JOURNAL DE BERLIN

Numéro

0638

Titre(s)

Journal de Berlin ou Nouvelles politiques et littéraires.

A la fin du n° 40 (1er avril 1741), la rédaction annonce son intention de publier dorénavant le journal sous le titre Mercure de Berlin. Le projet n'étant pas mis à exécution, le périodique continue de paraître sous l'ancien titre.

Titre indexé

JOURNAL DE BERLIN

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

2 juillet 1740 – 8 avril 1741 (41 livraisons). Hebdomadaire paraissant régulièrement le samedi. Il a encore continué à paraître irrégulièrement jusqu'au 22 août 1741; le n° 42 le 22 avril 1741;le n° 43 le 16 mai et le n° 44 le 27 mai; le n° 45 le 24 juin et le dernier numéro le 22 août 1741. Au total 46 livraisons. Le Landesarchiv de Berlin-Ouest possède une collection contenant les livraisons 1 à 40 (2 juil. 1740 – 1er avril 1741). La collection complète fut conservée avant la dernière guerre mondiale à la Königliche Bibliothek de Berlin. Elle a disparu au cours des troubles de la guerre.

Description de la collection

La collection conservée au Landesarchiv de Berlin-Ouest groupe les 40 numéros en un volume de 162 p. L'ancienne collection de la Königliche Bibliothek était divisée en trois parties, la 1re groupant les livraisons 1 à 13, la 2e les livraisons 14 à 27 et la 3e les livraisons 28 à 46.

Cahiers de 4 p. in-4°, 185 x 255, chaque page est divisée en deux colonnes.

La typographie est souvent faite de très grosses lettres. Le papier du journal étant médiocre, les pages sont fragiles. Les premières pages des cahiers sont à moitié occupées par le titre et une vignette: l'aigle prussien chevauchant un globe terrestre qui est à moitié visible et sur lequel on peut lire Europa et Berlin. L'aigle tient une plume à encre dans l'une de ses griffes et un livre dans l'autre. D'autres livres volent entre lui et le globe terrestre. La vignette est encadrée d'un cercle sur les bords duquel est écrit Vérité et Liberté d'abord en allemand (Wahrheit und Freyheit à partir du 7 janvier 1741 en français.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Berlin, chez Ambroise Haude, Libraire du Roy et de la Société des Sciences». Haude avait sa librairie en face du château, au centre de Berlin, «an der Schlossfreyheit n° 9», dans l'élégant palais de l'ancien chambellan Rost. Il fut l'ami du roi Frédéric II depuis l'adolescence de ce dernier. Il avait installé dans sa librairie une petite salle où Frédéric, forcé de poursuivre sa passion de la lecture en cachette, put cacher toute une bibliothèque privée. La librairie Haude (et Spener) existe encore aujourd'hui.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean Henri Samuel FORMEY (jusqu'en janvier 1741). Formey était originaire d'une famille de réfugiés français venus de la région de Vitry-en-Champagne. Il avait servi de ministre évangélique dans la colonie française à Brandebourg avant d'enseigner la philosophie au collège français de Berlin.

Début janvier 1741, Formey est remplacé par un rédacteur anonyme vivant hors de Berlin «et qui s'est rendu recom-mandable par plusieurs Ouvrages d'esprit». La raison de ce changement de personnel: Formey avait publié une traduction d'un «manifeste» du Roi, justifiant l'intervention militaire de Frédéric en Silésie. Le titre et la traduction non lus par la censure firent interdire la vente du numéro en question. Formey fut admonesté par le ministère des Affaires étrangères. Il abandonna la rédaction, non sans soulagement, car le travail n'avait pas été de son goût. Il ne l'avait accepté qu'avec répugnance. Le roi Frédéric II ayant eu l'intention de fournir des sujets à l'hebdomadaire, ne tenait pas toujours sa promesse.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Nouvelles politiques et nouvelles littéraires (les deux rubriques portent les titres «Politique» et «Littérature»).

Le domaine des nouvelles politiques prend de plus en plus d'importance, surtout dans les livraisons de 1741. C'est une sorte de chronique de la cour de Frédéric II et des diverses opérations militaires de l'armée prussienne. Frédéric, deux jours après avoir accédé au trône, avait envoyé son ami Jordan auprès du professeur Formey pour lui demander d'être le principal rédacteur du journal. Le périodique jette une lumière extrêmement favorable sur les entreprises de Frédéric. Il rend compte des voyages de Frédéric dans les divers coins de son royaume, il note les promotions des dignitaires, décrit les fêtes de la cour et suit les événements remarquables: la campagne militaire en Silésie, les troubles qui succèdent à la mort de l'empereur d'Autriche, les élections du nouveau pape, les réactions sur la mort de la tsarine, la dispute des troupes européennes en Amérique, les conséquences de la disette de grains en Europe. Bien que l'hebdomadaire ait annoncé le 2 juillet 1740 ne pas vouloir donner des «nouvelles publiques de Pais étrangers», il publie dès le 6 août 1740 des nouvelles de Paris, Londres, Copenhague, Saint-Pétersbourg, Rome, La Haye, Constantinople, Madrid, etc.

La rubrique littéraire présente des poèmes français, allemands, italiens et latins, des articles en prose, des faits divers, des annonces. Souvent, le journal fait de la publicité pour les livres distribués chez Ambroise Haude. Citons parmi les comptes rendus d'ouvrages récemment publiés: la Métaphysique de Mr. Leibnitz, et de Mr. Newton et le Siècle de Louis XIV de Voltaire;le Recueil de pièces fugitives en prose et en vers et l'Examen du Prince de Machiavel de Voltaire; un livre intitulé Etat présent de la géographie par le major Humbert et ses lettres Sur le moyen de rendre un Etat florissant (qui sont citées dans plusieurs livraisons). Formey fait deux remarques sur Jean-Baptiste Rousseau qui vient de subir une attaque d'apoplexie et dont la vie, selon un dicton que rapporte Formey, «fut trente ans digne d'envie et trente ans digne de pitié». Il résume aussi les théories du philosophe Christian Wolff, qui exerça une influence immense sur la philosophie allemande de l'époque (Formey rédigea une version populaire des pensées de Wolff sous le titre La Belle Wolffienne).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Landesarchiv de Berlin-Ouest, M 5.

Bibliographie

B.H.C., p. 40 (Formey, Preuss et Hatin donnent des indications fausses sur les dates de parution du journal); D.P. 2, art. «Formey»; H.G.P.F., t. I, p. 303. — Formey J.H.S., Souvenirs d'un citoyen, Berlin, 1789, t. I, p. 107-109.

— Preuss G.F., Friedrich der Grosse als Schriftsteller, Berlin, 1837, p. 168. — Haag E., La France protestante, Paris, 1846-1859, t. VI, p. 616-629. — Koser R., Preussische Staatsschriten, Berlin 1877, p. 68-69. — Geiger L., Berlin 1688-1840. Geschichte des geistigen Lebens der preussischen Hauptstadt, t. I, Berlin, 1892, p. 411. — Dreihundert Jahre. Die Haude und Spenersche Buchhandlung in Berlin, Berlin, 1914, p. 28.

— Kirchner 1969, p. 287. — Kleinert A., «L'histoire du Journal de Berlin (1740-1741), magazine politique et culturel», Studies on Voltaire, t. CCLXXXIV, 1991, p. 225-233.

Date indexée

1740
1741