NOUVELLES LETTRES SUISSES

1038
1745

Titre(s)

Nouvelles Lettres suisses sur divers sujets et sur-tout sur les Affaires présentes de l'Europe.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er octobre 1745–31 décembre 1745, un volume. Périodicité irrégulière.

Description de la collection

Le tome comporte 19 lettres, numérotées 1-18 (il y en deux au n° 5); 217 p.

Les lettres sont de 5 à 27 p., 95 x 163, in-12.

Devise: Negotia nova veteribus accrescunt. Plin. J.

Frontispice: deux amours avec argent et livres; à l'arrière-plan une balance, surmontée des mots: vis, unita, major.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam. «Aux dépens de la Compagnie».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Un Suisse, qui n'est pas nommé.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu: le conflit actuel entre l'Autriche et la France; la politique européenne; l'art militaire; la critique littéraire et religieuse. Le principal centre d'intérêt est la politique contemporaine.

Auteurs étudiés: Calvin, Voltaire (critique du Poème de la bataille de Fontenoy, p. 66-93).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

University of Kentucky Library, + /944/N855.

Historique

Les premières lettres retracent l'histoire du «conflit actuel», dès le règne de François Ier. La France se voit jugée: elle aurait eu raison de s'opposer à l'agrandissement de la maison d'Autriche, mais tort, selon la justice et selon les bonnes règles de l'art militaire, dans ses méthodes. Plusieurs lettres traitent du prétendant anglais Edouard, appuyé par les Français, dans une dispute devenue religieuse. L'auteur termine la série en soulignant la nécessité d'un équilibre entre les pouvoirs. Son but réel dans les lettres (plaider pour la paix) s'exprime en termes réitérés et chaleureux.

Titre indexé

NOUVELLES LETTRES SUISSES

Date indexée

1745

NOUVELLES ÉPHÉMÉRIDES ÉCONOMIQUES

1028
1774
1788

Titre(s)

Nouvelles Ephémérides économiques ou bibliothèque raisonnée de l'histoire, de la morale et de la politique.

Continuation des Ephémérides du Citoyen.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Décembre 1774–mars 1788. 10 volumes. D'après le cahier d'annonce de décembre 1774, le privilège des Ephémérides du citoyen continue.

Approbation: 3 décembre 1774.

Périodicité mensuelle, dans le cours de la 3e semaine du mois avec une longue interruption de juin 1776 à janvier 1788.

1788. bimensuelle, 1er et 3e dimanches. 12 livraisons par an, 5 vol. par an. Datation des volumes: déc. 1774–nov. 1775 (t. I-VI), déc. 1775–juin 1776, puis janv.–mars 1788 (t. VII-X).

Description de la collection

2 livraisons par tomes, excepté le dernier où il y en 4. 400 p. environ par volume. Cahier entre 72 et 240 p., 95 x 163, in-12.

Devise: Quid turpe, quid utile, quid non. Horac. Frontispice: scène campagnarde avec laboureur.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Lacombe; en 1788, Onfroi et Royez, quai des Augustins. Imprimeur: Didot, rue Pavée Saint-André, à la Bible d'Or. En 1788, Quilleau, rue Fouarre.

Souscription: on pouvait souscrire chez le Sieur Louvay, rue de Savoye, ou au Bureau de Correspondance, rue des Deux-Portes Saint-Sauveur. La plupart des souscripteurs venaient probablement des Ephémérides du Citoyen, terminées en 1773; le prix est de 24 £.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Nicolas BAUDEAU, abbé. Collaborateur régulier: le colonel de Saint-Maurice de Saint-Leu.

Collaborateurs occasionnels: Roubaud, Mercier de La Rivière, Billy; de Fréville, Bigot de Sainte-Croix, Quesnay, par leurs écrits.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

1) Pièces détachées. 2) Critiques raisonnées. 3) Evénements publics, au dire du cahier d'annonce.

Le contenu réel est un enseignement sur les principes de l'économie, par des discours, essais, lettres critiques, statuts, extraits, éloges, traits de bienfaisance, histoire des finances; on publie aussi des critiques des économistes et des réponses.

Centres d'intérêt: les impôts, le luxe, la richesse, les arts et métiers, le commerce, l'art militaire, l'agriculture, l'éducation, la vie économique, la production, la société, avec des comparaisons avec d'autres pays.

Auteurs étudiés: Colbert, Condillac, Montesquieu, Necker, Quesnay, Rousseau (rarement nommé).

Tables intégrées au commencement ou à la fin de chaque numéro.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bibliothèque de l'Institut Giangiacomo, Milan; Ars., 4° Jo 18643 bis, jusqu'à 1776.

Bibliographie

B.H.C, H.P.L.P., H.G.P.

Réédition: Milan, Feltrinelli, 1969, 10 vol. (B.N., Z 21948-21954).

Historique

Après la disparition des Ephémérides du citoyen en 1772, les physiocrates restèrent sans organe officiel ni voix forte dans le monde politique. L'avènement de Turgot au pouvoir en 1774 changea subitement leur fortune. Il fallait dès lors expliquer leurs théories, quelque peu obscures à un grand public et répondre aux critiques devenus plus inquiets. Le journal fut donc repris sous le titre de Nouvelles Ephémérides, dirigé par l'ancien rédacteur l'abbé Baudeau.

En tête du premier tome, celui-ci résuma les principes économiques qu'il développa, avec exemples, au cours du journal. L'idée qui prime, c'est celle qui revit aujourd'hui avec les «distributists» anglais: l'agriculture est la source de toutes les richesses. Le gouvernement doit favoriser la culture plus que les manufactures et assurer la liberté dans le commerce des denrées et l'indépendance dans la direction des exploitations agricoles. Le journal signala avec louanges les statuts qui répondirent à ses vues, les appuyant sur des preuves statistiques de meilleure productivité. Les Nouvelles Ephémérides rappelèrent aussi les avantages de tels changements, aux très pauvres, dans la ferme et ailleurs. Les articles sur l'art militaire eurent le même but humanitaire: vaincre aussi vite que possible dans les guerres puisqu'elles amènent inévitablement la misère.

L'exposé d'autres doctrines fait voir le système. Il ne faut pas que le commerce soit contrôlé par le gouvernement, que les corporations et les communautés exercent des monopoles, que les droits et les impôts épuisent les profits et le nécessaire; il faut plutôt laisser faire. Cette maxime vaut aussi pour la forme du gouvernement: ces physiocrates se montrent persuadés que la monarchie est la meilleure règle de la société. Par contre il y a des circonstances où le gouvernement doit intervenir. Cela est exigé quand les prix tombent au-dessous d'un certain niveau, ou quand une augmentation des salaires est suivie d'une augmentation des prix, ou bien pour effectuer des améliorations d'une grande étendue, les canaux en Bourgogne, par exemple. C'est plutôt aux individus de faire d'autres améliorations, d'encourager le travail des académies, de faire instruire leurs enfants. De longs articles dans lesquels les auteurs mettent l'accent sur l'aspect scientifique de leur entreprise, démontrent chacun de ces principes dans des cas particuliers. Un seul exemple: on prouve que la suppression des droits sur le poisson frais et salé fit croître ce commerce à un degré énorme (1775, t. IV, 3e partie).

Une apologie des économistes se dessina en même temps. Ils sont enthousiastes et sectaires, mais selon eux, c'est qu'ils ont raison. Tout en admettant quelques critiques de leur système, ils produisent des témoignages de convaincus et se hâtent de préciser en plusieurs articles les théories auxquelles tient le vrai physiocrate.

Muni de cette confiance, Baudeau osa lui-même critiquer. Il suggéra indirectement des réformes par l'histoire des finances royales et par une ample information sur de meilleures conditions en Angleterre, Russie et Suède. Plus ouvertement, il demande la suppression de la corvée et de certains impôts de base sur les boissons, le tabac et le sel. C'est finalement une de ces critiques qui mit fin aux Nouvelles Ephémérides. Baudeau venait de gagner un procès occasionné par un article sur la caisse de Poissy quand un autre, sur les impôts supplémentaires levés clandestinement pendant la guerre de Sept Ans, fit supprimer le journal (juin 1776).

L'indomptable rédacteur essaya de nouveau, 12 ans plus tard, en janvier 1788 de faire revivre le journal. Malgré la protection de l'archevêque de Toulouse, la reprise ne dura que trois mois.

