JOURNAL DE L'AGRICULTURE

0650
1765
1774, 1778-1783

Titre(s)

Journal de l'agriculture, du commerce et des finances (juil. 1765 - déc. 1768).

Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances (janv. 1769 - déc. 1771).

Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances par M. l'abbé Roubaud (janv. 1772 - déc. 1774).

Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances (1778).

Journal d'agriculture, commerce, finances et arts par une société de gens de lettres (1783).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

48 volumes publiés de juillet 1765 à décembre 1774; 24 vol. de janvier 1778 à décembre 1783 (en fait 16 vol., car 1778-1779 manquent à la B.N.)

Extension du privilège de la Gazette du commerce prospectus commun à la Gazette d'agriculture, du commerce... et au Journal, avril 1765 (le Journal est présenté comme le «supplément» de la Gazette).

Périodicité mensuelle (le 15 de chaque mois); 12 livraisons par an, 4 vol. par an.

Datation des volumes: 1765 (au dos: t. I, II, III); 1766 (t. I à IV) et de même jusqu'en 1774; 1778 et 1779 ont paru mais sont absents de la collection étudiée; 1780 (I à IV) et de même jusqu'en 1783.

Description de la collection

Chaque volume relié porte au dos les n° I à III pour 1765, I à IV pour chacune des années suivantes; chaque volume relié comporte trois «parties» correspondant chacune à un mois; jusqu'à la fin de 1766, les volumes ou tomes portent une numérotation continue sur la page de titre (t. I à III pour 1765, t. IV à VII pour 1766); à partir de janvier 1767, il n'y a plus d'indication de tomes ni de parties sur les pages de titre, seulement le mois et l'année.

T. I: VI + 183 (juil.) + 185 (août 1765) + tables. T. II: XLII + 197 (sept. 1765) + 204 et table (sept.), deux parties portant la même date, la seconde a été distribuée avant la première qui constitue un «Journal extraordinaire». T. III (oct.-déc. 1765): 197 + 215 + 201; chaque volume est ensuite constitué de 3 parties (mois) comportant entre 192 et 215 p. (à peu près régulièrement 192 p. à partir de 1768); en 1783 les parties (mois) n'ont plus que 142 ou 146 p.

Cahiers de 24 p. in-12, 93 x 167.

Devise: Virium luctatione fortior (à partir de janvier 1766). O sua si bona norint! (à partir de janvier 1767).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris; «Knapen, au bas du Pont S. Michel»; «Knapen et fils, Imp.-libraires» (en 1780).

En 1765, l'abonnement coûte 18 £ (24 £ avec la Gazette, on souscrit auprès de «Dufresne, directeur du bureau de la Gazette d'agriculture, de commerce et de financerue Traversière»; en 1772, l'adresse est: «Bureau royal de correspondance générale, rue des deux portes St. Sauveur»; en 1780, au bureau du Journal général de France, rue des Bourbonnais, à la Couronne d'or; en 1783, ce même bureau est rue Neuve Saint-Augustin.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondation favorisée par le contrôleur général L'Averdy.

Pierre Samuel DU PONT (sept. 1765 - nov. 1766); Claude YVON; DE GRACE (déc. 1766 - 1770); Pierre Joseph André ROUBAUD (juin 1770 - déc. 1774); Hubert Pascal AMEILHON (1778 - 1781); abbé de FONTENAY (1782 - 1783).

Collaborateurs réguliers: en 1765-1766, Letrosne (signature M), Quesnay (signature H ou N), Mirabeau (signature F), Du Pont (signature C), Le Mercier de La Rivière (signature G), P J. Roubaud et peut-être son frère Joseph Marie.

Collaborateur occasionnel: Abeille.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Selon le prospectus d'avril 1765, le Journal doit être consacré «aux vues générales et aux principes» et servir ainsi de supplément à la Gazette qui «exposera les faits»; à partir de septembre 1765, Du Pont entend le faire servir à la diffusion de la «science économique»; en 1780, Ameilhon souhaite en faire «une espèce de bibliothèque» présentant, à côté des livres nouveaux, des ouvrages anciens peu connus ou restés manuscrits.

De 1765 à 1770, les rubriques Agriculture, Commerce et Finances sont consacrées à des exposés doctrinaux, des discussions, des comptes rendus et extraits; également quelques mémoires techniques; à partir de juin 1770, quatre parties: recherches politiques; expériences pratiques; analyses raisonnées; annonces et avis.

