FEUILLE DE FLANDRES

0455
1781
1791

Titre(s)

Feuille d'Affiches, Annonces, Nouvelles et Avis divers pour la Province de Flandres concernant tout ce qui peut l'intéresser.

Devient Feuilles de Flandres en août 1783, puis Gazette du Département du Nord en août 1790.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 août 1781 – 26 juillet 1791. Privilège accordé par l'Intendant de Flandre C.A. de Calonne en juin 1781, et par le Magistrat de Lille en juillet 1781 ; prospectus non daté (4 p.) publié vraisemblablement en juillet 1781. Publication hebdomadaire, le vendredi matin, du 3 août à octobre 1781, bihebdomadaire (mardi et vendredi) à partir d'octobre 1781, trihebdomadaire (mardi, jeudi et samedi) à partir du 25 août 1789, quotidienne à partir du 1er janvier 1792. Livraisons réunies en volumes annuels, de pagination continue (de 450 à 500 p.), de mois d'août en mois d'août : t. I, d'août 1781 à août 1782 ; t. II, d'août 1782 à août 1783, etc.

Description de la collection

Livraisons de 4, 6 et même 8 p. avec, assez souvent, un supplément. Cahiers de 4 p. imprimées sur deux colonnes, in-4º, 190 x 260.

Devise : En ego laetarum, venio tibi nuncia rerum. Ovide.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Lille, rue de l'Abbaye de Loos, quartier D, chez Paris de Lespinard. Imprimeur : Charles Louis de Boubers (ou Debou-bers) de 1781 à 1787, puis Hubert Lemmens, rue Neuve à Lille, de 1787 au 26 juillet 1791, enfin Paris de Lespinard lui-même à Lille.

Souscription annuelle : 7 £ 10 s. en 1781 ; 12 £ en 1783 pour Lille ; 13 £ 10 s. pour le royaume ; 15 £ pour l'étranger.

Tirage non connu ; en janvier 1782, Paris de Lespinard se déclare «encouragé par cet accueil» ; sous la Révolution, il sera question de 1000 ex. par jour.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Joseph PARIS DE LESPINARD.

Collaborateurs : André Taranget, médecin, professeur à l'Université de Douai de 1782 à 1791 ; l'abbé Bouret, aumônier du régiment de Brie, franc-maçon, pour les questions scientifiques et mathématiques ; Louis Beffroy de Reigny, le «cousin Jacques», écrivain et journaliste, professeur d'éloquence à l'Université de Douai.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le rédacteur ne se contentera pas d'annonces, mais indiquera ce qui est utile et avantageux aux habitants de la province. «Il s'agit d'instruire et de plaire». Lespinard sollicite la collaboration de gens de lettres, de négociants, de cultivateurs, des amis de l'humanité ... Il envisage un supplément orienté vers les informations culturelles, arts, physique, lettres, faits mémorables : «Nous n'acquérons des Lumières que pour les communiquer», écrit-il.

Le contenu du journal est très varié, avec même des articles contradictoires dans leurs conceptions fondamentales. Le périodique est favorable aux Lumières et aux réformes, mais reste fidèle aux valeurs religieuses.

Centres d'intérêt : nouvelles régionales, offres d'emplois, ventes aux enchères, arrêts du Parlement, mandements de l'évêque de Tournai, distribution des prix au collège de Lille, visites de personnalités, relations des fêtes publiques (pour la naissance du dauphin en 1781, la capitulation d'York ou le traité de Versailles en 1783, etc.), faits divers. Activités intellectuelles : efficacité du paratonnerre, développement de l'embryon humain, mécanisme de la sensibilité, les grandes hypothèses scientifiques. Annonces des livres arrivés chez le libraire Jacquez, ami de Voltaire ; critique de la Nouvelle Histoire de France de Vally et Villaret, examen du plan d'études du collège oratorien d'Arras, nombreux articles sur les problèmes scolaires, réfutation d'une étude de l'abbé Feller. Commentaire des livres de littérature, poèmes à tonalité préromantique, éloge de la nature, de la vie rustique, des récits de voyages et de la découverte des peuples étrangers ; large publicité accordée à Encyclopédie méthodique de Panckoucke, chronique théâtrale (analyse du Mariage de Figarodéfense du théâtre comme «école de vie et de vertu». Vie religieuse : rôle de la morale religieuse, «mythe du bon curé», charité et pauvreté, défense des traditions religieuses ; annonces des prédications de Carême, des processions. Lutte contre les superstitions, mais aussi contre la philosophie nouvelle, l'irréligion, l'impiété ; éloge des traités de Nicolas Bergier.

Sociabilité : compte rendu des séances du collège des Philalèthes, des séances de l'Académie d'Arras ; beaucoup d'informations concernant la vie associative.

Techniques et sciences : l'aérostation, la vinification ; conseils de médecine, d'hygiène (remèdes populaires, lutte contre l'alcoolisme et l'abus de l'opium, inhumation dans les églises).

Questions économiques : le commerce, les mercuriales des grains, variations du cours des monnaies, débat sur le traité de commerce avec l'Angleterre, création de cours de filature pour lutter contre l'indigence.

Principaux auteurs étudiés : C. Bonnet, Maupertuis, Friedrich Wolf, Newton, Buffon, Lacépède, Voltaire, Diderot, Descartes, Spinoza, Condillac, La Mettrie, Stahl, Helvétius, Montesquieu, Rousseau, etc.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lille, 32634 ; B.U. Lille, 010788 (coll. inc.) ; A.D. Nord (coll. inc.).

