GAZETTE LITTÉRAIRE ET UNIVERSELLE DE L'EUROPE

Numéro

0575

Titre(s)

Gazette Littéraire et Universelle de l'Europe, qui contient l'Annonce et les Extraits des principaux Livres qu'on y met au jour ; Avec divers morceaux sur l'Agriculture, l'Oeconomie rurale, le Commerce, la Poésie, la Peinture, la Musique et la Sculpture etc. etc.

Titre indexé

GAZETTE LITTÉRAIRE ET UNIVERSELLE DE L'EUROPE

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

11 avril 1768 (n°  2) – 26 juin 1769. Cinq tomes.

Périodicité annoncée et réelle : hebdomadaire (tous les lundis). Soixante cinq numéros. T. I, II, III : 1768 ; t. IV, V : 1769.

Description de la collection

Chaque tome, qui comprend 13 numéros (de 16 p.), est de 208 p. Le n°  1 du t. I correspond à la Préface des éditeurs (p. III-XIII) suivie de l'Avis des Libraires. Les autres numéros sont divisés en un certain nombre de paragraphes dont la numérotation est continue à travers un même tome (t. I : 52 paragraphes, t. II et III : 99, t. IV : 92, t. V : 71).

Cahiers de 16 p., 120 x 195, in-8°.

Devise : Et prodesse et delectare. Frontispice : sur la partie gauche : Minerve, assise sur un nuage ; au-dessus d'elle, un Amour apportant le casque de la déesse ; à ses pieds, deux autres Amours, l'un, à sa gauche, déploie un rouleau de parchemin, l'autre, à sa droite, tient une feuille où on lit : Ars artium conservatrix. Sur la partie droite : au premier plan, une pile de livres ficelés ; au second plan, trois jeunes artisans au travail. «Chouin delin. et sculp.».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Lausanne, chez les éditeurs Franc. Grasset et Comp. Et chez les principaux libraires de l'Europe (une liste de libraires chez qui il est possible de souscrire est donnée dans l'Avis initial). La souscription pour l'année complète est de 6 £ de Suisse ou 9 £ de France à payer d'avance. Pour obtenir la Gazette franche de port «sur les frontières du Royaume de France», il suffit d'ajouter au prix de la souscription annuelle 4 £ de France. A partir du 16 mai 1768 (t. I, n°  7 et suiv.), il est précisé «que ceux qui voudront économiser sur le port par la poste» pourront recevoir la Gazette «par trimestre lorsqu'elle formera un volume entier», ou même par mois.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

François GRASSET. Collaborateurs : Pierre-Joseph Buchoz, Gabriel Seigneux de Correvon, Jean-Claude Pingeron.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : extraits des ouvrages nouveaux relevant de toutes les branches des arts, des lettres et des sciences («progrès de l'agriculture et du commerce», «inventions utiles en tout genre», «sciences les plus sublimes», «chefs d’œuvre de la Poésie, de la Musique, de la Peinture, de la Sculpture»). Ces extraits pourront être tirés ou combinés des divers journaux de l'Europe. Cependant, en dépit du second qualificatif du titre, la Gazette ne fera pas mention de «toutes les productions littéraires de l'Europe» (ce qui serait impossible à réaliser), mais elle présentera «sans partialité une ébauche des meilleurs livres de chacune des nations qui la composent». Seuls, seront exclus les «libelles» nés du crime ou de l'intérêt «et qui font rougir l'humanité et la vertu» (Préface des éditeurs).

Contenu réel : – Annonces (en général assorties d'un bref compte rendu et relevées de quelques citations) de livres parus en Suisse, en France, en Italie, en Allemagne, en Angleterre (parfois même dans les pays du Nord : Danemark, Suède...), au cours des années 1766-1768 et relatifs aux matières suivantes : grammaire et langue, littérature (poésie, théâtre, roman), histoire (ancienne et moderne, civile et ecclésiastique), géographie et voyages. Et surtout : droit (romain, civil, criminel...), sciences (médecine, chirurgie, art vétérinaire, histoire naturelle, physique, chimie, botanique...), métiers et arts (agriculture et commerce). – Projets de souscription d'ouvrages ou de collections, prospectus de journaux. – Prix, discours, extraits des mémoires des Sociétés et Académies de France (Paris, Lyon, Besançon...), de Florence, Hambourg, Haarlem... – Anecdotes, pièces de vers, mémoires sur sujets divers, secrets et recettes d'ordre médical, agricole... – Descriptions de machines ou inventions. – Cours des changes des principales places de France et de Genève (à partir du 8 août 1768, t. II, n°  6).