Principaux centres d'intérêt: discussions économiques (prix des grains, libre concurrence du commerce, «grande et petite culture», etc.); exposés consacrés à la doctrine physiocratique (1765-1766) et critiques dirigées contre elle (1766-1770); problèmes coloniaux.

Principaux auteurs étudiés: Quesnay, Galiani, Forbonnais (1766-1770), Adam Smith (1780).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., S 19421-19583 (le vol. S 19533-19535 correspond au t. IV de 1774, oct-nov.-déc.; le vol. S 19536-19538 correspond à janv.-févr.-mars 1780).

Bibliographie

B.H.C. ; H.P.L.P.; H.G.P. ; D.P. 2, art. «Ameilhon», «Bénézech», «Du Pont», «Roubaud».

Réimpression partielle, Milan, 1970.

Mentions dans la presse du temps: Prospectus d'avril 1765, en tête du vol. 1765 de la Gazette du commerce;Gazette d'agriculture, 22 nov. 1774 (p. 750), supplément du 2 nov. 1777 (p. 721). — Schelle G., Du Pont, Paris, 1888. — Weurlesse G., Le Mouvement physiocratique en France (1756-1770), Paris, 1910. Dufresne, H., Erudition et esprit public en France au XVIIIe siècle. Le Bibliothécaire Hubert Pascal Ameilhon, Paris, 1962. — Economie et population. Les doctrines françaises avant 1800. Bibliographie générale commentée, INED, Paris, 1956.

Historique

Le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances est né en 1765 à l'instigation ou du moins avec l'appui du contrôleur général L'Averdy pour favoriser l'étude et la discussion des questions économiques. Il constitue une annexe mensuelle de la Gazette du commerce. Le plan en est tracé dans le prospectus commun aux deux publications (avril 1765). Les bureaux de l'administration et les sociétés d'agriculture sont invités à y collaborer. La préface du premier numéro annonce que le Journal est destiné à devenir «le dépôt le plus riche et les plus intéressant sur les matières économiques [...] pour former un corps de principes uniformes et certains sur l'agriculture, le commerce et les finances». Le Journal traitera également de questions techniques.

Dans les deux premières années, un mémoire de Le Trosne en faveur de la liberté du commerce côtoie des textes favorables à la réglementation traditionnelle. A partir de septembre 1765, le jeune Pierre Samuel Du Pont est chargé de la rédaction, probablement sur la recommandation de Trudaine. Le t. II de 1765 contient deux parties, toutes deux datées de septembre. La «seconde partie», qui a paru avant la première, constitue un «journal extraordinaire» dont la préface expose la méthode qui sera désormais pratiquée: «étant la suite et la conséquence de la Gazette,le Journal doit développer les principes de la «science économique». Il s'adresse à ceux qui cherchent «des inventions pour diminuer leurs travaux» mais surtout aux «personnes qui tiennent à l'administration et [aux] savants qui s'attachent à des études directement utiles à la Patrie en particulier et à l'Humanité en général». Du Pont rappelle les principes de la «science économique» (le «produit net») et annonce des débats. Le Journal va devenir en fait l'organe de l'école de Quesnay: le Docteur fournit de nombreux articles, ainsi que Mirabeau et Le Trosne; collaborent également Saint-Peravy, Le Mercier de La Rivière, Abeille, etc. Du Pont lui-même publie chaque mois des mémoires signés C (liste dans Schelle, p. 400-401) et annote de manière critique les articles qui divergent des vues de l'Ecole. Il traite des lois naturelles de l'ordre social (oct. 1765), de l'inutilité des règlements industriels et commerciaux, des prohibitions qui sacrifient les colonies aux intérêts des négociants français; il se prononce contre les principes populationnistes de d'Expilly (juil. 1766) et contre le gouvernement parlementaire à l'anglaise (févr. 1766). Très riche, le Journal est chaleureusement approuvé par Turgot (lettre du 20 février 1766). Cependant Du Pont est attaqué par les partisans de la réglementation animés par Forbonnais. En 1766, après le procès de La Chalotais, Du Pont refuse de prendre parti contre le Parlement de Bretagne et les propriétaires du Journal le congédient: le volume de novembre 1766 est le dernier dont il ait assuré la rédaction. Ce sont les Ephémérides du citoyen qui accueilleront désormais les écrits physiocratiques.

