Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: Österreichische Nationalbibliothek, Wien (réédition in 8°), 258095-B ; B. U. Pavie, M.V.10.N.1) ; Biblioteca Civica Bertoliana, Vicence, E.1.4.4-15 ; B. N. Sagarriga, Bari, DZ 76 H 0010/0021 ; BNCF, Palat., Florence, 17.1.4.3.
Bibliographie: Traduction en italien, in-8, 4 vols., traducteur[s] inconnu[s]. Édition réalisée à Milan par Bastide: Biblioteca universale dei romanzi opera periodica in cui si dà l’analisi ragionata dei romanzi antichi, e moderni, con aneddoti e notizie storiche, e critiche, le quali riguardano gli autori, e le loro opere, i costumi, gli usi de’ tempi, le circostanze particolari, e relative, e le persone conosciute, trasfigurate, o emblematiche, Milano, Presso Giuseppe Galeazzi, 1790 [vol. 1/7](Biblioteca Manfrediana, Faenza, R 010 005 030 (on a examiné ces volumes) ; Österreichische Nationalbibliothek, Wien, 258042-B ; B. U. Pavie, M.V.10.N.2; Biblioteca Comunale, Periodici, Côme, A 787 (pour cette dernière indication, voir Lucinda Spera).
L’édition italienne, signalée par Emilio Bertana (« Pro e contro i romanzi nel Settecento », Giornale storico della letteratura italiana, XXXVII (1901), p. 348-349) et par Giambattista Marchesi (Studi e ricerche intorno ai nostri romanzieri e romanzi del Settecento, Bergamo, Istit. italiano d’arti grafiche, 1903, p. 424-425), a été présentée pour la première fois par Lucinda Spera, en 1991 (voir infra).
Masseau D., « Le rôle des extraits de la Bibliothèque universelle des romans », La licorne, vol. XXI (1991), p. 187-194.
Spera L., « Una proposta editoriale d’Oltralpe : la Bibliothèque universelle des romans e la sua traduzione italiana », Rassegna della letteratura italiana, 1991/1-2, p. 66-71).
Sauvy-Wilkinson A., « Les souscriptions à la Bibliothèque Universelle des romans (1776-1780) », dans L’Europe et le livre. Réseaux et pratiques du négoce de librairie XVIe-XIXe siècles, Paris, Klincksieck, 1996, p. 371-382.
Hall M., « Gender and Reading in the Late Eighteenh Century: The Bibliothèque universelle des romans », Eighteenth-Century Fiction, [Hamilton Ontario], McMaster University, vol. 14 (2002/3), p. 771-789.
Marinai F., « Jean-François de Bastide in Italia (1788-1798) : gli ultimi anni della carriera di un écrivain professionnel », Rivista di Letterature moderne e comparate, vol. LXV (2012/2), p. 135-166.
Marinai F., « La Bibliothèque universelle des romans (1775-1789). Genesi e sviluppo di un’idea », Rivista di Letterature moderne e comparate, vol. LXVIII (2015/1), p. 1-32.
Historique: Parmi les nombreuses initiatives éditoriales que Bastide entreprend de 1790 à 1798, pendant son séjour en Italie, figure une réédition in-8 de la Bibliothèque universelle des romans (BUR). L’approbation,signée à Milan (censeur: Alfonso Longo) date du 29 mars 1790, et l’édition française est immédiatement suivie d’une autre équivalente, en italien, du même format : ce « redoublement » éditorial est une caractéristique de presque toutes les œuvres composées et publiées par Bastide dans les dernières années – italiennes ‒ de sa carrière de journaliste et d’écrivain.
L’édition française débute en mars-avril 1790 ; les livraisons continuent, mensuellement, jusqu’au volume 12; la BUR italienne (sans approbation) s’arrête auparavant, au volume 4 (dans les cinq derniers volumes l’éditeur change, et on joint le sous-titre : Nouvelle édition enrichie de romans traduits de l'italien, & de l'allemand, intéressans, & rares, (s.l.), 1790 [vol. 8/10]-1791 [vol. 11-12]). L’éditeur milanais Giuseppe Galeazzi s’en occupe, mais seulement jusqu’au septième volume de l’édition française ; à partir du huitième (publié, probablement, entre octobre et novembre 1790), Galeazzi est remplacé par un autre éditeur – de Turin, peut-être – qui n’est plus indiqué.
Quelques mois plus tard, alors que sortent ou viennent de sortir les deux derniers volumes français (onzième et douzième, datés 1791), Bastide se déplace à Florence : les ventes du périodique, évidemment, ne marchent pas et la BUR italienne s’est déjà arrêtée, au quatrième volume. Un nouveau prospectus (de la seule édition française) est donc imprimé « à Florence », par les presses de Gaetano Cambiagi: Prospectus Quatrième Edition in 8.° de la Bibliothèque Universelle des Romans, à Florence, à l’Imprimerie Royale, 1791 ; in-8°, p.[4]-XVI (BNCF, Palat., Florence, Misc. 3. C. 14. 10.). On y propose à nouveau la préface de l’édition milanaise qui provenait elle-même d’un Avant-propos préparé pour la BUR en 1787, lors d’une première tentative de réédition in-8° de la collection. Il existe un prospectus de l’édition de 1787 : Nouvelle édition in-8° de la Bibliothèque universelle des romans, à Paris, de l’Imprimerie de Demonville, 1787 (München, Bayerische Staatsbibliothek, P.o.gall. 2310.3).). Par rapport au texte de 1787, la seule différence détectable est dans les paragraphes où sont illustrés les rapports entre Bastide et ses anciens collaborateurs et associés (le marquis de Paulmy, le comte de Tressan et Madame Riccoboni) : la première personne du pluriel, qui soulignait dans le texte original la collégialité du travail rédactionnel, fait place, dans la préface de 1790 et dans le prospectus de 1791, à une première personne du singulier, nettement autoréférentielle. La préface de la « double » édition milanaise se termine (BUR, 1790, vol. I, p. xxiii-xxviii) par un paragraphe de Considérations particulières sur les romans d’Italie, et les romanciers de cette nation. Le texte, qui n’est pas republié dans le Prospectus florentin – contient une réflexion historico-critique sur l’état du roman en Italie, et provient, lui aussi, de la BUR (août 1776, p. 5-15). Toujours en accord avec le contenu de la préface des éditions milanaises, la brochure florentine se termine avec la reproduction d’une lettre d’encouragement que Voltaire avait adressée le 15 août 1775 aux éditeurs et aux auteurs du périodique, alors débutant (Prospectus, 4ème édition in 8°,p. xi-xvj) ; ici aussi, avec désinvolture, Bastide remplace l’original « Messieurs » utilisé par Voltaire, par un « Monsieur » qui lui permet de se poser comme le seul destinataire de la lettre.
