer dans la feuille que des choses qui parviendraient de sa part, le Remontrant a prié M. le Lieutenant de police de mettre un correctif par égard pour M. l'Intendant et MM. les Officiers municipaux. Point d'autre réponse que celle-ci: «Mon intention, a dit le Magistrat, est que mes notes soient publiques». Mais de concert avec lui, il fut arrêté qu'il serait inscrit au pied de ces notes ce qui suit: «Note du Rédacteur. Ces arrêt, ordonnance et note au bas d'iceux, sont insérés dans ce journal de l'autorité de M. le Lieutenant général de police». Quelle a été la surprise du Suppliant lorsqu'il a su que à peine la moitié des exemplaires ont été tirés, ce Magistrat avait fait à la note convenue l'addition suivante: «et pour le disculper d'un défaut de police qui, si il existe, n'a lieu que par les entraves que le Collège municipal ne cesse de mettre au désir qu'il a de faire le bien». D'après cet exposé, Monseigneur, le Rédacteur des Affiches devient l'interprète de M. le Lieutenant de police, il le rend calomniateur de l'administration sage de la ville, il l'expose au ressentiment et à la prise à partie de Corps respectés et respectables. Malgré la défense faite à l'imprimeur de mettre au jour la feuille, le Magistrat l'a forcé de lui en délivrer cent exemplaires qui sûrement vont paraître dans le public. Telle est la position de l'Exposant, il se met sous la protection de l'autorité, il attend des ordres qui le mettront dans le cas de n'avoir rien à redouter de M. le Lieutenant de police. Des abonnés vont se plaindre d'un retard dans la distribution; des officiers municipaux se vengeront des traits lancés contre eux» (A.N., V1 551, 23 mars 1789).

A lire le rapport de la direction de la librairie au garde des Sceaux, le conflit entre Bruslon du Boullay et le lieutenant de police dure depuis plusieurs années. Déjà le rédacteur avait demandé un autre censeur au précédent directeur de la librairie Vidaud de la Tour (août 1785 – oct. 1788). Et le rapporteur d'observer: «Le Journal de Touraine n'est qu'un démembrement des Petites Affiches. Voilà pourquoi on ne peut guère l'imprimer sans l'aveu du lieutenant général de la ville, qui de cette sorte en est comme le censeur né; d'autant plus que la plupart des articles ne sont que des articles de municipalité et de nouvelles locales. Aussi M. de Vidaud refusa-t-il les années dernières de nommer un autre censeur pour cette feuille, pensant d'ailleurs que l'administration de la librairie n'était pas tenue de se charger des embarras attachés à ces journaux qui sont attribués à un département particulier, et étrangers à la Chancellerie. Il est vrai néanmoins que M. Pradeau semble avoir juré au S. du Boullay, de lui susciter autant de peines qu'il pourra; outre que dans ce cas-ci, il est très répréhensible de forcer cet auteur à insérer ce qui a été défendu par M. l'Intendant, et surtout à devenir à tout risque son organe et son interprète». Le garde des Sceaux ayant suivi cet avis, la direction de la librairie répond le 25 mai seulement au rédacteur tourangeau: «Le chef de la magistrature a décidé que votre journal étant une division des Petites Affiches, et se trouvant de cette sorte annexé au Département des Affaires étrangères, le sujet de votre contestation devenait étranger à la Direction générale de la librairie. Vous savez que par ces mêmes motifs, vous n'avez point d'autres censeurs que MM. les officiers de police. Et en effet, comment aurions-nous à faire exercer la censure de feuilles dont il est possible que nous ne connaissions pas l'existence?» Le garde des Sceaux Hue de Miromesnil (juil. 1771 – mai 1787) et les prédécesseurs de Vidaud de la Tour en avaient jugé autrement puisque de nombreuses Affiches provinciales étaient soumises à l'examen d'un censeur royal, avant de recevoir le visa du lieutenant de police. Dans un autre cas de conflit entre municipalité et police, la municipalité avait obtenu gain de cause: le maire de Chartres avait obtenu du garde des Sceaux la censure des Affiches du pays chartrain qui paraissaient aussi sous le visa du lieutenant général de police (oct. 1782). Il est vrai que la municipalité chartraine, appuyée par le duc d'Orléans, pouvait mieux se faire entendre que le malheureux Bruslon du Boullay! (Feyel, art. 1, p. 43-45).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Comme leurs consœurs provinciales, les Annonces de Touraine contiennent des avis tels que les «biens, charges, effets à vendre, maisons à louer», les «effets perdus ou trouvés, la vente des meubles et effets par ancan ou autrement»: «La modique rétribution qu'on a exigée jusqu'à ce jour, ayant peut-être empêché plusieurs personnes d'envoyer des avis au Bureau des Affiches, nous prévenons que nous nous désintéresserons pour cet objet, et que désormais nous annoncerons tous les avis gratis». On y trouve aussi des publicités au sujet desquelles Bruslon du Boullay prend ses précautions: «Nous recommandons aux artistes et aux personnes de toutes professions mécaniques, de ne point envoyer en notre Bureau des notes relatives à leur état, sans y être autorisées de M. le Lieutenant général de police. Ce magistrat que le zèle du bien public caractérise si particulièrement, nous a spécialement recommandé cet objet; nous sentons trop bien la sagesse de cette précaution pour ne pas exiger ce préalable des personnes qui voudront se faire annoncer dans nos Affiches (14 mars 1772).

Les Annonces de Touraine offraient aussi à leurs abonnés les habituelles rubriques de service: «les tableaux des conservations des hypothèques», les résultats de différentes loteries, les mercuriales de Tours et «des plus forts marchés des environs». Les «tableaux des hypothèques» sont régulièrement publiés jusqu'au 22 mai 1773 (n° 21). Le rédacteur cesse de les insérer ensuite, probablement parce qu'ils prennent trop de place aux dépens de la surface rédactionnelle de l'Affiche «Différentes personnes nous ayant dit que cet objet [les hypothèques] rendait la lecture de nos feuilles rebutante et ennuyeuse, nous avons pensé devoir nous dispenser d'en continuer l'annonce, mais les plaintes que la majeure partie de nos abonnés nous ont adressées, ne voyant plus l'article des hypothèques, nous persuadent aisément que le plus grand nombre de nos lecteurs en voyaient avec intérêt l'annoncé; quelques-uns même nous ont reproché avec sensibilité avoir perdu par le défaut de notre annonce, leurs privilèges sur des fonds qui leur étaient hypothéqués, les lettres de ratification ayant été expédiées avant qu'ils eussent appris la vente du bien sujet à leur rente» (4 sept. 1773). Pour reprendre la publication des «tableaux des hypothèques» sans encombrer ses Affiches, Bruslon du Boullay imite son confrère de Metz (voir Feyel, art. 1, p. 24-25) en proposant lui aussi des suppléments: «Nous nous proposons de donner tous les quinze jours un supplément à notre feuille, suffisant pour contenir tous les tableaux des hypothèques des différents sièges royaux ressortissant du bailliage de cette ville. Ce supplément entraînant nécessairement avec lui une dépense extraordinaire et dispendieuse pour nous, nous prions les personnes qui désireront qu'il leur soit adressé, de vouloir bien souscrire à notre Bureau. L'abonnement est de 3 £ 12 s. en sus du prix ordinaire de Affiche afin que nous puissions nous assurer de nos déboursés, nous prévenons que nous ne donnerons ce supplément que lorsque nous nous verrons suffisamment d'abonnés pour remplir nos frais» (4 sept. 1773). La collection des Affiches contient le premier de ces suppléments, paru le 16 octobre 1773 (supplément au n° 42 des Affiches, deux colonnes sur 4 p., intitulé «Conservation des hypothèques. Etat des contrats de ventes d'immeubles...», avec un long «Avis préliminaire» sur cinq colonnes, expliquant tout l'intérêt de la conservation des hypothèques. Ce supplément eut-il plus de succès que celui des Affiches de Metz qui dura seulement un an (1773, 20 numéros, 58 p.)?

Dans leur espace rédactionnel, les Annonces de Touraine proposent des articles d'agriculture et d'économie, publiant d'intéressantes études, par exemple de nombreuses lettres de M. de Burbure, officier de la maréchaussée, membre de l'académie royale de Châlons (16 janv., 6 et 13 mars 1773, etc.). Les «objets de littérature et de belles-lettres», un «accessoire dont nous enrichirons quelquefois nos feuilles» offrent l'habituelle série des «pièces légères»: des petits poèmes, des jeux versifiés (énigmes et logogriphes). Le tout peut être complété par un article de législation (édits et déclarations du roi, arrêts des cours supérieures et règlements de police) ou par «un article particulier, pour annoncer les nouvelles de la généralité de Tours» (mariages, naissances, morts de «personnes de distinction», «nouveaux grades, soit par charge, élection ou par commission», «événements ou faits remarquables»).

Lorsque manque la copie, entre le 31 octobre et le 19 décembre 1772, Bruslon du Boullay publie sur deux à trois colonnes des nouvelles politiques, titrées «Précis des différentes gazettes». Comme ailleurs dans les autres Affiches, cette rubrique qui empiète sur le privilège de la Gazette de France disparaît rapidement, très probablement interdite (voir Feyel, art. 1, p. 42).

Il est facile de juger du contenu du Journal de Touraine à partir du seul exemplaire pour l'instant connu. S'y succèdent sans surprise: les annonces «A vendre» (une maison et des objets variés: des chevaux, une voiture, un fusil, «plusieurs onces de graine de vers à soie», un pressoir), «A louer présentement» (trois maisons), les «Demandes particulières» (sept offres ou demandes d'emploi), les «Avis» (la perte du «premier volume de Cleveland» à remettre chez Fay, maître-perruquier, rue de la Harpe, l'adjudication au rabais des travaux d'une église, la recherche d'un chantre). A partir du second tiers de la troisième page, s'étend jusqu'à la première moitié de la septième la rubrique «Législation» sur l'enlèvement des boues de Tours. Lui succède la «Conservation des hypothèques» (une page et demie, bureaux de Tours et de Chinon). Vient ensuite en neuvième et dixième pages la rubrique «Nouvelle de la province», toute remplie des premières assemblées pour la rédaction des cahiers de doléances et l'élection des députés aux Etats généraux. Sont publiées la «délibération prise par la chambre du Clergé du bailliage de Tours, le mardi 17 mars 1789, et remise à celle du Tiers-Etat, le lendemain 18 du même mois» et la «déclaration faite par l'ordre de la Noblesse du bailliage de Touraine, en la séance du 17 mars 1789»: le clergé et la noblesse s'y déclarent favorables à l'égalité des trois ordres devant l'impôt. Pour leur donner encore plus de retentissement, Bruslon du Boullay a fait imprimer en feuille volante ces deux déclarations: «On trouvera au Bureau des Affiches, rue de Choiseul, un cahier contenant les déclarations des ordres du Clergé et de la Noblesse, extrait de ce Journal, pour satisfaire la curiosité du public». Le Journal de Touraine participe donc, à sa manière, au grand mouvement qui secoue alors la France. Très prudemment cependant – on connaît la qualité de ses relations avec le censeur! – le rédacteur mentionne, pour dégager sa responsabilité: «Ces déclarations nous ont été remises, savoir, la première de la part de M. l'Archevêque, Président de l'ordre du Clergé, et la seconde de la part de M. le Duc de Luynes, Pair de France, Président de l'ordre de la Noblesse». Le Journal s'achève sur un communiqué de la Société royale de médecine (questions mises au concours pour les prix de 1790), et sur le «Cours des grains». Bruslon du Boullay excuse ensuite le retard dont nous connaissons la cause: «N.B. La distribution de ce Journal a été retardée à ce jour 22, vu le supplément occasionné par l'article Législation».

Après sa première rubrique «Lois» donnant le texte de telle ou telle loi (première page), le Journal patriotique présente les «Nouvelles des départements» (Paris, Bruxelles, Toulouse), puis un article de littérature («Notice sur le discours en vers de Ducis, contre le célibat», extraite du Journal de la Charente. En troisième page est insérée la «Conservation des hypothèques», en quatrième un «Répertoire des titres des lois décrétées, telles qu'elles sont classées dans les Bulletins imprimés par l'ordre du gouvernement, sous l'inspection du ministre de la justice». A lire les «Nouvelles des départements», il apparaît que le Journal patriotique, très opportuniste, se contente de suivre la ligne politique du Directoire en ce mois de messidor An V: anti-jacobin, il blâme les excès des lois révolutionnaires, tout en approuvant la sagesse des modérés. Grande timidité politique, absence d'information locale: on comprend l'appréciation si négative du nouveau commissaire nommé par le Directoire auprès du département, après le coup d'Etat de fructidor. Défendre la République contre les menées royalistes demandait d'autres qualités, celles que reconnaît le commissaire à la nouvelle feuille tout juste fondée sur les dépouilles du Journal patriotique, le Journal général «Un journal rédigé dans d'excellents principes ne contribue pas peu dans le département à entretenir l'esprit public. L'auteur s'y applique à démasquer tous les intrigants qui avaient su fasciner les yeux du peuple, en lui parlant sans cesse de terreur, d'anarchie, de factions, pour détourner son attention de la grande et véritable faction, et il y réussit complètement» (A.N., F1 c III, Indre-et-Loire 6, Compte rendu au ministre de l'Intérieur, par le commissaire du Directoire exécutif près l'administration centrale du département, deuxième décade de vendémiaire An VI).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Le Mans, Histoire 4° 7261, un volume relié: Annonces de Touraine, 1772-1773. Manquent n° 1-4 (janv.-févr.) et 8-13 (4 avril – 9 mai) de 1772, n° 31 (31 juil.) de 1773. L'année 1773 renferme le premier supplément des hypothèques (16 oct., 4 p., p. 1-4); A.N., carton V1 551, Journal de Touraine, n° VII (20 mars 1789), accompagné de cinq pièces d'archives: la supplique de Bruslon du Boullay et sa lettre d'envoi (23 mars 1789), deux ex. du rapport de la direction de la librairie au garde des Sceaux, la réponse de la direction au rédacteur tourangeau (25 mai 1789); B.N., 4° Lc10 178 (4), Journal patriotique du département d'Indre et Loire, ou l'Ami de la République, un numéro isolé (n° L, du 25 messidor An V, 30e année); Rés. 4° Lc10 178, Journal général du département d'Indre et Loire, coll. complète, y compris le prospectus, de l'imprimeur Lhéritier, 116 numéros, 10 thermidor An V – 5 ventôse An VII (28 juil. 1797 – 23 févr. 1799); la B.M. de Tours conservait, avant l'incendie de 1940, une collection incomplète, cotée 4882 et 4883, aujourd'hui disparue. Etaient présents les années 1772 et 1773, 1777 à 1781 et divers numéros des années 1783 à 1785.

Bibliographie

Clément de Ris T., La Typographie en Touraine (1467-1830), Paris, 1878. – Dorange A., Bulletin de la société archéologique de Touraine, t. IV, 1877-1879, p. 393-394, séance du 25 juin 1879. – Giraudet E., Les Origines de l'imprimerie à Tours. 1467-1550, Tours, 1881, avec une liste des imprimeurs établis à Tours, depuis la fin du XVe siècle jusqu'en 1850. – Faye H., La Révolution au jour le jour en Touraine (1789-1800), Angers, 1903. – Bibliographie de la presse française politique et d'information générale. 1865-1944, fasc. 37, Indre-et-Loire, Paris, 1970 (voir la préface de R. Vivier). – Feyel G. (art. 1), «La presse provinciale sous l'ancien régime», La Presse provinciale, p. 3-47. – Idem (art. 2), «La presse provinciale française dans la seconde moitié du XVIIIe siècle: géographie d'une nouvelle fonction urbaine», La Ville et l'innovation, Paris, Editions de l'EHESS, 1987, p. 89-111.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE TOURAINE

Date indexée

1768
1769
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1791
1792
1793
1794
1795
1796
1797

AFFICHES DE RENNES

0059
1784
1792

Titre(s)

Affiches de Rennes. Surtitre: Feuille hebdomadaire pour la Bretagne puis à partir du 9 mai 1791: Feuille hebdomadaire pour le département de l'Isle et Vilaine

Fondées le 28 juillet 1784. Dernier numéro connu, n° 63 du 27 février 1792. Les Affiches de Rennes ont fusionné le 31 mars 1792 avec le Journal des Départements, Districts et Municipalités quotidien publié à Rennes.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Feuille hebdomadaire, distribuée tous les mercredis jusqu'en décembre 1789. Bihebdomadaire paraissant le lundi et le vendredi à partir de janvier 1790: «Sur l'invitation de plusieurs de nos souscripteurs, nous nous déterminons à donner deux feuilles par semaine, l'une le lundi et l'autre le vendredi. Le prix d'une année sera de 13 livres pour Rennes, et de 15 livres par la poste, franc de port; le format sera le même. La liberté rendue à la presse, et l'étendue de deux feuilles, nous permettront d'y mettre dans un détail suffisant, non seulement les séances de l'Assemblée nationale, dont on sera alors instruit avec plus de promptitude, mais encore toutes les nouvelles politiques les plus intéressantes, surtout celles de Liège, du Brabant, et de tous les autres pays où se développent et même se préparent de grandes révolutions. Nous dirons tout, mais avec sagesse et retenue» (23 déc. 1789). Malgré leur changement de périodicité, les Affiches de Rennes gardent leur surtitre de Feuille hebdomadaire.

Les Affiches de Rennes sont censurées par le maire de la ville qui est en même temps lieutenant général de police. Du 28 juillet 1784 au 24 janvier 1787, le maire de la Motte-Fablet donne le «permis d'imprimer». Lui succède le plus ancien des échevins, juges de police, Robinet (31 janv. 1787 – 16 juil. 1788), puis le nouveau maire Tréhu de Monthierry (22 oct. 1788) qui autorise les Affiches jusqu'au 15 mars 1790. Au-delà de cette date, il n'y a plus mention d'une quelconque permission. Les Affiches de Rennes paraissent enfin librement. Quand le maire ou l'échevin qui en occupe les fonctions n'est pas là, d'autres juges de police autorisent à sa place: Gandon, Solier de la Touche, Lucas de Montrocher, Le Minihy de la Villehervé. Lorsqu'il autorise pour la première fois, ce dernier indique: «Permis d'imprimer pour l'absence de M. le Lieutenant général de police et des Juges plus anciens, le 24 septembre 1786. Signé Le Minihy» (27 sept. 1786). Par exception, le procureur général au Parlement, de Caradeuc, fils de La Chalotais, autorise une fois les Affiches (17 mai 1786).

Description de la collection

Les Affiches de Rennes sont imprimées sur les deux colonnes de 4 p. in-4°. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format non rogné 212 x 273). Quelques rares numéros ont 2 p. supplémentaires. Les numéros étant paginés à la suite, la première année (28 juil. 1784 – 20 juil. 1785, 52 numéros) compte 210 p., la deuxième (27 juil. 1785 – 19 juil. 1786, 52), la troisième (26 juil. 1786 – 18 juil. 1787, 52) et la quatrième (25 juil. 1787 – 16 juil. 1788, 52) 208 p. chacune, la cinquième (23 juil. 1788 – 15 juil. 1789, 52) 214 p., la sixième (22 juil. 1789 – 19 juil. 1790, 81 numéros) 330 p. La septième année (23 juil. 1790 – 22 juil. 1791) a 105 numéros. Le dernier numéro connu, le n° 63 de la huitième année (27 févr. 1792) est paginé 311-314.

