L'IRIS DE GUYENNE

Numéro

0621

Titre(s)

L'Iris de Guienne, ouvrage périodique, dédié à Monseigneur le Maréchal Duc de Richelieu.

Devient en novembre 1773 : L'Iris de Guienne, ouvrage périodique, dédié aux Dames.

Titre indexé

IRIS DE GUYENNE

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier - décembre 1763. Trois tomes en deux volumes. Une livraison en novembre 1773.

1763, périodicité annoncée et réelle: mensuelle (le Prospectus précise : «le premier jour de chaque mois»).

Chaque livraison est assortie d'un permis d'imprimer signé par un procureur-syndic ou un jurât de Bordeaux et daté de la fin du mois précédent.

1773 : prospectus du 14 octobre 1773. Périodicité annoncée : mensuelle. Pour la livraison de novembre: permis d'imprimer du 2 novembre signé Valen jurat.

Description de la collection

Chaque volume de 1763 comprend 6 livraisons (chacune de 72 p. environ).

Vol. I : pages numérotées : 291 + 140 ; vol. II : 145-285 + 290. Chaque livraison contient une Table des matières.

La livraison de novembre 1773 est de 120 p. (y compris un Avertissement, une Dédicace Aux Dames, une Préface pour les Dames et une Préface pour les Hommes).

Cahier de 24 p. in-12, 97 x 163 (1763), 104 x 175 (1773).

Devises : 1763, «In virtute decus (Cic. Ep. 12 Liv. 10)». 1773, «Je suis chose légère, et vole à tout sujet. / Je vais de fleurs en fleurs, et d'objet en objet. / Lafontaine».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Janvier-septembre 1763 : A Bordeaux, chez Jean Chappuis, imprimeur-libraire, sur les Fossés de Ville. Octobre-décembre 1763 : A Bordeaux, chez Jean Chappuis, imprimeur de la Cour de Parlement, sur les Fossés de Ville. Novembre 1773: A Bordeaux, chez Antoine Pallandre, libraire, vis-à-vis la Fontaine du Poisson-salé.

1763 : prix de chaque livraison, 18 s. L'abonnement est de 9 £ par an pour Bordeaux, de 12 £ pour les autres villes (franc de port). On peut s'abonner chez Jean Chappuis, imprimeur de L'Iris, chez les sieurs Chappuis aîné et fils, libraires à la Bourse et aussi chez les autres libraires de la ville.

1773 : prix de chaque volume, 24 s. Mais les prix de l'abonnement sont les mêmes qu'en 1763.

Certains noms d'abonnés sont donnés en tête des livraisons de 1763 (de mai à novembre):  on y relève notamment des noms de gens de robe (avocats, procureurs ...), d'enseignants et d'ecclésiastiques de Bordeaux (collège de la Magdelaine), d'étudiants.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

1763 : fondateur, directeur, principal rédacteur, Louis-Claude LECLERC.

Parmi les collaborateurs, qui sont d'ailleurs souvent des abonnés : Jacques Durant(h)on (étudiant en droit, futur avocat et ministre de la justice), De Sèze fils (également étudiant en droit), Dufresny (pseudonyme de Rouffier, ex-officier de dragons, acteur attaché au Théâtre de Bordeaux), Simon de Lacourt, Simon Mamin, et des membres du Collège de la Magdelaine:  Louis-Sébastien Mercier (régent de cinquième), Paris (professeur de rhétorique), Simon (sous-principal).

1773 : Pierre Latour, baron de LA MONTAGNE, les frères DE SÈZE.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé :

1763 : une moitié du cahier sera consacrée aux ouvrages de littérature (« richesses littéraires de la province » sans que soient exclus « les bons ouvrages » venus d'ailleurs), l'autre moitié aux comptes rendus des livres nouveaux (extraits des livres imprimés à Bordeaux, simples annonces pour les autres livres), des causes et arrêts célèbres du Parlement, des séances académiques, des thèses et discours publics de l'Université, des spectacles, des ouvrages et inventions des artistes célèbres, des nouvelles de mer et de commerce intéressant particulièrement la province, des morts, mariages et naissances des personnes distinguées avec les généalogies (Prospectus).

