JOURNAL DE L'AGRICULTURE
Titre(s)
Journal de l'agriculture, du commerce et des finances (juil. 1765 - déc. 1768).
Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances (janv. 1769 - déc. 1771).
Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances par M. l'abbé Roubaud (janv. 1772 - déc. 1774).
Journal de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances (1778).
Journal d'agriculture, commerce, finances et arts par une société de gens de lettres (1783).
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
48 volumes publiés de juillet 1765 à décembre 1774; 24 vol. de janvier 1778 à décembre 1783 (en fait 16 vol., car 1778-1779 manquent à la B.N.)
Extension du privilège de la Gazette du commerce prospectus commun à la Gazette d'agriculture, du commerce... et au Journal, avril 1765 (le Journal est présenté comme le «supplément» de la Gazette).
Périodicité mensuelle (le 15 de chaque mois); 12 livraisons par an, 4 vol. par an.
Datation des volumes: 1765 (au dos: t. I, II, III); 1766 (t. I à IV) et de même jusqu'en 1774; 1778 et 1779 ont paru mais sont absents de la collection étudiée; 1780 (I à IV) et de même jusqu'en 1783.
Description de la collection
Chaque volume relié porte au dos les n° I à III pour 1765, I à IV pour chacune des années suivantes; chaque volume relié comporte trois «parties» correspondant chacune à un mois; jusqu'à la fin de 1766, les volumes ou tomes portent une numérotation continue sur la page de titre (t. I à III pour 1765, t. IV à VII pour 1766); à partir de janvier 1767, il n'y a plus d'indication de tomes ni de parties sur les pages de titre, seulement le mois et l'année.
T. I: VI + 183 (juil.) + 185 (août 1765) + tables. T. II: XLII + 197 (sept. 1765) + 204 et table (sept.), deux parties portant la même date, la seconde a été distribuée avant la première qui constitue un «Journal extraordinaire». T. III (oct.-déc. 1765): 197 + 215 + 201; chaque volume est ensuite constitué de 3 parties (mois) comportant entre 192 et 215 p. (à peu près régulièrement 192 p. à partir de 1768); en 1783 les parties (mois) n'ont plus que 142 ou 146 p.
Cahiers de 24 p. in-12, 93 x 167.
Devise: Virium luctatione fortior (à partir de janvier 1766). O sua si bona norint! (à partir de janvier 1767).
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
Paris; «Knapen, au bas du Pont S. Michel»; «Knapen et fils, Imp.-libraires» (en 1780).
En 1765, l'abonnement coûte 18 £ (24 £ avec la Gazette, on souscrit auprès de «Dufresne, directeur du bureau de la Gazette d'agriculture, de commerce et de financerue Traversière»; en 1772, l'adresse est: «Bureau royal de correspondance générale, rue des deux portes St. Sauveur»; en 1780, au bureau du Journal général de France, rue des Bourbonnais, à la Couronne d'or; en 1783, ce même bureau est rue Neuve Saint-Augustin.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)
Fondation favorisée par le contrôleur général L'Averdy.
Pierre Samuel DU PONT (sept. 1765 - nov. 1766); Claude YVON; DE GRACE (déc. 1766 - 1770); Pierre Joseph André ROUBAUD (juin 1770 - déc. 1774); Hubert Pascal AMEILHON (1778 - 1781); abbé de FONTENAY (1782 - 1783).
Collaborateurs réguliers: en 1765-1766, Letrosne (signature M), Quesnay (signature H ou N), Mirabeau (signature F), Du Pont (signature C), Le Mercier de La Rivière (signature G), P J. Roubaud et peut-être son frère Joseph Marie.
Collaborateur occasionnel: Abeille.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
Selon le prospectus d'avril 1765, le Journal doit être consacré «aux vues générales et aux principes» et servir ainsi de supplément à la Gazette qui «exposera les faits»; à partir de septembre 1765, Du Pont entend le faire servir à la diffusion de la «science économique»; en 1780, Ameilhon souhaite en faire «une espèce de bibliothèque» présentant, à côté des livres nouveaux, des ouvrages anciens peu connus ou restés manuscrits.