A partir de décembre 1766, le Journal, rédigé par l'abbé Yvon, se montre nettement hostile aux Economistes. Il publie des extraits des Essais sur le commerce de Hume (févr.-mai 1767), des Principes et observations économiques de Forbonnais (avril-oct. 1767), de la Théorie des lois civiles de Linguet (janv. 1768). Le tableau économique de Quesnay, Ordre naturel de Le Mercier de La Rivière, La Physiocratie de Du Pont, et les articles des Ephémérides y sont vivement attaqués et moqués. En février 1770, le Journal consacre aux Dialogues sur le commerce des blés de Galiani un article très favorable.

En juin 1770, l'abbé Pierre Joseph André Roubaud, chargé de la rédaction, publie un «Avis sur la nouvelle forme du Journal et de la Gazette de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances. Le Journal fera l'histoire des opinions en ces matières et sera ouvert aux discussions. Sur les problèmes tant politiques que pratiques, il s'efforcera de publier des textes originaux. Il comprendra quatre parties: 1) Mémoires et recherches politiques; 2) Vues pratiques, expériences; 3) Extraits et analyses raisonnées; 4) Avis, annonces d'ouvrages. En juin 1770, l'abbé donne des extraits de ses Récréations économiques dirigées contre les Dialogues de Galiani, mais il devra bien vite renoncer à défendre la liberté d'exportation et «les autres vérités économiques», ainsi qu'il le précise dans une lettre à Linguet publiée dans la Gazette du 22 novembre 1774 (p. 750). Cependant il publie des textes hostiles à l'appropriation des terres par les Européens dans les colonies (nov. 1771) et à l'esclavage, notamment sous forme d'extraits de son Histoire générale de l'Asie (janv. 1773). En décembre l'abbé Roubaud annonce la cessation du Journal dont il doit abandonner la rédaction pour raisons de santé.

En janvier 1778, le Journal de l'agriculture reparaît sous la direction d'Hubert Pascal Ameilhon qui veut en faire «l'ouvrage des correspondants»; il devra offrir «un champ libre à la critique et aux discussions» (Avis publié dans le Supplément de la Gazette d'agriculture du 11 novembre 1777, p. 721, et dans le Journal de janvier 1778). Cependant Ameilhon n'a guère à se louer de ses correspondants qui se montrent peu fidèles. En janvier 1780, avec l'approbation du nouveau propriétaire, Pierre Bénézech, il annonce une nouvelle formule: le Journal fera connaître, à côté de publications récentes, des ouvrages anciens peu connus, de manière à former «une espèce de bibliothèque». En 1780, Ameilhon publie des extraits des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith. Cette nouvelle formule semble connaître un succès médiocre. En janvier 1782, un nouveau directeur, Louis Abel Bonafous de Fontenai (l'abbé de Fontenay) donne au Journal un contenu plus technique sans vraiment relancer la publication. Elle cesse en décembre 1783.

Titre indexé

JOURNAL DE L'AGRICULTURE

Date indexée

1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772
1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783

GAZETTE DU COMMERCE

0555
1763
1783

Titre(s)

Gazette du Commerce, Paris (1763) ; Gazette du Commerce, Province (1763) ; Gazette du Commerce (1764) ; Gazette du commerce, de l'agriculture et des finances (1er juin 1765) ; Gazette d'agriculture, commerce, arts et finances (3 janv. 1769).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er avril 1763 – 13 décembre 1783. 21 volumes. Permis d'imprimer du 2 février 1763 sur le premier prospectus ; permis d'imprimer daté du 24 avril 1765 sur le prospectus de la nouvelle formule.

Périodicité annoncée, 2 fois par semaine, le mardi et le samedi ; 104 ou 105 livraisons par an, réunies en un vol ; 2 vol. pour 1763 (Paris, province) puis un vol. par an (dans l'ex. de la B.N., les deux derniers volumes, incomplets, sont reliés ensemble).

Description de la collection

Composition du volume : 104 ou 105 numéros par an ; en 1765 (changement de titre), n° 1 à 62.

1763 : 336 p. (Paris) et 338 p. (province) ; 1764 : 844 p. ; 1765 : 348 + 496 p. ; 1766 : 956 p. ; 1767 : 1038 p. ; 1768 : 1048 p. ; 1769 : 1038 p. ; 1770 : 992 p. ; 1771 : 838 p. ; 1772 : 832 p. ; 1773 : 832 p. ; 1774 : 840 p. ; 1775 : 832 p. ; 1776 : 844 p. ; ensuite entre 820 et 840 p. Cahiers de 8 p. in-4°, 180 x 248 : 8 p. par numéro, plus 2 p. de supplément de juin 1766 à juin 1770 ; ensuite des suppléments mensuels qui manquent parfois.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris ; à partir du 18 avril 1769 : chez Knapen et Delaguette, imprimeurs libraires, pont Saint-Michel, puis Knapen seul.

