LE MAGASIN À LA MODE

0857
1777
1778

Titre(s)

Le Magazin à la mode dédié aux dames, mis en ordre par M. Praval.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Mai 1777 – avril 1778. Deux volumes. Périodicité mensuelle.

Description de la collection

La collection de Cambridge se compose de deux parties en deux volumes: première partie, n° I à IX, les numéros de 1777, comportant 90 p. chacun, sont paginés de 1 à 855, le numéro de décembre étant double. Deuxième partie, n° X à XIII, paginée 1 à 383; treize numéros en tout. Mais la reliure a placé le numéro double de décembre 1777 avec ceux de 1778. D'où deux paginations dans le volume II: 669 à 856, puis 1 à 383.

Dimensions: 115 x 200.

Devise: «Diversité, c'est ma devise», La Fontaine.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Dublin, chez Guillaume Whitestone, Libraire, 29 dans Capel street. Libraires associés à Clonmell, Cork, Derry, Belfast, Castlebar, Ballinrobe, Carlow, Wexford, Athlone, Limerick, Newry, Armagh, Lisburne et Drogheda. L'abonnement du magazin est 1/2 guinée par an qui se paiera en s'abonnant, le prix de chaque magazin est un shelling anglais pour ceux qui ne sont pas abonnés. On peut s'abonner en tout tems chez les libraires ci-dessous nommés» (suit une liste de libraires dans 14 localités d'Irlande).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Charles PRAVAL. La National Library of Ireland connaît les ouvrages de Charles Praval, sur la syntaxe et la langue françaises, The Rudiments of the French tongue, Dublin 1779, et, de la même année, chez le même éditeur que Le Magazin, Whitestone: The idioms of the French language compared with those of English, réédité en 1783; son catalogue lui attribue aussi Le Magazin.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le premier numéro contient une préface de 4 p. qui indique les intentions de l'auteur. Il commence par une apologie de la langue française parlée dans toute l'Europe par les gens cultivés. «La nation irlandaise est bien persuadée de la vérité de ce que je viens de dire. L'empressement qu'elle montre à se perfectionner dans la langue française n'est-il pas une preuve convainquante de la justice qu'elle lui rend. Dans le Magazin à la mode, les personnes qui apprennent le français trouveront une source inépuisable d'instruction, et celles qui le savent y trouveront avec plaisir un recueil choisi de sujets intéressants». A partir du n° III on trouve un avis à la fin de chaque numéro: «On prie les gens de lettres de concourir à la perfection de ce magazin; on recevra avec reconnaissance les pièces de vers ou de prose, les annonces, observations, anecdotes, événements singuliers et généralement tout ce qui pourra instruire ou amuser le lecteur». Le journal est un «magazin», c'est-à-dire qu'il publie surtout des «pièces fugitives en prose ou en vers», reprises d'ailleurs, mais il tient aussi une rubrique: «Nouvelles étrangères» (qui n'indiquent pas leurs sources mais sont relativement récentes, datant d'un ou deux mois) une rubrique «Spectacles» (qui concerne les théâtres de Dublin) et une «Rubrique mondaine»: naissances, mariages, décès; ainsi qu'un «Courrier des lecteurs».

Les auteurs français qu'il cite le plus sont: Voltaire, Raynal, Marmontel, La Porte. Ses centres d'intérêt sont: les sciences et les voyages, les inventions, les colonies, le commerce.

On trouve une table de 3 p. pour l'année 1777 à la fin du numéro de décembre.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Une collection complète se trouve à l'University Library de Cambridge (U.K.). Une autre, incomplète, à la National Library of Ireland, Dublin (vol. I-II, mai-juil., sept.-déc. 1777, févr.-avr. 1778), 8405 m 1.

Historique

Charles Praval semble avoir été un pédagogue d'origine française, installé à Dublin. Il dit, à plusieurs reprises dans le Magazin, que le but de son journal est d'instruire la jeunesse, et il y insère des cours, à suivre d'un numéro à l'autre, souvent sous forme de questions et réponses (forme qu'il utilise aussi dans ses ouvrages didactiques sur la langue française). Les cours s'intitulent: «Leçons sur la sphère», ou «Leçons de géographie historique» (sur le Canada, le Mexique, en particulier).

Malgré la dédicace «aux dames» et le terme «à la mode», incorporé au titre de ce journal, il ne relève pas du genre magazine féminin. Il répond à un besoin de connaissances sérieuses et à une ouverture d'esprit qui font honneur au niveau de culture de la génération des jeunes Irlandais auxquels l'auteur a voulu s'adresser.

