L'OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 2

1081
1758
1761

Titre(s)

L'Observateur littéraire. L'année de sa disparition, le titre devient: L'Observateur littéraire dans lequel on rend compte de tout ce qui paraît de nouveau chaque année dans les Sciences, les Lettres et les Arts.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juillet 1758–1761. La collection se compose d'un nombre annuel de tomes variable. En 1758, 3 tomes publiés en 3 volumes; à partir de 1759, paraissent 5 tomes en 5 volumes par an. Chaque tome couvre approximativement un trimestre. Le premier date du début du mois de janvier (entre le 2 et le 5) et le dernier du 31 décembre.

Description de la collection

Chaque volume est divisé en lettres numérotées et datées, au nombre d'environ 6 par mois et 15 par volume. Les 360 p. des volumes se répartissent en 25 cahiers de 72 p. in-12, 85 x 165.

Aucune illustration n'égaie la collection dont la devise est: Tros Rutulusne fuat, nullo discrimine habebo.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

De 1758 à fin 1760, la revue est publiée à Amsterdam et Paris (Lambert, puis Duchesne), ensuite à Londres. La veuve Bordelet fut associée à la distribution jusqu'en 1760.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L'abbé de LA PORTE fut le seul rédacteur.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Reprenant le titre de Marmontel, douze ans après son interdiction, l'abbé journaliste expérimenté présenta sa revue d'une manière plus intelligente. Comme son prédécesseur, il se réfère à P. Bayle non parce qu'il craint de s'aliéner une partie du public mais au contraire parce qu'il veut défendre cette partie des livres dont «les journaux ne parlent pas» ou «dont ils ne parlent pas assez tôt» (1758, t. I, p. 5). Originalité et rapidité, le programme est séduisant et pertinent. Il devient moderne lorsque l'abbé justifie son travail par la «diversité dans la manière dont deux journaux traitent d'un même ouvrage». A l'ordre centralisé que la monarchie voulait imposer à la presse périodique, l'abbé oppose l'individualité des univers parallèles «souvent plus agréable que celle qui naîtrait de deux sortes de matières».

Sa critique littéraire porte sur les ouvrages récents de toutes sortes: poésie, théâtre, journaux, discours, économie, philosophie, histoire, mœurs, médecine, sans ordre aucun. Une préférence se manifeste pour le théâtre. L'abbé, amateur de comparaisons, constitue autour d'une nouveauté un véritable dossier: ainsi à propos d'Iphigénie en Tauride de Guymond de La Touche (1758, t. 1, p. 120-127), il ausculte la tragédie d'Euripide (p. 89), celle de Racine (p. 107), celle de Vaubertrand (p. 127), l'opéra de Duché (p. 110), une parodie (La Petite Iphigénie, p. 130) et Oreste et Pylade par La Grange Chancel (p. 107). En 1760, il étudie tout le théâtre de Saint-Foix (p. 3-33), celui de Pradon (p. 73-91), celui de Fagan (p. 145-174), de Dancourt (p. 217-250), de Mlle Barbier (p. 289-302), de Dufresny (1760, t. 2, p. 3-23), de Hauteroche (p. 217-227), d'Autreau (p. 289-299) et bien d'autres encore; à l'occasion de l'affaire Venceslas durant le 1er trimestre 1759, il parle de «tout le théâtre de Rotrou» (1759, t. 2, p. 289-338). La revue sert de véhicule à la querelle des Philosophes de Palissot (1760, t. 3, p. 120, 137, 212, 312; t. 4, p. 53, 217 et 276). Il aime tous les auteurs en général, jeunes ou confirmés au point de transformer ses tables des matières en bibliographies d'auteurs. Mais sa préférence va aux modernes: Helvétius (1758, t. 1, p. 168, 190, 254); Diderot défendu contre les détracteurs de son Fils naturel (1758, t. 2, p. 230), Montesquieu (1758, t. 1, p. 308), J.-J. Rousseau (1758, t. 2, p. 145), d'Alembert (1758, t. 3, p. 354; 1759, t. 3, p. 98), Voltaire (1759, t. 3, p. 117; 1761, t. 3, p. 190-216).

Il n'en néglige pas pour autant l'actualité courante. Il se montre très attentif à la parution des nouveaux journaux (L'Observateur hollandais, Le Journal économique, le projet de La Feuille nécessaire, Le Nouveau Spectateur, Le Conservateur, la Table du Journal de Verdun, Annales typographiques, Le Journal villageois, La Feuille nécessaire, Le Journal encyclopédique, Gazette d'Epidaure, Papiers anglais, Journal des journaux, Journal britannique). En 1759, il donne même «la liste de tous les Journaux ou Ecrits périodiques qui se font à Paris» (t. I, p. 340); il suit les activités académiques et enfin publie quelques lettres relatives aux événements littéraires de Paris.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 21854-21868 (incomplet); Ste G., AE 8° 3143; Ars., 8° H 26 388.

Bibliographie

Mention dans La Feuille nécessaire (1759, p. 14) à laquelle l'abbé de La Porte travailla quelques mois.

Historique

Le «plan laborieux» de 1758 a été «constamment suivi» jusqu'en 1760: proposer des synthèses à l'occasion de tel ou tel ouvrage tout en «entreprenant [le lecteur] des productions du jour» (1760, t. 1, p. 3). L'Observateur est régulièrement distribué dans 122 villes, malgré les défaillances de la veuve Bordelet que La Porte remplace en 1761 par Duchesne.

La Porte rapproche le métier de journaliste du travail de critique, mais s'interdit de «perdre beaucoup de temps à faire remarquer les défauts et de glisser légèrement sur les bons ouvrages» comme il en accuse Fréron et «ces vils corbeaux que l'aspect des vivants effraie et qui s'acharnent sur des cadavres» (5 janv. 1760, p. 3).

Toutefois, il a tendance à oublier que les journaux littéraires sont destinés à pousser les lecteurs à acheter des livres. C'est ce que lui rappelle Duchesne en 1761: «L'extrait donne [aux lecteurs] une idée suffisante pour les déterminer à en faire l'acquisition» (1761, t. 1, p. 3). Il n'est pas certain que l'abbé approuva cette nouvelle orientation. En décembre 1761, il annonce sa retraite, en s'abritant derrière le caractère «assujettissant» de son travail «fertile en dégoûts» (p. 354) et en s'enorgueillissant, pour répondre à son libraire, d'avoir recensé plus de 3000 ouvrages et plus de 2000 auteurs. Pour consoler ses lecteurs de la disparition de sa revue, il leur conseille de lire le Journal encyclopédique où ils trouveront, assurait-il, «la solidité des grands journaux et l'agrément des petites feuilles» (1761, p. 356).

Titre indexé

OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 2

Date indexée

1758
1759
1760
1761

L'OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 1

1080
1746

Titre(s)

L'Observateur littéraire.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

La collection se limite au tome I paru en 1746.

Description de la collection

Elle comporte 8 numéros, sans aucune date périodique. La pagination est continue. Chaque numéro regroupe 24 p. Chacun des 8 cahiers est constitué de 6 p., 115 x 195.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

MARMONTEL et BAUVIN, son compagnon parisien, en furent les uniques rédacteurs.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Marmontel conçoit son travail de journaliste en termes de critique plus que d'information. Dans l'espèce d'avertissement par lequel il présente son projet, il évoque surtout les difficultés et les devoirs d'un critique en se référant au modèle baylien de La République des Lettres; en ce qui concerne le contenu, il se contente de préciser qu'il «se propose de rendre compte des livres qui seront à sa portée» (p. 2).

Son intérêt va essentiellement au théâtre: pièces récentes (comédie, p. 25, comédie-ballet, p. 54, ballet héroïque du Roi, p. 110), histoire du théâtre (Théâtre anglais de La Place, p. 36, théâtre français, p. 97), esthétique du théâtre («Réflexions sur les Tragédies de pure invention», par Marmontel lui-même, p. 19), morale du théâtre (poème sur les dégoûts du théâtre, p. 58). Les vers inédits, les discours d'apparat, les manuels de rhétorique, les recueils de voyage et les réflexions générales sur l'homme complètent le tableau de ses curiosités, celles d'un philologue amateur de belles-lettres et d'un philosophe honnête homme.

