AFFICHES DE LA ROCHELLE

0031
1769
1836

Titre(s)

Annonces, affiches et avis divers de la généralité de la Rochelle (janvier 1772), Affiches de la Rochelle, ou Journal de la province d'Aunis (1er janvier 1790), etc.

Publiées sous divers titres pendant la Révolution, le Consulat et l'Empire, les Annonces de la Rochelle sont maintenues par Napoléon lors de la réorganisation générale de la presse départementale, en 1810-1811. Elles paraissent jusqu'en décembre 1836. L'année suivante leur succède un nouveau journal, de format in-folio, Le Phare. Journal de la Rochelle.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Il est difficile de savoir exactement quand furent fondées les Annonces de la Rochelle. Ce ne fut certainement pas en 1770 comme l'affirment L. Délayant et E. Hatin à sa suite. Futur directeur des Affiches du Poitou, Jouyneau-Desloges a rédigé les Annonces de la Rochelle entre 1769 et 1772. Il est très précis à ce sujet: «Lorsque nous rédigions les Affiches de la Rochelle (ce que nous avons fait depuis le mois de septembre 1769 jusqu'au mois de novembre 1772, voy. l'Affiche de la même ville du 1er janvier 1773, et le prospectus des Affiches du Poitou qui parut au mois de décembre précédent), un digne ecclésiastique de la province d'Aunis» Affiches du Poitou, 19 juil. 1781). Faut-il situer en 1768 ou en 1769 les débuts de la feuille de La Rochelle? Sans donner de référence, J. Talbert et R. Crozet penchent pour 1768. Egalement silencieux sur ses sources, G. Lépreux opte pour 1769 et donne à la feuille le titre inhabituel et très probablement erroné d'Affiches et annonces commerciales et maritimes de la Rochelle, format in-8°. Il semble cependant qu'il faille retenir la date de 1769. Gendre du fondateur, l'imprimeur Cappon écrit le 10 décembre 1814 au directeur général de l'imprimerie et de la librairie pour se plaindre du trop haut montant de la rétribution que le gouvernement lui demande de payer sur les bénéfices de sa feuille: «La feuille d'annonces dont je suis propriétaire existe depuis quarante-cinq ans, je la possède depuis vingt-cinq ans pour en avoir acquis le privilège de feu Pierre Mesnier mon beau-père, qui lui-même le tenait de M. l'abbé de Fontenay, comme propriétaire de la Gazette de France dont toutes les feuilles des provinces dépendaient. Il était payé à M. de Fontenay un droit de 100 £ par an, que j'ai continué de servir jusqu'à la Révolution. A cette époque, tous les privilèges étant abolis, il s'établit en cette ville trois autres feuilles périodiques, ce qui me força à faire de nombreux sacrifices pour tâcher de conserver la propriété que j'avais achetée de mon beau-père» (A.N., F 18 445 A, pièce 10). Agées de quarante-cinq ans en 1814, les Annonces de la Rochelle sont bien nées en 1769. Et Cappon de nous donner le moyen de confirmer ce calcul. Il possède la feuille depuis vingt-cinq ans, c'est-à-dire depuis 1789. La collection des Annonces prouve qu'il a effectivement succédé à son beau-père l'imprimeur Pierre Mesnier le 17 juillet 1789 – il signe alors pour la première fois la feuille. Si Cappon se trompe sur le nom du privilégié de la Gazette – Bonafous de Fontenai fut rédacteur des Affiches de province puis du Journal général de France entre 1779 et 1791 – il indique bien que son beau-père payait une redevance de 100 £ pour faire paraître les Annonces de la Rochelle. Ce fermage ayant été versé à Le Bas de Courmont puis Bénezech, propriétaires du privilège des Affiches, une dépendance de la Gazette,on comprend la raison de l'erreur. Feuille hebdomadaire distribuée tous les vendredis.

Description de la collection

Cahiers de 4 p. in-4°, sur deux colonnes. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format non rogné 210 à 215 x 265 à 271, rogné 190 à 199 x 243 à 261). Quelques rares numéros ont deux pages supplémentaires. Les numéros étant paginés à la suite, sept années ont 208 p. pour 52 numéros (1772, 1774, 1775, 1780, 1781, 1783 et 1789) et l'année 1779 en a 212 pour 53. Les autres souffrent d'erreurs de pagination: 206 p. pour 52 numéros en 1776, 304 au lieu de 204 pour 52 en 1778, ou bien comptent quelques pages de plus du fait des suppléments: 216 p. (1773 et 1790, 53 numéros chacune), 210 (1785, 52), 212 (1786 et 1787, 52 chacune), 214 (1788, 52). L'année 1784 (53 numéros) n'est pas paginée.

Entre 1772 et 1790, se succèdent trois décors. Comme dans d'autres Affiches, il s'agit pour l'imprimeur d'agrandir progressivement la surface imprimée. Du 3 janvier 1772 au 26 décembre 1783, la moitié supérieure de la première page de chaque numéro est occupée par le même haut bandeau rectangulaire, suivi du titre de la feuille, imprimé sur trois lignes, et de la date, mentionnée en italiques et insérée entre d'épais filets horizontaux. Au centre du bandeau, la numérotation est insérée dans un cartouche de fleurons et de palmettes, accompagné à gauche et à droite de la même structure décorative où des semblants de colonnes encadrent un soleil rayonnant. Le texte débute sur un passe-partout, vignette décorative enchâssant la première lettre capitale. La justification des colonnes est étroite: 68 mm. Entre les 3 janvier 1784 et 26 juin 1789, les bandeau et titre ne s'étendent plus que sur le premier tiers de la page. L'imprimeur a gagné de la place en diminuant la hauteur du bandeau, un cadre orné de guirlandes enserrant désormais sur deux lignes, la numérotation et la date. Après le titre, toujours imprimé sur trois lignes, le texte commence sur une simple grande capitale. A partir du 3 juillet 1789, nouveau gain d'espace: il faut laisser de la place au compte rendu des séances de l'Assemblée nationale. Contenant toujours numérotation et date, le nouveau cadre décoré de guirlandes est encore un peu moins haut, la justification des colonnes s'accroît d'environ 10 mm. Avec le titre Affiches de la Rochelle, ou Journal de la province d'Aunis (1er janv. 1790), la mutation est achevée: le cadre à guirlandes et le nouveau titre, imprimé sur deux lignes seulement, occupent désormais à peine le quart de la page.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Annonces de la Rochelle ont été fondées et imprimées jusqu'au 10 juillet 1789 par Pierre Mesnier, imprimeur à La Rochelle depuis 1745, qui signe en 1772 «De l'imprimerie de P. Mesnier, Imprimeur du Roi, et Directeur privilégié». Lui succède son gendre Vincent Cappon, imprimeur à La Rochelle entre 1789 et 1824, année de sa mort. Le 17 juillet 1789, il signe la feuille: «Vincent Cappon, Imprimeur du Roi, rue du Temple. Avec approbation et privilège». A partir du 31 juillet, il signe «Vincent Cappon-Mesnier». Le Bureau d'Avis des Annonces est domicilié chez ces deux imprimeurs, rue du Temple. Un moment relayé (1791-1794) par les imprimeurs Roy et compagnie, rue du Palais, puis J.-B. Cavazza, même adresse, Vincent Cappon reprend en main les Annonces. Après sa mort, sa famille – sa veuve puis sa fille – les gardera jusqu'en 1836.

L'abonnement est de «6 £ pour la ville, 7 £ 10 s. par la poste». Il reste à ce tarif pendant les premières années de la Révolution. Il y avait 600 abonnés en 1772.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur des Affiches du Poitou, René-Alexis JOUYNEAU-DESLOGES fut le premier rédacteur des Annonces de la Rochelle. Résidant à La Rochelle, il était alors (1761-1772) secrétaire des commandements du marquis de Narbonne-Pelet, lieutenant général des armées du roi en Aunis, Poitou et Saintonge. Dans sa petite autobiographie de 1814, il se souvient de ses premiers succès journalistiques, avec une évidente satisfaction: «Pendant mon séjour auprès de lui (le marquis de Narbonne-Pelet), dans les derniers temps, ayant du loisir, je m'amusai à rédiger gratuitement pour le privilégié une feuille hebdomadaire que l'on venait d'établir à la Rochelle, sous le titre d'Affiches ce que je fis incognito, pendant environ trente mois, sous différentes signatures pseudonymes, entre autres celle de Chapel de Saint-Laur, du nom du lieu de ma naissance, et qui a été vu avec bienveillance. Trahi ensuite par quelques amis, reconnu par d'autres, à la fin j'avouai et je me nommai. Ma rédaction réussit si bien pour le propriétaire de la feuille, qu'il n'avait que 60 abonnés quand je m'en chargeai, et 600 quand je cessai au bout de trois ans. Il m'en fit des remerciements très flatteurs dans un des numéros suivants» (Dugast-Matifeux, p. 2). Dans son prospectus des Affiches du Poitou (déc. 1772), il avait déjà précisé: «Nous avons dirigé pendant trois ans avec une sorte de succès très flatteur, la Feuille hebdomadaire de la Rochelle, qui est très connue dans cette province (le Poitou), et où nous savons qu'on a bien voulu en faire quelque cas. Nous sommes auteur d'un très grand nombre de lettres, et autres écrits honnêtes et patriotiques, répandus dans cette Feuille, sous les noms de l'Abonné, n° 39, de Rajoudesp, de Chapel de Saint-Laur, et en dernier lieu sous notre propre nom, depuis que la Société royale d'agriculture de la Rochelle, jugeant de notre zèle pour le bien public et pour l'amélioration de l'agriculture, qu'elle a reconnu dans nos écrits, nous a fait l'honneur de nous associer au nombre de ses membres». A la fin de sa vie, Jouyneau-Desloges releva soigneusement tous les articles qu'il avait publiés ailleurs que dans les Affiches du Poitou 73 pour les seules Annonces de la Rochelle. Outre un autre pseudonyme, Un Ami des hommes, il donne la traduction de Rajoudesp: «René-Alexis Jouyneau-Desloges, Poitevin» (R. Richard, p. 428).