L’existence de cette édition in-8°, valorisée par la présence des deux éditions parallèles, française et italienne, ajoute un nouvel élément de complexité – mais aussi d’intérêt – à l’histoire éditoriale très compliquée de la collection. Dans cette perspective, le prospectus florentin fournit des informations supplémentaires :
Les trois premières éditions de cet ouvrage étant épuisées, on en avoit commencé une quatrième, in 8.°, à Paris; les trois premiers volumes avoient déjà paru. Les événemens qui suivirent cette époque en France, arrêterent une entreprise, que le public avoit, pour ainsi dire, determiné par ses vœux. Monsieur de B*** se trouvant aujourd’hui en Italie, où l’amour des arts l’a conduit, quelques personnes d’esprit, quelques imaginations tendres l’ont excité à s’enrichir de nouveaux trésors […]; et à reprendre le dessein de son édition […]. Le sentiment a décidé. L’édition a été commencée; et les douze premiers volumes paroissent. Chaque livraison sera du même nombre de volumes, et aura lieu tous les six mois. Le volume, in 8.° (240 pages) est fixé à deux paoli (Prospectus, 4e éd.in 8°,p. [3-4]).
Cependant, malgré les efforts pour stimuler les ventes et les abonnements en augmentant le rythme de publication, l’initiative s’arrête dans les premiers mois de 1791 et le bilan final des volumes publiés est de 4 pour l’édition italienne et de 12 pour la française.
En outre, l’examen du contenu des cinq derniers volumes de la BUR française contredit ce qui était indiqué dans le sous-titre : aucune trace des nouveaux « romans traduits de l’italien & de l’allemand » annoncés ; les extraits, déduction faite de quelques déplacements non significatifs, sont ceux déjà publiés, en 1775-1776, dans les premiers volumes de la collection in-12.
Dans un Avis à la fin du premier volume de l’édition française (absent de l’édition italienne), on trouve, cependant, une indication importante:
On souscrira pour cet Ouvrage chez les principaux librairies d’Italie, de France et du reste de l’Europe, lesquels s’adresseront (pour l’Italie) à Milan, chez Joseph Galeazzi, imprimeur libraire; et pour la France, à Paris, au bureau de la Bibliothèque des Romans, rue des poitevins n° 20. Il paroîtra, tous les mois, un volume de quinze feuilles, in 8°, c’est-à-dire de 240 pages, on le payera 48 sols de France (BUR, 1790, vol. I,p. 203).
L’adresse parisienne de l’Avis établit un lien de propriété formel et explicite entre la BUR milanaise – apparemment, propriété exclusive de Bastide – et la BUR de la série principale, dont les quatorze derniers volumes – datés d’août 1788 à juin 1789, mais publiés et distribués en 1790 – sont également achetés, à Paris, à la même adresse : « Au Bureau, rue des Poitevins n° 20 ». Évidemment, Bastide est de nouveau (dès 1789, presque sûrement) le propriétaire de la BUR, et en avril 1790 – date approximative de publication du volume contenant l’Avis cité ‒ un bureau parisien du périodique est encore ouvert et actif, et les derniers volumes in-12 sont en distribution.
En octobre-novembre 1788, le libraire Bastien avait été sollicité pour reprendre la publication de la BUR, interrompue (après une banqueroute) en 1787 ; cette charge lui avait été conférée par un « nouveau propriétaire » inconnu, succédant à Bastide (voir Martin, Angus, La Bibliothèque universelle des romans, Oxford, The Voltaire Foundation, 1985, p. 12-13). Le premier volume publié chez Bastien porte la date d’août 1787 (il faut récupérer, en antidatant les volumes, une interruption de quinze ou seize mois) ; les livraisons de Bastien continuent jusqu’au numéro d’août 1788 – publié, environ, au second semestre de 1789 ; puis Bastien disparaît, remplacé par un éditeur qui n’est plus indiqué et qui imprime les quatorze derniers volumes in-12 de la collection. À ce changement de libraire correspond, certainement, un nouveau changement de propriété, laquelle est réacquise par Bastide : hypothèse confirmée par un passage d’un prospectus pour une édition de ses Œuvres diverses et choisies, où l’écrivain déclare qu’il peut à nouveau disposer librement de la BUR : « Le parti que je viens de prendre, et qu’un Prospectus a annoncé, relativement à la Bibliothèque des Romans, me permettant de disposer de moi-même, j’exécute mon projet » (Œuvres diverses et choisies de M. de Bastide, En douze Volumes in-8° [Prospectus, avec biographie de l'auteur], à Paris, chez Bastien, 1789, p. i; BMVR Alcazar, x d 5615).