De 1765 à 1770, les rubriques Agriculture, Commerce et Finances sont consacrées à des exposés doctrinaux, des discussions, des comptes rendus et extraits; également quelques mémoires techniques; à partir de juin 1770, quatre parties: recherches politiques; expériences pratiques; analyses raisonnées; annonces et avis.
Principaux centres d'intérêt: discussions économiques (prix des grains, libre concurrence du commerce, «grande et petite culture», etc.); exposés consacrés à la doctrine physiocratique (1765-1766) et critiques dirigées contre elle (1766-1770); problèmes coloniaux.
Principaux auteurs étudiés: Quesnay, Galiani, Forbonnais (1766-1770), Adam Smith (1780).
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
B.N., S 19421-19583 (le vol. S 19533-19535 correspond au t. IV de 1774, oct-nov.-déc.; le vol. S 19536-19538 correspond à janv.-févr.-mars 1780).
Bibliographie
B.H.C. ; H.P.L.P.; H.G.P. ; D.P. 2, art. «Ameilhon», «Bénézech», «Du Pont», «Roubaud».
Réimpression partielle, Milan, 1970.
Mentions dans la presse du temps: Prospectus d'avril 1765, en tête du vol. 1765 de la Gazette du commerce;Gazette d'agriculture, 22 nov. 1774 (p. 750), supplément du 2 nov. 1777 (p. 721). — Schelle G., Du Pont, Paris, 1888. — Weurlesse G., Le Mouvement physiocratique en France (1756-1770), Paris, 1910. Dufresne, H., Erudition et esprit public en France au XVIIIe siècle. Le Bibliothécaire Hubert Pascal Ameilhon, Paris, 1962. — Economie et population. Les doctrines françaises avant 1800. Bibliographie générale commentée, INED, Paris, 1956.
Historique
Le Journal de l'agriculture, du commerce et des finances est né en 1765 à l'instigation ou du moins avec l'appui du contrôleur général L'Averdy pour favoriser l'étude et la discussion des questions économiques. Il constitue une annexe mensuelle de la Gazette du commerce. Le plan en est tracé dans le prospectus commun aux deux publications (avril 1765). Les bureaux de l'administration et les sociétés d'agriculture sont invités à y collaborer. La préface du premier numéro annonce que le Journal est destiné à devenir «le dépôt le plus riche et les plus intéressant sur les matières économiques [...] pour former un corps de principes uniformes et certains sur l'agriculture, le commerce et les finances». Le Journal traitera également de questions techniques.
Dans les deux premières années, un mémoire de Le Trosne en faveur de la liberté du commerce côtoie des textes favorables à la réglementation traditionnelle. A partir de septembre 1765, le jeune Pierre Samuel Du Pont est chargé de la rédaction, probablement sur la recommandation de Trudaine. Le t. II de 1765 contient deux parties, toutes deux datées de septembre. La «seconde partie», qui a paru avant la première, constitue un «journal extraordinaire» dont la préface expose la méthode qui sera désormais pratiquée: «étant la suite et la conséquence de la Gazette,le Journal doit développer les principes de la «science économique». Il s'adresse à ceux qui cherchent «des inventions pour diminuer leurs travaux» mais surtout aux «personnes qui tiennent à l'administration et [aux] savants qui s'attachent à des études directement utiles à la Patrie en particulier et à l'Humanité en général». Du Pont rappelle les principes de la «science économique» (le «produit net») et annonce des débats. Le Journal va devenir en fait l'organe de l'école de Quesnay: le Docteur fournit de nombreux articles, ainsi que Mirabeau et Le Trosne; collaborent également Saint-Peravy, Le Mercier de La Rivière, Abeille, etc. Du Pont lui-même publie chaque mois des mémoires signés C (liste dans Schelle, p. 400-401) et annote de manière critique les articles qui divergent des vues de l'Ecole. Il traite des lois naturelles de l'ordre social (oct. 1765), de l'inutilité des règlements industriels et commerciaux, des prohibitions qui sacrifient les colonies aux intérêts des négociants français; il se prononce contre les principes populationnistes de d'Expilly (juil. 1766) et contre le gouvernement parlementaire à l'anglaise (févr. 1766). Très riche, le Journal est chaleureusement approuvé par Turgot (lettre du 20 février 1766). Cependant Du Pont est attaqué par les partisans de la réglementation animés par Forbonnais. En 1766, après le procès de La Chalotais, Du Pont refuse de prendre parti contre le Parlement de Bretagne et les propriétaires du Journal le congédient: le volume de novembre 1766 est le dernier dont il ait assuré la rédaction. Ce sont les Ephémérides du citoyen qui accueilleront désormais les écrits physiocratiques.
