L'INDICATEUR INTÉRESSANT

Numéro

0616

Titre(s)

L'Indicateur intéressant, ou l'Ami de l'Humanité, Ouvrage périodique.

Continué par le Journal belgique en novembre 1784 (voir ce titre).

Titre indexé

INDICATEUR INTÉRESSANT

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er janvier – 21 octobre 1784 (n°  30). Revue décadaire ; avec approbation. Les numéros sont datés de 10 jours en 10 jours : 1er, 11, 21 janv., 1er, 11, 21 févr. (t. I) ; 1er , 11, 21 mars, de même en avril (t. II) ; mai, puis juin (t. III) ; juil. puis août (t. IV) ; 11, 21 sept, (le 1er manque dans les collections consultées) ; 1er, 11, 21 oct. Allusion à un prospectus dans le n°  1.

Description de la collection

Ces 30 numéros sont réunis, dans la collection de la B.N., en 5 tomes de 6 ordinaires chacun : t. I, 222 p., t. II, 234 p., t. III, 226 p., t. IV, 216 p., t. V, p. 37-220 (le n°  25 manque). Chaque numéro est fait de 3 cahiers de 12 p. in-12, 105 x 175.

Devise : «  L'Univers est la Patrie de l'homme de bien ». Vignette au titre donnant l'ornement typographique de P.J. Hanicq (aigle impériale bicéphale et couronne) ; une planche hors-texte donne le tableau général des imposés en 1784, t. I, p. 12.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«  A Malines, Chez P.J. Hanicq, Imprimeur-Libraire ».

«  Cet ouvrage paroît le 1, le 11 et 21 de chaque mois. Le prix est de 12 £ de France pour l'année entière, qu'il faudra payer en souscrivant » (Avertissement, t. III, n°  13). Les souscriptions sont prises chez Hanicq à Malines, chez Vanden Berghen à Bruxelles et chez les directeurs de postes aux lettres dans toutes les autres villes des Pays-Bas autrichiens et hollandais.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Une équipe de rédaction anonyme, qui répond collectivement aux demandes des lecteurs (cf. t. I, n°  2, p. 77).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Les rédacteurs se proposent de réunir «  tous les renseignements et observations qui pourront tendre au bonheur commun de la société et à inspirer l'amour de la vertu, et particulièrement l'humanité et la bienfaisance » (Avertissement, n°  13, 1er mai, t. III). Les rubriques sont les suivantes : Agriculture, Commerce, Finance, Jurisprudence, Procédure, Politique, Littérature, et à partir du n°  3, Cours des changes. En février, les rubriques «  Finance » et «  Jurisprudence », qui paraissent mal adaptées à la Constitution des Provinces, disparaissent ; dans le n°  5 apparaissent «  Agriculture d'agrément », «  Humanité » (anecdotes et traits de bienfaisance), et «  Littérature ». Le t. I présente un petit dictionnaire du commerce et un projet de règlement concernant les greffiers, procureurs, etc. Le t. II fait des emprunts nombreux au cours d'agriculture de Rozier, donne des nouvelles de Malines (n°  8, 11 mars), des «  nouvelles qui intéressent le commerce » (n°  10, 1er avril), les cours des marchandises. Le t. III comporte plusieurs anecdotes chrétiennes, sous la rubrique «  Histoire édifiante ». Le t. IV, outre des emprunts à la Gazette de santéprésente des lettres de lecteurs à l'abbé de Fontenai, auteur des Affiches de Parisen vérité le modèle dont s'inspire depuis le débutIndicateur car cette revue regroupe en fait toutes les rubriques d'une affiche. Elle se propose de présenter des réformes très concrètes, d'instruire un public peu «  opulent », de publier des mémoires utiles (sur la conservation des grains, les méthodes agricoles, etc.), des remèdes, des découvertes récentes. Chaque numéro se termine par une partie consacrée aux nouvelles politiques en provenance de Turquie, Russie, Italie, Algérie, Angleterre, Etats-Unis, Allemagne, Autriche, France, Hollande et Pays-Bas. La datation de chaque information permet de se faire une opinion sur la vitesse relative de la communication à travers l'espace (40 jours pour la Turquie, 10 jours pour l'Autriche) ; mais certaines de ces informations sont en fait puisées dans d'autres sources secondaires.