Son choix d'auteurs le confirme: d'abord Voltaire et les monarques (Louis XIV et Louis XV), puis J.-B. Rousseau, Prévost, Pluche, La Place. Préférant le «charme» (p. 58) des lettres et de la pensée aux armes de la dispute, il réplique à Pluche qui les oppose que l'imagination n'est pas incompatible avec la raison, que les philosophes peuvent être orateurs.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 4124 (Rés. 51); B.A.A., 61 Z 41.

Bibliographie

A.N., Y 13751. Ravaisson, Archives de la Bastille, vol. 12, p. 273. – Marmontel, Mémoires d'un père pour servir à l'instruction de ses enfants, éd. J. Renwick, Clermont-Ferrand, 1972, t. I, p. 65-67.

Historique

Créé par besoin de gagner de l'argent, L'Observateur littéraire répond aussi à un goût personnel de ses rédacteurs pour le théâtre. Bauvin n'était pas encore l'auteur d'une tragédie, Arminius, qu'il publia en 1769 et ne fit représenter qu'en 1772 à la Comédie-Française. Marmontel, sur les conseils de Voltaire, se lançait, dès son arrivée à Paris (fin 1745), dans la voie du théâtre: il fréquenta assidûment la Comédie-Française, grâce à des entrées gratuites et ne «revenait jamais de la représentation d'une tragédie sans quelques réflexions sur les moyens de l'art» (Mémoires, t. I, p. 64). Son journal en est la preuve.

Même si les rédacteurs prirent soin d'ajouter quelques comptes rendus sur d'autres matières et quelques pièces de vers, leur revue resta trop spécialisée et trop limitée à leurs goûts personnels pour rencontrer le succès. Marmontel mémorialiste eut beau chercher les raisons de son échec dans le «ton» amène de sa critique (ibid., p. 66), il est de fait que le contenu de sa revue ne répondait pas au titre: il n'observait pas beaucoup et réduisait le littéraire au théâtral ou peu s'en faut. L'abbé de La Porte fera mieux quelques années plus tard (1758).

Toutefois le «peu de débit» qu'elle eut selon Marmontel (Mémoires, p. 66) ne fut pas la seule cause de sa disparition. La revue ne bénéficiait pas, semble-t-il, d'autorisation légale et encore moins de privilège royal. Elle fut découverte et ses exemplaires saisis lors d'une perquisition qu'une plainte de Voltaire contre un pamphlet qui visait son entrée à l'Académie, avait provoquée, entre le 25 et le 29 avril 1746.

Titre indexé

OBSERVATEUR LITTÉRAIRE 1

Date indexée

1746

JOURNAL HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE

0750
1773
1794

Titre(s)

Journal historique et littéraire.

Continuation de: Clef du Cabinet des Princes de l'Europe.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Août 1773-15 décembre 1794. Chaque année paraissent 3 volumes comportant 8 numéros bimensuels. Chaque volume est repérable par un numéro de tomaison dont le premier est le t. 138 de la Clef... et le dernier le t. 205. La collection rassemble environ 60 volumes.

Description de la collection

La périodicité passe du mois à la quinzaine à partir de 1779 seulement; chaque tome renferme alors 8 numéros datés du 1er et du 15 de chaque mois. Les volumes réunissent de 620 à 680 p. in-12; le cahier est de 16 p. et mesure 100 x 165.

La devise n'apparaît que tardivement (15 févr. 1788): Neque te ut miretur turba laboret, contentus paucis lectoribus ». En dehors d'un frontispice rudimentaire, la collection n'est égayée d'aucune illustration.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Publié d'abord à Luxembourg, imprimé par André Chevalier, le journal l'est ensuite à Liège chez J.F. Bassompierre, puis à Maëstricht chez Fr. Cavelier de 1791 à 1794. L'abonnement revenait à 8 £ par an.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le principal rédacteur fut et resta l'abbé Fr.X. de FELLER. Il fut secondé par H.I. BROSIUS jusqu'en 1787 et probablement par d'autres membres de l'ordre des Jésuites établis à Liège et par des ecclésiastiques partisans d'une lutte contre l'incrédulité (le père Dedoyar, J.L. Burton, curé de Marche, J.N. Paquot, J.H. Duvivier, oratorien archidiacre de la cathédrale de Tournay, l'abbé de Saive, entre autres).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Feller donna à la Clef du cabinet une orientation nouvelle et une originalité remarquable. Il est probablement le seul journaliste à lier si fermement actualité événementielle et critique littéraire: son nouveau titre correspond très exactement à l'intention affichée de ne plus séparer la vie de l'intelligence de la société civile et politique: «Nous avons déjà averti les lecteurs qui veulent saisir l'ensemble des jugements littéraires et philosophiques de ce journal de ne pas passer la partie politique qui, en plusieurs endroits, se trouve liée avec l'autre. Il est encore plus nécessaire d'avertir ceux qui séparent les deux parties, de se désister d'une opération qui détruit les liens du tout... C'est la dépendance des idées et des choses qui fondent l'utilité de ce journal et qui en forment le caractère particulier» (J.H.L., 1er janv. 1777, p. 32).

A cette fin, Feller répartit ses informations et ses réflexions en 5 rubriques: comptes rendus bibliographiques, nouvelles de l'Europe de l'Est et du Nord, Europe du Sud, Angleterre et Hollande, France. Le contenu des rubriques est variable selon le mois.

Idéologiquement persuadé de l'influence des intellectuels, il fait du journaliste un auxiliaire vigilant des «instituteurs» de la jeunesse (15 oct. 1779, p. 237) et se montre constamment soucieux de la protection de l'enfance (1er mai 1781, p. 9) et de la défense des valeurs religieuses; il se présente lui-même en «critique exorbitamment chrétien» (15 juil. 1781, p. 402), doté d'une «crédulité tardive» et d'un «consentement indocile» (1er août 1778, p. 501) à l'égard des «beaux esprits du jour» (1er mars 1781, p. 315) et peu enclin au «culte du temps présent» (ibid., p. 325). Se sentant vivre «au milieu d'un torrent qui emporte tout, qui contourne avec violence le langage des gens de bien et l'assortit au ton d'un siècle où il n'y a presque plus de place pour le vrai, pour le bien pur et sans mélange» (1er juin 1782, p. 160), il se bat contre Voltaire, Buffon, Raynal, d'Alembert, toutes les sociétés de gens de lettres (1er nov. 1780, p. 339; 15 févr. 1777, p. 254; 15 févr. 1783, p. 316), les juifs et le café (15 févr. 1781, p. 184; 15 juil. 1781, p. 396), se dispute avec la Gazette de Francfort (1er sept. 1776, p. 26), avec les Nouvelles ecclésiastiques (1er févr. 1781, p. 186; 1er mai 1785, p. 48), avec les Affiches de Lorraine (15 sept. 1776, p. 129), avec Linguet (15 mai 1784, p. 264); il dénonce les «connivences» entre intellectuels chrétiens et philosophiques (15 mai 1782, p. 107), en soulignant les effets nocifs de «la contagion de quelques maximes nouvelles qui s'accréditent quelquefois chez les hommes les mieux intentionnés» (1er janv. 1777, p. 8).

Chaque volume s'achève sur une ou deux tables, souvent incomplètes, des nouvelles politiques et/ou des matières littéraires par ordre alphabétique des titres d'ouvrages.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection rare et incomplète: B.N., 8° L2 C 62 A.

Bibliographie

Feller Fr. X., Lettre concernant la proscription du «Journal historique et littéraire», s.l.n.d. [1788], in-8°, 12 p.; La Vérité vengée, ou «Lettre d'un ancien magistrat à l'abbé Feller, rédacteur du Journal historique et littéraire», Liège, 1789, in-8°, 76 p.; Recueil des représentations, protestations et réclamations faites à S.M.I. par les Etats des 10 provinces des Pays-Bas autrichiens, Liège, Tutot, 17 vol. in-8°, 1790. – Capitaine U., Recherche sur les journaux liégeois, Liège, Desoer, 1850, p. 106-115. – Warzée, Essai historique sur les journaux belges, Gand, 1845. – Kuntziger, Essai historique sur la propagande des encyclopédistes en Belgique dans la 2e moitié du XVIIIe siècle, Bruxelles, 1880, p. 99-121. – Francotte H., Essai historique sur la propagande des encyclopédistes français dans la principauté de Liège, Bruxelles, 1880, p. 143-165. – Tassier S., Les Démocrates belges de 1789, Bruxelles, 1930, p. 245-252. – Grégoire P., Drucker, Gazettisten und Zensoren durch vier Jahrhunderte luxemburgischer Geschichte, rLuxembourg, 1964, t. II, p. 13-88. – Sprunck A., «Le Conseil privé et le Journal historique et littéraire de Feller», Hémecht 17, 1965, p. 183-205.

