RECUEIL DES MÉMOIRES ET CONFÉRENCES

1177
1672
1674

Titre(s)

Recueil des Mémoires et Conférences qui ont esté présentées à Monseigneur le Dauphin pendant l'année 1672 par Jean Baptiste Denis Conseiller et Médecin ordinaire du Roy.

Ce titre de recueil réunit en réalité deux titres différents: 1) Mémoires concernant les arts et les sciences présentés à Monseigneur le Dauphin; 2) Première [Seconde, etc.] conférence, présentée à Monseigneur le Dauphin.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er février – 11 juin 1672; 1er juillet 1672 – 1er février 1674. Privilège du 6 janvier 1672, enregistré le 3 février 1672 (ms. f. fr. 21945, f° 113V°). Privilège de 5 ans.

Périodicité annoncée: pour les Mémoires une livraison au début de chaque mois, avec un extraordinaire tous les quinze du mois; les Conférences sont annoncées comme mensuelles.

Périodicité réelle: pour les Mémoires le projet fut respecté avec par deux fois l'ajout d'un troisième numéro extraordinaire; pour les Conférences, mensuel jusqu'en mars 1673, sauf des vacances en septembre et un deuxième numéro en août et en décembre 1672, puis mensuel de décembre 1673 à février 1674. Un quinzième numéro parut en 1683.

Description de la collection

Le volume du Recueil rassemble les douze numéros des Mémoires et les quinze des Conférences. Ce volume compte 357 p. (158 pour les Mémoires et 194 pour les quinze Conférences).En général la livraison compte 12 p. in-4°, d'environ 170 x 240. On y compte douze planches (3 hors-texte et 6 in-texte pour les Mémoires et 3 in-texte pour les Conférences).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Frédéric Léonard, rue Saint-Jacques, à l'Ecu de Venize. Le 15e numéro des Conférences fut publié chez Laurent d'Houry, rue Saint Jacques, près des Mathurins au Saint-Esprit.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Créé par Jean-Baptiste DENIS qui puisa dans ses conférences et sa correspondance; aucun collaborateur ne lui est connu.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé par l'Avertissement aux lecteurs: pour les Mémoires, des observations, des articles repris des journaux savants étrangers et des extraits de livres. Pour les Conférences,des mémoires exposant des conférences et des observations scientifiques.

Contenu réel: pour les Mémoires, la part des extraits de livres déborde les bornes fixées par l'Avertissement; les Conférences respectèrent le projet exposé par leur Avertissement.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées: B.N., Z 4130; Z 7225 (de la bibliothèque du médecin Camille Falconnet avec ex-libris manuscrit); D 7311; Rés. Z 1146 (reliure aux armes du Dauphin); pour la réédition de 1682: Z 4131 (2). Principale collection complète: 4° Te163 1302.

Bibliographie

H.P.L.P, t. I, p. 132; D.P. 2, art. «Denis, Jean-Baptiste».

Rééditions: 1) en 1682 chez Laurent d'Houry, B.N., Z 4131 (2). 2) 1729, chez Jean-Baptiste Delespine, B.N., Z 4078 (4).

Contrefaçons: 1672, Bruxelles, Eugène-Henry Fricx; 1673, Amsterdam, Pierre Michel; 1673, Amsterdam, Pierre Le Grand; 1674, La Haye, Levyn Van Dick; 1678, Amsterdam, Pierre Le Grand; 1682, Amsterdam, Pierre Le Grand. – Payen J.F., «Notice sur les Mémoires et Conférences de J.B. Denis, conseiller et médecin du Roi», in Bulletin du bibliophile, mai 1857. – Brown H., Scientific organisations in seventeenth-century France, Baltimore, 1934. – Vittu J.-P., «Les contrefaçons du Journal des savants de 1665 à 1714», dans Les Presses grises: la contrefaçon du livre (XVIe-XVIIe siècles), textes réunis par François Moureau, Paris, 1988, p. 303-331; – Idem, «Diffusion et réception du Journal des savants de 1665 à 1714», dans La Diffusion, p. 167-175.

Historique

Médecin parisien connu pour ses expériences sur la transfusion sanguine, réalisées en 1667 et 1668 sous l'impulsion d'Habert de Montmor, par les conférences académiques qu'il donna en son logis du quai des Grands Augustins et pour plusieurs ouvrages issus de ces démonstrations, Jean-Baptiste Denis, bon connaisseur de l'attente des amateurs d'assemblées et de publications scientifiques, tenta de capter en 1672 le public du Journal des savants. Absorbé par ses activités auprès de Colbert et à l'Académie des sciences, l'abbé Galloys laissait alors tomber sa revue en déshérence: dès 1668, dans une lettre à Henry Oldenburg, Denis se plaignait d'une langueur qui atteignit des extrêmes au début de la décennie suivante, avec un seul numéro en 1670 et trois en 1671.

L'intérêt du public pour la réédition du Recueil des conférences du Bureau d'Adresse, pour les traductions latines des Philosophical Transactions publiées en 1671 à Francfort puis à Amsterdam et en 1672 à Rouen, et pour les Miscellanea curiosa dont Louis Billaine donna une traduction française cette même année 1672 put aussi influer sur le projet de périodique de Denis. Celui-ci obtint le 6 janvier 1672, un privilège qui lui permettait de faire imprimer «plusieurs Mémoires curieux concernans la Philosophie, la Médecine, les Mathématiques, et les Belles Lettres [...] et mesme les traductions des mémoires intitulez Philosophical Transaction, Il Giornale de Letterati et d'autres pièces curieuses». On voit que cette énumération accorde un vaste domaine à l'ouvrage, dans les lettres autant que les sciences, et que le terme de mémoire d'abord évocateur d'observations rapportées par des témoins (Furetière), reçoit dans la suite du privilège une définition plus étroite par le rapprochement avec deux titres, l'anglais et l'italien, qui par une sorte d'antonomase renvoient à leur confrère français.

Par la dédicace au Dauphin de ces Mémoires que publiait l'éditeur des ouvrages ad usum, Frédéric Léonard, notre auteur cherchait à réfléchir sur son périodique le prestige des impressions delphiniennes pour séduire le public lettré, en plus de celui des journaux savants. D'un aspect fort proche du leur, dès le titre composé selon la même forme de bandeau, les Mémoires concernant les arts et les sciences offrirent, de février à juin 1672, 12 p. in-4° tous les quinze jours, avec une alternance de mémoires ordinaires et d'extraordinaires qui correspondit le plus souvent à la présentation d'extraits dans les premiers et d'observations scientifiques dans les seconds; Denis associait ainsi la formule du Journal de Sallo à celle des Conférences de Renaudot.

Dans ses premières livraisons le journaliste ne respecta pas l'engagement de sa Préface de ne jamais répéter le contenu du Journal des savants,mais bien vite c'est ce dernier qui comporta des nouvelles déjà proposées par les Mémoires;plutôt qu'un simple plagiat, on peut lire dans ce chassé-croisé un effet de la circulation des comptes rendus d'observations et des lettres étrangères dans les cercles savants parisiens. Les nombreux extraits de livres, vendus pour un tiers par Léonard, les lettres érudites et les mémoires traduits des périodiques étrangers, comme les sujets de tous ces articles où prédominent la médecine et la physique, mais qui touchent aussi l'histoire et effleurent même la littérature avec l'extrait de l'Origine des romans de Pierre-Daniel Huet; tout ceci justifie amplement les sentiments des contemporains: «journal déguisé», selon Henri Justel, «nouveau journal des scavants», pour Louis Ferrand, correspondant de Leibniz.

Aussi l'abbé Galloys répliqua-t-il à cette menace par une reprise de la publication du Journal dont il donna, de février à juin, six des huit numéros parus en 1672. Ayant prouvé sa volonté de continuer son ouvrage, il sut faire jouer la protection du ministre et obtint l'interdiction de son concurrent. Leibniz d'abord informé par Ferrand, puis présent à Paris jusqu'en 1674 rapporta cette affaire dans une lettre de 1678: «M. Denys fut obligé de changer ses mémoires en conférences, à cause du privilège de M. Galloys auquel ces mémoires estoient contraires».

Comme l'indique Leibniz, Jean-Baptiste Denis entreprit immédiatement un nouveau périodique, sans doute en application du même privilège, et il le publia toujours chez Léonard selon une périodicité plutôt mensuelle. Si le format in-4°, le nombre de pages de la livraison et une nouvelle dédicace au Dauphin apparentent ces Conférences présentées à Monseigneur le Dauphin aux Mémoires antérieurs dont elles partagent toujours la reliure, elles forment bien un périodique différent, indépendant par la numérotation de ses livraisons et sa pagination, l'ouvrage suivait un tout autre dessein que son aîné: éditer, après révision des brouillons qu'il en avait conservés, les conférences que Denis organisait chez lui, en général le samedi, depuis près de huit années. Reprise de l'édition des Conférences de Renaudot, la formule put aussi recevoir une influence de la publication, en 1672, par Pierre Le Gallois, des Conversations de l'Académie de Monsieur l'abbé Bourdelot que Denis avait fréquentée. Ce dernier ajouta d'ailleurs des lettres de Bourdelot aux dissertations issues de ses conférences et, comme pour sa première revue, il emprunta quelques articles de la seconde à des ouvrages étrangers.

La revue parut assez irrégulièrement; d'une part l'auteur adopta par deux fois, août et décembre 1672, un rythme bimensuel, il data aussi alternativement ses livraisons du premier ou du dernier jour du mois ce qui signifie dans le premier cas, parution au cours du même mois et dans le second, le mois suivant, et enfin il interrompit deux fois la publication. Si la première suspension de la mi-août au début d'octobre 1672 correspond aux vacances de la presse savante copiées sur celles du Parlement, la seconde de mai à décembre 1673 provient du séjour de l'auteur en Angleterre à l'appel des autorités intéressées par son eau stiptyque, un hémostatique dont il avait publié les effets dans sa onzième Conférence datée d'avril. De retour à Paris, Jean-Baptiste Denis publia encore trois numéros de sa revue avant un second départ pour l'Angleterre qui l'empêcha de donner une quinzième Conférence, annoncée pour le 1er mars 1674. En 1683, profitant de l'attrait pour les journaux médicaux qui avait déjà conduit à une réédition de ses deux revues l'année précédente chez Laurent d'Houry, Denis utilisa l'intitulé dormant pour publier chez le même libraire un mémoire consacré aux vertus du quinquina et d'une fontaine polonaise, mais il n'écouta pas les propositions de l'abbé Bourdelot de réaliser conjointement des dialogues mensuels.

A côté de la reproduction d'articles par des confrères étrangers, plusieurs éditions consacrèrent le succès de ces deux périodiques et en modifièrent la nature. Dès 1672, le libraire bruxellois Eugène-Henry Fricx donnait une contrefaçon des douze Mémoires; il s'était pourvu d'un privilège de Charles II d'Espagne le 23 avril, peu après la parution du septième numéro lorsque établie, l'entreprise semblait devoir durer, et l'absence de toute Conférence dans cette édition laisse supposer qu'il la publia au plus tard au début de l'automne. Très vite d'autres libraires l'imitèrent: en 1673, deux contrefaçons différentes parurent à Amsterdam et en 1674 il en sortit une des presses de La Haye. Ces éditions multiples relèvent de l'engouement des libraires néerlandais pour les périodiques savants, dont témoigne la réalisation d'une contrefaçon complète du Journal des savants sous le nom de Pierre Le Grand d'Amsterdam, de 1666 à 1671, qui a pu inspirer Fricx. Cet indice de succès, par un détour étranger, trouve sa confirmation à Paris dans l'existence, selon Payen, de trois impressions différentes du premier Mémoire qui attestent d'un premier tirage insuffisant et d'un développement de la demande au fil de la poursuite de l'ouvrage.

Ces quatre contrefaçons se divisent en deux groupes: d'abord celles d'un seul des deux périodiques de Jean-Baptiste Denis, les Mémoires chez Fricx en 1672 et les Conférences que Levyn Van Dick de La Haye publia en 1674 pour s'assurer un temps le marché de leur contrefaçon intégrale; puis en 1673 à Amsterdam les éditions de Pierre Michel et de Pierre Le Grand qui rassemblent les deux titres. Ces contrefaçons amstellodamoises modifient de deux façons le statut éditorial de ces revues: leur réunion dans un recueil commun les transforma en une seule revue: les Mémoires et Conférences qui ont esté présentées à Monseigneur le Dauphin, seul titre retenu par le Catalogue collectif et l'Inventaire de la presse à la suite du Catalogue de la B.N. pour désigner les deux ouvrages de Denis; de plus l'adjonction à ce titre de la mention «qui y continue le Journal des sçavans» qui permit au libraire d'attirer les acheteurs de cette autre contrefaçon, publiée par un confrère, fît passer ces deux périodiques pour un substitut du Journal, ou pour une publication pouvant suppléer à sa défaillance.

D'ailleurs les lecteurs rassemblèrent sous une même reliure une collection du Journal entrelardée des Mémoires et Conférences que le libraire d'Amsterdam inclut dans sa contrefaçon du Journal lorsqu'il imprima des réassortiments de son fonds: en 1678, Pierre Le Grand édita à la fois le Journal de 1672, les Mémoires et les Conférences des années 1672, 1673 et 1674, qu'il édita de nouveau en 1682 et 1683. Ainsi pourvus d'un nouveau titre et placés aux côtés du Journal des savants, les deux périodiques passèrent pour un prolongement de l'ouvrage qu'ils côtoyaient.

Deux rééditions parisiennes participèrent aussi au succès et à la modification de la nature de ces deux périodiques. La première réalisée par Laurent d'Houry spécialisé dans les livres médicaux date de 1682, moment où se multiplient les revues consacrées à la médecine (après celles de Blégny, le Journal de médecine de La Roque) et son titre Mémoires, conférences et observations sur les sciences et les arts enregistre la confusion des deux périodiques sous un seul nom. La seconde réédition donnée par Jean-Baptiste Delespine, en 1729 selon le Catalogue de la B.N., authentifie cette fois l'agrégation de l'ouvrage au Journal des savants par l'intitulé Supplément au Journal des sçavans des années 1672, 1673 et 1674 repris des contrefaçons néerlandaises; édition par laquelle Delespine imprimeur en 1708 et 1709 du véritable supplément, mensuel, du Journal,profitait du débouché sûr que lui procurait la grande réédition de ce dernier réalisée par Pierre Witte. Ainsi, comme pour les contrefaçons, les rééditions parisiennes manipulèrent en deux temps les revues de Denis: d'abord leur confusion, puis leur agrégation à un ouvrage plus prestigieux et toujours vivant.

