LE MERCURE GALANT

Numéro

0919

Titre(s)

Le Mercure Galant. Contenant plusieurs histoires veritables, et tout ce qui s'est passé depuis le premier Janvier 1672. jusques au Départ du Roy.

Modification du titre au n° 2: contenant plusieurs Histoires véritables et autres choses curieuses avec tout ce qui s'est passé à la Cour et à l'Armée...; au n° 4: avec tout ce qui s'est passé de nouveau...

En 1677: Nouveau Mercure Galant contenant tout ce qui s'est passé de curieux depuis le...; en 1678: Mercure Galant.

Titre indexé

MERCURE GALANT

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Mai 1672-mai 1710. 492 volumes. Privilège du 15 février 1672, renouvelé le 31 décembre 1677. Périodicité annoncée: d'abord un volume tous les trois mois (1672) puis un par mois (1677). Périodicité réelle: un volume par mois plus les Extraordinaires (32), les Relations (44) et les Affaires du temps (13). Nombre de volumes par an: 14.

Description de la collection

Les volumes sont datés des premiers jours du mois suivant et comportent de 210 à 350 p., in-12.

Armes de France en frontispice, frise en haut de la première page; planches, cartes, partitions.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Publié à Paris chez Barbin et Loyson. Libraires associés: G. de Luynes, C. de Sercy, J. Guignard, J. Girard, veuve d'Olivier de Varennes, C. Osmont.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur: J. DONNEAU DE VISÉ (1638-1710). Auteurs: J. Donneau de Visé (1672-mai 1710) associé à T. Corneille (1680-1709). Collaborateurs réguliers: Fontenelle, Mme Deshoulières, Mme de Brégy, C. Perrault, C. Bernard...

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé par «Le Libraire au Lecteur» (mai 1672): «Histoires divertissantes [...], Nouvelles [...], connaissance de [...] Personnes d'une grande naissance et d'un grand mérite [...], nouvelles des provinces [...] Cours étrangères [...], Galanteries [...], Histoires amoureuses [...], mérite des personnes qui en ont beaucoup».

Contenu réel: nouvelles et poèmes galants, chronique mondaine et militaire, critique littéraire et théâtrale.

Principaux centres d'intérêt: vie littéraire, événements de la Cour et de l'armée. Sont mentionnés pratiquement tous les auteurs de pièces de théâtre, de romans, de nouvelles et de poésies du temps.

Historique

Le Mercure galant fut fondé en 1672 par Donneau de Visé; interrompu après la livraison de décembre 1673, il reparut en avril 1677 et désormais un volume fut imprimé chaque mois, sans compter les Extraordinaires, les Relations et Les Affaires du temps, consacrés tous à l'actualité mondaine et militaire. On sait que Thomas Corneille s'associa à Donneau de Visé en 1680 et participa à cette publication jusqu'à sa mort. Comme l'écrit Camusat, c'était un «amas de toutes sortes de choses. Nouvelles, Promotions aux Dignités de l'Etat, Nominations aux Bénéfices, Mariages, Baptêmes et Morts, Spectacles, Histoires galantes, Médailles, Réceptions aux Académies, Sermons, Plaidoiés, Arrêts, petites Pièces de Poésie, Enigmes, Chansons, Dissertations, quelquefois savantes et quelquefois enjouées». «Gacon railla ces volumes où se trouvaient régulièrement des sonnets, impromptus, Madrigaux», des pages critiques, un «conte... d'un ton doucereux...», des «chansons à boire», une «énigme», le récit des combats... En fait, la première originalité de cette gazette était d'associer la politique (représentée par le récit des fastes royaux et surtout des guerres) et la littérature, qui y revêtait deux visages: la galanterie (petits vers, contes) et la critique (flatteuse, en général) des ouvrages récents. A cela s'ajoutèrent encore, sous l'influence peut-être de Fontenelle, le neveu de Thomas Corneille, des dissertations de physique et de philosophie.

Presque tous les écrivains de cette époque publièrent dans Le Mercure galant, en tout cas, tous ceux qui assurèrent la transition entre la préciosité de Madeleine de Scudéry et celle de Marivaux, tous les auteurs mondains et galants, Pellisson, Mme Deshoulières et sa fille, Le Pays, Catherine Bernard, Mme de Brégy, Charles Perrault, Sénecé, Magnin. Le maître de ce goût et de ce temps, Fontenelle, fut, surtout entre 1677 et 1685, l'un des principaux collaborateurs de la gazette. Même Pierre Corneille et La Fontaine ne dédaignèrent pas d'y figurer. En revanche, Racine y fut plus ou moins sournoisement raillé; Boileau dut attendre sa réconciliation avec Perrault pour y recevoir quelques éloges, et La Bruyère y fut insulté. C'est-à-dire que cette gazette ne fut pas neutre. Elle servit tous les combats des Modernes, aidant à la diffusion des premiers livres de Fontenelle (les Dialogues des morts, la Pluralité, les Pastorales), approuvant les «paradoxes» de C. Perrault, empressée à soutenir les contes de fées et les romans, ces nouveaux genres si contestés, et, en particulier, les œuvres de Catherine Bernard et la Princesse de Clèves, qui fut lancée par le questionnaire organisé par Donneau de Visé en 1678. Mêlant la galanterie et les problèmes sérieux, chérissant un style ingénieux, souvent artificiel, fantaisiste, parfois humoristique, le Mercure est le meilleur témoignage que nous ayons sur cette époque encore si mal connue qui suivit les triomphes des grands classiques. C'est un parfait exemple de littérature et de pensée «rococo».