Bibliographie

H.G.P., t. I, p. 382-399. D.P. 2, art. «Paris de Lespinard». – Lepreux H., Nos journaux : histoire et bibliographie de la presse périodique dans le département du Nord (1746-1895), Lille, 1896. – Bourgeois J., La Presse lilloise devant la Révolution, Lille, thèse de Droit, 1932. – Trénard L., «La presse périodique en Flandre au XVIIIe siècle», Dix-huitième sièclet. I, 1969, p. 89-105 et t. II, 1970, p. 77-101. – Pruvot C., «Un journal provincial à la fin de l'ancien régime, les Feuilles de Flandre1787-1788», Revue du Nordt. LIV, n°  212, janv. -mars 1972, p. 15-19. – Lemaire L., «Paris de Lespinard, journaliste lillois. Son arrestation pendant la Terreur», dans le Bulletin du Comité flamand de France, 1921, p. 299-331. – Levet E., «Paris de Lespinard : causeries d'un bibliophile savoisien», Revue savoisienneAnnecy, s.d. – Billioud J., «Les plus anciens journaux et almanachs de Marseille», Marseille, n°  7, 1950, p. 55-56.

Historique

Fondateur de la Feuille de Flandres, Paris de Lespinard est né en 1744 à Genève d'après sa propre autobiographie (parue dans son journal entre le 6 et le 20 août 1793), à Annecy d'après L. Lemaire et E. Levet, à Surinam (Guyane hollandaise), d'après l'acte de naissance de son fils, né à Lille en mars 1778. Il est mort à une date inconnue, après 1804 : sa dernière trace écrite est l'inscription de son nom à côté de celui de Blanchard sur le monument érigé à Wimereux (Pas-de-Calais) en l'an XII, en l'honneur de l'ascension aérostatique de Pilâtre Des Roziers. Lespinard avait fait avec l'aéronaute Blanchard la première ascension en montgolfière au départ de Lille le 26 avril 1785. Vers 1762, il vit à Marseille, où il devient co-directeur des Annonces, affiches et avis divers de Marseille. En 1768, il est autorisé à publier à Aix une feuille d'avis hebdomadaire (Affiches d'Aix, 1769-1773) et obtient bientôt un brevet de maître-libraire. Menacé d'arrestation pour avoir violé les règlements sur la presse, il s'enfuit aux Provinces-Unies ; en 1776, il vit à Utrecht dans la misère, passe en Hollande puis rentre en France, pour s'établir à Lille, en 1776 d'après Lemaire. Il y séjourne sans interruption jusqu'à son arrestation, le 26 août 1793, puis passe quinze mois en prison à Paris. Il effectue en l'an III plusieurs voyages entre Paris et Lille, «pour y faire de l'agitation politique» (Lemaire). Il justifie sa conduite dans un opuscule de 92 p., Mon retour à la vie après quinze mois d'agonie (Lille, frimaire, An III, déc. 1794). Il semble alors s'être désintéressé de la politique et ne plus s'être occupé que d'aérostation jusqu'à sa mort. Cultivé et curieux de tout, il possédait à Lille en 1789 une belle et vaste maison avec une riche bibliothèque. Ses opinions sont assez modérées sous l'ancien régime, respectueuses des autorités en place, mais assez hardies, sur le plan philosophique, pour lui valoir des poursuites : le n°  70 du 30 mars de la Feuille de Flandres, fut publiquement brûlé par l'arrêt du Parlement de Douai pour un article expliquant l'attitude des criminels par leur tempérament particulier ; cet article parut refléter des thèses matérialistes. A partir de 1789, ses opinions sont favorables à la Révolution et s'adaptent rapidement à la situation politique : favorables à la monarchie constitutionnelle jusqu'à la fuite et arrestation du Roi, puis de plus en plus méfiantes à l'égard de la monarchie. Ardemment républicain à partir du 10 août, le «Citoyen Joseph Paris» (telle est sa signature à partir de juillet 1791) suit en 1793, jusqu'à son arrestation, une ligne proche de celle de Robespierre, qu'il admire ouvertement. Affilié à la Société lilloise des Amis de la Constitution en juillet 1791, sincèrement patriote, il participa activement à la défense de Lille lors du siège autrichien (sept. 1792). Son arrestation en août 1793 semble résulter d'une lutte d'influences au sein des jacobins lillois, ainsi que de relations compromettantes avec le général Lamarlière, suspect de «girondisme».

Additif

En confirmation du renseignement fourni par L. Trénard au sujet de la condamnation du n° 70 de la Feuille de Flandres, on trouve dans le ms. BnF 21865 f° 63 l’arrêt du parlement : «26 juillet 1784. Le parlement de Douai a rendu le 16 de ce mois un arrêt pour flétrir et condamner au feu le SUPPLÉMENT au n° 70 des Feuilles de Flandre à cause des principes impies qui y sont exposés.» (démarche approuvée par le Garde des sceaux de Paris).

Auteur additif

Titre indexé

FEUILLE DE FLANDRES

Date indexée

1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791

BOUSSOLE DES JEUNES MARCHANDS *

0178
1770

Titre(s)

Boussole des jeunes marchands contenant les réductions des argents de France, d'Hollande, de Lille et de change de Brabant. Tournay, 1770, in-12.

Bibliographie

Non retrouvé dans les bibliothèques de Lille et de Bruxelles, cet ouvrage est cité par H. Lépreux dans Nos journaux  histoire et bibliographie de la presse périodique dans le département du Nord. 1746-1895, Douai, Crépin, 1896, t. I, p. 8 ; mais E. Mathieu ne le mentionne pas dans Les Journaux tournaisiens  1786-1907 (Tournai, Castermann, s.d.). S'agit-il vraiment d'un périodique ?