Titre indexé

NOUVELLES ÉPHÉMÉRIDES ÉCONOMIQUES

Date indexée

1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788

JOURNAL DE SAINT-DOMINGUE

0686
1765
1766

Titre(s)

Journal de Saint-Domingue.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Novembre 1765 – mars 1766. Un volume. Mensuel, le premier mercredi, 5 livraisons en 5 mois. Le vol. est daté: 1765-1766.

Description de la collection

Le volume comporte les 5 livraisons et a 333 p., 95 x 163, in-12. Chaque livraison a 65 p. en moyenne.

Devise: «Pays vaste et peuplé, climat riche et charmant / Où toutes les saisons régnent également / Où la terre docile à la moindre culture / Rassemble tous les dons de la sage nature» (Le plaisir, Rêve. Songe VI).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Cap-Français.

Particuliers associés: 13 fonctionnaires à Fort-Dauphin, Port-de-Paix, Port-au-Prince, Saint-Marc, Arcahaye, Léogane, Petit Goave, Fond-des-Nègres, Jérémie Les Cayes, Saint-Louis, Cap-Tiburon, Jacmel, Mirebalais, Lance-à-Veau, Nippes.

Imprimeur: «Marie, Imprimeur breveté du Roi pour toute l'Isle Saint-Domingue».

La liste à la fin du tome compte 116 souscripteurs, presque tous aux noms français et à des adresses dans l'île. Ils sont soit administrateurs et fonctionnaires, soit «habitants», c'est-à-dire fermiers.

Le prix était de 90 £.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Collaborateurs occasionnels: Bourgeois, secrétaire de la chambre d'agriculture à Saint-Domingue; Régnier du Tillet, commissaire aux classes du Port-de-Paix; et un certain Fage. La plupart des collaborateurs semblent être des souscripteurs.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu: 1) Détails des causes célèbres au Conseil supérieur du Cap et de Port-au-Prince. 2) Mémoires sur l'agriculture et le commerce. 3) Médecine des Tropiques. 4) Histoire naturelle. 5) Annonces concernant l'île. 6) Renseignements utiles dans l'exercice des arts et métiers. 7) Contributions littéraires des souscripteurs.

Centres d'intérêt: les colonies des Antilles et surtout la partie française de Saint-Domingue. Des articles sur Saint-Domingue publiés dans l'Encyclopédie ou le Journal encyclopédique sont rectifiés.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Library of Congress, AP 21/J 7.

Historique

Fondé en réponse au succès des Affiches américaines, le Journal de Saint-Domingue voulut lui aussi être utile à un groupe spécialisé, les colons de Saint-Domingue. Les articles traitent donc de sujets d'un intérêt restreint; les avantages de construire les raffineries de sucre dans l'île même, les différentes eaux, les fièvres tropicales. La section littéraire, vouée aux créations souvent moralisatrices des souscripteurs visités par les Muses, joua un rôle important dans le journal. Ce qui y manque, c'est toute critique du pouvoir; s'y exprime plutôt une certaine fierté de la richesse naturelle de l'île et des progrès dus à l'industrie des Français. Le journal ne paraît pas avoir eu plus d'un tome.

Titre indexé

JOURNAL DE SAINT-DOMINGUE

Date indexée

1765
1766

JOURNAL DE MARINE

0669
1778
1780

Titre(s)

Journal de Marine ou Bibliothèque raisonnée de la science du navigateur, «dédié à S.A.S. Mgr le Duc de Chartes, par M. Blondeau de l'Académie Royale de Marine et professeur de Mathématiques à Brest».

A partir de 1780, Blondeau ajoute d'autres titres: de la Société Royale patriotique de Stockholm, de celle des Sciences et belles-lettres de Gothembourg, etc.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

14 janvier 1778-30 décembre 1780. Un volume. Privilège du 14 janvier 1778. Prospectus s.d. publié au commencement de chaque numéro.

Périodicité: toutes les six semaines, d'après l'annonce; en fait très irrégulière: 3 numéros en 1778, 5 en 1779, 8 en 1780.

Datation: 1778: 14 janv., 14 avril, 10 nov.; 1779: 1er févr., 1er mars, 20 juil., 16 nov.; 1780: 15 févr., 4 avril, 25 juil., 4 sept., 10 oct., 4 déc, 20 déc., 30 déc, d'après les approbations. Chaque cahier est numéroté de 1 à 8 pour 1778 et 1779, paginé 1 à 288 p.; 8 numéros, paginés 1 à 288 pour 1780.

Description de la collection

Le volume contient deux tomes. Nombre total de pages: 576. Sur deux colonnes, in-4°, 36 p. de cahier, 190 x 250.

Devise: Colligit, spartit, lucet, viget.

Quelques dessins d'instruments de marine. La première page porte un frontispice représentant voiles et voiliers. C'est une lettre en italiques adressée à Monseigneur et signée: Blondeau.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Brest. Editeur: R. Malassis.

On pouvait souscrire chez Malassis; chez M. Théveneau, directeur de la Poste de Paris; chez les principaux libraires. Le prix était de 7 £ 10 s. à Brest, 10 £ autre part.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Etienne-Nicolas BLONDEAU. Collaborateurs occasionnels: Duret, de Francy, Sartine, Rigaud, Fouray, Delleville, Groignard Du Justin, Mannevillette, parmi ceux qui ont fourni des mémoires et des lettres.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La préface annonce: 1) Etat actuel de la science du navigateur prise dans toute son étendue. 2) Pièces détachées sur les détails de la science de la marine. 3) Extraits et analyses. 4) Faits utiles.

Contenu réel: vue générale de la science du navigateur; lois maritimes; inventions; architecture et machines navales; renseignements cartographiques et astronomiques; biologie marine; méthodes pour la conservation des denrées; comptes rendus; journaux de navigateurs.

Centres d'intérêt: possibilités du progrès dans la science marine; théorie qui appuie des faits épars; systématisation de cette science; faits empiriques; nouveautés et suggestions utiles.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

U. de Minnesota, 1778/BL (Belle Collection). B.N., V 11755-11756 (chaque tome est relié à part).

Bibliographie

B.H.C. ; H.P.L.P. ; H.G.P.

Historique

Après deux ans pendant lesquels il dut contourner les obstacles élevés par les autorités, Blondeau commença enfin la publication du Journal de marine en 1778. Selon les Mémoires secrets (24 oct. 1776), la difficulté principale avait été l'interdiction gouvernementale de rendre compte des mouvements dans les ports. Blondeau avait cédé, en dédiant l'ouvrage au duc de Chartres, dont l'appui avait fait disparaître les barrières, et en promettant de traiter à fond la science marine. Il ne mentionne pas les exceptions faites dans ce vaste plan, le fait que les matières controversées ne devaient pas y figurer, bien qu'il eût promis l'anonymat et que plusieurs collaborateurs n'aient signé que de leurs initiales. On remarqua cependant les lacunes, car le directeur se vit obligé d'expliquer dans une nouvelle préface, avant le commencement des cahiers de 1780, que l'histoire militaire, d'ailleurs défendue par les «ordres supérieurs», ne l'intéressait pas. C'était dans cette même préface qu'il expliqua aussi la parution irrégulière des premiers cahiers: la guerre récente avait pris la plupart du temps de l'imprimeur officiel, qui était aussi celui du journal. Blondeau choisit de continuer avec Malassis, pour pouvoir surveiller de près l'impression.

La guerre contre l'Angleterre, qui se déroulait principalement sur mer, avait excité la curiosité et le besoin de nouvelles connaissances sur la marine, à un moment où naissaient plusieurs journaux spécialisés. Le Journal de marine voulut profiter de cette vogue, tout en élargissant d'une façon scientifique, le champ des connaissances utiles («utiles» plutôt qu'«agréables», ces dernières ayant été proscrites, d'après M.S., 22 juin 1781). Le journal mit en effet l'accent sur la théorie, comme base de nouvelles découvertes et de systématisation, et comme inspiratrice de la bonne méthode. Chaque numéro commence donc par une section d'un «état actuel de la science du Navigateur, prise dans toute son étendue», dans laquelle l'auteur comptait traiter en détail l'eau et l'air, la construction des bateaux et l'art de les déplacer. La théorie et la pratique du sondage, par exemple, s'étale en une vingtaine de pages dans plusieurs numéros.

