VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES

1259
1769

Titre(s)

Variétés littéraires et politiques.

Description de la collection

Un seul volume publié, de 140 p., in-8°, 95 x 160. Devise : Simul et jucunda et idonea dicere vitae. Horatius. Aucune périodicité annoncée.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Stockholm, chez Jean George Lange. L' Avertissement mentionne Holmberg en qualité de libraire-associé : «Ceux qui désirent d'avoir des exemplaires de ce Recueil sont priés de faire inscrire leurs noms chez M. Holmberg,Libraire en cette ville. On ne paye qu'à mesure qu'on retire chaque Partie, qui sera désormais toujours de 120 p., et coutera 2 Dalers Monnoie de cuivre (Avertissement, p. II).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Johan Gustaf HALLDIN (1737-1825) et Olof KEXÉL (1748-1796).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Nouvelles politiques et littéraires suédoises, nouvelles littéraires de France.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.U. Göteborg, (Br.) Tidskr. Sv. ; B.R. Stockholm, Litt. Fr. Saml. 1700-1829 ; B.U. Uppsala, Sv. Utl. litt. Romansk [97 :400] ; W-n. Utl. skönlitt. om sv. förh. ; B.U. Lund, Tidskr. Sv.

Bibliographie

Sylwan O., Svenska pressens historia till statshvälfningen 1772, Lund, Gleerupska, Lund, 1896.

Historique

J.G. Halldin, employé à la Bibliothèque royale, s'intéressait à la politique et avait un certain talent littéraire. O. Kexél, secrétaire au Théâtre royal, écrivait des pamphlets politiques et anticléricaux, rédigeait un hebdomadaire politique intitulé Hatten (Le Chapeau) et composait des pièces de théâtre. Lorsque, en 1769, ils publient la première partie du t. I des Variétés littéraires et politiques, Halldin et Kexél étaient pleinement conscients du caractère précaire de leur entreprise. C'est ce qui ressort des premières lignes de l'Avertissement des éditeurs : «C'est par manière d'essai que nous faisons paroître cette première Partie d'un Recueil que nous souhaiterions pouvoir rendre assez intéressant pour qu'il se conciliât la faveur du public». Ils savent aussi combien il est difficile de bien s'exprimer dans une langue étrangère. Ils se sont toutefois attachés à écrire des articles «d'un style clair et précis» en suivant l'orthographe «établie dans la dernière édition du Dictionnaire de l'Académie Françoise». Ils se disent prêts à recevoir tout conseil avec reconnaissance.

Le but que se proposent les deux rédacteurs est double, «de faire plaisir à [leurs] Compatriotes, en leur offrant un choix de Pièces estimées de Littérature Françoise, et de rendre service aux Etrangers, en leur faisant connoître l'état des Affaires Publiques et celui des Lettres dans ce Royaume». Les auteurs ont été relativement fidèles à ce programme. Il n'y a cependant guère de ligne strictement suivie dans le choix des sujets, si, bien entendu, ce n'est cette variété, affichée dans le nom de la revue. La poésie de l'abbé de Lille, de Rousseau, de La Harpe... se dispute la place avec la prose qui, elle, porte le plus souvent un message politique. Rien d'étonnant, par exemple, de trouver chez ces deux journalistes, aux idées un peu radicales peut-être, un extrait des Ephémérides du citoyen concernant «l'Edit du Roi [de Suède] pour la Liberté de la Presse» daté de 1766.

Le suédois ne brille pas totalement par son absence dans cet ouvrage qui se veut français. Un poème anonyme intitulé Til Svea Land pa Hans Konglige Höghets Kronprinsens Födelsedag den 24 Januari 1769 est imprimé en suédois et accompagné parallèlement de sa traduction française sous le titre de : A la Suède. Le Jour de la Naissance de S.A.R. Mgr Le Prince Royal.

La dernière page du volume contient une table précédée de ces mots : «Nous avions dessein de terminer ce Cahier par des Nouvelles Politiques de Suède ; mais qu'est-ce que l'on peut dire de certain sur l'état d'un malade au moment de la crise ? Il vaut donc mieux remettre au Cahier prochain l'exposition de ces Scènes frappantes qui deviennent de jour en jour plus compliquées, et dont la Diète va donner le dénouement». Pour des raisons que l'on ignore, aucun «Cahier prochain» ne vit pourtant le jour.

Auteur

Titre indexé

VARIÉTÉS LITTÉRAIRES ET POLITIQUES

Date indexée

1769

MERCURE HISTORIQUE ET POLITIQUE 2

0941
1738
1739

Titre(s)

Mercure historique et politique,«Contenant l'Etat présent de l'Europe, ce qui se passe dans toutes les Cours, les Intérêts des Princes, et ce qu'il y a de plus curieux pour le [date]. Le tout accompagné de Réflexions Politiques sur chaque Etat».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juin 1738 – août 1739 ; 2 volumes, mensuel.

Description de la collection

Les deux volumes sont désignés par Tome CV et Tome CVI ; t. CV : 762 p., t. CVI : 642 p. ; le nombre de pages du cahier varie de 102 à 112.

Cahier : 75 x 130, in-12.

Illustrations : sur la page de titre un Mercure tenant dans sa main droite le caducée ; différents culs-de-lampe.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Stockholm, l'Imprimerie royale.

Imprimeur-libraire-éditeur : Peter Momma. A la dernière page de la livraison de novembre 1738, on trouve cette indication : «Ceux qui souhaitent avoir ce Mercure pour l'année 1739, plairont de prenumerer avant la fin du mois de janvier prochain avec 10 dalers 16 öre Kopparmunt [monnaie de cuivre] pour toute l'année. On n'imprimera pas un Exemplaire au-delà du nombre des Prenumerans».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Peter MOMMA.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : voir le titre ; il n'y a ni prospectus ni préface.