Définitivement lancées, les Annonces de la Rochelle poursuivent leur carrière après le départ de leur premier rédacteur, bénéficiant de la collaboration des milieux académiques rochelais.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Comme les autres feuilles provinciales publiées dans les grandes villes maritimes, les Annonces de la Rochelle servaient le grand et le petit négoces en leur offrant des annonces, ainsi que quelques rubriques de service. Jusqu'à la veille de la Révolution, elles débutent sur la rubrique «A vendre», souvent très fournie, où le lecteur trouvait aussi bien des terres ou immeubles, que des charges, des denrées coloniales, d'autres produits agricoles, divers objets. Ainsi, par exemple le 7 novembre 1777, une «Histoire ecclésiastique en 16 volumes in-12 par M. Racine. S'adresser au sieur Coutin, maître de pension, place Habert», mais aussi du «café de Saint-Domingue, beau, marchand et triage; café de la Martinique, cacao, sucre brut et 27 madriers d'acajou. S'adresser au sieur Régnier, devant la place d'Armes, ou au sieur Cadot, rue de Lescalle», etc. Après les annonces «A louer», sont insérés les mouvements du port: cette rubrique enregistrant les arrivées et départs des navires finit par s'intituler «Avis maritimes». Curieusement, alors qu'il n'en est pas question dans les autres Affiches des villes maritimes, les Annonces de la Rochelle publient un long article sur la «Conservation des hypothèques»; les biens vendus sont essentiellement des terres agricoles («articles de domaines, pièces de domaines, pièces de vigne, quartiers de terre», etc.); 270 contrats de vente sont ainsi publiés par les Annonces pendant l'année 1789. Cette exceptionnelle présence de la «Conservation des hypothèques» signifie-t-elle que la feuille était diffusée bien au-delà de La Rochelle, dans la province d'Aunis? N'indique-t-elle pas plutôt que la société rochelaise dominait de sa richesse foncière les campagnes environnantes? Après quelques éléments rédactionnels, les Annonces s'achèvent sur les rubriques de service habituelles: résultats du tirage de la loterie, cours des changes, mercuriales. En 1781, l'auteur des Mémoires secrets a cette appréciation bien négative: «Cette gazette est très mal faite relativement au commerce et aux mouvements du port. Elle est aussi littéraire: on y trouve des énigmes» B.H.C.. Quelques évolutions: depuis janvier 1786, le premier numéro de chaque mois porte, en encadré, les observations météorologiques; la «Conservation des hypothèques», suivie par les «Avis maritimes», finit par venir en première page, à la place des avis «A vendre» et «A louer», reportés à l'intérieur de la feuille; à partir du 19 juin 1789, les Annonces publient un compte rendu des séances des Etats généraux / Assemblée nationale.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. La Rochelle, Per. 549, coll. composite, provenant manifestement de diverses origines, sept volumes reliés et trois liasses d'exemplaires non rognés. Les volumes contiennent: 1) 1772-1775; 2) 1775-1776; 3) 1779-1780; 4) I783-1784; 5) 1784-1786; 6) 1787-1788; 7) 1789-1790. Les trois liasses: 1) 1777; 2) 1778-1779; 3) 1780-1781. Le premier volume porte l'ex-libris d'un ancien érudit local, l'avocat rochelais Georges Musset. Manquent donc, pour la période 1769-1790, les années 1769-1771, et 1782; plusieurs années sont en double: 1775, 1779, 1780 et 1784; A.N., 214, cinq numéros: 1er, 8, 15, 29 juil. et 5 août 1785.

Bibliographie

B.H.C.p. 295-296: Hatin utilise des renseignements fournis par L. Délayant. – Dugast-Matifeux, Le Premier journaliste du Poitou: notice sur René-Alexis Jouyneau-Desloges, écrite par lui-même, 8 p. extr. de la Revue des provinces de l'Ouest, 3e année, 1855-1856. Autobiographie rédigée par Jouyneau-Desloges en novembre 1814. – Délayant L., Histoire des Rochelais, La Rochelle, 1870, t. II, p. 176. – Richard A., «Notice biographique et bibliographique sur Jouyneau-Desloges, premier journaliste du Poitou», Bulletins de la Société des antiquaires de l'Ouest, 1870, 4e trimestre, p. 425-442. – Audiat L., Essai sur l'imprimerie en Saintonge et en Aunis, Paris, 1879. – Délayant L., Bibliographie rochelaise, La Rochelle, 1882, p. 387, n° 1327. – Lépreux G., «Les ancêtres du livre, du journal et de l'almanach en France. Les premiers journaux en France», Bulletin officiel de l'Union syndicale et fédération des syndicats des maîtres imprimeurs de France, déc. 1925, p. 62. — Talbert J. et Crozet R., Petite histoire de Poitou, Angoumois, Aunis et Saintonge, Paris, 1946, p. 280-281. – Thoumin F., Bibliographie de la presse quotidienne et périodique de la Charente-Maritime, des origines à 1944, mém., Conservatoire national des arts et métiers, Paris, 1959, p. 13. A la suite de L. Délayant, l'auteur de cet inventaire situe en 1770 la naissance des Annonces de la Rochelle. – Feyel G., «La presse provinciale sous l'ancien régime», La Presse provinciale, p. 3-47. – Idem, «La presse provinciale française dans la seconde moitié du 18e siècle: géographie d'une nouvelle fonction urbaine», La Ville et l'innovation,Paris, Editions de l'EHESS, 1987, p. 89-111.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE LA ROCHELLE

Date indexée

1769
1770
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AFFICHES DE CHARTRES

0020
1781
1811

Titre(s)

Annonces, affiches et avis divers du pays chartrain.

Le frontispice de 1785 porte: Annonces, affiches, nouvelles et avis divers du pays chartrain, contenant généralement tout ce qui peut intéresser cette province.

Devient le 18 mai 1790: Annonces, affiches, et avis divers de Chartres, et du département d'Eure et Loir.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Hebdomadaire publié le mercredi, les Affiches du pays chartrain paraissent très régulièrement du 3 octobre 1781 au 11 mai 1790. La première année s'étend sur 65 numéros (3 oct. 1781 – 25 déc. 1782). Par la suite, les 52 livraisons annuelles sont numérotées et paginées de manière à former un volume pour chacune des années, depuis la deuxième (1783) jusqu'à la neuvième (1790).

Entre juillet 1783 et la fin de 1786, cet hebdomadaire est accompagné d'une feuille de quinzaine, numérotée et paginée annuellement elle aussi, mais à part, intitulée Supplément aux Affiches du pays chartrain.

Description de la collection

Cahiers de 4 p. in-4°, sur deux colonnes (format non rogné: 210 x 270). Certains numéros ont deux pages supplémentaires, paginées ou non. Aussi le nombre des pages de chaque volume annuel varie-t-il: 216 pour 53 numéros (1783), 212 pour 52 (1784), 234 pour 52 (1785), 226 pour 52 (1787). 218 pour 52 (1789).

Au-dessus du titre de chacun des numéros est disposé un long bandeau rectangulaire d'abord composé par l'imprimeur à l'aide de guirlandes, de fleurs de lys et de palmettes (1781-1782), puis gravé spécialement par Sergent-Marceau (1783-1786): le graveur a représenté la ville de Chartres, symbolisée par la porte du Châtelet et par la cathédrale; ce paysage, inséré dans un médaillon ovale, est encadré de guirlandes florales. Au moins entre 1783et 1785, le premier numéro de l'année (p. 3-8) est livré avec un frontispice (p. 1). A l'intérieur d'un grand cadre orné, le titre complet de l'Affiche et le millésime annuel précèdent une autre gravure de Sergent-Marceau: une renommée ailée, assise sur un globe orné des armes de Chartres, sonne de la trompette; une nuée d'abeilles, un sphinx et son logogriphe, le pétase et le caducée de Mercure, la lyre d'un poète entourent le globe et rappellent le contenu des Affiches. Au-dessous se détache l'adresse de l'imprimeur.

