LE NOUVELLISTE EXACT

Numéro

1064

Titre(s)

Le Nouvelliste exact.

4 janvier–8 février 1735. Onze feuilles ; la 11e et dernière feuille comporte un supplément. Périodicité bihebdomadaire : «Cette feuille paraîtra tous les mardis et tous les vendredis, à commencer par le premier mardi de l'année 1735 (prospectus en tête du premier numéro). La publication est très régulière pendant un mois et demi : 8 feuilles pour janvier, 3 feuilles et un supplément pour février.

Titre indexé

NOUVELLISTE EXACT

Description de la collection

Chaque numéro est composé sur une feuille de 4 p. in-4°, 165 x 240.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

L'adresse, non mentionnée, est à Avignon, comme le déclare implicitement le prospectus : «Le prix sera à Avignon de huit livres par an, payables d'avance par semestre, et pour les autres villes qui sont plus éloignées du lieu de l'impression, le prix sera de douze livres par an, à cause des frais de la poste». Le journal est sans doute distribué par Balard, libraire à Marseille, qui y fait à plusieurs reprises de la publicité pour Le Pour et Contre, vendu chez lui.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

BALARD, libraire à Marseille (?).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus déclare : «Les provinces sont livrées à trois gazettes, qui ont chacune leur mérite, mais avec de grands défauts. La Gazette de France est exacte, mais superficielle et tardive ; celle de Hollande, moins superficielle mais plus tardive encore, souvent partiale ; celle de Berne peu exacte, et donnant trop dans les conjectures ; toutes les trois fort dispendieuses. On ne met point au rang des gazettes, un certain Courrier d'Avignon, ponctuel à la vérité, mais aventurier à l'excès, sans choix, sans style, sans discernement». Le Nouvelliste exact se pose donc d'emblée en rival du Courrier d'Avignon ; l'idéal proposé serait selon lui «une feuille qui fût tout à la fois, exacte dans les nouvelles politiques et littéraires, ponctuelle pour le temps auquel on la recevrait, fidèle dans ses récits, et dont le style sans être recherché, n'eût au moins rien de rebutant». Cette déclaration d'intention assez vive fera croire que l'auteur s'inspire de la gazette d'Amsterdam et des «lardons satiriques» qui l'accompagnaient. Un lecteur écrit dans la solution d'une énigme : «C'est un peu vous, dit-on, / Qui la première fois suiviez trop à la piste / La Hollandaise et son Lardon» (vendredi 28 janvier). Bien informé, Le Nouvelliste exact donne des bulletins en provenance de La Haye, Londres, Paris, Madrid, Rome, Saint-Pétersbourg et de nombreuses villes d'Italie. Il s'agit essentiellement de nouvelles militaires, politiques, diplomatiques, agrémentées d'anecdotes et de faits divers, d'énigmes et de logogriphes ; les nouvelles littéraires (discours à l'Académie du duc de Villars et de l'abbé d'Houteville) sont rares.

Historique

R. Moulinas a exposé le problème posé par cette gazette dont il n'avait rencontré aucun exemplaire. L'exemplaire de Grenoble ne permet pas de résoudre l'énigme. Composé à Avignon ou à Marseille, Le Nouvelliste exact fait directement concurrence au Courrier d'Avignon, alors édité par Charles Giroud et François Morénas. Il fut interdit à la fin de février 1735 par ordre de Versailles, et les soupçons s'égarèrent sur divers comparses (Moulinas, p. 418-419). En 1743, Morénas, définitivement brouillé avec Giroud, l'accusera d'avoir fait supprimer Le Nouvelliste exact en lui substituant des feuilles offensantes pour le gouvernement français (Entretiens historiques sur les affaires présentes de l'Europe, n° 4, cité par Moulinas). Mais comme le note Moulinas, Giroud n'aurait pas eu besoin de cette ruse pour se défaire d'un concurrent : il lui suffisait de faire valoir son privilège.

Le fait que le recueil de Grenoble soit visiblement préparé pour l'impression (ou la contrefaçon ?) sous adresse de Marseille donne à penser qu'il pourrait être l'œuvre de Balard ; ce recueil, qui groupe dans l'ordre chronologique des feuilles du Nouvelliste et du Courrier d'Avignon aurait permis au libraire d'utiliser des invendus. Morénas note en 1743 que Le Nouvelliste exact était toutefois inférieur au Courrier : «On vit paraître au commencement de 1735 une Gazette qui portait comme titre, le Nouvelliste exact [...] ; c'était dans un temps où le Courrier [...] étoit le plus goûté, soit par la façon d'y annoncer les Nouvelles, soit par le choix de la matière, soit enfin, si l'on veut, parce que la guerre [...] rendoit les faits très-intéressans» (Entretiens, n° 4). C'est peut-être pourquoi l'éditeur, qui avait certainement songé à supplanter le Courrier, dut se résoudre à en vendre des exemplaires pour faire passer Le Nouvelliste exact. Mais cette tentative même semble avoir avorté.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, E 30804, dans un «Recueil de toutes les gazettes de l'année 1735» préparé pour l'impression et daté du 15 juillet 1736 à Marseille.

Bibliographie

Moulinas R., L'Imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècle,P.U.G, 1974.

Auteur

Date indexée

1735