Contenu réel : nouvelles d'Italie, de Turquie, de Hongrie, d'Allemagne, de la Grande-Bretagne, de Suède, etc. ; principaux centres d'intérêts : nouvelles politiques.

Tables : t. CV se termine par une Table alphabétique, non paginée, du genre d'un index des noms et des matières.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Localisation : B.U. Uppsala, Sv. Allm. hist. Tidskr. (manquent mai et juin 1739) ; B.R. Stockholm, Sv. Saml. Tidskr. 77 a (mai et juin 1739 manquent) ; B.U. Lund, Tidskr., Sv. ; B.U. Göteborg, Tidskr. Sv. (février 1739) ; B.U. Helsinki, P-972.

Bibliographie

Sylwan O., Svenska pressens historia till statshvälfningen 1772, Gleerupska Universitets-bokhandeln, Lund, 1896, p. 13.

Historique

Peter Momma était depuis mars 1738 propriétaire de l'Imprimerie royale à Stockholm. Sa famille était d'origine hollandaise (son arrière-grand-père, Willem Momma, s'était installé en Suède au milieu du XVIIe siècle et y avait fondé, avec ses deux frères, plusieurs grandes entreprises). Peter Momma avait hérité de la capacité et de l'énergie de ses ancêtres, et pendant ses voyages à l'étranger, en Hollande surtout, il avait appris le métier d'imprimeur. Il créa la première fonderie de caractères en Suède, et il joignit aussi à l'Imprimerie Royale une papeterie et une maison d'édition importante.

Le Mercure historique et politique, qui commence à paraître trois mois après que Momma est entré en possession de l'Imprimerie royale, n'est pratiquement qu'une réimpression de l'édition de Hollande. C'est aussi ce qu'on lit en bas de la page de titre à partir de la deuxième livraison. Le numéro de juillet porte : «après l'Edition de Hollande» et les numéros suivants : «Après l'Edition de Hollande et augmenté». On serait enclin à croire que les articles qui portent sur la Suède et qui rendent compte de ce qui s'est passé au Conseil d'Etat et à la Diète, de promotions de hauts fonctionnaires, etc., auraient été de la main de Peter Momma lui-même ou d'un journaliste suédois engagé par lui. Ceci ne semble pourtant pas être le cas, car, en novembre 1738, on dit dans une note qui se rapporte à une notice intitulée «De Stockholm» (t. CV, p. 500) : «Il ne sera pas hors de propos de remarquer, que c'est toujours le Nouvelliste de Hollande qui écrit ces articles selon les nouvelles plus ou moins sûres qu'il a». Les additions à l'édition de Hollande consistent en des pages de publicité, où Momma annonce ce que son Imprimerie peut offrir au public en matière de livres, d'almanachs, de rapports sur la Diète, etc.

Ce premier essai journalistique de Peter Momma ne fut pas un succès. Il devait être plus heureux en fondant, quelques années plus tard, la Stockholm Gazette.

Auteur

Titre indexé

MERCURE HISTORIQUE ET POLITIQUE 2

Date indexée

1738
1739

MERCURE DE SUÈDE

0932
1772

Titre(s)

Mercure de Suède; dédié au Roi.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

24 janvier – 7 mars 1772. Un volume. Hebdomadaire («48 feuilles par an» selon l'Avertissement).

Description de la collection

Six feuilles conservées: n° 1, 24 janv.; n° 2, 31 janv.; n° 3, 6 févr.; n° 4, 15 févr.; n° 5, 29 févr.; n° 6, 7 mars. Un volume de 96 p.

Cahiers de 16 p. in-8°, 105 x 170. Une couronne sur la page de titre.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Jean Arvid Carlbohm, Stockholm. «L'abonnement pour toute l'année se fait à Stockholm, avec 24 Dal. [Rixdalers] de cuivre chez l'Editeur Mr Gjörwell, dans sa Boutique de Librairie à la Place des Nobles; mais pour les Souscripteurs étrangers, ils pourront s'adresser au Bureau Roy. des Postes Svedoises, établi à Hambourg» (Avertissement).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Carl Christoffer GJÖRWELL.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Les Affaires Politiques et Littéraires de la Suède».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.R. Stockholm, Rar. 105 A; B.U. Helsinki (Finlande), Rar. 89 (janvier).

Bibliographie

Mention dans Dageliga Tidningar ou Dagligt Allehanda, 10 févr. 1772. – Sylwan O., Svenska pressens historia till statshvälfningen 1772, Gleerupska Universitets-bokhandeln, Lund, 1896. – Lindegren H., Gjörwells «Mercure de Suède», P.A. Norstedt et Söner, Stockholm, s.a.; 2e éd., K.B. Boströms boktryckeri, Stockholm, 1915. Le Mercure de Suède est également mentionné dans Lundstedt B., Sveriges periodiska litteratur, Stockholm, 1895 et 1969, t. I, p. 78-79 (où l'on dit, à tort, qu'il n'existe aucun exemplaire de ce périodique à la B.R. de Stockholm).

Historique

L'idée de publier un périodique a été proposée à C.C. Gjörwell, bibliothécaire du roi, par Gustave III lui-même. Gjörwell fut très touché par la proposition du roi. Aussi commence-t-il le premier numéro de son Mercure par une dédicace des plus flatteuses. La préface qui suit est du même ton: «La Suède étant arrivée à cette Période glorieuse, qui commence avec le règne de Gustave III; il est juste, que le reste de l'Europe ait une relation autentique et suivie de ce qui se passe sous un Prince, qui s'est attiré déjà l'admiration des plus illustres Nations, et les éloges des Auteurs Etrangers; éloges qui ne Lui sont acquis que par les plus excellentes qualités et par les plus grandes Vertus». Gjörwell se veut l'historiographe du Roi. Il précise ses intentions, son programme. Il est heureux et fier de la confiance qui lui a été montrée. Mêlé à la fierté il y a pourtant en lui-même un sentiment de défiance, qui s'avérera par le temps justifié mais qui s'exprime ici comme une humilité seyante:

«Je me suis chargé de faire le recueil de Mémoires du Regne de Gustave III. Je me propose de placer ces Memoires en partie dans un Journal François sous le titre de Mercure de Suede; afin que le reste de l'Europe ne soit dépourvu de la connoissance détaillée de ce qui regarde ce Regne.