A partir de décembre 1766, le Journal, rédigé par l'abbé Yvon, se montre nettement hostile aux Economistes. Il publie des extraits des Essais sur le commerce de Hume (févr.-mai 1767), des Principes et observations économiques de Forbonnais (avril-oct. 1767), de la Théorie des lois civiles de Linguet (janv. 1768). Le tableau économique de Quesnay, Ordre naturel de Le Mercier de La Rivière, La Physiocratie de Du Pont, et les articles des Ephémérides y sont vivement attaqués et moqués. En février 1770, le Journal consacre aux Dialogues sur le commerce des blés de Galiani un article très favorable.
En juin 1770, l'abbé Pierre Joseph André Roubaud, chargé de la rédaction, publie un «Avis sur la nouvelle forme du Journal et de la Gazette de l'agriculture, du commerce, des arts et des finances. Le Journal fera l'histoire des opinions en ces matières et sera ouvert aux discussions. Sur les problèmes tant politiques que pratiques, il s'efforcera de publier des textes originaux. Il comprendra quatre parties: 1) Mémoires et recherches politiques; 2) Vues pratiques, expériences; 3) Extraits et analyses raisonnées; 4) Avis, annonces d'ouvrages. En juin 1770, l'abbé donne des extraits de ses Récréations économiques dirigées contre les Dialogues de Galiani, mais il devra bien vite renoncer à défendre la liberté d'exportation et «les autres vérités économiques», ainsi qu'il le précise dans une lettre à Linguet publiée dans la Gazette du 22 novembre 1774 (p. 750). Cependant il publie des textes hostiles à l'appropriation des terres par les Européens dans les colonies (nov. 1771) et à l'esclavage, notamment sous forme d'extraits de son Histoire générale de l'Asie (janv. 1773). En décembre l'abbé Roubaud annonce la cessation du Journal dont il doit abandonner la rédaction pour raisons de santé.
En janvier 1778, le Journal de l'agriculture reparaît sous la direction d'Hubert Pascal Ameilhon qui veut en faire «l'ouvrage des correspondants»; il devra offrir «un champ libre à la critique et aux discussions» (Avis publié dans le Supplément de la Gazette d'agriculture du 11 novembre 1777, p. 721, et dans le Journal de janvier 1778). Cependant Ameilhon n'a guère à se louer de ses correspondants qui se montrent peu fidèles. En janvier 1780, avec l'approbation du nouveau propriétaire, Pierre Bénézech, il annonce une nouvelle formule: le Journal fera connaître, à côté de publications récentes, des ouvrages anciens peu connus, de manière à former «une espèce de bibliothèque». En 1780, Ameilhon publie des extraits des Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations d'Adam Smith. Cette nouvelle formule semble connaître un succès médiocre. En janvier 1782, un nouveau directeur, Louis Abel Bonafous de Fontenai (l'abbé de Fontenay) donne au Journal un contenu plus technique sans vraiment relancer la publication. Elle cesse en décembre 1783.
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