La création et la vie de ces deux périodiques témoignent donc de plusieurs pratiques rédactionnelles et éditoriales. Ouvrage «quasi semblable et qui ne diffère qu'au titre» confiait Emery Bigot à Panciatichi, indiquant que pour leur dessein, la nature de leurs articles, la disposition même de ceux-ci, les contemporains voyaient dans les Mémoires un simple plagiat de la formule du Journal des savants. Denis avait tenté d'en capter le public par une réflexion de leur prestige sur ses Mémoires; mais après leur arrêt et la fin même des Conférences, le libraire qui ne pouvait plus compter sur le goût de la collection qu'induit un périodique vivant pour écouler son stock, chercha à doter ces deux ouvrages d'une nouvelle jeunesse en modifiant leur statut éditorial: reliés et pourvus d'une page portant le nouveau titre de Recueil ils pouvaient tenter une nouvelle carrière sur le marché du livre. A cette première transformation s'ajoutent celles imposées par les contrefacteurs qui enregistrèrent bien vite l'idée d'un seul périodique, puisque la couverture de deux années par l'ouvrage ainsi formé leur permettait, comme l'annonça la Préface de l'édition d'Amsterdam, de suppléer à l'interruption du Journal des savants,suivant le deuxième sens du mot supplément selon Furetière, remplir des lacunes. La publication à Paris de 1707 à 1709 d'un Supplément mensuel de la revue, qui la rendait parfaite, selon la première définition du lexicographe, entraîna nous l'avons vu, par le biais de la politique éditoriale du libraire Delespine, un glissement du sens du surtitre des Mémoires et Conférences au terme duquel, d'abord présentés comme palliatif à la suspension du Journal, ils en devinrent l'excroissance.

Ces deux périodiques nés d'un plagiat du Journal des savants se trouvèrent donc par le jeu des manipulations éditoriales de Paris et d'Amsterdam, rejetés dans l'ombre de l'ouvrage même qui leur avait servi de modèle.

Titre indexé

RECUEIL DES MÉMOIRES ET CONFÉRENCES

Date indexée

1672
1673
1674

PIÈCES FUGITIVES D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

1122
1704
1706

Titre(s)

Pièces fugitives d'histoire et de littérature anciennes et modernes : avec les nouvelles histoires de France et des pays étrangers sur les ouvrages du tems, et les nouvelles découvertes dans les arts et les sciences : pour servir l'histoire anecdote des gens de lettres.

Puis en 1705 et 1706 : Pièces fugitives anciennes et modernes, des auteurs connus et inconnus, et les fragmens de celles qu'on ne sçauroit plus trouver.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

La «première partie» parut en mai 1704 et la dernière après le 28 janvier 1706, date de son approbation. Les cinq parties sont reliées en deux volumes à la B.N. Un premier privilège local fut accordé le 27 mars 1704 (B.N., ms. f. fr. 21939, f° 105r) et enregistré le 2 mai suivant. Un second privilège en date du 26 juillet 1705 fut enregistré le 29 juillet suivant. Le Prospectus recueilli par le père Léonard de Sainte-Catherine (A.N., M 760, n° 114) n'est pas daté.

Les libraires ne respectèrent pas la périodicité bimestrielle au delà de la deuxième partie, et après les trois livraisons de 1704, l'ouvrage devint un recueil annuel en 1705 et 1706.

Description de la collection

Cinq parties in-12 : 238 p., 193 p., 190 p., 106 p. et 168 p.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Paris, chez Jean Cot, rue Saint-Jacques à l'entrée de la rue du Foin, à la Minerve, pour l'année 1704. Et à Paris, chez Pierre Giffart, rue Saint-Jacques, près les Mathurins, à l'Image Sainte-Thérèse, pour 1705 et 1706.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'abbé Anthelme TRICAUD (pseudonyme Flachat de Saint-Sauveur) et Jérôme DU PERIER (pseudonyme Sieur d'Aiglemont).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le Prospectus annonça en plus de pièces fugitives sur des sujets anciens ou modernes, des nouvelles des lettres, des sciences et du Palais. Dans sa deuxième version de 1705 et 1706, l'ouvrage se cantonna au premier point.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection étudiée : B.N., Rés. Z 2910-2911 ; autre collection : B.M. Lyon 345870.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Du Perier» et «Tricaud».

Mention dans Nouvelles de la République des Lettres, juil. 1704, p. 109. – Ancillon C, Mémoires concernant les vies et les ouvrages de plusieurs Modernes célèbres dans la République des Lettres, Amsterdam, 1709, p. XIX. – Quérard, Supercheries, t. II, p. 48.

Historique

Comme nombre de revues de la fin du XVIIe siècle et du début du XVIIIe les Pièces fugitives présentent, aujourd'hui masquées par l'uniformité de la reliure, deux aspects qui résultent d'une modification de la formule éditoriale entre 1704 et 1706.

Sollicité par Du Perier qui se disait libraire, le privilège qui fut accordé le 27 mars 1704 au Sieur Flachat de Saint-Sauveur découle des aménagements introduits par l'abbé Bignon à la direction de la Librairie : autoriser la parution d'un périodique par un privilège local réservait les droits des ouvrages protégés par un privilège général tout en faisant place à de nouveaux titres. L'abbé Anthelme Tricaud qui se dissimulait sous le pseudonyme de Flachat de Saint-Sauveur publiait depuis l'été 1702 les Essais de littérature et il poursuivit ses activités par une collaboration au Journal littéraire en 1705 et la confection, de 1705 à 1710, de nouvelles de littérature manuscrites pour les moines de la Grande-Chartreuse, toutes entreprises qui correspondaient autant à la recherche d'un revenu qu'à celle d'une position parmi les lettrés. On ne connaît pas exactement le rôle de Jérôme Du Perier dans les débuts de l'entreprise, simple collaborateur d'Anthelme Tricaud, ou véritable rédacteur qui aurait eu besoin d'un patronage auprès de la Chancellerie et des libraires.

Le Prospectus, sauvé par le père Léonard, annonça un bimestriel in-12 «de huit ou neuf feuilles d'impression» composé de deux parties : une série de pièces fugitives, anciennes ou modernes de toute nature, reliées par des transitions servant à les présenter et à les juger, après lesquelles venaient des nouvelles littéraires très variées puisqu'aux informations sur les nouveaux livres, les manuscrits, les «démêlez qui arriveront parmi les Gens de Lettres», les sciences mêmes, l'auteur ajoutait le «précis des plus célèbres causes» plaidées au Palais qu'il disait reprendre du premier projet du Journal des savants.

Trois parties parurent en 1704, la première au mois de mai, la seconde après le 17 juillet et la troisième après le 17 novembre, dates de leur approbation par les censeurs. La Préface amplifiait la présentation du Prospectus par le thème classique de la multiplication des revues depuis la fondation du Journal des savants, le journaliste relevant même pour légitimer sa propre création le récent foisonnement des revues allemandes : Nova Literaria Maris Balthici (1698), Monatlicher Auszug (1700) et Nova Literaria Germaniae (1703). Les journalistes de Hollande signalèrent l'intérêt de ces Pièces, tout en déplorant le ton critique du rédacteur qui contrairement aux usages de la confrérie se plaisait «à mordre».

La rupture du rythme bimestriel entre la deuxième et la troisième partie peut s'expliquer par les poursuites engagées contre Tricaud, sous prétexte de jansénisme ; le journaliste interrompit aussi ses Essais de littérature après le volume d'août et il fut exilé à Lyon en décembre. L'entreprise changea alors de mains : Du Perier reçut, sous le pseudonyme d'Aiglemont, un nouveau privilège en juillet 1705, et il modifia le titre de l'ouvrage et sa formule en supprimant les transitions entre les pièces publiées et en abandonnant les nouvelles littéraires et les extraits, pour «se renfermer uniquement dans ce que le titre promet» (Préface de 1705). De nouveau annoncées comme bimestrielles, ces Pièces ne parurent que deux fois (après le 23 avril 1705, et après le 28 janvier 1706) ; une possible interdiction de la quatrième partie en 1705 pourrait expliquer leur rapide disparition.

La création d'un périodique rassemblant des textes que leur faible taille rendait vulnérables répondait au souci des lettrés du début du XVIIIe siècle : Leibniz collectait ces brochures pour les bibliothèques de Hanovre et de Wolfenbüttel et la Bibliothèque volante de Jolli, parue à Amsterdam en 1700 et 1701, put inspirer le dessein des journalistes parisiens. Mais ces derniers ne réunirent pas des textes de grand intérêt et leurs présentations des nouveautés du livre et des sciences empiétèrent un peu sur le domaine du Journal des savants dont les secrétaires de rédaction, Pouchard puis Raguet, étaient justement chargés de la censure des Pièces.

L'histoire des Pièces fugitives et celle du Journal des savants se croisèrent d'ailleurs de plusieurs façons : les premières dérivaient du dessein originel du second, leur création influença peut-être la reprise, en 1704, de la publication d'une édition in-12 de celui-ci à Paris, enfin le second libraire des Pièces, Pierre Giffart, ayant pris goût aux revues littéraires publia en 1707 le Supplément mensuel du Journal.

Titre indexé

PIÈCES FUGITIVES D'HISTOIRE ET DE LITTÉRATURE

Date indexée

1704
1705
1706

MÉMOIRES DE L'EGLISE 2 *

0880
1690

Titre(s)

Mémoires de l'Eglise contenant ce qui s'y passe tous les jours de plus considérable dans toutes les parties du monde.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un volume en 1690. Privilège du 12 juillet 1689, enregistré le 29 août suivant. Un prospectus fut distribué en 1690, avant le 1er juin.

Description de la collection

Un seul volume in-4° de 788 p.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Paris, chez Jean Guignard, au Palais (à l'entrée de la Grand'Salle du Palais, à l'Image Saint-Jean). Selon le catalogue de Prosper Marchand, les Mémoires restaient en vente à Paris au début du XVIIIe siècle au prix de cinq livres.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'abbé Jean-Paul de LA ROQUE.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Recueillir ce qui se passe tous les jours de plus considérable dans le monde chrétien pour préparer la matière à une histoire de l'Eglise.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Prospectus: Maz., A 11264. On a consulté le volume B.N., H 2816.

Bibliographie

D.P. 2, art. «La Roque», et les notices Journal ecclésiastique (1680) et Mémoires de l'Eglise (1670) du présent ouvrage. – Marchand P., Catalogue général de tous les livres imprimés à Paris depuis 1650 jusqu'en 1705, Leyde, Bibliothek der Rijksuniversiteit, March. 7. – Bayle P., Dictionnaire, t. III, article «Montauban».

Historique

L'abbé de La Roque qui souhaitait prolonger son Journal des savants par des périodiques spécialisés, tenta plusieurs fois de créer une revue consacrée à l'Eglise. Le Chancelier interrompit son premier essai en 1680 et l'annonce que l'Assemblée du clergé le chargeait d'un journal ecclésiastique, publiée dans le Journal des savants du 28 mai 1685, n'eut pas de suite immédiate.

Ecarté par étapes de la rédaction du Journal des savants à partir de 1687, La Roque reprit son ancien projet pour lequel il obtint le 12 juillet 1689 un privilège l'autorisant à publier pendant huit ans des Mémoires de l'Eglise. Le prospectus distribué début 1690 annonçait la publication du premier volume de l'ouvrage pour le 1er juin et il donnait pour la présentation des manuscrits envoyés des instructions de mise en page identiques à celles des Mémoires de l'Eglise de 1670 et du Journal ecclésiastique de 1680. La parenté de ces entreprises se lit aussi dans la présence comme correspondant proposé aux lecteurs, en plus du journaliste, d'un banquier expéditionnaire en cour de Rome, ce qui témoigne de liens avec le clergé de France dont La Roque recevait une pension depuis 1681.

Les Mémoires de l'Eglise sortirent le 23 juin 1690 des presses de Jean Guignard, libraire spécialisé dans le droit, éditeur du Journal du Palais, qui avait joint son catalogue à la fin du volume. Une dédicace à l'archevêque de Paris, François de Harlay, et la mention dans un avertissement de l'approbation du projet de cette revue par l'Assemblée du clergé de 1685 assuraient les lecteurs de l'orthodoxie de l'ouvrage.

Dans leurs deux premiers livres les Mémoires présentaient une situation de l'Eglise catholique dans les diverses régions du monde, puis les quatre suivants offraient des nouvelles des années 1685 et 1686 avec une insistance particulière sur la légitimité et les bienfaits de la révocation de l'Edit de Nantes. Les informations rassemblées par La Roque ou reçues en réponse aux sollicitations de son prospectus se présentaient par diocèse sans souci de synthèse, l'auteur prétendant, comme en 1680, fournir seulement les matériaux d'une histoire de l'Eglise. Dans cet esprit il entendait aussi recueillir des pièces fugitives, tel le pamphlet Montauban justifié pour lequel Bayle l'accusa d'interprétation tendancieuse et de falsification.

Le décès de l'abbé de La Roque, en octobre 1691, éteignit avec cet unique volume une entreprise dont la périodicité reste incertaine: les délais pour réunir les nouvelles et la nécessité de laisser le temps éteindre les controverses n'auraient-ils pas conduit l'auteur à choisir une formule intermédiaire entre le périodique et le recueil à l'exemple du Journal du Palais ?

Titre indexé

MÉMOIRES DE L'EGLISE 2 *

Date indexée

1690

JOURNAL ECCLÉSIASTIQUE 1 *

0726
1680

Titre(s)

Journal ecclésiastique ou Mémoires de l'Eglise.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Projet de l'abbé de La Roque cherchant à utiliser le privilège qu'il avait reçu le 26 avril 1679 pour le Journal des savants. Deux prospectus, l'un en français, l'autre en latin, furent distribués en 1680.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, chez Florentin Lambert et Jean Cusson, rue Saint-Jacques, à l'Image de Saint-Jean-Baptiste.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'abbé Jean-Paul de LA ROQUE.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus annonça un mémoire des nouvelles touchant l'Eglise, établi dans l'ordre de leur réception.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Les deux prospectus sont conservés, B.N., H.P. 280.

Bibliographie

Le Journal des savants du 20 janvier 1681 annonça la parution prochaine du Journal ecclésiastique.

Pour plus de détails et la place dans les entreprises éditoriales de l'abbé de La Roque, voir la deuxième partie de notre thèse consacrée au Journal des savants (à paraître).

Historique

Rédacteur du Journal des savants, l'abbé de La Roque essaya plusieurs fois de prolonger celui-ci par des revues spécialisées; le Journal ecclésiastique fut la première de ces tentatives.