Les livraisons du Supplément aux Affiches du pays chartrain sont décorées d'un mince bandeau présentant un petit globe portant les armes de Chartres, rayonnant et entouré de putti sonnant de la trompette. Ce bandeau, lui aussi gravé par Sergent-Marceau, orne les numéros ordinaires des Affiches entre 1787 et 1790.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Les Affiches et le Supplément sont d'abord imprimés par François Le Tellier, «imprimeur du roi, du chapitre, de la ville et du collège, rue de la Vieille Poulaillerie» (3 oct. 1781 – 12 nov. 1783), puis par Michel Deshayes, «imprimeur de Mgr l'évêque, rue des Changes» (19 nov. 1783 – 14 avril 1790), enfin par leur directeur Jean-François Lacombe, devenu imprimeur, «rue de la Volaille, maison du notaire, au fond de la cour» (21 avril 1790).

«On souscrit en tout temps, à Chartres, chez Lacombe, directeur, place des Halles, et chez Labalte, libraire, vis-à-vis la Poste. Prix, 6 liv. prise à Chartres, et 7 liv. 10 sols pour la province, franche de port». En 1786, l'abonnement est toujours de 6 £ pour Chartres, mais il est de 9 £ pour la province et le royaume. La municipalité de Chartres ayant décidé de subventionner l'impression des Suppléments – soit 6 £ pour la composition et le tirage de 4 p. à 225 ex. (26 déc. 1782, A.D. Eure-et-Loir, C2, 38, p. 111) – Lacombe propose pendant le premier semestre de 1783, une série de Suppléments irréguliers, paginés à part. A-t-il modifié ses accords avec la municipalité? Plus ambitieusement, il offre à ses abonnés une nouvelle série de Suppléments. Les feuilles bimensuelles, débutant le 22 juillet 1783, contiendront les «productions estimables» que les hommes de lettres de la province «tiennent cachées dans leurs porte-feuilles». L'abonnement sera de 20 s. pour Chartres, 30 s. pour la province (26 numéros, avis du 1er juil. 1783 et du 2 févr. 1785).

Selon les registres laissés par l'imprimeur François Le Tellier, les Affiches furent tirées entre 300 et 350 ex. (déc. 1781 – avril 1782), puis entre 400 et 450 (mai-nov. 1782). 225 de ces feuilles étaient distribuées dans Chartres: «... ce nombre de deux cent vingt-cinq exemplaires par chaque impression [du Supplément] suffira pour que tous les habitants ressortissants de la municipalité, qui sont souscripteurs de la feuille hebdomadaire de Chartres en aient un exemplaire, sauf aux étrangers, qui voudront s'en procurer à s'arranger avec le sieur Lacombe» (26 déc. 1782). Lacombe recrute ses abonnés au-delà du pays chartrain. Au nord et à l'est, il distribue sa feuille en Thimerais et en Drouais, autour de Mantes et dans le Hurepoix entre Montfort-l'Amaury et Etampes. Au sud de Chartres, la bonne implantation des Affiches d'Orléans ne lui permet pas d'avoir un grand succès dans le Dunois. Il publie certes les contrats de vente enregistrés au greffe du bailliage de Janville pour la région s'étendant de Brou à Toury, mais au bout d'un trimestre (sept.-déc. 1782), il renonce à insérer les contrats du bailliage de Blois. Le 7 février 1787, il s'efforce d'accroître le nombre de ses abonnés du Perche – il déclare ne pas en avoir douze – en commençant l'insertion des contrats des bailliages de Bellesme et de Mortagne.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-François LACOMBE est né en 1744 à Liège ou Namur. Marié et père de famille, il obtient de Pierre Benezech, propriétaire des Affiches de Paris, moyennant un fermage annuel de 100 livres, le privilège des Affiches du pays chartrain. Il installe d'abord son ménage et le «Bureau d'avis» place des Halles (oct. 1781), puis rue de la Clouterie, paroisse Saint-Aignan (28 nov. 1781), enfin rue du Cloître Saint-Martin, près l'église (25 juin 1783), en une maison qu'il vient d'acheter 2200 livres le 5 mars 1783 (acte de vente, notaires Lion et Peluche). «Ce ne fut qu'avec crainte que nous offrîmes nos faibles essais à un public connaisseur, et dès lors redoutable pour un étranger, pour un jeune écrivain, qui paraissait sur l'horizon littéraire, sans d'autre guide que son zèle, sans d'autre boussole que l'envie d'être utile aux habitants d'une province et d'une cité, qui sont devenues pour lui une seconde patrie. L'indulgence, mère de l'émulation, l'indulgence a soutenu nos efforts. Les magistrats, les gens de lettres, les citoyens de tous les ordres, ont daigné nous honorer de leur bienveillance. Qu'il est satisfaisant pour nous de recueillir de pareils suffrages! Nous ferons de nouveaux efforts pour essayer de nous en rendre digne», confesse-t-il le 11 septembre 1782. Ancien compositeur typographe, Lacombe travaille parfois chez l'imprimeur Le Tellier qui le paie 2 £ la journée. La Révolution lui permet d'ouvrir son propre atelier (avril 1790) où il imprime jusqu'au 20 mars 1811, sous différents titres successifs, les Affiches de Chartres. Il meurt à Chartres le 30 mars 1822.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Les Affiches du pays chartrain contiennent de nombreuses rubriques de service: annonces diverses (biens à vendre ou à louer, «Demandes particulières»: offres ou demandes de services), conservation des hypothèques (contrats de vente enregistrés aux greffes des bailliages de Chartres, Janville, Montfort-l'Amaury, Châteauneuf-en-Thimerais, Meulan, Etampes, Dourdan, enfin Bellesme et Mortagne), publicités insérées sous le titre «Avis divers», autres avis publiés irrégulièrement tels que les noms des notables inhumés au cours de la semaine («Morts»), les «Mutations de bénéfices» ecclésiastiques, les résultats du tirage de la «Loterie royale de France», la «Taxe du prix du pain à Chartres», enfin toujours présent le «Cours des grains à Chartres», devenu le 30 janvier 1782 «Prix des grains dans le pays chartrain», tableau étendu sur toute la largeur de la page.

Lacombe insère avec empressement des pièces en vers, parfois longues, ainsi que de petits bouts-rimés, tels que charades, énigmes et logogriphes. Il en complimente les auteurs, en redemande: «Nous serions charmés de recevoir toujours des logogriphes aussi ingénieux et aussi bien faits. Nous invitons l'auteur à enrichir souvent nos Feuilles, soit en ce genre, soit par d'autres productions poétiques» (30 janv. 1782). Les Affiches consacrent le reste de leur contenu littéraire à mettre en valeur les travaux des professeurs du collège de Chartres, Percheron et Leboucq (5 et 26 déc. 1781), Lonqueue (17 sept. 1783), Chasles (24 août 1785), Maupoint (15 août 1787), ainsi qu'à applaudir aux premiers succès de Collin d'Harleville, jeune auteur dramatique chartrain (16, 21 et 28 juin, 19 et 26 juil., 13 sept., 11 oct. 1786). Les premiers numéros contiennent quelques projets d'amélioration sociale, préoccupations absentes des Affiches par la suite. A propos de «l'Observation d'un citoyen, ou moyens de faciliter les secours dans les incendies», le curé de S. A. remarque: «L'auteur anonyme et vraiment patriote, dont j'ai lu, M., dans vos Feuilles, les judicieuses observations par rapport aux incendies, mérite, quel qu'il soit, l'hommage de notre reconnaissance; et il est à désirer que des vues aussi justes et aussi utiles que les siennes, soient promptement exécutées. Mais en lisant cet écrit dicté par l'humanité et par le patriotisme, je me suis arrêté sur un point très essentiel sans doute, qui est échappé à l'anonyme et qui, ce me semble, n'aurait pas dû être négligé jusqu'ici». Et ce curé de proposer que le sonneur, chargé d'annoncer les incendies du haut des tours de la cathédrale, dispose d'un porte-voix (31 oct., 7 nov. et 5 déc. 1781). Un autre bon esprit a lu J.J. Rousseau. Après avoir énuméré une série de moyens pour améliorer à Chartres la sécurité (des gardes nocturnes, des réverbères), il se demande comment détruire la mendicité: «Déjà d'excellents mémoires ont paru sur plusieurs de ces différents objets. Que la voix des Philosophes à qui nous en sommes redevables, puisse, par une circulation rapide, se faire entendre dans toutes les parties du royaume [ ...] En effet, la nature n'a point mis dans le cœur de l'homme les germes de la scélératesse. Il est né bon; l'indigence seule peut faire évanouir chez lui les traces de cette probité naturelle, qu'il abandonne à regret» (30 janv. et 6 févr. 1782).