Additif

Bibliographie: Le catalogue de la BnF mentionne : La Boussole des jeunes marchands, contenant les réductions des argents de France, d’Hollande, de Lille et de change de Brabant, Tournay, Serré, 1770, in-12 ; cote V-19805.

La B.U. de Lille mentionne une seconde édition : La Boussole des jeunes marchands, contenant les réductions des argents de France, d’Hollande, de Lille et de change de Brabant, en celui courant de Brabant des comptes-faits et autres choses très utiles au public. Le tout calculé par A. Serré, Arithméticien, A Tournay, Chez Adrien Serré, 1783, in-12 ; cote 91.625.

Historique: La préface de Serré en tête de la seconde édition montre qu’il ne s’agit pas d’un périodique ni d’un almanach, mais d’un manuel de change.

Auteur additif

Titre indexé

BOUSSOLE DES JEUNES MARCHANDS *

Date indexée

1770

AFFICHES DE PICARDIE ET DU SOISSONNAIS

0054
1770
1801

Titre(s)

Les Annonces, Affiches et Avis divers de Picardie, Artois, Soissonnais et Pays-Bas Français.

Titre du n° 1 de 1770: Affiches de Picardie et Soissonnois. Le titre devient, de 1774 à juin 1790: Affiches, Annonces et Avis de Picardie, Artois, Soissonnais, puis, du 17 juillet 1790 au 6 Floréal an IX (26 avril 1801): Affiches du département de la Somme.

Continuation des Annonces, affiches et avis divers de Picardie continué par le Journal du département de la Somme.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Hebdomadaire du samedi, 6 janvier 1770 – 26 avril 1801. Privilège du 31 décembre 1768; chaque numéro porte «Avec Privilège du Roi et le Permis d'imprimer du lieutenant général de Police». Prospectus du 3 janvier 1770.

Description de la collection

Volumes regroupant les 52 livraisons annuelles. Cahiers de 4 p. in-4°, 180 x 240, livraisons de 8 p. Impression sur deux colonnes, caractère cicero et petit romain; papier à l'Ecu; articles séparés par un double trait.

Devise: Utile, dulce simul vere fero.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Amiens, au Bureau Général des Affiches de Picardie, chez Godart, rue du Rebuisson. Imprimeur: J. B. Caron l'aîné, Imprimeur du Roi, place du Périgord, Amiens.

Abonnement annuel: 7 £ 10 s. en 1770, 9 £ en 1788.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

GODART. Collaborateur: Jacques Lepan, maître ès arts.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«L'utilité des Bureaux d'Avis et d'Adresses établis tant à Paris que dans plusieurs grandes villes du Royaume, et le grand succès des feuilles qui sortent toutes les semaines sous le nom d'Annonces et d'Affiches nous ont fait naître l'idée de nous procurer le Privilège d'un pareil établissement pour la Picardie, l'Artois et le Soissonnais» (Prospectus du 3 janv. 1770). L'originalité des Affiches de Picardie est, selon Godart, de couvrir trois provinces. Sa feuille diffusera des avis et des faits certains qui piqueront la curiosité et qui se rapporteront à la santé, à la fortune et aux besoins économiques. Elle établira «une communication de choses utiles et agréables, [...] un commerce d'amitié entre les citoyens en leur portant des nouvelles réciproques» concernant leurs parents et amis.

Thèmes abordés: ventes de biens, charges, offices et rentes à vendre, trouvailles archéologiques, annonces de livres nouveaux, avis économiques, agriculture et jardinage, cours des changes, spectacles, carnet mondain. Informations générales et politiques; questions scolaires, places à donner en concours dans les chapitres et collèges; annonces et avis divers. Dans son Prospectus, Godart insiste sur l'agriculture, «le plus ancien et le plus précieux de tous les arts», surtout dans une région placée «sous un ciel favorable». Il signalera les talents particuliers des manufacturiers et artisans, l'arrivée des vaisseaux, le prix des actions de la Compagnie des Indes, le résultat des loteries royales. Il accordera une place particulière à la médecine: «il n'est pas prudent d'appliquer partout les mêmes remèdes aux mêmes maux, sans connaître la nature du pays et de ses habitants».

Les Affiches de Picardie, comme toutes les Affiches provinciales, ne peuvent aborder les sujets politiques; elles se préoccupent au moins des questions sociales, notamment de la mendicité. Un chanoine, député à l'Assemblée générale des Etats d'Artois en 1771, publie, le 19 novembre 1774, un «Mémoire sur les causes de la mendicité et les moyens d'y remédier». Il propose de taxer le luxe, de supprimer les prieurés, d'obliger les pauvres valides à cultiver le chanvre, le lin, la pomme de terre, sur des terres acquises et données aux hôpitaux; un «Essai sur l'impôt» est publié le 9 décembre 1775. Les informations politiques n'apparaissent réellement qu'avec la campagne électorale préparant les Etats généraux de 1789. Les procès-verbaux des assemblées des bailliages sont intégralement insérés, puis les comptes rendus des séances de l'Assemblée nationale. A côté des nouvelles, on peut lire des exposés tels que «De l'unité du pouvoir exécutif et de la responsabilité de ses agents» (5 sept. 1789). Ce sont surtout les événements régionaux qui font l'objet d'articles: on conseille l'achat de certains ouvrages comme les Procès-verbaux de l'Assemblée provinciale de Picardie (15 mars 1788); on recommande Extrait de l'Edit du Roi pour un emprunt de 120 millions (8 mars 1788).