1773 : journal ouvert à tous les arts, poésie, peinture, musique, séances académiques, causes célèbres, commerce, histoire naturelle, médecine, spectacles (Prospectus).

Contenu réel, 1763 : – Pièces fugitives: poésie (odes, épîtres, stances, sonnets, fables, églogues, chansons… ; héroïdes; énigmes, logogriphes, bouquets, acrostiches…) et prose (histoires, anecdotes, contes, portraits, dialogues des morts…) ; – Spectacles:  comptes rendus des pièces jouées au Théâtre de Bordeaux (tragédies, comédies, opéras comiques et bouffons, ballets), dissertations sur la comédie et la tragédie moderne, réflexions sur la musique ; – Comptes rendus des séances publiques (3 févr. et 25 août) de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux ; – Extraits d'ouvrages et discours qui viennent de paraître (essentiellement à Bordeaux) ; – Catalogues des livres nouveaux (en vente chez les Sieurs Chappuis aîné et fils) ; – Exercices littéraires, discours d'ouverture des classes et de distribution des prix d'établissements bordelais (notamment collège de la Magdelaine) ; – Commerce (projets et observations) ; état des navires (mis en coutume pour les îles françaises de l'Amérique, venus des colonies françaises de l'Amérique, des ports de France…) ; – Police (ordonnances du maire, arrêts du Conseil d'Etat …) ; – Quelques prospectus publicitaires.

1773 : pièces fugitives en vers (épîtres. stances, contes, impromptus, envois...), en prose (discours, portraits, avis...) et en vers et prose (Lettres galantes, critiques et philosophiques) ; nouvelles littéraires; peinture ; spectacles (comptes rendus des pièces représentées au Théâtre de Bordeaux) ; histoire naturelle et médecine (observations).

Principaux centres d'intérêt, 1763 : – La volonté de créer un journal propre à la province, de rendre compte des différents aspects de la vie de cette province, d'y susciter l'émulation littéraire et l'activité commerciale (qui fait la grandeur de Bordeaux). – La conception de l'extrait : il s'agit moins de relever les fautes de l'auteur que de choisir les pensées les plus instructives, de souligner les vérités d'usage général, hors de toute malignité (« critiquer » n'est pas « censurer ») ; – L'importance accordée à la décoration et au jeu des acteurs dans la chronique théâtrale ; – L'attention particulière portée à l'éducation.

La résurrection de L'Iris en 1773 répond à la même volonté de doter la province d'un journal et d'y faire naître des talents.

Principaux auteurs mentionnés : 1763: L.S. Mercier, Montesquieu, Voltaire, J.J. Rousseau. 1773 : Colardeau, Léonard, Montesquieu, Voltaire.

Historique

Originaire de Nangis, ancien officier d'infanterie retiré à Bordeaux en 1762, à la fin de la guerre de Sept Ans, Louis-Claude Leclerc, qui vient de se lancer dans la carrière des lettres, a l'idée de fonder un journal afin d'exciter l'émulation dans la province et de développer les talents qui s'y cachent (rappelons que, depuis août 1758, les frères Labottière publient chaque semaine les Annonces, affiches et avis divers). Le dieu Mercure étant déjà « occupé à Paris » (L'Iris, févr. 1763, p. 108), c'est sous l'invocation de la déesse Iris (cette autre messagère des dieux) qu'il place son périodique, dédié au maréchal duc de Richelieu, gouverneur de Guienne, et qui doit devenir « le dépôt des richesses littéraires » (Prospectus) et des « productions savantes » de la province (Avis, févr. 1763).

Dès sa première livraison, composée de trois feuilles d'impression, Leclerc promet une feuille supplémentaire si le public le seconde. Et il sollicite le concours des citoyens de Bordeaux et des principales villes de la région, qu'ils soient « gens à talents » (ibid.) ou « gens instruits en commerce » (janv. 1763, p. 63). Si ceux-ci ne semblent guère avoir répondu à l'appel, ceux-là, au contraire, s'empressent d'apporter leur collaboration : ce sont notamment les membres enseignants du collège de la Magdelaine, situé sur les fossés Saint-Eloi face au libraire Jean Chappuis chez qui se débite précisément le journal. Certes Leclerc reste l'auteur principal (il peut d'ailleurs publier des textes qu'il a antérieurement composés), mais les contributions envoyées ne sont pas négligeables. Celles qui sont reçues après le 10 du mois sont reportées à la livraison suivante, car c'est le 15 que doit être terminée la rédaction.

