L'OBSERVATEUR AMÉRICAIN

Numéro

1071

Titre(s)

L'Observateur américain.

Continuation de la Gazette des petites Antilles qui cesse sa publication avec le n° 52, vol. II, 2 juillet 1776.

Titre indexé

OBSERVATEUR AMÉRICAIN

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

15 juillet 1776– début de 1777. Bimensuel publié le 1er et le 15 de chaque mois. Un volume par an.

Description de la collection

Le numéro paraît sur une colonne. Pagination continue ; 130 x 190, in-8°.

Devise : «Je méprise celui qui flatte, / Je plains celui qu'on a flatté. / J'aime Platon, j'aime Socrate, / Mais j'adore la vérité».

Sans illustrations.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le seul numéro de ce périodique conservé à la B.N. ne mentionne ni le lieu de publication ni l'imprimeur. L'Observateur américain n'a cependant pas été publié à la Guadeloupe, comme indiqué par erreur dans le Catalogue collectif des périodiques, mais à Roseau, île de la Dominique. L'imprimeur est probablement, du moins au début, Charles Dunn, qui imprime en 1776 la Gazette des petites Antilles.

Le montant de l'abonnement était de 1 moëde et demie pour l'année, 6 gourdes pour la demi-année, «chaque terme payable d'avance». La «gourde» ou «piastre-gourde» valait, note Moreau de Saint-Méry en 1797, 5 £ 10 s., «argent de France, 8 £ 5 s., «argent des Colonies».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre-Ulrich DUBUISSON.

Historique

Hebdomadaire, la Gazette des petites Antilles était publiée chaque mardi à Roseau, île de la Dominique, depuis le 5 juillet 1774. Au mois de mars 1776, son rédacteur, Pierre-Ulrich Dubuisson, annonce son intention de changer «le nom et la forme» du journal : «le titre de Gazette que nous avons trouvé à cette Feuille périodique lorsque nous nous en sommes directement chargé, ne répondant nullement à nos vues et à nos idées, et même ayant bien des fois gêné notre plan, nous prévenons le Public qu'à l'expiration de cette seconde année, c'est à dire le 2 juillet prochain, nous changerons le nom et la forme de cet ouvrage, qui paraîtra seulement deux fois par mois, à commencer de cette époque, sous le titre Observateur américain et sous le format d'un grand in-12 d'environ 30 pages» (G.P.A., t. II, p. 151).

Le changement de périodicité, comme de titre et de format, et cela alors même que le journal a du succès, s'expliquent par la manière dont Dubuisson conçoit son rôle de journaliste. Bien que publiée sous «le titre commun de gazette»,  la Gazette des petites Antilles se voulait en effet moins un journal d'information générale qu'un journal politique, à la fois «un recueil exact d'observations philosophiques» et un «monument élevé contre l'oppression» existant dans les colonies française (t. II, p. 1-2). En adoptant une périodicité bimensuelle, Dubuisson cherche à se libérer des exigences de l'actualité immédiate, à prendre ses distances par rapport à l'événement afin de mieux l'«observer», de mieux l'analyser et le juger. Le nouveau titre choisi souligne ce rôle essentiel assigné au journal, de même qu'il met en avant un autre parti pris : publier un journal consacré avant tout aux colonies de la mer des Antilles et plus généralement à ce continent américain dont elles font partie. Le journaliste se veut un «philosophe observateur» mais aussi un «américain», attitude particulièrement significative au moment où les colonies anglaises d'Amérique du Nord s'insurgent contre leur métropole, et que, dans les colonies de la mer des Antilles, se développe ce qu'on peut appeler une «prise de conscience américaine», prise de conscience qui vient renforcer les aspirations autonomistes d'une grande partie des colons, leur désir de prendre leur destin en mains ou du moins d'y avoir leur mot à dire. Pour Dubuisson, le journal est certes un organe d'information, mais aussi et surtout le lieu d'une réflexion et, par cela même, un moyen d'intervention.

La nouvelle périodicité et le format plus étendu qui en résulte, donnent aussi «la facilité de varier [les] matières» et de «traiter toutes sortes de sujets» afin de répondre aux «différents goûts [des] lecteurs» (t. II, p. 204). Dubuisson, se souvenant de La Fontaine («Promettre est un, et tenir est un autre»), ne précise pas quels sont ces nouveaux sujets qu'il veut traiter, mais il est probable qu'il a l'intention de faire place dans sa publication aux «Arts et aux Sciences», et notamment à ces «articles de littérature» qu'ont réclamés notamment à plusieurs reprises les lecteurs de la Gazette des petites Antilles (t. II, p. 86). Les «Sciences et les Arts, remarquera-t-il par la suite, plus intimement liés à la politique des empires qu'on ne le pense communément, en préparent, en amènent les révolutions. Une masse suffisante de lumières répandues dans des contrées auparavant couvertes des voiles de l'ignorance, en instruit les habitants de leurs forces intrinsèques : c'est après les avoir fait penser par eux-mêmes, qu'elle leur suscite le courage d'agir pour eux-mêmes» (Abrégé, p. 58-59).

Le seul numéro de L'Observateur américain conservé à la Bibliothèque nationale ne permet de juger ni du contenu réel, ni de la carrière de ce journal. Continuant la tradition de la Gazette des petites Antilles, il s'ouvre sur une «lettre à l'éditeur» qui joue le rôle d'éditorial. La lettre publiée en tête de ce n° 13 compare le traitement des esclaves dans les colonies anglaises et françaises et, remarquant que les «conspirations de nègres» sont plus fréquentes dans les possessions anglaises, s'interroge sur la question de savoir si «l'homme libre serait [...] un maître plus dur que celui qui est assujetti lui-même à un gouvernement absolu» (p. 350). Cette lettre, envoyée par un lecteur de la Guadeloupe, occupe la moitié de la livraison (p. 350-360) ; le reste est consacré aux «Nouvelles politiques», nouvelles en provenance de Londres, de Paris, et des îles de la mer des Antilles, et qui, pour la plupart, se rapportent à la lutte de l'Angleterre contre les «insurgés» américains (p. 361-369). En dernière page, un Avis de l'éditeur appelant au règlement des abonnements en souffrance et de ceux dus pour le second semestre qui commence, est suivi d'un tableau des «prix courants» des principales denrées et marchandises produites ou importées dans la colonie (p. 370).

La publication de L'Observateur américain a sans doute cessé au cours de l'année 1777. Au début de l'année suivante, Dubuisson est à Saint-Domingue où il fait représenter, sur la scène de la Comédie du Cap, l'Ecole des pères ou les Effets de la prévention, drame en cinq actes et en prose (J. Fouchard, Le Théâtre à Saint-Domingue, p. 260). La même année Dubuisson publie à Paris un Abrégé de la révolution de l'Amérique anglaise qu'il a en grande partie composé à partir des articles publiés dans la Gazette des petites Antilles, et très probablement aussi dans L'Observateur américain, sur cette révolution «importante» qui va «changer les intérêts politiques de toutes les Nations de l'un et de l'autre hémisphère» (Abrégé, p. 12).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° Lc12 132 (treizième quinzaine, 15 janv. 1777 ; 21 p., paginées de 350 à 370).

Date indexée

1776