Historique

Un avis publié dans le n°  29 du 11 octobre (t. V, p. 145-148) évoque les difficultés rencontrées par le journal : un lecteur exprime sa déception passée à la lecture des premiers cahiers, qui ne répondaient pas au prospectus. Les rédacteurs racontent comment un étranger «  ignorant » et présomptueux avait pris en charge la totalité de la rédaction ; à partir du n°  4, les propriétaires ont recouru à un «  rédacteur érudit d'un jugement fin et éclairé », qui a revu toutes les feuilles, puis constitué une société, qui a engagé elle-même un nouveau rédacteur ; mais la responsabilité est devenue collective, et chaque texte doit recevoir l'approbation de tous. Finalement, pour mieux manifester ce changement, on propose un nouveau plan et un nouveau titre : le Journal belgiquequi paraîtra le 1er et le 15 de chaque mois à partir du 1er novembre, avec 60 p. au lieu de 36, même format et même prix, divisé en 3 parties, Littérature, Mélange, Politique (voir ce titre).

Le contenu des premiers numéros ne devait donc pas être tout à fait conforme à celui qu'annonçait le prospectus, et le rédacteur opère une rapide rectification d'orientation. C'est ce qui apparaît à la lueur de l'avertissement publié en tête du t. V : «  Nous nous sommes déterminés, afin de dissiper leurs soupçons et de donner de nouvelles preuves de notre zèle pour le bien public, à faire imprimer pour cet ordinaire seulement un très grand nombre d'exemplaires qui seront envoyés dans les différentes villes des Pays-Bas et distribués à toutes les personnes qui en désireront moyennant quatre sous du Brabant ; et si par la suite elles veulent souscrire, on déduira cette somme sur le prix de l'abonnement, que l'on pourra faire pour six mois, et cesser après cette époque si l'on n'est pas satisfait ». P.J. Hanicq mène une vraie campagne promotionnelle. Le 11 octobre, il ira jusqu'à publier une lettre de complaisance adressée à la Société des gens de lettres : «  Je souscris donc encore pour l'année prochaine espérant que vous continuerez de remplir exactement les vues énoncées dans votre prospectus, que vous deviendrez de plus en plus intéressants et véritables amis de l'humanité ».

Le but avoué de ce périodique est de défendre la religion et l'empereur Joseph. Le rédacteur se préoccupe d'ailleurs des différends qui l'opposent à la Sublime Porte et se plaît «  à croire que les préparatifs de guerre de toutes les puissances belligérantes n'auront aucune suite et que le Roi de France en continuant de donner des preuves de son amour pour la paix et le bonheur des hommes loin de s'opposer au justes réclamations de l'Empereur sera le premier à engager les Turcs [etc.] ». D'une manière générale, l'actualité y est d'ailleurs très bien retracée : la prise de possession de la Crimée par les troupes russes, les «  Articles de la Confédération », la question de la Constitution américaine, le rétablissement des finances du Contrôleur général, la lutte d'influence entre le second Pitt et C.J. Fox, les aérostats, jusqu'à un édit de l'Empereur relatif aux mariages dans les Pays-Bas ou un édit espagnol concernant les désœuvrés et les vagabonds, édit dont le rédacteur souhaite l'application dans tous les pays et notamment à Paris, «  vraie pépinière de libertins et de filous ».

L'intérêt de ce journal réside dans son antiphilosophisme. Ainsi par exemple un article peu élogieux du 11 août intitulé Blasphèmes ou vérités concernant Voltaire, selon les opinions respectives des lecteursarticle de Mme de Genlis emprunté au Journal général de l'Europe  ou dans le même numéro, ces quelques lignes extraites de la nécrologie de Diderot : «  On lui attribue encore quelques ouvrages très philosophiques, qui n'ont pas seulement encouru la censure des ministres de la religion, mais encore celle du Parlement ». Le choix des ouvrages recensés est lui-même très révélateur : De l'état religieux [par les abbés de Bonnefoy, de Bouyon et Bernard], Le Triomphe d'un vrai chrétien en parallèle avec celui des sages du mondepar M. Baret, Du gouvernement des mœurs par Polier de Saint-Germain. Aux yeux du rédacteur, l'imprimerie risque de devenir «  le canal impur de la licence la plus effrénée » : «  on dirait qu'il n'est plus permis de se faire imprimer, si l'écrivain n'a souillé son ouvrage du fiel de la calomnie et de l'obscénité »...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 50746-50750 ; B.R. Bruxelles, fonds Mertens (n°  24) ; Mundaneum, Bruxelles, fonds Malines (n°  1, 3, 4, 6, 25, 30, avec marque de possession : «  De la Bibliothèque de M. le Marquis de Gages ») ; B.M. Courtrai (n°  23).

Bibliographie

Van Doeselaer, Opzoekingen betrekkelijk de Mechelsche pers van 1773 tot 1900 (dagbladen en tijdschriften), 1901, p. 18-21. – Ryckmans, Drukkers en pers te Mechelen (1773-1914) (repertorium), 1972.

Date indexée

1784