Praval a puisé beaucoup dans la presse de l'époque, en français et en anglais, c'est évident, même quand il ne cite pas ses sources. Celle dont il se réclame avec insistance, ce sont les Annales politiques civiles et militaires du XVIIIe siècle de Linguet. Il dit que c'est leur lecture qui l'a fait revenir de sa première idée qui était de ne pas parler de politique. Il annonce dès le n II (t. I, p. 155): «parmi les productions nouvelles qui méritent l'attention du public nous lui en annonçons une qui fera époque dans les annales littéraires, le journal qui paraît le 15 et le 30 de chaque mois... écrit par le fameux M. Linguet, avocat au Parlement de Paris, nommé à juste titre <Cicéron de la France>, nous en avons reçu les deux premiers numéros et nous en rendrons compte à nos lecteurs dans les numéros suivants d'une manière plus étendue». Un peu plus tard, il annonce avec regret, p. 351: «Nous avions promis de donner la continuation de l'ouvrage de M. Linguet; une raison nous empêche de le faire: M. Linguet a cessé de le publier». Et en mars 1778, p. 232, t. II, il est tout heureux de constater que les Annales ont repris: «Les journaux de M. Linguet nous sont parvenus et nous croyons devoir leur donner place dans cet ouvrage périodique: nous tirerons la quintessence des numéros qui ont déjà été publiés, et nous suivrons le Cicéron français dans ses productions futures, persuadé que ce qui coule de la plume d'un tel écrivain est ce que l'on peut placer avec le plus de justice dans un ouvrage dont le but est de développer les beautés de la langue française». Malheureusement Praval ne put remplir cette promesse puisque le numéro du mois suivant, avril 1778, semble bien avoir été le dernier du Magazin à la mode.

Titre indexé

MAGASIN À LA MODE

Date indexée

1777
1778

LE LITTÉRATEUR FRANÇAIS EN HOLLANDE

0846
1775

Titre(s)

Le Littérateur français en Hollande. Continuation de la Feuille hebdomadaire (1775).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 juillet-31 juillet 1775. Hebdomadaire.

Description de la collection

La collection de la B.L. comprend 5 numéros, des lundis 3, 10, 17, 24 et 31 juillet 1775. Feuilles de 8 p. in-8°, 110 x 180, paginées de 1 à 8 pour chaque numéro.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam, J.A. Crajenschot, libraire sur le Vygendam. Libraires associés: P.F. Gosse, J. Staatman, J.P. Wynants à La Haye; H. Beman, Bennet Hale, D. Vis et J. Bosch à Rotterdam; A. Blusse et P. Van Braam à Dordrecht; Luzac, Van Damm et Murray à Leyde; N. Spruit à Utrecht.

Chez le même éditeur se vendent les 6 numéros des pièces rassemblées sous le titre de Feuille hebdomadaire, série de brochures portant des titres divers («Le gouvernement hollandais», «Contre le suicide», etc.) et qui n'a de périodique que l'apparence.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Ces feuilles seront consacrées à la Politique et à la Littérature» (note à la p. 3 du n° 1). L'auteur (qui se confond peut-être avec l'éditeur) souhaite amuser et instruire grâce à des pièces fournies par des «personnes lettrées et pourvues de connoissances». Les premiers numéros parus donnent des réflexions morales, une anecdote chinoise, la lettre d'un patriote hollandais sur les courtiers, des épîtres en vers sur des sujets politiques.

Additif

Edition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s): Les numéros 1-8 furent annoncés dans le ’s-Gravenhaagsche Courant, du 3 juilllet 1775 (n° 1) au 21 août (n° 8). Par exemple, le 3 juillet 1775: «J.A. Crajenschot , libraire sur le Vygendam à Amsterdam, donne aujourd’hui à 2 sols: N° 1 du Littérateur françois en Hollande. Cette feuille sera consacrée à la politique et à la littérature tout ensemble pour la rendre plus intéressante et plus utile, et on cherchera par une alternative méthodique de traits historiq., philosoph., de moralités et de productions poétiques à satisfaire complètement les connaisseurs en tous ces genres». 10 juillet (n° 2) «[...] Cette entreprise littéraire traitera dorénavant des sujets mêlés alternativement d’histoire, de philosophie, de poésie, de morale, de commerce, et généralement tout ce qui peut contribuer à l’amusement et à l’instruction des amis de la littérature française».

Auteur additif

Titre indexé

LITTÉRATEUR FRANÇAIS EN HOLLANDE

Date indexée

1775

LETTRES SUR LES MATIÈRES DU TEMPS

0837
1688
1690

Titre(s)

Lettres sur les Matières du Temps.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

10 février 1688 – 15 décembre 1690; gazette bimensuelle. Les deux années sont réunies en un volume divisé en trois tomes: t. I, 14 lettres, 172 p., 1688; t. II, 16 lettres, 262 p., 1689; t. III, 24 lettres, 384 p., 1689. Interruption de 4 mois de septembre 1689 à janvier 1690.

Description de la collection

Livraisons de 16 p. in-8°, format apparent petit in-4°, 140 x 200. Dans le second tome, une vignette représente un ange soufflant dans une trompette, les seins nus, tenant une couronne de lauriers. Les 11 premières lettres sont imprimées sur longue ligne en petit caractère.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam, chez Pierre Savouret, et à la fin du t. I, chez la veuve de Pierre Savouret dans le Kalverstraat; t. III, à Amsterdam, chez Henry Desbordes.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean TRONCHIN DUBREUIL (?).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Des 6 premières lettres, 5 n'étaient pas faites pour être rendues publiques, mais le destinataire a obtenu de l'auteur qu'elles soient supprimées et qu'il en donne une tous les quinze jours». Cet auteur se présente comme un huguenot réfugié en Hollande, qui a souffert pour sa religion et écrit à un ami d'Angleterre sur les événements du temps présent. Il en résulte une sorte de gazette raisonnée, parfois marquée d'un accent personnel, surtout quand l'auteur évoque la persécution et son évasion de France. Il accompagne les informations de commentaires. C'est une longue réflexion sur la politique et la religion en France, en Angleterre et en Hollande. L'auteur reproduit des déclarations, lettres publiques, proclamations et textes historiques importants. Développements intéressants sur la révolution anglaise, sur la liberté de conscience, sur l'histoire du christianisme, le rôle du Pape et des jésuites, la personnalité de Guillaume d'Orange et celle du roi Jacques.