Principaux centres d'intérêt : l'attention particulière portée aux productions d'Allemagne et d'Italie ; le souci prédominant de l'utilité publique et l'accent mis en conséquence sur les ouvrages et découvertes propres au bien de la société et à la félicité des citoyens (par exemple, livres de droit parus en Italie et qui caractérisent si bien «la tendre humanité des savants italiens», t. II, n°  2, paragraphe 15). Principaux auteurs cités ou étudiés : Boswell, Goldsmith, Milton, Shakespeare, Young ; Klopstock, Leibniz, J.J. Spalding, Wieland ; Algarotti, Ansaldi, C. Denina, Dragonetti, M. Murena, Risi ; Bonnet, Buffon, Daubenton, Dorat, Gessner, Haller, Hénault, Lavoisier, Le Cat, Linné, J.J. Rousseau, Saint-Lambert, Sedaine, Tissot, Voltaire. Indices de chaque tome intégrés.

Historique

En lançant, du «centre de l'Europe» (Préface, p. XI), sa Gazette François Grasset n'ignore pas les conditions indispensables à la réussite de son entreprise et notamment la nécessité d'un commerce de librairie bien établi et celle d'une correspondance suffisamment étendue. Assuré du secours de la «librairie considérable» que les «Souverains Seigneurs» (ibid,p. X) ont fondée à Lausanne, il compte sur la collaboration de tous les savants de Suisse et des pays environnants. Il ne cache pas d'ailleurs que c'est d'après les idées d'un de ces grands hommes, M. de Haller, «dont le nom est également connu et révéré» dans le monde des lettres, qu'il compose sa préface (p. XII). En même temps, il souligne le caractère distinctif de sa publication : «une gazette littéraire n'est point un journal» (t. II, n°  1, Avis). Elle ne saurait s'accommoder des longs extraits auxquels se complaisent ordinairement les journalistes contemporains ; elle ne veut que des analyses courtes.

Comme il l'annonce d'emblée, l'éditeur-rédacteur de la Gazette littéraire et universelle n'hésite pas à puiser dans les autres périodiques, soit qu'il retranscrive directement ce qui ici ou là lui paraît «instructif et amusant» (Préface, p. XI), soit qu'il «combine» des extraits tirés de différents journaux. C'est ainsi qu'il met à contribution aussi bien les «Mémoires savants des Sociétés et Académies» (Académie royale de Göttingen, Société littéraire de commerce et d'agriculture de Berne, Société d'agriculture de Rennes...) que les gazettes (d'Erlangen...) et autres journaux, reproduisant, par exemple, des pièces qui ont déjà paru dans le Mercure de France (juil. et sept. 1768 : lettres de ou à Voltaire, Epître de Voltaire...), dans l'Année littéraire (1768, t. VII : Discours de Rousseau sur le sujet proposé par l'Académie de Corse en 1751 : cf. lettre de Rousseau à M. Laliaud du 4 février 1769 : «l'édition de Lausanne [...] aura probablement été faite sur celle de Paris»), dans le Journal encyclopédique (1769, t. III : Epître de Voltaire à Saint-Lambert), etc.

Quoiqu'elle tende à prendre par-là l'allure d'une compilation, la Gazette littéraire et universelle n'en a pas moins un esprit et une orientation propres. Se définissant comme le périodique de «l'ami des hommes» (Préface, p. VII) soucieux de soulager «l'humanité affligée» (t. IV, n°  9, p. 156), elle accorde une place privilégiée à toutes les questions qui relèvent de l'agriculture et de la médecine. D'autre part, elle s'efforce de répondre à sa vocation particulière, c'est-à-dire européenne, et dépasse le champ habituel des productions des grandes nations pour rendre compte de certains ouvrages des pays du Nord en dépit des obstacles que constituent l'éloignement et les difficultés de langue.

Cependant, après avoir assuré une parution régulière pendant quatorze mois, F. Grasset se voit obligé d'interrompre sa publication. Selon l'Avis qui termine le t. V (p. 208), deux motifs expliquent une telle interruption. D'abord l'indifférence des gens de lettres : l'appel aux lumières et aux conseils des savants, lancé dès la Préface, renouvelé au début du t. III (n°  1), n'a pas été aussi largement entendu que le journaliste l'espérait. Ensuite des difficultés financières : F. Grasset fait état de la «cherté du port de chaque feuille par la poste dans les Provinces [...] qui sont hors du ressort de l'Intendance Générale de celle de Berne». Cherté fatale aux souscriptions...

La Gazette littéraire et universelle témoigne de l'effort accompli par une ville comme Lausanne pour se doter d'un périodique ouvert sur l'ensemble de l'Europe. La tentative n'est pas sans intérêt même si elle n'a été que d'une brève durée...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 8° H 26414 (1-5).

Bibliographie

B.H.C., p. 627 ; D.P. 2, art. «Correvon» et «Grasset». – Couperus, p. 140-141 et 201.

Date indexée

1768
1769