Deux prospectus, l'un en français, l'autre en latin, distribués sans doute au cours de l'année 1680, annoncèrent pour janvier 1681 la parution d'un mensuel intitulé Mémoires de l'Eglise destiné à présenter selon l'ordre de leur réception les nouvelles religieuses que l'auteur du Journal des savants entendait séparer de celui-ci, et qui devait être publié par la récente association du libraire Florentin Lambert et de l'éditeur du Journal des savants, Jean Cusson.

La mention de l'avocat de La Noue comme destinataire des lettres et des paquets et la reprise dans le prospectus de nombreux passages du «Dessein» des Mémoires de l'Eglise de 1670 témoigne d'un lien entre les deux entreprises. La fin de la première provint de son empiétement sur le domaine du Journal, et la seconde naquit de l'inclusion explicite des «matières ecclésiastiques» dans le privilège accordé à l'abbé de La Roque en 1679, qui obligea les promoteurs de la première tentative à s'entendre avec lui.

Le Journal des savants du 20 janvier 1681 avisa ses lecteurs que le rédacteur préparait depuis le début de l'année un recueil journalier des principaux événements touchant l'Eglise qui s'intitulerait Journal ecclésiastique ou Mémoires de l'Eglise, modification du titre qui peut s'expliquer par l'utilisation du privilège du Journal des savants et le désir de profiter de sa renommée. Pourtant l'ouvrage ne parut pas et La Roque, bénéficiaire à partir de 1681 d'une pension de l'Assemblée du clergé, continua de donner quelques informations religieuses dans le Journal des savants.

L'abandon de ce projet de Journal ecclésiastique s'explique sans doute par une intervention du Chancelier attentif à un strict usage des privilèges, soucieux d'écarter toute possibilité de polémique religieuse et peu désireux de voir publier un périodique lié au clergé. La Roque réalisa néanmoins son dessein en 1690, sous le titre de Mémoires de l'Eglise, lorsqu'il eut quitté la rédaction du Journal des savants.

Titre indexé

JOURNAL ECCLÉSIASTIQUE 1 *

Date indexée

1680

JOURNAL DU PALAIS *

0723
1672
1695

Titre(s)

Journal du Palais ou Recueil des principales décisions de tous les Parlemens et Cours Souveraines de France.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

19 mai 1672-13 septembre 1674. Publication en livraisons formant 3 volumes, f° 114r. Second privilège le 24 août 1676.

Hebdomadaire du 19 mai 1672 au 13 septembre 1674 (16 livraisons pour le premier volume, 41 pour chacun des deux suivants), puis volumes sans périodicité régulière.

Description de la collection

Chacun des trois premiers volumes est qualifié de «partie», le premier compte 210 p., onze autres environ 500 p. chacun. Les livraisons hebdomadaires comptent en général 12 p. Format in-4°, 170 x 240 (Inst.), pagination continue. A la page de titre du 1er volume les armes de France, à celle des volumes suivants les armoiries des de Mesmes.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Paris, chez Denis Thierry, rue Saint-Jacques à l'enseigne de la Ville de Paris, et Jean Guignard, à l'entrée de la grand-salle du Palais. Imprimeur Denis Thierry, mentionné dans le J. du P.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Gabriel GUÉRET associé à Claude BLONDEAU.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Arrêts de Parlements et Cours souveraines de France. Chacun des trois premiers volumes possède une table des questions dans l'ordre des numéros. Le 4e volume offre une table cumulative des matières traitées dans les quatre premières parties. Chacun des huit volumes suivants possède sa propre table. On trouve une table manuscrite dans le 12e volume de la collection de l'Institut.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées: B.N., F 19823, F 12670-12681, F 2121-2122, F 2123-2124 et F 2125-2126; Ars., Fol J 934I; Inst., 4°L I64A-F avec l'aide de Pierre Burger; B.M. de Meaux; B.L., 1127 K 18 (9); Herzog August Bibl. Wolfenbüttel, Rf 31 (cette collection a appartenu à Joseph Ancillon).

Bibliographie

B.H.C., p. 59; D.P. 2, art. «Blondeau» et «Guéret».

On compte 5 rééditions (les indications du catalogue de la B.N. sont inexactes). En 1679 la 1re et la 2e partie, en 1682 la 5e partie, en 1701 les 12 parties remaniées en 2 volumes in-folio, eux-mêmes réédités en 1713, 1727 (mentionné par Barbier, pas rencontré dans les fonds consultés) et 1755.

Sources manuscrites: B.N., ms. f. fr. 21741; B.U. Leyde, March. 7, [March].

Mentions dans la presse du temps: Histoire des ouvrages des savants, septembre 1690. Mercure, juin 1737, t. II, p. 1286 et suiv.

Historique

Empruntant son nom au registre où les tribunaux consignaient leurs activités quotidiennes, et s'inscrivant dans une longue tradition de recueils d'arrêts, le Journal du Palais innova à la fois par la publication périodique et la sélection de décisions éditées avec des remarques, ce qui le destinait autant à l'information qu'à l'étude.

Ses deux auteurs, les avocats Gabriel Guéret et Claude Blondeau connurent une carrière assez différente: le premier lancé dans les cercles mondains écrivit un petit manuel de la réussite à la Cour, plusieurs œuvres précieuses et assura l'édition d'ouvrages de droit civil, alors que le second, aîné des deux amis, s'intéressait plus spécialement au droit ecclésiastique. Ces deux juristes obtinrent conjointement, le 6 février 1672, un privilège qu'ils ne tardèrent pas à faire enregistrer, le 12 du même mois. Il les autorisait à publier pendant dix ans un «recueil des principales décisions de tous les parlemens et cours souveraines de France», ce qui reprenait une partie du privilège d'août définissant le champ du Journal des savants dont Guéret et Blondeau captèrent aussi un peu du prestige en plagiant son titre. Mise en vente le jeudi à partir du 19 mai 1672, la nouvelle publication profitait aussi du dépérissement de son aînée, donnée seulement quatre fois depuis le début de l'année par l'abbé Gallois.

Les auteurs n'entendaient pas présenter les nouvelles décisions, mais des arrêts parisiens et provinciaux choisis, sans ordre chronologique, pour couvrir les diverses matières de la jurisprudence. La sélection des arrêts, la volonté d'une édition exacte et l'ampleur des commentaires joints à la publication hebdomadaire destinaient, selon l'avertissement, l'ouvrage à l'étude, mais convoitant aussi la clientèle des parties gagnantes désireuses d'une large publicité, les journalistes offrirent d'insérer leurs sentences. La périodicité de la nouvelle revue s'inspirait du modèle de la Gazette, déjà copiée par le Journal des savants; à un rythme hebdomadaire, s'ajouterait la parution d'extraordinaires consacrés à «de grandes questions, qu'on ne pourrait renfermer dans les trois cahiers que l'on s'est prescrits», les auteurs ayant adopté une publication par livraisons pour laisser «toujours le lecteur dans le désir d'une suite».

Réalisées par deux libraires spécialisés dans le droit, Denis Thierry établi rue Saint-Jacques qui les imprimait et Jean Guignard installé au Palais, les livraisons in-4° de 12 p. (parfois doublées ou quadruplées), vendues 5 s., recevaient un paraphe (au nom de Dumas ou de Richer) pour éviter, disait la préface, «qu'on ne contrefasse cet ouvrage et qu'on ne le corrompe»; mais les contrefacteurs de périodiques pratiquaient peu l'in-4°, aussi cette marque quasi-notariale visait plutôt à suggérer l'exactitude des textes publiés. Les journalistes ne se contentèrent pas de respecter les vacances du Parlement, autour de la Saint Martin, mais pour bien marquer la spécialité de leur Journal et le public visé, ils les choisirent aussi comme césure d'une année qui compta après les seize numéros de 1672, quarante et une livraisons pour chacun des deux volumes suivants, après lesquels la publication s'interrompit pendant deux ans.

Une livraison présentait en général deux ou trois arrêts, au moins un de Paris, et les auteurs ayant «établi des Correspondances dans tous les lieux», un choix de décisions provinciales provenant surtout de Toulouse et d'Aix dans la première partie. Chaque article s'annonçait par un assez copieux sommaire que suivaient une analyse du jugement, puis des commentaires des journalistes qui traitaient «amplement les questions de part et d'autre» (Histoire des ouvrages des savants)et joignirent une table des questions d'une douzaine de pages à chacun des trois premiers volumes.

Interrompu l'année de la reprise du Journal des savants et d'une révision des privilèges, le Journal du Palais parut de nouveau en 1676 en vertu d'un second privilège, accordé cette fois au libraire Guignard et allongeant le monopole d'édition à vingt ans. Cette reprise correspondit à une modification plus importante, celle de la périodicité: abandonnant les livraisons hebdomadaires, les auteurs passèrent alors à des volumes qu'ils donnèrent sans périodicité fixe, mais le plus souvent tous les deux ans, et après la mort de son ami, Blondeau poursuivit seul l'ouvrage jusqu'en 1695. La modification de la forme de publication s'accompagna aussi de l'adjonction de nouvelles tables; le quatrième tome offrit en 1676 une table des matières et une autre «des personnes qui sont parties dans les arrêts» qui couvraient les journaux déjà parus, puis chacun des huit volumes postérieurs posséda les siennes.

«Le goust du public pour cet ouvrage» (H.O.S.)imposa dès 1679 la publication, à côté d'un sixième tome, de rééditions des deux premiers volumes ce qui mobilisa très tôt cette année l'une des cinq presses de Denis Thierry, comme en témoigne le procès-verbal de la visite des syndics et adjoints de la communauté des libraires et imprimeurs du vendredi 10 mars 1679 (ms. f. fr. 21741, f° 13). Cette réédition qui se poursuivit en 1682 avec le volume cinq parallèlement à la publication du huitième tome du recueil, entraîna l'introduction dès 1679 de la mention «achevé d'imprimer pour la première fois», révélatrice du souci d'authentification appliqué cette fois à la différenciation des impressions.

En 1699, «comme il estoit devenu très cher et que les premiers volumes manquoient» (March.), les deux libraires entreprirent une édition remaniée. Ils réunirent en deux folios toute la matière publiée de 1672 à 1695, substituèrent à l'ordre des livraisons un classement chronologique des arrêts qu'ils enrichirent par «une conférence de ceux qui ont du rapport, ou qui semblent contraire, afin de lier davantage les matières pour la commodité des lecteurs»; souci auquel répondait aussi la compilation de trois tables, des questions, des matières et des noms des parties, la première en tête des volumes et les deux autres à la fin de l'ouvrage. Achevé d'imprimer à l'été 1701, ce recueil, vendu 36 livres selon Prosper Marchand, connut plusieurs rééditions jusqu'au milieu du XVIIIe siècle; les catalogues de bibliothèques mentionnent celles de 1713, 1737, 1755 et Barbier en indique une autre datant de 1727.

«On ne sçaurait assez bien exprimer avec quel applaudissement le Journal du Palais... a été reçu dans le public», écrivit le Mercure de juin 1737 attestant le succès de l'ouvrage dans la première moitié du XVIIIe siècle que confirme la présence de ses collections dans les bibliothèques privées, spécialement de robins.

Ainsi le Journal du Palais offrit au public parisien le premier essai d'un périodique spécialisé et quasi professionnel: dans un champ restreint, il se proposait de faciliter, grâce à une publication hebdomadaire, l'étude des décisions des tribunaux ou de leur commentaire par l'un des auteurs et la préface de la réédition de 1701 s'adressait même plus spécialement aux jeunes gens, leur présentant «la règle de leurs études» et des «modèles pour se former». La reliure des tables en tête d'une des trois premières années du Journal, assez souvent rencontrée, répondait peut-être à cet usage studieux.

La disponibilité élargie d'arrêts des tribunaux, du choix des auteurs ou à la demande d'une partie, inspira la réflexion de Basnage de Beauval, «il [J.du.P.]fait revenir les parties... devant le public... comme devant un tribunal secret et privé» (H. O.S.),dans laquelle, par assimilation de l'examen raisonné de la jurisprudence à la critique littéraire, le journaliste de Rotterdam étendait le domaine de la réflexion privée jusqu'aux portes du politique.

Enfin avec ses éditions successives qui passent des livraisons aux volumes, puis effacent les marques de périodicité, le Journal du Palais, dont le titre même jouait sur l'idée de registre, de mémoire, montre qu'à la fin du XVIIe siècle la forme périodique ne s'était pas encore dégagée du modèle livresque.

Titre indexé

JOURNAL DU PALAIS *

Date indexée

1672
1673
1674
1675
1676
1677
1678
1679
1680
1681
1682
1683
1684
1685
1686
1687
1688
1689
1690
1691
1692
1693
1694
1695

JOURNAL DES SAVANTS

0710
1665
1792, 1797

Titre(s)

Le Journal des sçavans (1665-1674).

Modifications du titre: Journal des sçavans (1675-1682); Journal des savants ou recueil succint et abrégé de tout ce qui arrive de plus surprenant dans la nature, et de ce qui se fait et se découvre de plus curieux dans les arts et dans les sciences (1683-1686); Le Journal des sçavans (1687-1696); Le Journal des savans (1697-1701); Le Journal des sçavans (1702-1790); Journal des savans (1791 et 1792).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

5 janvier 1665-novembre 1792. Après l'essai d'un semestre du 15 nivôse au 30 prairial an V (4 janv.-19 juin 1797), la parution reprit en 1816.

Liste des privilèges retrouvés, classés selon la date de leur attribution: 8 août 1665, à Denis de Sallo, 20 ans. 30 mai 1669, à l'abbé Jean Gallois, 12 ans. 26 avril 1679, à l'abbé Jean-Paul de La Roque, 12 ans. 4 mai 1692, à Jean Cusson, 10 ans. 7 août 1701, à Jean Cusson, 20 ans. 30 juin 1714, à l'abbé Jean-Paul Bignon, 15 ans. 8 juillet 1729, à l'abbé Jean-Paul Bignon, 15 ans.

Prospectus du t. X de la Table de Claustre, p. III: «De là vient encore que le Privilège du Journal des sçavans n'appartient à aucun Auteur, c'est à M. le Chancelier seul qu'il appartient, et s'il est ordinairement expédié sous le nom de quelque homme de Lettres connu, c'est uniquement parce que M. le Chancelier ne peut pas se le donner à lui-même». 11 avril 1746, à Claude Gros de Boze, 10 ans. 1er janvier 1756, à Alexandre Conrad Fugère, 15 ans.

Un arrêt du Conseil du 16 avril 1785 interdit, spécialement aux Affiches de province, d'annoncer aucun ouvrage avant qu'il ait été signalé par le Journal des savants ou le Journal de Paris.

On n'a pas rencontré de prospectus du Journal.

En théorie hebdomadaire, la périodicité du J.S. varia souvent de 1665 à 1723. Il devint mensuel en 1724 et le resta jusqu'en 1792, avec 14 cahiers par an (deux en juin et en décembre).