Table générale portant sur les trois années à la fin du t. III.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Opéra, Pi 741; B.L., 302 f 18 (3 ex.); B.M. Lyon, 371 044; B.N., G 4602; B.M. Bordeaux, H 2379.

Bibliographie

Hatin, G.H.,p. 157 et 163. – Bayle P., Cabale chimérique,chap. IV.

Historique

L'attribution de cet important journal à Jean Tronchin Dubreuil est généralement retenue, bien qu'aucun texte ancien ne la confirme. Hatin acceptait cette attribution (G.H., p. 157 et 163); I.H. Van Eeghen l'accepte également (De Amsterdamse boekhandel (1680-1715), Amsterdam, 1960-1967, t. III, p. 89). Les données biographiques présentées au début des Lettres ne correspondent pourtant pas à ce que nous savons de sa carrière. Les positions soutenues dans les Lettres sur les matières du temps sont, il est vrai, assez proches de celles qu'il a constamment défendues (orangisme, protestantisme fervent et libéral).

Titre indexé

LETTRES SUR LES MATIÈRES DU TEMPS

Date indexée

1688
1689
1690

LETTRES PASTORALES

0831
1686
1694

Titre(s)

Lettres pastorales adressées aux fidèles de France qui gémissent sous la captivité de Babylone.

1er septembre 1686 – 1er décembre 1694. Trois volumes. La périodicité annoncée dans le numéro 1 est bimensuelle. Elle est tenue jusqu'au 1er juillet 1689. Interruption. En 1694 l'auteur donne encore trois numéros les 1er novembre, 15 novembre, et 1er décembre, qu'il numérote XXII, XXIII et XXIV pour compléter les trois qui manquaient à la 3e année.

Première année: 1er sept. 1686 – 15 août 1687, 24 lettres, 220 p. + index; deuxième année: 1er sept. 1687 – 15 août 1688, 24 lettres, 220 p. + index; troisième année: 1er sept. 1688 – 1er juil. 1689, 21 lettres, 177 p. + index (le 3e tome est complété, après l'index, par les lettres de 1694).

Description de la collection

Chaque numéro comporte 8 p., sur 2 colonnes, in-4°, 180 x 230. Le texte est très serré, les caractères très petits, sauf pour les numéros de 1694, bien moins compacts.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Abraham Acher, à Rotterdam, sur le Visserdick près de la Bourse.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre JURIEU.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le périodique tire son nom de la fameuse Lettre pastorale adressée par Bossuet, pour Pâques 1686, aux «nouveaux catholiques» de son diocèse, ce qui indique dès l'abord une intention polémique de la part du célèbre théologien réformé du Refuge hollandais, à l'égard des agents de «Babylone», c'est-à-dire l'Eglise de Rome. Chacun des trois volumes porte un long sous-titre, qui varie, d'ailleurs, indicateur du projet de l'auteur; – Premier volume; Lettres pastorales adressées aux fidèles de France qui gémissent sous la captivité de Babylone«où sont dissipées les illusions que M. de Meaux dans sa Lettre pastorale et les autres convertisseurs emploient pour séduire. Et où l'on trouvera aussi les principaux événements de la présente persécution». – Deuxième volume; Lettres pastorales adressées aux fidèles persécutés de France, seconde année, «où l'on trouvera une réfutation du livre de M. Pélisson intitulé; Réflexions sur les différents de Religion... comme aussi la réfutation des sophismes des autres convertisseurs, principalement sur l'autorité de l'Eglise». – Troisième volume; Lettres pastorales adressées aux fidèles de France qui gémissent sous la captivité de Babylone«où l'on continue à dissiper les sophismes par lesquels l'évêque de Meaux, le Sieur Pélisson et d'autres pervertisseurs veulent faire illusion à leurs nouveaux convertis».

L'auteur se propose d'exhorter et d'instruire en donnant aux fidèles persécutés des arguments contre leurs convertisseurs, et de les consoler en leur prêchant la patience et l'espérance. Mais il veut aussi donner les nouvelles «de la présente persécution».

Il ne faillira pas à cette tâche historique. On trouve, dans chaque numéro, des lettres ou des récits de «confesseurs», venus de tout le royaume. Ce qui conduit l'auteur à mettre en question la puissance du souverain et les limites du devoir d'obéissance. Les Lettres XVI et XVII du t. III sont entièrement consacrées à cette analyse politique, et non seulement démontrent le droit des consciences à la résistance, mais affirment que la souveraineté vient du peuple, avec lequel celui qui l'exerce doit passer contrat. Les événements d'Angleterre, la révolution de 1688 et la personnalité du nouveau roi Guillaume lui servent constamment de référence et d'exemple.

Les principaux auteurs avec lesquels Jurieu polémique sont: Grotius, Bossuet, Nicole et Pélisson, sur les notions de schisme, d'autorité, de sacrement, d'interprétation des Ecritures et en particulier des prophéties, de «système de l'Eglise», et «de la nature et de la grâce».