C'est la plume nationale, qui peut donner l'autenticité à des evenemens, qui passent dans son Pays.

Les Affaires Politiques et Literaires auront place dans ce Journal. On s'attachera sur tout aux plus remarquables et à celles, qui interessent le plus la curiosité des étrangers; mais autant qu'on tachera de contenter le Public par le choix du sujet; autant on se trouve obligé de demander son indulgeance à l'égard du style. Un Journal ecrit en Suède par un Suédois ne saurait se distinguer par cette pureté de langue, dont un Savant François sait orner ses ouvrages. L'Objet de ce Journal n'étant pas d'enrichir la Litterature Françoise, mais d'offrir un recit veritable de ce qui se passe dans un Royaume, qui tient un rang si distingué dans l'Europe, on se flatte que le Critique équitable s'attachera moins au fautes de langage qu'au sujet».

Sous la rubrique de «Nouvelles Politiques», Gjörwell raconte ce qui se passe à la Cour, les déplacements du Roi et les visites qu'il a rendues; il note le nombre de morts et de naissances de l'année précédente; il cite quelques discours politiques et rend compte des délibérations du sénat et de la diète, etc.

Sous la rubrique des «Nouvelles littéraires», il donne la traduction, en prose, de La Bonta, Canto per i Funerale d'Adopho Frederico, Re di Svezia, poème par l'abbé Michelessi, publié à Stockholm en 1771 et dédié au comte de Vergennes; il cite un Discours, prononcé dans la Séance Publique de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres à Berlin; en présence de S.M. la Reine Mere de Svede [...] par M. Formey, professeur, secrétaire perpétuel...; il imprime, répartie sur plusieurs numéros, une Histoire de l'Académie Royale des Sciences,par M. Sandel.

C'est son compte rendu de la session de l'Académie royale des sciences du 5 février 1772, publié au n° V du Mercure, qui devient fatal à Gjörwell. Gustave III assista à cette séance de l'Académie, dont il était le protecteur depuis l'automne précédent. La séance commença par un discours adressé au Roi par le président de l'Académie et suivi de la réponse du Roi. En traduisant cette réponse en français, Gjörwell, ou celui qu'il avait engagé pour le faire, défigura le discours du Roi d'une manière si flagrante que, peu de temps après, il dut renoncer à son entreprise journalistique. Le numéro VI du 7 mars fut aussi le dernier. Voici la traduction du discours du Roi:

«Les travaux de l'Academie sont si utils au Public et les lumieres de ses Membres donnent au Royaume tant de lustre, que ses titres sont suffisantes pour meriter ma bienveillance.

Le choix que l'Academie vient de faire en me nommant son Protecteur, me donne l'occasion de connoître plus au fond l'utilité que la Patrie tire de ses travaux.

Par ma presence à Vos deliberations je tacherai d'acquerir des nouvelles lumieres, de ranimer par mon example les Sciences utiles que vous cultivez avec tant de succès, et par mes efforts de vous protéger, contre toute attente, en cas que vous fussent un jour exposés à des adversités, compagnes ordinaires du génie, de l'honneur et de la pureté des mœurs, que l'ignorance et l'envie tiennent en gâge.

Je vous assure tous et chacun de ma faveur et de ma bienveillance Royale».

Celui qui fut à l'origine de la cessation du journal était sans aucun doute le comte Carl Fredrik Scheffer, dont la lettre suivante, adressée au Roi le 23 mars 1772, aura été décisive:

«Sire,

Je sais que tout ce qui a raport aux arts et aux lettres est pour Votre Majesté un amusement plutot qu'un travail, et je ne me fais par conséquent aucun scrupule d'interrompre pour un moment ses occupations serieuses et importantes par quelques representations qui veritablement ne sont ni importantes ni trop serieuses. Il s'agit, Sire, de denoncer au tribunal de votre gout éclairé un ouvrage qui choque tous les principes du gout, et qui, paraissant fait uniquement pour les pays etrangers, couvre notre nation d'un ridicule, dont elle n'a que faire dans un tems surtout où, par tant d'autres endroits, elle se livre elle meme à leur mepris. Votre Majesté voit peut-etre deja que je veux parler ici du Mercure de Suede, qui a l'honneur de se dire dedié à Votre Majesté Elle meme. J'avois prié M. Gjörwell, lorsqu'il m'en a montré la première feuille, de faire revoir les feuilles suivantes par quelqu'un qui sçut au moins les regles de la grammaire françoise; puisque je lui fis observer que l'aveu qu'il avoit fait dans la preface pouvoit bien faire excuser le defaut d'elegance dans le stile, mais n'etoit pas suffisant pour faire passer les contresens, les expressions inintelligibles, les fautes grossieres contre les premieres regles de la diction. Malgré cela M. Gjörwell a continué de nous donner des feuilles plus mauvaises les unes que les autres, et la dernière a couroné l'œuvre par une traduction du beau discours que Vre Maj a tenu dans notre Academie, par laquelle ce morceau d'une eloquence vraiment sublime est devenu un chef dfœuvre de nonsens et de ridicule: et par mes efforts de vous proteger, contre toute attente, en cas que vous fussent un jour exposés à des adversités, compagnes ordinaires du génie, de l'honneur et de la pureté des mœurs, que l'ignorance et l'envie tiennent en gage. Voilà, Sire, ce qu'on a fait dire à Votre Majesté; j'ose la suplier de prononcer si jamais un tel galimatias a deshonoré quelqu'ouvrage de litterature meme parmi les Hottentots! Que diront les nations eclairées, quand elles verront que les discours de Vre Majté sont ainsi defigurées dans la Capitale et sous ses propres yeux? L'idée du Mercure est de faire connoitre aux etrangers notre litterature, mais il vaudrait mieux mille fois qu'elle leur demeurat inconnue à jamais, que de la leur produire sous un masque si difforme et si avilissant. J'implore donc la justice de Vre Maj et son amour pour la gloire des lettres suedoises, afin qu'elle daigne faire defendre à M. Gjörwell la continuation de son Mercure, à moins qu'il ne trouve quelqu'un qui sache et qui veuille corriger ses feuilles avant qu'elles paroissent. Surtout il serait necessaire qu'il desavouat la traduction du discours de Vre Maj et qu'il en fit publier une autre moins disssemblable de son admirable original. Il y a tant de gens à Stockholm qui savent le françois assés pour ne pas dire qu'on tient l'ignorance et l'envie en gage, que M. Gjörwell ne doit pas etre embarrassé de trouver un traducteur plus habile que celui dont il s'est servi. Je m'aperçois que j'ai fait tort à celui ci, et que ce sont l'ignorance et l'envie qui tiennent en gage le genie etc. ce qui n'est assurement pas plus comprehensible. D'ailleurs on n'a jamais entendu parler de titres suffisantes, ni de Membres d'une Academie qui donnent du lustre au Royaume; on ne dit pas non plus connoitre plus au fond. En un mot, il y a autant de betises que de lignes dans cette barbare traduction. C'est pour cette fois ci que je fais le metier de delateur, je l'avoue; mais le moyen de ne pas perdre toute moderation quand on voit les ouvrages du genie devenir par des mains sacrileges des ouvrages de la plattitude la plus revoltante!