Contrairement aux promesses du Prospectus, les Affiches de Picardie accordent peu de place à l'agriculture (recettes pour détruire les punaises, les taupes, les chenilles, article sur la pomme de terre et sur Parmentier) et à la médecine (quelques références à Sydenham, Baudelocque, articles sur les écoles de sages-femmes); elles donnent en revanche beaucoup d'informations sur la question éducative. Le 1er janvier 1775, un article élogieux est consacré au «Compte rendu des Chambres assemblées, par M. Rolland, des différents mémoires envoyés par les Universités [...] relativement au plan d'études à suivre dans les collèges» (p. 102). Un article de Lepan est intitulé: «Lettre à l'Auteur du Mémoire sur l'éducation nationale contenant surtout une méthode d'y introduire l'étude de l'histoire» (12 juil. 1775, n° 32). Les Affiches de Picardie publient le mémoire de Rolland d'Erceville les 1er, 8, 22, 29 juillet, 19 et 26 août 1775. Elles publient également plusieurs articles intéressants relatifs au collège de Lille.

Les annonces et avis divers occupent naturellement la plus grande place, plus de la moitié des colonnes du journal: ventes de maisons à usage commercial, de fermes, de moulins à battre, offres de ventes d'animaux, de berlines, d'orgues, de claveau à pédales, offres et recherches d'emplois de cochers, de domestiques, de précepteurs, publicité commerciale (nouvelle eau anti-vénérienne, pilules de Belloste, etc.).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Lc 1167 (1770-1775, 10 juil. 1779 – 4 nov. 1780); Ste G., AE 8° 19152 (1770-1786); B.A.A., 374 T2; B.M. Amiens, 3593 (30 mars 1770 – 20 nov. 1797); B.M. Abbeville, quelques numéros.

Bibliographie

H.G.P., t. I, p. 399-400. – Pouy F., Recherches historiques sur l'imprimerie et la librairie à Amiens, Amiens, Lemer aîné, 1861. – Idem, Recherches historiques et bibliographiques sur l'imprimerie et la librairie et sur les arts et industries qui s'y rattachent dans le département de la Somme, Paris, B. Duprat, 1863. – Idem, Nouvelles recherches sur les almanachs et calendriers, Amiens, Douillet, 1879. – F.H.G., «Documents historiques tirés d'anciennes affiches du département de la Somme (1790-1794)», La Picardie, revue historique et littéraire, n° 5, mai 1870, p. 193-204; n° 6, juin 1870, p. 241-251; n° 7, juil. 1870, p. 289-299; n° 8, août 1870, p. 337; n° 9 et 10, sept.-oct. 1870, p. 385-398. – Grain N., «La presse régionale et la Révolution française. Les Affiches de Picardie (1787-1793)», D.E.S. U. Lille, 1966. – Legrand R., «Un journal picard au temps des Lumières», Bulletin de la Société d'émulation historique et littéraire d'Abbeville,1988, p. 343-364.

Titre indexé

AFFICHES DE PICARDIE ET DU SOISSONNAIS

Date indexée

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1801

ANNONCES POUR LES PAYS-BAS FRANÇAIS

0051
1761
1762

Titre(s)

Annonces, Affiches et Avis divers pour les Pays-Bas Français.

Le prospectus porte le titre d'Annonces et Affiches pour les provinces de Flandre et Artois mais lors du tirage du premier numéro, le titre est Annonces, Affiches et Avis divers pour les Pays-Bas Français.

Il ne faut pas confondre le périodique lillois avec les Annonces et avis divers des Pays-Bas (2 déc. 1760 – 1762) publié par Brindeau-Desroches et Maubert de Gouvest, à Bruxelles.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1761 – 28 décembre 1762. En mars 1759, Charles Joseph Panckoucke, libraire établi à Lille, reprend le projet de son père André Panckoucke, et adresse une demande de privilège à l'intendant des Flandres Antoine Le Fèbvre de Caumartin. Celui-ci accepte la publication des Annonces affiches et avis divers pour les Pays-Bas français. Aussitôt Lamoignon de Malesherbes, directeur de la librairie, lui rappelle: «Suivant les règlements, les intendants ne sont chargés dans aucun cas de donner des permissions d'imprimer. Les feuilles volantes et autres brochures de peu de consistance sont permises par les lieutenants de police de chaque ville et les plus considérables ne peuvent l'être que par un privilège ou avec permission scellée, c'est-à-dire par M. le Chancelier». Malgré son esprit éclairé et sa tolérance, Malesherbes veut rappeler les exigences de la législation et les monopoles parisiens. Peut-être redoute-t-il les audaces de la part de cet ami des philosophes qu'est C.J. Panckoucke.

Dans son prospectus, Panckoucke annonce la publication en janvier 1761 des Annonces et affiches pour les provinces de Flandre et d'Artois,sous la protection de M. le Maréchal, prince de Soubise, M. le Maréchal duc de Belle-Isle et de M. de Caumartin, Intendant de cette Province.

Hebdomadaire distribué les mercredis.

Description de la collection

Un volume de 464 p., comportant 52 numéros, du 7 janvier au 30 décembre 1761. Cahiers de 8 p. in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le prix de la souscription, fixé d'abord à 10 £ par an, est abaissé, après réclamation des souscripteurs, à 8 £ 10 s. pour les Lillois, à 10 £ pour les autres villes. Chaque numéro est envoyé par la poste franco de port dans toutes les villes du royaume; on précise: «à l'égard des endroits où la Poste ne va point, nous la ferons remettre dans les lieux qu'on nous indiquera». Cette feuille est imprimée sans division verticale, en 10 p., in-8°.