Les volumes in-4° rassemblent soit jusqu'à 40 livraisons, soit 12 ou 14 cahiers.

Description de la collection

Les volumes rassemblent soit des livraisons plus ou moins hebdomadaires, soit des cahiers mensuels. De 1665 à 1701, ils comptent de 300 à 600 p., de 600 à 800 entre 1702 et 1723 et à partir de 1724 de 800 à 900 p.

En raison du massicotage, les dimensions d'une page varient d'une reliure à l'autre: de 160 x 220 à Constance, à 190 x 250 à Châteaudun et à Strasbourg.

Les illustrations, particulièrement nombreuses dans les années 1670, se raréfient par la suite et concernent surtout des figures mathématiques.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les libraires éditeurs du J.S. furent successivement: – 1665-1682, Jean Cusson, rue Saint-Jacques à l'Image de Saint-Jean-Baptiste. – 1683 et 1684, Jean Cusson, rue Saint-Jacques à l'Image de Saint-Jean-Baptiste, et Florentin Lambert, rue Saint-Jacques devant Saint-Yves en 1683, et rue Saint-Séverin en 1684. – 1685-1704, Jean Cusson, rue Saint-Jacques à l'Image de Saint-Jean-Baptiste. – 1705-1714, la veuve Cusson, rue Saint-Jacques à l'Image de Saint-Jean-Baptiste. – 1715-1722, Pierre Witte, rue Saint-Jacques, vis-à-vis la rue de la Parcheminerie, à l'Ange Gardien. – 1723, Théodore Le Gras, au Palais, au Troisième Pilier de la Grand Salle, à L couronnée. – 1724, Noël Pissot, quai des Grands Augustins, à la descente du Pont Neuf, à la Croix d'Or. – 1725 - janvier 1727, Philippe Nicolas Lottin, rue Saint-Jacques, près Saint Yves, à la Vérité, et Hugues Daniel Chaubert, quai des Augustins, entre la rue Gist-le-Cœur et la rue Pavée, à la Renommée. – Février 1727-1745, Hugues Daniel Chaubert, à l'entrée du quai des Augustins, du côté du pont Saint-Michel, à la Renommée et à la Prudence. (On lit à la fin des volumes de 1728 et de 1729: «De l'imprimerie de H. S. D. Gissey, rue de la Vieille Bouderie, à l'Arbre de Jessé»). – 1746-1752, Gabriel-François Quillau, rue Galande, près la place Maubert, à l'Annonciation. – 1753-1755. la veuve Quillau, rue Galande, près la place Maubert, à l'Annonciation. – 1756-1762, Michel Lambert, rue de la Comédie-Française, au Parnasse. – 1763 - mars 1766, Charles-Joseph Panckoucke, rue et à côté de la Comédie-Française, au Parnasse. – Avril 1766 - 1778, Jacques Lacombe, quai de Conti, puis à partir de septembre 1768, rue Christine, et en 1777, rue de Tournon. – 1779-1790, Au Bureau du Journal de Paris, rue du four Saint-Honoré, puis en 1780, rue de Grenelle Saint-Honoré, près de celle du Pélican, et, en 1787, 11 rue Plâtrière. – 1791-1792, De l'Imprimerie des Sourds et muets, dans l'ancienne maison claustrale des Célestins, près l'Arsenal.

On trouve des annonces pour l'abonnement au J.S. dans le Journal du palais en 1778 (vendredi 16 oct.) et les années suivantes; ainsi que dans le J.S. de 1783. L'abonnement aux éditions in-4° et in-12 coûtait alors 16 £ pour Paris et 20 £ 4 s. pour la province.

La bibliothèque Mazarine conserve dans ses archives deux registres intitulés «Recette-dépense 1771, 1772, 1773» et «Recette-dépense 1788 et 1789, 1790 et 1791» où figurent des achats et des abonnements à des périodiques. Le J.S. y côtoie Trévoux, le Journal de Verdun, L'Année littéraire, le Journal de physique, les Nova acta eruditorum, etc. Ces mêmes archives possèdent trois reçus d'abonnement au J.S. pour 1790, 1791 et 1792.

La collection du J.S. conservée à la bibliothèque de l'Arsenal, indique des prix de vente et de reliure sur la garde finale des volumes 1675-1676, 1679-1680 (cote 4° H 8909), et des volumes 1699-1700, 1701 (cote 4° H 8910). Le ms. f. fr. 22133 de la B.N. renferme au f° 128 un «Etat des exemplaires restans du journal des sçavans, extrait de l'inventaire de la veuve Quillau» qui indique le nombre de volumes invendus des années 1746 à 1752, des éditions in-4° et in-12.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Au fondateur et premier rédacteur du Journal des savants, Denis de SALLO, succédèrent l'abbé Jean GALLOIS (1666-1674), l'abbé Jean-Paul de LA ROQUE (1674-1687), le président Louis COUSIN (1687-1701) et l'abbé Jean-Paul BIGNON (1701-1714, puis 1723-1739) qui créa un bureau de rédacteurs.

La liste de ses membres de 1702 à 1792 a été compilée d'après les sources suivantes: Paris, B.N., ms. f. fr. 22073, f° 39, liste des censeurs royaux du 27 février 1758, f° 78-81, liste des censeurs royaux du 22 mars 1762. Ms. f. fr. 22133, f° 239, les rédacteurs en 1760. «Mémoire historique» du t. X de la Table du J.S. de l'abbé de Claustre. Almanach des beaux-arts de 1752 et 1753. F.L. de 1758. Journal des savants du 13 juin 1718, de 1779, 1783, 1784 et 1791. Après les prénom et nom du rédacteur, on trouvera ses distinctions, les dates de sa participation au Journal, et parfois sa fonction. Les dates entre crochets signalent un renouvellement de bureau; dans ce cas les rédacteurs sont classés selon l'ordre alphabétique, sinon ils sont placés à leur date d'entrée au bureau:

[1702] Nicolas ANDRY, 1702-1739; Louis-Elies DUPIN, 1702-1703; Bernard Le Bovier de FONTENELLE, Ac. fr., Ac. sc., 1702; Julien POUCHARD, Ac. I.B.L., 1702-1705; Etienne RASSICOD, censeur droit, 1702-1708; René AUBERT DE VERTOT, Ac. I.B.L., 1702-1706. Joseph SAURIN, Ac. sc., 1702-1708 (et 1739-1744); Joseph-François BIGRES, 1703; Gilles-Bernard RAGUET, 1705-1721.

[1706] Pierre-Jean BURETTE, Ac. I.B.L., 1706-1739; Claude-François FRAGUIER, Ac. fr., Ac. I.B.L., 1706-1710; Matthieu TERRASSON, censeur?, 1706-1713.

MIRON, 1707-1708; abbé HAVARD, 29 déc. - 4 juil. 1709; Louis de HÉRICOURT, 1714-1736; PASTEL, 1721-1723, volontaire et surnuméraire; Pierre-François Guyot DESFONTAINES, 1723-1727; Jean-Baptiste SÉNAC, Ac. sc., S.D.; Louis MANGENOT, 1727-1731; Jean-François DU BELLEY DU RESNEL, Ac. I.B.L., 1731-1736; Denis-François SECOUSSE, censeur, Ac. I.B.L.,? - (1733) -?; Nicolas Charles Joseph TRUBLET, Ac. fr., 1736-1739; abbé JOURDAIN, 1736-1739.

[1739] Jean-Baptiste DU BOS, Ac. fr., 1739-1741; MONTCARVILLE, censeur, 1739-1752; François Augustin PARADIS DE MONCRIF, censeur, Ac. fr., 1739-1743; Joseph SAURIN, Ac. sc., 1739-1744 (cf. 1702), René VATRY, 1739-(1741 ou 1751).

Jean-Jacques BRUHIER D'ABLAINCOURT, censeur, 1742-1752, collaborateur; François GEYNOZ, Ac. I.B.L., 1744-1751; de MONDYON, 1744-1745; HUEZ, 1745-1747; Claude GROS DE BOZE, Ac. fr., Ac. I.B.L., 1752-1753; Augustin BELLEY, Ac. I.B.L., 1749-1752; François Antoine JOLLY, censeur, janvier-août 1750; Louis Anne LA VIROTTE, 1750-1759; (Goujet à Grosley, 23 oct. 1752: «M. l'abbé Bellet [Augustin Belley] m'a informé que ni lui ni aucun de ceux qui travaillent avec lui au Journal des savants n'avaient plus aucune part à cet ouvrage. On a formé une société toute nouvelle dont on refuse de nommer les membres.»)

[1752] Pierre BOUGUER, Ac. sc., 1752-1755; Charles Georges COQUELEY DE CHAUSSEPIERRE, censeur droit, 1752-1792; Gabriel Henri GAILLARD, censeur belles-lettres, Ac. fr., Ac. I.B.L., 1752-1792; Joseph de GUIGNES, censeur belles-lettres, Ac. I.B.L., 1752-1792; JOUVIGNY, 1752-?; Marc d'ALVERNY DE LA PALME, 1752-1759; MAIRANDE (SAVIGNY), 1752-1753; Jean-Jacques DORTOUS DE MAIRAN, Ac. fr., Ac. sc., Fellow R.S., 1752-?; de PASSE, 1752-1758.

Alexis-Claude CLAIRAUT, censeur mathématiques, collaborateur 1734-1755 puis rédacteur 1755-1792; Louis DUPUY, censeur belles-lettres, Ac. I.B.L., 1758-1792; LA DAINTE, 1759?; Alexandre Conrad FUGÈRE, 1753-1758; Paul-Joseph BARTHEZ, censeur histoire naturelle, médecine et chimie, Ac. I.B.L., Ac. sc., 1759 (puis en 1783); C.P. JONVAL, 1760-1764, correcteur; Pierre-Joseph MACQUER, Ac. sc., Soc. roy. méd., 1760-1792.

[1779] Louis Jean Marie d'AUBENTON, Ac. sc., 1779-1792, assistant; Jean-Jacques BARTHÉLÉMY, Ac. fr., Ac. I.B.L., 1779-1792, assistant; Louis Georges Oudart FEUDRIX DE BRÉQUIGNY, Ac. fr., Ac. I.B.L., I779-(au moins 1784), assistant; Louis COTTE, membre correspondant, Ac. sc., 1779-?, collaborateur pour la météorologie; Etienne LAURÉAULT DE FONCEMAGNE, Ac. fr., Ac. I.B.L., 1779; Jérôme Joseph LE FRANÇOIS DE LALANDE, Ac. sc., 1779-1792, auteur; abbé VASSEUR, 1779-1784?, collaborateur pour les extraits.

Paul-Joseph BARTHEZ, 1783 (cf. 1759), collaborateur pour les mémoires; Antoine Alexis François CADET DE VAUX, 1783, collaborateur pour les mémoires; DU CARLA (Marcelin Ducarla-Bonifas?), 1784, collaborateur.

[1791] Hubert Pascal AMEILHON, Ac. I.B.L., 1791-1792; Jean-Sylvain BAILLY, Ac. fr., Ac. I.B.L., Ac. sc., 1791-1792, assistant; Louis Félix GUINEMENT DE KÉRALIO, Ac. I.B.L., 1791-1792, auteur; François-Jean-Gabriel de LA PORTE DU THEIL, Ac. I.B.L., 1791-1792, assistant; Alexandre-Henri TESSIER, 1791-1792, auteur; de VOZELLE, 1791-1792, auteur.

Le Journal des savants ayant accueilli dès son origine des contributions extérieures, sous forme de mémoires ou de lettres, la liste des collaborateurs occasionnels serait considérable.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

En tête de son premier numéro, le Journal se donna comme domaine «ce qui se passe de nouveau dans la République des lettres»; extraits de nouveaux livres, nécrologies de savants et d'auteurs célèbres, comptes rendus d'expériences, d'observations et d'inventions, décisions des tribunaux séculiers ou ecclésiastiques. Au cours du temps, la revue abandonna ce dernier point et délaissa les ouvrages littéraires qu'elle avait présentés à ses débuts.

La publication de tables annuelles commença probablement avec celle de 1665 dans les débuts de 1666, puis la table de cette année accompagna sa dernière livraison. En 1675, l'abbé de La Roque donna un Catalogue des livres de l'année qui devint bientôt une Bibliographie systématique.

Cornelis a Beughem procura en 1680, sous le titre La France sçavante (chez Abraham Wolfgang, à Amsterdam) les sommaires des contrefaçons du Journal accompagnés d'un index des noms d'auteurs et d'un autre systématique par facultés. Chacune de ces trois tables renvoie aux pages des contrefaçons. Quatre volumes suivirent; II et III en 1682, IV en 1684 et V en 1685 (H.A.B. Wolfenbüttel).

Pierre Witte enrichit certaines de ses rééditions de catalogues, améliorés soit par la distinction entre les auteurs et les anonymes, soit (année 1680) en retenant plusieurs mots-vedettes pour chaque extrait, dans le but de réaliser «une espèce de Dictionnaire littéraire ».

La première table analytique réalisée par l'abbé de Claustre parut en dix volumes chez Briasson, à partir de 1753; Table générale des matières contenues dans le Journal des savans, de l'édition de Paris. Ses entrées renvoient aux deux éditions in-4°. Le dixième volume, publié en 1764 cinq ans après le précédent, fut annoncé par un prospectus, diffusé peu après le départ de Malesherbes, par le Journal,«après les Académies, le monument le plus glorieux de Louis le Grand et du grand Colbert pour les Arts et les Sciences», et dont il offrait un rapide historique. L'Institut catholique en conserve un exemplaire.

Il existerait une table des années 1665-1753 de la contrefaçon, réalisée par Robinet en deux volumes in-12, et celle des années 1754-1763 se trouverait dans le volume LXXIX de la contrefaçon combinant les Mémoires de Trévoux au J.S.

On rencontre des tables manuscrites du Journal dès les années 1670; ainsi les papiers de Leibniz, conservés à la Nieder-sächsische Landesbibliothek de Hanovre, renferment une table du contenu de chaque livraison du 5 janvier 1665 au 15 février 1677.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

On a particulièrement étudié les collections parisiennes de la B.N., Ars., B.H.V.P., de la Faculté de médecine, de l'Institut catholique, de l'Ecole des mines, de l'Ecole vétérinaire; et à l'étranger celles de l'Herzog August Bibliothek de Wolfenbüttel. A quoi s'ajoute une enquête personnelle et postale auprès de cent quatre-vingts bibliothèques en France et à l'étranger sur la période 1665-1715 qui fournit aussi des renseignements pour les années postérieures.

La bibliothèque de l'Arsenal conserve sous la cote 4° H 89102 une livraison d'octobre 1783 non coupée. Elle comprend huit cahiers in-4° cousus en leur milieu et couverts d'une feuille de papier blanc.