Pendant la première année, les numéros sont décorés du même haut bandeau rectangulaire enserrant le cartouche central du surtitre imprimé sur trois lignes et suivi de la numérotation, cartouche accompagné à gauche et à droite de damiers constitués de fleurons et de palmettes. Sous le bandeau s'étendent le titre Affiches de Rennes imprimé en grands caractères pleins, puis la date en italique. Les deux colonnes de texte, séparées par un filet vertical, sont composées en caractères cicéros et ont une justification de 68 mm. Avec le premier numéro de la seconde année (27 juil. 1785), l'imprimeur gagne de l'espace en réduisant la hauteur du bandeau et en allongeant la justification des colonnes. Le bandeau est devenu un mince cadre de filets enchâssant à gauche l'âge de la feuille «seconde année», au centre le surtitre et le titre disposés sur deux lignes Feuille hebdomadaire pour la Bretagne. Affiches de Rennes à droite le numéro. Sous le bandeau est mentionnée la date, toujours en italique. Voici donc seize lignes de plus pour le texte. Les colonnes s'élargissent, parvenant à 77 mm. Le rédacteur souligne cet effort: «Le prix de l'abonnement sera le même; on a cependant pris quelques arrangements typographiques pour que ces feuilles contiennent à l'avenir plus de choses qu'au passé: elles contiendront environ un quart de plus, à commencer du mercredi 27 du présent mois» (6 juil. 1785). A partir du n° 1 de l'année suivante (26 juil. 1786), nouvelle révolution: la présentation reste identique, mais le texte, désormais composé en caractères petits romains, est beaucoup plus dense; les colonnes, de même justification, ont 55 signes la ligne au lieu de 45 précédemment; en deuxième et troisième pages, elles ont 60 lignes de haut, au lieu de 50. Cet élargissement progressif de l'espace imprimé prouve que les Affiches de Rennes ont réussi à s'implanter et sont devenues une affaire suffisamment rentable pour payer l'accroissement des frais typographiques. Les abonnés se sont multipliés et les annonces ont suivi. Dès le 25 août 1784, le rédacteur envisageait une telle évolution: «On ne peut pas se dissimuler que quatre pages d'impression offrent peu d'étendue pour placer dans un certain détail un assez grand nombre d'objets; la ressource, il est vrai est aisée, c'est de donner six ou huit pages d'impression au lieu de quatre pages; mais alors les frais d'impression exigeraient de toute nécessité un supplément au prix de la première souscription, ou un plus grand nombre de souscripteurs: le public fera connaître encore, si bon lui semble, ses intentions à ce sujet».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Affiches de Rennes sont imprimées dans l'atelier de François Vatar. Né à Rennes en 1721, François Pierre Vatar, dit Vatar de Jouannet, succède en 1759 à son père Guillaume à la tête de l'atelier familial situé au coin du Palais, «à la Palme d'Or». Il s'agit d'une grosse imprimerie, puisqu'il y fait travailler neuf ouvriers et deux apprentis. Il meurt subitement en 1771. Sa veuve, Jeanne Le Saulnier du Vauhello, lui succède et gouverne l'atelier jusqu'en 1823. Elle s'est remariée en 1777 à Brute de Remur qui meurt à son tour en 1786. Elle signe les Affiches: «A Rennes, chez la veuve François Vatar (De B.D.R.) Imprimeur du Roi et du Parlement», puis à partir du 8 mars 1786, «A Rennes, chez la veuve de François Vatar et de Brute de Remur, Imprimeur du Roi et du Parlement». La veuve Vatar se dit imprimeur du roi jusqu'au dernier numéro connu (févr. 1792), mais le 19 mars 1790, le Parlement disparaît de sa souscription. Les Vatar n'eurent aucun rôle dans la fondation des Affiches ni dans leur gestion.

Le «Bureau d'avis et de distribution» des Affiches de Rennes est établi chez le libraire Le Scenne, rue d'Estrées. L'abonnement est de 7 £ 4 s. pour Rennes, et de 9 £ par la poste. «MM. les abonnés pourront faire prendre chez lui leur feuille le mercredi, depuis neuf heures du matin jusqu'à midi, sinon elle sera portée chez eux dans le cours de l'après-dînée» (11 août 1784 – 19 janv. 1785). Ce libraire quittant la ville, le Bureau se transporte le 28 mars 1787 chez son confrère Robiquet, au bas de la place du Palais, puis le 20 octobre 1788, «rue Royale, la quatrième boutique à gauche en entrant par la place du Palais, n° 818». Un volume des Affiches de Rennes (A.D., 2. Per 1062/1) contient un avertissement d'échéance d'abonnement adressé le 10 juillet 1789 à Louvel, procureur au présidial: «Monsieur, Votre abonnement pour les Affiches de Rennes finira le 15 courant, avec le n° 52. Je vous prie de le faire renouveler si vous désirez continuer à recevoir cette Feuille: le prix de la souscription est de 9 livres franc de port par la poste pour tout le royaume, ou 7 livres 4 sols pour la ville de Rennes. Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, Robiquet, l'aîné, libraire, rue Royale, n° 818».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur des Affiches de Rennes et leur seul rédacteur, le procureur au présidial MAUGER reste constamment dans l'ombre, mais son nom y apparaît dès le premier numéro, au moins dans une annonce: «A vendre. Office d'huissier au Parlement de Bretagne. S'adresser à M. Mauger, Procureur au Présidial de Rennes, près la place Sainte-Anne» (28 juil. 1784). Le 28 janvier 1789, il avoue clairement la rédaction des Affiches en reproduisant une publicité de Beffroy de Reigny, l'homme des Planètes «Je viens de composer, et je livrerai bientôt au public, dans un de mes numéros, une folie intitulée Adam et Eve aux Etats de Bretagne. Quand cette folie paraîtra, rien n'empêchera le cousin Mauger d'en parler dans son journal; et plus il inspirera le désir d'avoir mes Planètes plus mes Planètes lui en sauront gré». En avril 1789, l'Assemblée du tiers état de la sénéchaussée de Rennes l'élit parmi les vingt membres du Bureau de Correspondance chargé d'informer les députés, tout autant que de communiquer au public leurs avis et leurs comptes rendus des séances des Etats généraux. Lors des élections de février 1790, il devient officier municipal. Après avoir dressé la liste des quatorze nouveaux membres de la municipalité, une liste qu'il achève sur son nom «Mauger, Procureur au Présidial», il veut bien confier avec une belle fausse modestie: «La bonté de ces choix, si l'on excepte celui de ce dernier, qui rédige cette feuille, annonce une administration sage, douce, éclairée» (1er mars 1790). Le 26 novembre 1790, Louvel, l'un de ses confrères procureurs au présidial, lui demande d'intervenir à propos de leur assemblée du samedi précédent: «Mon très cher syndic. J'apprends dans le moment, et je me hâte de vous en instruire, que notre assemblée de samedi dernier a été bien cruellement calomniée [...] Quantité de nos confrères, avec lesquels j'ai incontinent eu occasion de m'en entretenir, vous sollicitent le plus expressément, de concert avec moi, de faire cette protestation dans la prochaine des Feuilles hebdomadaires dont vous êtes le rédacteur.» Aussitôt, Mauger de laver les procureurs de ces accusations: «Une Communauté qui s'est distinguée par le civisme le plus pur, ne devait pas s'attendre à être inculpée, comme ayant fourni le projet d'apporter quelque obstacle, même le plus léger, à l'établissement du nouvel ordre judiciaire. Quelle que soit sa perte, elle n'a eu, et les membres qui la composaient n'auront jamais d'autre désir que de voir affermir sur des bases solides et inébranlables, une Constitution qui promet à la France la liberté et le bonheur. Jamais un intérêt particulier ne balancera dans leur cœur un intérêt aussi précieux et aussi cher» (29 nov. 1790).

Il n'est pas indifférent de constater que dans cette ville où le Parlement et l'ancienne noblesse donnent le ton, il ait fallu attendre près de trente ans la création d'une Affiche. Encore a-t-il fallu que l'initiative provienne de la judicature. Mauger s'est entouré de toutes les garanties. Il lui a fallu plus d'un an pour fonder sa feuille. Le 10 février 1783, le Parlement de Bretagne rend un arrêt permettant «de faire imprimer chaque semaine une Feuille d'Avis et de Renseignements, sous le titre Affiches de Rennes et d'insérer dans cette Feuille un article des ventes faites dans l'arrondissement du Contrôle de cette ville, et même dans celui des Bureaux circonvoisins». Dans sa requête au Parlement, Mauger avait justifié son initiative par la nécessaire publicité qu'il convenait de donner aux contrats de vente. Leur insinuation était certes correctement observée, mais les registres ne sortaient pas des Bureaux et le public n'était donc pas informé. Leur «bannie», ou publication à trois reprises à l'issue de la grand'messe de la paroisse où les biens étaient situés, était souvent mal faite ou pas du tout. Prenant l'exemple de la Feuille hebdomadaire de Limoges. Mauger avait observé que l'un de ses plus intéressants articles «par son importance et qui se trouve aussi le premier dans ces Affiches, est celui de la Conservation des hypothèques. Son utilité sensible, engage à en faire un semblable dans chacune des feuilles que l'on se propose de rendre publiques; mais le suppliant sait que les nouveautés dans tous les genres, doivent être revêtues de l'autorité de la Cour, et soumises à ses lumières supérieures. C'est pourquoi il requiert, ce considéré, etc.» Le malheureux Mauger ne parvint pas à fléchir la méfiance des notaires, malgré ses longues «observations sur l'annonce que l'on fait dans cette feuille des contrats de vente et d'échange» (3, 10 et 17 nov. 1784): «Cette partie de nos feuilles, que nous estimions la plus utile et qui a été très goûtée par un grand nombre de personnes, a trouvé des censeurs, qui ont cru même devoir porter leur zèle jusqu'à critiquer le titre de Conservation des hypothèques, sous lequel nous présentions cet objet au public. La censure des uns est-elle fondée, l'approbation des autres est-elle méritée? C'est un problème que nous soumettons au jugement du public. Nous nous y croyons même en quelque sorte obligés, par la considération que nous avons pour MM. les notaires, classe de citoyens estimables, dont les fonctions sont si essentielles et si importantes au bien de la société. Ces MM. sont, nous a-t-on dit, dans l'intention de présenter requête au Parlement, pour faire supprimer de nos feuilles l'annonce des contrats: la plupart d'entr'eux étant au nombre de nos souscripteurs, si nous leur donnons de bonnes raisons pour les détourner de cette démarche, ils nous en sauront sans doute quelque gré». Tout juste évita-t-il de se voir interdire l'insertion des contrats, mais la «Conservation des hypothèques» demeura une rubrique squelettique. Les notaires ne désarmèrent pas.

Le monde des robins, grands et petits, est constamment présent dans les Affiches de Rennes. Lorsqu'en juillet 1785, est élargi leur espace imprimé, à qui pense donc le rédacteur? Aux «jurisconsultes»: «Nous espérons que MM. les Jurisconsultes nous feront passer des analyses, ou du moins des mémoires dans les affaires les plus intéressantes. Ayant plus d'espace, nos articles seront susceptibles d'un plus grand développement, et nous en pourrons mettre que leur longueur en excluait» (6 juil. 1785). Quand il s'agit du Parlement de Bretagne, la flagornerie n'a pas de bornes. Lors de la réunion des Etats de Bretagne, trois discours sont prononcés par le comte de Montmorin, «commandant des Etats», le premier président du Parlement, l'intendant. Lequel reproduire? Après bien des contorsions verbales, Mauger donne celui de l'intendant. Fort heureusement, la même semaine, la rentrée du Parlement est l'occasion d'applaudir à l'érudition, la sagesse, le beau style des interventions du premier président et de l'avocat général (24 nov. 1784). Si en mai-juin 1788, le rédacteur est totalement muet lors des troubles suscités par le renvoi du Parlement, il chante alléluia à son retour (24 sept., 15 et 22 oct. 1788). Son «allégresse» éclate d'autant plus qu'il est en confortable situation: il peut louer, sans renier les convictions patriotiques qui lui feront jouer un petit rôle dans la révolution rennaise.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Fondées explicitement pour la publication des contrats de vente, les Affiches de Rennes débutent par la «Conservation des hypothèques», à peine une colonne en première page, suivie par les «Plaids généraux du présidial» (seulement quelques lignes). Cette dernière rubrique signale les «appropriements des héritages mouvants» de telle ou telle paroisse relevant de la juridiction du présidial. Il s'agit de mutations de propriété: «Cet avis sera fort utile à tous ceux qui se mêlent d'affaires contentieuses; ce sera pour eux une connaissance utile, ou un moyen de parer à un défaut de mémoire». N'obtenant pas le succès escompté, la «Conservation des hypothèques» émigre en quatrième page le 27 juillet 1785, où, devenue tableau sur cinq colonnes, elle coiffe désormais le tableau du «Prix des grains de la semaine dernière, du pain pour cette semaine, et des viandes de halle». L'ensemble, étalé sur toute la largeur de la dernière page, en occupe plus du tiers. Fort opportunément, la tourmente révolutionnaire vient faire disparaître cette rubrique-croupion, publiée pour la dernière fois le 23 janvier 1790. Les «Plaids du présidial», malgré quelques éclipses, durent jusqu'au 13 décembre 1786. Après ces premières rubriques de service, sont insérées les annonces. Ce sont d'abord les «Avis divers» (des biens immobiliers autant que divers objets «à vendre» ou «à affermer»), ce sont ensuite les «Avis intéressants» (demandes particulières, publicités diverses), souvent accompagnés de publicités de «Librairie», ou bien «d'Annonces» (longues publicités pour tel ou tel produit ou service). Le volume général de toutes ces annonces est variable: elles peuvent se cantonner dans la première page, notamment la première année, elles peuvent aussi s'étendre sur la deuxième page, voire sur la troisième quand sont présentes la «Librairie» ou les «Annonces». Les «Avis divers» et «Avis intéressants» sont beaucoup moins nombreux et variés que dans les Affiches d'Orléans, de Rouen, de Metz ou de Nantes.

Vient ensuite l'espace proprement rédactionnel. S'y trouvent les articles «d'Administration» (suite d'arrêts et autres décisions royales plus ou moins détaillés), de «Législation» (déclarations et ordonnances royales), et de «Jurisprudence». La «Législation» est un bon moyen de remplir les colonnes lorsque manque la copie. L'ordonnance sur la désertion, segmentée article après article, s'étale sur cinq mois (16 août 1786 – 17 janv. 1787). La «Jurisprudence», rubrique vraiment originale, ne peut plaire qu'à un public d'hommes de lois ou d'étudiants en droit, tous robins et étudiants fort nombreux autour du Parlement de Bretagne! Dans cette douzaine d'articles, souvent assez longs, l'un ou l'autre «jurisconsulte» commente certaines décisions du Parlement breton. Un titre parmi d'autres: «Arrêt sur le droit des vicaires des paroisses de participer aux fondations» (jugement rendu à propos du diocèse de Dol, Affiches du 29 juin 1785). Le rédacteur note à la fin de l'article: «Le jurisconsulte qui nous a fourni cet arrêt, l'a estimé très intéressant en lui-même, et plus encore, en ce que ses dispositions pourront par la suite s'étendre dans les autres diocèses où elles n'ont pas encore lieu». L'affaire est effectivement d'importance, puisqu'il s'agit d'étendre au petit clergé le revenu tiré des messes fondées pour le repos éternel de tel ou tel fidèle. Lorsque se réunissent les Etats de Bretagne, le compte rendu minutieux de leurs séances envahit presque tout l'espace rédactionnel (17 nov. 1784 – 16 févr. 1785, 25 oct. 1786 – 31 janv. 1787 et 7-14 janv. 1789). Lors de ces sessions, le rédacteur fait campagne, à sa modeste place, pour la grande question de l'époque: le creusement des canaux bretons. Pendant le mois d'août 1784, quatre articles se succèdent sur les «voies d'eau intérieures» de Bretagne. Le 22 novembre 1786, Mauger revient sur la question en reproduisant les réflexions d'un certain Marcandier dans le Journal économique et en donnant l'extrait d'une lettre d'un habitant de Saint-Gilles, tout heureux de voir arriver dans sa ville les bateaux, après l'achèvement de la première section du canal d'Aigues-Mortes à Beaucaire. Comme dans les autres feuilles provinciales – la copie est certainement insérée sur l'ordre du gouvernement –, les réunions de l'Assemblée des notables sont elles aussi l'occasion de très longs comptes rendus, accompagnés des discours du roi et de ses ministres (21 févr. – 11 avril 1787 et 19 nov. – 31 déc. 1788).

Empruntant beaucoup aux autres «papiers publics», Mauger insère, dans une rubrique souvent appelée «Nouvelles», des informations maritimes venues des ports bretons, ainsi que des nouvelles de Paris, d'autres villes de province ou de l'étranger. Il tire le maximum des nombreuses expériences aéronautiques de Blanchard. Entre le 17 août 1785 et le 10 septembre 1788, à dix-neuf reprises, il emprunte aux Feuilles de Flandres ou au Journal de Paris des relations parfois très longues des ascensions de l'aéronaute. En août 1785, Blanchard voyage en ballon, avec le chevalier de l'Epinard, l'habile rédacteur des Feuilles de Flandres toujours friand de publicité. Enfin, Année littéraire fournit un long récit du voyage du roi en Normandie (12-26 juil. 1786). A tout cela viennent s'ajouter quelques considérations louangeuses sur les philosophes, notamment lors de la mort de Buffon (7 mai 1788) et des «questions d'histoire naturelle», par exemple le «Voyage de Mont Blanc» de M. de Saussure (25 avril 1787).

Au total, les Affiches de Rennes ont un contenu rédactionnel peu local. Mauger a bien essayé de proposer une ou deux améliorations pour la ville de Rennes – un plan des eaux souterraines ou le curage des puits (11 août et 13 oct. 1784) –, il reste sans écho. Gilbert, médecin à Landerneau puis Morlaix, lui écrit deux fois, racontant une cure médicale, proposant un problème mathématique (4 et 11 mai 1785, 11 juil. 1787). Il est peu imité. Tout juste, de temps en temps, une lettre vient-elle raconter le lancement d'un navire (Redon, 30 nov. 1785), un naufrage (Saint-Malo, 13 déc. 1786), un trait de bienfaisance (Saint-Brieuc, 5 mars 1788), l'assassinat d'une famille de paysans, récit accompagné d'intéressantes considérations sur l'insécurité des campagnes (23 avril 1788). Un habitant de Châteaugiron disserte sur les sarcophages en pierre coquillière ou faluns (28 mai 1788). Les abonnés sont en revanche très prolixes lorsqu'il s'agit de versifier. Il suffit qu'un «contrôleur des actes, près Dinan» propose une charade (15 déc. 1784), pour que de nombreux beaux esprits se relaient. C'est à qui donnera une charade, un logogriphe, mais aussi des pièces plus ambitieuses comme des fables, des élégies, etc. Un habitant de Dinan puis Evran, signant H.D.M., Vetier acolyte à Evran, G.L. de Guimgamp, «un abonné de la chambre littéraire de Morlaix», l'avocat L., Georgelin «secrétaire de l'académie bretonne»: toutes ces collaborations prouvent que les Affiches étaient assez bien diffusées à Rennes, mais aussi en Bretagne du nord, jusqu'à Morlaix. A partir du 30 août 1786, chaque numéro s'achève sur la liste des «Morts» de la semaine dans la ville de Rennes. Les 6 et 13 juillet 1785, le plus illustre d'entre eux, La Chalotais, avait été célébré par des éloges en prose et en vers. Viennent ensuite les tableaux des hypothèques et des mercuriales.

Avec l'année 1789, les Affiches de Rennes changent profondément de contenu. C'est d'abord la préparation des Etats généraux. Mauger prend parti pour le tiers contre les deux autres ordres. Il le fait de manière très prudente, mais il est impossible de s'y tromper. Alors que la politique lui est interdite, il parvient à exprimer son indignation lors des deux journées des 26 et 27 janvier 1789, quand la noblesse et la jeunesse estudiantine se heurtent violemment. Mauger clame bien haut son silence: «Quoi! pas un mot de ce qui s'est passé et se passe à Rennes! ... Non, mes respectables lecteurs ... Non, pas un mot ... La douleur et la prudence ne nous permettent pas d'en faire le déplorable récit» (4 févr. 1789). C'est ensuite, numéro après numéro, des «déclarations», des «remerciements au roi», des «procès-verbaux des assemblées générales des trois ordres» de telle ou telle province, de tel ou tel bailliage. Mauger se tait toujours, mais ses choix indiquent clairement où vont ses préférences: il applaudit au doublement du tiers, valorise les idées réformatrices de telle ou telle noblesse, par exemple celle du bailliage de Chartres (1er avril 1789), publie le contenu d'une brochure réformiste (25 mars et 1er avril 1789). Enfin, le 29 avril 1789, il envisage de réformer les abus de la justice, en supprimant la vénalité des offices («délibération des officiers du présidial de Bourg-en-Bresse, du 8 mars 1789»), ce qui est méritoire quand on sait qu'il est lui-même procureur au présidial. Sans jamais parler de ce qui se passe à Rennes, mais en permettant à leurs lecteurs de faire d'instructives comparaisons avec ce qui se déroulait ailleurs, les Affiches de Rennes ont joué leur rôle, à leur modeste place, dans la préparation des esprits aux bouleversements révolutionnaires. Patriote comme la bourgeoisie rennaise, Mauger est prêt à rendre compte des débats des députés aux Etats généraux: «Une grande scène s'est ouverte, et va fournir un spectacle du plus grand intérêt: nous ferons nos efforts pour répondre au vif empressement que l'on aura d'en connaître tous les détails» (29 avril 1789). Effectivement, dès le numéro suivant (6 mai 1789), les Affiches de Rennes sont consacrées, de manière quasi exclusive, au compte rendu des séances. Le 13 mai, y apparaît le Bulletin de la Correspondance du Tiers Etat, arrêté au Bureau de Rennes.