On trouve des tables à la fin de chaque volume, sous le titre: Indice.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Ld176 549 B (3 tomes en un volume); B.H.P., R 1241 (même édition que la B.N.). Il y eut plusieurs rééditions, et une édition in-12, pour chaque année, datée de celle de sa parution (1687, 1688, 1689). La B.H.P. possède plusieurs éditions, in-4° et in-12.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Jurieu». Chauffepié, Nouveau Dictionnaire historique et critique, 1753, p. 57-82. – Puaux F., Les Défenseurs de la souveraineté du peuple sous le règne de Louis XIV, Paris, 1917. – Dodge G.H., The Political Theory of the Huguenots of the Dispersion, Columbia University Press, 1946.

Historique

En 1686, Jurieu est pasteur à Rotterdam depuis quatre ans. Il controverse avec Bossuet et Nicole depuis longtemps, mais la Révocation, l'arrivée des réfugiés et les nouvelles de France le décident à tenter une action directe et continue auprès de ses coreligionnaires restés en France.

C'est la lecture de la Lettre pastorale de Bossuet, de Pâques 1686, affirmant que les nouveaux convertis n'avaient subi aucune violence de la part de l'Eglise romaine, qui lui fournit à la fois le titre de sa publication et l'impulsion indignée nécessaire pour le lancement d'un périodique de combat. Il veut instruire, informer, consoler ses frères de France, ce qui est bien la tâche d'un pasteur. De plus, il a la conviction d'avoir un message important à transmettre concernant l'eschatologie. La lecture de l'Apocalypse, en particulier du chapitre XI, l'a persuadé ainsi qu'il l'a déclaré à la première page de son livre, L'Accomplissement des prophéties, paru cette même année 1686, que «le papisme est l'empire antichrétien, que cet empire n'est pas éloigné de sa ruine, que cette ruine doit commencer dans peu de temps, que la persécution présente peut finir dans trois ans et demi. Après quoi commencera la destruction de l'Antéchrist, laquelle se continuera dans le reste de ce siècle et s'achèvera dans le commencement du siècle prochain et enfin le règne de Jésus-Christ viendra sur la terre».

Les feuilles des L.P. commencent donc à passer la frontière, malgré la police et, «de l'aveu des évêques et des intendants, elles ramenèrent à l'Eglise protestante une foule de personnes qui avaient abjuré pendant les dragonnades», déclare Haag dans l'article Jurieu de la France protestante, qui, par ailleurs ne lui est pas très favorable. Et F. Puaux renchérit: «Les Lettres pastorales qui échappaient à la surveillance des commis du Roi pour les livres défendus, parurent à Bossuet plus dangereuses et dignes de réponse que les lourds livres de controverse. Les plus graves questions se posaient devant le peuple grâce à ces feuilles volantes, que parfois les chiourmes saisissaient sur les galères et que les paysans du Poitou et les montagnards des Cévennes lisaient à leurs foyers désolés».

Bossuet prit la plume et deux années durant (1689-1690) se succédèrent «Les avertissements aux protestants sur les lettres du ministre Jurieu».

Dans le monde protestant européen, ce périodique ne passe pas inaperçu: un professeur de théologie de Marbourg, Samuel Andreae en donne une édition en allemand. En Angleterre, il est lu et approuvé par l'évêque de Colchester en 1687. Très bien reçu aussi par la duchesse de Brunschwick, de qui Jurieu reçoit des fonds importants pour aider les réfugiés (article «Jurieu» dans le Dictionnaire de Chauffepié).

Pendant près de trois années, Jurieu maintient son rythme, son élan, son mordant, son souffle. On pourrait même dire qu'il n'a jamais été aussi convaincant ni aussi éloquent qu'au printemps 1689, peu avant que, dans la Lettre XXI du 1er juillet, il ne prenne congé. Dans ce troisième tome il semble avoir trouvé son ton et précisé son message: une lecture des événements contemporains à la lumière de son interprétation du message biblique. Parlant dans la Lettre IX (1er janv. 1689) des enfants qui prophétisent en Dauphiné, il revient à l'Apocalypse à partir de laquelle il avait annoncé, pour le milieu de cette année 1689, la fin de la persécution en France et l'entrée en scène d'un «témoin du salut» qui provoquerait la conversion à la vraie foi de toute la France. A mesure qu'avance l'année, il est de plus en plus persuadé que ces prophéties s'accomplissent non pas en France, mais en Angleterre, et les Lettres IX à XXI qui ne donnent plus que peu de nouvelles de France, suivent la révolution anglaise et assimilent Guillaume d'Orange à ce témoin salutaire qui rendra à tous la liberté de conscience. Cette perspective, toute délirante qu'elle puisse paraître en son point de départ, amène une analyse politique des événements qui se poursuit de lettre en lettre, permettant de placer Jurieu, comme dit Puaux, parmi «les défenseurs de la souveraineté du peuple sous Louis XIV» et donnant à sa pensée une audace, une clairvoyance et une modernité que G.H. Dodge souligne dans son livre.

Cependant autour de Jurieu, au Refuge, les disputes vont bon train. Les docteurs protestants, Bayle en tête, l'attaquent de toutes parts, et la controverse en France catholique ne l'épargne pas. Et il sait que ses lecteurs en France, ceux qui comptaient les mois jusqu'au terme prédit pour la délivrance, galvanisés par cette espérance dont il les a entretenus depuis trois ans, commencent à douter. Ils ne voient aucun signe de détente dans la persécution. Que la révolution, la liberté de conscience adviennent en Angleterre, ne les concerne ni ne les console. Comme le dira plus tard Voltaire: Jurieu «écrivit en fol et fit le prophète: il prédit que le royaume de France éprouverait des révolutions qui ne sont jamais arrivées» (Voltaire, Discours en vers, cité par Chauffepié, op. cit. ; Moland, t. IX, p. 396).