Imprimeur : Prault (Gazette... Paris, 1763) ; Valleyre père (Gazette... Province, 1763 et Gazette, 1764) ; Knapen (16 juin 1764) ; Knapen et Delaguette (18 avril 1769) puis Knapen seul.

En 1763, l'abonnement à la Gazette de Paris coûte 15 £ ; celle de province coûte 18 £ ; les deux réunies coûtent 24 £ ; à partir de 1764 la Gazette est vendue 24 £ (ou 5 s. la feuille à cette date) ; l'abonnement couplé avec le Journal d'agriculture, présenté dans le prospectus de 1765 comme un supplément de la Gazette,coûte 36 £.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Auteurs ou directeurs successifs : DUFRESNE, directeur (1763-1765) ; de GRACE, directeur (21 sept. 1765) ; abbé Pierre Joseph André ROUBAUD (fin mai 1770) ; Hubert Pascal AMEILHON (nov. 1777 – déc. 1781) ; abbé de FONTENAY (janv. 1782).

Collaborateurs réguliers : Le Trosne, Saint-Peravy, Du Pont en 1764-1766.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : 1) Commerce en gros et en détail à Paris, en province et à l'étranger, mouvements des navires ; 2) Banque, monnaies ; 3) Observations des voyageurs ; correspondances ; 4) Réflexions des rédacteurs. A partir de juin 1770, la Gazette sera «réduite aux nouvelles» : 1) Etranger ; 2) Nouvelles du royaume et des colonies : 3) Avis et annonces.

Principales rubriques : 1) Tableaux des exportations et importations, prix, etc. ; 2) Correspondances des sociétés d'agriculture et «citoyens instruits» ; controverses sur le commerce des grains... ; 3) Extraits des «papiers anglais» sur le commerce, les colonies, etc. A partir de 1765 : agriculture, commerce, finances. A partir de mai 1770 : étranger (mouvement des navires, prix...) ; nouvelles du royaume, annonces (cours des changes, cours des effets publics...). En 1782 : nouvelles internationales, agriculture, commerce, finances, arts, livres, etc.

Principaux centres d'intérêt : techniques agricoles ; nouvelles commerciales et financières ; colonies. Les correspondances de l'étranger, notamment de Russie, sont nombreuses, surtout dans les années 1770.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., S 4603-4624, un seul numéro pour 1782 (30 nov., p. 761-768) ; le n°  1 de 1783 manque ; le dernier porte le n°  99 (13 déc. 1783).

Bibliographie

B.H.C., H.P.L.P., H.G.P. et D.P. 2, art. «Ameilhon», «Benezech», «Le Trosne», «Roubaud», etc.

Mentions dans le Journal de l'agriculture. – Schelle G., Dupont de Nemours, Paris, 1888. – Weulersse G., Le Mouvement physiocratique en France (de 1756 à 1770). Paris, 1910. – Dufresne H., Erudition et esprit public au XVIIIe siècle. Le bibliothécaire Hubert Pascal Ameilhon, Paris, 1962.

Historique

Le prospectus de février 1763 annonce la publication de deux gazettes, l'une pour Paris, l'autre pour la province, à partir du 1er avril : elles contiendront «tous les articles relatifs au commerce en gros, en détail et à la banque, tant à Paris que dans les principales villes du royaume et de l'étranger. Les marchandises et denrées de toutes espèces, leur prix courant, [etc.]». En fait dès janvier 1764, il n'y aura qu'une Gazette. Le privilège en avait été concédé pour trente ans, en août 1762, à Jacques Sébastien de Prépaud, ministre du prince de Spire, et à son fils Joseph Jacques de Prépaud de Grimat. Le 1er mars 1765 le privilège est acquis par Pierre Hennique, avocat à Paris et François Daufernet qui constituent une société avec Jules David Cromot, premier commis des finances, François Mesnard, également premier commis des finances, et Claude Lambinet de Saudray, avocat à Paris (sur les propriétaires successifs de la Gazette, voir l'article consacré à Pierre Benezech dans D.P. 2). Le 1er juin 1765 la publication prend le titre de Gazette du commerce, de l'agriculture et des finances. Le nouveau prospectus, imprimé en avril, annonce à la fois la Gazette (avec un titre un peu différent de celui qui sera utilisé) et le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances qui commencera à paraître en juillet 1765. Tous deux bénéficieront du soutien du ministère qui a estimé «qu'un écrit périodique, sur ces objets essentiels, devait être considéré bien moins comme un ouvrage littéraire, que comme un établissement politique et patriotique, également utile au public et au gouvernement». Aussi le contrôleur général a-t-il désiré que le privilège «en passât entre les mains de personnes attachées à son ministère». Les bureaux de l'administration sont invités à lui fournir des correspondances.