Je serois fort heureux si Votre Majesté pouvoit recevoir cette denonciation litteraire au sortir de quelque conversation impatientante sur nos tristes affaires publiques; elles serviroit peut-être à faire rire Vre Maj un petit instant, et rire surtout de ma mauvaise humeur sur un si petit objet.

Je suis avec une soumission sans bornes

Sire

De Votre Majesté Le très humble, très obéissant et très fidele serviteur et sujet

Carl Fr. Scheffer

Töresö

23. Mars 1772».

Auteur

Titre indexé

MERCURE DE SUÈDE

Date indexée

1772

GAZETTE FRANÇAISE DE STOCKHOLM

0565
1781

Titre(s)

Gazette Françoise de Stockholm.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

2 mars – 24 décembre 1781. Bihebdomadaire paraissant le mardi et le vendredi, puis, à partir du 17 septembre, le jeudi.

Description de la collection

Un volume de 350 p., regroupant 86 livraisons de 4 p. chacune, 205 x 255, in-4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Stockholm, chez J.C. Holmberg, puis chez Charles Stolpe.

Imprimeur: Johan-Christopher Holmberg jusqu'au 11 octobre; à partir du 15 octobre, la Gazette est imprimée par Charles Stolpe, mais le libraire fut toujours Holmberg. Prix de l'abonnement: 1 rixdaler 16 schellings; prix du numéro: 1 schelling. Le 17 septembre, les lecteurs sont avertis que le prix de souscription sera de 24 schellings pour les 29 numéros de l'année qui restent à livrer, et que l'on pourra acheter la Gazette séparément au prix de 1 schelling 3 «runstycken» (ou rundstycken) [1 rixd.: 48 sch.; 1 sch.: 12 rst.]. Si la Gazette avait continué de paraître, le prix de souscription annoncé était de 2 rixdaler pour l'année. «Le nombre d'acheteurs, y compris les Souscripteurs, n'a pas surpassé de beaucoup les 200...» (Avertissement du 13 déc).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pehr RUDIN.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Surtout les nouvelles politiques de l'étranger.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.R. Stockholm, Sv. Saml. Tidskr. 77 A; B.U. Uppsala, Sv. Tidning (Stockholm); B.U. Lund, Tidsdr. Sv.

Bibliographie

Mention dans Stockholms Posten,1781, passim. – Ek S., Skämtare och allvarsmän i Stockholms Postens första ǻrgǻngar, Malmö, 1952. – Johansson J.V., «Journalisten Pehr Rudin», dans Studier tillägnade Otto Sylwan, Göteborg, 1924.

Historique

Le 2 mars 1781, le journal suédois Stockholms Posten annonça à ses lecteurs (traduit par nous):

Pour le plaisir de ceux qui désirent un compte rendu exhaustif de tous les événements politiques, et au profit de ceux qui, tout en s'informant de ce qui s'est passé dans le monde, veulent se perfectionner en français, on a l'intention de publier tous les mardis et les vendredis un journal français de 4 p. in-quarto, intitulé Gazette Françoise de Stockholm. Le rédacteur promet de faire tout son possible pour que toutes les dépêches originales importantes et toute autre nouvelle d'un intérêt quelconque paraissent dans ce journal, mais il en exclura tout ce qui, dans les grands journaux, ne sert que de remplissage. Comme on sera obligé de faire venir par la poste un grand nombre de gazettes étrangères pour en extraire des nouvelles et que la Gazette sera imprimée en caractères «corpus» et sur papier de bonne qualité, le prix de chaque numéro ne pourra être inférieur à 1 schelling; mais ceux qui payeront 1 rixdaler 16 schellings en souscription, recevront 86 numéros, c'est-à-dire le nombre total de la première année. Que Messieurs les souscripteurs daignent permettre que leurs noms soient publiés. Le premier numéro de ce journal paraîtra ce soir à 5 heures.