Cette déception de ceux dont Jurieu voulait être le pasteur et qu'il a peut-être trompés, précipite l'arrêt du périodique alors qu'il ne reste plus que trois numéros pour atteindre le chiffre de l'année. Ces trois numéros, il les donnera quand même, mais seulement cinq ans plus tard. Expliquant son long silence par une «maladie d'épuisement» dans laquelle il est tombé alors qu'il travaillait à une réfutation de Bossuet sur les prophéties, il s'efforce de «recommencer les entretiens pour nous consoler avec vous», en prenant pour thème «le délai de Dieu pour la délivrance» et d'exhorter les persécutés en France, comme les exilés ailleurs, à prendre patience et à accepter leurs souffrances. Le cœur, l'élan, l'espoir n'y étant plus, ce message peu exaltant ne sauva pas les Lettres pastorales.

Titre indexé

LETTRES PASTORALES

Date indexée

1686
1687
1688
1689
1690
1691
1692
1693
1694

LETTRES HOLLANDAISES 2

0828
1779

Titre(s)

Lettres hollandaises ou Correspondance politique sur l'Etat présent de l'Europe, notamment de la République des sept provinces unies.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Trois tomes, tous datés de 1779. Hebdomadaire. Avis: «Il paraîtra régulièrement une feuille par semaine des Lettres que nous donnons aujourd'hui au public et 18 feuilles formeront un volume».

Description de la collection

T. I, 433 p. (manquent 4, 6, 8-13); t. II, 436 p. (manquent 9 et 10); t. III, 48 p.

Cahiers de 24 p. in-12, 110 x 190.

Devise: elle est variable, souvent prise chez Horace ou Juvénal. On trouve d'abord: Dicere verum qui vetat. Horace. Puis, Felix qui potuit rerum cognoscere causas, qui était la devise de l'Observateur français à Londres et qu'on retrouve dans l'Observateur à Amsterdam.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Amsterdam, et se trouve chez les principaux libraires d'Europe.»

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

DAMIENS DE GOMICOURT.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: correspondance politique, et il s'agit en effet avant tout de politique. Informations et commentaires sur la guerre en cours et ses répercussions dans les relations entre la France, l'Angleterre, la Hollande et les Etats-Unis. Propagande pour la France, contre l'Angleterre et contre le Stathouder qui devait rester neutre.

Table dans le premier volume, p. 424-433, qui reprend, paragraphe par paragraphe, à la suite, le résumé publié au début de chaque lettre.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., M 29083-29085.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Damiens de Gomicourt».

Correspondance politique sur les affaires présentes, 1782, livraison 11. On y trouve une analyse sévère des Lettres hollandaises, «pamphlet incendiaire».

Historique

Ce périodique qui suit dans la même année L'Observateur français à Amsterdam, ne se réclame pas de sa continuité. Il choisit un autre rythme et ne donne que des nouvelles. Le ton de ses commentaires rappelle celui de Genet, dans les Affaires de l'Angleterre et de l'Amérique qui paraît encore en 1779. Cela confirme notre hypothèse (voir la notice de L'Observateur français à Londres), d'une visée et d'une source communes. Toute la suite des Lettres est une propagande pour la France contre l'Angleterre et contre le Stathouder qui favorise l'Angleterre. C'est donc en effet un pamphlet, mais peut-être moins «incendiaire» que le dit la Correspondance politique. Le journal fut éphémère, il semble n'avoir eu qu'une trentaine de numéros. Et les Nouvelles Lettres hollandaises, du même auteur, qui reprennent le titre et la formule, ne paraissent qu'en 1781.

Additif

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: La collection est jusqu’au bout composée de lettres hebdomadaires, complétées par des lettres de lecteurs et des réponses développées. Il s’agit jusqu’à la fin d’une publication politique et polémique qui défend le point de vue français contre l’Angleterre. Dans les derniers volumes, l’intérêt se porte sur les colonies anglaises et la guerre américaine.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: La New York public Library possède une collection presque complète de ce périodique. Seul manque le tome IV, suppléé sur le G.U. par un exemplaire de la bibliothèque de Gand. On constate que le journal de Damiens de Gomicourt a poursuivi son existence jusqu’en 1781, et compte au total 8 tomes ou volumes.

Auteur additif

Titre indexé

LETTRES HOLLANDAISES 2

Date indexée

1779

JOURNAL-SINGE

0785
1776

Titre(s)

Journal-Singe, «par M. Piaud».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un numéro, juin 1776.

Description de la collection

23 p. in-12, 125 x 195. Contient une feuille de musique repliée: «Les Plaisirs champêtres», romance.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Londres. A Londres et à Paris, chez Cailleau, imprimeur-libraire, rue Saint-Séverin et chez les libraires qui vendent des nouveautés. Prix: 12 s.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

M. PIAUD (de Montbrizon) et un associé.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Ce journal donne une parodie de prospectus annonçant les rubriques habituelles: critiques, spectacles, académies, livres nouveaux, musique. Il contient quelques vers satiriques et quelques réflexions drôles. L'auteur met Cicéron, Boileau et Rollin en enfer.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° Lc2 1491, A; B.M. Lyon, 461 985.