L'auteur du prospectus d'avril 1765 se félicite du rôle joué par la Gazette en faveur de la «libre exportation des grains» : au printemps 1764 notamment, plusieurs articles avaient soutenu la thèse de la liberté qu'un édit royal allait établir en juillet. Les controverses doctrinales tiennent alors une certaine place dans la Gazette. Dupont y fait paraître des articles sur le commerce des blés et une lettre sur «la grande et la petite culture» (20 et 27 oct. 1764), Saint-Péravy une lettre sur l'intérêt de l'argent (22 déc. 1764) et Le Trosne une attaque très argumentée contre «l'exclusion des vaisseaux étrangers pour la voiture de nos grains» (févr. -mars 1765). Mais au cours des années suivantes, la Gazetterédigée semble-t-il par l'abbé Yvon, publie plusieurs fois des textes hostiles aux physiocrates ; par exemple le 30 septembre 1766, contre l'expression de «classe stérile» ; le 11 juillet 1767 (n° 55) contre le vocabulaire obscur utilisé dans les Ephémérides du citoyen une réponse est publiée dans le supplément à ce numéro. Le 1er août 1767, Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques de Le Mercier de La Rivière est annoncé avec des sarcasmes...

Cependant la Gazette est surtout consacrée aux nouvelles qui intéressent l'agriculture et le commerce : les informations sur les échanges, les prix, les techniques agricoles et aussi les affaires coloniales y sont abondantes. Le 3 avril 1764, pour le premier anniversaire du journal, l'article de tête demande aux Sociétés d'agriculture, aux négociants et aux «citoyens instruits» de communiquer tout ce qui leur paraît utile de «répandre dans le public» et cet appel semble avoir été entendu dans une certaine mesure. Des «extraits des papiers anglais» apparaissent fréquemment (sur Saint-Domingue, le conflit entre l'Angleterre et ses colonies d'Amérique...). A partir de juin 1766 les informations concernant les prix et les mouvements de navires sont pour la plupart rejetées dans un Supplément, généralement de 2 p., adjoint à chaque livraison. Par ailleurs le Journal de l'agriculture est toujours considéré comme le supplément de la Gazette.

Le 19 mai 1770, l'abbé Roubaud, chargé de la rédaction, annonce «la nouvelle forme» du Journal de l'agriculture et de la Gazette, qui sera désormais «réduite aux nouvelles». Elle publiera de nombreux tableaux des «prix des grains et denrées», qui seront parfois donnés sous forme de suppléments mensuels (par exemple «supplément du mois de novembre, attribué au n° 105, de décembre [1771]»). Les correspondances de l'étranger sont assez fournies, notamment celles de Russie. A partir de la fin de 1770, l'abbé Roubaud doit renoncer à défendre les thèses physiocratiques (voir à ce sujet sa lettre à Linguet dans la Gazette du 22 nov. 1774, p. 750).

Le 11 novembre 1777, Ameilhon, nouveau directeur de la Gazette et du Journal de l'agriculture, qu'il va ressusciter, expose sa conception des deux périodiques. Il est proche de Necker (les articles doivent être envoyés sous le couvert du Directeur général des Finances). A la fin de 1778, Pierre Benezech se rend maître du privilège de la Gazette et du Journal au nom de ses associés pour les Affiches (la baronne de Boëil, Perrot de Chezelles, Boussaroque de La Font). En janvier 1782, Louis Abel Bonafous de Fontenai (l'abbé de Fontenay) prend la direction de la Gazette en même temps que celle du Journal. La Gazette publie alors d'assez nombreuses correspondances de l'étranger. Les deux publications cesseront d'exister à la fin de 1783 et seront absorbées par les Affiches.

Titre indexé

GAZETTE DU COMMERCE

Date indexée

1763
1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772
1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783

ÉPHÉMÉRIDES DU CITOYEN

0377
1765
1772

Titre(s)

Ephémérides du citoyen ou chronique de l'esprit national.