Historique

Ce journal naît de la volonté chez certains membres de l'ordre interdit des Jésuites, de résister aux flots envahissants de la «soi-disante philosophie» qui, à la manière des «maladies épidémiques, s'étend et se fortifie par les ravages qu'elle fait» (1778, t. 2, p. 16). Fr.X. Feller, replié dans un «inamissible [sic]domaine ceint d'un mur d'airain» (15 sept. 1780, p. 91), dénonce toute idée nouvelle et analyse en termes catastrophiques l'actualité dans laquelle systématiquement il découvre une confirmation de ses appréhensions. Ne reconnaissant de valeur qu'à Fontenai, Fréron et Querlon, «plumes attentives à rappeler les règles et à proscrire les abus» (1er déc. 1779, p. 480), se battant contre tous et tout avec cette «énergie de cœur qui fait les héros», il connut naturellement de nombreuses difficultés.

Ses lecteurs s'impatientèrent de ses incontinentes réponses aux travaux de Buffon (1780, t. 155, p. 631), se plaignirent de son austérité qui lui faisait écarter la critique théâtrale (1er févr. 1782, p. 178), de son obsession polémique qui le rendait insensible aux pièces fugitives (15 août 1782, p. 570).

Dès l'année 1781, il subit les effets de la censure (1er mars, p. 356). En 1782, il grogne de n'être pas autorisé à développer librement son avis à propos de la révocation de l'édit de Nantes (1er nov. 1782, p. 344). En 1784, le numéro d'avril est caviardé si grossièrement que Feller supplie ses lecteurs de ne pas ajouter des «plaintes à [ses] dégoûts et [ses] rebuts» et rapporte que les ouvriers imprimeurs «perdent ou retranchent [...] par mauvaise volonté ce qui est absolument requis pour former un sens raisonnable», que «les gens auxquels on livre [son] manuscrit en font ce qu'ils jugent à propos», que «la censure y fait des dégâts [...] qui laissent nécessairement des hiatus destructifs de l'ensemble» (1er mai 1784, p. 80).

Au début de 1785, des frissons de lassitude et d'interrogation le saisissent. Cherchant un collaborateur qui le déchargerait de «la partie la plus unie et pour ainsi dire mécanique de son ouvrage» (1er janv., p. 31), il reconnaît que «les jeunes gens qui travailleraient chez [lui] seraient bien à plaindre, [car] il n'y a aucun encouragement temporel, aucun moyen de subsistance pour ceux qui n'en ont pas d'ailleurs» (1er févr., p. 311). Il est conscient aussi que «l'air suranné» (1er août 1784, p. 496) qu'il donne à sa revue déplaît au pouvoir. Il avoue sacrifier tout commentaire personnel qui en matière politique serait désormais «le fruit de l'imprudence et d'une loquacité très déplacée» (15 févr., p. 312). Il trouve même «étrange» sa situation de «critique chrétien» qui «ne peut prendre de parti sans se faire une violence douloureuse» (1er janv. 1785, p. 23).

Mais les indignations de sa conscience chrétienne retrouveront leur voix. En 1788, il manifeste si haut ses critiques à l'égard de Febronius, son opposition aux réformes de Joseph II, qu'il est obligé de quitter Luxembourg et de s'installer à Liège. Plus encore, les événements révolutionnaires du Brabant raviveront sa pugnacité et relanceront ses désagréments. Son journal est régulièrement victime d'«enlèvement» (15 févr. 1794, p. 238), malgré la levée des «anciennes proscriptions» que des «avocats fiscaux, présidents, commis et employés aux douanes, aux aguets là où ils peuvent l'être pour enlever tout ce qui a l'air de couler de [ses] principes» essaient de renouveler (janv. 1794, p. II). Depuis 1789, il ne cessait de pousser le peuple à la résistance active et violente, par tous les moyens et même les fausses rumeurs (mars 1789 contre le recteur de l'université de Bonn) au profit du parti aristocratique sacerdotal.

Titre indexé

JOURNAL HISTORIQUE ET LITTÉRAIRE

Date indexée

1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792
1793
1794

LE JOURNAL ENCYCLOPÉDIQUE

0730
1756
1794

Titre(s)

Le Journal encyclopédique.

Devient à partir du 1er octobre 1775 (t. VII, 1): Journal Encyclopédique ou Universel (et non au 1er janvier 1760, comme indiqué par Clément, sauf en cas de nouvelle édition).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er janvier 1756-20 décembre 1793 (9 nov., selon Capitaine). Le journal parut sans discontinuer, à raison de 8 tomes par an soit au total 288 volumes (Clément). Le prospectus fut lancé en novembre 1755. La périodicité annoncée fut respectée: un numéro par quinzaine, soit 788 numéros (ou parties de chaque tome) en tout. D'autres comptages aboutissent à 295 vol. (Froidecourt) ou 302 vol. (Birn). Ces divergences naissent soit du caractère souvent incomplet des collections, soit du changement de rythme de parution à partir du 30 janv. 1791 (3 numéros par mois). Les journalistes, quant à eux, confondent volume et livraison et comptent 24 vol. par an en 24 tomes.

Description de la collection

Chaque volume est composé de 3 parties correspondant à une quinzaine. Ainsi, il faut attendre le dernier tome d'un semestre pour que le découpage en parties et en mois coïncide. Chaque livraison rassemble 144 p. au début, puis dès 1757, 167 p. Par la suite, une pagination continue s'étendra à l'ensemble d'un tome jusqu'à 566 p.

Les cahiers, au nombre de 7 puis de 9, sont de 6 p., format in-12, 85 x 135.

Sans devise au début, la page de titre laisse une grande place à la dédicace (J.Th. de Bavière) jusqu'au numéro d'octobre 1792. En 1793, une devise la remplace: Omnes tulis punctum qui miscuit utile dulci. Quelques illustrations (portrait, musique, planche, gravure) égaient les numéros des premières années. Mais P. Rousseau sera obligé d'y renoncer par souci d'économie.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Publié d'abord à Liège sans privilège jusqu'au 15 décembre 1759, imprimé par E. Kintz jusqu'au 15 juillet 1757 puis à l'imprimerie du Bureau du journal, rue Saint-Thomas (Liège), avec privilège puis, à partir du 15 août 1757 avec privilège exclusif mais sans approbation, il sera publié à Bouillon et imprimé au journal avec privilège et approbation, du 1er janvier 1760 jusqu'à la fin; mais il perd et privilège et approbation le 10 janvier 1791.

La souscription «toujours ouverte» est de 20 florins de Liège ou 10 florins d'Allemagne pour une année. Le prix de 24 f de France «sans y comprendre le port qui doit être payé d'avance» ne sera indiqué que le 1er septembre 1757.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le fondateur fut Pierre ROUSSEAU (de Toulouse). Il fut aussi le rédacteur principal; même s'il s'entoura de nombreux collaborateurs, certains ne se maintinrent pas longtemps (à Liège, Deleyre et l'abbé Yvon, à Bouillon l'ex-oratorien Pascal, à Paris le chevalier Méhégan, Fr. H. Turpin, Panckoucke, l'abbé Prévost de La Caussade, Pierre de Morand). D'autres, plus dévoués et plus fidèles, restèrent auprès de lui de nombreuses années: J.-Louis Castilhon (1762-1773), Grundwald (à partir de décembre 1761), J.R. Robinet jusqu'en 1771; Charpentier et Maignard à partir de 1774, à Bouillon; à Paris, J. Castilhon fut son correspondant permanent de 1763 à 1771; il fut remplacé par Meusnier de Ouerlon. Quelques correspondants étrangers complétèrent l'équipe: Jean Deschamps à Londres (sans doute pas au-delà de 1761), et surtout Formey à Berlin. Bien d'autres noms pourraient être ajoutés et l'ont été par la plupart des chercheurs mais sans rigueur: ou bien ils réfèrent à des collaborateurs de la Société typographique ou bien ils renvoient à des auteurs, certes prestigieux (d'Alembert, Voltaire par exemple) mais sans activité réelle dans le journal.

