GAZETTE ET NOUVELLES ORDINAIRES

Numéro

0560

Titre(s)

Gazette et nouvelles ordinaires de divers pays loingtains.

Titre indexé

GAZETTE ET NOUVELLES ORDINAIRES

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Le seul exemplaire connu est daté du 9 janvier 1632. Il est d'ailleurs très probable que cette gazette, une parodie de la Gazette de Renaudot, n'eut jamais que cette seule et unique livraison.

Description de la collection

4. p. in-4°, paginées 1-4, format rogné 158 x 211, aucun décor typographique.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Au bas de la p. 4 figure l'adresse fantaisiste : «De la Boutique de M. Jaques Vaulemenard, Musicien ordinaire de la basse Andalousie, ce 9 janvier 1632».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le rédacteur de cette parodie est manifestement un esprit libre et sceptique. Comme Renaudot dans la Gazette, il enchaîne onze nouvelles. En dehors de «Guabardemechi au Pelloponesse», un pays sous domination turque, il les localise prudemment en dehors d'Europe, dans les pays du Sud. Quelques dénominations sont purement fantaisistes : «l'isle des Vesugues, Tubinge, Bisnagar et Narsingue, Dargagourin, la Tour fergon». Le genre parodique lui permet une assez bonne réflexion sur le contenu même de l'information. Nouvelles retenues : trois guerres, deux soulèvements, une famine doublée d'une peste, des catastrophes (tremblement de terre, incendie). Deux autres nouvelles, teintées de scepticisme, sont une réflexion sur certains méfaits de la religion (le tombeau de Mahomet), ou bien le merveilleux (des perroquets, affamés, finissent par manger les hommes). Les guerres sont provoquées par les querelles parfaitement futiles de princes toujours soucieux de maintenir leur réputation. Les soulèvements des peuples sont réprimés de façon horrible. L'incendie, localisé en Chine, permet quelques piques contre les jésuites. Le genre burlesque grossit les effets. Par exemple : «Les Penexesagoularogues se sont exemptez de guerre, mais non pas de famine, qui y a esté telle que les meres ont mangé leurs enfans dans leur ventre, après avoir despendu les justiciez». Ou bien, cette répression en pays musulman : «Leurs desseins sont tous avortez, le Roy en a faict escorcher trois cens des plus seditieux, et de leurs peaux en a fait fouëtter publiquement trois cens autres». Après avoir énuméré les merveilleuses prédictions «d'un nouvel astrologue», des vérités d'évidence telles que «l'esté sera plus chaud, et la neige en hyver sera plus blanche», ou bien (petite pique contre le médecin Renaudot ?) «les fort malades se porteront très mal : et la phlebotomie n'empeschera pas de mourir ceux qui n'auront plus de sang dans les veines», la dernière nouvelle, «venue» de Malaca s'achève sur cette mise en garde : «nous sommes menacez de quantité de fausses nouvelles, dont Dieu par sa saincte benediction nous veuille preserver et nous conduise au port de salut». Cette petite satire du monde de l'information, cette réflexion sur le contenu de la nouvelle et sur le merveilleux, on dirait aujourd'hui le «sensationnel», prouvent tout autant le succès de la Gazette de Renaudot, tout juste née, que la popularité de très nombreux occasionnels, où depuis le XVIe siècle, le merveilleux se séparait mal de l'information véritable.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Lc2 10.

Auteur

Date indexée

1632