Ainsi, le vendredi 2 mars 1781 à 5 heures du soir, parut chez l'imprimeur-libraire Johan Christopher Holmberg, le premier numéro de la Gazette française de Stockholm. Le rédacteur et le fondateur en était Pehr Rudin (Petrus Jonae Rudin) (1733-1793). Fils d'un chapelier de Karlstad, ville située au nord du lac Vänern, il fit ses études à l'université d'Upsal, où il passa sa licence en 1758. Cinq ans plus tard, il quitta la Suède, endetté, et s'installa à Copenhague. En 1766, parut dans cette ville un hebdomadaire intitulé Den Danske Proteus (Le Protée danois). Selon toute probabilité, Rudin était l'auteur de ses 23 premiers numéros, c'est-à-dire d'environ la moitié de ce périodique, qui, d'ailleurs, ne fut guère un succès. L'année suivante, nous retrouvons Rudin en Suède, et plus précisément à Stockholm, en train de publier quatre petits ouvrages économiques. En 1777, Rudin édita sans beaucoup de succès un périodique suédois intitulé Vitterhets Journal (Journal des belles-lettres). Il y publiait des comptes rendus de poèmes suédois et étrangers, des traductions, d'Horace et de La Fontaine surtout, des causeries et des récits, des lettres enfin, inspirées des Lettres persanes.

L'année 1778 vit éclore un journal qui devait jouer un rôle important dans la vie culturelle suédoise du XVIIIe siècle finissant. Son nom était Stockholms Posten. Au cours des années 1778-1788, Pehr Rudin y rédigea les nouvelles venues de l'étranger. Sa méthode consistait à extraire et à résumer, en le traduisant, ce qu'il y avait de plus intéressant, d'un grand nombre de journaux étrangers. L'espace donné à ces nouvelles était cependant assez restreint, et c'est sans doute pourquoi Rudin eut l'idée de présenter au public francophone un exposé moins sommaire de ce qui se passait sur le plan international. Il désirait certainement tirer profit des amples matériaux dont il disposait. On trouve, en effet, un nombre considérable de journaux étrangers cités dans la Gazette française de Stockholm. En voici quelques-uns: la Gazette de Londres, la Gazette de France, le Courrier de l'Europe, la «Gazette de la Jamaïque», Le Politique Hollandois, la «Gazette de Madrid», la «Gazette de Philadelphie», la Gazette Anglo-française, le Courrier du Bas-Rhin, la Gazette de Leyde, le «Journal de Pennsylvanie», la Gazette des Tribunaux, la Gazette extraordinaire de Londres.

Le contenu de la Gazette française de Stockholm est dominé par les nouvelles politiques. Rudin suit ce qui se passe partout dans le monde, en Angleterre, sur le Continent, en Turquie, aux deux Amériques, aux Indes, et, il ne faut pas l'oublier, sur les mers. L'attention des lecteurs est dirigée vers les endroits où se sont livrées les grandes batailles, où sont discutées les questions les plus brûlantes, où sont prononcés les discours les plus éloquents et où ont été pris les arrêts vraiment décisifs. Il s'agit par exemple du blocus de Gibraltar, de la médiation de la Russie entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, de la convention de neutralité-armée entre les trois «Puissances septentrionales» (c'est-à-dire le Danemark, la Suède et la Russie) et la Hollande, de la guerre en Amérique du Nord, des mouvements des marines anglaises, françaises et autres, des grands débats aux Communes. Le Compte rendu au roi par Mr. Necker, directeur-général des Finances, au mois de janvier 1781, imprimé par ordre de Sa Majesté, est cité en entier. Dans un supplément de 6 p. au n° IX, Rudin reproduit in extenso un Contre-manifeste adressé à la Grande-Bretagne par les Etats-Généraux des Pays-Bas.

Les nouvelles littéraires trouvent place dans la Gazette à condition, semble-t-il, qu'elles touchent à la politique. Tel est le cas du Prospectus d'une édition complète des œuvres de M. de Voltaire, avec les caractères de Baskerville,cité en extrait au n° XIV. Beaumarchais, apprend-on au numéro suivant, a été mandé au Parlement à cause d'une accusation portée contre ce prospectus, et aux n° LI et LVII le rédacteur publie dans toute son étendue le Mandement par Le Franc de Pompignan, archevêque de Vienne, concernant les Œuvres de Voltaire. Tel est aussi le cas du Réquisitoire de Mr. l'avocat-général Séguier, contre l'histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, par Guillaume-Thomas Raynal, imprimé dans toute sa longueur mais réparti sur plusieurs numéros. Tel, enfin, est le cas de cette brève notice, imprimée au n° XXXV et où figure anonymement L.-S. Mercier: «Le Gouvernement [français] vient de faire saisir un grand nombre d'Exemplaires d'un Ouvrage en 2. Volumes in-8: vo intitulé: Le Tableau de Paris. Cet imprimé, qui s'attribue à l'Auteur de l'An 2240. est fort hardi et piquant. Un Particulier de Lausanne [l'éditeur du Tableau de Paris], qui en avoit porté ici l'Edition, a été conduit à la Bastille ». On apprend quelques semaines plus tard l'heureux dénouement de cette affaire, Mercier s'étant présenté devant la police pour sauver l'éditeur emprisonné, qui n'avait pas voulu révéler le nom de l'auteur. La poésie est presque absente de la Gazette. Quelques vers panégyriques sur Necker font exception.

Les événements littéraires sont tous datés de Paris. Paris –capitale des belles-lettres, oui bien sûr, mais aussi celle des beaux-arts, et voilà que Rudin insère, réparti sur trois numéros consécutifs, un compte rendu de l'Exposition des Peintures, Sculptures et Gravures de MM. de l'Académie Royale au Salon du Louvre, le 25 Août 1781.

