JOURNAL DES THÉÂTRES

Numéro

0716

Titre(s)

Journal des théâtres ou le Nouveau Spectateur, servant de répertoire universel des spectacles.

Continuation de: Le Nouveau Spectateur, ou Journal des théâtres, de Le Fuel de Méricourt.

Continué par une feuille hebdomadaire paraissant le vendredi: Le Journal des théâtres, supplément au Spectateur national (4 nov. 1791-23 juin 1792), par Le Vacher de Chamois.

Titre indexé

JOURNAL DES THÉÂTRES

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er avril 1777-15 juin 1778. 4 volumes. Prospectus du 5 mars 1777. Paraît tous les quinze jours; un seul retard, le 15 avril 1778 (n° XXVI). 26 livraisons par an. Datation des volumes: t. I, 1er avril-15 juil. 1777 (n° VII); t. II, 1er août-15 nov. 1777 (n° XVII); t. III, 1er déc. 1777-15 mars 1778 (n° XXIV); t. IV, 1er avril-15 juin 1778 (n° XXX).

Description de la collection

Cahiers irrégulièrement reliés selon les collections: t. I, 384 p.; t. II, 402 p.; t. III, 408 p.; t. IV, 304 p.; 48 ou 64 p. par cahier, 125 x 197, in-8°.

Devise: «Je loue avec plaisir, je blâme avec courage. Pope. Essai sur la critique, traduction de l'abbé du Resnel».

Gravures: un cul-de-lampe (toujours le même) sur la couverture de chaque cahier; parfois une vignette (20 x 40) représentant un paysage, des chemineaux, etc.; à partir de Grimod de La Reynière, séparation par bandeaux divers, puis utilisation presque exclusive d'un corps plus petit.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris. Esprit, libraire de S.A.S. Mgr le duc de Chartres. Au Palais-Royal et rue Saint-Thomas du Louvre. Imprimé par Ph.D. Pierres, rue Saint-Jacques, puis par D.C. Couturier père, aux galeries du Louvre.

A partir du 1er avril 1777, le journal coûte 18 £ l'abonnement pour Paris, 24 £ pour la province. L'abonnement commence le 1er avril.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Après LE FUEL DE MÉRICOURT, LEVACHER DE CHARNOIS: il renonce en septembre 1777; le journal est alors continué par GRIMOD DE LA REYNIÈRE et un groupe d'amis. Un Avertissement des nouveaux auteurs, le 15 septembre 1777 (n° XII, p. 161), déclare: «par une Société de Gens de Lettres» et p. 165-166: «Nous sommes quatre, l'un donne ses soins à l'Opéra, l'autre aux Français, l'autre aux Italiens, le dernier se charge de veiller à l'impression. On n'en saura jamais davantage». Les réponses des rédacteurs aux lecteurs sont signées A., D., B., O.

Collaborateurs occasionnels: La Harpe, Leroy de Ligny, de La Tour, etc.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: Théâtre-Français, Italien, Opéra, théâtres à l'étranger; pièces imprimées et non représentées, ouvrages didactiques.

Contenu réel: activités des théâtres (Français, Italien, Opéra; Lyon, Rouen, Bruxelles, Angleterre, puis Bordeaux, Strasbourg, puis Fontainebleau, Versailles; la Cour mais aussi le théâtre Montansier). Débuts d'acteurs à la Comédie-Française: «Les fautes des comédiens sont l'aliment de ce journal» (t. II, p. 123, 1er sept. 1777). Spectacles de société (t. IV).

Centres d'intérêt: acteurs, comptes rendus de quelques pièces nouvelles; pièces non jouées; mort de Le Kain (févr. 1778).

Principaux auteurs étudiés: Voltaire, Molière, Ducis, Le Mierre, Du Belloy, Dorat, Gluck, J.J. Rousseau (comme musicien), Noverre.

Tables à la fin des cahiers (sauf pour le n° I).