Dans la vente de la collection Henri Lavedan, du 1er février 1929, figura un volume de la contrefaçon de Hollande du Journal,du 4 juin au 17 décembre 1696, relié en veau fauve aux armes de Madame de Pompadour, avec un ex-libris manuscrit «Bibliothèque Crozat».

Bibliographie

H.G.P.F., t. I. Camusat D.F., Histoire critique des journaux, Amsterdam, F. Bernard, 1734, dont beaucoup d'affirmations doivent être soigneusement recoupées, fournit surtout d'intéressants jugements sur le contenu des périodiques et le style de leurs articles.

Les rééditions du Journal ont été établies d'après les collections de la B.N., l'Arsenal, la Sorbonne, l'Ecole polytechnique, la Faculté de médecine de Paris, l'Observatoire de Paris, B.M. de Blois. En dehors d'une série de livraisons rééditées à la fin des années 1670, on trouve dans les collections du J.S. deux rééditions systématiques:

Celles de Pierre Witte s'étendent de 1717 à 1738: en 1717 l'année 1676; en 1718: 1677; en 1723: 1665; en 1724: les années 1672, 1674, 1675 et 1678; en 1728: les années 1669, 1670, 1671 et 1679; en 1729: 1666, 1667, 1668 et 1690, 1691, 1692 et 1693; en 1730: 1680 et en 1738: 1704.

Et celles d'Antoine-Claude Briasson, livrées à ses souscripteurs de 1742 à 1744 dont on n'a trouvé que l'année 1683, rééditée en 1741. Le prospectus annonçant la réédition de Briasson en 63 volumes, ses particularités et les conditions de souscription est conservé à la bibliothèque Mazarine sous la cote A 15456 pièce 83; la pièce 84 de la même cote est la circulaire du 20 novembre 1741 que Briasson destinait à ses confrères et qu'il adressa au T.R.P. Baizé de la Doctrine chrétienne.

Les rééditions non datées, portant un fleuron utilisé par Noël Pissot, concernent les années 1681, 1682, 1684, 1685, 1686, 1688, 1689, 1695, 1696, 1697, 1698, 1699, 1700, 1701, 1705, 1706, 1707, 1708, 1709, 1710, 1711, 1712, 1713 et 1714.

On trouve encore une réédition de l'année 1694, sans date, portant un fleuron utilisé par Pierre Witte en 1702, et une de l'année 1687 portant un autre fleuron.

Pour un tableau des contrefaçons du Journal jusqu'en 1715, nous renvoyons à notre étude publiée dans Les Presses grises et citée infra, et nous signalons l'existence de cahiers non coupés des livraisons in-12 de mars et de mai 1751 à l'H.A.B. de Wolfenbüttel, sous la cote Lm 4122 (Ephemerides Eruditorum).

D'après une annonce du Journal de la librairie du 4 oct. 1783, la collection in-12 des années 1665-1783 comprenait alors 373 volumes, et Delisle de Sales en compta 430 jusqu'en 1792.

Les mentions dans la presse du temps sont innombrables, on signalera seulement l'intérêt du Journal de la librairie et du Journal de Paris pour l'histoire de notre revue et de ses concurrents (par exemple J. de Paris du 10 juin 1778, souscription pour la Correspondance générale de La Blanchardière, 23 mars et 3 mai 1779 sur la réorganisation de la rédaction, 15 décembre 1779 vente d'une collection complète).

Sources manuscrites: pour la période 1665-1714, on consultera la thèse de Jean-Pierre Vittu (à paraître). On trouve, pour le XVIIIe siècle, un certain nombre de documents à la B.N., ms. f. fr.; 21963 (p. 195 cession du privilège par Lambert à Panckoucke), 22133 (contrats de 1736 et 1746 avec le libraire. Négociations sur les redevances du libraire du J.S. à ses rédacteurs, et celles des journaux enfreignant son privilège. Procès-verbaux s.d. de réunions du bureau du J.S. Liste d'une distribution de livres par rédacteurs), 22135 (plusieurs pièces concernant les redevances du Conciliateur à Lambert), 22073 (f° 7, contrat du 17 avril 1754 entre Fugère et Lambert).

La lettre de Margency du 15 novembre 1759, proposant à Jean-Jacques Rousseau une place de rédacteur au J.S. pour l'histoire et les belles-lettres (probablement celle libérée par le décès de l'abbé de La Palme, le 11 du même mois), aux appointements annuels de 800 £, contient d'intéressants détails sur le fonctionnement de la rédaction (Leigh 888).

Deux études restent fondamentales et fournissent la majeure partie de la bibliographie antérieure (à compléter avec H.G.P.F.): Paris G., «Le Journal des savants», Journal des savants, janv. 1903, p. 93-130. – Birn R., «Le Journal des savants sous l'ancien régime», Journal des savants, 1965, p. 15-35.

Parmi les nombreuses études qui abordent, ou évoquent, cette revue on citera: – Birn R., «The French-language press and the Encyclopédie, 1750-1759», Studies on Voltaire, t. LV, 1967, p. 263-286. – Ehrard J. et Roger J., «Deux périodiques français du XVIIIe siècle: Le Journal des savants et Les Mémoires de Trévoux. Essai d'une étude quantitative», dans Livre et société dans la France du XVIIIe siècle, Paris et La Haye, 1965, p. 33-59. – Lebrun F., «Les affiches d'Angers, I773-I789», Le Mouvement social, juil. 1962, p. 56-73, sur la présence du J.S. dans un cabinet de lecture provincial. – Vittu J.P., «Les contrefaçons du Journal des savants de 1665 à 1714», dans Les Presses grises. La contrefaçon du livre (XVIe-XIXe siècle), textes réunis par F. Moureau, Paris, 1988, p. 303-331; Idem, «Diffusion et réception du Journal des savants (1665-1714)», dans La Diffusion, p. 167-175; notre thèse consacrée au J.S. de 1665 à 1714 (à paraître).

On consultera aussi dans le présent ouvrage, les notices Journal de médecine, 1 et 2, Journal du Palais (1672-1695), Mémoires de l'Eglise (1690), Nouvelles sur les sciences (1665-1666), Recueil des mémoires et conférences (1672-1674); et dans D.P. 2, les notices sur: Ameilhon, Belley, Bignon, Bigres, Bouguer, Bréquigny, Clairaut, Comiers, Coqueley de Chaussepierre, Cousin, Du Pin, Dupuis, Du Resnel, d'Egly, Fontenelle, Fraguier, Gaillard, Guillard, Hansen, Havard, de Héricourt, Jonval, La Roque, Macquer, Miron, Pouchard, Raguet, Rassicod, Régis, Saurin, Secousse, Terrasson.

Cette notice a été enrichie par les apports de Mmes et MM. Pierre Burger, Anne-Marie Chouillet, Pierre Gasnault, Christian Hogrefe, Jean-Dominique Mellot et Françoise Souchet que nous remercions.

Historique

La création de la première revue scientifique en 1665, procède autant des besoins des milieux savants, que des projets de la monarchie. Le fondateur du Journal des savants, le magistrat parisien Denis de Sallo, fréquentant ces milieux et introduit dans les cercles précieux, comptait parmi les plumes politiques de Colbert pour lequel il rédigeait, avec l'aide d'historiographes et de juristes, divers mémoires sur des questions diplomatiques. Ces relations lui firent peut-être connaître le projet d'un Journal littéraire général, transposition par Mézeray de la formule de la Gazette aux lettres et aux sciences, et lui valurent sans doute l'amitié de Jean Chapelain qui appuya l'entreprise tant auprès de Colbert, que de ses relations à l'étranger.

Pourvu en août 1664 d'un privilège qui accordait à la nouvelle revue un champ universel, des beaux-arts aux sciences, du droit à la religion, pour les livres, les mémoires et aussi les représentations ou démonstrations publiques, Denis de Sallo chercha à établir des échanges avec des savants d'Angleterre, des Pays-Bas et de Toscane, pour réunir la matière de sa future publication.

La première livraison de l'hebdomadaire qui sortit le 5 janvier 1665 des presses de Jean Cusson, avec lequel Sallo entretenait des relations d'amitié ou d'affaires, reprit à la Gazette le format quarto et un volume de 12 p. où, sans organisation particulière, s'offrait une série d'extraits de livres récents, de mémoires savants et même de relations touchant la jurisprudence. Si la revue s'attachait spécialement aux sciences et à l'histoire, elle présenta aussi des livres religieux et même quelques œuvres littéraires. Le tour critique des extraits et des tendances gallicanes expliquent tout à la fois la vivacité des plaintes de lettrés qui pouvaient craindre l'établissement d'un tribunal périodique sous influence ministérielle, et des menées diplomatiques discrètes qui aboutirent à la suspension du périodique après le treizième numéro daté du 30 mars 1665.

Le succès de la revue que traduisirent les correspondances de lettrés et de savants, comme l'édition de contrefaçons, l'une avant la fin de 1665, probablement dans le sud de la France, l'autre aux Provinces-Unies au début de 1666, entraîna la reprise de l'ouvrage en janvier 1666, sous la direction de l'abbé Jean Gallois, ancien domestique de Sallo qui abandonna la rédaction du Journal mais resta titulaire de son privilège. Gallois continua à présenter une part des livres proposés à Paris, délaissant les belles-lettres au profit de l'histoire, des sciences et du droit, mais conservant un ton critique qui lui valut de nouvelles plaintes, et il puisa dans la correspondance nouée comme rédacteur ou par le biais de l'Académie des sciences, mémoires érudits, relations d'expériences et observations astronomiques. Si Gallois respecta un rythme hebdomadaire en 1666, sauf une interruption de septembre à octobre correspondant aux vacances du Parlement, dès 1667, ses fonctions à l'Académie des sciences et le service des Colbert entraînèrent une parution irrégulière du Journal puis sa quasi-extinction.

Comme lors de l'interruption de 1665, un concurrent chercha à capter le public ainsi délaissé; proches des Nouvelles sur les sciences, hebdomadaires d'octobre 1665 à mars 1666, les Mémoires sur les sciences et les arts dont le médecin Jean-Baptiste Denis donna douze livraisons en 1672, imitèrent assez le Journal pour que les libraires néerlandais puissent par la suite les présenter comme supplément de l'ouvrage plagié. En 1674, l'abbé Gallois établi auprès de Jean-Baptiste Colbert confia la rédaction à l'abbé Jean-Paul de La Roque, bientôt récompensé de ses efforts et des développements du périodique par l'attribution du privilège. Cet obscur érudit, aux vues plutôt traditionnelles, assura la pérennité de l'entreprise par une publication régulière, un souci de suivre les nouveautés du livre, une recherche d'informations scientifiques tant par l'établissement d'un réseau de correspondance en Europe que l'organisation de réunions académiques à son domicile, et enfin par des entreprises éditoriales bourgeonnant sur le Journal. Une activité si foisonnante requit vite de l'assistance et, comme ses prédécesseurs, il employa des aides rédactionnelles rétribuées par une introduction dans les cercles savants parisiens, comme pour l'étudiant allemand Friedrich Aldolf Hansen, ou rémunérées tel l'abbé Claude Comiers, précepteur, démonstrateur et polygraphe.

L'audience du Journal et son établissement dans la République des Lettres pendant la rédaction de l'abbé de La Roque se mesurent à l'extension de sa correspondance directe ou indirecte dans laquelle on rencontre Oldenburg, Grew, Bayle, Huygens, Leibniz, Mencke, Bernoulli, Nicaise, Spon et Magliabechi, et aux multiples éditions de sa revue. A la fin des années 1670, le libraire parisien réassortit son fonds en réimprimant certaines livraisons passées du Journal, tandis qu'à Amsterdam, Daniel Elzevier en relança la contrefaçon, donnant les années courantes tout en reprenant les années passées. La répétition, à bref délai, de leurs émissions témoigne du succès de ces piratages qui répandirent la revue en Europe sous une forme, petits volumes regroupant une année, qui en modifia la nature et l'horizon de réception, en l'adressant non plus aux lecteurs avides de nouveautés ou aux amateurs des dernières curiosités scientifiques, mais à ceux qui l'utilisaient comme un catalogue et un livre. La multiplication des concurrents hollandais du Journal, Nouvelles de la République des Lettres, Bibliothèque universelle et historique, Histoire des ouvrages des savants, stimulée par la Révocation, témoigne aussi du succès de sa formule.

Ce succès même suggéra au Chancelier de réformer la rédaction du périodique; en 1687, il demanda à La Roque de constituer un bureau éditorial en s'entourant de spécialistes. Après plusieurs mois de crise marqués par une suspension de la publication, La Roque parvint à un accord qui réservait ses droits: conservant le privilège jusqu'à sa mort, il s'adjoignit quelques collaborateurs, dont Louis Cousin, traducteur d'historiens anciens et président en la Cour des monnaies, devant lequel il s'effaça bientôt. Cette transformation ouvrit une nouvelle période pour le Journal où le recrutement de ses rédacteurs parmi les censeurs et les académiciens, et leurs liens avec la Chancellerie, mena la revue de l'entreprise privée à l'institution publique.

Avec le président Cousin, cette institutionnalisation se marqua par la nomination du rédacteur au bureau des censeurs et l'attribution du privilège au libraire, plus à la main du Chancelier, puis elle se développa après 1701 sous l'autorité d'un grand commis, l'abbé Jean-Paul Bignon, directeur de la Librairie, brillant neveu du chancelier Pontchartrain. Bignon désigna six rédacteurs dont un secrétaire, Julien Pouchard, chargé de coordonner le travail de ce bureau que l'abbé étoffa en 1706 de trois nouveaux membres pour les besoins du supplément mensuel qu'il adjoignit de 1707 à 1709 aux livraisons hebdomadaires. Recrutés parmi les protégés des Bignon ou de leur parentèle, et dans le vivier que les fonctions de président des académies ouvraient à l'abbé, les rédacteurs trouvaient dans ce travail une source de revenu et, parfois, une étape vers des charges plus prestigieuses au Collège royal ou dans les compagnies savantes. Spécialisés dans une ou deux matières, les journalistes travaillaient selon un système réglé repris aux académies, sous le contrôle de Bignon qui présidait leurs réunions à son domicile.

Le contenu de la revue révèle un net contraste entre ces deux rédactions. Sous Cousin il exista un repli sur le royaume et un surcroît d'intérêt pour la religion et le droit, sans doute liés outre les circonstances aux curiosités et aux relations du journaliste. Par contre avec son successeur, le Journal retourna aux sciences, tout en accordant une large place aux autres domaines, et il puisa mémoires et observations dans la considérable correspondance de Bignon, qui conseillait à ses collaborateurs d'établir des commerces épistolaires en Europe, et la revue profita aussi des achats et des abonnements que l'abbé destinait à sa bibliothèque personnelle.