Les faits divers et les anecdotes font presque défaut dans la Gazette française de Stockholm. Peut-être Rudin considère-t-il ces deux genres comme du remplissage pur et simple. Quand il lui reste de l'espace à la fin d'un numéro, il prend l'occasion d'y faire imprimer de petites notices placées sous le titre commun de «Divers Articles de nouvelles inventions dans les arts». On trouve ici des sous-titres tels que «Glaces discretes», «Boetes à réveil portatives», «Miroirs concaves», «Maniere de conserver l'eau douce sans altération dans les voyages de long cours», «Bottes et souliers sans couture», «Recette contre les punaises et les fourmis». A part les articles de ce genre, qui touchent évidemment à la publicité, les annonces à proprement parler sont rares. En voici cependant deux exemples: au n° XXXIX, daté du 13 juillet, on lit: «J.C. Holmberg, Imprimeur-Libraire, vient de recevoir de Paris et débite actuellement quantité de Livres François, dont on distribuë le Catalogue dans sa Boutique.» Et au n° LXXVIII, daté du 26 novembre, on apprend: «Louis Cesar Loriot, Coeffeur de Dames fait et Vend des boucles de cheveux, des faux chignons, des tours et des toques, et généralement, tout ce qui concerne la Coeffure des Dames. Il tient aussi classe pour faire des Eleves. Sa demeure est sur la place du nord au premier étage dans la maison de Mr. Devels, au coin de Fridsgatan. Il offre ses services au Public».

L'entreprise de Pehr Rudin (tout porte à le croire) était sérieuse, on serait tenté de dire trop sérieuse. Malgré le soutien apporté par Stockholms Posten, qui, presque régulièrement, annonçait non seulement la date mais aussi l'heure de la parution de la Gazette, Rudin ne réussit pas à gagner assez de souscripteurs. Il dit lui-même que le nombre d'acheteurs, y compris les souscripteurs, n'avait pas «surpassé de beaucoup les 200». Apparemment, il ne servait à rien que plusieurs d'entre eux fussent des gens en place et que leurs noms prestigieux aient été publiés dans Stockholms Posten. Un Avertissement d'un ton presque pathétique, présente la situation précaire aux lecteurs le 13 décembre. On dirait un cri au secours. Mais en vain. Le n° LXXXV, du 20 décembre, contient cette prière: «Les Personnes qui desireront cette Gazette pour l'année prochaine sont priées de souscrire au plutôt chez le Libraire J.C. Holmberg, afin qu'on ait le tems de faire les arrangemens necessaires, en cas que la Gazette puisse continuer». Et le dernier numéro, paru la veille de Noël, se termine par cette phrase laconique mais qui en dit long: «Si la Gazette continue N:o I. paroîtra le 3. Janvier».

Auteur

Titre indexé

GAZETTE FRANÇAISE DE STOCKHOLM

Date indexée

1781

GAZETTE DE STOCKHOLM

0528
1742
1758

Titre(s)

Stockholm. Gazette.

Les deux premiers numéros portent Stockholm / Avec Privilège / Gazette.

Les livraisons de l'année 1758 sont intitulées Gazette / de Suède.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

8/19 janvier 1742 – 7 mars 1758. Date du privilège: probablement fin 1741. Hebdomadaire; trois ou quatre jours après la publication d'un numéro (de 4 p. en général), paraissait un supplément (de 2 p.), de sorte qu'on pourrait parler de 104 livraisons par an. Il semble que les collections des années de la Gazette de Stockholm aient été reliées plus d'une fois. Ainsi l'Université d'Upsal possède toutes les années en 6 vol., mais l'année 1756 se répartit sur les vol. 5 et 6. A Göteborg se trouvent 5 volumes, mais il y a lieu de croire que les années qui y manquent ont formé plus d'un volume.

Description de la collection

Cahier: 150 x 210, in-4°. Illustrations: voir historique.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Stockholm. Editeurs: Peter Momma, puis Jakob Röding. Imprimeurs: Peter Momma, directeur de l'Imprimerie royale, puis Petter Jöransson Nyström. Pour souscrire on pouvait s'adresser aux éditeurs; depuis le début de l'année 1753, on trouvait des billets de souscription à la Bibliothèque royale, à l'imprimerie de P.J. Nyström «dans l'hôtel Torstenson sur le marché du faubourg de Nord», ou dans la librairie de L. Salvius, «ruë Vestra lang-gatan»; au début de l'année 1756 chez Jean Crés, «Marchand, sur le Pont du Nord», et à partir du 20 juillet 1756 chez le marchand-chapelier Jean Clarin (Clarén), dans la «Storkyrkobrinken», et vers la fin de l'année 1757, on ajoute «dans tous les bureaux de postes de Suede et des pays étrangers». Pour le prix et le nombre des abonnés, voir historique.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur: Peter MOMMA. Auteurs et directeurs successifs: Peter Momma, 1742-1752; Jakob Röding, 1753-1758.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: des nouvelles suédoises et étrangères; des actes publics.

Contenu réel: 1) Des nouvelles politiques de toute l'Europe et même de pays plus éloignés; des copies ou des extraits de traités, de discours, de lettres, de mémoires scientifiques; le lieu de provenance et la date servent de titre; des nouvelles de Suède; 2) A partir du n° XLVI de l'année 1745, on donne, avec certaines interruptions, des nouvelles littéraires; 3) De la publicité.

Les années 1742 et 1743 contiennent chacune une Table des actes, mémoires, traités et autres pièces qu'on trouve dans la Gazette de Stockholm ainsi qu'une Table alphabétique des noms et matières...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.U. Uppsala, Sv. tidning Stockholm; B.R. Stockholm, Tidning äldre (Stockholm): 14 janv. 1743 – 26 déc. 1746, 2 janv. – 14 août 1747, 2 janv. 1748 – 20 déc. 1750, 3 janv. 1752 – 7 mars 1758; MfB 64: 1-2, sur microfilm: 8 janv. 1742 – 21 déc. 1744, 26 juin 1747 – 30 déc. 1748; B.U. Lund, Tidn., Sv.: n° 4, 1744, n° 38-39, 1745; B.U. Göteborg, Tidn. Sv. [Stockholm]: 1742-1743, 1746-1749, 1752-1755; B.U. Helsinki, P-3122: n° 23 suppl., 1753, n° 7-10, 12-18, 20, 21 suppl., 23-37, 39-42, 43 suppl., 44 suppl., 45-53, 1757. n° 1-2, 5-6, 1758.