A plusieurs reprises, les Affiches remplissent leur fonction médiatique en insérant des «questions» auxquelles il est explicitement demandé une réponse. Déplorant la mauvaise tenue des registres paroissiaux, un curé demande aux avocats comment y remédier: «Le pasteur qui consulte n'est pas riche, et hors d'état par conséquent d'offrir un honoraire à MM. les avocats qui voudront bien lui faire part de leurs lumières; attendu que cet honoraire tournerait au préjudice de ses pauvres. Voilà pourquoi il a cru devoir prendre la voie de la Feuille hebdomadaire de Chartres, où il espère que les jurisconsultes aussi généreux qu'éclairés de cette ville, voudront bien consigner gratuitement, sur les questions proposées, le fruit de leurs sages réflexions. En s'instruisant par cette voie publique, il instruira en même temps ses confrères voisins. Tous les autres curés de la province seront à portée de puiser des éclaircissements dans la même source». L'avocat Hue du Taillis répond en refusant à l'évêque le soin de faire corriger les erreurs de l'état civil: ce droit appartient aux seuls magistrats. Il s'ensuit une polémique assez vive (31 juil., 14 août, 4 et 11 sept. 1782). La même procédure par question et réponse permet à l'avocat Pétion (10 nov. 1784), à un avocat de Dreux (16 nov. 1785), à un juriste anonyme (13 sept. 1786), de préciser divers points de droit. Les robins chartrains ne craignent pas la polémique. L'avocat Courtier de la Barerie ayant estimé que la taxe des médecins devait être de 10 s. par visite, un clerc du Palais, le docteur en médecine Mahon, un étudiant en chirurgie lui répondent (23 et 30 janv., 6, 13 et 27 févr. 1782). A propos des contrats de constitution de rente, l'avocat Pétion et le notaire Tronson se querellent sévèrement (16 et 23 févr., 2, 9, 16 et 30 mars, 13 avril 1785).

Les Affiches contiennent quelques articles de médecine. Lors de sa mort, Louis Landry, curé de Saint-Evroult, près de Bonneval, est loué pour sa bienfaisance. S'étant acquis quelques connaissances en médecine par la lecture «de bons ouvrages», «il fournissait gratis les remèdes aux pauvres, les préparait et les administrait à tous. A toute heure, en tout temps, ses soins étaient assurés à ceux qui en réclamaient». Un médecin s'indigne aussitôt qu'un tel éloge ait pu être fait d'un empirique: «... les connaissances qu'on peut puiser dans des Abrégés de médecine pratique ne suffisent nullement pour apprendre à traiter les maladies. C'est pourtant dans ces sources que puisent tout leur savoir nos Esculapes de contrebande [ ...] Combien de gens, en suivant les avis de ces téméraires guérisseurs, succombent à des maladies, dont ils auraient guéri entre les mains d'un médecin éclairé!» (27 avril et 11 mai 1785). Le docteur Mahon donne différents conseils œnologiques, après avoir estimé que les vins «verds et plats» de la récolte de 1785 dans les environs de Chartres pouvaient être dangereux pour la santé (12 juil. 1786). Bien que Chartres soit alors un important marché céréalier, les articles d'agriculture sont peu nombreux. L'on s'y préoccupe de la galle des moutons (26 juin 1782), de la panification du blé moucheté (31 août 1785), de la carie du froment (28 sept. 1785), de la nielle des blés (15 août 1787).

La description de deux grands incendies (12 févr. 1783, 17 mai 1786), quelques actes de bienfaisance, des anecdotes extraites d'autres feuilles périodiques, les inévitables comptes rendus des expériences aérostatiques complètent un contenu rédactionnel somme toute assez peu étendu.

En 1789, les conséquences des grands événements politiques envahissent peu à peu l'espace rédactionnel des Affiches. Le 18 février, les officiers municipaux font appel aux réflexions de toutes les personnes «qui sont animées du bien public et qui ont des vues sur les grands objets généraux et particuliers qui doivent être présentés aux Etats nationaux sic ». Le 1er juillet, l'intense guerre des libelles trouve un faible écho: le député chartrain Bouvet refuse la paternité d'une brochure circulant à Chartres, le «Discours sur la Constitution françoise». Lors des troubles socio-agraires de l'été, deux notables utilisent les Affiches pour se disculper de l'accusation d'avoir accaparé des blés. Vaillant, avocat et procureur fiscal du comté de Nogent-le-Roi, publie sa défense sur toute la largeur de la première page du n° du 19 août. Dutemple, conseiller du roi et premier avocat au bailliage et présidial de Chartres, a besoin des 10 pages d'un supplément à la feuille du 9 septembre pour expliquer qu'il n'a pas acheté pour 40 000 francs de blé. L'année s'achève sur une apparence d'unanimité retrouvée lors de la bénédiction des drapeaux des gardes nationales de Chartres et de Nogent-le-Roi (23 sept., 7 oct.).

Les deux premières années du Supplément aux Affiches du pays chartrain sont encore conservées. S'y succèdent des pièces littéraires et des projets d'amélioration urbaine ou agricole: par exemple l'approvisionnement en eau de la ville haute de Chartres (29 janv. 1783), ou bien la culture du mûrier, un long mémoire de 8 p., du Chartrain Bouvet-Jourdan, texte accompagné de 4 p. de croquis explicatifs (13 janv. 1784). Les 4 p. du Supplément du 21 septembre 1784 présentent deux articles: une «Notice sur un enfant inconnu, qui parle une langue inconnue, qui a été trouvé sur les côtes de Normandie, et dont on désirerait découvrir les parents» et une «Lettre au Rédacteur» où de curieuses idées sur la pauvreté précèdent un conte en vers, «le Jongleur et le vice». En 1785 et 1786, les livraisons du Supplément offrent aux abonnés un Essai historique sur l'origine des biens et droits de l'Eglise de Chartres. A leur manière, les Affiches de Lacombe participent ainsi à la mise en cause de l'ancien régime. L'auteur anonyme de cet Essai, le notaire chartrain Vincent Chevard, futur maire de Chartres (nov. 1791), y conteste violemment les prétentions et les privilèges du Chapitre cathédral. Essai occupe 96 pages in-4°. Le 4 octobre 1786, Lacombe en propose une réimpression: «Le prix de cette collection, avec l'arrêt concernant la paroisse Saint-Saturnin, contenant 24 p., et y compris ce qui paraîtra dans la suite, sera de cinq livres». C'était aller trop loin. Le Chapitre obtint la suppression du Supplément aux Affiches du pays chartrain ainsi que l'interdiction de la réimpression projetée (arrêt du Conseil d'Etat, 16 déc. 1786, B.N., ms. f. fr., 22073, pièce 157).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Une première collection des Affiches a disparu lors de la destruction de la B.M. de Chartres (26 mai 1944). Grâce aux dons de Maurice Jusselin, la bibliothèque possède aujourd'hui deux collections très incomplètes.