Comme son nom l'indique, ce journal est une burlesque parodie de journal. Le rédacteur y manifeste un talent très médiocre, et un seul numéro est connu.

Titre indexé

JOURNAL-SINGE

Date indexée

1776

JOURNAL POLITIQUE ET LITTÉRAIRE DE L'ANGLETERRE

0779
1784

Titre(s)

Journal politique et littéraire de l'Angleterre.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

4 livraisons non datées, précédées d'un avis des éditeurs, en date du 21 juin 1784. Pas de titre en première page des livraisons; numérotation en bas de page (n° II, III, IV).

Description de la collection

Un volume de 160 p., avec pagination continue: prospectus (p. 1-7), n° I (p. 1-34), n° II (p. 35-70), n° III (p. 71-120), n° IV (p. 121-160).

Format in-8°, 115 x 190.

Devise: Turpe secernis honestum (Horat. Satire 6, L. 1, v. 63).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Londres, de l'Imprimerie de T. Spilsbury, Snowhill».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La présentation du journal est variée et vivante, mais peu originale. Plus originale est l'optique de l'auteur, qui n'est pas anglophile (c'est ce que suggérait déjà la devise). La première lettre, d'un lecteur soi-disant anglais, aux éditeurs, datée du 5 juin 1784, dénonce la chimère d'une défense de la liberté anglaise contre le despotisme. L'auteur se propose de rendre un compte impartial et modéré de la situation de l'Angleterre: elle a triomphé de trois grandes puissances, mais perdu l'Amérique; elle a la supériorité d'un gouvernement libéral, mais qui engendre les divisions (n° I). L'auteur rapporte les nouvelles du Parlement, de l'élection de Fox, du discours de Burke; il publie des dialogues entre un savant et un paysan sur les différents modèles de gouvernements (n° II). Le n° III est consacré à la politique et à la littérature anglaises ainsi qu'à des nouvelles de Prusse, de Pologne, etc. On trouve dans le n° IV une «lettre originale du célèbre David Hume» sur le poème épique d'un ancien barde nommé Ossian, traduit par MacPherson.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° Nd 145.

Titre indexé

JOURNAL POLITIQUE ET LITTÉRAIRE DE L'ANGLETERRE

Date indexée

1784

JOURNAL ÉTRANGER 2

0733
1777

Titre(s)

Journal étranger de Littérature, des Spectacles et de Politique, ouvrage périodique.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juin 1777. Un volume. Le prospectus auquel l'introduction fait référence manque. Le prochain numéro est annoncé pour le 1er juillet. L'auteur promet de ne pas «dépasser de beaucoup les bornes de ce journal fixées dans notre prospectus», comme il l'a fait pour ce premier numéro de 308 p. On ne trouve pas trace de ce second numéro.

Description de la collection

Ce volume comporte une préface, une table des matières et une série d'articles juxtaposés, sur des sujets divers de longueur inégale; 308 p. in-4°.

Devise: Floriferis ut apes in saltibus omnia limant / Omnia nos ibidem depascimur aurea dicta Lucret. L. III.

Musique: 2 p. de musique (p. 38) pliées insérées avec deux airs.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Dans l'imprimerie du Sieur Bigg, dans le Strand. Se trouve chez Elmsly dans le Strand et chez le Sr. Laboissière, St James Street, près la Cour. «Nous ne donnerons le second numéro que le Premier de Juillet afin de voir, dans cet intervalle, si cet ouvrage a le bonheur d'être assez goûté du public pour nous obtenir un nombre suffisant de souscripteurs. N'ayant pas encore reçu les noms de toutes les personnes qui ont bien voulu souscrire à cet ouvrage, nous sommes obligés d'en remettre la publication au numéro prochain. Quelques personnes ayant paru désirer de ne payer d'avance que la moitié de la souscription et l'autre moitié au bout des six premiers mois, nous nous soumettons volontiers à cet arrangement».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Antoine LE TEXIER.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La préface est une lettre adressée à «Mesdames» où l'auteur explique qu'il a voulu «égayer la vie de Londres» en donnant «un peu de tout», mais espère que les Messieurs liront aussi son journal. Poésie, danse, musique, extraits de romans, causes célèbres, mode, physique, anecdotes, spectacles et nouvelles.

Contenu réel: (deux airs de musique: air de La Bergère des Alpes, et La Philosophe de quinze ans pour harpe et piano forte); mélanges littéraires où l'auteur développe des idées générales sur l'état actuel de la littérature en France (idées très conformistes sur la supériorité des modèles anciens); long développement sur le roman, dont on se propose de donner des extraits (empruntés à la Bibliothèque des romans), car il plaît surtout aux femmes et a la faveur du goût anglais; vif intérêt pour l'opéra; comparaison entre la France et l'Angleterre; goûts, mœurs, littérature, philosophie; nouvelles politiques, p. 290-308, de Turquie, Russie, Danemark, Suède, Pologne, Allemagne, Autriche, Portugal, France.

Principaux auteurs cités: Crébillon fils, Mably, Gibbon, La Harpe, Mme du Châtelet.

Table intégrée.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.L., PP 4324 d.