Une telle évolution ne plaît pas à tout le monde. Le premier président au Parlement de Bretagne s'en étant plaint au Garde des Sceaux, le directeur de la librairie indique le 22 mai 1789: «Monseigneur m'a renvoyé une lettre dans laquelle M. de Catuélan se plaint de l'auteur des Affiches de Rennes qui paraît se livrer aux principes nouveaux que la fermentation des esprits a amenés dans le royaume. La feuille jointe à la lettre de M. de Catuélan prouve que la plainte de ce magistrat est fondée. Mais comme il s'agit d'un genre d'ouvrage qui relève principalement du département des Affaires étrangères, que d'ailleurs le Parlement a mandé le lieutenant général de police qui censure cette feuille, et qu'enfin M. le premier président paraît n'avoir en ce moment d'autre but que d'informer Monseigneur des circonstances de cette affaire, j'ignore si Monseigneur jugera devoir répondre à cette lettre, ou attendra ce que la suite produira» (A.N., carton V1 551). Les pressions du premier président paraissant être demeurées sans effet, les Affiches de Rennes continuèrent de publier la Correspondance des députés de Rennes aux Etats généraux.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Rennes, 18036, un volume relié, coll. complète des quatre premières années (28 juil. 1784 – 16 juil. 1788), une liasse renfermant les cinquième et sixième années (23 juil. 1788 – 19 juil. 1790) et deux numéros de la septième, n° 2 (26 juil. 1790) et 31 (5 nov. 1790, y compris le supplément de 2 p.); manquent dans cette liasse les numéros 13, 25-28, 31, 35, 48-49 de la cinquième année, 22, 33, 36, 41, 44, 46, 48-51, 55-59, 61, 63-66, 75 et 79 de la sixième; 39387, 2 vol.: vol. I, n° 1-24 (28 juil. 1784 – 31 déc. 1788), manquent les deux premières pages du n° 1 (28 juil. 1784), n° 14 et 16 (25 oct. et 8 nov. 1786), 24 (3 janv. 1787), 21 (12 déc. 1787), 13 (15 oct. 1788); vol. II, n° 25-63 (7 janv. 1789 – 27 févr. 1792), manquent le supplément du n° 50 (29 mars 1790), n° 61 et 83 (18 févr. et 6 mai 1791), très longue lacune après le n° 86 (16 mai 1791), la collection reprenant avec le n° 42 (16 déc. 1791), sont ensuite seulement présents n° 43 (19 déc. 1791), 56-58 (3, 6 et 10 févr. 1792), 60 et 63 (17 et 27 févr. 1792); A.D. Ille-et-Vilaine, 2 Per 1062/1, un volume relié portant l'ex-libris d'Arthur de la Borderie, vingt-et-un numéros non rognés, n° 24-33 (3 janv. – 7 mars 1787), 10-16 (26 sept. – 7 nov. 1787), 18-20 (21 nov. – 5 déc. 1787), 23 (26 déc. 1787); Per 1062/2, une liasse de numéros non rognés ayant servi à encarter des actes notariés, n° 30 (16 févr. 1785), 10 (28 sept. 1785), 44 (21 mai 1788), 40 (22 avril 1789, 2 p. seulement), 45 et 52 (27 mai et 15 juil. 1789), 8 (9 sept. 1789), 39 (22 févr. 1790), 59 (11 févr. 1791, avec supplément), 62 (21 févr. 1791), 37, 43-46 (28 nov., 19, 23, 26, 30 déc. 1791); B.M. Morlaix, Per 226, 2 vol. reliés en désordre, ex-libris de l'ancienne chambre de lecture de Morlaix, les six premières années depuis le n° 25 du 12 janv. 1785 jusqu'au n° 24 du 30 déc. 1789, manquent cinq numéros, n° 26 et 51 (19 janv., 13 juil. 1785), 44 (21 mai

1788), 20 et 43 (3 déc. 1788, 13 mai 1789). Notons que cette collection contient le n° 13 du 15 oct. 1788, absent des autres coll.; A.N., C 214, cinq numéros (13 juil. – 10 août 1785).

Aucune de ces collections ne conserve le prospectus auquel fait allusion Mauger (25 août 1784).

Bibliographie

Borderie (A. de la), «Histoire de l'imprimerie en Bretagne. Les races typographiques. Les Vatar, imprimeurs à Rennes et à Nantes», Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjout. X, juil.-déc. 1893, p. 405-421. – Lépreux G., Gallia typographica... série départementale, t. IV, Bretagne, Paris, 1914. – Sée H., «Note sur la presse provinciale à la fin de l'ancien régime: les Affiches de Rennes (1784-1790)», Annales historiques de la Révolution française, 1927, t. IV, p. 18-25. – Buffet H.F., Répertoire de la presse et des publications périodiques d'Ille-et-Vilaine (1784-1958), Rennes, 1959, 42 p. – Bricaud J., L'Administration du département d'Ille-et-Vilaine au début de la Révolution (1790-1791), Rennes, 1965, p. 351-361. – Feyel G., «La Presse provinciale française dans la seconde moitié du XVIIIe siècle: géographie d'une nouvelle fonction urbaine», La Ville et l'innovation, Paris, EHESS, 1987, p. 89-111 – Feyel, G., «Négoce et presse provinciale au XVIIIe siècle, méthodes et perspectives de recherches», article à paraître aux Editions de l'EHESS.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE RENNES

Date indexée

1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792

AFFICHES DU POITOU

0055
1773
1789

Titre(s)

Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers de la province de Poitou, puis Affiches du Poitou (11 février 1773), Affiches de Poitou (30 janvier 1777), Affiches de Poitou, Province de l'Apanage de Monseigneur le Comte d'Artois (15 mars 1781), Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers, de la Province du Poitou, Apanage de Monseigneur, Comte d'Artois (3 janvier 1782), Annonces et Affiches de la Province du Poitou, Apanage de Monseigneur, Comte d'Artois (7 mars 1782), Affiches du Poitou, Apanage de Monseigneur, Comte d'Artois (4 janvier 1787).

Continué par le Journal du Poitou (4 janvier 1790).

Pendant trois ans au moins (1782-1784), Affiche comporte un frontispice, suivi de trois pages de table des matières. Le tout, non paginé, est livré au début de l'année suivante, et porte le titre Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers, de la Province du Poitou, Apanage de Monseigneur, Comte d'Artois. Les années suivantes n'ont ni frontispice, ni table.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

7 janvier 1773 – décembre 1789. Feuille hebdomadaire distribuée le jeudi. A deux reprises, elle ne paraît pas, son rédacteur étant en déplacement. Le 22 mai 1777, Jouyneau-Desloges avertit «MM. les abonnés qu'il n'y aura peut-être pas Affiche la semaine prochaine. Ce sera la première fois que cette feuille aura manqué depuis quatre ans que nous la faisons. Nous espérons qu'il n'est aucun d'eux, qui ne soit persuadé, si cela arrive, que nous sommes en état et dans les dispositions de les dédommager. Dans ce cas, nous donnerons une feuille double l'ordinaire suivant». Le numéro suivant est distribué, mais la feuille ne paraît pas le 5 juin. Comme promis, le rédacteur donne un numéro double le 17 juillet (n° 28-29). Nouvelle interruption en 1778, annoncée le 3 septembre. Dans les Affiches du 17 septembre le journaliste s'excuse: «Une absence beaucoup plus longue que nous n'avions pu le prévoir, nous a fait mettre malgré nous de l'interruption dans le service de cette Feuille». Après le n° 39 du 24 septembre, les Affiches ne paraissent pas le jeudi suivant (1er oct.), et les trois numéros qui suivent (n° 40-42) sont, par exception, datés du lundi (12, 19 et 26 oct.). Un numéro double paraît le 19 novembre (n° 45-46). De telles irrégularités méritant explication, Jouyneau-Desloges fait intervenir l'un de ses abonnés: tous les ans, le rédacteur s'absente de Poitiers, mais la feuille n'en subit pas grand dommage, grâce à la fréquence des liaisons postales. Il n'en est pas de même cette année-ci: Limoges, où il se trouve, est mal relié à Poitiers. Cette mésaventure donne d'utiles informations sur ses méthodes de travail: «Tous les ans, Monsieur, vous allez passer environ quatre ou cinq semaines dans votre patrie et dans le sein de votre famille; l'année dernière, vous fîtes le voyage de Paris, où vous restâtes environ le même temps, et personne ne s'est aperçu du manque de vos feuilles. Il est aisé de juger que vous pouvez en disposer une couple par avance, sachant votre précaution à vous faire parvenir toutes les lettres d'avis qui vous sont adressées pendant votre absence; de sorte que vos abonnés n'éprouvent aucun retard. Il est facile de voir quelle en est la raison. Que vous soyez à la Chapelle-Saint-Laurent, que vous soyez à Paris, à la Rochelle, ou en tout autre endroit, vous avez l'agrément de recevoir et d'envoyer deux fois par semaine, ce qui vous met en état de diriger votre feuille comme si vous étiez à Poitiers, en chargeant votre commis des opérations de vos envois. Le voyage de Limoges, où les exercices de votre nouvelle place vous retiennent depuis la fin d'août, ne peut vous permettre le même soin, qui vous deviendrait inutile, puisqu'on ne peut recevoir et envoyer qu'une seule fois par semaine de Poitiers à Limoges, et route: cet inconvénient met un grand obstacle entre le commerce de ces deux villes, et plusieurs autres de ces deux provinces» (12 oct. 1778). Jouyneau-Desloges répond à son abonné en développant une curieuse conception de l'actualité. Son journalisme de type encyclopédique souffre peu des aléas de la périodicité: «Le manquement d'une feuille est si peu de chose, et cela n'est arrivé que deux fois depuis six ans, que lorsque j'ai pu y être forcé, je ne m'en suis point inquiété, parce que j'ai pensé que personne ne s'en affectait. Je suis toujours en état et disposé à donner une feuille double en dédommagement pour une simple. C'est ne rien perdre ni dans la forme ni dans le fond. Le recueil se complète toujours; les articles les plus intéressants trouvent leur place. Le retardement des petits objets n'est pas de conséquence. D'ailleurs il n'est peut-être pas d'ouvrage périodique, de papier public, qui n'éprouve quelquefois de ces délais forcés, qui font encore plus de peine à ceux qui les rédigent qu'à ceux qui les lisent. J'ai cependant été, je l'avoue, un peu contrarié cette année, parce que je n'ai pas trouvé à Limoges les mêmes ressources que j'ai trouvées ailleurs, lorsque j'ai été dans le cas de m'absenter de Poitiers pour quelque temps. Malheureusement il n'y a encore qu'un courrier par semaine pour les relations respectives des habitants de Poitiers et de Limoges et route» (26 oct. 1778, lettre du 20 oct.). Il ajoute le 10 décembre suivant: «Chacun s'empresse de nous communiquer ses idées utiles ou ses recherches curieuses. Nous avons encore de l'avance pour longtemps». Cela lui permet, l'année suivante, de doubler encore un numéro (n° 18-19, 6 mai 1779, 8 p.) pour ne pas publier la semaine d'après. La feuille reprend son cours habituel avec le n° 20 du 20 mai (4 p.).

Description de la collection

Les Affiches du Poitou sont imprimées sur les deux colonnes de 4 p. in-4°. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format rogné, 1773-1781: 190 x 250, et 1782-1789: 188 x 243). Comme le laisse prévoir Jouyneau-Desloges le 23 décembre 1773, quelques numéros des premières années ont 8 p.: «Nous avons dès ce moment de quoi en remplir utilement plusieurs [de nos feuilles]; nous nous proposons même, sans rien changer au prix de la souscription, d'y ajouter de temps en temps quelques pages de supplément, si le nombre des abonnés nous permet de faire cette augmentation de dépense». Aussi, les numéros étant paginés à la suite, la pagination annuelle varie-t-elle: 1773, 212 p. (52 numéros dont un de 8 p.), 1774, 224 p. (52 dont quatre de 8 p.), 1775, 220 p. (52 dont trois de 8 p.), 1776, 212 p. (52 dont un de 8 p.), 1777, 208 p. (52 numéros de 4 p.), 1778, 220 p. (52 numéros dont un de 8 p. et une erreur de 8 p.). Les années suivantes ont 208 p., sauf 1784 et 1789 (212 p., 53 numéros).

Les Affiches du Poitou sont richement décorées. En première page de chaque numéro, quatre bandeaux se succèdent entre 1773 et 1781. 1) en 1773, un haut cadre rectangulaire de filets et de volutes enserrant le cartouche central de numérotation; fleurons et palmettes entourent ce cartouche, ainsi que deux petites croix de l'ordre du Saint-Esprit et deux médaillons présentant les profils du roi et de la reine. 2) entre 1774 et 1776, le contenu du bandeau reste le même; seul a changé le cadre, désormais orné de guirlandes, d'oves entrecroisées et de bouquets de roses. 3) à partir de 1777, l'imprimeur gagne deux lignes de texte en réduisant la hauteur du bandeau. Un simple cadre de filets enserre une longue frise de fleurons et de palmettes, disposés symétriquement de part et d'autre d'un espace vide destiné à la numérotation. 4) toujours aussi étroit, le bandeau des deux dernières années (1780-1781) voit le retour du cartouche central de numérotation, entouré de palmettes et accompagné de chaque côté par deux structures symétriques: un damier de losanges entouré de palmettes et un ensemble de rayons inséré dans un cadre de fleurons et de têtes grotesques. Le tout est situé dans un cadre de filets orné de fleurons aux quatre coins et au centre de chacun des côtés.

Le second rédacteur dispose de moins de texte, aussi n'hésite-t-il pas à hypertrophier le décor des feuilles. Son premier bandeau ne dure que deux mois (janv.-févr. 1782): dans un simple cadre rectangulaire, le cartouche de numérotation, entouré de palmettes, est accompagné de part et d'autre par une haute colonne et une sorte d'autel supportant un pot à feu. Ce décor est remplacé par une haute vignette (7 mars 1782 – 29 déc. 1785). Cette gravure sur bois montre une Minerve-Athéna, assise sur des nuées, entourée d'objets voulant symboliser les arts et les sciences. Au centre de la vignette, la déesse soutient le cartouche de numérotation, un ovale encadré de lauriers. Pendant l'année 1786, Chevrier ôte tout décor de sa feuille. Le titre est simplement coiffé de trois filets horizontaux s'achevant sur des volutes, et la numérotation figure dans le coin supérieur gauche de la page. Sous le titre et la date, un grand tableau ainsi expliqué: «Le désir que nous avons de contenter le public et de satisfaire nos souscripteurs, nous a engagé à substituer à la vignette de notre première page, les levers et couchers du soleil et de la lune; nous aurons soin de les donner toutes les semaines, et de joindre, vis-à-vis chaque jour, les dévotions qui se font dans les diverses églises de cette ville». Dès le n° 1 de 1787, ce tableau est remplacé par une nouvelle grande vignette, gravée sur bois par un certain La Roche qui signe «La Roche Sculp. Pictavii 1787». Dans une architecture à peine ébauchée, quelques putti se livrent à la lecture, à l'écriture, à la musique, aux études de géographie. Au second plan, entre deux collines – sur celle de gauche, une licorne ailée se cabre, celle de droite supporte un temple rond – un petit dieu Apollon rayonnant, environné de nuées, joue de sa lyre. De facture un peu grossière et trop vite encrassée par l'encrage, cette gravure sur bois devient assez rapidement peu lisible. De janvier 1788 jusqu'en décembre 1789, une nouvelle vignette: dans un haut cadre baroque, constitué de courbes et de contre-courbes, jaillissent parmi les nuées les armes de la ville de Poitiers (un lion debout, regardant vers la gauche), environnées de drapeaux et des rayons d'un soleil triomphant. La numérotation reste mentionnée en haut et à gauche. Tous ces bandeaux ou vignettes précèdent le titre de la feuille, inséré sur une, deux ou trois lignes, puis la date.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Premier imprimeur des Affiches du Poitou, Jean-Félix Faulcon (1713-1782) signe la feuille «A Poitiers, de l'Imprimerie de J. Félix Faulcon, Imprimeur de M. l'Evêque, du Clergé et de l'Université». A partir de 1776, il ajoute sa nouvelle qualité «d'Imprimeur du Roi». Etabli imprimeur en octobre 1746, il succède alors à son père Jacques Faulcon dans la réimpression de la Gazette. Il dirige un gros atelier, fort bien équipé, et fait de la belle impression. En 1764, il a quatre presses et fait travailler douze compagnons. En 1776, il en a six et dispose d'un grand nombre de fontes de caractères.

Jouyneau-Desloges abandonnant les Affiches du Poitou en décembre 1781, le privilège est repris en janvier 1782 par l'imprimeur Michel-Vincent Chevrier. Né en 1737, ce dernier a fait de bonne études. Après son apprentissage chez Jean-Félix Faulcon, il s'installe libraire en 1767. Il étend ses affaires en créant un cabinet littéraire en janvier 1776: «L'abonnement sera de vingt-quatre livres d'avance. Je fournirai un appartement vaste, éclairé et chauffé, dans lequel on trouvera habituellement les papiers publics et ouvrages périodiques dont la liste sera ci-après, depuis le premier lundi du mois de février prochain, jusqu'au dernier jour de courrier du mois de décembre, les lundi, mardi, jeudi et vendredi de chaque semaine, depuis deux heures de l'après-midi jusqu'à sept heures du soir [...] Je vais désigner maintenant les papier publics et ouvrages périodiques que je fournirai. Ce sont les Gazettes de France, de Leyde, d'Agriculture, des Tribunaux, de Santé, Courrier d'Avignon, Journal de Politique et de Littérature, Journal politique de Bouillon, Journal des Savants, Journal Anglais, Journal de Berlin, Journal de Verdun, Nouvelles Ephémérides économiques, Mercure de France, Année littéraire de M. Fréron, Affiche des provinces par M. Querlon, Spectateur Français, le Radoteur, Catalogue hebdomadaire des Nouveautés littéraires, tous les édits, arrêts et déclarations» (11 janv. 1776). Le 21 novembre suivant, il engage les souscriptions pour la deuxième année de son cabinet: «Plus il y aura d'abonnés, plus je procurerai de papiers publics et ouvrages périodiques à leur choix: c'est pourquoi je désire que ceux qui voudront souscrire, se présentent le plus promptement, et s'il est possible avant le lundi 9 décembre, parce que, 1°, on sait qu'il faut écrire avant le 15, pour ne pas manquer de recevoir exactement, dès le 1er janvier, les journaux et gazettes que l'on demande, 2°, parce que je crois qu'il est convenable que tous MM. les souscripteurs du Cabinet de lecture s'assemblent pour convenir entr'eux du genre des différents ouvrages, qu'ils désireront que je leur procure; j'écrirai sur le champ, dès que je serai instruit de leurs goûts. Ainsi je penserais qu'on pourrait fixer cette assemblée chez moi, audit jour 9 décembre». La réussite de son cabinet le met en bonne place pour solliciter la dignité d'imprimeur du roi après la mort de Jean Faulcon, frère aîné de Jean-Félix (16 févr. 1776). Il augmente encore ses chances en se faisant recevoir bachelier ès arts en août 1776. Malheureusement pour lui, Jean-Félix Faulcon, depuis toujours imprimeur en surnombre, obtient tout naturellement la préférence. Cependant, l'arrêt de novembre 1776 fixant à trois au lieu de deux le nombre des imprimeurs de Poitiers, il est nommé à la troisième place ainsi créée.

Toute sa politique va désormais consister à se rendre indispensable auprès des autorités locales et des élites poitevines. Dans cette optique, devenu licencié ès lois, il se résout à reprendre en janvier 1782 le privilège des Affiches du Poitou que Jouyneau-Desloges voulait abandonner depuis plus d'un an: «Nous jouissions, depuis neuf années, dans le Poitou, de l'avantage précieux d'une feuille hebdomadaire, instructive, bien faite, et dont l'utilité est sentie et connue. Les désirs de la province se bornaient à la conserver; mais la retraite de son estimable auteur, M. Jouyneau-Desloges, en nous annonçant la perte que nous allons faire ne nous a préparé que des regrets. Le vide dans lequel elle nous laisse a vivement affecté le public et les bons citoyens. Plusieurs des plus zélés se sont, quoiqu'à regret, occupé du soin de trouver un successeur. Mais la difficulté de l'imitation et le mérite du modèle ont effrayé. Personne ne s'est présenté. Il a fallu chercher un homme qui eût moins d'amour-propre que de patriotisme: on a jeté les yeux sur moi, la proposition m'en a été faite et répétée. Je conviens que si je n'eusse écouté que le premier, je me serais refusé à continuer un ouvrage que les talents reconnus de M. Jouyneau-Desloges ont mis si fort au-dessus de ce que je puis; mais enfin j'ai cédé au second; j'ai accepté, et je viens d'en obtenir le privilège» (3 janv. 1782). Il imprime désormais Affiche qu'il rédige lui-même, s'en expliquant à de nombreuses reprises. Voici, par exemple, son avertissement du 3 janvier 1788: «Nous avons vu d'année en année s'accroître le nombre de nos souscripteurs [...] mais si nous jouissons du plaisir de voir nos feuilles accueillies de plusieurs, nous avons aussi le désagrément de les voir vilipendées par d'autres. Les hommes sont si opposés dans leur manière de penser, qu'il est impossible de plaire à tous. Un folliculaire se trouve, plus que tout autre, exposé à leur censure. Il fait ses efforts pour satisfaire le public, et souvent il ne réussit pas. Nous nous sommes trouvé plus d'une fois dans le cas d'employer ce vers d'Horace: Quid dem? Quid non idem? Renuis quod tu, jubet alter». Le Bureau d'avis est domicilié chez lui, «Directeur-privilégié», rue de l'Intendance (1782-1784), puis rue Saint-François, près la Cour consulaire (à partir de janvier 1785). Il signe Affiche «A Poitiers, chez Michel-Vincent Chevrier, Imprimeur-libraire de l'Université, rue de l'Intendance».