B.M. Chartres, coll. Juss. R. 33, 1 vol., reliure du XIXe siècle. Ce volume contient diverses pièces dont une quittance d'abonnement aux Affiches du pays chartrain, dressée au nom de De La Borde, négociant à Châteauneuf (-en-Thimerais), signée par Lacombe le 16 avril 1784. Outre quelques numéros de journaux parus à Chartres pendant la Révolution, ce recueil contient une collection incomplète des Affiches du pays chartrain. Sont présents: 1783, n° 17 (23 avril); 1784, n° 3-5 (21 janv.-4 févr.), 7-27 (18 févr.-7 juil.), 29 (21 juil.), 32-33 (11-18 août), 35 (1er sept.), 37-40 (15 sept.-6 oct.), 42-52 (20 oct.-29 déc); 1785, n° 1-16 (5 janv.-20 avril, manquent le frontispice et p. 7-8 du n° 1), 21-26 (25 mai-29 juin), 29 (20 juil.), 31-48 (3 août-30 nov.), 50 (14 déc); 1786, n° 4 (25 janv.), 10-42 (8 mars-18 oct.), 49 (6 déc.); 1787, n° 4-17 (24 janv.-25 avril), 19-23 (9 mai-6 juin), 25-28 (20 juin-11 juil.), 30-31 (25 juil.-1er août), 33-34 (15-22 août), 36 (5 sept.), 39 (26 sept.), 41-42 (10-17 oct.), 44-46 (31 oct.-14 nov.), 48-52 (28 nov.-26 déc); coll. Juss. R. 34/1 et 2, liasses non rognées, les feuilles de cette collection n'ont jamais été reliées; quelques-unes ont beaucoup souffert de l'humidité; certaines d'entre elles sont conservées en double exemplaire; les numéros de 6 p. n'ont pas toujours gardé leurs deux dernières pages. Sont présents: 1781, n° 3-13 (17oct.-26 déc); 1782, n° 14-28 (2 janv.-10 avril), 31-34 (1er-22 mai), 36-50 (5 juin-11 sept.); 1783, n° 7-9 (12-26 févr.), 11-14 (12 mars-2 avril), 16-19 (16 avril-7 mai), 21-43 (21 mai-22 oct.), 45-46 (5-12 nov.), 48 (26 nov.), 51 (17déc); 1784, n° 2 (14 janv.), 4-52 (28 janv.-29 déc); 1785, n° 1-35 (5 janv.-31 août), 52 (28 déc); 1786, n° 24-25 (14-21 juin); 1789, n° 6-52 (11 févr.-30 déc); 1790, n° 1-12 (6 janv.-24 mars), 14-18 (7 avril-5 mai); la suite de la collection renferme les années révolutionnaires des Affiches coll. Juss. R. 34/6: coll. incomplète du Supplément aux Affiches du pays chartrain. Sont présents n° 22 et 50 de 1782, 3, 5, 6, 11, 13-16, 20 et 27 de 1783 (15 janv.-1er juil.), 1-4, 12, 13, et un supplément extraordinaire «contenant les détails de la publication de la paix» (22 juil.-27 déc), 1-26 de 1784 (13 janv.-7 déc), 1789 (mars-oct.); Evêché de Chartres, Supplément, n° 1-21 (1785-déc. 1786); B.M. Chartres, C. 158. 4, Supplément aux Affiches du pays chartrain, n° 19, 21 sept. 1784; A.M. Chartres, 1789, n° 13-35 (1er avril-2 sept.); 1790, n° 4, 12-19 (27 janv.-12 mai); A.D. Eure-et-Loir, 1790, n° 1-7, 10-18 (6 janv.-17 févr., 10 mars-5 mai); B.M. Dreux, n° 58 (6 nov. 1782), n° 25 (23 juin 1784), un Supplément aux Affiches (juin 1784); B.N., ms coll. du Vexin, vol. 46, f° 115, n° 59 (13 nov. 1782); A.N., C. 214, six numéros (6 juil.-10 août 1785) et le huitième cahier (Supplément n° VIII, cahier H, p. 29-32) de Essai de Chevard.

Au total, les lacunes sont nombreuses. Les années les plus complètes sont 1784 (manque un numéro), 1781 et 1785 (2 numéros absents dans chacune de ces années), 1789 (5 numéros absents). 13 numéros manquent en 1787, 15 en 1783, 16 en 1782, 17 en 1786. Enfin manquent totalement l'année 1788 et quelques Suppléments aux Affiches du pays chartrain.

Bibliographie

Jusselin M., L'Administration du département d'Eure-et-Loir pendant la Révolution, Chartres, 1935, 244 p. Bénéficiant de l'ancienne collection des Affiches, cet auteur donne en note, p. 175-176, la précieuse liste des 10 titres successifs des Affiches du pays chartrain entre 1781 et 1811, liste accompagnée de dates et de quelques renseignements complémentaires, tels que les formats, les rédacteurs, les imprimeurs. – Vovelle M., «Un des plus grands chapitres de France à la fin de l'ancien régime: le Chapitre cathédral de Chartres», Actes du 85e congrès national des sociétés savantes, Chambéry-Annecy, Paris, 1961. Reproduit dans Ville et campagne au XVIIIe siècle (Chartres et la Beauce), Paris, 1980, p. 169-207. Sur Chevard, voir p. 197-199. – Feyel G., Une famille d'imprimeurs chartrains. Les Le Tellier-Durand (1722-1914). Histoire d'une entreprise, mém. D.E.S., Paris, 1967, 284 p., déposé à la bibliothèque de Chartres. – Bibliographie de la presse française politique et d'information générale, des origines à 1944, fasc. 28, Eure-et-Loir, Paris, 1989. Voir la préface de G. Feyel.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE CHARTRES

Date indexée

1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792
1793
1794
1795
1796
1797
1798
1799
1800
1801
1802
1803
1804
1805
1806
1807
1808
1809
1810
1811

AFFICHES DE CARPENTRAS

0019
1769

Titre(s)

Annonces, affiches, et avis divers, pour la ville de Carpentras et le Comté Venaissin.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Hebdomadaire publié le lundi, les Affiches de Carpentras paraissent à partir du 27 février 1769 (n° 1). Leur dernier numéro connu est le n° 8 (17 avril 1769).

Description de la collection

Livraisons de 4 p., sur deux colonnes in-4° (format non rogné: 205 à 212 x 270 à 275). Huit livraisons de pagination continue (32 p.). Du 27 février (n° 1) au 3 avril (n° 6), le titre, composé sur quatre lignes, est coiffé par un bandeau: un cartouche central contenant la numérotation est entouré de palmettes et de deux profils inscrits chacun dans un petit médaillon, le tout est inséré dans un double cadre rectangulaire, orné de guirlandes. Les n° 7 et 8 (10 et 17 avril) sont décorés d'un nouveau bandeau, à l'ornementation plus chargée: autour du cartouche central, les palmettes sont plus nombreuses, trois cadres de palmettes entourent le tout.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

[Carpentras]. Les Affiches de Carpentras ne portent pas le colophon de leur imprimeur, mais seulement le visa du procureur du roi: «Nous avons vu la Feuille hebdomadaire ci-dessus. A Carpentras ce [...]. Sibour, Procureur du Roi».

Après l'interdiction de son Courrier lors de la réunion d'Avignon et du Comtat à la France (15 juillet 1768), F. Morénas avait obtenu des autorités françaises le privilège de publier des Affiches et annonces, pour Avignon et le Comté-Venaissin. Imitant le journaliste avignonnais, coup sur coup, Joseph Paris pour Aix (A.D. Bouches-du-Rhône, C. 3337) et l'imprimeur Quenin pour Carpentras sollicitent et obtiennent du Parlement de Provence l'autorisation de publier une Affiche dans chacune de ces deux capitales provinciales. Le 23 décembre 1768, les Consuls de Carpentras approuvent le «Prospectus de la feuille hebdomadaire, ou des feuilles d'affiches pour la ville de Carpentras et le Comté Venaissin dont cette ville est la capitale». Le 9 janvier 1769, le Parlement accorde à Quenin l'autorisation de publier sa feuille et fait «très expresses inhibitions et défenses à toutes personnes de faire ni débiter pareilles Affiches dans la ville de Carpentras et Comté Venaissin, à peine d'amende; et en cas de contravention d'en être informé de son autorité». Le 17 février suivant, Quenin fait afficher à Carpentras et dans le Comtat un placard où sont reproduits son prospectus et l'arrêt du Parlement; il espère d'une telle publicité «recevoir des avis qui doivent [lui] être adressés de tout le Comté Venaissin» (Bibliothèque Inguimbertine, Arch. communales, «Registre des ordres, règlements et arrêts rendus lors de la Réunion du Comtat à la Couronne de France, 1768», AA. 7, f° 76-78; Recueil 22381, pièce 8, le placard imprimé (482 x 713) reproduisant avec quelques variantes le contenu du registre).