Particulièrement attentif aux productions locales (littérature, spectacles), Leclerc essaie de ne pas répéter les journalistes de Paris qui ont l'avantage de moissonner les premiers (« on ne peut que glaner après eux », avoue-t-il en juillet 1763, p. 193) et de se livrer à une critique honnête (Mercier qualifiera plus tard L'Iris de « journal le plus poli qui fût en France », Papiers de M. Ducla, cités par L. Béclard, Sébastien Mercier, sa vie, son œuvre, son temps, Paris, 1903, p. 26) – trop élogieuse même si l'on s'en rapporte à un roman satirique paru en 1763, Zaïde ou la comédienne parvenue (À Mimicopole, 2e partie, p. 112-119) : l'auteur se gausse des éloges décernés aux acteurs et actrices du Théâtre de Bordeaux qu'il juge outrés, en même temps d'ailleurs qu'il se moque de ces « bons articles » comme « l'état des navires mis en coutume »… (mais Leclerc espère par là s'attacher la clientèle commerçante). Et de laisser entendre qu'on trouve plus commode dans la ville d'emprunter le journal que de s'y abonner…

De fait, dès le mois d'avril, Leclerc souligne l'insuffisance du nombre des abonnements et la menace qui pèse sur le sort de la parution. En redoublant d'efforts et d'attention, il poursuit cependant. Mais, en novembre (Avis), de nouveau, il fait part de son inquiétude : à peine les abonnements suffisent-ils à couvrir les frais d'impression… Et, le mois suivant, il est obligé d'abandonner, exprimant le vœu de voir reprendre par un autre sa publication.

Elle ne sera reprise que dix ans plus tard, en novembre 1773. Annoncé le 14 octobre 1773 par les Annonces, affiches et avis divers pour la ville de Bordeaux, la nouvelle Iris répond au même objectif : il s'agit de découvrir les richesses de la province, d'y répandre l'amour des lettres et des sciences, de renverser le préjugé selon lequel la littérature ne serait pas faite pour elle. Préjugé d'autant plus fort que la province passe pour animée d'un esprit mercantile. Mais il existe des commerçants éclairés et, d'ailleurs, Bordeaux n'est pas seulement peuplé de commerçants… Quoi qu'il en soit, une telle entreprise ne saurait être le fait d'un homme (Leclerc « ne s'était pas consulté lui-même », Lettre aux auteurs de L'Iris de Guienne, p. 25), elle requiert une société de gens de lettres.

Cependant, L'Iris ressuscitée meurt presque aussitôt. Le journal est, en effet, supprimé en décembre par l'intendant de Bordeaux, comme nous l'apprend une lettre de Maupeou datée du 4 janvier 1774 : de Versailles, le ministre approuve M. Esmangart d'avoir « fait arrêter » L'Iris qui n'avait « ni approbation d'un censeur royal ni privilège » et il menace d'une punition sévère le libraire Pallandre s'il vient à retomber dans une pareille faute (A.D. Gironde, C 61).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées: B.M. Bordeaux : 1763, H 12431 (1-2) ; 1773, D 34201.

Autres collections : 1763, Ars., 8° H 26302 (1-2) ; 1773, B.M. Bordeaux, H 12433.

Bibliographie

Mention dans Annonces, affiches et avis divers pour la ville de Bordeaux, jeudi 14 oct. 1773, p. 175. – Labadie E., La Presse bordelaise pendant la Révolution, bibliographie historique, Bordeaux, 1910, p. 19-22. – Granderoute R., Catalogue des périodiques anciens (1600-1789) conservés à la bibliothèque municipale de Bordeaux, Bordeaux, Société des bibliothèques de Guyenne, 1987, p. 8.

Date indexée

1763
1773