Il retire très rapidement tous les avantages qu'il était en droit d'espérer de sa reprise des Affiches. La faveur de l'intendant lui fait obtenir après la mort de Jean-Félix Faulcon l'office tant convoité d'imprimeur du roi (10 avril 1783). L'année suivante, le voici devenu avocat en Parlement (févr. 1784), comme l'avait déjà été Jean-Félix Faulcon (mai 1777). Il est bien placé pour obtenir sous la Révolution les impressions officielles et administratives. Bien vu des autorités et des sociétés révolutionnaires, il traverse la période sans grande difficulté et finit par céder son imprimerie à son neveu Etienne-Pierre-Julien Catineau (floréal An IV / mai 1796). On ne connaît pas la date de son décès.

Abonnement de 7 £ 10 s. pour Poitiers, et de 9 £ pour la province et le royaume, franc de port par la poste. Selon A. Richard (p. 429), la feuille débuta avec trois cents abonnés dont cinquante à Poitiers seulement. Elle n'eut par la suite que cinq cents à cinq cent cinquante souscripteurs annuels et une distribution gratuite d'environ deux cents numéros.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur, directeur et rédacteur: René-Alexis JOUYNEAU-DESLOGES. Dès son prospectus, Jouyneau-Desloges nourrit de grandes ambitions. Ses Affiches devront «être regardées comme la Gazette économique, civile et littéraire de la province de Poitou», et pourront «un jour servir de mémoires pour une histoire particulière de cette province». Elles seront donc beaucoup plus qu'un simple recueil d'annonces (7 janv. 1773). Pour remplir son programme, Jouyneau-Desloges ne cessa de solliciter avec insistance la collaboration de ses abonnés, «bons citoyens», «vrais patriotes». Dès le 14 janvier 1773, il lance un premier appel souvent répété par la suite: «Si nos lecteurs, si nos abonnés surtout s'imaginaient qu'ils ne sont pas tenus de contribuer eux-mêmes de tout ce qui peut dépendre d'eux, au mérite de nos feuilles, ils seraient dans l'erreur. Nous sommes tous pasteurs les uns des autres. Nous n'acquérons de lumières que pour les communiquer; nous n'avons des talents et des besoins que pour apprendre à rendre des services. Dès qu'un homme de bien aura donné l'exemple, ce sera comme un signal pour tout le monde; les avis, les observations, les nouvelles viendront en foule; nous ne serons plus embarrassés que dans le choix». Les curés, les médecins et les petits robins campagnards, les châtelains soucieux d'améliorations culturales, voire de philanthropie, tous sont sollicités. Jouyneau-Desloges est le parfait représentant de ce journalisme de type épistolaire. Il s'agit pour lui d'animer les cercles intellectuels et culturels des différentes cités poitevines, de susciter les réactions de ses abonnés, de se faire ouvrir leurs «portefeuilles» afin de publier leurs réflexions, leurs analyses (Feyel, art. 1). Tout ceci au prix d'une correspondance harassante et certainement fort coûteuse.

Jouyneau-Desloges n'est pas un homme d'argent. Sa correspondance et l'impression de ses Affiches sont très dispendieuses, d'autant plus qu'il n'a que les abonnements pour rentrer dans ses fonds. La publication des annonces n'étant pas son but premier, elle est gratuite et le demeurera sous son successeur Chevrier. Un moment de découragement lui fait avouer que les Affiches couvrent tout juste leurs frais: «Ce journal, qui ne coûte que sept livres dix sous ou neuf livres par an, ne produit à son rédacteur que la satisfaction de faire le bien, d'y concourir, d'en annoncer les moyens; il y emploie presque tous ses loisirs; il s'en occupe uniquement; et il retire à peine, oui à peine, je puis le prouver, les frais immenses que son zèle, son désintéressement, sa générosité, je puis le dire aussi, y consacrent!» (23 déc. 1779). Et, lorsqu'il quitte sa feuille, il fait le compte de ses pertes: «Notre porte-feuille est plein des éloges et des applaudissements flatteurs qui nous ont été prodigués par des gens dont le jugement est de quelque poids dans la République des Lettres et parmi les citoyens distingués; sans compter ceux qui sont consignés dans différents ouvrages estimés [...]. Tout cela nous dédommage avec usure de ce que l'établissement et l'entretien de cette feuille pendant neuf années, nous a coûté mille écus (3000 £) de notre patrimoine» (27 déc. 1781). Assoiffé de reconnaissance sociale, il ne demande pas à ses feuilles de l'enrichir, il s'en fait un levier de pouvoir et d'influence, espérant ainsi faire carrière. Il va aussi se servir de l'Ecole gratuite de dessin pour faire sa cour auprès de l'intendant. A côté de cet établissement fondé par M. de Blossac, il propose de réunir en une espèce d'académie tous les «amateurs» qui voudront bien l'encourager (18 mars – 1er avril, 23 sept. – 21 oct. 1773). Formée en 1774 sous le nom d'Ecole royale académique, dirigée par le «directeur perpétuel» Pagès (directeur de l'Ecole de dessin) et le «premier secrétaire perpétuel» Jouyneau-Desloges (6 nov. 1774, 13 juin 1776, etc.), cette société académique et littéraire patronne chaque année une exposition de dessin, distribue des prix, reçoit de nouveaux membres «amateurs», par exemple le négociant Laurence (25 juil. 1776), l'imprimeur du roi Jean-Félix Faulcon (13 févr. 1777), le géomètre et architecte Pinchault (27 mars 1777), a «des séances académiques particulières et publiques» (Dugast-Matifeux, p. 4).

Lors de la création dans le royaume des vingt chambres syndicales de l'imprimerie et de la librairie (arrêt du 30 août 1777), Jouyneau-Desloges est nommé inspecteur de la librairie et gardera ce poste important jusqu'en 1789. Il doit surveiller tout ce qui s'imprime et se vend en fait de librairie sur le territoire dépendant de la chambre syndicale de Poitiers: Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois et Limousin (voir M. Ventre, p. 120-137). Las de ses Affiches pour lesquelles il a dépensé beaucoup de temps et d'argent, il estime avoir des droits à la reconnaissance des autorités. Le 16 novembre 1780, il tente une première fois d'abandonner sa feuille: «Le soin de nos affaires personnelles et d'autres occupations ne nous permettant plus, ainsi que nous en avons prévenu verbalement depuis quelques mois plusieurs de nos souscripteurs, de nous charger de la composition et de la distribution des Affiches du Poitou [...] nous annonçons que nous allons en remettre le privilège et que nous cesserons absolument de l'exercer à commencer du premier janvier prochain». Fausse sortie. Le journaliste se voit forcé la semaine suivante de reprendre le fardeau. Il ne cache pas qu'il a dû obéir aux pressions venues d'en haut, très probablement de l'intendant: «J'ai annoncé dans le dernier numéro que j'allais abandonner la direction et la rédaction des Affiches du Poitou. Je me hâte aujourd'hui d'annoncer que je continuerai de me charger de l'une et de l'autre. Cette continuation est déterminée par plusieurs sollicitations qui m'honorent. Il en est une surtout à laquelle je dois à la fois l'hommage de ma déférence et de ma reconnaissance. Je promets le même zèle et de plus grands efforts encore pour prouver mon patriotisme et mon désintéressement, auxquels les honnêtes gens rendent justice» (23 nov. 1780). Un an après, il annonce sa retraite définitive: «Le désir de nous livrer avec plus d'assiduité à des fonctions importantes qui nous ont été confiées, ne nous permettant plus de nous occuper de la direction et de la rédaction de ces feuilles, nous annonçons qu'à commencer du premier janvier prochain, nous cesserons d'en exercer le privilège qui nous avait été accordé» (6 déc. 1781).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

L'ordre dans lequel se succèdent les rubriques d'une feuille périodique n'est jamais indifférent. Il dépend des orientations de la rédaction. Avec les Affiches du Poitou, on ne peut s'y tromper: Jouyneau-Desloges puis Chevrier ont privilégié le contenu rédactionnel aux dépens des annonces et des rubriques de service. Un tel choix n'allait pas de soi, parce que s'imposait le modèle parisien des Affiches de province, commençant toujours par l'annonce des «Biens et charges à vendre». Aussi, pendant les deux premières années, les Affiches du Poitou débutent-elles d'abord sur les «Avis divers» (publicités commerciales, demandes particulières, biens à vendre), puis à partir du 29 avril 1773 sur la «Conservation des hypothèques». Alors que les rédacteurs des autres Affiches sont très souvent heureux de faire de la copie en insérant minutieusement et sur plusieurs colonnes les contrats de vente enregistrés dans les bailliages de leur province, Jouyneau-Desloges s'y résigne à contre-cœur et s'efforce de réduire la rubrique: «Nous connaissons l'utilité de l'insertion de ces notes dans nos feuilles; elle était de notre plan; elle est de notre privilège [...]. Nous allons commencer ce tableau [...], nous l'abrégerons autant qu'il nous sera possible, afin de ménager de la place pour les autres matières. Nous pensons qu'il suffit d'indiquer le nom du vendeur, celui de l'acquéreur, leur demeure et la situation du bien. Les propriétaires d'hypothèques pourront y reconnaître leurs intérêts et leurs droits; tous autres renseignements seraient surabondants» (29 avril 1773). Aussi la rubrique est-elle peu étendue: en général une demi-colonne, au maximum une à deux colonnes. Y sont publiées les ventes enregistrées aux bureaux de Poitiers, Châtellerault, Civray, Fontenay, Lusignan, Montmorillon, Niort, Saint-Maixent, etc. A partir de 1775, la «Conservation des hypothèques» disparaît de la première page pour émigrer en troisième ou quatrième page. Les trois premières pages sont désormais consacrées au contenu rédactionnel, parfois même une bonne partie de la quatrième. Cette quatrième page voit se succéder les annonces ou «Avis divers» (une colonne au grand maximum, le plus souvent à peine un quart de colonne) et quelques autres articles: les «Morts», ou les «Evénements» (informations sur la petite actualité de Poitiers ou de la province), ou bien la «Législation» ou «Jurisprudence» (mention rapide de déclarations et d'édits royaux, ou de décisions de justice). Est également parfois insérée une publicité de librairie. Ainsi n'y a-t-il pas d'Affiches aussi peu soucieuses des annonces et des rubriques de service. De même n'y trouve-t-on jamais (sauf une ou deux exceptions rarissimes et soulignées comme telles par le rédacteur) ces vers et autres bouts rimés qui remplissent souvent la dernière colonne des autres Affiches. Jouyneau-Desloges refuse d'en insérer, il lui faut le répéter plusieurs fois. Il a choisi un journalisme sérieux, de type encyclopédique, fort éloigné de la «frivolité» des petits jeux de société: «Les réflexions que les bons citoyens nous adressent, les nôtres valent bien sans doute les vers, les énigmes, les logogriphes que quelques personnes nous demandent, et qui ne sont point de notre plan, et les nouvelles politiques qui ne sont pas de notre privilège. Poitevins! ô mes compatriotes, mes concitoyens, mes amis! serait-il possible qu'un seul d'entre vous préférât à ce que nous présentons, des vers, des énigmes, des logogriphes? Laissons les frivolités aux lecteurs frivoles; occupons-nous de nos véritables intérêts. La religion, les mœurs, les lois, les vertus sociales, l'humanité, le patriotisme, l'agriculture, le commerce, les arts, la physique, les sciences économiques, la médecine, la chirurgie, voilà les grands, les principaux objets, qui doivent nous occuper» (22 avril 1773). Dans ce journalisme encyclopédique, les «fabricants d'idées» se préoccupent moins de traiter l'actualité la plus immédiate pour elle-même que d'en tirer des leçons de conduite pratique et «éclairée» (Feyel, art. 3).

Les Affiches du Poitou sont tout à la fois un journal économique et une gazette d'agriculture suivant les mots d'ordre des physiocrates, une gazette de santé répercutant les recommandations de la Société royale de médecine. Jouyneau-Desloges et ses correspondants recensent également tout ce qui peut particulariser la province ou telle ou telle localité: recherches à caractère «proto-ethnographique», descriptions d'usages et de coutumes dont le sens n'est plus alors perçu, recherches étymologiques à propos de certains termes de terroir, études d'archéologie et d'histoire locale. Il suffit de dénombrer et d'étudier le contenu des informations médicales pour se persuader que Jouyneau-Desloges s'est efforcé de répandre dans sa province l'esprit des Lumières. Entre 1773 et 1781, il publie 450 articles de médecine, soit en moyenne 50 par an. Il s'est assuré assez de correspondants pour donner à ses Affiches une dimension nettement régionale; les emprunts faits à d'autres feuilles sont rares. Les Affiches du Poitou ont participé au vaste effort des Lumières pour réformer la médecine et ses méthodes. 268 articles sont consacrés à la maladie et à la mort: statistiques du croît naturel de la population poitevine, études météorologiques, descriptions d'épidémies et soins conseillés, propagande en faveur de l'inoculation, amélioration des méthodes d'accouchement, comment soigner les noyés, les asphyxiés, les morts apparents, les accident dus au méphitisme et le déplacement des cimetières, le fléau de la rage, les morsures de vipères, le danger de sonner les cloches ou de s'abriter sous un arbre pendant l'orage, l'hygiène de l'alimentation et du vêtement. Lorsqu'il s'agit des praticiens et de leurs remèdes (147 unités rédactionnelles), Jouyneau-Desloges et ses correspondants ont un discours un peu moins éclairé. Le journaliste estime que tout bon remède populaire est utile à connaître, il esquisse même les grands traits d'une collecte générale de toutes les recettes capables de soulager l'humanité souffrante. Ainsi l'esprit statistique et l'encyclopédisme des Lumières parviennent-ils à s'exprimer là où on les attendait le moins. Les Affiches du Poitou sont également très favorables aux empiriques, ces médiateurs culturels que sont les «dames» charitables ou bien les curés philanthropes, soignant les pauvres avec un remède de leur composition. Les charlatans, «devins» et autres «guérisseurs» de village sont en revanche vigoureusement dénoncés (Feyel, art. 2).

Copieusement nourries d'une information de première main, les Affiches du Poitou sont alors au centre d'un véritable système de communication. Leur contenu est repris par d'autres feuilles, cependant qu'elles empruntent ailleurs ce qui pourrait leur manquer. Deux exemples parmi d'autres: la Gazette de Santépériodique parisien, «prête» aux Affiches du Poitou les observations du médecin poitevin Gallot sur l'épidémie de dysenterie de 1779, mais leur emprunte celles du chirurgien Bouquié, ce dont est tout glorieux Jouyneau-Desloges (28 oct. 1779). Un empirique soignant gratuitement la dysenterie à l'aide de remèdes de sa composition, Dandeville, avocat à la Flèche en Anjou, a appris les ravages de l'épidémie par le Journal de Genève du 25 décembre 1779. La source est facile à identifier: il s'agit des Affiches du Poitou du 22 octobre précédent (Affiches du 24 févr. 1780). Jouyneau-Desloges est bien sûr très flatté de ces emprunts qu'il signale fréquemment. Il se glorifie surtout des compliments de l'abbé Roubaud, rédacteur du Journal de l'agriculture, de ceux de Meusnier de Querlon (Affiches de province), et plusieurs fois il insère des lettres flatteuses qu'il est parvenu à obtenir de l'astronome de Lalande, «l'un des savants les plus célèbres de l'Europe» (2 févr. 1775, 15 janv. 1778, 23 déc. 1779). Il est cependant agacé par ses «confrères, auteurs de feuilles hebdomadaires dans les provinces» qui prennent dans les Affiches de Poitou«sans les citer, des articles qui leur conviennent, et qui souvent les dénaturent, pour qu'il soit impossible à leurs lecteurs de deviner d'où ils viennent, voulant par là leur faire accroire qu'ils les ont reçus les premiers» (28 nov. 1776). Malgré ce coup de colère, les «confrères» en mal de copie sont trop heureux de la richesse d'un tel gisement pour l'abandonner, et l'abbé Vitrac, rédacteur de la Feuille hebdomadaire de Limoges, note encore le 6 mai 1779: «Quelques-uns de nos confrères ne se font pas scrupule de copier mot à mot des articles entiers de vos feuilles [les Affiches du Poitoudes miennes et de quelques autres, et n'ont pas assez d'honnêteté pour indiquer les sources où ils ont puisé. Les propriétés littéraires doivent être aussi sacrées que les autres propriétés civiles. Nous devons défendre celle des gens de lettres qui nous confient leurs productions, et réclamer toutes les fois que par un plagiat indécent on osera s'approprier les richesses littéraires de notre province. Qu'on copie quelques articles de nos feuilles, s'ils paraissent intéressants, cela nous flattera; mais qu'on nomme nos concitoyens lorsqu'ils auront composé quelque chose digne d'être publié».

Parmi ces «gens de lettres» correspondants assidus de Jouyneau-Desloges, il faut citer de Scévole, secrétaire du roi à Argenton en Berry (Argenton-sur-Creuse), 33 lettres jusqu'en 1781, l'économiste Sarcey de Sutières, l'avocat-feudiste Moisgas, de Mortagne en Bas-Poitou, l'avocat Allard de la Resnière, le notaire Delanoue, archiviste du marquis de la Roche du Maine, Dumoustier de Lafond, capitaine d'artillerie et historiographe du comte d'Artois, l'académicien lyonnais Thomé, l'abbé Coll, chanoine de Targé, près Châtellerault, Tallerye, archiprêtre de Parthenay et curé de la Chapelle-Saint-Laurent, Puisais, curé de Savigny-Levescault, de Luzines, curé de Notre-Dame de Vivonne, les médecins Dorion, Gallot, Dubrac de La Salle, etc. Lorsque Chevrier reprend les Affiches de Poitou, il s'efforce de ne pas perdre les collaborateurs de son prédécesseur. La transition est difficile. Ses quatre premiers numéros de janvier 1782 ne sont que bourrage de colonnes à l'aide de la «Conservation des hypothèques» qui va jusqu'à en occuper trois, de publicités de librairie, d'ordonnances de l'intendant. A partir du n° 5 (31 janv. 1782), reparaissent les lettres des correspondants. Le 7 février suivant (n° 6), Chevrier insère la trentième lettre de Moisgas, et remercie: «Nous avons obligation du premier article, à M. Moisgas, avocat-feudiste, qui a enrichi de ses recherches le recueil des Affiches, par 29 lettres différentes et qui veut bien se prêter à nous être utile; et du second, à M. Gallard, commissaire subdélégué du Bureau des finances, à Aunai. Nous en faisons nos remerciements et invitons nos abonnés à avoir pour nous la même complaisance. Cette feuille appartenant à tous, doit être l'ouvrage de tous, ainsi, il est de l'intérêt d'un chacun de l'enrichir, les uns par leurs productions, les autres en nous faisant connaître les choses utiles; ceux-ci en nous faisant part des traits qui peuvent honorer la province, et ceux-là enfin, par tout ce qui peut intéresser la société. Nous assurons d'avance les unes et les autres de toute notre reconnaissance». Pour développer l'émulation, il publie à la fin de ses tables des matières un véritable tableau d'honneur: les «noms des personnes qui, par leurs productions et leur zèle à nous faire passer différents articles, ont coopéré à nos travaux». Celui de 1784 comprend vingt-deux noms. Les collaborateurs les plus empressés sont Gratton, officier des canonniers à Saint-Gilles-sur-Vie, grand fournisseur de pièces en vers (22 fois), Bourguignon, futur rédacteur des Affiches de Saintonge et le feudiste Moisgas (5 fois chacun).

Moins riches de contenu qu'au temps de Jouynau-Desloges, les Affiches du Poitou de Chevrier font cependant bonne figure lorsqu'on les compare à beaucoup de leurs consœurs. Après les deux premières pages consacrées au contenu rédactionnel, parfois remplacé par un long prospectus de librairie ou une autre publicité, se succèdent l'annonce de livres nouveaux ou des rubriques de service telles que «l'Etat des vaisseaux entrés au port des Sables-d'Olonne», ou bien les entrées au port de Saint-Gilles-sur-Vie, le prix des denrées aux Sables-d'Olonne, etc. Vient ensuite la «Conservation des hypothèques» (une à deux colonnes), souvent absente entre septembre et novembre. Sont ensuite parfois insérés des «Avis particuliers» ou «Avis intéressants» (publicités diverses), une rubrique «Morts» ou un article «Législation». Suivent les «Avis divers» (biens à vendre ou à louer, demandes particulières, etc.), à peu près toujours présents. Les Affiches s'achèvent sur des pièces versifiées (poésies, énigmes, logogriphes), les résultats du tirage de la loterie royale et le «Prix des grains au marché de Poitiers, le...». A partir de janvier 1787, cette mercuriale s'étoffe en un large tableau occupant tout le bas de la dernière page: «Prix des grains dans les marchés des environs de Poitiers», précédé depuis le 2 août de la même année par les «Prix des eaux de vie». Parce qu'il dispose de moins de copie, Chevrier montre donc un plus grand souci des rubriques de service et des annonces. Autre petite révolution par rapport aux règles que s'était fixées Jouyneau-Desloges: la publication de très nombreux bouts-rimés. Ce qui ne va pas sans difficultés, à lire quelques avis du rédacteur: «Dès qu'on a fait trois à quatre vers, on se croit poète, et l'on veut en instruire toute sa province. De là un déluge de pièces que nous recevons de toutes parts, et que l'on voudrait voir paraître l'ordinaire suivant. Si nous ne contentons pas MM. les auteurs aussi promptement qu'ils le désireraient, leur génie poétique s'évanouit, et s'exprimant en prose très intelligible, ils épanchent leur bile sur le pauvre rédacteur, pour le punir de n'avoir pas voulu ennuyer ses lecteurs, et le menacent d'envoyer leurs productions à des personnes qui les priseront davantage. Il est pourtant vrai que toutes les pièces qu'on nous envoie ne sont pas également mauvaises, et qu'il en est dont nous faisons un cas particulier: mais nous sommes forcés d'en différer l'emploi» (21 août 1788).