Les connaissances abstraites devaient ainsi préluder toujours à d'autres plus immédiatement utiles, celles qui occasionnèrent le très bon accueil que vante Blondeau dans la deuxième préface, à laquelle nous avons déjà fait référence. On trouve des articles et des mémoires didactiques: comment garder l'eau douce pendant un long voyage, les guérisons de maladies exotiques, la fabrication d'un baromètre en fer. Il y en a aussi qui forment des recueils à consulter, de cartes marines, d'indications sur la navigation dans diverses parties du monde, de la loi maritime, des conditions dans les ports. D'autres encore font la distraction du lecteur, tout en le renseignant, tels les journaux de voyage. Il ne faudrait pas non plus oublier les anecdotes de bienfaisance, de courage et d'autres vertus, racontées dans le style sentimental de l'époque.

Sans mentionner de difficultés ni changer de format, le journal cessa de paraître en décembre 1780.

Titre indexé

JOURNAL DE MARINE

Date indexée

1778
1779
1780

JOURNAL CHRÉTIEN 2

0627
1754
1764

Titre(s)

Lettres sur les ouvrages et Œuvres de Piété dédiés à la Reine.

À partir de 1756, t. I, on ajoute: «Par M. l'abbé Joannet de la Société Royale des Sciences et Belles Lettres de Nanci». 1757, t. V, après «Œuvres de Piété», on ajoute: «ou le Journal chrétien».

Devient à partir de 1758, t. I: Journal chrétien «dédié à la Reine; par M. l'abbé Joannet de la Société Royale des Sciences et Belles Lettres de Nanci».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

15 août 1754 - décembre 1764. 40 volumes. La première approbation est du 4 novembre 1754. La périodicité annoncée, 1er et 15 de chaque mois et à partir de 1758, mensuelle, est respectée. A partir de 1758, l'approbation est signée le 15.

Livraisons par an: 24 de 1754 à 1758. De 1758 à 1764: 12. On a 5 volumes par an de 1754-1758 et 4 de 1758-1764.

Datation: 15 août 1754 - 13 nov. 1755, 6 t.; 24 déc. 1755 - 12 déc. 1756, 5 t.; 24 déc. 1756 - 25 déc. 1757, 5 t. Dès janvier 1758, dans la collection de Duke, on trouve deux mois par volume.

Description de la collection

Jusqu'en 1758, chaque volume comporte 18-20 lettres, livrées en deux cahiers; dès 1758, chaque année comporte 12 numéros. 360 p. par numéro de 1754-1758. 192 p. de 1758 à 1762. 144 p. en 1763 et 120 p. en 1764.

Cahier 95 x 163, in-12.

Devise: «Quid prodest in humanis proficere doctrinis et marcescere in divinis? (Que sert de se rendre habile dans les Sciences humaines et de rester dans l'ignorance de celles de Dieu?) Isidore: De lib. gentilib».

Jusqu'en 1760, notation musicale pour une chanson dans presque chaque numéro.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris. Daniel Chaubert et Cl. Hérissant. Chaubert: quai des Augustins, à la Renommée. Hérissant: rue Notre-Dame à la Croix d'Or et aux Trois Vertus. En 1756: Lambert, rue et à côté de la Comédie-Française, au Parnasse. En 1763: Ch. J. Panckoucke, même adresse que Lambert.

Prix: 1755-1756, 12 £ à Paris; 1757-1763, 18 £ à Paris et 21 £ en province; 1763-1764, 15 £ à Paris et en province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-Baptiste-Claude JOANNET, abbé.

Collaborateurs: Nicolas-Charles-Joseph Trublet; Portes, abbé; Anger, abbé; de Lattaignant, abbé; Dinouart, abbé.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

L'Avis annonce: théologie ou religion; morale, selon la nature et la religion, en cas particuliers et par instruction épiscopale; les beaux-arts, surtout l'éloquence, la poésie et la musique; l'histoire du point de vue de la religion.

Les principales rubriques sont: théologie, controverse, histoire ecclésiastique, droit canonique, morale pratique, dévotions, discours et sermons, poésie et chants sacrés, événements.

Les centres d'intérêt: polémique contre l'irréligion, surtout contre les philosophes; critique philosophique et littéraire de livres en tous genres; sujets utiles aux prêtres (sermons, prières, explications théologiques, etc.).

Auteurs étudiés: Bayle, Diderot, Fontenelle, Leibniz, Locke, Milton, Montesquieu, Rousseau, Pope, Voltaire, parmi les philosophes et poètes.

Table à la fin de chaque année. Table générale pour 1754-1764 à la fin de décembre 1764.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Perkins Library, Duke University, U.S.A., X per/J86CD.

Les collections de la B.N. et de l'Ars. sont incomplètes, et ne comprennent que 20 volumes. Hatin en mentionne 40.

Bibliographie

B.H.C., H.P.L.P., H.G.P.; D.P. 2.

Historique

Le 15 août 1754 l'abbé Joannet, qui venait d'abandonner pour raisons de santé, son noviciat jésuite, signe la première de ses lettres adressées à un «Monsieur», habitant la province, suivant une convention journalistique fort répandue. Son prétendu correspondant pourrait trouver dans ses comptes rendus la critique des nouvelles œuvres dans un genre négligé par les autres journaux: la piété. De prime abord donc, l'abbé voulut établir comme principe que les œuvres sur la religion faisaient elles aussi, partie de la littérature. Il se hâta de promettre une critique littéraire de ces livres, particulièrement nécessaire en ce moment à cause du «faux bel-esprit» qui envahissait les œuvres profanes et qui obscurcirait trop les principes chrétiens si ce style venait à gagner dans les écrits religieux. Un autre écueil, celui d'ennuyer les lecteurs serait évité dans le journal par la variété des matières et la manière de les traiter (t. I, 1754).

Les premières lettres rectifient quelque peu cet accent mis sur les qualités littéraires. Bien qu'on ne cessât d'évaluer cet aspect des livres, il devint clair que le contenu importait autant et plus que la forme. Dans l'avis de septembre 1754, où la parution régulière des lettres fut annoncée, ce furent des contributions sur les nouvelles des morts édifiantes, des cérémonies, des actions pieuses, que l'on demanda, non pas des œuvres littéraires. Le but élargi se révèle dans l'Avis du t. V de 1756, quand Joannet, dont le succès avait été affirmé par la reine, envisagea un nouveau programme: il y aurait désormais quatre parties à chaque numéro, sur la théologie, la morale, les beaux-arts et l'histoire; on invita des collaborateurs sur tous les sujets; les articles dans chaque catégorie seraient, d'une façon plus marquée, antiphilosophiques. Autre changement: l'abbé Trublet, le disciple de Fontenelle et de La Motte, qui avait offensé Voltaire par sa critique des vers français, se joignit au journal, pour y débuter vraiment, en janvier 1758. Joannet le présenta comme co-rédacteur, en louant la formation et les talents du nouveau venu; selon Michaud, cependant, Trublet aurait voulu taire cette association, assez importante d'ailleurs (une quarantaine d'articles entre 1758 et 1761; voir D.P. 2) parce que l'abbé désirait ardemment gagner une place à l'Académie où les journalistes n'avaient pas bonne presse. Quoi qu'il en soit, l'année où les articles de Trublet cessent de paraître, 1761, est l'année même où il reçut le titre d'Immortel.

En janvier 1758, les Lettres devinrent le Journal chrétien et Joannet prit l'occasion de résumer dans un avis de 17 p. l'origine et le plan du périodique. A un moment où les journaux se créaient pour toutes les spécialités, l'abbé avait cru bonne la suggestion d'un ami (qui n'est pas nommé, mais qui paraît être l'abbé Berthier) d'en rédiger un sur les ouvrages de piété. Car, malgré les ravages exercés par la «fausse Philosophie, la manie du bel-esprit et la licence des mœurs» (p. 7), les églises restaient fréquentées et les cloîtres peuplés. Ayant d'abord pensé à comprendre tous les ordres de la société chrétienne, puis ayant limité le champ, faute de pouvoir suppléer seul à un tel journal, il avait eu le bonheur de rencontrer un succès grand et rapide. Il aurait désiré le concours de plus de collaborateurs et espérait toujours l'attention des évêques. Cependant, secondé par Trublet, il pouvait maintenant signaler un journal bien amélioré, dès lors mensuel, et qui abandonnait la forme épistolaire pour suivre étroitement le plan déjà résumé. En novembre 1758, «la faveur de ce journal augmentant de jour en jour auprès de Messieurs les Ecclésiastiques» (p. 179), Joannet envisagea plusieurs augmentations dans chaque catégorie. Il n'était pas possible de donner des réfutations complètes des livres comme De l'Esprit des lois mais le journal continuerait à y chercher ce qu'il y avait de saine philosophie. Une suite d'articles contenant les preuves de la religion chrétienne se prolongerait. On trouverait, en nouveauté, un abrégé du droit canonique; la résolution de divers cas de conscience; des plans de discours pour les fêtes prochaines, traduits de langues étrangères; des explications théologiques basées sur l'Ecriture, les Pères et les Conciles. Un resserrement de l'impression du journal, à la mesure de cinq lignes par page, assura ces transformations.