Après le départ de Bignon qui suivit son oncle dans sa retraite en 1714, la succession de six directeurs de la Librairie en neuf ans accrut l'indépendance du bureau dont le secrétaire, Gilles-Bernard Raguet depuis 1705, pourvu d'offices plus lucratifs par son royal élève délaissa la conduite au profit de son collègue Nicolas Andry. Développant exagérément la place de la médecine, ce journaliste manqua de tuer la revue qui changea aussi deux fois de libraire de 1722 à 1724, année où le Chancelier confia de nouveau sa direction à l'abbé Bignon.

Quelques temps aidé par Desfontaines, Jean-Paul Bignon perfectionna son organisation, liant la revue à la bibliothèque du Roi qu'il dirigeait depuis 1719 et où il réunit chaque semaine le bureau, comblant les départs en puisant dans les cercles savants et lettrés que lui ouvraient ses fonctions, et enfin modifiant la périodicité comme la forme du Journal qui devint mensuel en 1724, mais imprimé sur deux colonnes pour l'édition in-4° qu'accompagna une édition in-12 «pour éviter la contrefaction d'Hollande». Bignon obtint aussi le privilège du Journal en 1729 et il en négocia à plusieurs reprises les conditions de cession au libraire: en 1736, Hugues-Daniel Chaubert représenta qu'il ne pouvait payer les 2400 £ de pension annuelle qu'il versait au bureau depuis 1729 et il obtint de meilleures conditions, mais le contrat lui échappa au profit de Gabriel-François Quillau lors du renouvellement du privilège en 1746.

Bignon retiré en 1739, son système dura jusqu'à la Révolution sous le contrôle du Chancelier qui réunissait les rédacteurs en son hôtel pour la distribution des ouvrages et la livraison des extraits, et supervisait leur recrutement comme l'attribution du privilège. Si celui-ci fut parfois utilisé comme gratification, ainsi Fugère, conseiller en la Cour des aides reçut celui de 1754 et géra l'entreprise sans beaucoup participer à la rédaction, en revanche l'augmentation de la proportion des académiciens garantit la qualification des journalistes; vers 1755, sur un bureau de neuf membres, quatre appartenaient à une académie, mais en 1791 seuls deux sur onze ne possédaient pas cette distinction, encore s'agissait-il le plus souvent de censeurs, on en comptait neuf parmi les dix rédacteurs de 1757.

Le bureau fut remanié par deux fois après la direction de Bignon. En 1739, son départ s'accompagna du remplacement de ses derniers collaborateurs par cinq nouveaux rédacteurs renouvelés au fur et à mesure des retraites jusqu'à l'été 1752 où, sans doute sous l'influence de Malesherbes, directeur de la Librairie depuis deux ans, six journalistes succédèrent aux quatre survivants de l'ancienne équipe, sans compter la collaboration de C.P. Jonval comme correcteur. Enfin l'aide rédactionnelle, pratiquée sans règle depuis l'origine du Journal,devint une institution avec la distinction de plusieurs classes de journalistes en 1779; aux six auteurs et aux deux collaborateurs, l'un pour les extraits, l'autre pour la météorologie, s'ajoutaient quatre assistants dispensés des réunions bimensuelles du bureau et de la confection régulière d'extraits, aussi leur nom apparut-il rarement au registre des séances. Le Journal accueillit aussi des collaborations occasionnelles, comme celle de Bréquigny (par la suite auteur), abondante et variée selon ses brouillons et épreuves corrigées.

Avec une rédaction plus étroitement liée aux institutions monarchiques, le Journal acquit au XVIIIe siècle un cachet officiel qui attira des libraires désireux tout à la fois de posséder un ouvrage au débit sûr et de réfléchir son prestige sur leurs autres publications. L'attribution du contrat d'édition lors du renouvellement des privilèges donna souvent lieu à compétition entre les libraires parisiens, ce qui permit d'ailleurs au bureau d'obtenir des augmentations de sa pension annuelle. Revenue à 2400 £ après une baisse à 1800 £ sous Chaubert de 1735 à 1746, elle atteignit 4800 £ grâce au contrat négocié par Fugère avec le libraire Michel Lambert en 1756. Cette pension assurait alors une rétribution individuelle assez honorable pour que Malesherbes ait pu proposer à Rousseau, fin 1759, une place de journaliste, que celui-ci refusa.

Le même Malesherbes jugea injuste le monopole du Journal sur les nouvelles du livre, les mémoires et les observations scientifiques, et irréaliste son maintien après la multiplication des périodiques dans les années 1730, sous le masque d'une adresse fictive ou de la vente d'un ouvrage par livraisons. Œuvres d'un seul auteur – Desfontaines, Prévost, Fréron – qui leur donnait un tour original, ces revues déguisées se consacraient au domaine laissé en jachère par le Journal, la littérature. Malesherbes envisagea d'abord d'autoriser de nouveaux titres à condition que leurs auteurs les fassent éditer par le libraire détenant le privilège du Journal des savants;Desfontaines en quittant celui-ci n'avait-il pas apporté à son éditeur, Chaubert, le Nouvelliste du Parnasse ?Chaubert qui publia d'ailleurs trois autres périodiques littéraires pendant qu'il bénéficiait du privilège du Journal. Ce projet aurait établi un nouveau monopole, source des protestations et des fraudes de tous les libraires parisiens écartés de la manne périodique, aussi Malesherbes décida-t-il d'étendre aux revues sa pratique des permissions tacites; l'ouvrage autorisé, après l'avis d'un censeur, son éditeur verserait à celui du Journal une redevance annuelle fixée d'un commun accord en fonction du tirage du nouveau titre. Ainsi Pierre Rousseau payait 300 £ chaque année pour la vente à Paris de son Journal encyclopédique, alors que Lambert, éditeur du Journal de 1756 à 1763, recevait 3 £ par rame d'impression des revues éditées dans la capitale et produisait lui-même avec Le Conservateur (1756-1761), spécialisé dans les livres ignorés ou peu connus, une sorte de complément du premier.

A côté des transformations de l'édition parisienne, cette multiplication de revues spécialisées dans les lettres ou les sciences influa sans doute sur l'évolution des choix des rédacteurs telle qu'on la mesure par la ventilation des extraits selon les cinq catégories inspirées du système des libraires parisiens (Ehrard et Roger). Si l'effondrement de la part de la religion tout au long du siècle correspond à l'évolution des permissions publiques, la situation des sciences et arts et celle de l'histoire dans le Journal contrastent avec leur place dans les registres de la Chancellerie. En effet les extraits des premières augmentèrent jusqu'au milieu du siècle plus fortement que leurs permissions publiques et ceux de la seconde un peu plus; par contre la place des uns et de l'autre dans les extraits diminua ensuite très nettement alors qu'augmentèrent très fortement les permissions qui leur furent accordées.

Ce recul profita aux seules belles-lettres dont la part qui avait progressé au début du XVIIIe siècle atteignit à la veille de la Révolution un niveau presque double de son maximum au XVIIe siècle. On serait tenté d'attribuer cette augmentation, qui concerne des classiques et des ouvrages d'étude, à la conjonction de l'influence des membres de l'Académie des inscriptions dans la rédaction, près de la moitié lui appartenait en 1789, et d'un désir de répondre au succès des revues d'auteur. Le contenu du Journal changea encore entre le premier et le second semestre de 1789 (Souchet), la part de l'histoire diminua de l'un à l'autre alors que celui des sciences augmentait nettement; le bureau semble avoir voulu se tenir à l'écart de l'événement comme pour affirmer sa vocation scientifique. Ainsi le Journal n'analysa pas un seul des livres consacrés aux Etats généraux et ne parla pas, ou presque, des réformes demandées.

A la veille de son interruption, la revue présentait de longs extraits d'ouvrages sérieux, traitant spécialement des sciences physiques et de la nature, et rendait compte des travaux des académies et des sociétés savantes; elle formait ainsi un prolongement éditorial de l'institution académique qui accordait chaque mois un sceau de qualité à des livres et à des travaux savants. L'évolution de la revue, la forme de ses extraits qui supposait une mise en retrait du journaliste, les plaintes soulevées à ses débuts par une tendance au tribunal autoproclamé, enfin son caractère officiel expliquent le médiocre engagement du Journal dans les débats de ce temps. On le voit dans sa prudence à l'égard des controverses religieuses et philosophiques; si la revue se permit au milieu du siècle de nombreuses allusions aux déistes anglais, Buffon y fut félicité en 1779 de son «respect pour les Ecritures»; si elle présenta l'Encyclopédie, elle fit aussi largement place aux adversaires des philosophes.

La contrefaçon du Journal commencée aux Provinces-Unies peu après sa création s'y poursuivit jusqu'en 1782 sous l'impulsion successivement de Daniel Elzevier, d'associations comprenant Wolfgang, Waesberge, Boom, Goethals et Van Someren, les Janssons, enfin Marc-Michel Rey et toutes les tentatives pour rompre ce monopole néerlandais échouèrent. En 1676 et 1677, Levyn Van Dyck de La Haye ne publia que deux années de la revue, à Bruxelles, Eugène Henry Fricx n'édita qu'un volume en 1681; seul le Liégeois Jean-François Broncart réussit à soutenir son entreprise de 1702 à 1706. Selon leur habitude, les libraires néerlandais produisirent de petits tirages, réassortissant l'ensemble de la collection de 1677 à 1679 et de 1683 à 1685, ou lançant de nouvelles éditions au gré de la demande; ainsi on rencontre des réimpressions du Journal du XVIIe siècle, en 1709, 1714 puis dans les décennies 1720, 1730 et même 1750.

Assez tôt les contrefacteurs imposèrent des modifications à l'ouvrage. Rarement politiques, des suppressions servirent plutôt à faire de la place aux catalogues des libraires qui utilisaient ainsi le Journal comme vecteur de leur publicité. Ils réalisèrent aussi de nombreux ajouts; à côté de quelques mémoires dont la publication, peut-être rétribuée, plaçait sur un théâtre européen les querelles d'un cercle parisien, il s'agit surtout d'emprunts à d'autres revues.

Commencée au début du XVIIIe siècle, l'augmentation de la contrefaçon du Journal de quelques articles des Mémoires de Trévoux se transforma en reprises systématiques de 1721 à 1753, puis aboutit avec Marc-Michel Rey à une combinaison des deux revues. Le libraire abandonna cette pratique en 1763, les Mémoires continués sans les jésuites depuis 1762 ne présentant plus la qualité qui avait conduit un libraire d'Amsterdam à intituler un éphémère périodique de 1758 Supplément aux Journaux des Savants et de Trévoux pour profiter du renom de cette combinaison. On retrouve d'ailleurs ce jugement sur la valeur des Mémoires continués dans le choix de l'année 1762 comme terme de la compilation de leurs articles, réalisée par Augustin Alletz en 1771.

Marc-Michel Rey n'en poursuivit pas moins ses adjonctions; notant tout à la fois la floraison des titres français, due à Malesherbes, la multiplication des revues formées d'extraits de confrères et l'absence soudaine de compilations de journaux anglais, il enrichit, de 1764 à 1775, la contrefaçon du Journal d'extraits de «journaux de France et d'Angleterre». Le pointage des quatre premiers mois de 1765 y relève un retard du Journal des savants d'un mois, au moins, et des emprunts à L'Année littéraire, au Journal de médecine, aux Mémoires de Trévoux et au Mercure de France, ainsi qu'au Gentleman's Magazine, à la Monthly Review, aux Philosophical Transactions et au Weekly Amusement,encore toutes les traductions de l'anglais ne sont-elles pas identifiées. Enfin de 1776 à 1782, Rey combina le Journal uniquement avec des revues anglaises.

Ces contrefaçons influèrent de deux façons sur la diffusion du Journal des savants :elles en étendirent l'aire, par l'établissement d'un deuxième centre de production qui, situé à un carrefour de voies terrestres et maritimes, répandit la revue sur l'Europe du nord et du centre, et elles en élargirent le public, moins par l'abaissement des coûts que par le passage à une périodicité plus longue, qui n'adressait plus l'ouvrage à des savants et à des curieux friands de nouveautés, mais à des lecteurs qui le recevaient plutôt comme un livre, recueil de renseignements bibliographiques et érudits.

Devant la sérieuse amputation de son marché, le libraire tenta plusieurs fois de se porter sur le terrain de ses contrefacteurs par la publication d'un Journal de petit format, à côté de l'in-4°. Après les essais malheureux de La Roque de 1678 à 1680, puis en 1684 et 1686, et une petite édition trimestrielle de 1704 à 1706, pendant la direction de Bignon, la publication suivie commença en 1725, plutôt qu'en 1724 semble-t-il, mais on n'en trouve que peu de collections et lacunaires, ce qui pourrait traduire un médiocre succès de cette édition parisienne.

En revanche celui de l'édition in-4° peut se lire dans l'existence de plusieurs rééditions aux XVIIe et XVIIIe siècles. Celles réalisées dans les années 1670 pour quelques livraisons, complétaient des années dépareillées en magasin, mais pour économiser sur le papier, le libraire supprima certains passages et toutes les illustrations. Aussi Pierre Witte, soucieux de valoriser sa production, précisa-t-il: «Nouvelle édition, dans laquelle on a exactement rétabli les figures en taille-douce» à la page de titre des vingt années qu'il réédita, avec des planches regravées par Nicolas Bailleul et par Philippe Simoneau, entre I717et 1738. Quelques-unes sortirent en 1729 de l'atelier de Gabriel-François Quillau qui connaissait donc l'entreprise de près lorsqu'il surenchérit sur Chaubert en 1745 pour obtenir le privilège, et d'autres provenaient, en dépit des règlements, de presses rouennaises avec lesquelles Witte pratiqua couramment de telles opérations dans les années 1700-1720 (J.-D. Meliot). Par ailleurs, la publication de dix-huit de ces rééditions entre 1723 et 1738 montre que le libraire qui avait abandonné le privilège du Journal en 1722 à Théodore Le Gras, conservait son monopole sur les années antérieures.

Ce droit maintenu permit à un libraire étranger au privilège de la revue de s'immiscer dans sa publication: en 1741, Antoine-Claude Briasson qui éditait plusieurs ouvrages attachant une clientèle – une revue, une suite et l'Armorial de L'Hozier – annonça l'acquisition du fonds de Pierre Witte et son projet de rééditer le Journal des savants pour en vendre, par souscription, quelques collections des années 1665 à 1741 incluse. Ce terme suppose un accord avec Hugues-David Chaubert éditeur de la revue depuis 1727, détenteur d'un privilège (de juil. 1729) qui l'autorisait à réimprimer les volumes in-4°, et chez lequel on pouvait aussi souscrire.