En 1788, les Affiches du Poitou restent muettes sur le grand débat agitant la France. Tout juste peut-on y lire le 18 septembre un article d'un peu plus d'une colonne, également inséré dans les Affiches de Rennes du 27 août précédent, «L'Idée de l'objet et des fonction des Etats généraux», extrait d'une des très nombreuses brochures de l'époque. Ce n'est d'ailleurs pas le premier emprunt fait à ces dernières Affiches ou à une source commune: le 22 mai 1788, les Poitevins avaient pu lire ce même article louangeur déjà inséré dans les Affiches de Rennes du 7 mai, où les quatre grands philosophes Montesquieu, Voltaire, Rousseau et Buffon étaient comparés à quatre lampes s'éteignant successivement après avoir illuminé le monde. Comme dans beaucoup d'autres l'année 1789 débute sur les appels à la bienfaisance suscités par l'exceptionnelle dureté de l'hiver. Il faut attendre le 19 février pour lire un article faisant référence à l'actualité politique. De Scévole y demande l'égalité des trois ordres devant l'impôt, a des mots très durs sur les collecteurs et autres financiers, s'apitoie sur le sort de «l'utile laboureur»: «Aujourd'hui donc que la Nation française est plus éclairée que jamais, pourquoi un membre du Tiers-Etat en voyant de près ces grands hommes dont le faste et la morgue en imposent de loin, ne dirait-il pas avec assurance: Et moi aussi je suis homme?» Le 2 avril, le marquis de la Roche du Maine proteste contre un article du Journal de Bouillon il n'est pas hostile à la réforme, l'union règne entre les trois ordres de la province, et les deux premiers ordres donnent toutes les preuves de désintéressement et de générosité. La semaine suivante est donné un compte rendu très neutre de l'élection des députés aux Etats généraux. Le 23 avril, un certain Pruel, licencié ès lois, s'étend avec enthousiasme et lyrisme sur les bienfaits que l'on peut attendre des Etats et fait appel aux deux ordres privilégiés pour adoucir le fardeau des impositions. On est beaucoup plus prudent à Poitiers qu'à Rennes, et l'on ne s'y hâte pas de rendre compte des travaux des Etats généraux. Les Affiches du Poitou fêtent à leur manière l'ouverture de l'assemblée en publiant le 6 mai 1789, en première page et sous le titre «Etats généraux», un discours prononcé le 16 mars précédent par le grand sénéchal d'épée de la Basse Marche, à l'assemblée des trois ordres de la province. C'est seulement les 4 et 11 juin que sont insérés les premiers comptes rendus des Etats: le décès et l'enterrement de l'un des députés de la sénéchaussée du Maine, la description de la grande salle de réunion des Etats, les premiers discours, le nombre des députés, et puis l'autorisation du directeur de la librairie de rendre compte des séances (19 mai). A partir du 18 juin, les Affiches s'efforcent de rattraper le temps perdu: on y lit ce jour-là ce qui s'est passé à Versailles au début de mai (6 au 13 mai). Comme le rédacteur veut intégralement informer ses lecteurs sans briser la suite chronologique des événements, il garde un mois de retard sur le déroulement des faits, parce que l'espace de ses Affiches est très étroit. Pour insérer plus de copie, il adopte un plus petit caractère le 16 juillet. Mais son retard devient intolérable, aussi la semaine suivante (23 juil.) publie-t-il le compte rendu des séances des 10 au 12 juin, tout en donnant le «Récit de ce qui s'est passé à la séance tenue par le roi le 15 juillet 1789», expliquant: «nous avons cru faire plaisir à nos lecteurs en leur donnant de suite cet article». Pendant encore deux semaines, Chevrier donne la suite des séances des Etats. Le 6 août, il en est encore à la journée du 17 juin, lorsque les députés du Tiers se déclarent Assemblée nationale. Il lui devient impossible de faire accepter ce retard grandissant. Plutôt que de changer la nature de sa feuille, il préfère adopter, comme Couret de Villeneuve à Orléans, la solution du supplément. Le 13 août il informe ses concitoyens: «D'après les représentations de plusieurs de nos souscripteurs qui désireraient avoir de suite tout ce qui se passe aux Etats généraux, nous nous sommes déterminé à donner notre feuille double; mais comme nous ne pouvons le faire sans une dépense considérable, qui, malgré le désir que nous avons de nous rendre utile à nos compatriotes, ne pourrait tourner qu'à une perte réelle pour nous, nous avons lieu d'espérer qu'ils ne refuseront pas de nous accorder une augmentation de six livres chacun pour les Bulletins des Etats généraux que par la suite nous imprimerons en suppléments, ce qui mettra promptement tous nos souscripteurs à même d'avoir sous les yeux, le résumé de toutes les affaires traitées à l'Assemblée nationale. Nous prions MM. nos souscripteurs de vouloir nous faire part de leurs intentions par lettre affranchie, afin de pouvoir nous mettre à même de savoir si le nombre peut nous dédommager de la dépense. Il n'y aura que ceux qui auront donné leur engagement qui recevront ledit supplément». La collection des Affiches du Poitou (B.N.) contient effectivement deux suppléments successifs de 4 p. in-4°, paginés 1 à 4, intitulés chacun Supplément au 33 de l'Affiche du Poitou. Du jeudi 13 août 1789, et contenant les séances de l'Assemblée depuis le 19 juin jusqu'au 10 juillet. Provisoirement débarrassées du compte rendu des débats, les Affiches retrouvent leur physionomie coutumière. Le Bulletin de l'Assemblée nationale continue d'être publié en suppléments (il en est fait mention le 17 septembre). Avec les n° 44 et 45 (29 oct. et 5 nov.), le compte rendu de l'Assemblée revient dans les Affiches (séances des 5 au 12 oct.). De nouveau absent, on le retrouve encore dans les n° 48 à 51 (26 nov.-17 déc, séances du 5 au 26 nov.). Le 19 novembre, Chevrier annonce la mutation de sa feuille: «Nous nous proposons de commencer notre premier numéro de 1790, sous le titre de Journal de la province de Poitou mais pour répondre à l'envie de plusieurs de nos abonnés qui désirent avoir ce qui se passe de plus intéressant dans l'Assemblée nationale, nous ne pouvons le faire qu'en doublant notre feuille [...] Nous donnerons tous les lundis et jeudis une feuille de 8 pages in-8°, dans laquelle nous insérerons tout ce qu'il pourra y avoir d'intéressant concernant la province du Poitou, les hypothèques, les avis divers, les prix des grains, vins, eaux de vie, etc. Nous aurons soin de puiser dans les meilleures sources le plus intéressant de ce qui se passe à l'Assemblée nationale, pour en faire part à nos lecteurs; enfin, nous ne négligerons rien pour leur rendre notre journal utile et intéressant». Le doublement de la périodicité va permettre de suivre les événements parisiens de manière moins lointaine. Devenue très pressante, l'actualité a fini par détruire le journalisme de type encyclopédique et historique sur quoi reposait la réussite des Affiches du Poitou.

Pendant trois ans au moins (1782-1784), Affiche comporte une table des matières de 3 p. L'année 1785 a une table des matières de 4 p. Les années suivantes n'ont pas de table. Chevrier, le rédacteur, s'en explique: «On nous a écrit plusieurs fois pour se plaindre du peu d'exactitude à donner les tables. Nous répondrons que jamais nous ne nous sommes engagés à fournir ces tables; que nous avons pris ce surcroît de travail et de dépense, pour mériter de plus en plus la bienveillance de nos souscripteurs; et que nous aurions cru que quelques-uns d'entr'eux eussent pu s'épargner les reproches amers qu'ils se sont imaginés être en droit de nous faire à ce sujet. Nous savons que nous sommes en retard pour 1786; mais nous nous en occupons sérieusement» (3 janv. 1788). Entre 1773 et 1781, son prédécesseur, Jouyneau-Desloges, avait promis presque tous les ans une table qui ne fut jamais publiée: «Nous allons en même temps nous occuper du soin de donner la table générale de ces feuilles depuis leur établissement en 1773 [...] Cette table est promise; elle est attendue; elle est nécessaire. Notre recueil [...] serait incomplet sans cela. Nous osons croire qu'il contient des mémoires utiles, qui pourront être recherchés un jour» (6 déc. 1781).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Lc9 118 (3), 2 vol.; vol. I: le prospectus, 1773-1776; vol. II: 1777-1781; le numéro du 8 juin 1780 est en double; ex-libris «Chartes, livres, manuscrits. Cabinet d'Apollin Briquet (Niort)»; 4° Lc9 118 (8), 4 vol.: 1782-1783, 1784-1785, 1786-1787, 1788-1789; dans les deux derniers volumes, quelques suppléments (en 1786, sur la famille de Joubert, à propos de droits seigneuriaux contestés; en 1789, les deux Suppléments évoqués plus haut); A.N., C 214, cinq numéros (14 juil.-11 août 1785).

Les bibliothèques du Sud-Ouest et de l'Ouest conservent de nombreuses collections de ces Affiches. Parmi celles-ci: B.M. Poitiers, 567, 6 vol. (1773-1789), Catalogue de la bibliothèque, t. I, Poitiers, 1895; B.M. Niort, Histoire n° 3050, 3 vol.; B.M. Nantes, 87016, 11 vol. (1773-1789); B.M. Rennes, 16118, année 1774 (manque le n° 52, 29 déc.).

Bibliographie

De Lastic de Saint-Jal, Bibliothèque historique et critique du Poitou par Dreux du Radier, précédée d'une introduction, et continuée jusqu'en 1849, t. III, Supplément à la Bibliothèque, Niort, 1849, p. 646-649 (notice sur Jouyneau-Desloges). – Dugast-Matifeux, Le Premier journaliste du Poitou: notice sur René-Alexis Jouyneau-Desloges, écrite par lui-même, 8 p. extr. de la Revue des provinces de l'Ouest, 3e année, 1855-1856. Autobiographie rédigée par Jouyneau-Desloges en novembre 1814. – Imbert, Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest, 3e trimestre, 1868, p. 115-117 (résumé d'une communication sur Jouyneau-Desloges). – Richard A., «Notice biographique et bibliographique sur Jouyneau-Desloges, premier journaliste du Poitou», Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest, 4e trimestre, 1870, p. 425-442. Cette étude est accompagnée d'une liste de 137 articles de Jouyneau-Desloges «relatifs à la province de Poitou ou aux personnages qu'elle a produits». – Perlat R., Le Journalisme poitevin: coup d'œil historique, Poitiers, 1898. Mentionné ici pour mémoire, ce travail n'est qu'un ouvrage de troisième main où l'auteur plagie à la virgule près sans jamais le citer A. Richard. Il recopie les souvenirs inexacts et malveillants de l'ancien recteur de l'académie de Poitiers, Belin de La Liborlière Vieux souvenirs du Poitiers d'avant 1789, Poitiers, 1846, p. 158-159), cités en note par Dugast-Matifeux (p. 3). – Bouralière A. (de la), «L'imprimerie et la librairie à Poitiers pendant les XVIIe et XVIIIe siècles», Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 2e série, t. XXVIII, 1904, p. 1-512, notices Jean-Félix Faulcon (p. 96-128) et Chevrier (p. 356-382). – Idem,«Bibliographie poitevine, ou Dictionnaire des auteurs poitevins et des ouvrages publiés sur le Poitou jusqu'à la fin du XVIIIe siècle», Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest, 3e série, t. I, 1907, p. LXXXVIII-XCV et 1-593, notices Affiches du Poitou (p. 14) et Jouyneau-Desloges (p. 315). – Ventre M., L'Imprimerie et la librairie en Languedoc au dernier siècle de l'ancien régime, 1700-1789, Paris et La Haye, 1958. – Feyel G. (art. 1), «La presse provinciale sous l'ancien régime», La Presse provinciale, p. 3-47. – Idem (art. 2), «Médecins, empiriques et charlatans dans la presse provinciale à la fin du XVIIIe siècle», 110e Congrès national des sociétés savantes, Montpellier, 1985, Histoire moderne, t. I, fasc. 1, p. 79-100. – Idem (art. 3), «Négoce et presse provinciale au XVIIIe siècle, méthodes et perspectives de recherches», article à paraître aux Editions de l'EHESS.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DU POITOU

Date indexée

1773
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1789

AFFICHES DU PERCHE

0052
1788
1789

Titre(s)

Affiches, annonces et avis divers de la province du Perche.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

6 janvier 1788 – 4 janvier 1789, date du dernier numéro paru (selon La Sicotière, qui eut en mains une collection complète). Feuille hebdomadaire, distribuée tous les dimanches.

Description de la collection

Les Affiches du Perche sont imprimées sur 8 p. in-8°, longues lignes. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format non rogné 135 x 211). Les numéros étant paginés à la suite, l'année 1788 doit compter 416 pages et 52 numéros (dernier numéro, le n° LII, 28 déc.). Le n° XIV (6 avril) est suivi d'un «Supplément» de 4 p., paginées 1 à 4. La première page de chaque numéro est ornée d'une mince frise d'entrelacs, précédée de la numérotation, imprimée sur le côté gauche. Au-dessous, s'étend le titre, inséré sur trois lignes, puis la date, mentionnée entre deux minces filets horizontaux.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Alençon, de l'Imprimerie de Malassis le jeune, Imprimeur du Roi, de Monsieur, et de l'Assemblée provinciale». Contrairement aux affirmations de La Sicotière (1894) et Duval (1894), il apparaît que les Affiches du Perche ne furent pas fondées par l'abbé Burat, mais par l'imprimeur Malassis, leur «directeur». L'abbé Burat, correspondant parisien de l'imprimeur, n'était que l'un des rédacteurs. Chaque feuille porte: «On souscrit en tout temps chez Malassis le jeune à Alençon, Imprimeur et Directeur de cette Feuille; ou à Paris, chez M. l'abbé Burat, Cloître Saint-Honoré». Fils de Louis Malassis, imprimeur à Alençon entre 1734 et 1764, Jean-Zacharie Malassis, dit Malassis le jeune, né en 1745, a exercé de 1770 à 1828. Les Affiches du Perche sont censurées par François-Louis de Courtilloles, lieutenant général de police du bailliage et siège présidial d'Alençon, qui accorde le «permis d'imprimer».

Abonnement de «6 £ pour Alençon, et de 7 £ 10 s., port franc, pour les autres villes».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Originaire de Mortagne, installé vicaire de Saint-Honoré à Paris depuis 1784, l'abbé Henri-Joseph-Edme BURAT (1755-1833) fut l'un des rédacteurs des Affiches du Perche. Qualifié de «rédacteur en chef» (Fret) ou de «principal rédacteur» (La Sicotière, 1890), il semble en avoir rédigé les recensions littéraires et quelques pièces en vers ou en prose (odes, épîtres, fables, contes, etc.). Après avoir échappé aux massacres de septembre 1792, il fut un temps en Belgique, où il créa et dirigea le Journal d'Anvers. Revenu à Paris, il s'y consacra à l'éducation et publia quelques manuels scolaires (Fret). Son compatriote Louis-Charles-Nicolas Delestang (1756-1831), futur notable de Mortagne pendant la Révolution, sous-préfet sous l'Empire, paraît s'être spécialisé dans les bouts-rimés (énigmes, charades, logogriphes, etc.). Autre collaborateur, beaucoup plus âgé et de plus grande envergure, le médecin Pierre-Joseph Odolant-Desnos (1722-1811), correspondant de la Société royale de médecine, secrétaire perpétuel de la Société royale d'agriculture d'Alençon, membre des académies de Rouen et de Caen, ainsi que de la Société littéraire de Cherbourg, semble avoir rédigé la longue introduction historique occupant les trois premières pages du n° I (6 janv. 1788), tirée de ses Mémoires historiques sur la ville d'Alençon et sur ses seigneurs, 2 vol. in-8° publiés l'année précédente (1787) par Jean-Zacharie Malassis. Il débute en notant: «Je pense qu'il est nécessaire de commencer par donner une idée succincte de l'état ancien du Perche, avant d'entrer dans le détail de ce qui s'y passe chaque jour, par rapport à la partie ecclésiastique, à la partie civile et à la partie littéraire». Il publie le 2 mars suivant (n° IX), une longue «variété» de 4 p. sur l'histoire de Verneuil: la ville «n'est point au Perche», elle est normande. Cela lui vaut une querelle érudite avec son confrère académicien, le président de La Chesnaye, lieutenant général honoraire de Mortagne: «Je vous prie d'insérer dans vos premières feuilles mes réflexions pour rendre plus correct et ample le précis de l'histoire de Verneuil, où l'on ne peut voir sans une vraie satisfaction toutes les recherches qu'a faites M. Desnos, pour répandre sur cet article, comme sur tout ce qui sort de sa plume, l'intérêt et les lumières que la matière exige». Piqué au plus vif de son amour-propre, notre médecin n'hésite pas à faire les frais d'un «Supplément» de quatre pages où il répond point par point aux «observations de M. le Président de la Chesnaye»: «Je ne chercherai jamais, aussi bien que M. le Président, que la vérité, et on me trouvera toujours disposé à corriger les méprises, qui ne peuvent manquer de m'échapper, en débrouillant les antiquités du duché d'Alençon et du comté du Perche; lorsque ce magistrat, dont les lumières et les talents me sont connus depuis longtemps, voudra bien me les faire connaître, soit par la voie de l'impression, soit par la voie épistolaire. Je suis très reconnaissant des choses obligeantes qu'il veut bien dire sur mon compte; mais je le prie de vouloir bien permettre que je fasse le public juge entre nous sur le point de critique qui partage nos opinions» (n° XIV, 6 avril 1788). Leur faisant un large écho, les Affiches du Perche furent peut-être lancées afin de faciliter la vente des Mémoires historiques sur la ville d'Alençon.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Les Affiches du Perche débutent par la très courte énumération des saints à fêter au cours de la semaine. Suivent quelques pièces de vers: charade, fable, pièce plus ambitieuse, par exemple ce «diplôme de Rosati» adressé à l'imprimeur Knapen par Regnaut de Beaucaron, l'un des rédacteurs des Affiches de Troyes (23 nov. 1788). Vient ensuite une rubrique «Littérature», occupée par le compte rendu élogieux de tel ou tel ouvrage de librairie. Il arrive qu'elle soit accompagnée ou remplacée par les «Sciences et arts», avis proprement publicitaire sur l'un ou l'autre livre ou estampe. La rubrique «Variétés» constitue l'essentiel de Affiche quelques événements de la vie locale (fête, incendie, trait de bienfaisance à Alençon, Bellême, Nogent-le-Rotrou, etc.), les articles historiques de Desnos, des récits tel ce «conte moral» des «Pantoufles d'Abu-Casem». Suivent quelques articles d'utilité sociale: recettes de remèdes, autres considérations médicales tirées de la Gazette de santé, articles dits «d'Economie» donnant de récentes inventions (blanchiment des fils et toiles, mastic isolant de l'humidité, etc.). La rubrique «Administration» se réduit à une liste des édits, ordonnances et arrêts du roi. En septième page sont insérés les «Avis divers», très peu nombreux, à peine un ou deux. Si peu nombreux que Malassis a dû réduire ses tarifs d'insertion, pour attirer les chalands. Il annonce dans sa première feuille: «Ceux qui feront insérer des demandes quelconques, pour des intérêts particuliers, ou qui annonceront quelque chose à vendre, doivent affranchir leurs lettres, et payeront douze sols par article». Le 2 mars suivant, le tarif est abaissé à 6 sols. Cette rareté des annonces, signe d'une probable faiblesse du nombre des abonnés, explique très certainement la rapide disparition de la feuille. Notons le 6 avril cette longue publicité du sieur Houet, «marchand menuisier, mécanicien, demeurant à Lonray près Alençon», qui entreprend «toutes sortes d'ouvrages de menuiserie, tant en bâtisse qu'en meubles, ou pour la décoration des églises». L'esprit des Lumières s'insère partout, même à Lonray, puisque notre menuisier «construit tous les instruments de physique, qui ont du rapport à l'art du menuisier; tels que des machines électriques qu'il fournit et dont il prouve la bonté par des expériences. Il y joint les accessoires, tels que des bouteilles de Leyde, batteries, tableaux magiques, pistolet de Volta, maison de tonnerre, etc. Il fait des électro-végéto-mètres, pour électriser par l'air, les plantes dans les jardins. Il construit les électromètres de M. Canton, pour reconnaître l'existence et les degrés de l'électricité naturelle ou artificielle. Il établit des paratonnerres, suivant les meilleurs principes connus, pour préserver les bâtiments de la foudre. Il fait des cadrans solaires, à l'aide d'un horographe ou instrument de mathématique, inventé par M. l'abbé Mignon, pour tracer mécaniquement, avec une grande précision et une extrême facilité, les méridiens sur les murs les plus irréguliers: il fournit tout à prix raisonnables. Les personnes qui voudraient lui donner leur confiance, pourront s'adresser à notre Bureau». Les Affiches du Perche s'achèvent sur quelques petites rubriques de service, irrégulièrement présentes: une mercuriale ou «prix des denrées» (n° I seulement), les résultats du tirage de la loterie royale (deux lignes assez régulièrement insérées), la «Conservation des hypothèques» (n° XXXXVII seulement, 23 nov. 1788).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

L'abbé Fret a manifestement eu en mains une collection complète des Affiches du Perche. L. de La Sicotière également. Il s'agit peut-être du même «rare et précieux volume», La Sicotière ayant bien connu l'abbé Fret (voir la notice qu'il publia sur l'abbé en 1868). Peut-être cette collection dort-elle encore dans quelque bibliothèque privée des environs de Mortagne? Ainsi s'expliquerait son absence de la B.M. d'Alençon où elle aurait dû entrer avec le legs La Sicotière. Mentionnant les Affiches du Perche, L. Duval (1900, p. 47), ne parle pas de ce volume et précise simplement: «Nous n'en connaissons qu'un exemplaire qui fait partie de la bibliothèque de M. de la Sicotière, léguée à la ville d'Alençon». Un exemplaire que R. Jouanne (p. 1-2) ne parvint pas à feuilleter, puisqu'il déplore la disparition des Affiches «Il [ce périodique] est mentionné dans le catalogue de la bibliothèque de M. de la Sicotière, mais nous regrettons aujourd'hui son absence dans la collection léguée par lui à Alençon».