Ce plan fut suivi jusqu'en janvier 1763, date où Panckoucke annonça sa succession aux fonds du libraire Lambert. Celui-ci réduisit le nombre de pages, tout en les faisant plus longues (de très peu, en fait, quelques lignes seulement). En plus il rabaissa le prix de 5 £. Deux ans plus tard, en décembre 1764, un mois après la suppression des Jésuites, Joannet signala sa démission sans explication, mais en remerciant ses collaborateurs et le public, et en prenant soin de donner la table complète des matières pour toute la durée du périodique. L'abbé prit sa retraite, donnant en 1770 et 1775 des œuvres philosophiques avant de mourir en 1789.

Dans son adieu (p. 104), Joannet parla des principes qui le guidèrent: «une impartialité et une honnêteté de critique, dont je crois ne m'être jamais départi, si ce n'est contre quelques ouvrages d'une impiété si audacieuse qu'elle aurait justifié le zèle le plus amer». Ce fut vraiment, comme il l'admit, un journal polémique qui avait pris parti contre les philosophes dès le commencement, et qui s'attaque à eux avec de plus en plus d'acharnement au cours des années. Selon le journal, les philosophes anéantissent la vertu, leur appel à l'estime de soi pour inspirer la bienfaisance ne suffit pas, ils ne voient pas combien l'homme a besoin du surnaturel (t. IV, Lettre 3). La philosophie doit être perfectionnée par la théologie (t. III, Lettre 17), qui, elle, peut être expliquée et prouvée. Il faudrait des remparts, tels que des académies ecclésiastiques, pour combattre l'ennemi avec ses propres armes (1756, t. I, Lettre 1). Les magistrats ont le pouvoir de couper ces membres infects, qu'ils en usent avant que la corruption ne gagne le corps entier (1756, t. III, Lettre 1). Des traités clairs et convaincants exigés comme réponses aux questions qu'on n'aurait même pas dû poser (l'existence de l'âme, de Dieu), se résumèrent en détail ici. Les auteurs entamèrent aussi de nombreuses défenses contre les incrédules; trois extraits en 1757 (t. II) sur la religion naturelle et la religion révélée; deux sur le fatalisme (1757, t. IV); un accord de la foi avec la raison, par Trublet (1758, t. I, II); deux extraits d'un livre sur l'incrédule détrompé (1758, t. II-III) et trois sur les athées (1758, t. VII-IX); dix-huit extraits d'un abrégé des preuves de la religion, par l'abbé Anger (1758, t. XI; 1760, t. IV); vingt-sept extraits au sujet des erreurs sur la religion (1758, t. XII; 1762, t. VII). Plusieurs numéros en 1759 et 1760 traitèrent longuement les nouvelles de la condamnation de Encyclopédie et de De l'esprit du Journal encyclopédique par Louvain, et plus tard, en octobre, Emile. Le journal alla jusqu'à se corriger parfois: un lecteur averti fait voir le matérialisme dans un poème par M. de La Herse sur la création, et le poète se reprend au numéro suivant (1762, t. IX, 1). Poullain de Saint-Foix, accusé par le Journal chrétien d'avoir tourné la religion en ridicule dans les Essais sur Paris poursuivit les journalistes et obtint satisfaction (Grimm, C.L., t. IV, p. 275-276).

Le même point de vue se montre aussi dans les critiques d'écrivains et les interprétations des événements. Outre les attaques acerbes contre les philosophes, il y en eut aussi contre Locke, Spinoza, Bayle et leurs confrères. Descartes, et c'est à sa philosophie que Joannet adhérait, n'est guère mentionné. Quant aux événements, on lit des explications orthodoxes des tremblements de terre, de l'Inquisition et de l'Edit de Nantes, tandis que la Saint-Barthélemy et d'autres excès sont rejetés.

Le journal fut essentiellement un organe conservateur, d'où ses hésitations à critiquer l'Eglise. Contemporain de l'Encyclopédie, il arriva parfois à désapprouver les institutions, mais ce fut plutôt indirectement; par exemple en parlant longuement de la responsabilité du prêtre envers son troupeau. En gros, cependant, le journal se mit du côté de l'autorité et des traditions établies. Il prêcha des études plus approfondies du latin et fut sévère pour les formules des sacrements et les pratiques de dévotion. Il condamna le théâtre, les romans et les passions. Il loua la royauté et la docilité à toute autorité, soit sociale soit religieuse.

Encore contemporain de l'Encyclopédie, le journal voulait instruire. A son premier auditoire, le clergé, il destine surtout la rubrique des sermons sous laquelle se trouvent groupés des analyses et des textes complets qui se comptent par centaines. La longue suite d'articles sur les cas de conscience, les lois ecclésiastiques, la connaissance de Dieu et les extraits des Pères, eurent aussi comme but de servir d'ouvrages à consulter pour les prêtres. L'exégèse de l'Ecriture y est aussi très développée, par une quantité d'articles sur les rapports entre les deux Testaments, les interprétations et les meilleures œuvres linguistiques.

Pour un deuxième public, en principe plus étendu, celui de tous les chrétiens, le journal fournit des études sur l'éducation des enfants, des vies du Christ et des saints, et beaucoup de conseils (sur les devoirs domestiques par exemple) et de «dévotions». Le séculier peut s'y instruire aussi et nourrir sa piété en lisant les rapports des missions, les histoires de lieux saints et les mandements épiscopaux. Il a l'occasion de se rappeler la nécessité des œuvres de charité, c'est-à-dire la bienfaisance recommandée sous bien des formes comme une des bases de la foi. Ces suggestions et les histoires sentimentales, les incidents pieux, eurent aussi pour effet de toucher les lecteurs.

Car l'abbé et ses collaborateurs durent comprendre l'importance du sentiment dans l'expérience religieuse, et partant, de l'appel au sens esthétique; la section sur les beaux-arts fut dans presque chaque numéro remplie de sermons et de poèmes. Les psaumes, en nouvelle traduction, y foisonnent, ainsi que les odes sur des sujets de dévotion, les dispositions nécessaires pour bien communier, par exemple (1762, t. VI). Les pensées sont élevées, mais l'expression, et l'air à suivre, le sont moins: un cantique parmi beaucoup chante les caresses du monde, les soupirs, l'ardeur, sur la mélodie d'«Hypolite et Aricie» (1757, t. III). Les lecteurs donnèrent aussi en profusion des chants pour les fêtes, et on trouve quelques poésies de circonstances, par exemple les étrennes de Joannet en 1761 au couple royal. Par leur nombre, toutes ces poésies et ces sermons prouvent que Joannet fut fidèle au principe énoncé très tôt (1754, t. II; 1755, Lettre 15), que ce qui sert à séduire peut aussi servir à induire à la religion.

Incitation à la religion, par ses défenses, ses exégèses, ses conseils et ses poèmes, le Journal chrétien fut une présence marquante pendant ces dix ans de crise.

Titre indexé

JOURNAL CHRÉTIEN 2

Date indexée

1754
1755
1756
1757
1758
1759
1760
1761
1762
1763
1764

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DES ROMANS

0172
1775
1789

Titre(s)

Bibliothèque universelle des romans, ouvrage périodique, Dans lequel on donne l'analyse raisonnée des Romans anciens et modernes, François, ou traduits dans notre langue ; avec des Anecdotes et des Notices historiques et critiques concernant les Auteurs ou leurs Ouvrages ; ainsi que les mœurs, les usages du temps, les circonstances particulières et relatives, & les personnages connus, déguisés ou emblématiques.

Continuée par la Nouvelle Bibliothèque des romans (1798-1805).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juillet 1775-juin 1789. Avec approbation et privilège (27 avril 1775). Prospectus : juillet 1775, premier volume; Mercure de France, mai 1775; Journal encyclopédique, 15 juin 1775;  l'Année littéraire, 21 nov. 1775; Gazette d'Europe, juin 1776.