De façon sûre, on peut ajouter en tant que collaborateurs-rédacteurs: l'abbé Guasco en 1767, l'académicien berlinois Mérian, le poète parisien Saint-Ange, le juriste Brissot de Warville et le noble normand C.G.T. (probablement Toustain de Richebourg).

Sans être totalement arbitraires, la plupart des listes sont soit excessives (par fierté nationale?) soit systématiquement différentes. L'incertitude règne.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le prospectus annonce une recension de toutes les nouveautés bibliographiques et la présentation des événements politiques. Le journal en tient la promesse. Chaque livraison propose des séries de comptes rendus d'ouvrages récents; suivent des inédits sur toutes sortes de matières (poésie, science, nouvelles diverses), des comptes rendus de séances académiques et de multiples informations sur les provinces françaises et étrangères. La dernière rubrique est toujours celle des nouvelles politiques venues du monde entier.

Le journal ne favorise aucun auteur sur le plan quantitatif mais goûte particulièrement ceux qu'il appelle les «grands hommes»: Voltaire, Montesquieu, d'Alembert, Buffon, et la grande entreprise de l'Encyclopédie. Diderot, présent dans le premier numéro, n'apparaît plus qu'à propos de son drame, Le Fils naturel. Mais le rédacteur n'apprécie guère ce genre. Helvétius, probablement au nombre des amis personnels de Pierre Rousseau, fut, tout au long de sa carrière littéraire, soutenu dans le journal. Au contraire, J.-J. Rousseau, sans cesse examiné, fut constamment combattu. La plupart des auteurs religieux français, allemands, anglais ou italiens, la plupart des grands juristes, des grands économistes, des grands mathématiciens, physiciens, naturalistes et quelques métaphysiciens se retrouvent dans tous les numéros.

Aucune table générale n'a été intégrée à la collection. Seul existe un Index moderne (D. Lenardon, Genève, Slatkine, 1976).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections rares et souvent incomplètes: B.N., G 4489; Opéra, 729; Musée ducal de Bouillon.

Bibliographie

Archives de l'Etat d'Arlon, dossier Cour souveraine; archives privées de Bouillon (Weissenbruch): Musée ducal; archives générales du Royaume à Bruxelles; Koninklijk Huisarchief, La Haye; archives de l'Etat de Liège, fonds Ghisels surtout; B.N., fonds Anisson- Duperron; B.M. Sedan, fonds Fleury; B.P.U. Genève, dossier Panckoucke; B.U. Liège, fonds Fabry; Staatsbibliothek, Berlin, fonds Formey. – Légipont G. de, Vérité de la religion avec une réfutation du «Journal encyclopédique», Liège, 1758. – Ransonnet, Anecdote prophétique de Matthieu Lansberg, auteur immémorial de l'Almanach de Liège, traduite fidèlement du gaulois par un Liégeois pour résister aux fureurs posthumes du «Journal encyclopédique» contre Liège, Liège, 1759. – Garrigues de Froment, Eloge historique du «Journal encyclopédique» et de P. Rousseau, son imprimeur, Paris, 1760. – Malebranche P.B., Le Microscope bibliographique, Amsterdam, 1770. – Mellinet, notice sur le J. E., dans Esprit des journaux, mai 1817, t. II – Warzée A., Essai historique et critique sur les journaux belges, Gent, 1845. – Capitaine U., Recherches historiques et bibliographiques sur les journaux et les journaux périodiques liégeois, Liège, 1850. – Francotte H., Essai historique sur la propagande des encyclopédistes français dans la principauté de Liège, Bruxelles, 1880. – Kuntziger J., Essai historique sur la propagande des encyclopédistes français en Belgique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Bruxelles, 1880. – Halkin L.E., «Contribution à l'histoire du Journal encyclopédique d'après les archives diplomatiques du Saint-Siège», Bulletin de l'Institut belge de Rome, s.l., 1930, p. 225-245. – Idem, «Note sur P. Rousseau», ibid., t. XII, 1932. – Charlier G. et Mortier R., Une suite de l'«Encyclopédie»; le «Journal encyclopédique», Paris, Nizet, 1952. – Froidcourt G., «P. Rousseau et le Journal encyclopédique à Liège», La Vie wallonne, t. XXVII, 1953, et rééd. (Liège, 1954). – Clément F., Le «Journal encyclopédique» et la Société typographique; exposition en l'hommage de P. Rousseau et Ch. A. Weissenbruch, Musée ducal, Bouillon, 1955. – Birn R., «The Journal encyclopédique and the old régime», Studies on Voltaire, t. XXIV, 1963, p. 219-240. – Idem, Pierre Rousseau and the philosophes of Bouillon, Studies on Voltaire, t. XXIX, 1964. – Schroeder W., «Zur Geschichte des Journal encyclopédique», Neue Beiträge zur Literatur der Aufklärung, t. XXI, Berlin, 1964. – Roegiers J., «L'intervention des autorités ecclésiastiques contre le Journal encyclopédique. La correspondance du nonce apostolique à Bruxelles avec le secrétaire d'Etat à Rome à ce sujet», Lias, t. I, 1974. – Van Hoecke W., «Les théologiens de Louvain et la cabale contre le Journal encyclopédique», Lias, t. I, 1974. – Wagner J., «Les images de l'Amérique dans le Journal encyclopédique», dans L'Amérique des Lumières, Droz, 1977, p. 117-131. – Tucco-Chala S., Ch. J. Panckoucke et la librairie française (1736-1798), Touzot, Paris, 1977. – Wagner J., «L'année 1778 dans le Journal encyclopédique», Dix-huitième siècle, 1979. – Idem, «Una pratica culturale nel 18 seculo; la bibliografia comentata», dans Sociologia délia litteratura, 1979, n° 4-5. – Idem, «<Comme l'eau le sucre> ou anthropologie et histoire dans le Journal encyclopédique», Studies on Voltaire, t. CLXXXIII, 1980. – Idem, «P. Rousseau à Liège», dans Livres et Lumières au pays de Liège, Liège, 1980. – Idem, «Le rôle du Journal encyclopédique dans la diffusion de la culture», Studies on Voltaire, t. CXCIII, 1980. – Idem, «L'écriture du temps; une difficulté pour la presse périodique ancienne», dans Le Journalisme d'ancien régime, P.U.L., 1982. – Idem, «Le discours sur la poésie dans le Journal encyclopédique», dans Œuvres et critiques, VII, 1982. – Blandin Y. M., «Aspects d'une bibliothèque privée à Beauvais au XVIIIe siècle», dans Groupe d'études des monuments et œuvres d'art du Beauvaisis, 1982, n° 2. – Biart G., «P. Rousseau, chef d'une maison d'édition au siècle des Lumières», Archives et bibliothèques de Belgique, 54, 1983, n° 1-4. – Clément F., «P. Rousseau et les journaux de Bouillon», Annales de l'Institut archéologique du Luxembourg, Arlon, 1985, t. 112-113, 1981-1982. – Wagner J., Lecture et société dans le «Journal encyclopédique» de P. Rousseau (1756-1785), thèse d'Etat, Clermont-Ferrand, 1987. – Idem, «Espace rhétorique et enregistrement de l'actualité dans la presse périodique au début de la Révolution, 1789-1790», dans La Révolution du journal, 1788-1794, éd. P. Rétat, C.N.R.S., 1989. – Idem, «Images de la Bretagne dans le J.E. entre 1780 et 1789», Revue archéologique de Bretagne, 1989.

Historique

Le Journal encyclopédique de Liège est né de la conjonction d'un tempérament, d'une occasion et d'un moment. D'un tempérament: P. Rousseau, tenté par la gloire littéraire, n'a pas réussi à percer dans le milieu parisien, malgré quelques heureux essais dans le roman et au théâtre entre 1740 et 1755, mais il n'a pas perdu courage. Peu créateur, il se fera entrepreneur culturel. D'une occasion: l'invitation, en 1755, de fonder un journal en Allemagne que lui adresse l'Electeur palatin dont il est le correspondant littéraire en France. D'un moment: la politique des monopoles fermement imposée par Malesherbes excluait la réalisation d'un projet de journal encyclopédique en France où régnaient en maîtres, le Journal des savants, le Mercure de France, les Mémoires de Trévoux et L'Année littéraire et, pour les nouvelles politiques, la Gazette de France. Plusieurs tentatives de journal encyclopédique avaient échoué. Par ailleurs, l'atmosphère idéologique française était, depuis 1752, passablement troublée par la parution des premiers volumes de Encyclopédie.