B.M. Chartres, Juss. R 453/24, quatre numéros, n° I (6 janv. 1788, p. 1-8), IX (2 mars 1788, p. 65-72), XIV (6 avril 1788, p. 105-112) et son «Supplément» (p. 1-4), XXXXVII (23 nov. 1788, p. 369-376).

Bibliographie

Fret L.-J., Antiquités et chroniques percheronnes, ou recherches sur l'histoire civile, religieuse, monumentale, politique et littéraire, de l'ancienne province du Perche, et pays limitrophesMortagne, 1838-1840, t. III, p. 533-534 et 544, notices Burat et La Chesnaye. – La Sicotière L. de, Delestang: biographie et bibliographieMortagne, 1890, 16 p. (Documents pour la province du Perche, 4e série, sources de l'histoire du Perche). – IdemBibliographie des journaux du département de l'Orne, Le Mans, 1894, 32 p. (Extrait du Compte rendu du Congrès provincial de la Société bibliographique, tenu au Mans les 14 et 15 novembre 1893). – Duval L., «Le premier journal imprimé à Alençon», Revue normande et percheronne illustrée, nov. -déc. 1894, p. 381. – Idem, L'Imprimerie et la librairie à Alençon et dans le diocèse de Sées Alençon, 1900. – Jouanne R., La Presse alençonnaise de la Révolution au Second Empire, Alençon, 1927, 32 p. (extr. du Bulletin de la Société historiquet. XLV, 1926).

Auteur

Additif

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: le document est bien en rayon tel que décrit au catalogue des collections La Sicotière de la médiathèque de la Communauté Urbaine d'Alençon : Affiches, annonces et avis divers de la province du Perche. [Alençon, impr. de Malassis le jeune], [6 janv. 1788-4 janv.-1789]. 1 vol. ; in-8. Cote Sic.-2493.

Auteur additif

Titre indexé

AFFICHES DU PERCHE

Date indexée

1788
1789

AFFICHES DE NANTES

0043
1757
1790

Titre(s)

Annonces, affiches, nouvelles et avis divers pour la ville de Nantes

Devient en 1773: Affiches générales de la Bretagne puis en janvier 1791: Affiches de Nantes et de la Loire Inférieure

Fondées en 1757 par l'imprimeur Joseph-Mathurin Vatar, selon le Catalogue méthodique d'Emile Péhant (p. 553). Cette date est confirmée par tout ce que nous savons sur cet imprimeur, né à Rennes en 1718, établi imprimeur du roi à Nantes en septembre 1750, mort prématurément le 15 septembre 1757. Elle est également confirmée par l'histoire du privilège général des Affiches c'est seulement après l'avoir racheté au chevalier de Meslé en juin-juillet 1756, que le fermier général Le Bas de Courmont concède par bail le droit d'établir des Affiches dans les villes de province (Feyel, art. 1). Premier numéro connu: le n° 103 du mardi 25 déc. 1759. Dernier numéro connu: le n° 52 du vendredi 25 déc. 1789.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Feuille bihebdomadaire, paraissant le mardi et le vendredi jusqu'en décembre 1759. Hebdomadaire, distribuée le vendredi, à partir du 4 janvier 1760 (n° 1).

Description de la collection

Les Annonces... de Nantes sont imprimées sur les deux colonnes de 4 p. in-4°. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format rogné 190 x 243). Les numéros étant paginés à la suite, annuellement, l'année 1759 en compte 104, soit 416 p., et les années suivantes 52, soit 208. Au-dessus du titre de chaque feuille composé sur trois lignes en caractères perlés, un haut bandeau rectangulaire, constitué de filets, volutes, palmettes et médaillons, enchâsse la numérotation. Trois bandeaux différents se succèdent: 1759, 1760 et 1761-1764. Sous le titre est mentionnée la date, en italiques. L'ensemble occupe plus du tiers de la première page de chaque numéro. Les deux colonnes de texte sont séparées par un filet vertical.

Les Affiches générales de la Bretagne sont imprimées sur les deux colonnes d'au moins 8 p. in-4°, soit une feuille entière de papier carré (format rogné 190 x 250, non rogné 212 x 270). L'imprimeur ajoute fréquemment des suppléments de 2 ou de 4 p. parfois paginés à la suite du numéro, parfois non paginés. Aussi le volume de chaque année varie-t-il: 434 p. en 1774 (52 numéros), 432 p. (1775, 52), 416 p. (1778, 52), 424 p. (1779, 53). 416 p. (1780, 52), 470 p. (1784, 52), 454 p. (1785, 52).

Depuis au moins 1774, et ceci jusqu'en 1785, voire 1790, le premier numéro de chaque année est livré avec un frontispice portant sur quatre lignes le titre Affiches générales de la Bretagne, suivi du millésime et de l'épigraphe latine Occulta proferens, micat. Après un bouquet de fleurs, sont indiquées les adresses des éditeurs, suivies de la mention «Avec privilège du Roi». Invariablement, la p. 3, première page du premier numéro, est décorée d'une jolie gravure sur bois rectangulaire (137 x 56) présentant une «Vue de Nantes, prise du quai de la Fosse, levée par M. Hénon», sous laquelle est de nouveau mentionné le titre de la feuille sur deux lignes en caractères pleins, sans ornements, puis sa date. Les autres numéros sont décorés de manière plus classique par un bandeau entourant la numérotation, toujours suivi du titre sur deux lignes, puis de la date. Se succèdent ainsi plusieurs bandeaux différents: un cadre de guirlandes enserrant trois cartouches dont celui du centre est réservé à la numérotation (1773), un mince cadre de filets enchâssant un semis de fleurons et le cartouche central de la numérotation (1774, 1775), un cadre moins étroit entourant le cartouche central de numérotation environné par de curieuses «architectures» symétriques de volutes et de palmettes, sommées par les deux profils du roi et de la reine en médaillons (1778), un cadre de filets plus épais où le cartouche central, désormais réservé aux armes royales entourées dans un cercle de l'adresse de l'éditeur, «Vatar, fils aîné, seul imp. lib. ord. du Roi, à Nantes», domine la numérotation coupée en deux segments, à gauche «N°» et à droite le chiffre, le tout environné de palmettes et de quatre grands vases de fleurs disposés symétriquement deux par deux, de chaque côté du cartouche (janv. 1779 – 23 févr. 1781), le même bandeau, mais l'adresse de Vatar a disparu, laissant seules les armes royales au centre du cartouche (2 mars 1781 – déc. 1785). En 1788 et 1789, le bandeau est devenu un cadre de filets décorés de guirlandes et de quatre fleurons de coin enchâssant la numérotation et le titre imprimé en plus petits caractères pleins sur une seule ligne; seule la date est encore sous le bandeau; cette nouvelle disposition permet à l'imprimeur de gagner une quinzaine de lignes supplémentaires pour le texte. Le texte est beaucoup plus dense, la justification des colonnes plus large en 1788-m) qu'en 1785 (64 mm), signe évident que les Affiches générales de la Bretagne sont devenues une florissante affaire.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Après la mort de Joseph-Mathurin Vatar, sa veuve Anne Verger dirige l'imprimerie familiale et continue de publier les Annonces... de Nantes qu'elle signe «A Nantes, chez la Veuve de Joseph Vatar, imprimeur du Roi et de Monseigneur l'Evêque, haute grand'rue, au coin de la rue de Beau Soleil». Elle démissionne de son imprimerie en 1765, en faveur de son fils Joseph-Nicolas Vatar. Né en 1739, ce dernier avait déjà ouvert une librairie en 1764. Nommé imprimeur du roi en mai 1766, il est autorisé à exercer l'imprimerie en janvier suivant. Depuis 1773 au moins, sa mère l'a associé au privilège des Annonces. C'est probablement à son initiative qu'elles ont été transformées pour devenir Affiches générales de la Bretagne.La mère et le fils signent tous deux la feuille qui est imprimée par Joseph-Nicolas, puisque sa mère ne peut plus exercer l'imprimerie: «A Nantes, chez la Veuve Vatar, libraire, imprimeur de Monseigneur l'Evêque, haute grand'rue, au coin de celle de Beau Soleil et chez Vatar, fils aîné, seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi, place du Pilori» (frontispice de 1774). Au bas de chaque feuille est ajoutée cette petite mention «De notre imprimerie, Vatar, fils aîné».

Directement concurrents, les deux associés ne s'entendent pas. Le 17 février 1775, le fils publie: «M. Vatar, fils aîné, seul imprimeur du Roi, à Nantes, place du Pilori, sachant que beaucoup de personnes croient qu'il ne tient point d'imprimerie, prévient le public qu'il est le seul de son nom, en cette ville, qui soit imprimeur, et chez qui l'on imprime; en conséquence, il prie tous les particuliers qui voudront faire imprimer quelque chose chez lui, de s'adresser directement dans sa demeure, ce n'est que par ce moyen que les ouvrages seront faits dans son imprimerie [...] Son commerce de librairie est assez ample dans tous les livres nouveaux et des meilleures éditions; on peut s'abonner chez lui pour tous les journaux et gazettes, de quelque pays que ce soit. Il fera aussi la meilleure composition, dans tous les articles de son état, lorsqu'il vendra pour la pacotille». Furieuse de cette intempestive publicité, la mère réagit le jour même: «Les abonnés de la ville de Nantes, inscrits chez ma mère, ont reçu avec leur Affiche, un petit papier collé auprès de ce qui me concernait (l'avis précédent), contenant ce qui suit: «Veuve Vatar, mère, imprimeur de Monseigneur l'Evêque, à Nantes, dont l'avis ci-contre attaque personnellement le commerce, n'y répond qu'en suppliant les personnes qui l'honorent de leur souvenir, de vouloir bien le lui conserver. Son exactitude est connue, de même que l'étendue de toutes les branches du fonds de son magasin, et travaux qui en dépendent comme impressions, librairie, papiers, instruments de mathématiques, cartes marines, etc., gazettes dont elle a le bureau, journaux, etc. Si Messieurs les abonnés n'avaient point souffert du retard de cette feuille, la veuve Vatar aurait fait, par son droit de propriétaire du privilège de l'Affiche de Nantes, supprimer, même pour l'honneur de son fils, cet avis indécent, qui n'est dicté que par une basse jalousie». Tous les gens sensés ont bien vu que j'avais beaucoup de vérités à répondre; mais je sens et je connais ma triste position, il ne m'est permis que de me servir des moyens d'éclaircissement que ma mère m'offre elle-même. Tout ce que j'ai dit est vrai; il faut ajouter que je n'imprime point pour ma mère, qui, n'ayant point d'imprimerie, fait travailler depuis longtemps chez des étrangers. L'Affiche de la Bretagne se fait chez moi, et on peut souscrire, pour l'avoir, avec autant de sûreté chez moi que chez ma mère, parce que je suis fermier pour moitié dans le bail de cession du privilège; je fournis aussi tous les journaux et gazettes, ainsi que je l'ai dit, parce qu'il n'y a point de bureaux particuliers pour cela dans les villes de province. J'ai offert mes services au public, comme il est permis à tout le monde de le faire, comme ma mère elle-même l'a fait plusieurs fois, et je le prie derechef d'accepter mes offres» (24 févr. 1775).

Malgré leur mésentente, la mère et le fils savent parfaitement réunir leurs efforts lorsqu'un danger menace leur spéculation. Le 8 janvier 1779, ils protestent tous deux contre les initiatives de Victor Mangin, organisateur de la petite poste de Nantes. Celui-ci a eu l'audace, dans son Almanach de la petite poste de Nantes, pour l'année 1779 de faire croire que son établissement avait un privilège pour distribuer à Nantes les gazettes et journaux, aggravant son cas en prétendant distribuer moyennant 18 £ les Affiches générales de la Bretagne! Et les Vatar de lui répondre: «Nous dirons seulement que, comme nous l'avons ci-devant annoncé, tous les libraires de Nantes et des autres villes ont le droit de recevoir les souscriptions pour toutes les feuilles périodiques, et qu'il y a si peu de privilège pour cela, que le premier particulier peut aussi recevoir ces souscriptions. Mais ce qui nous touche et ce qui nous surprend, c'est qu'on ait pris sur soi d'annoncer que notre feuille coûte 18 £ rendue par la petite poste. Comme ce pamphlet ne tend à rien moins qu'à nous faire tort, puisqu'il peut persuader que nous avons augmenté le prix de notre feuille, et par là diminuer l'envie de la prendre, nous prévenons le public contre cette insinuation, en assurant que notre feuille est, comme pendant les six dernières années, de 15 £ franc de port, chez les personnes de la ville, et par tout le royaume» (8 janv. 1779).

Le temps des difficultés est cependant arrivé pour les deux associés. Pour des raisons peut-être indépendantes de la prospérité de Affiche – faillite de leurs autres affaires de librairie ou difficultés de succession avec les autres enfants Vatar –, ils se voient forcés de l'abandonner. La veuve Vatar, «libraire, seule cessionnaire du privilège de Monseigneur l'Evêque, haute grande rue» a transporté sa boutique «six maisons au-dessous de son ancienne demeure, près le Pilori». Selon G. Lépreux, elle aurait cessé d'exercer vers 1782. Au début de l'année 1781, son fils vend sa librairie, mais continue l'imprimerie. Le 2 mars 1781, il enlève son adresse du bandeau de Affiche et indique: «Il demeure dans la même maison, place du Pilori, où l'on trouvera toujours quelqu'un, au premier étage. Son magasin de librairie est tenu par ses successeurs [...] Il prévient également, que l'on impose au public, en voulant persuader que l'on partage avec lui le privilège des Affiches. Il en a seul la propriété pour la Bretagne [...] S'il cède son privilège, il en préviendra, par les mêmes feuilles, ainsi que du lieu où sera situé alors le Bureau d'avis» (2 mars 1781). Le 11 mai suivant, il signe pour la dernière fois les Affiches, alors que l'imprimeur Brun l'aîné, se disant «seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi, à Nantes», déclare que le Bureau d'avis est désormais installé chez lui, «au premier étage de la maison de Madame sa mère, en entrant rue de Gorges». Joseph-Nicolas Vatar a donc vendu à son confrère Brun les Affiches et lui a cédé le titre d'imprimeur du roi.

Nouveau titulaire du privilège des Affiches générales de la Bretagne, Pierre-Jean Brun, né en 1746, reçu libraire en 1763, avait été admis comme imprimeur en novembre 1778. Il signe Affiche «A Nantes, chez Brun, l'aîné, seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi et de la Chambre des comptes, place Saint-Nicolas» (frontispice de 1784). Il imprime également pour Victor Mangin la Correspondance maritime de Nantes, fondée en janvier 1782, devenue l'année suivante la Feuille maritime de Nantes, parue jusqu'en fructidor an II. Pendant la Révolution, il imprime toutes les pièces officielles avec son confrère Hérault, et s'y ruine (voir ses deux brochures de l'an VIII, «Brun, aîné, à ses créanciers» et «Réflexion sur ses affaires», B.M. Nantes, 57968 et 206516, ainsi qu'une circulaire des commissaires de sa faillite, publiée dans la Revue de Bretagne et Vendée, 1875, t. II, p. 365). En 1785, les Affiches générales de la Bretagne sont censurées par Berrouette qui accorde le permis d'imprimer. En 1788, elles le sont par Richard de La Pervanchère, maire et lieutenant général de police.

Les Annonces... de Nantes sont explicitement cantonnées dans tout ce qui peut être utile à la «place» de Nantes et au comté nantais. L'abonnement à la feuille est de 6 £ pour la ville, et de 7 £ 10 s. «par la poste, franche de port, quelque part que l'on veuille se la procurer». Depuis 1773, les Affiches générales de la Bretagne ont l'ambition de couvrir toute la province, où des bureaux d'avis ont été établis pour déposer les annonces et souscrire les abonnements: à Rennes (Mlles Vatar, au coin de la place du Palais), Saint-Malo (l'imprimeur Valais), Dinan (Gicquel-Destouches, receveur de la Traite domaniale), Morlaix (l'imprimeur Guyon), Brest (l'imprimeur Malassis), Quimper (l'imprimeur Blot), Lorient (Dulogeau, au Bureau de la poste aux lettres), Auray (Bureau de la poste aux lettres), Vannes (Veuve Galles, imprimeur), Saint-Brieuc (Jouvin), Redon (Bureau de la poste aux lettres). «MM. les abonnés jouiront toujours de l'avantage de faire publier leurs avis gratis» (23 déc. 1774). L'abonnement, tout naturellement doublé, puisque les Affiches ont 8 p., est désormais de 15 £, franc de port, à Nantes comme dans toute la province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Il est impossible de savoir si les Annonces... de Nantespuis les Affiches générales de la Bretagne ont eu un rédacteur. Gros imprimeurs-libraires, les Vatar et leur successeur Brun avaient très probablement un prote chargé de la mise en forme de la feuille.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Feuille éditée dans une puissante place commerciale, les Annonces... de Nantes avaient pour première fonction de servir le grand et le petit négoces en leur offrant des annonces et autres avis, ainsi que quelques rubriques de service. La première page et souvent une bonne partie de la deuxième étaient consacrées aux annonces («Biens et Contrats de rente à vendre, Biens à bail ou à louer, Effets à vendre»). Suivaient les «Demandes» particulières, puis les «Avis» (publicités commerciales, spéculations d'armateurs, publicités de librairie). Lorsque ces «Avis» envahissaient toute la troisième page, il restait peu de place pour un contenu proprement rédactionnel. La quatrième page était occupée par les «Nouvelles maritimes» (arrivées, chargements, sorties des navires à Nantes et dans d'autres ports bretons, par exemple Saint-Malo) et le «Cours des grains, des vins et eaux de vie, des effets commerçables, des changes à Paris et à Nantes».

La guerre de Sept Ans fait sentir ses effets sur le contenu des Annonces... de Nantes. Les annonces et les avis deviennent moins nombreux, ce qui explique probablement que la veuve Vatar ait préféré abandonner la périodicité bihebdomadaire en janvier 1760. L'année 1764 est marquée par une véritable reprise. Il ne faut donc pas s'étonner si le contenu proprement rédactionnel est beaucoup plus riche pendant les années 1760-1763 qu'en 1764. Depuis au moins 1759 et peut-être depuis 1757 jusqu'au dernier numéro de décembre 1760, les Vatar ont trouvé un excellent moyen de remplir leurs colonnes en empiétant sur le privilège de la Gazette: en 1760, la seconde colonne de la troisième page et la première de la quatrième sont consacrées à une rubrique titrée «Nouvelles» où se succèdent des emprunts à la Gazette ou à des gazettes hollandaises, donnant des informations sur l'Allemagne, l'Angleterre, etc. En janvier 1761, la rubrique disparaît sans aucune explication, très probablement interdite par le directeur de la librairie Malesherbes (on trouve dans ses papiers deux numéros des Annonces... de Nantes) ou par le chevalier de Meslé, soucieux de défendre son privilège de la Gazette. Les abonnés de la feuille n'en sont probablement pas très satisfaits – ces marchands et négociants sont anxieux de connaître le déroulement d'une guerre qui gêne leurs affaires –, aussi peut-on encore y lire telle ou telle information politico-militaire dans les «Nouvelles maritimes» occupant beaucoup plus de place (une demi-colonne à une colonne entière, voire deux): le 23 octobre 1761, par exemple, cette rubrique, étendue sur deux colonnes, donne quelques détails sur les prises anglaises en mer sur les Français et s'étend ensuite longuement au sujet de la guerre sur le continent. Il circulait d'ailleurs à Nantes de nombreux récits occasionnels publiés lors de tel ou tel fait d'armes: témoins ces quelques pièces reliées à l'intérieur de la collection des Annonces de 1761, à propos notamment de la prise de la citadelle de Belle-Isle (quatre pièces de 2 à 4 p. chacune, imprimées à Vannes par J.-N. Galles en avril et juin 1761).