La périodicité annoncée (le premier de chaque mois, plus un volume supplémentaire les 15 janvier, avril, juillet, et octobre) est respectée, à l'exception de quelques retards insignifiants, qui devinrent plutôt longs et fréquents en 1787-1788 et qui sont attestés par une date d'approbation postérieure à celle de la page de garde. Dès juillet 1788, il n'y a plus cette indication interne de la date de parution.

Description de la collection

224 volumes au total, correspondant chacun à une livraison, soit 16 volumes par an (12 livraisons mensuelles et 4 livraisons doubles). A partir d'avril 1788, la pagination est continue sur deux volumes (A. Martin, La Bibliothèque universelle des romans, p. 8). Environ 215 p. par volume (on promet 9 feuilles). In-12, 95 x 135.

Prix : 24£ à Paris, 32£ en province, 36 sous le volume pour ceux qui n'étaient pas abonnés.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, «Au Bureau, rue Neuve Sainte-Catherine, pour Paris. Au Bureau et chez Demonville, Imprimeur-Libraire de l'Académie Française, rue Christine, pour la Province». Les adresses du bureau varient. De nouveaux libraires s'y associent pour les abonnements en province : Moutard en mai 1779 ; Gueffier, oct. 1780, vol. I ; déc. 1780 et juil. 1781, vol. I ; avril 1782, vol. I. Seul Jean-François Bastien est nommé entre juillet 1787, vol. I et juillet 1788, vol. I. L'index littéraire de Martin comprend tous les noms de libraires cités dans les volumes.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le marquis de PAULMY, Marc Antoine René de Voyer d'Argenson, dont l'associé fut le comte Louis Élisabeth de La Vergne de TRESSAN, tous les deux médiévistes reconnus. Le propriétaire du privilège fut Jean-François de BASTIDE, écrivain professionnel peu estimé des éditeurs de la Correspondance littéraire (juil. 1776, XI, 307). Il devint directeur de fait, toujours avec l'appui de Tressan, à la démission de Paulmy en décembre 1778.

Collaborateurs : Denis Dominique Cardonne, interprète du roi en langues orientales ; André Guillaume Contant d'Orville, associé de Paulmy ; Couchu, spécialiste pour les extraits tirés de l'espagnol ; Jean Marie Louis Coupé, traducteur assez connu ; Jean-Pierre Claris de Florian, nouvelliste ; Barthélémy Imbert ; Pierre Jean Baptiste Le Grand d'Aussy, médiéviste ; Charles-Joseph de Mayer, qui avec Tressan et Bastide fut un des rédacteurs les plus féconds ; Louis Poinsinet de Sivry. Collaborateurs occasionnels, noms cités au même caractère que ceux des collaborateurs connus : Perrin de Cayla ; le chevalier de Cubières ; Digeon ; Nicolas Bricaire de La Dixmerie ; Dugas ; Eidous ; Friedel ; Jacques Vincent de La Croix ; Jean-Baptiste de La Curne de Sainte-Palaye ; Mme Riccoboni. L'index littéraire de Martin comporte une liste de tous les noms d'auteurs, de traducteurs et d'éditeurs qui figurent dans la B.U. R.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le périodique fit connaître «l'âme, l'esprit, et pour ainsi dire, la miniature» de tous les romans «que le tems a accumulés» dans le but philosophique de faire comprendre l'histoire des mœurs (Prospectus). La bibliothèque comprend plus de 800 extraits et textes intégraux. Le dernier volume en donne une table alphabétique. Voir aussi la table critique de Martin.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Y2 8145-8335 ; Rés. Y2 1861-1968 ; Ars., 8° BL 28864. Collection étudiée : réimpression Genève, Slatkine, 1969, 28 vol.

Bibliographie

De nombreuses réimpressions partielles, car les éditeurs tenaient à garder disponibles les anciens numéros pour les nouveaux souscripteurs.

Traduction en anglais, 1780, 2 vol. : A New and Complete Collection of Interesting Romances and Novels translated from the French by Mr. Porney, teacher of French language at Richmond, Surreyet A New Treasure of Knowledge and Entertainment being a translation of that celebrated periodical work now being published in France under the title of Bibliothèque universelle des Romans, London, 1780.

Clapp J.M., «An eighteenth-century attempt at a critical view of the novel : the Bibliothèque des Romans», PMLA, 25, 1910, p. 60-96. – Poirier R., La Bibliothèque universelle des romans, Genève, Droz, 1977. – Martin A., «La Bibliothèque universelle des romans», 1775-1789. Présentation, table analytique, et index, Studies on Voltaire, t. CCXXXI, 1985. – Sauvy-Wilkinson A., «Lecteurs du XVIIIe siècle. Les abonnés de la Bibliothèque universelle des romans. Premières approches», Australian journal of French studies, XXIII, 1986, p. 48-60.

Historique

Le moment choisi par Paulmy pour lancer sa B.U.R. était propice à plusieurs égards. La vogue des collections encyclopédiques continuait. Sa bibliothèque personnelle qui allait devenir le noyau de la collection de l'Arsenal comptait suffisamment de manuscrits et d'ouvrages rares pour remplir les pages pendant des années. En plus, le roman se voyait racheté moralement par le succès de La Nouvelle Héloïse. Bastide s'appuie dans la préface sur la valeur d'une lecture «dirigée par la Philosophie», sur le côté historique des «Romans de tout genre, ceux même de l'imagination la plus folle», et sur les vérités des fictions, tout en soulignant le divertissement et le plaisir auxquels s'attendait le lecteur de romans. Pour réaliser leur double but de l'utile et l'agréable, les éditeurs s'érigèrent plus en critiques qu'en simples compilateurs. Ils choisirent les textes à traduire, en traduisirent certains eux-mêmes, et créèrent même, surtout à partir de 1779, des textes inédits dans le goût du journal. Les traités sur les littératures étrangères furent nombreux ainsi que les commentaires et les notes parfois très étendus et les notices biographiques. Bien qu'on ne promette dans le prospectus que des notices sur les ouvrages les plus célèbres, la B.U.R. en donne souvent de longs extraits : la plupart des textes demeurent consacrés à des fictions plus obscures. Le devoir dont le directeur se chargea étant de parler de tous les romans de tous les temps, le champ fut parfois stérile en intérêt, ce qui ne fut pas toujours bien accueilli par un public aisé et probablement plus féminin que masculin qui dut préférer l'agréable (voir oct. 1787, vol. I, p. 3-8 pour une réponse des éditeurs aux critiques à ce sujet).

En tant que collection de vieux manuscrits et livres rares, le journal chercha ses textes partout. Paulmy en fournit la plupart au début, semble-t-il, mais il ferma sa bibliothèque avec sa démission. Les rédacteurs puisèrent alors dans leurs propres bahuts, dans la Bibliothèque du Roi que Bignon leur avait ouverte, et chez le public, qu'on interrogea régulière ment sur les livres à résumer et sur les lacunes (la littérature allemande, par exemple, sur laquelle les lecteurs du Journal de Berlin auraient peut-être des renseignements qu'ils partageraient avec le public de la B.U.R. (nov. 1776). Le propriétaire paya ces contributions (avril 1780, vol. I, p. 3-6), qui lui furent envoyées par des auteurs et des gens de lettres, des amateurs et des gens de qualité, et par, tout simplement, «de jolies dames».