Ephémérides du citoyen ou Bibliothèque raisonnée des Sciences morales et politiques (à partir du t. VI, sept.-oct. 1766, qui existe aussi avec l'ancien sous-titre).

Continué par : Nouvelles éphémérides économiques (1774-1776).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

47 volumes publiés du lundi 4 novembre 1765 au t. III de 1772 (correspondant théoriquement au mois de mars mais portant une approbation du censeur datée du 18 septembre).

Date du privilège : 14 novembre 1765. Paraît 2 fois par semaine, le lundi et le vendredi ; puis à partir de 1767, à raison d'un tome paraissant le 20 de chaque mois. Retard croissant à partir de 1769 (le t. IV de 1769 paraît en mai ; le t. I de 1770 paraît en avril ... et le t. I de 1772 en juin).

En 1766, 7 ou 8 livraisons par mois jusqu'à la fin octobre ; à partir de 1767, 12 tomes portant la date de l'année ; mais en 1769, par exemple, seuls les 9 premiers paraissent avant la fin décembre.

Datation des volumes. I : t. I, nov.-déc. 1765 ; t. II, janv.-févr. 1766. II : t. III et IV, mars – mai 1766. III : t. V et VI, juil. – oct. 1766. A partir de 1767, 6 volumes par an réunissant chacun 2 tomes mensuels (1767, I-II, 1767, II-III, etc.).

Description de la collection

En 1765 et jusqu'en octobre 1766, chaque vol. réunit 2 tomes comportant chacun 17 ou 18 livraisons ; à partir de 1767, chaque volume réunit deux tomes mensuels.

Vol. I :t. I, 272 p. + table et errata ; t. II, 272 p. + table (les tomes sont généralement de 288 p. en 1766) ; à partir de 1767, les tomes mensuels ont généralement entre 220 et 276 p. ; le dernier (t. III de 1772) a 216 p.

Cahiers de 16 p. in-8°, 98 x 166.

Devise : Quid pulchrum, quid turpe, quid utile, quid non.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris. Nicolas Augustin Delalain, rue Saint-Jacques, puis Delalain et Lacombe, quai Conti, à partir de mai 1766, puis Lacombe (seul), rue Christine, à partir de 1769. Imprimeur : Didot (mentionné à partir de 1769).

En 1765, l'abonnement de 4 mois : 7pour Paris, 9 £ pour la province (la feuille séparée : 5 s.). A partir de 1767, le volume mensuel, broché : 36 s. ; souscription : 18 £ par an pour Paris ou 24 £ pour la province.

En 1768, 400 exemplaires étaient distribués : il y avait 160 abonnés (Schelle, p. 124). Le tirage s'éleva à 500 exemplaires sous la direction de Du Pont en 1769 (Schelle, p. 124).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur : abbé Nicolas BAUDEAU.

Auteurs ou directeurs successifs : N. Baudeau (1765-1768), P.S. Du Pont (direction effective à partir de mai 1768, officielle à partir de janvier 1769).

Collaborateurs réguliers : Quesnay (signature A ou Alpha), Mirabeau (signature B), Du Pont (signature H), Baudeau (signature L ou LB), Roubaud (signature G ou R), Vauvilliers (signature Y).

Collaborateurs occasionnels : Turgot, Saint-Péravy, l'abbé de L'Ecuy, La Vauguyon, le margrave de Bade-Durlach.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé dans le dernier volume de 1766 pour la nouvelle formule : 1) Pièces fugitives, morales et politiques. 2) «Extraits raisonnés et critiques des livres nouveaux, étrangers ou nationaux, sur les sciences économiques». 3) «Réflexions patriotiques sur les grands événements publics».

En 1765-1766, chaque feuille contient un texte unique qui s'étend parfois sur plusieurs numéros (exemples de sujets traités : «Des feuilles périodiques», «De l'Esprit agricole», «De l'Education nationale», «Du commerce des Indes», «Des anciens Francs», etc.). A partir de 1767, 3 parties dans chaque tome mensuel : 1) Pièces détachées. 2) Critiques. 3) Evénements. Dans les dernières années, il s'y ajoute une 4e partie consacrée aux annonces.

Principaux centres d'intérêt : tous les thèmes physiocratiques, à partir de 1767 : le «produit net» ; la liberté du commerce et du travail ; la malfaisance de la corvée ; la meilleure forme de gouvernement ; l'abolition de l'esclavage ; l'assistance publique ; l'impôt ; la population...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 21914-21947.