Installé à Liège en 1755 pour des raisons géographiques (centre d'un réseau de routes franco-allemandes, proximité de la frontière française, de Sedan et de Metz, entre autres) et pour des raisons politiques (appui de Cobenzl – partisan d'un Etat libéral et laïque, opposé au conservatisme clérical dominant à Liège – à un projet représentatif des Lumières), Le Journal Encyclopédique est bien accueilli la première année à Liège, en Allemagne (en dépit de quelques critiques), en France (malgré l'interdiction de diffusion), et en Italie où il est traduit en langue nationale (J.E., juil. 1757, p. 143). Mais dès 1757, Légipond, curé à Liège, exprime des étonnements qui évoluent rapidement en accusations puis en dénonciations. La commune de Liège résilie son abonnement en 1758. Le synode de la ville fait appel aux théologiens de Louvain. L'affaire du Journal Encyclopédique liégeois commençait. Les Nouvelles ecclésiastiques diffusent la nouvelle dès le 4 novembre 1758 (p. 178) et dénoncent le lancement de l'édition italienne. Kaunitz à Bruxelles, le nonce du pape à Rome et à Vienne, Fréron à Paris, interviennent les uns pour éviter des troubles, les autres pour châtier le fauteur de troubles. Le pouvoir clérical l'emporte. Cobenzl ne parvient pas à faire accepter à Kaunitz le transfert du journal à Bruxelles, malgré la promesse de changer le titre en «journal littéraire» par souci d'apaiser les autorités. Le mercenaire M. de Gouvest lui fut préféré. Avec la complicité de Cobenzl, P. Rousseau réussit à quitter Liège avant la saisie de son matériel et se réfugie, malgré lui, à Bouillon. En France, les Nouvelles ecclésiastiques poursuivent leur œuvre de sape entamée contre Le Journal Encyclopédique en l'accusant d'être le prolongement direct d'une Encyclopédie récemment interdite pour l'article Genève (2 avril, p. 69); L'Année littéraire frémit d'indignation à la vue de cet «enfant des Ténèbres» (1760, t. VI, lettre n° 13, 27 sept., p. 291). Première crise, première victoire.

A Bouillon, la tempête calmée (arch. Bruxelles, lettre de P. Rousseau à Cobenzl, 9 déc. 1761), le journal prospère. Mais dès 1762, les signes d'une nouvelle crise s'annoncent. Pierre Rousseau supporte mal ces paysages «affreux» (lettre de Voltaire, 28 août 1762); il essaie de partir à Mannheim. Indisposé, le duc de Bouillon le menace et surtout ne déjoue pas la tentative d'un collaborateur parisien, le chevalier de Méhégan, de s'emparer de toute l'entreprise bouillonnaise, peut-être inspirée par Ch. J. Panckoucke qui, dès 1763, songeait à concentrer toute la presse française dans ses seules mains. P. Rousseau sauve son journal en multipliant le lancement de nouveaux titres et en établissant en 1768 une Société typographique à Bouillon qui le mettra à même de se croire l'égal d'un M.M. Rey et de résister victorieusement aux invites de fusion que souhaitait Ch.J. Panckoucke entre son Mercure et Le Journal Encyclopédique. Même si le journal ne fait pas encore partie du cénacle des grands journaux établis en France (en 1770, la Bibliographie parisienne, qui recueille les jugements que les journalistes ont portés sur les livres qu'elle recense, cite le Mercure de France, le Journal des savants, la Gazette universelle de littérature, L'Avant-coureur, Les Affiches de province et L'Année littéraire, mais pas le Journal encyclopédique), à la mort de son fondateur, le journal se maintint sans mal, grâce à l'intelligence jalouse de Ch. Weissenbruch, à qui P. Rousseau avait confié l'administration de toutes ses entreprises de presse en 1775 (A.E.A., dossier Cour souveraine 1776 A) et à qui le duc de Bouillon avait confirmé le privilège et la direction (contrat signé le 15 juillet 1788, arch. Musée ducal Bouillon, dossier 2, n° 10).

Dès 1775, la seconde crise, d'origine française, était passée. Le journal étend alors sa distribution à toute l'Europe. Les collaborations aléatoires ou malintentionnées dont P. Rousseau fut victime juqu'en 1773 font place à une équipe toujours réduite mais stable, d'orientation moins militante mais professionnellement plus sûre (Formey, Maignand, Mérian, Meusnier de Querlon, Grundwald) ou plus spécialisée (Saint-Ange, Brissot de Warville, Toustain-Richebourg).

Depuis 1775, Le Journal Encyclopédique a atteint culturellement et idéologiquement son rythme de croisière. Il unifie son discours autour d'un souhait (désolidariser le pouvoir et la société civile de l'Eglise) et d'un refus (exclure toute philosophie antireligieuse et en particulier le matérialisme). De la sorte se constitue un espace médian, entre le conservatisme clérical et le modernisme matérialiste ou vitaliste, dans lequel Le Journal Encyclopédique dresse le portrait d'un honnête homme conforme au régime classique de l'esprit et adapté à la nécessité d'évoluer tout à la fois.

Ainsi installé sur un socle culturel large, au carrefour de l'ancien et du nouveau et assis sur une puissance matérielle et financière considérable, le Journal Encyclopédique traverse les années quatre-vingt sans mal. Les souscripteurs semblent nombreux (lettre de P.R., vers 1780; arch. Weissenbruch, 10, n° 8) et séduits. Un Milanais, J. Consigliachi, commande deux collections du J.E. (220 tomes), le 17 juin 1783 (arch. W., 7, n° 18).

Ces qualités feront, après 1789, ses défauts. Malgré la sensibilité populaire qu'il partage avec les membres de son équipe (P. Rousseau d'origine humble, adorait le théâtre de foire, les frères Castilhon récrirent les romans de chevalerie et la famille Weissenbruch ne se rangea pas du côté aristocratique en 1789; Ch. Auguste Weissenbruch et son fils furent même, semble-t-il, membres du Comité de surveillance et de la Société populaire de Bouillon, d'après un Mémoire, publié à Liège, 1794 [an III], 40, 22 p., rédigé par le neveu de P. Rousseau; «Mon père et moi fûmes les seuls de ceux qui composaient la < Société > [gens riches et cultivés de Bouillon] qui nous trouvâmes à cette réunion fraternelle», p. 7), le journal aura de la peine à s'adapter à la nouvelle sensibilité culturelle née au cours de la Révolution.

Expression exemplaire de l'esprit classique du XVIIIe siècle, il fut englouti au moment où disparaît l'ancien régime. La troisième crise lui fut fatale.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Le J.E. a fait l’objet d’une demande de permission tacite en France en décembre 1774, demande refusée (ms. fr. 21933, f° 60).

Titre indexé

JOURNAL ENCYCLOPÉDIQUE

Date indexée

1756
1757
1758
1759
1760
1761
1762
1763
1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772
1773
1774
1775
1776
1777
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1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792
1793
1794

GAZETTE DES DEUX-PONTS

0507
1770
1777

Titre(s)

Gazette Universelle de littérature, aux Deux-Ponts.

Un tel titre explicitait sans ambiguïté la mission du journal. C'était d'autant plus nécessaire que le duc régnant des Deux-Ponts, le prince Maximilien-Joseph de Bavière, avait encouragé le lancement d'une gazette des événements politiques dite «Gazette des Deux-Ponts». Parfois, pour améliorer le repérage, elle fut désignée sous le titre de Gazette Universelle des Deux-Ponts.

Devient en 1778: Gazette ou Journal universel de littérature.

Continué par: Journal de littérature française et étrangère (1785-1786).

 

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1770-1777. 8 volumes. Chacun rassemblait tous les numéros annuels qui paraissaient deux fois par semaine, le lundi et le jeudi.

Description de la collection

Chaque numéro était composé d'un cahier de 8 p., soit une feuille d'impression, 155 x 205, petit in-4°, paginé en continu et imprimé sur deux colonnes.