Les sujets traités par la B.U.R. se divisent en huit classes inspirées de celles de Lenglet Dufresnoy : les traductions des anciens romans grecs et latins ; les romans de chevalerie, redécouverts grâce en partie à la B.U.R. ; les romans historiques, classe inégale puisque le journal manqua souvent de matières pour les littératures moins connues telles la Scandinave et l'allemande, comme nous venons de le voir, tandis que les ressources en d'autres domaines, surtout la littérature ibérique, abondaient ; les romans d'amour, y compris beaucoup d'ouvrages contemporains dès 1780 ; les romans de spiritualité, de morale et de politique ; les romans satiriques, comiques et bourgeois ; les nouvelles historiques et les contes ; et les romans merveilleux. L'intention de traiter méthodiquement les huit classes se transforma à partir du cinquième volume, ces limites ne répondant ni aux textes disponibles ni aux désirs du public. Les romans de chevalerie et de la littérature du seizième siècle furent applaudis et donc multipliés, alors que les romans traduits du grec et latin furent si peu nombreux que cette rubrique ne fut gardée qu'une année, après quoi la première classe devint celle des romans étrangers, un quart environ de la collection. En janvier 1778, vol. I, le directeur annonce un nouveau plan : l'alternance entre les romans français par ordre alphabétique et les romans étrangers, historiques et de chevalerie, et la suppression des autres classes. Quand cette tentative fut abandonnée en août 1780, on était toujours à la lettre «A» pour les romans français. Le directeur n'avait d'ailleurs pas totalement retiré le cinquième groupe, les romans de spiritualité, devenu romans mythologiques en mai 1780, car six extraits parurent pendant ces deux années. La notation de la classe devient de plus en plus irrégulière dans les volumes qui restent, pour disparaître presque complètement dans les deux dernières années. On sent aussi des difficultés d'organisation dans certaines décisions de classement plus ou moins arbitraires : des romans historiques qui conviennent aussi bien au groupe des romans merveilleux ; des romans d'amour qui se trouvent à la classe historique par leurs héros royaux, des aventurés de chevalerie parmi les romans étrangers par leur origine nationale. Les rédacteurs firent même des extraits de drames ou de poèmes épiques quand les romans manquaient dans une classe, sous le prétexte qu'il s'agissait au fond d'œuvres d'imagination. Les articles où la classe est indiquée pèsent ainsi dans la totalité de 46 700 p.: romans étrangers, 22,3% ; de chevalerie, 11,29% ; historiques, 14,59% ; d'amour (et romans français), 24,6% ; de spiritualité, 3,9% ; satiriques, 2,4% ; nouvelles, 2,73% ; merveilleux, 2, 06% ; sans classe, 16,13%.

Les commentaires et la disposition des textes révèlent une méthode qui vise déjà à l'édition critique. Les textes sont presque toujours situés par des remarques, souvent développées sur plusieurs pages, et on éclaire les obscurités de l'histoire par des notes ou par des explications dans le texte même. On fournit des clés, des notices biographiques, et des notes pour terminer la narration quand l'analyse n'est pas intégrale. L'attention portée à la traduction n'est pas surprenante dans un journal où plusieurs membres de l'équipe, et notamment les chefs, s'en occupaient. Les notes sur les traducteurs sont parfois aussi longues que celles sur les auteurs, et les mots et expressions qui se traduisent difficilement, surtout de l'ancien français, sont commentés. La liste des éditions successives et les traductions d'un ouvrage comprennent souvent un conseil sur le meilleur des textes, et il arrive que deux versions du même ouvrage soient analysées, afin que le lecteur puisse les comparer. Quand un auteur fond plusieurs histoires pour en composer une nouvelle, les sources sont parfois signalées (la narration du Roland, par exemple, oct. 1777, vol. II). Les paternités littéraires et les dates douteuses se voient rétablies, et la marche et le style de la version originale sont consciemment respectés.

Le périodique, bien que collection d'œuvres d'imagination, tenait pour la forme à la valeur de la vérité historique. La présentation et les notes des romans historiques et de chevalerie corrigent les erreurs de fait et rappellent au lecteur que telle aventure fut tirée de l'histoire ou ne le fut pas. Mais tout en recommandant l'impartialité de la donnée historique, la B.U.R. ne fut guère exigeante ni sur la provenance du texte ni sur la fidélité à son état primitif. Après le départ de Paulmy, les éditeurs n'hésitent pas à extraire leurs récits soi-disant historiques des romans des seizième et dix-septième siècles. Quand un «monument historique» n'existait pas ou qu'une histoire manquait de conclusion, l'écrivain se crut autorisé à en inventer. Si la conclusion ne plaisait pas, il fallait la transformer, et les détails ridicules ou indécents durent être censurés. Un collaborateur l'expliqua en août 1775 : «Il faut que la fable ne s'écarte de la vérité que pour en orner les traits ; et l'on ne pardonne pas au Romancier d'altérer l'histoire, s'il ne sait point l'embellir» (p. 145). En vue de cet embellissement, les rédacteurs prirent d'autres libertés plutôt littéraires avec leurs textes, tout en essayant de conserver leur caractère original. Ils changèrent la disposition du plan, firent ressortir les événements principaux, et développèrent ou réduisirent les histoires. Les personnages qui manquaient d'énergie en eurent. Les longueurs et les détails ennuyeux furent supprimés et les histoires confuses se démêlèrent. Le style devint plus pur. Les collaborateurs récrivirent enfin les histoires, comme celle que Tressan raconte de mémoire après 45 ans (janv. 1777, vol. I, p. 47-50), ou comme cette autre narration de Bocace qui, dit l'éditeur, l'aurait sans doute traitée de la manière de la B.U.R. s'il avait pu prévoir ces lecteurs français (juil. 1779, vol. II, p. 4).

Le goût littéraire de la B.U.R. reste plutôt conservateur avec toutefois certains indices qui situent la collection bien dans son temps. Les écrivains louent un style chaleureux caractérisé par l'énergie et l'animation plutôt que par l'esprit et la sécheresse. Ils préfèrent la naïveté et la simplicité aux prodiges de mémoire et de brillance de leurs contemporains. Les hiérarchies et les définitions existent pour eux, ils acceptent alors difficilement le «goût du terroir» des romans anglais, les romans-fleuves, et les images grotesques ou sanglantes, bien qu'ils cherchent et louent partout les détails réalistes des tableaux de mœurs peints par le romancier. Si celui-ci jouit d'une relative liberté, il doit en même temps se rendre compte que les grands principes, la vraisemblance, l'unité, la vérité des caractères, valent dans le roman dans la même mesure que dans le drame. Le romancier habite le domaine de l'imagination, c'est un principe souvent répété, mais de là aux théories d'un Diderot sur le génie et l'originalité il y a un pas qu'aucun critique ne fait. Le roman admet aussi la sensibilité, et sur ce point la B.U.R. est bien de son temps avec ses élans : «Mais le sentiment ! le sentiment ! que ne pense-t-on pas, que n'imagine-t-on point avec un cœur sensible» (juil. 1786, vol. II, p. 168) ; et ses affirmations : «Un Roman qui ne parle point à l'âme sensible, quelque mérite qu'il ait d'ailleurs, est, à notre avis, un Ouvrage très-médiocre, pour n'en pas dire plus» (avril 1779, vol. II, p. 22). Comme dépôt littéraire, la B.U.R. trouva naturellement plus de richesses dans le passé que dans le présent, qui fut condamné pour son manque de gaîté, sa froideur, la corruption des mœurs, le factice, et son goût en littérature pour les marquis fades et la galanterie. Cependant, ce public de l'ancien régime réserva une bonne part de son enthousiasme pour des héros d'un tout autre âge, ceux de la chevalerie, et dont les histoires contribuèrent beaucoup au succès du journal. La B.U.R. fit prévaloir aussi le classicisme de Mme de La Fayette et critiqua la diffusion et l'exagération des Scudéry, en fournissant de longs extraits des ouvrages des deux écoles. Les romans étrangers, que le propriétaire appelait «une nouvelle branche de littérature» (janv. 1779, vol. II, Avis), remplirent, comme nous l'avons vu, près d'un quart de la collection. On trouve aussi de nombreux extraits des écrivains du dix-huitième siècle (Lesage, Prévost, Marivaux), dont peu de très récents et aucun de Voltaire ou de Rousseau.

Depuis le début de la B.U.R. les directeurs insistèrent sur la bienséance et l'honnêteté, une circonspection nécessitée encore peut-être par la réputation des romans. Les éditeurs n'hésitèrent pas à couper les endroits scandaleux ou les expressions trop libres, surtout dans les romans de chevalerie. Ce fut cependant l'éditeur responsable de ces histoires, Tressan, qui provoqua à ce sujet la démission du directeur, Paulmy. Celui-ci critiqua des libertés que Tressan s'était permises, et le conflit n'étant pas résolu autrement, Paulmy retira son appui en décembre 1778. Le motif de la rupture fut-il connu ? Les protestations de décence augmentent curieusement sous la nouvelle direction de Bastide.