Bibliographie

B.H.C. et H.G.P.

Réédition : Feltrinelli, Milan, 1969. – Schelle G., Du Pont de Nemours et l'école physiocratique, Paris, 1888. – Weulersee G., Le Mouvement physiocratique en France (1756-1770), Paris, 1910. – Turgot, Œuvres, éd. G. Schelle, t. III, Paris. – Economie et population. Les doctrines françaises avant 1800. Bibliographie générale commentée, Paris, 1956.

Historique

Les Ephémérides du citoyen, fondées par l'abbé Nicolas Baudeau, paraissent d'abord deux fois par semaine (le lundi et le vendredi), à partir du 4 novembre 1765. Le journal soutient alors un mercantilisme modéré et libéral, tout en faisant l'éloge de l'«esprit agricole». En 1766, Baudeau engage la discussion avec Le Trosne et finit par se convertir entièrement à la physiocratie (13 oct. 1766, t. VI, p. 195).

A partir de janvier 1767, les Ephémérides, ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques (nouveau sous-titre) paraissent sous forme d'un volume mensuel : elles sont désormais l'organe officiel des disciples de Quesnay qui ont perdu le Journal de l'agriculture à la fin de l'année précédente. De mars à juin 1767, les Ephémérides publient notamment le Despotisme de la Chine où Quesnay esquisse la théorie du «despotisme légal». C'est, semble-t-il, dans les Ephémérides d'avril 1767 qu'apparaît pour la première fois le mot physiocratie (sous la plume de Baudeau, p. 121-122). Le journal publie alors de nombreux articles de Baudeau (sur le luxe, sur le tableau économique, sur la réforme des tailles, etc.) et de Mirabeau ; une lettre de Le Trosne «sur la nécessité de l'entière liberté du commerce des grains» (nov. 1767), un Traité de l'administration des chemins de Du Pont ... En 1768 les Ephémérides se renforcent grâce à de nouveaux collaborateurs : l'abbé Pierre Joseph André Roubaud («De la richesse de l'industrie», mai 1768) ; le jeune La Vauguyon, duc de Saint-Mesgrin, fils du gouverneur des Enfants de France (lettres en réponse aux Doutes de Mably). En mai 1768, Baudeau (qui quittera la France pour la Pologne en novembre) laisse la direction effective des Ephémérides à Du Pont qui rédige désormais une grande partie du journal : il traite du «produit net», de la population, de l'abolition de l'esclavage, de la liberté de la presse, de la corvée, de la meilleure forme de gouvernement, de l'impôt ... A partir de janvier 1769, Du Pont dirige officiellement la publication. Sans doute à l'instigation du contrôleur général Maynon d'Invaut, il mène campagne pour la liberté du commerce colonial et contre le monopole de la Compagnie des Indes (1769, t. VIII, X et XI). Les Ephémérides défendent encore plus activement la liberté du commerce des grains, surtout pour parer aux effets des Dialogues de Galiani (1769, supplément au t. XI, t. XII ; 1770, t. I, IV, VI, etc.).

Dès 1767, Quesnay aurait voulu obtenir pour les Ephémérides la protection officielle du gouvernement en les faisant dédier au Dauphin (le futur Louis XVI). En juin 1768, elles publient une lettre datée de Versailles qui fait un grand éloge du prince qui a daigné «conduire lui-même la charrue». Une épître dédicatoire avait été préparée pour paraître en janvier 1769 mais Mirabeau, qui tenait à la liberté du journal, fit échouer l'affaire. Cependant les Ephémérides mettent en valeur l'appui donné aux idées physiocratiques, et surtout à la liberté d'exportation des grains, par certains parlements (arrêté du Parlement de Toulouse publié dans le numéro de novembre 1768 ; lettre au roi du président du parlement d'Aix, cité dans les Ephémérides de juillet 1768...), par des sociétés d'agriculture et des chambres de commerce (déclaration de la chambre de commerce de Picardie citée dans les Ephémérides de septembre 1768). L'organe des économistes s'efforce également de faire valoir le ralliement, réel ou supposé, d'écrivains : Du Pont publie une longue analyse des Saisons de Saint-Lambert (1769, t. III et suiv.) et deux fables de Diderot (1769, t. V : «Le Marchand de mauvaise foi» ; et dans le t. XII, paru en février 1770 : «Le Bal de l'Opéra»). Diderot écrit par ailleurs un compte rendu assez favorable des Ephémérides de 1769 (t. V à VIII) : Grimm le publiera avec des commentaires dans la Correspondance littéraire datée du 15 novembre (Diderot, Œuvres complètes, Hermann, t. XVIII, p. 92-105). Voltaire qui avait raillé certaines thèses physiocratiques dans L'Homme aux 40 écus (1768), fait l'année suivante l'éloge des Ephémérides du citoyen, «ouvrage digne de son titre» Défense de Louis XIV contre l'auteur des Ephémérides, Œuvres, éd. Moland, t. XXVIII, p. 327). Dans la presse, le Journal encyclopédique se montre favorable («cet ouvrage devient tous les jours plus intéressant, plus cher aux citoyens», 1er juil. 1768) ou du moins neutre, tandis que le Journal de l'agriculture, très hostile depuis 1767, se rapproche de l'organe des économistes à partir de juin 1770, sous la direction de Roubaud.