Chez Jean-Baptiste Henry, de Lille. Le format n'a pas varié pendant la publication des 42 numéros dont Panckoucke est responsable, c'est-à-dire du 7 janvier 1761 au 20 octobre 1762. Un supplément absorbe le surplus d'informations commerciales et littéraires.

Le censeur est Malus, commissaire des guerres.

Le premier numéro rayonne d'optimisme: le nombre des souscripteurs «a passé notre attente». Les Annonces du 15 décembre 1761 mentionnent un tirage de 600 alors qu'à la même époque les journaux de province disposent rarement de 200 abonnements.

Panckoucke se montre prudent: «On nous permettra de ne pas répondre actuellement à ceux qui ont avancé dans le public que cet établissement n'aurait pas lieu ou qu'il ne continuerait pas. Comme ces personnes n'ont probablement pas autant que nous combiné ce projet et que, d'ailleurs, ils ignorent les ressources et les correspondances que nous nous sommes ménagées, ce n'est qu'à la 52e feuille de ce journal que nous leur donnerons réponse». Le 9 décembre 1761, pour accroître l'audience, il promet l'édition d'une Histoire de Lille en supplément de quatre pages numérotées séparément. C'est celle de Montlinot que le Parlement de Douai condamne. Le 13 janvier 1762, Panckoucke avoue: «Le nombre des abonnés étant considérablement diminué, comme on peut s'en assurer par le registre de la Poste, nous ne pouvons pas tenir l'engagement que nous avions contracté avec nos souscripteurs en leur fournissant gratis le supplément de l'Annonce».

Les demandes de remboursement sont nombreuses. Panckoucke abandonne la direction des Annonces le 20 octobre 1762. L'imprimeur Henry prend en charge, jusqu'au 28 décembre 1762 (n° 104) les Annonces.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

La rédaction est assurée par Charles LE CLERCQ DE MONTLINOT, chanoine de Saint-Pierre à Lille (1732-1801); né à Crépy en Valois (Oise), docteur en théologie et docteur en médecine, il manifeste des idées hardies, défendant Encyclopédie contre Abraham Chaumeix, publiant des extraits de La Mothe le Vayer, empruntant des principes à Spinoza, à Helvétius, à Diderot, polémiquant avec le père Sylvin, un capucin lillois, et avec Louis Wartel, un chanoine régulier de Cysoing. En juillet 1761, Montlinot cesse sa collaboration aux Annonces.

Parmi les collaborateurs, M. de La Moot est bibliothécaire de Saint-Pierre; Pierre Joseph Dumonchaux est médecin (né à Bouchain en 1733, mort à Saint-Domingue en 1765); Alexandre Xavier Hardouin (1718-1785), secrétaire de l'Académie d'Arras, confie ses poésies et ses études grammaticales; Jean-Baptiste Junquières, lieutenant de la capitainerie royale des chasses de Senlis, compose des poèmes; Aimé Feutry, avocat au Parlement de Flandres, secrétaire du maréchal de Richelieu, se fait connaître par ses poésies romantiques, ses traductions d'ouvrages anglais, ses recherches sur les machines de guerre. Ami de Franklin, Feutry est acquis aux idées des encyclopédistes et collabore au Journal étranger, au Mercure, à Almanach des Muses...

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus expose les intentions de Panckoucke. Sa feuille ne rivalisera ni avec les gazettes, ni avec les périodiques parisiens. Son intérêt est géographiquement localisé aux deux provinces de Flandre et d'Artois. Elle s'apparente aux périodiques de Nantes, de Lyon, de Toulouse, de Bordeaux mais, au lieu d'être bornée à une ville, elle s'adresse à «deux provinces considérables dont l'une est peut-être la plus peuplée et la plus commerçante du royaume». C'est donc un organe régional qui s'inscrit dans la renaissance de l'esprit provincialiste au milieu du XVIIIe siècle. «Si le public, poursuit le prospectus, témoigne tant d'empressement pour les nouvelles étrangères, ordinairement frivoles et douteuses et même assez souvent reconnues fausses», il appréciera davantage ce qui concerne la Flandre et l'Artois.

Cette feuille, le jeune libraire la veut essentiellement utile, c'est-à-dire pratique. «Le désir que nous avons d'être utiles à nos concitoyens et à la Province que nous habitons» signifie qu'il s'agit de fournir un document utilisable quotidiennement par les gens d'affaires, les citoyens aisés, les négociants. Panckoucke rêve de réconcilier négoce et culture. Pour les hommes d'affaires, la gazette provinciale contiendra la liste détaillée des biens à vendre et à louer, maisons, terres, charges, meubles, bijoux... Pour les négociants, le journal présente «les objets relatifs à leur fortune ou à leurs besoins»: état des manufactures de la région, productions nouvelles, arrivée et départ des bateaux dans les ports flamands, description de leurs chargements et, dès le deuxième numéro, cours des changes. Pour le public curieux de nouveauté, une partie littéraire est prévue: elle doit, d'une part annoncer les œuvres imprimées dans les provinces de Flandre et d'Artois et, d'autre part, faire connaître les nouveautés de l'étranger: «Plusieurs gens de lettres qui ont bien voulu se charger de notre correspondance, nous ont déjà promis quelques mémoires précieux sur l'histoire et le commerce de la Flandre et de l'Artois».