Le prospectus distribué par Briasson fin 1741 prétendait que cet ouvrage réputé manquait à nombre de savants et de curieux et il en proposait des collections en 63 volumes en feuilles, au prix de 400 £ payables en dix échéances, du 1er mars 1742 au 1er mars 1744. L'insistance de ce prospectus sur le caractère exceptionnel de l'entreprise, «il y a peu d'apparence que l'on réimprime jamais cet Ouvrage en entier, lequel deviendra un jour aussi cher qu'il sera rare», annonçait assez clairement une spéculation valorisant les restes d'une édition et accélérant son épuisement.

Pour recruter ses souscripteurs, Briasson adressa une circulaire à ses confrères, le 20 novembre 1741, leur offrant une commission de douze livres par client et trente-six livres supplémentaires s'ils atteignaient la douzaine. La Mazarine possède aussi une lettre écrite au dos d'une de ces circulaires, par laquelle le libraire proposait les mêmes courtages à un père de la Doctrine chrétienne pour des recrutements dans des maisons de son ordre, en France ou à l'étranger, et l'on peut penser que Briasson prospecta de la même façon auprès d'autres congrégations enseignantes ou érudites.

Curieusement on n'a rencontré que l'année 1683 rééditée par Briasson, en 1741; cela provient peut-être d'une enquête trop restreinte, mais comme il existe 24 années qui ne portent d'autre marque de leur réédition qu'un fleuron ornant aussi la page de titre de l'année 1724 produite par Noël Pissot et celle de la table du Journal éditée par Briasson à partir de 1753, on peut envisager soit une autre réédition réalisée par Pissot, soit l'impression de ces volumes pour le compte de Briasson dans un atelier ayant acquis le fleuron du premier après sa mort, antérieure à 1728.

Ces diverses éditions révèlent trois étapes du succès de la revue. La conjonction autour de 1680 du réassortiment des contrefaçons, des rééditions d'une série de livraisons in-4° et d'essais de petites éditions parisiennes, témoigne de l'établissement de la revue dont le marché s'élargit de nouveaux lecteurs qui complétaient leurs collections en achetant les années passées. Au cours des décennies 1710 et 1720, la réédition d'années entières, l'essai d'un supplément et d'une petite édition parisienne, enfin la réalisation de contrefaçons combinées avec d'autres revues attestent, outre la réponse de Paris à la concurrence néerlandaise, de l'accession du Journal au statut d'ouvrage de référence. Enfin, au milieu du XVIIIe siècle, l'entreprise de Briasson élargit cette fonction de référence par l'assimilation du Journal à un unique ouvrage formant «comme une Bibliothèque entière», ce qui le plaçait sur le même plan que les grands recueils et dictionnaires contemporains, et l'insérait dans le courant encyclopédique.

Briasson mena aussi à sa perfection la transformation de la revue en une base d'étude engagée dès le XVIIe siècle par la production d'une table des matières et l'adjonction d'une bibliographie systématique, toutes deux annuelles, la réalisation en Hollande de recueils offrant des sommaires et index pour plusieurs décennies, la création dans les années 1710 d'un journal publiant les sommaires d'un ensemble de périodiques européens, enfin la multiplication de compilations d'articles sur une même matière, extraits de diverses revues savantes. A peine entamée la publication de l'Encyclopédie, à laquelle il participait, Briasson commença en 1753 l'édition des dix tomes de la table du Journal établie par l'abbé de Claustre, complément de sa réédition qui convertissait la revue en base d'informations et la rapprochait des grands dictionnaires qui s'y référaient souvent; on a pu compter 226 mentions du Journal des savants dans le Dictionnaire de Bayle, contre 258 à ses Nouvelles, soit des références à un peu plus de cinq articles chaque année pour le premier et plus de dix pour les secondes. Après les trois volumes de 1753, le libraire respecta un rythme annuel jusqu'en 1759, mais ses clients durent attendre 1764 pour disposer du dixième volume que compléta l'index alphabétique mêlant noms propres et matières, avec renvoi tant à l'in-4° qu'à la contrefaçon (mais pas à l'in-12 parisien, ce qui montre de nouveau sa faible diffusion), et qui présenta aussi un historique de la revue qu'aurait rédigé Charles Monthenault d'Egly (1696-1749) pour la période précédant son décès.

La convocation des Etats généraux cristallisa à partir d'août 1788 l'opposition au régime de la librairie et cette lutte pour la liberté de la presse politique retentit sur le Journal des savants lorsque ses concurrents tentèrent d'abolir leur redevance à son monopole. Touché dans son revenu, ce qui menaçait aussi celui des auteurs, le libraire propriétaire du privilège protesta vainement à plusieurs reprises auprès d'une Chancellerie qui balançait entre la poursuite des feuilles pamphlétaires et l'abandon du contrôle de la presse. A cette baisse des revenus annexes de la revue s'ajoutèrent des embarras croissants pour en réunir la matière et le faire rédiger, et des difficultés pour l'éditer; aussi le Journal parut-il irrégulièrement en 1789 et 1790.

Une dernière réorganisation tenta de le relancer en 1791, avec le passage de sa publication du Journal du Palais,association politiquement compromettante ou conséquence de l'extinction des redevances des concurrents, à l'Imprimerie des sourds et muets, la baisse de son abonnement de 16 à 14 £, et l'entrée dans son bureau de nouveaux membres, académiciens pour la plupart. Bien qu'il ait tenu ses engagements de régularité et de modération, le Journal,dont l'audience avait probablement baissé et qui pâtit sans doute de la chute de Bailly, l'un de ses rédacteurs, puis de celle du Roi, fut supprimé en novembre 1792 par le ministre de la Justice, Danton.

Ainsi disparaissait une revue prestigieuse dont le succès auprès des lettrés et des savants ressort de plusieurs témoignages. Près d'un cinquième des cinq cents catalogues de vente de bibliothèques des années 1750-1780 étudiés par Daniel Mornet au début du siècle contiennent une collection du Journal des savants, périodique le plus fréquent devant les Mémoires de Trévoux présents dans 50 catalogues, contre 110 pour le premier. On rencontre parfois le Journal dans des annonces, comme celle relevée dans le Journal de la librairie du 4 octobre 1783, peu après l'arrêt de la contrefaçon de Hollande, qui en proposait une collection complète en 373 volumes et soulignait: «il est difficile de former un exemplaire aussi précieux que celui-ci».

L'histoire des collections du Journal de quelques grandes bibliothèques révèle aussi l'édification de son prestige. Si le catalogue de la Mazarine des années 1710 recense 24 volumes de son édition in-4°, peut-être acquis en lots, son registre de dépense pour 1771-1773 et trois reçus des années 1790, 1791 et 1792 témoignent que la bibliothèque recourut ensuite à l'abonnement. Au rebours de cette succession d'acquisitions régulières à des achats discontinus, les correspondances et les factures de l'Augusta conservées à Wolfenbüttel et Hanovre montrent qu'après l'envoi des premiers numéros par l'agent parisien du duc Auguste le Jeune, la bibliothèque dut attendre les acquisitions de Leibniz en ventes publiques et ses échanges à la fin du XVIIe siècle pour constituer par lots successifs ses collections in-4° et in-12 de la revue, que Lessing compléta par la suite. Abandon des achats suivis pour des acquisitions discontinues que nous retrouvons à la Carolina rediviva d'Upsala pour l'édition de Hollande.

La proximité de ces constitutions de collections, des rééditions ou contrefaçons et d'une traduction italienne, le Giornale de'letterati oltremontani commencé à Venise par Luigi Panini en 1722, à partir de l'édition hollandaise, signale la consécration du Journal alors reçu par les institutions scientifiques et lettrées qui y reconnaissaient leurs préoccupations et leurs démarches. Ce rapprochement qui lui donnait un renom et un marché, figea aussi la formule et le ton de la revue qui délaissa le domaine où se renouvela le journalisme lettré, et s'accrocha à une étroite assise vulnérable aux troubles politiques.

Une telle alliance entrava le rétablissement de l'ouvrage tenté en 1797, dans le sillage de la création des écoles centrales et de l'Institut, par un groupe de savants, proches des idéologues, où l'on comptait Daunou et Silvestre de Sacy. Mais la revue qui, devenue bimestrielle, offrait mémoires, nouvelles littéraires et comptes rendus des différentes classes de l'Institut, «ne trouva ni protecteurs, ni acheteurs, ni lecteurs» et s'arrêta au bout d'un semestre après douze numéros. Plusieurs membres de ce groupe renouvelèrent leur tentative en 1816, et ils obtinrent du Garde des sceaux une renaissance du Journal des savants à l'ombre de l'Institut, grâce auquel cette vénérable institution nationale continue en notre temps.

Additif

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: Dans un article «très programmatique» de D.H.S. n° 40 (2008): «Les journaux savants, formes de la communication et agents de la construction des savoirs (17e-18e siècles)», Jeanne Peiffer et Jean-Pierre Vittu replacent le Journal des savants dans le vaste mouvement de la communication érudite à l’époque classique; ils s’attachent à décrire les voies de communication et les pratiques éditoriales; ils exposent un plan des recherches à mener.

Titre indexé

JOURNAL DES SAVANTS

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JOURNAL DE MÉDECINE 2

0671
1686

Titre(s)

Journal de médecine ou observations des plus fameux Medecins, chirurgiens, et anatomistes de l'Europe, Tirées des Journaux des Pays Etrangers, et autres Memoires particuliers.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Avril-octobre 1686. En fait, ce Journal parut de la mi-mai à août 1686, puis en avril, ou mai, 1687 pour la dernière livraison réunissant août, septembre et octobre 1686.

Description de la collection

Quatre livraisons à pagination discontinue et de taille irrégulière, réunies en un volume. 1re livraison, avril 1686, 60 p.; 2e, mai 1686, 47 p.; 3e, juin et juil. 1686, 58 p.; 4e, août, sept, et oct. 1686, 304 p.

Format in-12, 90 x 165. 4 planches hors-texte.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, chez Daniel Hortemels, au bas de la rue de la Harpe, au Grand Mécénas.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Créé par l'abbé Jean-Paul de LA ROQUE qui confia l'exécution de l'ouvrage à Jean (ou Claude) Brunet.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: mémoires particuliers et extraits de journaux étrangers concernant la médecine. Contenu réel: presque uniquement des mémoires.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N. 8° T33 8 et 9; Faculté de Médecine, 90052.

Bibliographie

Sources manuscrites: A.N., Minutier central I, 194, 28 nov. 1681, Inventaire après décès de l'abbé Jean-Paul de La Roque; B.N., ms. f. fr. 24471, Recueil de quelques nouvelles journalières de la République des Lettres (du père Léonard).

Sources imprimées: Antoine Furetière, Dictionnaire, art. «Journal»; Nouvelles de la République des Lettres, août 1686, p. 150; Pièces fugitives (A. Tricaud et J. Du Périer), 1704, t. I, p. 347 et suiv.

Nous remercions Jean-Robert Armogathe pour sa gracieuse autorisation à consulter son mémoire de maîtrise resté manuscrit, Une secte fantôme au XVIIIe siècle: les égoïstes, Paris, 1970.

Historique

La publication en 1686 du deuxième Journal de médecine témoigne des ambitions éditoriales de l'abbé de La Roque; détenteur d'un monopole d'édition des nouvelles du livre et des sciences qui lui laissait des latitudes pour la périodicité et le format, il tenta plusieurs fois de réaliser des prolongements de la revue qui s'appuyaient sur ce privilège: le Journal des savants, in-4°. Ainsi La Roque réalisa, ou envisagea, successivement une édition in-12 de ce Journal, des Miscellanea réunissant des mémoires trop longs pour y trouver place, le premier Journal de médecine de 1683 et même un Journal ecclésiastique sur la commission de l'Assemblée du clergé de 1685.

En tête de la première livraison, un avertissement affirmait que la revue continuait le Journal de médecine de 1683, dont il attribuait l'interruption à la conjonction de la mauvaise santé de l'abbé de La Roque et de «la négligence de ceux à qui il avoit commis la conduite et la publication». Produite par Daniel Hortemels, peut-être orienté vers une revue médicale par son commerce de livres allemands, et placée sous l'invocation d'un privilège, pas reproduit, qui semble être celui du Journal des savants, la revue annoncée comme mensuelle parut irrégulièrement, quatre fois. A la mi-mai 1686, le Journal des savants signala le premier numéro qui portait la date d'avril, celui de mai sortit sans doute en juin, enfin le dernier Journal de médecine pour août, septembre et octobre 1686 porte «achevé d'imprimer ce mois d'avril 1687».

Cette quatrième livraison s'annonçait comme un Supplément du volume des Journaux de médecine réalisé par le Sieur B., initiale qui révèle le Brunet qui signa en avril 1686 un accord par lequel l'abbé de La Roque lui confiait le soin de «composer, faire imprimer et débiter le Journal de médecine» (Inv.). Pas totalement identifié par Jean-Robert Armogathe, ce Jean ou Claude Brunet ne figure pas parmi les libraires parisiens de ce nom recensés par Lottin, mais il apparaît en décembre 1694 dans les notes du père Léonard, selon lequel il prépare une nouvelle revue, Le Progrès de la médecine, et «a autres fois travaillé pour feu l'abbé de La Roque», relations confirmées en 1704 par Flachat de Saint-Sauveur qui signale sa participation à l'une des conférences académiques de La Roque, en présence de Pierre-Sylvain Régis. Quelles que soient les idées et l'identité réelles de ce journaliste, tout ceci témoigne qu'à l'imitation des héritiers de Renaudot, le rédacteur du Journal des savants exploita son privilège en créant un surgeon de sa revue dont il sous-traita la réalisation pour quatre ans à Brunet, contre une rente de deux cents livres (Inv.).

Si le titre de l'ouvrage annonçait des observations médicales et des mémoires repris des journaux étrangers, la préface précisait que les auteurs entendaient «donner quelque préférence aux naturels du pays», sans doute pour attirer la clientèle des médecins français auxquels on promettait tout à la fois un moyen d'information et «une voye commode de faire connoître leur mérite». Ainsi les journalistes tiraient-ils les leçons du Journal de médecine de 1683 et de la formule de Nicolas de Blégny: associer une publicité rédactionnelle pour des remèdes à la promotion de praticiens.

La réalisation ne correspondit pas exactement à ce programme: les trois premiers numéros de la revue offrirent presque uniquement des observations médicales, anonymes ou d'auteurs obscurs, sauf deux remarques anatomiques de Du Vernay, et les deux seuls extraits de journaux étrangers provenaient des Miscellanea curiosa medicophysica, ce qui renvoie probablement au commerce de Daniel Hortemels.

