JOURNAL DE NORMANDIE

Numéro

0681

Titre(s)

Journal de Normandie ou Mémoires Périodiques pour servir à l'Histoire Ecclésiastique, Civile, Naturelle et Littéraire, et à celle des Sciences, des beaux Arts et du Commerce de Normandie. «Par M. Milcent, de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, de la Société Patriotique Bretonne, du Musée de Paris, etc.».

Devient en 1790: Journal de Normandie ou de Rouen et du Département de la Seine Inférieure «par M. Milcent, de l'Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen, de la Société littéraire de Bayeux, de la Société Patriotique Bretonne, du Musée de Paris, etc. et Secrétaire du District de Paris».

Titre indexé

JOURNAL DE NORMANDIE

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

5 janvier 1785-1792. Journal bihebdomadaire, paraissant le mercredi et le samedi; est devenu quotidien à partir du 1er novembre 1790. Même privilège que pour les Affiches de Normandie ; les affiches continuent d'ailleurs de paraître avec le Journal, «sur des quarrés insérés dans chaque numéro» (Prospectus).

Description de la collection

Environ 104 numéros par an, réunis en volumes de pagination continue (environ 424 p.). Cahiers de 4 p. in-4°, 195 x 260. Huit volumes en tout.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Rouen, Au Bureau du Journal, chez Le Boucher le jeune, Libraire, rue Ganterie». Imprimerie de la veuve Machuel. L'abonnement, avant 1789, est de 12 £ en ville, de 13 £ 10 s. en banlieue et de 15 £ en province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-Baptiste MILCENT, cité dans le prospectus: «ayant fait le Journal [Journal d'agriculture, de commerce et de finances] et la Gazette d'Agriculture, [de] Commerce, Arts et Finances, depuis la fin de 1781 jusqu'au moment où ces deux Ouvrages Périodiques ont été réunis à l'Affiche de Province en janvier 1784, il est nécessairement au fait de ces matières».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus énumère une longue liste de rubriques: Agriculture, Commerce, Finances, Jurisprudence, Economie, Sciences, Météorologie, Littérature, «Poèmes et Arts libéraux», «Arts Méchaniques», Spectacles, Livres nouveaux. Parmi les rubriques les mieux représentées, même si elles n'ont pas été annoncées, on peut noter l'histoire de la province – qui vient souvent en tête du numéro –, les découvertes dans la physique, la chimie, la médecine, les traits de bienfaisance ou de patriotisme, le compte rendu des séances de l'Académie de Rouen, les relations de distribution des prix dans les collèges (de Rouen, de Gisors, Vernon, etc. ), les lettres de lecteurs (la table de l'année 1786 en compte une quarantaine). La littérature est bien représentée, avec de larges comptes rendus d'ouvrages normands, ou d'ouvrages particulièrement importants dans l'optique du journal, comme la Bibliothèque physico-économique (août 1785). Les comptes rendus de représentations dramatiques ne sont pas rares: le Mariage de Figaro occupe les trois-quarts d'un numéro, le 24 août 1785.

Milcent s'efforce, au cours des années, d'améliorer encore son journal. Rédacteur au plein sens du terme, il entretient ses lecteurs de ses projets dans un discours préliminaire en tête de chaque volume; il leur confie ses goûts, cherchant par exemple à «les intéresser par quelques réflexions sur la décence de notre langue» (Discours préliminaire, 1788). Ce goût affirmé pour la littérature et les arts se maintient sous la Révolution. Le Journal de Normandie publie en même temps de larges comptes rendus des Etats généraux, parfois en numéros doubles (1er juil. 1789), avec une approbation marquée pour l'«heureuse révolution» du 15 juillet. A l'occasion de la fuite du comte d'Artois, Milcent évoque, dans le numéro du 10 septembre 1789, l'abandon de la «superbe bibliothèque qu'il a achetée de M. de Paulmy» et les sentiments du peuple devant le vol fait à la nation. Les débats de l'Assemblée ainsi que les aspects régionaux de la Révolution (élection des députés, vente des biens des émigrés, etc. ) sont suivis de près. L'intérêt du journal ne faiblit pas au cours des années révolutionnaires, et l'on peut se demander les raisons de sa disparition: le dernier numéro de 1791 sollicite les abonnements comme d'ordinaire. Les derniers numéros de 1792 manquent. Le Journal de Milcent n'en reste pas moins une des grandes réussites de la presse provinciale.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° Lc9 108 (15); B.M. Rouen, Norm. 2603.

Additif

Bibliographie: Dans le recueil dirigé par Catriona Seth et Éric Wauters, Un siècle de journalisme culturel en Normandie et dans d’autres provinces (1785-1789) (Presses des Universités de Rouen et du Havre, 2011), plusieurs études sont consacrées à ce journal. Jean-Daniel Candaux procède à une étude de contenu de la première année du journal, 1785. Il note que Milcent, pour capter la bienveillance de son public, ouvre largement l’éventail de l’actualité de la ville et de la province. Son goût personnel l’entraîne vers l’agriculture, le commerce et les sciences, qui dominent dans sa revue; les inventions nouvelles y sont soigneusement relatées: la république des sciences est en passe de l’emporter sur la traditionnelle république des lettres. Stéphane Haffemayer situe l’apparition du J.N. dans l’espace des périodiques du temps; Milcent ambitionne de publier un «journal» et non une «affiche»; il tend à s’aligner sur le Mercure pour ce qui est la littérature (vers, lettres de lecteurs, débats littéraires), mais garde en vue ses deux objectifs principaux: utilité et raison. Il sait concilier une parfaite orthodoxie politique et un esprit de réforme; sa réflexion s’exerce le plus souvent sur les mœurs, sur les modes, sur le luxe, quitte à regretter le déclin de la vie culturelle à Rouen. En 1789, il ouvre son journal aux idées nouvelles, au patriotisme et aux projets de réformes.

Auteur additif

Date indexée

1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792