Bibliographie

Sylwan O., Svenska pressens historia till statshvälfningen 1772, Gleerupska Universitets-bokhandeln, Lund, 1896, p. 113-117.

Historique

La Gazette de Stockholm est le plus important des périodiques édités en français en Suède au XVIIIe siècle. Malgré l'échec essuyé en éditant le Mercure historique et politique, Peter Momma ne renonça pas à ses projets journalistiques. En septembre 1741 (deux ans après la disparition du Mercure) il demanda au Conseil royal de la Chancellerie la permission de publier une revue française. Le privilège lui fut concédé, ce qui dans ce cas impliquait que dans le nouveau journal les articles qui concernaient l'étranger ne seraient pas soumis à la censure; seuls les articles qui portaient sur la Suède devaient être examinés par deux membres du Conseil. Le premier numéro de la Gazette de Stockholm parut à la date du 8-19 janvier 1742. La datation fut «double» jusqu'au 16-27 février 1753. Le numéro suivant porte la date du 2 mars; c'est que le calendrier grégorien venait d'être introduit en Suède.

Peter Momma rédigea d'abord lui-même la revue avec l'aide de sa femme, Margareta von Bragner. Vers la fin de 1748, au plus tard, la rédaction fut confiée à Jakob Röding, employé à la Bibliothèque royale et depuis 1743 précepteur chez Momma. Lorsque, en décembre 1752, Momma refusa de continuer l'édition, l'économie du journal se trouvant dans un état précaire, Röding s'adressa au Conseil royal de la Chancellerie pour solliciter une subvention. On lui accorda la permission de se servir des journaux étrangers auxquels le Conseil était abonné; ce fut tout. Ce nonobstant, Röding assuma seul la direction et sous son égide la Gazette continua à paraître jusqu'en février 1758. Sylwan (p. 116) se demande comment cela était possible (Röding recevait-il des subsides français?). Toujours est-il que les obstacles économiques subsistaient ou plutôt allaient s'aggravant, et en 1757 l'imprimeur, Peter Jöransson Nyström, poursuivit Röding en justice pour des dettes non payées. Ce fut le coup de grâce.

A l'origine de la crise financière était sans doute le fait que la Gazette n'avait jamais réussi à trouver ni assez d'annonceurs ni assez d'abonnés. Ainsi, en 1752, les abonnés étaient au nombre de 100, les recettes étaient de 2400 Dalers monnaie de cuivre et les dépenses s'élevaient à 3000 Dalers. Le prix de souscription qui, dans les années 40, avait été de 15 Dalers, fut augmenté à 24 Dalers à partir de 1751. Le prix d'un numéro isolé fut en même temps augmenté de 8 à 10 s. (à la fin du n° XIII de l'année 1746, on dit en note: «Une Daler Copermynt [monnaie de cuivre] vaut un peu plus d'onze sous, Monnoie de France; et une Daler Silvermynt [monnaie d'argent] vaut environ 34 sous»).

L'entreprise de Peter Momma était ambitieuse aussi bien pour la forme que pour le contenu. Momma avait pris pour modèle les gazettes françaises éditées en Hollande. Il s'intéressait particulièrement aux détails typographiques. Dès le début la typographie du journal était soignée, mais, au n° LII de l'année 1746, le rédacteur, qui recherchait apparemment la perfection, avertit ses lecteurs «que pour l'impression de cette Gazette on a fait fondre un Caractère tout neuf, dont on commencera à se servir à l'entrée de l'année qui vient». Le titre de chaque numéro portait dans son centre un écu représentant trois petites couronnes encadrées de feuilles et surmontées d'une plus grande couronne fermée. Cette vignette subissait avec le temps des modifications. Jusqu'au n° III, 1746, les initiales des numéros et des suppléments étaient enluminées. L'enluminure des numéros représentait une étoile rayonnante entourée d'une espèce de couronne ou de guirlande de feuilles dans un carré mesurant 22 x 22 mm, celle des suppléments un ange soufflant dans une trompette et se détachant sur un fond de ciel, le tout dans un carré mesurant 34 x 34.

Le premier numéro commence par cette déclaration: «Comme c'est ici la première Gazette en langue françoise qui s'imprime en Suede, on a cru devoir avertir le Lecteur, qu'on s'attachera principalement à rapporter les nouvelles des Villes, Païs et Provinces de ce Royaume; qu'on n'omettra point celles des Païs étrangers; qu'on insérera les actes publics, autant qu'il sera possible comme la vérification des faits, et qu'on s'eforcera scrupuleusement à convaincre le Public d'une fidélité et impartialité entiere dans les recits; A la fin de l'année on fera à cette Gazette une Table des matières, afin qu'on puisse avec facilité retrouver les Actes, Noms et Faits qu'on y aura rapportés». Contrairement à ce que porte à croire cette déclaration, ce sont les nouvelles de l'étranger qui dominent. Elles sont datées non seulement de l'Europe, mais de l'Afrique, du Proche-Orient, des Indes et de l'Amérique. On relate des événements divers, on donne des copies, en extraits ou in extenso, de traités, de discours, de lettres, de mémoires scientifiques. Les nouvelles suédoises, qui sont placées après celles de l'étranger, concernent la Cour, l'armée et les régiments, les promotions, le marché des changes, le théâtre, parfois aussi ce qui se passe en province. La publicité touche une gamme de denrées et de services extrêmement variée. On offre du vin, du tabac, des eaux de senteur, des viandes salées et sèches, des instruments de musique, des livres, des estampes, des soins dentaires et médicaux, des leçons de français, des maisons, des chevaux à carosse...