Dans l'avertissement du 27 février (p. 1), Quenin reproduit une partie de son prospectus et donne les conditions d'abonnement: «L'abonnement sera de 6 livres par an, et de 3 livres pour 6 mois, payées par avance. On pourra s'abonner dans tous les Bureaux établis dans les différentes villes du Comté Venaissin. A Carpentras, capitale, chez le Sr. Quenin; à Lisle (sur-la-Sorgue) chez M. Bressy, greffier; à Valreas chez M. Duclaut, greffier; à Cavaillon chez M. Poncet, chancelier de l'évêché; à Vaison, chez M. Gontard, bourgeois; à Bollene chez M. Bremond, notaire royal; à Mallaucenes chez M. Aubery; à Caderousse chez M. Bourthalon, notaire royal. On pourra encore s'adresser au Sr. Roberty, imprimeur, vis-à-vis l'Hôtel St. Orner, à Avignon». Enfin, selon le prospectus, «On prendra un sol par ligne d'impression de ceux qui voudront faire savoir quelque chose au Public». Le rédacteur collecte les abonnements annuels au Mercure de France et à seize autres journaux ou gazettes; il propose aussi des abonnements de lecture: «Les personnes qui ne voudront que lire les journaux et les feuilles ci-dessus, pourront s'adresser à nos Bureaux où elles les recevront chaque semaine franches de port, en payant d'avance 4 livres par mois» (n° 22, 6 mars).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Casimir Barjavel, érudit local vivant dans la première moitié du XIXe siècle, a eu en mains une ancienne collection des Affiches de Carpentras: «Ce journal dont je n'ai vu que huit numéros dans un recueil de la bibliothèque de feu Ch. Cottier, était rédigé (ainsi que le dit Ch. Cottier à la table manuscrite qu'il a mise à la fin dudit recueil) par un nommé Philip (je pense que ce Philip est le même que celui qui était secrétaire de la commune d'Avignon)». Dominique-Gaspard QUENIN, né à Carpentras le 21 octobre 1734, succéda à son père le 20 mars 1759. En 1768, il s'intitule «imprimeur du Roi et du Parlement en la ville de Carpentras et Comté Venaissin». Incarcéré entre 1793 et 1796, il dirigea son atelier pendant près de 50 ans, jusqu'en 1808.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Rien ne saurait être plus utile aux habitants d'une ville principale que d'être instruits de tout ce qui peut les intéresser dans tout ce qui se passe chaque semaine, tandis qu'on s'informe à grands frais, le plus souvent pour satisfaire la seule curiosité des événements qui arrivent dans les pays les plus éloignés. L'objet de ces feuilles sera donc d'instruire le Public de ce qui se passera chaque semaine au sujet des ventes, achats, du prix de toutes les marchandises du Pays, du cours du Change, condition demandée ou recherchée, chose perdue ou trouvée, charge ou maison à vendre ou à louer; en un mot, de tout ce qui peut concourir à son utilité, avec un recueil des nouvelles de la Marine et des Arrêts du Parlement». Dès le n° 1 (27 févr.), il apparaît que les Affiches de Carpentras ne sont point parvenues à réaliser les ambitions de leur prospectus. Les avis sont fort rares: «Le court intervalle qu'il y a eu du 17 du courant, jour que nous avons fait afficher le prospectus de notre Feuille, avec l'Arrêt de la Cour qui en accorde le privilège exclusif, au 27 du même mois, ne nous a pas permis de recevoir les avis qui doivent nous être adressés de tout le Comté Venaissin; et nous aurions différé jusqu'à la semaine prochaine de publier la première Feuille hebdomadaire, si l'empressement que nous avons de servir le Public et de remplir nos engagements, ne l'eût emporté sur toutes sortes de considérations. D'ailleurs nous nous sommes d'autant plus volontiers laissé vaincre à notre inclination, que l'abondance des matières que nous avions pouvait suppléer d'une manière également intéressante et avantageuse au défaut de ces avis». Aussi, ce qui devait être l'accessoire devient-il l'essentiel de la feuille. Insérés en première et en seconde pages, les arrêts du Parlement s'étendent souvent sur plus du tiers des Affiches. «Plusieurs personnes de considération nous ayant demandé de commencer ce Recueil à l'époque de la réunion de la ville d'Avignon et du Comté Venaissin au Domaine de Sa Majesté, nous y avons d'abord inséré l'Arrêt de la Cour du 9 juin 1768 [...] On donnera successivement tous les Arrêts que la Cour a rendus depuis cette époque et rendra à l'avenir, et tout ce qui se passa dans cette ville lors de l'arrivée de MM. les Commissaires du Parlement» (n° 1). A l'arrêt de réunion du 9 juin 1768, accompagné du «Tableau de Messieurs les Officiers du siège royal» de Carpentras (n° 1), succèdent le long récit des travaux de MM. les Commissaires du Parlement envoyés à Carpentras (13-18 juin 1768, n° 2, 3 et 4), puis deux arrêts du Parlement contre les Jésuites (30 juin 1768, n° 5, 6 et 8). Etait-ce faire la part trop belle au nouvel ordre des choses? Le rédacteur se décide à évoquer l'ancien maître en insérant un long «Cérémonial» observé à Rome lors de la mort du Pape et de l'élection de son successeur (n° 5, 6 et 7). Ce récit reste inachevé et fait place, le 17 avril (n° 8), à un arrêt du Parlement rendu le 4 avril précédent en faveur des officiers du siège de Carpentras contre les plus petits juges locaux (arrêt étendu sur plus de 2 colonnes).

Malgré tous ses efforts, le rédacteur n'est point parvenu à développer les rubriques de service. Peu de notaires ont cru à l'utilité des Affiches les 8 numéros annoncent en tout et pour tout onze biens à vendre, louer ou affermer. La rubrique «Condition de recherche» ne paraît qu'au n° 8. Dans la rubrique «Avis» sont insérés des avis officiels (les municipalités de Carpentras et de Caromb annoncent la mise aux enchères de la ferme des Boucheries, le collège de Carpentras fait sa propre publicité), des publicités commerciales (un «fabricant d'olives» marseillais propose des thons marines au blanc, un chirurgien d'Avignon vante ses dragées antivénériennes, etc.), des offres diverses (la vente à Marseille d'un cabinet de coquillages, une personne projetant d'aller à Genève demande un compagnon de voyage afin de partager les frais, un particulier - le rédacteur? - propose de traduire du latin en français ou de dresser des «mémoires instructifs et des placets» sur toutes sortes d'affaires), des nouvelles locales (le passage et la bonne tenue du régiment de Querel à l'Isle-sur-la-Sorgue, une histoire amusante de jeu entre un «bourgeois» et un jeune garçon). D'autres publicités sont valorisées par une insertion particulière, précédée d'un titre en lettres capitales. Seules deux annonces locales bénéficient de ce traitement (des publicités pharmaceutiques d'Aix et de Malaucène); les autres annonces sont d'origine parisienne et vantent des instruments et des livrets de musique, des instruments de géographie, les gravures du sieur Chenu. La rubrique «Livres nouveaux» propose dix-sept ouvrages édités par des libraires parisiens (le seul ouvrage proposé par un imprimeur avignonnais est inséré dans la rubrique «Avis»), ainsi qu'un «Art poétique» édité en italien par Volpe, à Bologne. Ce sont des ouvrages religieux, historiques (par exemple le Précis du siècle de Louis XVde Voltaire), le discours de Condillac lors de sa réception à l'Académie française, un traité pratique de l'inoculation, etc. Comme dans les autres feuilles publiques, ces titres sont accompagnés de comptes rendus flatteurs. Deux rubriques sont très rapidement abandonnées: les résultats de la loterie de l'Ecole royale militaire (n° 1), l'arrivée des Bâtiments à Marseille (n° 1 et 2). Par contre, le «Taux de différentes denrées et marchandises vendues au marché» de Carpentras apparaît à la fin du n° 2 et se maintient jusqu'au n° 8 (sous le titre de «Prix courant» à partir du n° 5): y sont consignés les prix des céréales, mais aussi de l'huile, du safran, des amandes, haricots, pois chiches, garousses, etc. Le Taux des grains vendus au marché de Bollène (13 mars) est une seule fois inséré (n° 4, 20 mars). Le rédacteur aimerait insérer d'autres rubriques de ce genre et sollicite sans succès les municipalités: «MM. les Consuls des villes et villages du Comté Venaissin, qui souhaiteront faire insérer dans les calendriers publics les foires et marchés qu'ils ont dans leur communauté, sont priés d'envoyer une note au Bureau d'avis de cette ville chez le Sr. Quenin, Imprimeur Libraire: nous aurons ensuite attention de les annoncer dans cette Feuille» (n° 3, 13 mars).

Si besoin est, le rédacteur complète ses colonnes en allant manifestement chercher dans d'autres papiers publics des recettes utiles: un secret pour détruire les chenilles (n° 1), une nouvelle méthode pour détruire les limaçons (n° 3), un article vantant la bienfaisance des notables de Saint-Quentin et un poème (n° 4), deux anecdotes amusantes, un quatrain, une fable et une épitaphe en vers (n° 5).

Une place disproportionnée offerte aux arrêts du Parlement, des avis trop peu nombreux, le reste de leurs colonnes «bourré» par des publicités pour la librairie parisienne ou par quelques extraits d'autres feuilles: les Affiches de Carpentras n'ont pas réussi à prouver leur utilité locale. Leurs collections ne dépassent pas le huitième numéro. Rien dans ce numéro du 17 avril n'indique une fin prochaine. On est cependant en droit de penser que faute d'annonces, faute d'abonnés, le rédacteur et l'imprimeur préférèrent limiter les frais en cessant la publication.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras, 20656 (Res. C. 244), reliure récente (coll. complète), format rogné 183 x 254, reliée avec deux pièces imprimées à Aix, chez Esprit David en 1770 (un édit du roi et un arrêt du Parlement à propos des notaires). Quelques numéros des Affiches portent des apostilles manuscrites du XVIIIe siècle, dont l'une renvoie au f° 482 «du manuel ci-contre»; 22381 (1 à 8): coll. non reliée, non rognée (n° 1-7), avec (pièce 8) le placard publicitaire affiché par Quenin le 17 février 1769; Recueil Tissot n° 5, ms 1728, f° 486-489 (n° 1, 27 févr., et 4, 20 mars, portant des apostilles du XVIIIe siècle).

Bibliographie

Barjavel C., Notes manuscrites ajoutées à la brochure d'E. Requien, Bibliographie des journaux publiés à Avignon et dans le département de Vaucluse, Avignon, 1837, Bibliothèque Inguimbertine, ms 2147, f° 12. Qu'est devenu le recueil de Ch. Cottier? – Caillet R., L'Imprimerie à Carpentras, Les Editions du Mont Ventoux, Carpentras, 1943, 16 p. – Dubled H., «Les journaux à Carpentras et dans le Comtat Venaissin jusqu'au rattachement à la France (septembre 1791)», Rencontres. Association carpentrassienne de diffusion culturelle, n° 99, juil.-août 1972, 3 pages sur 2 colonnes. – Moulinas R., L'Imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècleGrenoble, 1974.