Une organisation répond à ces intentions. Pour les informations commerciales, un réseau de «Correspondances sûres, jusque dans les villes qui, quoique éloignées, ont cependant un commerce suivi avec les provinces de Flandre et d'Artois. Nous avons trouvé, affirme Panckoucke, à Ostende, à Calais, à Amiens et même jusqu'au Havre, des personnes qui ont bien voulu se prêter à nos vues». Les bureaux de correspondance sont, le plus souvent, des bureaux de poste ou des libraires: Pintiau à Arras, Huguet et Boubers à Saint-Omer, Delannoi à Douai, Boubers à Dunkerque. Dix-neuf bureaux travaillent à Lille, Arras, Saint-Omer, Cambrai, Valenciennes, Douai, Dunkerque, Aire, Bapaume, Béthune, Hesdin, Lens, Lillers, Saint-Pol, Saint-Venant, Bouchain, Cassel, Landrecies, Gravelines. Ces bureaux transmettent les nouvelles commerciales et les avis à imprimer; ils enregistrent aussi les souscriptions.

Comme la plupart des Annonces provinciales, celles de Panckoucke offrent à une frange de lecteurs, appartenant à toutes sortes de catégories, la mention des événements les plus divers: la découverte d'une carrière de marbre à Hesdin; la description de la verrerie royale de Saint-André à Lille, «un des plus beaux établissements de cette ville et qui passe pour une des meilleures de l'Europe»; un navire hollandais revenant de La Rochelle, chargé d'eau-de-vie, arraisonné par un corsaire anglais; une messe pour le repos de l'âme de l'intendant de Séchelles célébrée à Cassel...

Comme les Almanachs, les Annonces se préoccupent des questions médicales. L'ouvrage de Tully, Essai sur les maladies de Dunkerque écrit dans l'esprit de Sydenham, est analysé; l'épidémie de dysenterie à Douai est l'occasion d'indiquer les symptômes et les remèdes; on met en garde contre les empiriques et les charlatans, ces fléaux trop communs dans les campagnes: «on trouve dans tous les lieux et tous les temps des empiriques qui donnent des remèdes, des dupes qui les achètent et des sottes qui les préconisent». Cette condamnation de la crédulité populaire est fréquente dans ce périodique qui se veut éclairé.

Les considérations sur la formation des jeunes sont détaillées: la construction d'un observatoire par les Jésuites du collège d'Anchin déclenche cette réflexion: «Quelle obligation ne doit-on pas avoir à ceux qui cherchent à faire circuler dans la Flandre cette masse de lumière qu'on croyait autrefois devoir toujours être fixée dans la capitale»; au collège anglais à Douai, on étudie Boerhaave, Buffon, Newton, Locke; à Roye, l'intendant facilite l'établissement d'une école de filature de coton...

Le journal crée, par ses annonces et ses avis, un lien direct entre les lecteurs: vente de deux globes de la Terre et du Ciel, d'une maison à Aire, de l'Hôtel du Quesnoy à Lille..., location de terres à Saint-Omer... Les ventes d'offices sont alléchantes. M. de Courcelle, avocat, offre une charge de conseiller du roi à la gouvernante et souveraine du bailliage de Lille et précise les honneurs, exemptions et prérogatives attachés à cette charge, un office de conseiller au Conseil d'Artois confère la noblesse au deuxième degré... Les offres d'emplois et de services révèlent les traits de la société régionale: on vante les talents d'un bon chirurgien; un copiste assure qu'il copie correctement le latin et le français, qu'il déchiffre le gothique.

Plus neuve est la rubrique d'ordre économique: des «Observations sur le commerce de Lille», par un négociant, ou l'article sur les «causes de la décadence du commerce d'Hesdin» illustrant les débats sur les avantages du mercantilisme, sur l'essor des manufactures, sur le protectionnisme... A propos d'un discours prononcé par un professeur du collège d'Arras, s'engagent des réflexions sur le luxe, ses méfaits et ses avantages. Par le biais de cette rubrique, s'esquissent des exposés d'économie politique et même se glissent de véritables nouvelles politiques: Le «Rapport d'un négociant de Dunkerque sur un combat naval entre des bateaux français et anglais» dérive sur le plan politique. Dans le n° 38 du 23 septembre 1761, apparaît le titre «politique» avec des Nouvelles de Londres, ce qui constitue un empiétement sur le monopole de la Gazette.

L'information littéraire est importante mais elle est d'usage dans la presse provinciale. Panckoucke annonce les publications: Calendrier général du gouvernement de Flandre, Almanach historique et géographique de la Picardie...; il publie des poèmes, écrits par les amateurs éclairés de la région. Mais il est surtout attentif aux œuvres élaborées à Paris, caractéristiques du siècle des Lumières: Lettres des deux amants habitant d'une petite ville, recueillies et publiées par Jean-Jacques Rousseau (Amsterdam, Rey, 6 vol., 1761), Préface de la Nouvelle Héloïse ou Entretiens sur les romans entre l'éditeur et un homme de lettres, par J.-J. Rousseau, citoyen de Genève (Paris, Duchesne, 1761), Extrait du Projet de paix perpétuelle de l'abbé de Saint-Pierre, par J.-J. Rousseau. Cette utopie déchaîne l'enthousiasme du publiciste: «Jamais projet plus grand, plus beau ni plus utile n'occupa l'esprit humain». L'équipe de Panckoucke est ouverte aux autres philosophes: commentaires des pièces de Corneille par Voltaire, Essai sur l'homme de Pope, nouvellement traduit de l'anglais avec des notes critiques, Discours sur la politique anglaise Contes moraux de Marmontel... A côté de cette littérature engagée, figurent les nouveautés scientifiques: la Description des arts et métiers, par MM. de l'Académie royale de sciences, la Minéralogie de Valmont de Bomare, Encyclopédie portative de la théorie et la pratique du commerce, les Eléments d'agriculture de Duhamel Dumonceau...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lille (coll. incomplète).