Le reste de la surface rédactionnelle est occupé par les habituelles productions des «fabricants d'idées» de l'époque: médecine, agriculture, botanique. Notons l'importance accordée aux préoccupations des négociants. Les Annonces publient sur plusieurs numéros des «Observations sur la marine et sur le commerce», de Digard, ancien ingénieur du Roi, professeur royal d'hydrographie au Croisic (2 janv. – 24 avril 1761) et un «Mémoire sur la navigation et le commerce du Nord», «envoyé trop tard à l'académie d'Amiens» (14 août – 25 sept. 1761). Comment, par l'aloës, préserver le fond des navires, de l'attaque des «vers à tuyau»? (21 mars 1760). Comment découvrir plus facilement la longitude lorsqu'on est en mer? (28 mars 1760). Quelle méthode utiliser pour «conserver la santé des mariniers dans les voyages de long cours»? (2 déc. 1763). Notons enfin la présence d'un dernier trait de la culture des gens du négoce (voir Feyel, art. 2): les petits ou grands problèmes de mathématiques ou d'arithmétique commerciales, dont l'exemple le plus achevé est la «question de commerce» du 9 mai 1760 («Soient A. B. C. trois marchandises différentes, achetées en Hollande, argent courant, et 1% escompte au bénéfice de l'acheteur, importées en France...») qu'un bon esprit finit par résoudre (solution publiée le 30 mai suivant). Autre marque de l'originalité nantaise: le fonds de librairie de la veuve Vatar. On y trouve des «octans à lunettes», des «quarts de nonante», de belles «lunettes de bord, et de nuit», des globes terrestres et célestes, des cartes géographiques et hydrographiques, des compas, des «étuis de mathématiques», «et tout ce qui a rapport à la marine et aux sciences» (7 sept. 1764). Le 12 octobre 1764, la veuve Vatar organise une «loterie littéraire et physique», de trois cents billets de 6 £, dont quinze gagnants (d'une valeur de 1800 £). Parmi les lots sont proposés un télescope (300 £), une «machine pneumatique, avec ses globes et instruments propres pour les expériences» (300 £), un Dictionnaire de Moréri (10 vol., 230 £), un microscope (150 £), différentes Histoires (Angleterre, Bretagne, etc.), les œuvres de Montesquieu et de Fontenelle, le «Spectacle de la nature», les «Leçons de physique» de l'abbé Nollet, etc.

Les Affiches générales de la Bretagne prétendent s'adresser au «savants curieux» tout autant qu'aux «calculateurs», c'est-à-dire aux armateurs, assureurs, négociants, etc. (voir Feyel, art. 2). Leurs huit pages sont assez bien structurées. Ce sont tout d'abord les annonces ou «Avis particuliers», occupant au moins les deux premières pages, mais s'étendant souvent sur la troisième, voire sur la quatrième en 1788 et 1789: «Charges et Biens à vendre, Biens à bail ou à louer, Effets à vendre, Demandes», puis quelques «Avis» (publicités commerciales). Ce sont ensuite les rubriques de service nécessaires aux «calculateurs», s'étendant généralement sur quatre colonnes (deux pages): «Arrivées de navires au port de Nantes», chargements, sorties, «Prix des denrées de l'Amérique» (sucre blanc, sucre brut, café, indigo, cacao), «Cours des grains», «Changes de Paris et de Nantes». Jusqu'au début des années 1780, ces annonces et rubriques de service sont ordonnées de manière géographique. Les Affiches débutent par les annonces et services très peu nombreux des quelques places bretonnes où les Vatar ont un correspondant (p. 1) et continuent par Nantes. Avec Brun, ces correspondances deviennent plus rares, surtout à partir de 1784 et la fondation des Affiches de Rennes, En 1788 et 1789, les annonces et services sont strictement nantais. La seconde partie des Affiches, réservée aux «Avis divers», commence en cinquième ou sixième page. C'est le domaine des «savants curieux», ainsi que nous l'assure la longue introduction au n° du 7 janvier 1774: «Les Avis divers ont une utilité, disons mieux, une nécessité qu'on ne peut se dissimuler sans rougir, si l'on voit bien ce que nous avons compris sous ces deux mots. La correspondance littéraire de tous les savants de la province, qui doit en faire la base, en sera aussi le plus curieux; nous avons ouvert la carrière, elle sera fournie». On y trouve les habituelles productions des «fabricants d'idées» de l'époque: articles de médecine, d'histoire naturelle, de physique (les ballons aérostatiques en 1784), comptes rendus des travaux des Etats de Bretagne, etc. Suivent des prospectus de librairie, les «Livres nouveaux» que vendent les Vatar, ou bien des projets de publication par souscription, par exemple le Traité des usements ruraux de Basse-Bretagne, par Girard, avocat à Quimper, un volume in-8° qui devrait faire plus de 400 pages (25 févr. 1774, cinq colonnes). Ce peuvent être aussi la publicité d'une société établie pour l'armement de frégates et de corvettes destinées à la guerre de course (25 juin 1779, cinq colonnes), une très longue publicité pour le collège d'Ancenis (3 juin 1774, neuf colonnes et demie), ou bien la liste des prix «des différentes pièces de porcelaine, qui se fabriquent dans la manufacture établie à Limoges, sous la protection de Mgr le comte d'Artois» (26 mai 1775, trois colonnes). Les Affiches s'achèvent sur «les numéros de la Loterie royale de France, sortis au tirage de...».

En 1774, l'imprimeur promet une table des matières que les collections n'ont pas conservée: «Beaucoup de nos abonnés seront, sans doute bien aises que nous les avertissions que depuis longtemps nous travaillons à une Table générale de toutes les Affiches, depuis qu'elles se sont faites à Nantes; ce travail serait achevé, si nous n'y eussions rencontré des obstacles qui n'ont pu s'aplanir facilement; nous la délivrerons à la fin de cette année, gratuitement, à nos abonnés actuels, pour qui seuls il en sera imprimé» (7 janv. 1774).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., f. fr. 22135, pièces 184 et 26, Annonces... de Nantes, n° 103 (mardi 25 déc. 1759) et n° 46 (vendredi 14 nov. 1760); B.M. Nantes, 60578, 2 vol. L'année 1760 (vol. I) est complète. Le second volume contient les années 1761, 1763 et 1764: manquent n° 14 et 42 (3 avril et 16 oct. 1761), les six premiers mois de l'année 1763 (le second semestre est complet, n° 27-52, 8 juil. - 30 déc.), les huit premiers mois de 1764 (les quatre derniers mois sont complets, n° 36-52, 7 sept. - 28 déc); 48164 (n° 2, 11 janv. 1788) et 48167 (n° 52, 25 déc. 1789); 87014, coll. de Suppléments pour les années 1789-1791; Chambre de commerce et d'industrie de Nantes (Palais de la Bourse), coll. d'au moins huit volumes, années 1774, 1775, 1778 à 1781, 1784 et 1785. Le n° 28 du 9 juillet 1773 est relié dans l'année 1775. Cette collection unique comporte quelques petites lacunes (pages manquantes, pages déchirées). Elle renferme quelques prospectus publicitaires envoyés en supplément de Affiche; A.D. Loire-Atlantique, C 814, prospectus des Affiches de Bretagne, pour 1789; A.D. Ille-et-Vilaine, 3. Per. 678, quatre numéros isolés des Affiches générales de la Bretagne, p. 353-356 d'un numéro de 1774, n° 1 et 2 de janv. 1775, le n° du 9 mai 1783; A.N., C 214, six numéros (1er juil. – 5 août 1785).

Bibliographie

Péhant E., Catalogue méthodique de la Bibliothèque publique de la ville de Nantes, tome VI, Nantes, 1874. – Borderie (A. de la), «Histoire de l'imprimerie en Bretagne. Les races typographiques. Les Vatar, imprimeurs à Rennes et à Nantes», Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. X, juil.-déc. 1893, p. 405-421. – Kerviler R., Essai d'une bibliographie des publications périodiques de la Bretagne, 4e fasc, Département de la Loire inférieure, Rennes, 1898. A propos des Annonces... de Nantes, puis des Affiches générales de la Bretagne, cet auteur (p. 1-2), qui n'a manifestement pas examiné la collection de la Chambre de commerce, se trompe. – Lépreux G., Gallia typographica..., série départementale, t. IV, Bretagne, Paris, 1914. – Feyel G. (art. 1), «La presse provinciale sous l'ancien régime», La presse provinciale, p. 3-47. – Feyel G. (art. 2), «Négoce et presse provinciale au XVIIIe siècle, méthodes et perpectives de recherches», article à paraître aux éditions de l'EHESS.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE NANTES

Date indexée

1757
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AFFICHES DE MONTARGIS

0039
1780
1790

Titre(s)

Affiches, Annonces et Avis divers du Gâtinois (19 janv. 1780 - 20 févr. 1781; titre également porté par le frontispice de l'année 1781), puis du Gâtinais (5 mars 1781 – 20 déc. 1783; titre également porté par les frontispices des années 1782- 1783).

Devient à partir du 5 janvier 1784: Affiches de Montargis, ou Journal du Gâtinais (dernier numéro conservé: 5 novembre 1790; titre également porté par les frontispices des années 1784-1786). Les frontispices des années suivantes n'ont pas été conservés; le frontispice de 1780, manifestement imprimé après coup, en 1784 ou dans les années suivantes, porte ce même titre).

Devient au début de 1791 (premier numéro conservé: 5 juin 1791): Journal du district de Montargis.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Feuille de quinzaine, les Affiches de Montargis paraissent très régulièrement le 5 et le 20 de chaque mois. La feuille débutant avec le n° 1 du 19 janvier 1780, l'année 1780 ne groupe que 23 livraisons; par la suite, chaque année en compte 24. Ces livraisons sont numérotées et paginées de manière à former un volume pour chacune des années.

Description de la collection

Les numéros des Affiches de Montargis sont ordinairement imprimés sur les deux colonnes de 4 p., in-4° (format rogné: 192 à 195 x 249 à 252). L'année 1780 n'ayant reçu qu'après coup son frontispice, son premier numéro n'a que 4 p. Chaque premier numéro des années suivantes compte 2 cahiers emboîtés, soit 8 p.: les 2 premières sont occupées par le frontispice et son verso. Seul le numéro 13 (5 juil. 1781) possède un supplément de 2 p., non pag. Aussi les 4 premières années comptent-elles: 92 p. (1780, 23 numéros de 4 p.), 100 (1781, 1782, 1783: un numéro de 8 p. et 23 de 4). Le 5 janvier 1784, le rédacteur déclare augmenter le format de sa feuille en donnant tous les trois mois un supplément. Mais il ne parvient pas à respecter cet engagement. Les numéros de 6 p. sont très rares: 3 en 1784 (20 févr., 5 et 20 sept.), 1 en 1785 (5 févr.), 1 en 1787 (20 juil.). Il existe quelques erreurs de pagination: au total, il y a 106 pages en 1784 (104 sont comptées par erreur), 102 en 1785 (104 par erreur), 100 en 1786, 102 en 1787 (104 par erreur), 100 très probablement en 1788. L'année 1789 n'est pas conservée. Seuls sont connus 4 numéros de 1790.

Du 19 janvier 1780 au 20 janvier 1781, un haut bandeau coiffe le titre de chaque feuille: un cartouche central contenant la numérotation est entouré par deux profils inscrits chacun dans un petit médaillon, le tout est inséré dans un long cadre rectangulaire orné de guirlandes. Un second bandeau de même type, mais un peu moins haut, orne les feuilles entre les 5 février 1781 et 1er janvier 1784. Disposé jusque-là sur deux lignes, le titre en occupe trois à partir de janvier 1784. Aussi, le 20 janvier 1784, pour gagner de la place, l'imprimeur réduit-il le bandeau à l'ébauche du haut d'un cadre: trois filets horizontaux accompagnent un petit médaillon central, la numérotation est reportée en haut de page, à gauche. Les Affiches gardent cette présentation jusqu'à la fin du siècle.

Entre le 20 juin et 20 décembre 1780, la Feuille porte, imprimée sous la date, la même épigraphe latine: Quod si digna tua minus est mea laude, /At voluisse fat est: animum non talia jacto. Pendant les deux années suivantes, chaque numéro propose une épigraphe différente, tirée d'Ovide, de Virgile, voire même de Buchanan; ces épigraphes ont trait aux mois, aux saisons, à la température, aux signes du zodiaque, aux travaux de la terre, etc. De janvier 1783 à l'année 1790 comprise, tous les numéros portent la même épigraphe empruntée à Phèdre: Quamdam sub illis utilitatem reperies. Les frontispices de 1781, 1782 et 1783 sont chacun agrémentés d'une épigraphe différente, tirée d'Ovide et de Phèdre. Ceux de 1784 et des années suivantes, de même que celui de 1780, imprimé après coup, portent le même vers de Virgile: Forsan et haec olim meminisse juvabit.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Affiches sont imprimées à Montargis, «avec approbation et permission», chez Claude Lequatre «imprimeur de la Ville et du Collège» (19 janv. 1780 – 20 mars 1781), puis «imprimeur du Roi» (5 avril 1781 – 5 nov. 1788), enfin «imprimeur du Roi et de S. A. S. Monseigneur le duc d'Orléans» (à partir du 5 févr. 1790). On y souscrit à Montargis, mais aussi chez les greffiers des bailliages de Boiscommun, Gien, Lorris, Nemours.

L'abonnement annuel est de 5 £ à Montargis, 6 £ pour la province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le rédacteur des Affiches de Montargis est resté anonyme. Peut-être était-ce l'imprimeur Claude Lequatre. Pendant les trois premières années (1780-1782), les Affiches recueillent quelques collaborations locales et paraissent rédigées par un petit noyau d'amis: les avocats Hureau de Livoy, Ligier de Verdigny et Ricatte, le médecin Gastellier, correspondant de la Société royale de médecine, et son ami Delisle, directeur de la papeterie de Langlée. Les Affiches obtiennent même la sympathie du lieutenant général de police, d'Aulmont, qui n'hésite pas à y publier quelques vers (5 janv., 20 août et 5 sept. 1781). Par la suite, la Feuille pâtit de ses liens avec ce petit groupe fondateur. D'Aulmont a vendu sa charge de lieutenant général; Gastellier devient maire de Montargis en 1783. Les rapports n'avaient jamais été très bons entre la mairie et les gens du présidial. Un article louangeur sur le nouvel ouvrage de Gastellier, Des spécifiques en médecine déclenche une polémique «avec une petite coterie de deux ou trois méchants»: le numéro du 5 avril 1783 est alors censuré par le nouveau lieutenant général de police. Au début de l'année suivante, le compte rendu des fêtes pour la publication de la paix (20 janv. 1784) est censuré, le rôle de la municipalité ayant été valorisé au détriment de l'action de MM. du présidial. Les Affiches vivent désormais sous une étroite surveillance. Dans son avis du 5 janvier 1784, le rédacteur affirme: «nous rejetterons impitoyablement tout écrit anonyme, tout ouvrage, qui, quoique signé, pourrait blesser directement ou indirectement qui que ce soit, et nous déclarons solennellement que s'il en échappe quelqu'un à notre vigilance, ce sera une surprise faite à notre honnêteté, et que nous serons les premiers à recourir à l'autorité de MM. les Magistrats de Police, pour les proscrire de la manière la plus exemplaire». Un peu plus tard, il remarque: «Pour éviter les reproches amers qui nous ont été faits par quelques personnes qui nous ayant fait passer des avis à insérer dans cette Feuille se sont aperçu de quelques changements dans l'impression, nous les prévenons qu'à l'avenir nous n'en recevrons aucun qui ne soit muni de l'approbation de MM. les Officiers de Police. Nous nous épargnerons par ce moyen le désagrément des plaintes, et celui que nous avons éprouvé plus d'une fois d'être obligés de remanier toute notre Feuille au moment de l'impression» (20 févr. 1784). Aussi ne faut-il pas s'étonner si les collaborations locales deviennent plus rares; de plus en plus, le rédacteur «bourre» les colonnes en insérant des extraits d'autres feuilles, sans toujours en indiquer la provenance.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Les Affiches de Montargis contiennent de nombreuses rubriques de service: conservation des hypothèques (contrats de vente enregistrés aux greffes des bailliages de Montargis, Boiscommun, Gien, Lorris, Nemours), annonces diverses (biens à vendre ou à louer, «demandes particulières»: offres et demandes de services), publicités (essentiellement de librairie), mention irrégulière des notables décédés au cours de la quinzaine écoulée («Morts», insertion parfois accompagnée d'un panégyrique plus ou moins long), résultats du tirage de la «Loterie royale de France», «Cours des grains à Montargis» et «Taxe du pain». A partir de janvier 1781, deux rubriques reviennent un numéro sur deux: le 5 de chaque mois, la Feuille débute par un large tableau «Etat du ciel» donnant, sur toute la largeur de la page, une série de renseignements astronomiques (signe du zodiaque, durée du jour et de la nuit, équation [temps que doit marquer une pendule bien réglée, lorsque le soleil passe au méridien], phases de la lune); le 20, le rédacteur annonce, «pour l'utilité des gens d'affaires, négociants, cultivateurs», les «Foires du Gâtinais et des environs» qui se tiendront le mois suivant.

Les très nombreuses publicités de librairie insérées par les deux libraires rivaux Prévost et Noël Gilles, dit La Pistole, prouvent que les élites montargoises n'étaient pas à l'écart du mouvement des Lumières: Encyclopédiele Dictionnaire universel de Trévoux, Encyclopédie de Jurisprudence, le Cours complet d'agriculture de l'abbé Rozier, les œuvres de Diderot, les œuvres complètes de Rousseau et de Voltaire, les œuvres de Lesage et de l'abbé Prévost en 50 volumes, une Bibliothèque amusante en 60 volumes, d'autres ouvrages leur sont proposés. Prévost tient un cabinet de lecture. Noël Gilles propose des abonnements à la lecture des papiers publics GazetteMercure de France, Journal de Genève,etc.).

Nous avons dénombré dans les Affiches de Montargis 487 unités rédactionnelles plus ou moins étendues (1780-1788): 154 (1780-1782), 195 (1783-1785), 138 (1786-1788). La collection de ces trois dernières années est incomplète: il manque 17 numéros. Dans un avis inséré le 20 septembre 1780, le rédacteur fait appel à la bonne volonté des collaborateurs éventuels: «Nous supplions Messieurs les Curés de vouloir bien nous faire l'honneur de contribuer [à rendre l'Affiche du Gâtinais intéressante] en nous procurant la notice des événements qui surviendront dans leurs paroisses et qu'ils jugeront dignes de piquer la curiosité du public; Messieurs les Magistrats et Jurisconsultes de nous accorder la note des nouveaux Edits, Règlements, Ordonnances, Arrêts, Sentences, etc. dont la connaissance intéresse tous les ordres des citoyens; Messieurs les Médecins, Chirurgiens et Naturalistes, de nous faire part des résultats de leurs observations si utiles pour l'humanité, ainsi que des découvertes que leurs recherches et leurs lumières les mettent à portée de faire dans les trois règnes de la nature; Messieurs les Gens de lettres de vouloir bien laisser échapper dans nos mains quelques-uns des ouvrages que recèlent leurs porte-feuilles, et dont le mystère est une privation réelle pour les amateurs de la littérature. Nous publierons avec reconnaissance tout ce qu'on voudra bien nous faire l'honneur de nous adresser». Il est entendu des «gens de lettres». Les pièces de vers, parfois longues, et les petits bouts-rimés tels que charades, énigmes et logogriphes sont très nombreux: 41,4% du total des unités rédactionnelles (u.r.), soit 26,2 (pièces de vers) et 15,1 (petits bouts-rimés). Feutry, originaire des Flandres, ancien maire de Châtillon-sur-Loing, «membre de la Société philosophique de Philadelphie», est le plus prolixe de tous ces poètes de salon puisque les Affiches contiennent 25 pièces signées de lui (5 août 1782 – 20 févr. 1787). Les autres poètes sont moins féconds: l'avocat Hureau de Livoy (4 pièces) et son confrère Ricatte (2), de Morambert, «professeur de langues à Châtillon-sur-Loing» (5), Delisle, directeur des papeteries de Langlée (3), d'autres encore dont ne restent que les initiales.