Malgré l'insuccès de deux tentatives de réédition in-quarto (1782) et (1787), le journal fut bien reçu du public. Le directeur parle souvent dans les avis de ce bon accueil, qui est d'ailleurs attesté par les 224 volumes publiés au cours de 14 ans. Les raisons de l'interruption du périodique restent inconnues. On lit à plusieurs reprises l'embarras des éditeurs devant la difficulté de plaire en même temps aux savants et au public. Un obstacle moins surmontable fut sans doute le début de la Révolution ; les derniers volumes parurent probablement en retard sur la date indiquée avec le titre. Quelles que soient les vraies explications, on peut constater la fin du journal dans une table complète marquée juin 1789.

Additif

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: Österreichische Nationalbibliothek, Wien (réédition in 8°), 258095-B ; B. U. Pavie, M.V.10.N.1) ; Biblioteca Civica Bertoliana, Vicence, E.1.4.4-15 ; B. N. Sagarriga, Bari, DZ 76 H 0010/0021 ; BNCF, Palat., Florence, 17.1.4.3.

Bibliographie: Traduction en italien, in-8, 4 vols., traducteur[s] inconnu[s]. Édition réalisée à Milan par Bastide: Biblioteca universale dei romanzi opera periodica in cui si dà l’analisi ragionata dei romanzi antichi, e moderni, con aneddoti e notizie storiche, e critiche, le quali riguardano gli autori, e le loro opere, i costumi, gli usi de’ tempi, le circostanze particolari, e relative, e le persone conosciute, trasfigurate, o emblematiche, Milano, Presso Giuseppe Galeazzi, 1790 [vol. 1/7](Biblioteca Manfrediana, Faenza, R 010 005 030 (on a examiné ces volumes) ; Österreichische Nationalbibliothek, Wien, 258042-B ; B. U. Pavie, M.V.10.N.2; Biblioteca Comunale, Periodici, Côme, A 787 (pour cette dernière indication, voir Lucinda Spera).

L’édition italienne, signalée par Emilio Bertana (« Pro e contro i romanzi nel Settecento », Giornale storico della letteratura italiana, XXXVII (1901), p. 348-349) et par Giambattista Marchesi (Studi e ricerche intorno ai nostri romanzieri e romanzi del Settecento, Bergamo, Istit. italiano d’arti grafiche, 1903, p. 424-425), a été présentée pour la première fois par Lucinda Spera, en 1991 (voir infra).

Masseau D., « Le rôle des extraits de la Bibliothèque universelle des romans », La licorne, vol. XXI (1991), p. 187-194.

Spera L., « Una proposta editoriale d’Oltralpe : la Bibliothèque universelle des romans e la sua traduzione italiana », Rassegna della letteratura italiana, 1991/1-2, p. 66-71).

Sauvy-Wilkinson A., « Les souscriptions à la Bibliothèque Universelle des romans (1776-1780) », dans L’Europe et le livre. Réseaux et pratiques du négoce de librairie XVIe-XIXe siècles, Paris, Klincksieck, 1996, p. 371-382.

Hall M., « Gender and Reading in the Late Eighteenh Century: The Bibliothèque universelle des romans », Eighteenth-Century Fiction, [Hamilton Ontario], McMaster University, vol. 14 (2002/3), p. 771-789.

Marinai F., « Jean-François de Bastide in Italia (1788-1798) : gli ultimi anni della carriera di un écrivain professionnel », Rivista di Letterature moderne e comparate, vol. LXV (2012/2), p. 135-166.

Marinai F., « La Bibliothèque universelle des romans (1775-1789). Genesi e sviluppo di un’idea », Rivista di Letterature moderne e comparate, vol. LXVIII (2015/1), p. 1-32.

Historique: Parmi les nombreuses initiatives éditoriales que Bastide entreprend de 1790 à 1798, pendant son séjour en Italie, figure une réédition in-8 de la Bibliothèque universelle des romans (BUR). L’approbation,signée à Milan (censeur: Alfonso Longo) date du 29 mars 1790, et l’édition française est immédiatement suivie d’une autre équivalente, en italien, du même format : ce « redoublement » éditorial est une caractéristique de presque toutes les œuvres composées et publiées par Bastide dans les dernières années – italiennes ‒ de sa carrière de journaliste et d’écrivain.

L’édition française débute en mars-avril 1790 ; les livraisons continuent, mensuellement, jusqu’au volume 12; la BUR italienne (sans approbation) s’arrête auparavant, au volume 4 (dans les cinq derniers volumes l’éditeur change, et on joint le sous-titre : Nouvelle édition enrichie de romans traduits de l'italien, & de l'allemand, intéressans, & rares, (s.l.), 1790 [vol. 8/10]-1791 [vol. 11-12]). L’éditeur milanais Giuseppe Galeazzi s’en occupe, mais seulement jusqu’au septième volume de l’édition française ; à partir du huitième (publié, probablement, entre octobre et novembre 1790), Galeazzi est remplacé par un autre éditeur – de Turin, peut-être – qui n’est plus indiqué.

Quelques mois plus tard, alors que sortent ou viennent de sortir les deux derniers volumes français (onzième et douzième, datés 1791), Bastide se déplace à Florence : les ventes du périodique, évidemment, ne marchent pas et la BUR italienne s’est déjà arrêtée, au quatrième volume. Un nouveau prospectus (de la seule édition française) est donc imprimé « à Florence », par les presses de Gaetano Cambiagi: Prospectus Quatrième Edition in 8.° de la Bibliothèque Universelle des Romans, à Florence, à l’Imprimerie Royale, 1791 ; in-8°, p.[4]-XVI (BNCF, Palat., Florence, Misc. 3. C. 14. 10.). On y propose à nouveau la préface de l’édition milanaise qui provenait elle-même d’un Avant-propos préparé pour la BUR en 1787, lors d’une première tentative de réédition in-8° de la collection. Il existe un prospectus de l’édition de 1787 : Nouvelle édition in-8° de la Bibliothèque universelle des romans, à Paris, de l’Imprimerie de Demonville, 1787 (München, Bayerische Staatsbibliothek, P.o.gall. 2310.3).). Par rapport au texte de 1787, la seule différence détectable est dans les paragraphes où sont illustrés les rapports entre Bastide et ses anciens collaborateurs et associés (le marquis de Paulmy, le comte de Tressan et Madame Riccoboni) : la première personne du pluriel, qui soulignait dans le texte original la collégialité du travail rédactionnel, fait place, dans la préface de 1790 et dans le prospectus de 1791, à une première personne du singulier, nettement autoréférentielle. La préface de la « double » édition milanaise se termine (BUR, 1790, vol. I, p. xxiii-xxviii) par un paragraphe de Considérations particulières sur les romans d’Italie, et les romanciers de cette nation. Le texte, qui n’est pas republié dans le Prospectus florentin – contient une réflexion historico-critique sur l’état du roman en Italie, et provient, lui aussi, de la BUR (août 1776, p. 5-15). Toujours en accord avec le contenu de la préface des éditions milanaises, la brochure florentine se termine avec la reproduction d’une lettre d’encouragement que Voltaire avait adressée le 15 août 1775 aux éditeurs et aux auteurs du périodique, alors débutant (Prospectus, 4ème édition in 8°,p. xi-xvj) ; ici aussi, avec désinvolture, Bastide remplace l’original « Messieurs » utilisé par Voltaire, par un « Monsieur » qui lui permet de se poser comme le seul destinataire de la lettre.

L’existence de cette édition in-8°, valorisée par la présence des deux éditions parallèles, française et italienne, ajoute un nouvel élément de complexité – mais aussi d’intérêt – à l’histoire éditoriale très compliquée de la collection. Dans cette perspective, le prospectus florentin fournit des informations supplémentaires :

Les trois premières éditions de cet ouvrage étant épuisées, on en avoit commencé une quatrième, in 8.°, à Paris; les trois premiers volumes avoient déjà paru. Les événemens qui suivirent cette époque en France, arrêterent une entreprise, que le public avoit, pour ainsi dire, determiné par ses vœux. Monsieur de B*** se trouvant aujourd’hui en Italie, où l’amour des arts l’a conduit, quelques personnes d’esprit, quelques imaginations tendres l’ont excité à s’enrichir de nouveaux trésors […]; et à reprendre le dessein de son édition […]. Le sentiment a décidé. L’édition a été commencée; et les douze premiers volumes paroissent. Chaque livraison sera du même nombre de volumes, et aura lieu tous les six mois. Le volume, in 8.° (240 pages) est fixé à deux paoli (Prospectus, 4e éd.in 8°,p. [3-4]).

Cependant, malgré les efforts pour stimuler les ventes et les abonnements en augmentant le rythme de publication, l’initiative s’arrête dans les premiers mois de 1791 et le bilan final des volumes publiés est de 4 pour l’édition italienne et de 12 pour la française.