Historique

Le Journal étranger, dont un seul numéro est connu, semble avoir été l'unique tentative journalistique d'Antoine Le Texier. En 1775, il fut obligé de quitter l'administration des Fermes pour «négligences dans l'emploi des fonds dont il était chargé», et la protection de Voltaire (Le Texier est à Ferney en 1774) ne put lui éviter l'exil. Il se réfugie à Londres. Il cherche à y subsister, tente une entreprise de théâtre, et lance le Journal étranger, qui dut être un fiasco. Le personnage est peu connu. Il fut le premier en 1770, à Lyon, à interpréter Pygmalion, de J.J. Rousseau; Mme du Deffand, Voltaire, furent éblouis par ses dons d'acteur.

L'expérience personnelle de l'auteur, qui dit dans un poème de 1796 imprimé à Londres et intitulé Mes soixante ans «tous mes malheurs me viennent d'une femme», ne l'a pas découragé de s'adresser d'abord au public féminin. Il faut dire que la matière dont son goût pour la scène, la poésie, le roman, l'entraîne à traiter, est généralement considérée comme futile. Mais le journal s'appelle aussi «politique», et l'auteur, qui lance son journal comme un ballon d'essai, vise aussi un public masculin; il le dit dans la Préface: «Il veut égayer la vie de Londres» mais aussi instruire. Mais en 1777, encore peu connu à Londres, il ne réussit pas à s'imposer comme journaliste et revient à d'autres moyens d'existence, à des leçons, et surtout à la lecture publique où il excellait. «A ma lecture, en affluence / Je vois venir ces bons et braves Anglais / S'ils ne comprennent pas tout à fait le français, / Ils comprennent fort bien le mot de bienfaisance».

Ainsi le rôle culturel de l'auteur ne fut pas négligeable. En témoigne un recueil publié à Londres, des Pièces de théâtre lues par M. Le Texier en sa maison de Lisle Street, Leicester Fields (Londres, 1785-1787, 8 vol.) qui comprend des œuvres de Beaumarchais, Diderot, Voltaire, Carmontelle, Marivaux, Molière, Regnard, Rousseau.

On trouvera quelques informations sur Le Texier dans un ouvrage de Gontaut, duc de Biron, Le Ton de Paris, publié avec une «notice sur M. Le Texier lecteur et comédien de société au XVIIIe siècle». Mais le Journal étranger n'y est pas mentionné.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): La Bibliothèque Taylor à Oxford conserve un exemplaire plus complet que celui de la British Library (Vet.Fr. II, B 812): juin 1777, «Premier volume, N°1» (208 p.); juillet , «Second volume, N°II» (208 p.), avec une liste d’environ 150 souscripteurs; juillet, N° III (183 p.); «Second volume de Septembre, N°VII» (141 p.); «Premier volume d’Octobre, N° VIII» (158 p.); «Second volume d’Octobre», N° IX» (165). On peut en déduire que de juin à octobre 1777, le Journal étranger de Le Texier a paru à raison de deux numéros par mois. L’auteur semble néanmoins avoir eu des difficultés à respecter son calendrier, son programme et probablement son budget, comme le suggère le faible nombre de ses souscripteurs.

Auteur additif

Titre indexé

JOURNAL ÉTRANGER 2

Date indexée

1777

JOURNAL DES PRINCES

0706
1783

Titre(s)

Journal des Princes ou Examen des Journaux et autres Ecrits périodiques relativement aux Progrès du Despotisme.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Trois livraisons non datées [1783], réunies en un volume de 96 p., mais la p. 96 s'achève au milieu d'une phrase; d'après Barbier, l'ouvrage compterait 195 p.

Description de la collection

Format in-12, 100 x 180.

Devise: O Patria! Tibi equidem verbo et opere auxiliatus sum! Solon in Diog. Laërt.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Londres, chez Rivington, imprimeur.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

SAINT-FLOCEL, d'après Barbier et Hatin (H.P.L.P., t. III, p. 451).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La première livraison constitue en fait un long prospectus, dont Hatin a reproduit la plus grande partie (H.P.L.P., t. III, p. 447-450). L'auteur y dénonce l'opinion publique, «source de tous les maux, de tous les abus, de tous les crimes»; il prétend la «redresser» en la soumettant aux «maximes fondamentales du droit naturel». La seconde livraison commence par un long exposé des principes du droit naturel, et poursuit par un plaidoyer en faveur de la liberté d'écrire et de penser. La troisième livraison, non moins générale, aborde les problèmes de la peine de mort, du code civil, du code matrimonial, paternel, criminel, etc. L'instruction publique et la liberté de pensée sont le principal obstacle au despotisme. Un seul auteur cité: Locke. A aucun moment, l'auteur n'aborde l'objet même qu'il s'était proposé: l'«examen des journaux».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Lc2 92 (inc.).

Bibliographie

H.P.L.P., t. III, p. 446-451.

Titre indexé

JOURNAL DES PRINCES

Date indexée

1783

JOURNAL DE NORMANDIE

0681
1785
1792

Titre(s)

Journal de Normandie ou Mémoires Périodiques pour servir à l'Histoire Ecclésiastique, Civile, Naturelle et Littéraire, et à celle des Sciences, des beaux Arts et du Commerce de Normandie. «Par M. Milcent, de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, de la Société Patriotique Bretonne, du Musée de Paris, etc.».