Bibliographie

D.P. 2, art. «Panckoucke». – Bellanger C, et al., Histoire générale de la presse française, t. I, Paris, 1969, p. 378-382. – De Paris C, «Assauts de plume à Lille au siècle des Lumières», Mélanges Robinet, Lille, 1982, p. 235-240. – Dinaux A., «Le premier journal du Nord», Arch. hist. littéraires du Nord, 1837, p. 75-78. – Trenard L., «La presse périodique en Flandre», Dix-huitième siècle, n° 1, 1969, p. 100-104. – Histoire de Lille, t. III, «L'ère des révolutions, 1715-1851», Toulouse, Privât, 1990. – Tucoo-Chala S., Charles Joseph Panckoucke,Paris, Touzot, 1977, p. 64-69.

Historique

L'Echec de Panckoucke. Dans le premier numéro, Charles de Montlinot se flatte des «marques non équivoques de bienveillance et de protection que nous avons reçues de différentes personnes en place». L'intendant Caumartin était très favorable à la création des Annonces le duc de Belle-Isle et le prince de Soubise avaient parrainé l'entreprise. Ces appuis firent oublier l'opposition du Procureur général du Parlement de Douai: Calonne. L'enthousiasme manifesté par les Annonces pour Voltaire et surtout pour Rousseau rendait suspect le périodique. En mai 1762, les Annonces célèbrent la publication de Emile. «Philosophes orgueilleux, modernes littérateurs, que vos ouvrages sont froids en comparaison de celui-ci... Pères, Mères, lisez cet ouvrage; vous y apprendrez à former des hommes et, ce qui est plus rare, des citoyens heureux». Avec fierté, le libraire proclame qu'il est le seul à avoir reçu ce livre dans nos provinces. Quinze jours plus tard, le journal reproduit trois pages de Emile et promet d'insérer le chapitre relatif à l'éducation des sens. Calonne prend alors un arrêt contre Emile et met en garde l'intendant Caumartin: l'ouvrage «commençait à faire bruit dans notre ressort et il en a été fait mention dans ces Annonces hebdomadaires de la province qui s'impriment à Lille... On en a même fait un éloge ridicule et impertinent... Au lieu de s'y renfermer dans les matières et avis qui forment le véritable objet de ces sortes de compilations d'affiches, on y annonce indistinctement toutes les nouveautés qui inondent le public... On en donne des extraits dont le choix ne serait souvent avoué ni par la prudence ni par l'amour du bien. On y comble d'éloges excessifs des écrivains reconnus pour dangereux et répréhensibles...». De son côté, Malesherbes avertit les censeurs: «L'annonce d'un ouvrage contraire à la religion, aux mœurs et aux principes de gouvernement et surtout les éloges donnés à ces mêmes livres sont des délits très graves...».

Panckoucke doit se rétracter le 16 juin: la réputation de M. Rousseau, le succès de ses ouvrages, ses principes philosophiques ont incité le rédacteur à annoncer avec éclat l'Emile mais, «contrairement à la note qui terminait le premier article, nous n'avions pas encore reçu cet ouvrage». Panckoucke avoue son imprudence: la lecture attentive du Traité de l'éducation lui a fait découvrir «que les poisons actifs et pénétrants coulaient de la plume de M. Rousseau». Il déplore sa conduite et estime que la lecture de l'Emile doit être interdite à tout le monde...

Le n° 42 (20 oct. 1762) est le dernier sur lequel est porté le nom de Panckoucke. Peu après, il quitte Lille et s'installe à Paris. L'imprimeur Henry prend en charge les Annonces et les maintient jusqu'en décembre 1762. L'échec s'explique peut-être par une gestion maladroite: le prix d'insertion des annonces et avis était vraisemblablement trop élevé aux yeux des négociants ignorant l'efficacité de ce moyen de communication. L'échec s'explique aussi par la défense des monopoles parisiens menée par le ministre des Affaires étrangères, par le directeur de la Librairie, par leurs commis, enfin par l'hostilité du Parlement de Flandre et notamment de Calonne. Il s'explique enfin par l'impréparation du public lillois et flamand à accueillir une presse dévouée aux audaces des Lumières, à faire vivre un journal qui aborde des problèmes nouveaux sur un ton du défi et de l'enthousiasme provocant.

Titre indexé

ANNONCES POUR LES PAYS-BAS FRANÇAIS

Date indexée

1761
1762

L’ABEILLE FLAMANDE

0002
1746

Titre(s)

L'Abeille flamande, ouvrage périodique.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Dix fascicules de pagination continue, réunis en un volume. Aucun privilège ni prospectus; tous les «nombres» sont datés de 1746, sans autre précision.

Description de la collection

Chaque «nombre» compte 24 p. et le recueil de 10 livraisons, 240 p., format in-12, 102 x 174.

Citation en épigraphe pour le n° 1: Ipsa varietate tentamus efficere, ut alia aliis, quaedam fortasse omnibus placeant (Plin. L 4. Epist. 14).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«André Panckoucke, Libraire, Place Rihour, à Lille».