Auteur

Titre indexé

AFFICHES DE CARPENTRAS

Date indexée

1769

AFFICHES D'AUVERGNE

0010
1779
1790

Titre(s)

Feuille hebdomadaire pour la province d'Auvergne.

Le frontispice de 1779 a pour titre: Feuille hebdomadaire pour la Haute et la Basse Auvergne, contenant ce qui peut intéresser cette province. Par M. Chabrit, avocat. Celui de 1780: Feuille hebdomadaire pour la Haute et la Basse Auvergne, contenant tout ce qui peut intéresser cette province, et rédigée quant à la partie des sciences par M. Chabrit, avocat. Les années suivantes n'ont pas de frontispice.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Fondée à Clermont-Ferrand le 7 octobre 1779 (n° 1). Dernier numéro connu, n° 14 du 24 avril 1790. Les numéros sont paginés à la suite, annuellement.

Hebdomadaire publié le jeudi (7 oct. 1779 – 8 nov. 1781), puis le samedi, la Feuille d'Auvergne ne paraît pas avoir été une entreprise prospère. 500 numéros paraissent entre 1779 et 1789, au lieu de 585. C'est à l'automne de 1781 que commencent ces irrégularités. Le numéro du 27 septembre (n° 8) ne compte que deux pages au lieu de quatre comme habituellement. Suivent les n° 39 et 39 bis des 4 et 11 octobre. N'étant pas parue les 18 et 25 octobre, la Feuille reprend le 1er novembre (n° 40). Ces années 1781 et 1782, l'imprimeur a si peu de copie qu'il lui arrive à quatre reprises de distribuer des numéros de trois pages imprimées seulement, la quatrième étant blanche. Après la mort du troisième rédacteur en août 1783, il publie successivement trois numéros de quinzaine, de 4 p. chacun: n° 33 (23 et 30 août), 34 (6 et 13 sept.), 37 (4 et 11 oct.). La formule lui paraît bonne, puisqu'il continue les années suivantes: cinq numéros de quinzaine en 1784, quatre (1785), trois (1786), trois (1787). six (1788). Même en 1789, la Feuille compte encore six numéros de ce genre: n° 6 (7 et 14 févr.), 9 (7 et 14 mars), 19 (23 et 30 mai), 30 (15 et 22 août), 39 (24 et 31 oct.), 44 (5 et 12 déc). L'imprimeur diffuse parfois des numéros de 6 p. Très nombreux en 1780 (seize), ils se raréfient cependant beaucoup par la suite: quatre en 1783, à peine un ou deux les autres années. Quatre Feuilles ont même 8 p.: 1779 (deux), 1780 et 1787. Pour 1787, il s'agit d'un numéro édité pour trois semaines, le n° 48 des 15, 22 et 29 décembre. Sans vergogne, l'imprimeur s'excuse de ce retard démesuré: «Le retard qu'on a éprouvé dans la distribution de la Feuille d'avis, a été nécessairement occasionné par l'impression du procès-verbal de l'Assemblée provinciale d'Auvergne. MM. les abonnés sont priés d'y avoir égard». Au total, il a ainsi économisé près de 300 pages, n'en ayant publié que 2080 sur les 2340 (585 x 4 p.) qu'il devait à ses lecteurs, sans pour autant diminuer ses tarifs d'abonnement, les plus élevés pour une feuille hebdomadaire provinciale de 4 p.

Description de la collection

Sauf les nombreuses exceptions précédemment évoquées, la Feuille d'Auvergne est imprimée sur les deux colonnes de 4 p. in-4°. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format rogné 195 x 250), sauf entre le 1er juin 1780 et le 18 janvier 1781: le format, une demi-feuille de papier couronne, est alors plus petit (non rogné, 178 x 232). Pendant toute la durée de la Feuille, son décor est invariable. Au-dessus du titre étalé sur deux lignes, s'étend un long bandeau rectangulaire: dans ce cadre de guirlandes, deux petits médaillons et des palmettes entourent la numérotation. Sous le titre sont mentionnées entre deux filets horizontaux la ou les dates du numéro. Entre les 12 avril et 20 septembre 1783, vient s'ajouter au-dessous une épigraphe latine: Scire tuum nihil est, nisi te scire hoc sciat alter (Perse).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

L'imprimeur de la Feuille, signe au bas de la dernière page de chaque numéro: «A Clermont-Ferrand, de l'Imprimerie d'Antoine Delcros, imprimeur du roi». Le 31 mai 1781, il ajoute son adresse, «rue de la Treille». A partir de cette date, la Feuille est soumise au visa du lieutenant général de police, Chamerlat, parfois remplacé par le «lieutenant particulier» Tixier ou bien par un assesseur, de Montorcier, voire par le «conseiller-doyen» Prévost. La municipalité semble avoir voulu exercer elle aussi la censure. Le 31 décembre 1783, le procureur du roi dénonce «la Feuille hebdomadaire de cette ville du 27 du présent, fausse et injurieuse à la dignité du Corps de ville». Il s'agit d'une querelle de préséance, à propos du compte rendu des festivités qui eurent lieu à Clermont-Ferrand à l'occasion de la paix. La municipalité se plaint au garde des sceaux en lui envoyant un exemplaire du numéro incriminé, mais l'affaire ne paraît pas avoir eu de suites (F. Mège, p. 48-49).

Abonnement: 8 £ à Clermont-Ferrand, 10 £ pour le reste du royaume. Les irrégularités de sa périodicité, les plaintes de l'imprimeur, la rareté des annonces, tout indique que la Feuille d'Auvergne ne fut pas une grande réussite économique. Dès le 28 décembre 1780, Delcros, qui déclare «perdre à cette entreprise», projette de l'abandonner en octobre 1781, date du renouvellement annuel des abonnements. Le 9 août 1781, le rédacteur insiste: «Il faut pour que l'imprimeur ne perde point, que le rédacteur n'en soit pas pour son papier, ses plumes et son encre, il faut, dis-je, 240 abonnés [...] Si le nombre d'abonnés, que nous venons d'indiquer ci-dessus, n'est pas complet au 1er octobre prochain, il n'est pas possible que nous continuions cette entreprise, où le sieur Delcros perd considérablement. Et l'on rendra chez cet imprimeur, à chaque souscripteur, le montant de sa souscription, au terme que nous venons d'indiquer». Et le rédacteur de poursuivre en détaillant les frais de la Feuille 1770 £ au total (Feyel, art. 2). Voilà qui explique la suspension d'octobre 1781.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

1770-mai 1780: le fondateur de la Feuille d'Auvergne est un jeune avocat, Pierre CHABRIT, né à Parent, près de Vic-le-Comte en 1747. Malgré tous ses efforts, il se heurte à la méfiance des élites clermontoises, peu soucieuses d'encourager sa spéculation. Il a beau proclamer qu'il ne s'occupe que de «sciences», et nullement de la gestion mercantile de sa Feuille, en l'occurrence les annonces, il ne parvient pas à désarmer l'hostilité du Barreau de Clermont qui refuse de l'accueillir. L'élite sociale de cette vieille capitale provinciale, n'admet pas les Affiches, annonces et avis divers, cette presse nouvelle qui se veut «utile», surtout consacrée à la vie économique de la cité. Le 10 février 1780, le malheureux Chabrit est forcé d'admettre qu'il n'a pas été encore admis au Barreau, disgrâce qu'il attribue à la mort du bâtonnier, mais dont il faut évidemment voir la cause ailleurs. Il finit par abandonner la Feuille au début de mai suivant: il annonce son retrait le 4 mai 1780.

Juin 1780-février 1783: son successeur, Anne-Pierre de VERDAN, originaire du Forez et ancien officier des haras du roi, est établi à Clermont, «sa patrie depuis plus de vingt ans» et demeure rue du Port. Il ne paraît pas avoir été beaucoup mieux accueilli que Chabrit: «Qu'une plume plus agréable et plus intéressante se présente, et je quitte avec plaisir la carrière [...] Si j'ai eu quelque succès, je l'ai payé bien cher. Les entraves que certaines gens ont voulu me donner, tout ce que l'on a employé pour nuire à cet établissement dont l'avantage sera mieux senti lorsqu'il n'existera plus, les malignes interprétations, la quantité de lettres anonymes et injurieuses qui me sont journellement adressées, sont bien capables de me dégoûter» (28 déc. 1780). Après avoir relancé la Feuille, il finit par se retirer à la fin de février 1783.