Devient en 1790: Journal de Normandie ou de Rouen et du Département de la Seine Inférieure «par M. Milcent, de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, de la Société littéraire de Bayeux, de la Société Patriotique Bretonne, du Musée de Paris, etc. et Secrétaire du District de Paris».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

5 janvier 1785-1792. Journal bihebdomadaire, paraissant le mercredi et le samedi; est devenu quotidien à partir du 1er novembre 1790. Même privilège que pour les Affiches de Normandie ; les affiches continuent d'ailleurs de paraître avec le Journal, «sur des quarrés insérés dans chaque numéro» (Prospectus).

Description de la collection

Environ 104 numéros par an, réunis en volumes de pagination continue (environ 424 p.). Cahiers de 4 p. in-4°, 195 x 260. Huit volumes en tout.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Rouen, Au Bureau du Journal, chez Le Boucher le jeune, Libraire, rue Ganterie». Imprimerie de la veuve Machuel. L'abonnement, avant 1789, est de 12 £ en ville, de 13 £ 10 s. en banlieue et de 15 £ en province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-Baptiste MILCENT, cité dans le prospectus: «ayant fait le Journal [Journal d'agriculture, de commerce et de finances] et la Gazette d'Agriculture, [de] Commerce, Arts et Finances, depuis la fin de 1781 jusqu'au moment où ces deux Ouvrages Périodiques ont été réunis à l'Affiche de Province en janvier 1784, il est nécessairement au fait de ces matières».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus énumère une longue liste de rubriques: Agriculture, Commerce, Finances, Jurisprudence, Economie, Sciences, Météorologie, Littérature, «Poèmes et Arts libéraux», «Arts Méchaniques», Spectacles, Livres nouveaux. Parmi les rubriques les mieux représentées, même si elles n'ont pas été annoncées, on peut noter l'histoire de la province – qui vient souvent en tête du numéro –, les découvertes dans la physique, la chimie, la médecine, les traits de bienfaisance ou de patriotisme, le compte rendu des séances de l'Académie de Rouen, les relations de distribution des prix dans les collèges (de Rouen, de Gisors, Vernon, etc. ), les lettres de lecteurs (la table de l'année 1786 en compte une quarantaine). La littérature est bien représentée, avec de larges comptes rendus d'ouvrages normands, ou d'ouvrages particulièrement importants dans l'optique du journal, comme la Bibliothèque physico-économique (août 1785). Les comptes rendus de représentations dramatiques ne sont pas rares: le Mariage de Figaro occupe les trois-quarts d'un numéro, le 24 août 1785.

Milcent s'efforce, au cours des années, d'améliorer encore son journal. Rédacteur au plein sens du terme, il entretient ses lecteurs de ses projets dans un discours préliminaire en tête de chaque volume; il leur confie ses goûts, cherchant par exemple à «les intéresser par quelques réflexions sur la décence de notre langue» (Discours préliminaire, 1788). Ce goût affirmé pour la littérature et les arts se maintient sous la Révolution. Le Journal de Normandie publie en même temps de larges comptes rendus des Etats généraux, parfois en numéros doubles (1er juil. 1789), avec une approbation marquée pour l'«heureuse révolution» du 15 juillet. A l'occasion de la fuite du comte d'Artois, Milcent évoque, dans le numéro du 10 septembre 1789, l'abandon de la «superbe bibliothèque qu'il a achetée de M. de Paulmy» et les sentiments du peuple devant le vol fait à la nation. Les débats de l'Assemblée ainsi que les aspects régionaux de la Révolution (élection des députés, vente des biens des émigrés, etc. ) sont suivis de près. L'intérêt du journal ne faiblit pas au cours des années révolutionnaires, et l'on peut se demander les raisons de sa disparition: le dernier numéro de 1791 sollicite les abonnements comme d'ordinaire. Les derniers numéros de 1792 manquent. Le Journal de Milcent n'en reste pas moins une des grandes réussites de la presse provinciale.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Lc9 108 (15); B.M. Rouen, Norm. 2603.

Additif

Bibliographie: Dans le recueil dirigé par Catriona Seth et Éric Wauters, Un siècle de journalisme culturel en Normandie et dans d’autres provinces (1785-1789) (Presses des Universités de Rouen et du Havre, 2011), plusieurs études sont consacrées à ce journal. Jean-Daniel Candaux procède à une étude de contenu de la première année du journal, 1785. Il note que Milcent, pour capter la bienveillance de son public, ouvre largement l’éventail de l’actualité de la ville et de la province. Son goût personnel l’entraîne vers l’agriculture, le commerce et les sciences, qui dominent dans sa revue; les inventions nouvelles y sont soigneusement relatées: la république des sciences est en passe de l’emporter sur la traditionnelle république des lettres. Stéphane Haffemayer situe l’apparition du J.N. dans l’espace des périodiques du temps; Milcent ambitionne de publier un «journal» et non une «affiche»; il tend à s’aligner sur le Mercure pour ce qui est la littérature (vers, lettres de lecteurs, débats littéraires), mais garde en vue ses deux objectifs principaux: utilité et raison. Il sait concilier une parfaite orthodoxie politique et un esprit de réforme; sa réflexion s’exerce le plus souvent sur les mœurs, sur les modes, sur le luxe, quitte à regretter le déclin de la vie culturelle à Rouen. En 1789, il ouvre son journal aux idées nouvelles, au patriotisme et aux projets de réformes.

Auteur additif

Titre indexé

JOURNAL DE NORMANDIE

Date indexée

1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792