Le nombre de pages varie de 588 (vol. I, 1770) à 840 (vol. III, 1772). La périodicité réelle en est la raison: les livraisons bihebdomadaires n'atteignent pas toujours le nombre prévisible (104): 71 livraisons en 1770, parfois davantage (81).

A la fin de chaque volume annuel: une table alphabétique des titres recensés au cours de l'année sur 20 p. en 1770.

Le haut de la première page de chaque cahier est orné d'un étroit frontispice qui s'étend sur toute la largeur. Les autres pages ne comportent ni gravures, ni planches, ni dessins, ni musique. Aucune devise n'a été retenue.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le premier numéro parut avant le 3 mai 1770 (date du n° 2) mais sans autre précision, aux Deux-Ponts. Le responsable pour le duché était Dubois-Fontanelle à Paris, Lacombe était chargé, en tant que conseiller et imprimeur du Duc, de recueillir envois et abonnements (Préface, n° I, 1770, p. 3).

Ceux-ci coûtaient 18 £ par an. En 1777, la collection complète de la Gazette en 8 volumes valait 104 £ et 16 s. (ou 13 £ et 2 s. par volume) (1777, p. 824). A la fin de l'année 1777, il était possible de souscrire dans 40 librairies en France pour 36 villes de diffusion.

La Gazette a été publiée avec privilège mais celui-ci ne figure pas dans la collection. Seul, le prospectus a été présenté: il occupe la totalité du premier cahier de 1770.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

DUBOIS-FONTANELLE s'est chargé presque seul de la rédaction jusqu'à la fin de l'année 1776 n° 49, p. 392. Ensuite, la Gazette fut prise en charge par une Société de gens de lettres. On peut compter, parmi les collaborateurs réguliers, J.J. Oberlin, à qui appartenait la collection déposée à la B.N. Aucun autre nom ne peut être avancé à part quelques poètes mineurs, comme Pech de Toulouse ou Madame Verdier qui y publient quelques pauvres vers.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu annoncé répond au «projet d'un catalogue général et raisonné des productions nouvelles» (Préface, n° I, 1770, p. 1) paraissant tant en France qu'à l'étranger. La Gazette souhaitait devenir «en quelque sorte, le dépôt commun de l'Europe savante [et] réunir les membres de la République des Lettres en réunissant leurs travaux» (p. 2).

Le catalogue devait se présenter sous une forme raisonnée: les annonces des nouveautés furent, en effet, divisées «par le nom des diverses classes ou facultés adoptées dans les catalogues de grandes bibliothèques»: Théologie, Philosophie, Histoire, Sciences, Belles-Lettres, Poésie.

Le contenu réel correspond fidèlement au projet d'un catalogue général et raisonné. Trois rubriques principales organisent chaque cahier. Les «Sciences» rassemblent les ouvrages de théologie, de jurisprudence, d'économie politique, d'histoire naturelle, de mathématiques, de philosophie, de morale, de médecine, de physique, de botanique et de droit les «Belles-Lettres» regroupent l'histoire, la poésie, le théâtre, le roman les «Arts», la chirurgie, le commerce, l'art épistolaire, et divers autres branches des techniques.

A partir de 1771, chaque numéro est partagé en deux grandes parties: l'une sur trois pages recense les livres nouveaux la seconde, sur la dernière page, rassemble quelques nouvelles relatives aux Académies ou quelques annonces et avis divers projet d'édition, par exemple, ou information sur un personnage quelconque. Parfois, les annonces concernent des gravures.

Le grand auteur de la Gazette est Voltaire. On le découvre partout. Des compliments qu'il fait (1770, p. 216) ou qu'il reçoit (1770, p. 525); des lettres qu'il adresse (1770, p. 264; 1771, p. 295; 1776, p. 119-120, 359; 1777, p. 244) se multiplient; les rédacteurs le défendent contre certaines critiques (1776, p. 525; 1777, p. 258, 360).

Le grand ouvrage est l'Encyclopédie:les Suppléments prévus par M.M. Rey sont longuement présentés (1776, p. 191), le Prospectus de la table analytique dressée pour Encyclopédie occupe trois numéros successifs (1776, n° 25 à 27), la nouvelle édition de la «Description des Arts et Métiers», à Neuchâtel, est annoncée par insertion du prospectus sur quatre numéros (1776, p. 350 à 375). Deux mois après, c'est l'avis de souscription pour l'édition de Genève qui prend la place du catalogue (1776, p. 487-488), accompagné d'un aveu d'admiration sans bornes: «On ne peut sans doute donner trop de publicité à un ouvrage aussi utile à l'avancement de l'esprit humain, au progrès de la raison, à la propagation des lumières et au développement de l'industrie que l'est celui de l'Encyclopédie» (1776, n° 61, p. 487).

Ici et là, apparaissent les silhouettes de d'Alembert (1776, p. 256), de Diderot (1776, p. 231, 342), d'Helvétius (1777, p. 98). Quelques poètes sont convoqués: Lemierre (1777, p. 375), Neufchâteau (1777, p. 134 et 592), Dorat (p. 86, 639).

La description du contenu et des principaux centres d'intérêt indique assez la valeur de ce périodique. Et pourtant, il éprouva des difficultés à se maintenir. Dès la fin du second trimestre 1776, Dubois-Fontanelle décidait de quitter les Deux-Ponts (1776, p. 391). Il était remplacé par une société de gens de lettres.

Le changement de rédaction s'accompagne d'un changement de contenu. La comparaison permet d'avancer quelques raisons pour expliquer les difficultés du périodique.

A partir de 1777 sont introduits des textes originaux de poètes qui apportent un peu de variété, de légèreté, de respiration à un ouvrage très austère. Les rédacteurs vont jusqu'à traduire une ode allemande dédiée à l'Empereur sur son passage à Strasbourg. A la poésie, ils veulent allier les beaux-arts: ils envisagent (p. 6) d'améliorer l'ordinaire par une critique des Salons du Louvre; ils réalisent leur projet (p. 647 et 663), ils s'intéressent aussi à la musique (p. 655).

Malgré ces efforts de rénovation, les rédacteurs constatent dès le mois d'avril 1777 que les abonnements ne se renouvellent pas spontanément. Ils sont obligés de rédiger un avis de relance (1777, n° 29) qu'ils renouvellent une semaine plus tard (n° 31, p. 247).

A la fin de l'année, les difficultés s'accroissant, ils annoncent, en ultime recours, des transformations matérielles dans la présentation qui atténueront l'austérité de la revue: le format sera augmenté (grand in-4° et non plus petit in-4°). Pour permettre l'usage d'un «beau caractère» d'imprimerie; le papier sera «beau» lui aussi; des améliorations de rubriques sont prévues: les avis qui remplissaient parfois une page entière et se répétaient à chaque feuille disparaîtront; enfin, tous les quinze jours, 26 feuilles de supplément paraîtront (1777, p. 784) qui feront du périodique un ouvrage plus intéressant, proche enfin d'un journal puisqu'il contiendra «les productions des Beaux-Arts, les nouvelles découvertes, les spectacles et des anecdotes littéraires, mais aussi les jugements et opinions des différents journalistes» (1777, p. 782).

L'orientation «bibliographique», «savante» de Dubois-Fontanelle ne correspondait plus au goût du public. Le périodique, avant de l'abandonner, la complète par un aspect plus journalistique.

En 1778, il prendra le titre de Gazette ou Journal Universel; en 1783, la référence à la forme savante du catalogue aura disparu: le périodique sera devenu, à part entière, un journal de littérature.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., G 4489-4496; Opéra, pi 729.

Additif

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: La Gazette universelle de littérature a fait l’objet d’une thèse de doctorat de Silvia Eichhorn-Jung, Aufklärung und Universalitätsanspruch in der Zweibrücker ‘Gazette universelle de littérature’ (1770-1780), Francfort sur le Main et Berlin, Peter Lang, 2000. Cette thèse a été résumée par l’auteure elle-même dans une contribution aux mélanges Schlobach, L’Allemagne et la France des Lumières. Deutsche und Französische Aufklärung, dir. M. Delon et J. Mondot (Champion, 2003): «La Gazette universelle de littérature des deux-Ponts, journal des Lumières» (p. 305-314). Silvia Eichhorn montre comment le journal diffère de la première période (1770-1776) à la seconde (1776-1780). Dubois-Fontanelle, premier rédacteur de la Gazette, reste attaché à une présentation prudente, impersonnelle et assez conformiste des ouvrages de littérature; il se méfie des Lumières «radicales», de l’athéisme et du matérialisme; il considère que le progrès découle de la foi, alliée à la raison. En 1776, Le Tellier, devenu directeur de la Gazette, choisit Jean-Louis Castilhon comme rédacteur. Partisan déclaré des Lumières, Castilhon défend les philosophes, fait l’éloge du baron d’Holbach, sépare la morale de la religion et considère que la raison est la seule source du progrès. Sur Le Tellier, on ne manquera pas de consulter la notice de J. Schlobach dans D.P. 2.