En outre, l’examen du contenu des cinq derniers volumes de la BUR française contredit ce qui était indiqué dans le sous-titre : aucune trace des nouveaux « romans traduits de l’italien & de l’allemand » annoncés ; les extraits, déduction faite de quelques déplacements non significatifs, sont ceux déjà publiés, en 1775-1776, dans les premiers volumes de la collection in-12.

Dans un Avis à la fin du premier volume de l’édition française (absent de l’édition italienne), on trouve, cependant, une indication importante:

On souscrira pour cet Ouvrage chez les principaux librairies d’Italie, de France et du reste de l’Europe, lesquels s’adresseront (pour l’Italie) à Milan, chez Joseph Galeazzi, imprimeur libraire; et pour la France, à Paris, au bureau de la Bibliothèque des Romans, rue des poitevins n° 20. Il paroîtra, tous les mois, un volume de quinze feuilles, in 8°, c’est-à-dire de 240 pages, on le payera 48 sols de France (BUR, 1790, vol. I,p. 203).

L’adresse parisienne de l’Avis établit un lien de propriété formel et explicite entre la BUR milanaise – apparemment, propriété exclusive de Bastide – et la BUR de la série principale, dont les quatorze derniers volumes – datés d’août 1788 à juin 1789, mais publiés et distribués en 1790 – sont également achetés, à Paris, à la même adresse : « Au Bureau, rue des Poitevins n° 20 ». Évidemment, Bastide est de nouveau (dès 1789, presque sûrement) le propriétaire de la BUR, et en avril 1790 – date approximative de publication du volume contenant l’Avis cité ‒ un bureau parisien du périodique est encore ouvert et actif, et les derniers volumes in-12 sont en distribution.

En octobre-novembre 1788, le libraire Bastien avait été sollicité pour reprendre la publication de la BUR, interrompue (après une banqueroute) en 1787 ; cette charge lui avait été conférée par un « nouveau propriétaire » inconnu, succédant à Bastide (voir Martin, Angus, La Bibliothèque universelle des romans, Oxford, The Voltaire Foundation, 1985, p. 12-13). Le premier volume publié chez Bastien porte la date d’août 1787 (il faut récupérer, en antidatant les volumes, une interruption de quinze ou seize mois) ; les livraisons de Bastien continuent jusqu’au numéro d’août 1788 – publié, environ, au second semestre de 1789 ; puis Bastien disparaît, remplacé par un éditeur qui n’est plus indiqué et qui imprime les quatorze derniers volumes in-12 de la collection. À ce changement de libraire correspond, certainement, un nouveau changement de propriété, laquelle est réacquise par Bastide : hypothèse confirmée par un passage d’un prospectus pour une édition de ses Œuvres diverses et choisies, où l’écrivain déclare qu’il peut à nouveau disposer librement de la BUR : « Le parti que je viens de prendre, et qu’un Prospectus a annoncé, relativement à la Bibliothèque des Romans, me permettant de disposer de moi-même, j’exécute mon projet » (Œuvres diverses et choisies de M. de Bastide, En douze Volumes in-8° [Prospectus, avec biographie de l'auteur], à Paris, chez Bastien, 1789, p. i; BMVR Alcazar, x d 5615).

Auteur additif

Titre indexé

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DES ROMANS

Date indexée

1775
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BIBLIOTHÈQUE CHOISIE DE MÉDECINE *

0151
1748
1770

Titre(s)

Bibliothèque choisie de Médecine, Tirée des Ouvrages périodiques, tant François qu'Etrangers. Avec plusieurs autres Pièces rares, et des Remarques utiles et curieuses. Par M. Planque, Doct. Méd.

Modification du titre au tome X: Par M. Planque, Continuées et achevées par M.J. Goulin, M. Des Académies royales de La Rochelle, d'Angers, de Nismes, de Villefranche en Beaujolais, de Lyon, et de la société littéraire de Châlons-sur-Marne.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

10 volumes: 1748-1770. Privilège du 15 juin 1746.

Datation des volumes: 1748 (t. I), 1749 (t. II), 1750 (t. III), 1753 (t. IV), 1759 (t. V), 1761 (t. VI), 1762 (t. VII), 1763 (t. VIII), 1766 (t. IX), 1770 (t. X).

Description de la collection

Chaque volume compte en moyenne 725 p.; le premier tome (532 p., tables) est le plus court; le dernier (1052 p., tables) le plus long. 195 x 250, in-4°.

Devise: Spiritus ubi vult spirat.

Emblème: un oiseau entouré de deux plantes; 221 planches réparties irrégulièrement dans les dix volumes.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Publié à Paris chez d'Houry père (t. I-IV) puis chez sa veuve (t. V-X), rue de la Vieille Boucherie, puis, à partir du t. VI, «rue Saint Severin, près la rue St Jacques».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur: François PLANQUE (1696-1765). Auteurs: F. Planque, puis, pour le t. X, Jean GOULIN (1728-1799).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: extraits des journaux français et étrangers concernant la médecine. Contenu réel: anatomie, maladies physiques et mentales, médicaments (surtout les produits chimiques), nourriture, difformités.

Principaux centres d'intérêt: descriptions anatomiques exactes, observations empiriques, guérisons vérifiées.

Tables à la fin de chaque tome.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Coll. étudiée: Université de Minnesota, History of Medicine Collection, B610.3-B471. Coll. complète: B.N., 4° T 26 3.

Bibliographie

Réédition in-12 en 31 vol., contemporaine de l'édition in-4°. – Mention dans H.G.P.

Historique

Le docteur Planque, nouvellement diplômé, se consacrera à partir de 1746 à la théorie médicale. Il s'était déjà rendu compte de la difficulté, pour les médecins, d'accéder à tous les journaux, livres et traités, en français et en langue étrangère, qui s'étaient multipliés depuis la fin du XVIIe siècle. Etant donné l'utilité de ces observations, il paraissait souhaitable de les résumer dans un format clair et facile à consulter. A peu près au moment où Diderot entrait en pourparlers avec Le Breton, le docteur publia la première section de l'œuvre, qu'il envisageait comme une encyclopédie alphabétique de la médecine.

Sur chaque sujet, il fournit d'abord des extraits tirés de journaux ou de livres, qui se comptaient par centaines. Il y en a qui reviennent régulièrement: Journal d'Allemagne, Journal des savants, Journal de Trévoux, Journal de Verdun Mercure,les mémoires de l'Académie royale des Sciences, les œuvres de Blégny et de La Roque. Des auteurs et des journaux danois, hollandais, italiens, anglais, et d'autres encore, s'ils sont moins cités, y tiennent une grande part. Le compilateur semble tenir plus à l'utilité qu'à la modernité, car beaucoup d'articles datent de la fin du siècle précédent. Il termine toujours la discussion par des remarques où il donne des observations supplémentaires et ses propres théories et conseils. Cette partie de l'article devient plus étendue dans les derniers volumes, et se voit nettement augmentée dans le tome X, de Goulin. L'exposé de certains articles est complété par des renvois, et par 221 belles planches, réparties inégalement parmi les dix tomes.

Une vingtaine d'articles comptent 75 pages ou plus, et valent par les aperçus qu'ils donnent sur le domaine médical de l'époque: Accouchement, Accouchement monstrueux, Acide, Air, Eaux minérales, Fièvre, Fracture, Hydropsie, Imprégnation, Matière fécale, Mercure, Monstre, Muscle, Nerf, Œil, Os, Peste, Petite vérole, Saignée, Sépulture, Suffocation, Taille. On comprend que les problèmes de l'enfantement et les épidémies furent un souci constant, que les monstres furent une énigme pour le médecin aussi bien que pour le philosophe, que la chimie ne fut point étrangère à la médecine, et que les connaissances anatomiques se perfectionnaient. Les observations et les cas réels sont racontés dans un style précis, parfois mêlé de notations descriptives ou sensibles. Quand il s'agit de théologie, Planque se montre circonspect mais croyant. Il rapporte sans critique des cas extraordinaires (la jeune fille qui cracha des épingles et montra un message divin au bras, par exemple [«Corps étranger»]) tout en soulignant d'autre part qu'il ne faut pas recourir trop vite au miracle comme explication.

Titre indexé

BIBLIOTHÈQUE CHOISIE DE MÉDECINE *

Date indexée

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