Mars-août 1783: Guillaume-Antoine FRESSANGES, né en 1719 et originaire de Montferrand, est avocat et il se qualifie lui-même «d'ancien échevin d'honneur» (22 févr. 1783). Il insiste beaucoup plus sur la littérature et les bouts-rimés de toutes sortes, mais il n'a pas le temps de donner sa mesure puisqu'il meurt le 4 août 1783.

Selon Mège, Verdan aurait repris la Feuille après la disparition de Fressanges. Cependant, on peut en douter. Tout indique au contraire que l'imprimeur s'occupe seul désormais de la Feuille, notamment son peu de souci pour la régularité hebdomadaire: les numéros de quinzaine se multiplient après la mort de Fressanges, lorsqu'il n'y a plus de rédacteur pour remplir ponctuellement les colonnes. En revanche, il est possible que de Verdan ait repris la Feuille en 1789, notamment à partir de juillet (le 27 juillet et le 8 août, le rédacteur, s'exprimant à la première personne du singulier, rend compte des événements parisiens et se fait l'écho de la grande peur inspirée par les «troupes de brigands»). Gêné par la pusillanimité de Delcros, qui était aussi imprimeur de l'évêque, il se serait retiré de la Feuille pour aller fonder le 26 janvier 1790, le Patriote d'Auvergne, imprimé chez Beaufils, rue Saint-Genès (Mège, p. 76-79).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contrairement à beaucoup de ses consœurs provinciales, la Feuille d'Auvergne contient très peu d'annonces (biens à vendre ou à louer, demandes particulières, etc.). On retrouve là toutes les difficultés de Chabrit et le refus de la société cler-montoise de s'exprimer de cette façon. Et pourtant, elles étaient explicitement prévues par le prospectus: «Avis particuliers. Cette partie la plus minutieuse de notre feuille ne sera pas la plus inutile. On y verra d'abord quels biens, quels objets seront à vendre, à affermer, etc.; quelles demandes seront faites; quels actes se trouveront exposés, pour la purgation des hypothèques, dans les principaux sièges de la province, à Riom, à Clermont, à Aurillac, à Saint-Flour, etc. On sent combien de voyages et de surprises pourront épargner ces détails». Si dans les premiers numéros de 1779, les annonces, très peu nombreuses, occupent la première place en première page, elles émigrent en deuxième ou troisième page à partir de 1780. La rubrique prend alors le titre «d'Annonces adressées au Bureau». Par la suite, elle disparaît et l'une ou l'autre annonce est insérée au hasard de la mise en page, mais toujours en dehors de la première page. S. Labare a dénombré les quelques ventes de terres annoncées. Leur chiffre est bien faible, comparé à ce que l'on peut trouver dans les Affiches d'Orléans, de Rouen, de Metz, etc.: 11 annonces en 1779, 8 (1780), 8 (1782), 6 (1784), 6 (1785), 5 (1786), 7 (1787), 7 (1788), 6 (1789). Pour recevoir ces annonces, Chabrit avait prévu en 1779, une série de Bureaux qui prendraient aussi les abonnements, à Riom, chez l'imprimeur Martin Dégoutte, à Aurillac, chez l'imprimeur Antoine Viallanes, à Saint-Flour, chez le libraire Lallemant. Le prix de chaque avis était de 8 s., payés «au commis préposé, dans chacun des Bureaux, pour les inscrire et les donner à l'impression». Ces Bureaux ont-ils jamais existé autrement que sur le papier? En novembre 1781, on trouve plus commode d'utiliser la poste. Le tarif est alors fixé à 12 s. «pour chaque avis, signé et envoyé, franc de port».

Si les annonces sont peu nombreuses, l'imprimeur avait cependant une autre source de profit dans les publicités commerciales. Ces «avis divers» – ainsi les appelle-t-on dans les autres feuilles provinciales – sont beaucoup plus répandus dans les colonnes de la Feuille d'Auvergne: des publicités pour des produits (pharmacie, librairie), mais aussi pour des services (médecins et chirurgiens, collèges et pensions, cours de physique, etc.). Les rubriques de service ont une importance démesurée grâce à la «Conservation des hypothèques» des «sénéchaussées d'Auvergne et de Clermont-Ferrand»: imprimée en petits caractères, elle peut parfois occuper jusqu'à cinq colonnes. Une fois par mois, la Feuille publie sur une colonne les «Cours des grains et des fourrages», à Clermont-Ferrand, Riom, Issoire, Brioude, Saint-Flour, Aurillac et Mauriac; la série présente d'ailleurs des lacunes: pendant l'été 1783, en déc. 1785, en 1786 (avril-oct.), 1787 (févr.-oct.), 1788 (avril-nov.), 1789 (janv.-août). Dernière petite rubrique de service, les numéros gagnants de la «Loterie royale de France», quelques lignes seulement. Il ne reste donc pas beaucoup de place pour le contenu proprement rédactionnel.

Le prospectus de Chabrit propose un ambitieux programme et découpe en quatre secteurs le champ rédactionnel: les «mœurs, la législation, la jurisprudence», «l'agriculture», le «commerce et avis généraux», les «sciences et arts». Pendant toute la durée de la Feuille, les articles de législation et de jurisprudence furent à peu près constamment présents: arrêts du Conseil d'Etat, considérations de jurisprudence empruntées à des ouvrages spécialisés ou à d'autres feuilles périodiques. Par exemple: «Cause jugée au Parlement de Grenoble. Les héritiers d'un notaire sont-ils responsables des nullités qu'il a commises?» (3 déc. 1785). Fort honnêtement, Chabrit s'efforça de remplir son programme en insérant quelques articles d'économie et d'agriculture. Il garda trop peu de temps la rédaction pour épuiser cette veine. De Verdan place son travail sous les auspices de la Société littéraire de Clermont devenue Académie des sciences, arts et belles-lettres en 1780 et rend compte de sa séance du 25 août (7 sept. 1780). Par la suite, la Feuille ne s'occupe plus de l'académie clermontoise. Entre janvier et décembre 1782, le rédacteur donne une série de notices sur les célébrités qui illustrèrent Clermont ou l'Auvergne, depuis le Moyen Age jusqu'au XVIIe siècle. Avec Fressanges, la Feuille se remplit de pièces de vers et de petits jeux, charades ou logogriphes. Chaque année, une ou deux fables versifiées permettent d'évoquer de manière plaisante des sujets très sérieux: le bon gouvernement, les dangers de la ville, l'éducation des femmes, la bonne philosophie, etc. A côté des habituels «fabricants d'idées» comme cet intéressant médecin de Billom, Avinent, qui donne plusieurs fois son avis sur les grandes questions médicales du moment (comment se préserver de la foudre, les dangers et les bienfaits du magnétisme, les causes d'une «maladie épidémique» sévissant dans la paroisse de Mezel, l'impéritie des chirurgiens), la Feuille sait aussi informer sur les événements les plus dramatiques de l'actualité locale: quelques correspondants envoient de véritables petits «reportages» sur des grêles catastrophiques (Clermont et Brioude, juillet et août 1782, juillet 1789), trois éboulements de terrain en 1783 (à Ardes, près de Clermont, en mars, à Saint-Eustaize, dans l'élection de Clermont, en mai, près de Besse, en juillet), etc. Lentement, ici comme ailleurs, l'actualité se fait une place à côté des débats d'idées.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M.U. Clermont-Ferrand, A 65007 (Réserve), deux volumes reliés, 1779-1785 (y compris le prospectus de 1779) et 1786-1790, portant l'ex-libris «H. Michel, avocat, Clermont-F.». Entre les pages de garde du premier volume est inséré un cahier manuscrit de douze pages où le premier propriétaire de la collection a rédigé une table des «articles méritant d'être cités», un index des «grands hommes d'Auvergne», la liste des rédacteurs, etc. Il manque dans ces deux recueils: n° 6 et 7 (11 et 18 nov. 1779), 19, 29 et 33 (11 mai, 29 juil. et 17 août 1780), 18 (3 mai 1783), 6 (17 févr. 1787), 9 et 30 (7-14 mars et 15-22 août 1789), et tous les numéros de 1790, sauf n° 14 (24 avril); A 65007 (bis), n° 26 (10 juil. 1784); A.D. Puy-de-Dôme, 8. BIB.447 (13 juin 1789).

Bibliographie

Mège F., Les Journaux et écrits périodiques de la Basse-Auvergne (département du Puy-de-Dôme): notes pour servir à une bibliographie de l'Auvergne, Paris, 1869. – Labare S., La «Feuille hebdomadaire pour la province d'Auvergne», 1779-1789, mém. de maîtrise, Institut d'histoire, U. Clermont-Ferrand, 1977, 137 p., plus les annexes. – Feyel G. (art. 1), «La presse provinciale française dans la seconde moitié du 18e siècle: géographie d'une nouvelle fonction urbaine», dans La Ville et l'innovation, Paris, Editions de l'EHESS, 1987, p. 89-111. – Feyel G. (art. 2), «Négoce et presse provinciale au XVIIIe siècle, méthodes et perspectives de recherches», article à paraître aux Editions de l'EHESS.

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