Historique

On trouve dans L'Espion anglais de mars 1777 un résumé très documenté de l'histoire du Journal des théâtres (t. V, Londres, Adamson, 1783, lettre VIII, p. 202-218). Le Prévost d'Exmes avait obtenu en 1770 un privilège pour Le Nouveau Spectateur, ou Examen des nouvelles pièces de théâtre. Le Fuel de Méricourt rachète le journal en 1776, moyennant une pension viagère de 600 £ versée à Le Prévost; le lieutenant de Police Lenoir était, au dire de l'Espion anglais (p. 205), favorable à cette transaction, et le censeur Crébillon fils devait lui accorder son appui, en partie contre les Comédiens Français, dont il avait eu à se plaindre. Mais en 1776, la direction de la Librairie passe à Camus de Neville, qui choisit comme censeur Coquelay de Chaussepierre, avocat des Comédiens Français. En butte aux tracasseries de son nouveau censeur, Le Fuel fait appel à ses lecteurs dans la «Lettre aux souscripteurs du Journal des théâtres » du 10 novembre 1776, mais doit finalement céder la place. Le Vacher de Chamois, gendre du comédien Préville, bénéficie de l'appui financier de son beau-père et traite directement du rachat avec Le Prévost d'Exmes, qui avait gardé un droit sur chaque souscription perçue. Le Fuel exprime son ressentiment dans un Mémoire à consulter pour les souscripteurs du Journal des théâtres, rédigé par le Sieur Le Fuel de Méricourt (Liège, nov. 1776). Il y expose les réponses faites aux souscripteurs étonnés (5 lettres, 12 nov. 1776-31 janv. 1777) et le résultat d'une comparution de toutes les parties le 30 janvier; une «Consultation» de 12 p. y fait suite, signée Falconet et Plaisant de La Houssaye, datée du 10 février 1777, et qui est une démonstration ironique et par l'absurde que le journal appartient à Le Fuel et doit être continué par lui. Une note a suivie d'une autre N.a dans le Nouveau Journal étranger (paru à Londres) (n° 2, sept. 1777, p. 3) rapporte une démarche qu'auraient faite antérieurement les parents de Le Vacher auprès du Garde des Sceaux, pour que le privilège du Journal ne lui soit pas accordé; ils ne voulaient pas qu'il épouse la fille d'un comédien... Il semble néanmoins que Le Vacher de Chamois ait obtenu de garder tous les souscripteurs qui n'avaient pas souscrit d'engagement nominal avec Le Fuel, d'où sans doute l'avis suivant, publié dans le 1er cahier d'avril 1777; «Il a été dit dans le prospectus de cet ouvrage qu'il serait tenu compte aux anciens souscripteurs des Cahiers du Journal des théâtres qui leur sont dus; nous avertissons ceux d'entre eux qui n'ont pas souscrit sur le nom seul de M. de Méricourt, et qui voudront bien prendre confiance dans les nouveaux rédacteurs, qu'en se présentant chez Esprit, Libraire, et en lui remettant la somme de 10 £ 10 sols pour Paris, et 14 Liv. pour la Province, il leur sera fourni une quittance de 18 £ pour une année entière, à compter du 1er de ce mois».

Mais le Journal des théâtres loue trop souvent Préville et sa fille, au détriment d'autres acteurs, particulièrement Molé, contre lequel Le Vacher revient sans cesse (cf. 6). A son tour, il est dépossédé. Dans une note d'une lettre de Cailhava à Le Vacher, celui-ci déclare renoncer au Journal des théâtres (t. II, n° 11, 1er sept. 1777, p. 114); dans ce même numéro, on trouve un Avis à son successeur et les Adieux du rédacteur, (p. 122, 126). Le journal est alors continué par Grimod de La Reynière et son groupe, jusqu'en janvier 1790 semble- t- il; les mêmes auteurs, s'inspirant du feu Journal des théâtres, fonderont en 1797 le Censeur dramatique. Le Vacher de Charnois, à partir du 15 juin 1778, collabore au Spectateur national.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections utilisées: B.N., Yf 2006-2009; Z 30051-30052 (2 tomes en un gros volume); Z 30053-30054; Ars.,

8° B 12502 A, 6 vol.: les deux premiers sont de Le Fuel, un gros volume comporte deux tomes du même (1er avril-15 oct. 1776).

Collections à Ste G., Opéra, B.H.V.P. (inc.); on ne trouve qu'à l'Opéra (Pi 111) la feuille hebdomadaire du supplément au Spectateur national.

Bibliographie

H.G.P. et D.P. 2.

Additif

Historique: Une lettre de Grimod de La Reynière datée du 21 juillet 1780 et adressée à un destinataire inconnu, peut-être le lieutenant de police Lenoir (collection François Moureau), résume l’histoire du Journal des théâtres :

« Les deux premiers volumes du Journal des Théâtres ont été composés en 1776 par M. Le Fuel de Méricourt ; et M. de Charnois et moi n’y avons aucune part.  M. Le Fuel a disparu au 14e numéro après avoir emporté l’argent des souscriptions, et ce n’est que 6 mois après que notre bail a commencé. J’espère que vous vous en appercevrez, Monsieur, au ton de modération qui règne dans le troisième volume et dans les suivants. Les 27e, 28, 29 et 30e numéros sont aussi d’une plume étrangère. M. de Charnois et moi avions quitté l’ouvrage après le n° 26 (qui est presque entièrement de moi), et les comédiens eurent le crédit de faire supprimer le journal au 30e numéro. Il est à présent réuni au Mercure ».

Ce résumé confirme et précise la présente notice et celle de Nina Gelbart (DP2 492). Grimod ajoute un détail important, qui justifie l’arrestation de Le Fuel : le vol des souscriptions, et il signale le moment de son départ, après le n° 26. Il confirme enfin la cessation du Journal des théâtres en 1779, après le n° 30 (Jean SGARD).

Date indexée

1777
1778
1779