Dans les mêmes mélanges Schlobach, une contribution de Jean Sgard porte sur «Dubois-Fontanelle, professeur de Belles-Lettres» (p. 293-304). La critique de Dubois-Fontanelle y est définie essentiellement à partir du Cours de Belles-Lettres, mais en relation avec sa participation à la Gazette des Deux-Ponts.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: La bibliothèque de Zweibrück possède des numéros de la Gazette des Deux-Ponts, de 1770 (n° 1, 1er mai), 1777, 1783, 1798; elle possède également le microfilm de la Gazette ou Journal politique des Deux-Ponts de 1778 à 1782, suivi du Journal politique de l’Europe. La Bibliothèque de la ville de Dijon, possède les années 1778, 1779 et 1780 de la Gazette ou Journal de littérature (3 vol. in-4°, 25206 CGA).

Auteur additif

Titre indexé

GAZETTE DES DEUX-PONTS

Date indexée

1770
1771
1772
1773
1774
1775
1776
1777

L'AVANT-COUREUR 3

0129
1760
1773

Titre(s)

L'Avant-Coureur, feuille hebdomadaire où sont annoncés les objets particuliers des sciences et des arts, le cours et les nouveautés des spectacles, et les livres nouveaux en tout genre.

En 1767, sous l'impulsion de son nouveau et récent propriétaire, le titre est modifié: L'Avant-Coureur, feuille hebdomadaire où sont annoncés les objets particuliers des sciences, de la littérature, des arts, des métiers, de l'industrie, des spectacles et les nouveautés en tout genre.

Il prit la suite de La Feuille nécessaire (1759) et fut continué partiellement par le Journal de la littérature ou Journal de politique et de littérature de Panckoucke (Prospectus, 27 déc. 1773, A.C.820).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Lundi 21 janvier 1760 – lundi 27 décembre 1773, sans interruption et régulièrement, chaque semaine, selon le rythme de périodicité annoncée. La collection comporte 13 volumes, chacun d'eux correspondant au recueil des 52 livraisons annuelles prévues, sauf le premier volume contenant les deux premières années.

Description de la collection

Chaque livraison comporte 16 p. (4 cahiers de 4 p.) dont la pagination est continue. Les volumes varient entre 832 p. numérotées, à quoi s'ajoutent 7 p. sans numéro consacrées à des tables succinctes, et 847 p. quand les tables sont plus détaillées.

Il conserva un même format: 120 x 200.

La devise de la revue est tirée d'abord d'Horace: Veniam petimusque damusque vicissim; en 1761, elle deviendra: Quidquid agunt homines nostri est farrago libelli (Juvénal).

La collection ne recueille aucune gravure, ne s'agrémente d'aucune illustration de quelque nature que ce soit.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Cette feuille a toujours été publiée et imprimée à Paris par Lambert, libraire, dont la boutique était sise rue des Fossés Saint-Germain dite de la Comédie-Française, en dépit des changements de propriétaires (Panckoucke, Lacombe); la vente s'effectuait quai Conti en 1766 puis rue Christine à partir de 1769. Lambert recevait les articles à insérer jusqu'au mercredi précédant la parution (avertissement de l'imprimeur en fin de numéro).

Elle a été vendue au prix «modique», selon les rédacteurs et objectivement, de 12 £ pour un abonnement d'un an, même pour la province. Ce prix sera maintenu jusqu'au bout. En tête du n° I du 3 janvier 1763, on trouve un reçu d'abonnement pour cette somme. Chaque feuille pouvait être achetée séparément pour 6 s.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Les fondateurs de L'Avant-Coureur ont probablement été certains rédacteurs de la Feuille nécessaire née en 1759 et disparue avant l'année suivante, et certainement Anne-Gabriel MEUNIER DE QUERLON et Pierre-Joseph BOUDIER DE VILLEMERT (voir F.L.1769; Annales typographiques, mai 1762, p. 461, à l'exclusion d'autres rédacteurs). L'Avertissement qui introduit le premier numéro reprend ironiquement le titre de leur essai précédent: «Il s'agit d'abord d'établir non la nécessité de cet écrit (aucune feuille de cette espèce peut-elle être jamais nécessaire)» (1760, n° 1, p. 3). D'autre part, le discours préliminaire ouvrant le n° 1 des Affiches de province pour l'année 1759, rédigé par Meunier de Querlon, utilisait cette même expression d'«avant-coureur».

De son côté, C.P. de JONVAL revendiquait l'honneur d'avoir participé au lancement de la revue (lettre à Osterwald du 2 avril 1772, B.P.U. Neuchâtel, ms. 1170, f° 82) et d'y être resté 4 ans, jusqu'en 1763 («un folliculaire qui fait la feuille intitulée l'A.C., nommé Jonvalle demeurant quai Conti, m'a mandé qu'on lui avait donné l'Oracle des philosophes à annoncer», Best. D9128, 10 août 1760, Voltaire au comte d'Argental). Le 20 août 1760, Voltaire ignore qui est l'auteur de 'A.C. (Best. D9159). En 1772, on rappelle à Voltaire que Jonval, sans argent, avait «travaillé à des brochures à Paris» (Best. D17643). Ce Jonval avait, encore en 1772, la réputation d'un «travailleur infatigable ... qui a donné de la vogue pendant plusieurs années à un journal de Paris, et qui serait très capable de procurer un très grand débit au Journal de Neuchâtel» (Best. D17738).

En 1764, Jonval aurait été remplacé par Nicolas Bricaire de LA DIXMERIE dès février selon une lettre d'Hémery du 28 févr. 1764 (B.N., nouv. acq. fr. 1214, p. 429), en avril selon d'Expilly (f. fr. 22085, p. 1). Cette information est confirmée par les Mémoires secrets (t. 16, add., 6 juin 1764, p. 195). La Dixmerie venait de collaborer avec l'abbé de La Porte à l'Observateur littéraire qui avait disparu quelque temps auparavant. Rappelons qu'il fournissait des contes au Mercure de Francegratuitement, d'après Cubières-Palmaizeaux; La Dixmerie «a fait l'A.C. durant deux ans (1764-1765)» Elogep. 120), sans réussir à s'enrichir («la société des Muses est sans doute fort agréable, mais elle est peu lucrative», Elogep. 108).

Deux sources différentes annoncent la participation d'un autre habitué des journaux: Pierre-Louis d'AQUIN. Les Mémoires secrets le citent pour l'année 1764 aux côtés de Boudier de Villemert (t. 16, add., p. 195); d'autre part, Voltaire demande à Damilaville des renseignements sur d'Aquin qu'il connaissait depuis 1760: «Qu'est devenu, je vous prie un Monsieur d'Aquin? [...]. Fait-il un Avant-Coureur?» (Best. D11896, 28 mai 1764); le 5 juin 1764, d'Aquin après avoir remercié Voltaire d'avoir mis Fréron «aux galères» (Best. D11906), s'être moqué de Soret, Guyon, Chaumeix, Gauchat, Hayer et d'autres, prie Voltaire d'accepter l'A.C. en hommage: «Ce sont des feuilles de chêne, en échange de votre or et de vos diamants» (Best. D9906). D'Aquin semble avoir été habilement utilisé par Panckoucke pour servir de liaison entre Voltaire et L'Avant-Coureur (voir Best. D11934, à Damilaville, 18 juin 1764).

On ajoute aussi Jean Soret mais plus en souvenir de La Feuille nécessaire (1759) que comme membre effectif de l'A.C.

Mais cette revue, comme bien d'autres, semble avoir été une affaire d'éditeur, de libraire ou d'imprimeur qui désiraient occuper le secteur du journalisme en plein développement: «à voir continuellement éclore, se multiplier et se succéder tant d'ouvrages périodiques, on dirait qu'il y a parmi nous un concours ouvert pour ce genre..., la seule idée de ce concours a quelque chose d'attrayant et nous en avons été frappés» (Avertissement du 21 janv. 1760, n° 1, p. 3). D'Aquin lui-même avouait à Voltaire que sa participation au périodique relevait du «commerce» (Best. D11906, 5 juin 1764).