Sous l'impulsion de Du Pont, les Ephémérides avaient progressé et le tirage avait été porté à 500 exemplaires ; mais Baudeau avait laissé le journal avec un déficit annuel de 1500 livres et la situation financière était souvent difficile. D'autre part, Du Pont manquait souvent de matériaux ; Turgot vint plusieurs fois à son aide en trouvant des contributions dans son entourage. Surtout il lui donna à publier ses Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, écrites en 1766. Elles parurent dans les Ephémérides de 1769, t. XI et XII, et de 1770, t. I. D'importantes modifications opérées par Du Pont pour la première partie, provoquèrent de vives protestations de l'auteur (2 févr. 1770). Cependant Turgot devait continuer à assister Du Pont de ses conseils et parfois de ses deniers (voir les lettres de Turgot dans ses Œuvres, éd. Schelle, t. III).

A partir de 1770, les Ephémérides subissent le contrecoup de la baisse d'influence des idées qu'elles défendent : sous l'effet de la hausse des prix et de la crise frumentaire, le gouvernement suspend la liberté d'exportation des grains (14 juil. 1770) et dès le renvoi de Choiseul (23 déc. 1770), Terray rétablit les anciens règlements sur leur circulation dans le royaume. Le ministre charge un censeur de surveiller spécialement les productions de l'Ecole, en particulier les Ephémérides. L'intérêt du public est moindre : la lutte du chancelier Maupeou contre les parlements captive l'attention en 1771. Le journal manque à la fois de souscripteurs et de correspondants. Les volumes paraissent avec un retard croissant. Quand la suppression des Ephémérides est notifiée à Du Pont, en novembre 1772, seuls les trois premiers volumes de l'année ont paru. Du Pont ne sait alors comment se libérer à l'égard de ses abonnés et il a 15 000 francs de dettes. Il n'aura aucune part aux Nouvelles Ephémérides du citoyen lancées par Baudeau en 1774.

Titre indexé

ÉPHÉMÉRIDES DU CITOYEN

Date indexée

1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772

LA BOUSSOLE DE TERRE

0177
1770

Titre(s)

La Boussole de terre, ouvrage périodique dédié à la noblesse russienne par M. Clerc, Ancien médecin des Armées du Roi de France, de l'Hetman des cosaques, de S. A. S. Monseigneur le Duc d'Orléans, premier prince du Sang; et actuellement Médecin de Monseigneur le Grand-Amiral de Russie, Inspecteur de l'Hôpital de S. A. I. à Moscou, de l'Académie des sciences de St Pétersbourg, de celle de Rouen, correspondant de plusieurs autres etc.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un seul numéro paru, en 1770.

Description de la collection

Un numéro de 38 p. Devise: Utile, si det Societati civem, amicum patriae, Religioni christianum.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Saint-Pétersbourg. Imprimerie de l'Académie des sciences.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Nicolas Gabriel CLERC (plus tard Leclerc).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Économie politique, «sciences morales et politiques qui nous montrent la marche calculée de la vie, et les sources inépuisables du bonheur». Ce premier numéro est surtout consacré à la présentation de l'ouvrage et à un discours sur les principes de la sociabilité et du patriotisme. Eléments de physiocratie; éloge de Catherine II.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bibliothèque Lénine, Moscou, Réserve AH-8°/70-L et Phi I/1140; Bibliothèque Gorki de l'Université de Moscou; B.P.E. de Leningrad.

Titre indexé

BOUSSOLE DE TERRE

Date indexée

1770