La rubrique Législation-Jurisprudence-Administration arrive en seconde place, après les vers: 20,3 % des u.r. Au cours des trois premières années, le petit monde des robins du Gâtinais répond à l'appel du rédacteur. Les avocats Liger de Verdigny (Montargis) et Dedauve (Joigny), le procureur Crosnier (Etampes) argumentent à propos de conflits de juridictions (5 févr. - 20 juil. 1781). D'autres «Magistrats et Jurisconsultes» (ils sont restés anonymes) définissent la jurisprudence du pacage des moutons, des boucs et des chèvres (20 juil. 1780, 5 août et 5 nov. 1781), évoquent la peine méritée pour le vol de grains dans les champs pendant la nuit (5 janv. 1782), la condamnation de bûcherons pour injures envers un régisseur des Aides et Droits réunis (5 nov. 1782), définissent la coutume de Montargis à propos des successions (5 déc. 1782). Aussi, entre 1780 et 1782, les articles de législation sont-ils plus nombreux que par la suite: 25 à 28,3% du total annuel des u.r. Est-ce un effet de la censure policière? Cette rubrique est de moindre qualité à partir de 1783. Peu d'articles ont encore trait au Gâtinais; il ne s'agit plus que de résumés secs ou bien de reproductions in-extenso de décisions royales ou d'arrêts du parlement.

Les rubriques à caractère «scientifique» parviennent au troisième rang: 15,9% des u.r., soit 8,4 (articles de médecine), 4,1 (agriculture), 3,4 (sciences naturelles). La rubrique médicale perd elle aussi son caractère local à partir de 1784. En un long article étendu sur trois numéros (5 mai - 5 juin 1781), Gastellier explique comment soigner la maladie du charbon et s'élève contre le charlatanisme qui lui paraît fort répandu en Gâtinais. Un médecin (Gastellier?) proteste contre les prétentions de l'huissier Viné: celui-ci avait annoncé guérir la «pulmonie» à l'aide de bouillons (20 févr. 1783). Après la polémique provoquée par l'ouvrage de Gastellier, Des spécifiques en médecine, les Affiches publient une lettre reçue par un Montargois: un juge à Cerisiers, près de Sens, raconte comment un paysan, ayant cru sa femme ensorcelée, fit appel à un «devin et magicien»; les soins de ce guérisseur amenèrent une catastrophe: la famille meurt asphyxiée par les vapeurs du foyer (20 nov. 1783). Au cours des années suivantes, la rubrique médicale se limite à une suite de recettes de remèdes manifestement extraites, pour la plupart, des papiers publics. Les élites montargoises ne paraissent pas s'être beaucoup intéressées à l'agriculture. La Feuille contient quelques recensions de nouveaux ouvrages sur l'agriculture (5 juil. 1780, 5 janv. 1782, 5 déc. 1784): ont-elles été rédigées par un bon esprit de Montargis? A côté de recettes pour protéger ou guérir le bétail, ainsi que de secrets contre les insectes ou les animaux nuisibles, le lecteur trouve dans les Affiches de nouvelles façons culturales, telles «la préparation économique à donner à la semence avant de la confier à la terre» publiée par Bagot, médecin à Saint-Brieuc (20 oct. 1787). Les Affiches publient aussi (probablement sur l'ordre du gouvernement) des «instructions»: «Instruction sur le Bled moucheté» (5 nov. 1785), «Instruction sur la culture de la racine de Disette» (5 et 20 juil. 1787). Ainsi, sans le secours de ses abonnés, la Feuille participe-t-elle au vaste effort de propagande en faveur d'une amélioration de l'agriculture. Les sciences physiques et l'histoire naturelle ont intéressé deux ou trois Montargois. Le chevalier Declosquinet de La Roche publie une longue observation sur l'inutilité et le danger de sonner les cloches pour écarter les orages; il s'y appuie sur l'expérience du cerf volant de Franklin (20 juin et 5 juil. 1781). Comme ses consœurs provinciales, la Feuille est passionnée pour les montgolfières: lors de la mort de Pilâtre de Rozier, elle publie deux longues lettres (l'une de Boulogne, l'autre de Calais) reçues à Montargis (5 et 20 juil. 1785). Après un «Discours abrégé sur l'histoire naturelle», le rédacteur insère à trois reprises des observations probablement extraites des œuvres de Buffon: sur l'if, le serpent d'eau et la grenouille, le scorpion et la souris (5 févr., 5 avril, 20 mai et 5 août 1782).

Occupant la quatrième place (7,5% des u.r.), la catégorie «événements locaux» groupe les nominations et installations de notables (échevins, gens du présidial), les comptes rendus de diverses cérémonies Te Deum pour la naissance du Dauphin et pour la paix, enterrements de notables, services célébrés après la mort du duc d'Orléans), des faits divers: «l'Orage affreux» de Milly-en-Gâtinais (5 oct. 1781), les peines capitales subies par les brigands de la forêt de Montargis (20 juin 1783), l'évasion de quelques-uns des survivants de cette bande de brigands, la chasse qui leur est donnée (5 mai 1786, long article reproduit par le Journal de l'Orléanais du 9 juin suivant), les ravages de la bête carnassière de l'Orléanais (5 oct. 1785). Cette catégorie s'appauvrit en 1787 et 1788 (3,8% et 3,2% des u.r. de ces deux années): les informations locales ont alors pratiquement disparu de Affiche

Manquant de collaborateurs («MM. les Curés», sauf exception, sont restés silencieux), le rédacteur complète sa feuille à l'aide d'historiettes et d'anecdotes extraites des papiers publics. La rubrique «variétés-anecdotes» (7,3% des u.r. entre 1780 et 1788) parvient à des sommets en 1784 (12,3%) et surtout en 1786-1788 (9%, 11,5%, 16,1%). Ce sont des histoires amusantes dont les protagonistes sont parfois de grands personnages (Louis XIV, Frédéric II de Prusse), des anecdotes édifiantes (traits de bienfaisance ou de courage), curieuses (morts de centenaires encore très verts), extraordinaires (crimes, suicides, etc.).

La rubrique «histoire» (6,5% des u.r. pour la période 1780-1788) a un caractère nettement local. Les Affiches publient la lettre d'un anonyme au sujet d'une pièce d'or espagnole trouvée à Courtigny, paroisse d'Oussoy (5 avril 1780). Une polémique assez aigre oppose longuement deux historiens locaux à propos de l'attitude de Montargis pendant la Fronde: l'avocat Hureau de Livoy y conteste les conclusions de l'ouvrage L'Intrigue du cabinet sous Henri IV et Louis XIII terminée par la Fronde,publié par Anquetil, prieur de Château-Renard (20 juil., 5 et 20 août, 5 et 20 sept. 1781). Le 5 janvier 1785, débute une série d'articles intitulés Epoques du Gâtinais, où l'auteur, probablement Hureau de Livoy, raconte la vie de telle ou telle ancienne célébrité locale, développe les circonstances de tel ou tel ancien événement. Un moment interrompues par la maladie de leur auteur (avril-août 1785), ces éphémérides reprennent entre les 20 septembre et 20 novembre 1785. Quatre notices paraissent en 1786 (20 févr., 5 et 20 sept., 5 déc.), une dernière en 1787 (5 févr.). En 1788, commence la Description topographique de l'Election de Montargis le 5 février paraît la description de la paroisse d'Aillant-sur-Milleron, donnant des détails sur les possesseurs de fiefs, l'industrie, le commerce et les foires de la localité. Sans explication, le rédacteur abandonne l'entreprise, et la Description n'a pas de suite. Au total, la rubrique «histoire» est considérablement développée en 1781 (8,3% des u.r. de cette année-là), 1785 (22,2%), 1786 (7,2%). Restent trois unités rédactionnelles qu'il était difficile de faire entrer dans les rubriques précédentes. «Une charmante société» de Montargis décide de consacrer ses loisirs à la comédie, «cet amusement philosophique»; un correspondant des Affiches, Manuel, a été témoin «de son début, c'est-à-dire de ses succès. Elle a joué Naninecette bagatelle de Voltaire» (20 sept. 1781). Le 5 janvier 1783, la Feuille publie les Observations sur le mois de janvieroù Roucher s'interroge sur la date où il conviendrait de fixer le début de l'année; le 5 février suivant, un abonné fait insérer dans Affiche un article extrait du Journal de Paris ayant trait au même sujet.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Montargis, 4° L 466 et 467, 2 vol. reliés en cuir, dos décorés de motifs dorés frappés au petit fer, contre-plats en papier marbré. Le volume 4° L 467 porte sur son premier contre-plat les armes et ex-libris de Pelée de Varennes, conseiller du roi, receveur des finances, grande rue du Loing à Montargis. Ce volume contient les années 1780-1785 et deux Eloges de Jacquemain Duboutoir, ancien maire de Montargis, l'un composé par le médecin Gastellier (12 p., 3 avril 1782), l'autre par l'avocat Cassaigne (5 p., 22 sept. 1783), tous deux imprimés chez Claude Lequatre.

Le volume 4° L 466 contient les années 1780 – 1810 (incomplètes). L'année 1780 débute sur le frontispice de 1781: manquent n° 6 (5 avril), 10 (5 juin), 14-20 (5 août – 5 nov.). L'année 1781 n'a donc plus son frontispice: manquent n° 16-21 (20 août – 5 nov.). 1782: manquent n° 7-8 (5, 20 avril), 10 (20 mai), 16-22 (20 août – 20 nov.). 1783: manquent n° 12 (20 juin), 17-19 (5 sept. – 5 oct.), 21-22 (5, 20 nov.), 24 (20 déc). 1784: manquent n° 2 (20 janv.), 19-21 (5 oct. – 5 nov.). 1785: manquent le frontispice et n° 1 (5 janv.), 4 (20 févr.), 18 (20 sept.) et 21 (5 nov.). 1786: manquent p. 3-6 du n° 1 (5 janv.), n° 8 (20 avril), 15-16 (5, 20 août), 22 (20 nov.), 24 (20 déc). 1787: manquent le frontispice et n° 1 (5 janv.), 2 (20 janv.), 4-5 (20 févr. – 5 mars). 1788: manquent le frontispice et n° 1 (5 janv.), 2 (20 janv.), 6 (20 mars), 17 (5 sept.), 22-24 (20 nov. – 20 déc.). L'année 1789 est absente. 1790: sont présents n° 3 (5 févr.), 8 (20 avril), 14 (20 juil.), 21 (5 nov.). Journal du district de Montargis, 1791: sont présents n° 11 (5 juin), 13 (5 juil.), 18 (20 sept.). 1792: sont présents n° 1 (5 janv.), 4 (20 févr.), 6 (20 mars), 9 (5 mai), 13 (5 juil.), 16 (20 août), 17 (5 sept.). 1793: est présent n° 4 (20 févr.). 1795: sont présents n° 8 (20 janv.), 16-17 (20 mai, 5 juin). Petites Affiches de Montargis est présent n° 9 (11 mars 1797, 21 ventôse an V). Journal de l'arrondissement de Montargis. 1809: p. 63-64 (mai), n° 35 (15 déc). 1810: n° 1 (5 janv.), 9 (25 mars), 12 (25 avril).

Bibliographie

Stein H., «La Presse locale (à Montargis) au XVIIIe siècle», extr. des Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais, Orléans, Herluisson, 1887, 29 p. – Leroy H., communication à la Société d'émulation de Montargis, séance du 22 avril 1922. – Nottin R., article paru dans Le Gâtinais, 29 avril 1939. – Leloup G., «Les journaux locaux à Montargis aux XVIIIe et XIXe siècles», Société d'émulation de l'arrondissement de Montargis, Bulletin trimestriel, multigraphié, 3e série, n° 30 (mars 1975), p. 14-19.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE MONTARGIS

Date indexée

1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790

AFFICHES DE MEAUX

0037
1775
1791  ?

Titre(s)

Affiches de Meaux (titre donné par les Almanachs de la ville et du diocèse de Meaux, Affiches, annonces et avis divers de Meaux (titre donné par les prospectus insérés dans les Affiches d'Auxerre, nov. 1775, et dans les Affiches du Dauphiné, 29 mars 1776).

Affiches de Meaux, annonces, etc. (titre du n° 17, daté du 15 sept. 1784).

Affiches de Meaux, annonces, etc. ou l'Ami des Meldois, Journal du district de Meaux; département de Seine et Marne (titre du n° 1, 10 janv. 1791), devenues L'Ami des Meldois, Journal du district de Meaux; département de Seine et Marne (titre du n° 8, 12 mars 1791).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Les Affiches de Meaux ont débuté à l'automne 1775. Le Prospectus inséré dans les Affiches d'Auxerre de novembre 1775, le fait que les deux numéros conservés pour 1791 indiquent que la feuille se trouve dans sa dix-septième année, et l'insertion dans les Affiches de Montpellier du 27 novembre 1775 d'une nouvelle extraite des Affiches de Meaux en constituent une preuve suffisante. Il est plus difficile de dire quand a pris fin L'Ami des Meldois. A.-E. Carro (1865) a eu en mains le n° 31, du 20 août 1791. Tout en se trompant et sur la date de naissance des Affiches (1774, selon lui) et sur la périodicité de L'Ami des Meldois qu'il fait «paraître tous les jours», Boquet-Liancourt (1879) le fait également durer jusqu'en 1791. Un autre érudit, Le Blondel, date correctement la naissance des Affiches de Meaux (1775) et affirme que L'Ami des Meldoisde, venu hebdomadaire, «disparut au cours de l'année 1791, laissant la place à son concurrent le Courrier des Meldoisqui avait été fondé en 1790».

Les Affiches de Meaux paraissent tous les 15 jours, le 15 et le 30 de chaque mois, entre 1775 et 1789. Depuis 1790, très probablement, jusqu'en février 1791, les Affiches de Meaux, Annonces, etc. ou l'Ami des Meldois paraissent tous les 10 jours, les 10, 20 et 30 de chaque mois. Devenu hebdomadaire en février ou mars 1791, L'Ami des Meldois est désormais distribué tous les samedis.

Description de la collection

Format in-4°, sur deux colonnes; dimensions des exemplaires non rognés: 205 x 255 à 260. Leur numérotation est annuelle, mais les numéros sont paginés séparément. Ces derniers n'ont d'autre décor que trois minces filets ornés d'un petit médaillon central, imprimés sur le haut de la première page. L'âge de la feuille et sa numérotation, son titre, ainsi qu'un sommaire étalé sur cinq à six lignes occupent les deux tiers de cette même première page. De 1775 à 1779 au moins, les numéros ont 8 p. Par la suite, depuis 1784 au moins, ils en ont 12 car chacun d'entre eux est accompagné d'un Supplément aux Affiches de Meaux, annonces, etc. Au début de l'année 1791, ils sont revenus à 8 p. S'il faut en croire A.-E. Carro, le n° 31 du 20 août 1791 n'aurait que 4 p.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Affiches ainsi que L'Ami des Meldois sont édités par le libraire Charle, établi à Meaux depuis au moins 1765, rue Saint-Remy, au «Grand Bossuet». Ce libraire diffuse également depuis 1773 l'Almanach historique du diocèse de Meaux qui continue de paraître en 1789 sous le titre d'Almanach de la ville et du diocèse de Meaux. Ces almanachs ont été imprimés à Paris. Les Affiches et L'Ami des Meldois ne portent pas de nom d'imprimeur. Bien que Meaux ait eu depuis le début du XVIIIe siècle une imprimerie, ils auraient été eux aussi imprimés à Paris: c'est l'avis de Le Blondel.

Abonnement annuel: 4 £ 10 s. (1775), puis 7 £ 10 s. (1779-1791) pour Meaux, 7 £ 10 s. (1775) puis 9 £ franc de port pour la province.

Diffusion: Les Affiches de Meaux annoncent dans leur prospectus qu'elles publieront les tableaux de conservation des hypothèques du Châtelet de Paris et des bailliages de Château-Thierry, Crépy, Meaux, Melun, Montereau, Provins, Senlis et Sézanne. Les Affiches meldoises ont-elles été aussi largement distribuées en Valois et en Brie? L'Ami des Meldois abandonnant tout le sud du nouveau département de Seine-et-Marne au Journal du département de Seine et Marne et de ses cinq districts,créé à Melun le 22 mai 1790, se cantonne explicitement au district de Meaux et publie les tableaux de conservation des hypothèques des districts de Meaux, Rozoy-en-Brie, Château-Thierry (Aisne) et Sézanne (Marne).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'auteur-directeur des Affiches est sur la liste des services gratuits du Journal d'agriculture d'Hubert-Pascal Ameilhon (H. Dufresne, p. 104). Ce serait un certain Ch. DUPRÉ, selon Boquet-Liancourt (1879). L'Ami des Meldois aurait été rédigé par un abbé – s'agit-il du même Ch. Dupré? – aux dires d'un contemporain dont A.-E. Carro se fait l'écho. La presse de l'époque, tout autant parisienne que provinciale, a emprunté de temps en temps des articles aux Affiches de Meaux. Bachaumont les utilise le 7 août 1780.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Selon les prospectus insérés dans les Affiches du Dauphiné (29 mars 1776) et dans l'Almanach de la ville et du diocèse de Meaux (1789), les Affiches de Meaux contiennent les annonces et les rubriques de service habituelles à ce genre de périodique, ainsi que des pièces fugitives de poésie, des articles d'agriculture, des articles sur le commerce, la santé des hommes et des animaux, les découvertes en tous genres, la mercuriale du grain et du pain, etc. Ainsi sont «bâties» les Affiches de Meaux du 17 septembre 1784. L'Ami des Meldois présente d'abord à ses lecteurs la «conservation des hypothèques», puis les «biens à vendre et à louer», les «biens nationaux», les «annonces et avis divers» (les publicités de librairie de Charle). Les colonnes du texte sont très étroites, les annonces proprement dites, c'est-à-dire les biens à vendre et à louer, sont peu nombreuses. Les rubriques de service du type «conservation des hypothèques» ou «biens nationaux» sont présentes. En quatrième ou cinquième page débute la partie proprement rédactionnelle de la feuille: la «littérature», une très succincte analyse du discours prononcé lors de l'installation des juges du tribunal du district de Meaux, des extraits commentés d'une pièce de vers; les «événements», élection de l'évêque de Seine-et-Marne, une cérémonie religieuse publique pour le repos de l'âme du Dauphin, père de Louis XVI; les «variétés», une lettre sur les «heureux effets de la révolution» (suppression des quêtes pour les pauvres); une «poésie». Le journal s'achève sur deux ou trois petites rubriques de service (paiement des rentes de l'Hôtel de ville de Paris, prix courant des denrées, résultats du tirage de la loterie royale de France). Ainsi que l'ont noté Carro et Boquet-Liancourt, tout ce contenu, profondément anti-révolutionnaire, est favorable au roi et aux prêtres insermentés. Toutes proportions gardées, L'Ami des Meldois paraît être une mouture locale de L'Ami du Roi et des autres feuilles royalistes de Paris.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

A.D. Seine-et-Marne (Melun), AZ 1152, Affiches de Meaux, n° 17 (15 sept. 1784), avec supplément, suppléments du 31 oct. 1784 et du 31 mars 1788; AZ 1153, L'Ami des Meldois, n° 8, 17e année (12 mars 1791); Coll. part., L'Ami des Meldoisn° 1, 17e année (10 janv. 1791).

Paraissent aujourd'hui perdus le n° 31 du 20 août 1791 signalé par A.-E. Carro ainsi que les «deux liasses» de L'Ami des Meldois et du Courrier meldois qu'a pu examiner Boquet-Liancourt. Les exemplaires AZ 1152 et 1153 des A.D. de Seine-et-Marne proviennent de la collection de Le Blondel.

Bibliographie

Almanach historique du diocèse de Meaux (1773-1789), avec quelques variations dans le titre, édité par le libraire Charle. Sur les Affiches de Meauxvoir les publicités dans les almanachs des années 1779 (p. 163), 1786 (p. 206), 1789 (p. 224-225). Prospectus des Affiches de Meaux dans les Affiches d'Auxerre (livraisons de nov. 1775) et dans les Affiches du Dauphiné (29 mars 1776). Première insertion d'un extrait des Affiches de Meaux dans les Affiches de Montpellier (27 nov. 1775). – Carro A.-E., Histoire de Meaux et du pays meldois, Meaux et Paris, 1865, p. 411-414. – Boquet-Liancourt, communication du 21 oct. 1875, Bulletin de la Société d'archéologie, sciences, lettres et arts du département de Seine-et-Marnevol. VIII (1875-1877), Meaux, 1878, p. XCIII-XCIV. – Idem, communication du 17 avril 1879, ibid.vol. IX, Meaux, 1884, p. 140. – Lebert, communication du 10 octobre 1907, Bulletin de la Société littéraire et historique de la Briet. IV, «Extraits des procès-verbaux mensuels des séances, de janvier 1903 à décembre 1908», p. 67-70. – Le Blondel, communication du 12 oct. 1916, ibid., t. IX, 1922-1923, «Extraits des procès-verbaux mensuels des séances, févr. 1916 - déc. 1921», p. V. – Dufresne H., Le Bibliothécaire Hubert-Pascal Ameilhon (1730-1811),Paris, 1962, p. 104.

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