Bayle présenta le Journal de médecine, dans ses Nouvelles d'août 1686, comme une reprise de celui de 1683 et reconnut, avec une pointe d'ironie à l'égard du journaliste, la nécessité d'une revue spécialisée dans cette matière: «parce qu'on ne peut parler des livres de Médecine sans choquer souvent les oreilles chastes».

Si le contenu l'apparente à ses devancières, l'originalité de cette revue réside dans sa disposition: elle reproduisit, pour la première fois en France, la distinction, inventée par Bayle pour ses Nouvelles, des diverses sections d'une livraison par l'en-tête «Article» suivi d'un chiffre romain; elle utilisa aussi une forme de composition en tiroirs en divisant la plupart des articles en deux parties, un mémoire suivi d'observations, rédaction à deux voix qui suggère au lecteur l'existence d'un débat académique et ajoute un sceau de validité aux observations rapportées.

L'arrêt de la revue pendant plus d'un semestre jusqu'à la parution, vers avril 1687, du Supplément qui offrait sur plus de trois cents pages des «Nouvelles conjectures sur les organes des sens», reflète la crise qui toucha le Journal des savants lorsque le chancelier Boucherat voulut obliger l'abbé de La Roque à s'adjoindre plusieurs collaborateurs. L'interruption du Journal des savants après son unique numéro de janvier, et les manœuvres qui permirent sa reprise, se répercutèrent sur le Journal de médecine, dont la création fut peut-être reprochée à La Roque, et elles aboutirent à la disparition de cette revue.

Assez marquant pour qu'Antoine Furetière le cite comme exemple, après le Journal des savants, dans l'article «Journal» de son Dictionnaire avec la remarque: «ce sont des relations de ce qui se trouve de nouveau dans les sciences, des livres qu'on a imprimez», cet essai de Journal de médecine (et celui de 1683) s'inscrit dans un mouvement de création de revues spécialisées qui se développe pendant le dernier quart du XVIIe siècle, et sa disparition peut s'expliquer autant par la réaction des autorités que par son manque d'adéquation aux attentes d'un public. Témoignage d'un échec, le petit volume de 1686 mérite néanmoins quelque attention comme l'un des jalons dans l'invention des formes de mise en page et de composition des textes particulières aux périodiques.

Titre indexé

JOURNAL DE MÉDECINE 2

Date indexée

1686

JOURNAL DE MÉDECINE 1

0670
1683

Titre(s)

Journal de médecine ou observations des plus fameux médecins, chirurgiens et anatomistes de l'Europe, tirées des Journaux des païs étrangers, et des mémoires particuliers envoyez a Monsieur l'Abbé de la Roque.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier-juin 1683. Mensuel, avec le numéro de janvier, dans la deuxième semaine de février 1683; dernière livraison, datée de juin, probablement au début de juillet 1683. Utilise le privilège du Journal des savants du 26 avril 1679.

Description de la collection

Composition du volume: 6 mois, janv.-juin 1683, 48 p. par numéro sauf le dernier, 44 p. Format in-12, 100 x 175.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

La page de titre du volume conservé à la B.N. porte Jean Cusson, rue Saint-Jacques, et Florentin Lambert, rue Saint-Jacques, devant Saint-Yves, à Paris, alors que le Journal des savants du 12 juillet 1683 annonce Jean Cusson et Laurent d'Houry, à Paris.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Créé par l'abbé Jean-Paul de LA ROQUE, rédacteur du Journal des savants, mais la préface du Journal de médecine de 1686 laisse entendre qu'il aurait reçu de l'aide.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé et réel: mémoires et extraits de lettres concernant la médecine.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° T33 7; B.L., PP 2826.

Bibliographie

Cité dans B.H.C. et H.G.P.F., t. I, p. 315.

Historique

Après l'interdiction des revues de Nicolas de Blégny obtenue par la Faculté de médecine en mars 1682, l'abbé de La Roque tenta de capter le public ainsi libéré en créant un Journal de médecine. Ce titre plaçait l'ouvrage dans la filiation du Journal des savants, sur le privilège duquel il se greffait, et il reproduisait le titre-courant de la dernière revue de Blégny; aussi La Roque souligna-t-il dans son avertissement qu'il n'était: «ni le même, ni composé sur le modèle de celuy qui a paru ces dernières années».

Pourtant leur contenu diffère nettement; présenté comme une traduction de journaux de médecine allemands (sans doute les Miscellanea curiosa medicophysica de l'Academia naturae curiosorum, et les Acta medica et philosophica hafniensis de Thomas Bartholin) par un avis du Journal des savants du 24 août 1682, ce journal n'offrit pas des comptes rendus de cures et des remèdes, mais des observations curieuses et des mémoires sur des affections rédigés, disait l'Avertissement, selon la forme éprouvée par son aîné: «c'est à dire que quelquefois on fera parler les Auteurs en personne suivant qu'ils s'énoncent eux-mêmes dans leurs observations ou dans leurs lettres; et quelquefois pour éviter les discours superflus... on en donnera de simples extraits».

Annoncé par le Journal des savants du 8 février 1683, le premier des six numéros de ce mensuel s'ouvrait sur une dédicace au médecin du Roi, Antoine Daquin, gage de protection envers la Faculté de médecine et sceau de garantie pour les lecteurs, et il offrait, comme les livraisons suivantes, des mémoires issus de la correspondance de l'abbé de La Roque ou de ses réunions académiques, mêlés de quelques articles extraits des Acta medica, des Philosophical Transactions et des Miscellanea curiosa.

La disparition de ce premier Journal de médecine après son sixième numéro, daté de juin 1683, peut recevoir trois sortes d'explications: d'abord une intervention de la Chancellerie craignant qu'un seul journaliste ne puisse mener à bien deux périodiques; plus encore l'insuffisance du débit faute d'un cadrage clair dont témoignent les nombreuses références au Journal des savants ; enfin la présentation du Journal de médecine sous les noms de deux associations de libraires laisse supposer que la revue pâtit du différend qui opposa, cette même année 1683, Cusson et Lambert, libraires associés un temps pour éditer le Journal des savants.

L'abbé de La Roque n'abandonna pourtant pas ce projet, et dès 1686, il transporta le titre chez un nouveau libraire où il connut une existence tout aussi brève.

Titre indexé

JOURNAL DE MÉDECINE 1

Date indexée

1683

LA BIBLIOGRAPHIE FRANÇAISE ET LATINE DE PARIS

0142
1678

Titre(s)

La Bibliographie françoise et latine de Paris, suite des nouveautez du temps ou l'art de dresser des bibliothèques contenant tous les livres, feuilles, cartes, et affiches, tant géographiques, que généalogiques qui s'impriment et se gravent dans Paris, et dans les autres villes du Royaume, les Academies, et la liste de ceux qui enseignent les beaux Arts. Avec le prix des Volumes, le lieu où ils se vendent, le Nom des Autheurs, et autres Particularitez Historiques.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier – avril 1678. Se targue d'un privilège du 16 mai 1660. Se présente comme mensuel, mais les quatre mois parurent ensemble après le 2 mai 1678 (établi par comparaison avec les nouveautés du Journal des savantsAnnonce pour l'avenir un ou deux cahiers par mois.

Description de la collection

Opuscule de 27 p., à pagination continue, divisé en 4 mois. Format in-4°. Janv.: 10 p., févr.: 4p., mars et avril: 3 p. chacun. 180 x 232.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, chez Emmanuel Langlois, rue Saint-Jacques, à la Reyne du Clergé. Et «chez l'Autheur, sur le Quay Royal de l'Horloge du Palais, au coin de la rue de Harlay, près d'un notaire.»

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

François COLLETET, fils de Guillaume Colletet (voir D.P. 2).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé (Préface): «Le livre de vos livres»; le livre des livres des marchands libraires de Paris. Contenu réel: listes bibliographiques, dont deux consacrées spécialement à des libraires parisiens.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Le seul volume jusqu'alors cité (Delalain), que possède la bibliothèque du Cercle de la Librairie, est incommunicable; Maz., A 16031 (19).

Bibliographie

D.P. 2, art. «Colletet».

Martin H.-J., Livre, pouvoirs et société à Paris, p. 976. – Delalain P., «Les ancêtres de la Bibliographie de la France», dans Bibliographie de la France, 17 nov. 1911, p. 223-229. – Vittu J.-P., thèse consacrée au Journal des savants, 2e partie, à paraître.

Historique

Polygraphe en mal de revenus, François Colletet donna la Bibliographie de 1678 comme prolongement à ses tentatives journalistiques des deux années précédentes, le Journal de la ville de Paris qui offrit de juillet à novembre 1676 des annonces et des nouvelles parisiennes et, de mars à juillet 1677, le Bureau académique des honnêtes divertissements de l'esprit composé de relations de conférences publiques et de listes de livres nouveaux.

La publication du printemps 1678 qui se proposait d'annoncer les nouveautés de l'édition, répondait selon l'auteur au souhait de nombreux lecteurs de trouver la partie bibliographique du Bureau académique dans un «recueil à part et détaché des autres matières» (Préface, 1678). L'auteur, respectueux du privilège du Journal des savants, s'interdisait comme dans sa revue précédente, de présenter des extraits ou des résumés des livres et il se contenta de réunir pour l'usage de «ceux qui dressent des bibliothèques et des cabinets curieux» des listes contenant outre l'auteur et le titre, le nom du libraire, le format, la date d'édition, le prix, mais pas le nombre de pages; tout ceci pratiquement sans commentaire.

Les quatre livraisons d'inégal volume qui parurent ensemble, probablement début mai 1678, sous les adresses d'Emmanuel Langlois et de Colletet lui-même, s'ouvraient sur une longue dédicace aux Marchands Libraires parisiens tout à la fois sollicités de fournir la matière du périodique (Colletet se disait même disposé à accueillir des nouvelles de l'édition provinciale) et appelés à protéger l'ouvrage, «contre ceux qui pourraient m'envier cette Gloire», écrivait Colletet, qui devait bien pressentir à quelles censures il exposait son nouveau projet. Car la Bibliographie portait non seulement atteinte au monopole du Journal des savants, mais son auteur contrevenait aussi à la réglementation en matière de privilèges et à l'interdiction de vendre des livres hors des boutiques spécialisées. Mais ces infractions n'expliquent peut-être pas à elles seules la disparition de la Bibliographie la forme de l'ouvrage qui, à part deux courts catalogues de libraires (Lambert Roulland et Jean Coutereau), présentait les titres sans aucun classement, ne répondait pas à un usage professionnel.

Plutôt que de situer, comme Paul Delalain, la Bibliographie françoise et latine de Paris dans la généalogie de la Bibliographie de la France, nous y reconnaîtrions le souci d'annoncer sans aucun commentaire les nouveautés d'une bibliopole qui se manifesta en cette fin du XVIIe siècle à Paris, Londres, Leipzig ou Venise.

Titre indexé

BIBLIOGRAPHIE FRANÇAISE ET LATINE DE PARIS

Date indexée

1678

ALMANACH BIBLIOGRAPHIQUE POUR L'AN MDCCIX *

0077
1709

Titre(s)

Almanach bibliographique pour l'an MDCCIX contenant le catalogue des livres imprimez dans ce Royaume pendant l'année 1707; les Titres des Edits et Déclarations du Roy de la mesme année; les Archevêchez et Evêchez de France ... etc.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Parution sans doute au début de 1709. Privilège du 31 décembre 1707, enregistré le 5 janvier 1708 (B.N., f. fr. 21949, p. 297). Prospectus sans date (B.N., f. fr. 21739, f° 35). Annonce d'une parution annuelle, mais en réalité un seul volume parut.

Description de la collection

Un volume de 144 p., in-12, 130 x 180.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, chez Charles Huguier, rue de la Huchette, à la Sagesse.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'abbé de LA MORLIÈRE, docteur en Sorbonne.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus annonce «une note de tous les livres qui s'impriment en France», mais le volume contient aussi, sans lien, une liste des archevêchés et évêchés, les phases de la lune, un calendrier des saints, etc.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Volume étudié: B.N., Q 5412.

Bibliographie

Mention dans la presse du temps: Nouvelles de la République des Lettres, janvier 1709 (éd. 1720, p. 101-110). Mentions dans Barbier et dans Quérard.

Historique

L'échec de l'éphémère Almanach bibliographique nous éclaire autant sur l'importance économique de la presse périodique que sur la fixation de ses normes au début du XVIIIe siècle.

Charles Huguier, libraire de la rue de la Huchette, ayant obtenu le 31 décembre 1707 un privilège de trois ans pour publier sous le titre d'Almanach bibliographique, «un volume commode et portatif» contenant une liste de tous les livres imprimés en France cette même année (f. fr. 21949),il adressa un prospectus à ses confrères pour présenter son projet augmenté d'«un calendrier des Saints de France et des diverses phases de la Lune», et pour leur demander de l'informer des titres et prix de leurs nouveautés (f. fr. 21739).

Le libraire en confia la réalisation à l'abbé de La Morlière, éditeur d'un choix tendancieux des conversations littéraires de David Ancillon, imprimé à Rouen sous l'adresse supposée d'Amsterdam. La Morlière semble avoir imposé sa marque au dessein, puisque dans l'unique livraison de l'Almanach parue au début de 1709, aux rubriques annoncées par le prospectus de Huguier s'ajoutaient une liste des archevêchés et évêchés de France, une table de l'éclipsé du 16 avril 1707, un inventaire des édits et déclarations donnés cette même année et enfin «un vocabulaire de la langue des sauvages qui habitent les terres magellaniques».

Les Nouvelles de la République des Lettres présentèrent cette publication dans un article de janvier 1709 dont les critiques dessinaient les règles du journalisme littéraire. L'auteur de cet article condamnait, dans l'esprit des Jugements des sçavans de Baillet, l'inadéquation du titre au contenu de l'ouvrage, qui compilait des titres au lieu de dresser la chronologie des parutions suggérée par le mot almanach. L'irrégularité et le manque d'organisation des parties de l'ouvrage joints au disparate des matières formaient, selon le critique, «une espèce de monstre littéraire». Enfin il dénonçait la réunion pêle-mêle de titres estropiés, révélatrice d'une ignorance des règles du classement bibliographique, à laquelle s'ajoutaient quelques louanges ou pointes hors de propos.

Entreprise d'un clerc cherchant un revenu et une position dans la République des Lettres et d'un libraire désireux de valoriser son fonds, l’Almanach bibliographique par son mélange maladroit des formules du catalogue, de l'annuaire et de l'éphéméride, et de son aspect informe, ne répondait à aucun usage et ne pouvait s'attacher un public.

Titre indexé

ALMANACH BIBLIOGRAPHIQUE POUR L'AN MDCCIX *

Date indexée

1709