Avec son engagement, ses partis pris, son affectation, il n'est pas surprenant que cette feuille ait essuyé beaucoup de critiques. Celles des classiques d'abord, de La Bruyère, qui la jugea, on le sait, «au-dessous de rien». Celles aussi du Journal de Leipzig et surtout de Gacon (Le Poète sans fard, 1698). Ce sont toujours les mêmes reproches: galanterie douceâtre, plaisanteries «ridicules», et aussi, ce qui est plus fâcheux, complaisance aux «flatteurs mercenaires», car Donneau de Visé avait une bonne réputation de cupidité. Nous ne sommes pas obligés de partager cette sévérité. Non dénué sans doute d'excès et de facilités, le Mercure galant n'est pas seulement un passionnant document sur la vie intellectuelle de l'époque, c'est l'expression rigoureusement cohérente dans tous les domaines (politique, littéraire, philosophique) d'un esprit qui régna en France durant une cinquantaine d'années, entre le temps de Racine et celui de Voltaire.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection étudiée: B.N., 8° Lc2 31, 32, 33. Collections complètes: Ars.; Maz.

Bibliographie

B.H.C.; H.P.L.P.; D.P. 2; Camusat, Histoire critique des journaux, 1734, t. II, p. 198.

Contrefaçon hollandaise.

Mentions diverses dans: Nouvelles de la République des Lettres, Histoire des ouvrages des savants.

«Table alphabétique des articles historiques et archéologiques contenus dans le Mercure», Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, 1854. – Guigaud J., Indicateur du «Mercure de France» (1672-1789), Paris, 1869. – Courcel G. de, «Mémoire historique et détaillé pour la connaissance exacte des auteurs qui ont travaillé au Mercure de France», Bulletin du bibliophile, 1902-1903. – Lovering S., L'Activité intellectuelle de l'Angleterre d'après l'ancien «Mercure de France» (1672-1778), Paris, 1930. – Storer M., «Informations furnished by the Mercure Galant on the French provincial académies», Publications of Modern Language Association of America, vol. L, 1935, p. 444-468. – Vincent M., Donneau de Visé et le «Mercure galant», Paris, Aux amateurs de livres, 1987. – Idem, «Anciens et Modernes dans le Mercure galant», D'un siècle à l'autre, Anciens et Modernes, C.M.R. 17, 1986, Marseille.

Additif

Édition partagée

Le Nouveau Mercure galant, Lyon, Thomas Amaulry, 1677. De janvier-mars à juillet 1677 (5 tomes mensuels, vol. 7 à 11 de la collection). Edition partagée lyonnaise pour la reprise en 1677 du Nouveau Mercure galant parisien. Marque d’Almaury. Privilège au "sieur DAM", le 15 février 1672; registré le 27 février 1672. Achevé, le 1er avril 1677 (t. I). Cession à Almaury (t. IV). Parution annoncée, le 1er de chaque mois; prix 20 sols relié en veau et 15 en parchemin (coll. de l'auteur).

Contrefaçons :

Le Nouveau Mercure galant, [à la sphère], Suivant la copie imprimée à Paris, chez Théodore Girard, 1677, t. I à VI, janvier-août 1677, 1 vol.

Le Nouveau Mercure galant, [à la sphère], Suivant la copie imprimée à Paris, chez la Veuve O. de Varennes, 1677, t. VII à X, septembre-décembre, 1 vol.

Le Nouveau Mercure galant, Suivant la copie imprimée à Paris, Au Palais, 1678 [1679]: 1678, janvier-avril/mai-août/septembre-décembre. 1679, janvier-avril/ mai-août/septembre-décembre, 6 vol. (coll. de l'auteur). Sans les "Extraordinaires".

Il existe plusieurs contrefaçons  à Toulouse (à partir de 1694), Bordeaux, en Italie et à Avignon. Cette dernière est répertoriée en 1678 par A. Moulinas, L’imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècle, Grenoble, 1974, p.279 , n. 6: elle semble la candidate la plus vraisemblable pour ces huit volumes.

Auteur additif

Date indexée

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