Vers la fin de 1745 une rubrique littéraire est introduite (n° XLVI, 22 nov. – 3 déc): «On donnera à l'avenir, le Vendredi de chaque Semaine avec le Supplément de cette Gazette, un feuillet de nouvelles literaires de tous les Païs, et l'on en fait le commencement aujourd'hui. Cette addition coûtera par an, à compter du 1er janvier 1746, cinq Dalers monnoye de Cuivre outre le prix ordinaire de la Gazette; [...]». Sous le titre de Livres Nouveaux etc., on présente ainsi des titres de livres récemment publiés, des comptes rendus et des extraits. Le 20/31 décembre 1745, on y trouve même «Le programme de l'Académie des Sciences de Dijon». Après quelques années ces nouvelles disparaissent pour revenir en 1754 sous le titre de Nouvelles littéraires.

Les principes qui ont guidé les rédacteurs de la Gazette sont la vérification des faits, la fidélité et l'impartialité dans les récits. Les promesses données dans la déclaration citée ci-dessus, ont été répétées et renforcées au début de l'année 1753, lorsque Jakob Röding avait succédé à Momma comme rédacteur. On lit sous la date du 12/23 janvier: «Nous serons plus attentifs que jamais, à rendre cette Gazette interessante, et à y faire regner une agréable variété: Aucun genre de nouvelles n'en sera exclu; Cependant on apportera un soin particulier à celles qui auront du raport à la politique et à l'histoire du tems. Dans cette vuë, on tâchera toujours de vérifier les faits, autant que faire se pourra, par les Actes publics et des pièces authentiques, de-sorte qu'on aura ici rassemblé ce qui est dispensé dans les principaux Journaux et Nouvelles étrangères. En un mot, rien ne sera oublié de tout ce, qu'on croira pouvoir contribuer toutes les semaines en quelque chose à l'instruction et à l'amusement des Citoyens».

Il faut donc caractériser d'accident la publication de l'histoire suivante qui termine le supplément au n° XXXV de septembre 1749: «On apprend de Nyköping en Jutlande, que des pêcheurs de Haardbor avoient pris dans leurs filets, le 11 de ce mois, une Sirene, animal fort remarquable, dont la partie supérieure du corps a beaucoup de ressemblance avec le corps humain, et l'intérieure avec un poisson. Sa couleur est un jaune grisâtre, ses yeux à demi fermés, avec de longs crins noirs, et les doigts joints par la chair qui croit entr'eux, à peu près comme les pattes des canards. Cet animal marin a attiré beaucoup de monde au lieu, et éveillé la curiosité du public, étant regardé comme un Monstre à cause de sa rareté. Il y a bien des années qu'on n'en a vu dans ces mers septentrionaux...». Quelques semaines plus tard, la nouvelle est démentie: «L'apparition d'une Sirène à Nyköping en Jutlande, dont on fit tant de bruit il y a environ quinze jours, est un de ces contes, inventés à plaisir pour abuser de la curiosité du public, toujours avide de merveilles et de recits surprenans. La Gazette de cette ville revoque aujourd'hui elle même cette prétendue nouvelle, qui étoit d'autant plus propre à séduire, qu'elle étoit revetuë de toutes les circonstances qui caractérisent une Relation authentique».

Ceci était une exception. L'impression générale de la Gazette de Stockholm est celle d'une publication faite avec un grand sérieux et avec beaucoup d'énergie et de vitalité, où l'on a voulu présenter les nouvelles vraiment intéressantes et importantes aussi exactement que possible, et, il faut l'ajouter, aussi vite que possible: la Gazette se vendait à Stockholm dès le lendemain de l'arrivée du courrier. La rédaction avait également soin qu'elle soit distribuée sans délai en province, ce dont témoigne cette notice du 8 juin 1753: «NB. Il est bon d'avertir ceux de nos lecteurs, qui demeurent dans les provinces, que si ces Gazettes ne leur parviennent pas régulièrement tous les ordinaires, ce n'est nullement nôtre faute, la Gazette étant toûjours distribuée à l'heure fixée».

La Gazette de Stockholm vécut quinze ans. En comparaison avec d'autres publications du même genre, c'est déjà beaucoup. On peut évidemment regretter qu'un périodique de cette qualité n'ait pu survivre plus longtemps. Il faut cependant se rappeler que bien que le français fût au XVIIIe siècle la langue de tous ceux qui se voulaient civilisés, la nation suédoise était peu nombreuse et ceux qui parlaient ou lisaient le français en Suède faisaient une minorité très restreinte, même si l'on y inclut les quelques Français habitant dans le pays. Ce qui peut avoir restreint le nombre des abonnés éventuels encore plus, c'est le fait que la vie politique suédoise était dominée par la rivalité de deux partis, «Mössorna» (les Bonnets) et «Hattarna» (les Chapeaux). Les Chapeaux étaient soutenus par le gouvernement français. En rapportant les événements politiques français, la Gazette de Stockholm, malgré son impartialité affichée, tend à prendre parti pour le gouvernement contre les parlements, ce qui porte à supposer, comme le fait Sylwan (p. 114-115), que la Gazette avait des rapports avec les Chapeaux. Cette hypothèse est appuyée par le fait qu'un des Chapeaux, le chancelier des Universités, Palmstierna, conseillait la lecture de la Gazette dans les universités. Si, donc, les Chapeaux étaient favorables à la Gazette, les Bonnets l'étaient probablement moins.

C'était par conséquent auprès d'un public très limité en nombre que la Gazette de Stockholm pouvait espérer trouver des lecteurs et des abonnés. Dans ces conditions, les quinze années nous paraissent une période de survie plutôt considérable.

Auteur

Titre indexé

GAZETTE DE STOCKHOLM

Date indexée

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