Sur le n° 1 seulement: «Imprimerie de la Veuve Danel, Libraire, sur la Grand'Place, à la Bible royale». D'après Lépreux Gallia typographicat. I, p. 13), l'imprimeur serait Henry.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

André-Joseph PANCKOUCKE. Aucun article n'est signé.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus annonce, selon la recommandation de Pline, des articles variés. Le journaliste «réussit parfaitement, s'il est assez heureux de faire un choix de matières qui contentent et qui plaisent généralement à ses lecteurs». L'Abeille doit butiner... Le journaliste se propose donc de réunir «les anciens points de notre Histoire [...], les Faits capitaux qui la concernent [...], les Hommes illustres qui ont bien mérité de leur Patrie [...], un Précis des Ouvrages qui honorent la Nation [...]». «A ce Plan qui concerne l'Histoire de Flandre, j'en ajoute un autre [...], la belle Littérature [...], un Précis des Dissertations qui se trouvent dans de gros Ouvrages [...], indiquer plusieurs Livres qui sont peu connus, examiner les Anecdotes qui les rendent remarquables [...], marquer les bonnes éditions recherchées des curieux». Panckoucke se propose en particulier d'évoquer l'origine et les progrès des sciences, l'histoire des grands hommes, d'examiner les ouvrages qui paraîtront en histoire, en jurisprudence, médecine, politique, théologie, philosophie, belles-lettres, etc. Principales rubriques: Mémoires pour servir à l'Histoire des comtes de Flandre, Littérature, Pensées diverses, Physique expérimentale. L'auteur le plus souvent nommé est Voltaire, «le premier poète de France».

Sur les 240 p., 111 sont réservées à l'histoire, 65 aux sciences, 25 à la littérature, 20 aux pensées diverses. Il s'agit en fait d'une revue que nous pourrions qualifier de «culturelle». Parmi les principaux centres d'intérêt, on peut citer les extraits de l'histoire des comtes de Flandre, publiée en 1762 sous le titre Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre : le récit événementiel est rythmé par les règnes (Baudouin, Baudouin le Chauve, Arnoul 1er le Vieux, etc.) avec des notes infrapaginales, dans lesquelles Panckoucke cite Baronius, Fleury, Mabillon, mais aussi les auteurs locaux. On note également des articles sur l'origine de l'écriture, sur les instruments servant à écrire et les supports, sur l'utilité des mathématiques (avec citations de Malebranche, Fontenelle, Rollin, Pic de La Mirandole, Hobbes, etc.), sur la physique des corps (citations de Boerhaave, Scheuchner, Pluche, etc.).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lille, 27.492; B.N., Z 3954.

Bibliographie

D.P. 2 (art. «Panckoucke, André-Joseph»). – Trénard L., «La presse périodique en Flandre», D.H.S., n° 1, 1969 p. 89-105. – Tucoo-Chala S., Charles-Joseph Panckoucke et la librairie française (1736-1779), Pau et Paris, Marrimpouey et Touzot, 1977.

Historique

Originaire de Bruges ou de la région d'Ostende, la famille Panckoucke s'établit à Lille; André-Joseph, né en 1703, devient libraire et épouse la fille de son collègue Gandouin; passionné de savoir, admirateur de Voltaire, il souhaite participer à la diffusion des connaissances, ouvre un cours public de physique et de géographie, publie des ouvrages pédagogiques, s'intéresse à l'histoire de la châtellenie de Lille. Or, en dehors des almanachs, la capitale des Flandres n'avait pas de presse périodique. En 1746, André-Joseph lance L'Abeille flamande. Son programme est double: d'une part, l'Abeille doit butiner, c'est-à-dire faire connaître ce qu'il y a d'essentiel dans «les ouvrages qui honorent la Nation», notamment dans le domaine scientifique; d'autre part, elle doit «éclairer certains points de notre histoire, exposer avec netteté les faits capitaux qui la concernent, réveiller les cendres des hommes illustres». Le journal s'attachera surtout à l'histoire des comtes de Flandre, car elle est étroitement liée à celle de la France et de l'Angleterre. L'Abeille flamande réserve effectivement la majeure partie de ses 24 p. au «Mémoire pour servir à l'Histoire des comtes de Flandre». C'est un récit événementiel qui se prétend dépouillé des légendes; l'auteur cite Mabillon et affirme, à propos de Baudouin III: «L'engagement que nous avons contracté avec le Public, nous empêche de rien avancer sur les comtes de Flandre qui ne soit muni de bonnes preuves; on adopte peut-être encore trop de faits fabuleux, c'est pourquoi nous aimons mieux être vrais et courts que faux et prolixes». A propos de Lidéric et Phinaert, il rappelle que la légende est rapportée par Oudeguerst puis reprise par Jean d'Auxiron, un jésuite, dans son roman Lydéric Ier Forestier de Flandre, édité à Lyon en 1634. Il se réfère souvent, pour la vie des saints, aux Annales de la province et comté de Hainaut par François Vinchant (1648).

Après l'histoire viennent, selon l'importance de la place accordée, les mathématiques, la physique, la philosophie. Les références renvoient aux philosophes (Hobbes, Bayle, Fontenelle, Malebranche, etc.) plutôt qu'à leur doctrine. Panckoucke met en garde contre le sensualisme, mais les articles sur la physique des corps reflètent un esprit nouveau: «deux choses sont nécessaires pour faire quelques progrès dans l'étude de la nature: l'Expérience et le Raisonnement». Toute physique, ajoute-t-il, doit être expérimentale. La littérature occupe une place réduite; elle consiste avant tout en une apologie de Voltaire, et en citations des «beautés admirables» que recèle le Poème sur la bataille de Fontenoy.

La famille Panckoucke, d'abord considérée comme janséniste, puis estimée proche des philosophes, fut constamment surveillée: après dix «nombres», l'hebdomadaire disparut.

Titre indexé

ABEILLE FLAMANDE

Date indexée

1746