Lambert, imprimeur (1760-1762), Panckoucke éditeur-libraire (1763-1766), Lacombe éditeur-libraire (1766-1773) furent les propriétaires successifs du journal (A.N., Minutier central, XXXV-732; LXXXIII-515).

Parmi les collaborateurs réguliers, on relève les noms de l'ingénieur Pingeron (n° 32, 6 août 1770, p. 664 entre autres) mais surtout le savant physicien La Perrière de Roiffé qui envoie des pièces sur divers sujets scientifiques (l'œil des femmes, 20 févr. 1764, p. 113-116; une question de physique, 25 juin 1764, p. 401-405; en 1765, une éclipse de soleil, p. 496-502; les monstres, p. 624, 734 et suiv.; en avril 1766, une critique de Lalande, p. 278-283, entre autres nombreuses interventions).

D'autres personnes utilisent l'A.C.: Turben, compilateur d'une collection de morceaux rares et d'ouvrages anciens et modernes, élagués, traduits et refaits, publiés sous le titre du Conservateur en 18 volumes de novembre 1756 à décembre 1760, souhaite répondre aux critiques lancées contre son ouvrage, L'Institution de la jeunesseParis, 1762, 8°, 88 p. (5, 8, 11 et 15 nov. 1762); Beaumé, maître-apothicaire, réplique les 18 mars, 21 mars, 25 avril, 31 mai 1763, aux sévères critiques que lui adresse le docteur Augustin Roux dans son Journal de médecine n octobre 1762; Gilbert de Préval, médecin à Paris, proteste contre un plagiat (11 août 1763); Bonne, maître de mathématiques et ingénieur-géographe, présente une question de cartographie (7 et 12 sept. 1763); Barletti de Saint-Paul fait la promotion de son livre sur l'éducation des jeunes gens (26 sept.-26 déc. 1763); Morand, médecin de la faculté de Paris, adresse une lettre sur l'inoculation aux médecins de Liège (24 sept. 1763, p. 609-612); un ingénieur, E. Basin, décrit une machine hydraulique (3 déc. 1763, p. 777); un maître en chirurgie versaillais, Marrigues, répond le 13 mai 1765, p. [289], à un mémoire paru dans le Journal encyclopédique le 15 février 1765.

Quelques participations littéraires apparaissent, surtout à partir de 1764: Dorat (lettre du 17 sept. 1764, p. 603-604, sur les Lettres à ValcourPoinsinet (lettre sur la critique qui venait de paraître, dans le Mercure de Franceau sujet de sa comédie, La Soirée à la mode22 oct. 1764, p. 679-683); La Harpe (lettre sur la Clairon, avril 1765, p. 168-171; et 4 avril 1767); Thomas, jouant un rôle éphémère de correspondant, envoie le programme de l'Académie des belles-lettres de Marseille en 1763 (lettre à Barthe, 27 sept. 1763, R.H.L.Ft. 25, p. 150); enfin, l'A.C. a réussi à obtenir une superficielle contribution de Voltaire comme celui-ci l'avait promis à d'Aquin: il confie à la revue une lettre adressée à Thomas sur son Eloge de Descartes (24 oct. 1765, p. 658-659); une autre lettre adressée à Voisenon (25 nov. 1765, p. 743-744); et quelques autres petits textes (voir historique de la revue).

En 1764 se manifeste une innovation qui sera écourtée par les prestations du Mercure de France la publication de poésies inédites dues à de jeunes auteurs contemporains; par exemple, le 7 oct., p. 645, une Epître à Minettele 22 oct., une Epître à Goldoni signée d'Aquin, p. 694; le 21 janv. 1765, vers de Favart et de Poinsinet sur les actrices, Mlle Arnaud et Mme Razetti; vers de Voisenon en réponse à Favart n° 49; La Harpe le 2 févr., n° 6, p. 84; R. de Chabannes, ibid.p. 228.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La revue se consacre à l'information événementielle dans les domaines de la vie économique, technique et culturelle, comme l'annonce et le souligne, de façon détaillée, le sous-titre de 1767. Ce triple aspect explique qu'elle s'intéresse à la vie des académies, à la bibliographie récente, mais surtout aux spectacles des différents théâtres (par ex., à la Foire Saint-Germain, les tours du sieur Cornus, 1er févr. 1762, p. 75), le genre ambigu-poissard du théâtre des Boulevards, 3 août 1767, p. 493; le drame larmoyant de Beaumarchais Eugénie (1767, p. 140); la tragédie de Du Belloy Le Siège de Calais dont elle donne le précis «à cause de son succès» (6 mars 1765, p. 120-124); au monde de la musique: elle s'attarde longuement sur la mort de Rameau, en proposant une épître «ingénieuse» de Marmontel, une description «du service magnifique» dans l'église des Pères de l'Oratoire où furent donnés la Messe «si connue» de Geille, et le «beau» De Profundis de Rebel et enfin un parallèle avec Lully (7 oct., p. 648-654); à ce véritable dossier célébrant le passé et magnifiant le présent, elle ajoutera la pièce manquante sur l'avenir, sous la forme d'une lettre réclamant l'érection d'une statue de marbre réalisable par souscription (29 oct. 1764, p. 699-701).

Le 5 mars précédent, elle n'avait pas oublié de parler d'un «phénomène extraordinaire»; le petit Mozart, âgé de 7 ans, éberluait les salons parisiens par sa virtuosité instrumentale et ses capacités musicales sous la férule de son père (1764, p. 153-156). Parfois, seul l'aspect social et mondain de l'art la retient comme cette lettre sur les moyens de danser deux contredanses à la fois dans un même salon (1763, p. 86-89).

Mais plus nombreuses encore sont les informations concernant les inventions pratiques conduisant à des améliorations de la vie quotidienne. Le 11 janvier 1762, sous le titre Police,elle envisage la suppression des enseignes saillantes dans les rues, qui offensent les yeux d'un «bariolage obscur et dangereux qui les déparait» (p. 19); elle suggère même qu'aux enseignes plaquées succèdent des bas-reliefs, des tableaux et autres véritables ornements qui honoreront les arts en même temps qu'ils embelliront leurs places». Ce sens du confort la pousse à donner le détail des inventions de machines «utiles», comme ces «chancellières», transportables à l'église pour se garantir du froid pendant l'office mais utilisables aussi pour bassiner un lit (p. 21) ou comme ce «nouveau semoir» (26 juil. 1762, p. 467-473 et 2 août, p. 483-489), cette nouvelle «charrue à défricher» (13 sept. 1762, p. 579-584), ces «cannes à parasols» du sieur Navarre (13 août 1764, p. 520-523 avec une réponse du sieur Reynard le 17 sept., p. 598-600), ces «machines hydrauliques» (13 déc. 1762, p. 801-806 ou 3 déc. 1764, p. 777). Elle n'hésite pas trop à descendre aux détails les plus inattendus comme ce 21 juillet 1765 où elle publie un «avis pour des sardines fraîches» (p. 455).

Elle profite aussi du calendrier pour publier des mémoires sur les vendanges (22 août 1763), sur la voracité des insectes et la défenses des plantes (12 sept. 1763), mais aussi sur l'organisation du travail agricole perturbé par un trop grand nombre de fêtes religieuses (29 août 1763, p. 546-552).

Mais ce goût pour les «machines» et les «objets intéressants» (Avertissement, 1772) ne l'écarte pas d'un autre souci: la littérature. On a vu que les rédacteurs, probablement par l'intermédiaire de d'Aquin, avaient réussi à s'attirer les bonnes grâces de Voltaire (1764). Mais celui-ci, s'il est toujours loué et souvent cité (25 nov. 1765, n° 2 1766, n° 2 1767, p. 29 et 526-527) est moins présent que d'autres auteurs moins engagés, plus calmes, plus conciliants, plus gais surtout comme Marmontel (23 janv. 1764, p. 62; 2 févr. 1765 à propos de sa traduction de Lucain; le 3 mars 1766, p. 138, à propos de son conte La Bergère des Alpes de son livret Annette et Lubin,le 12 avril, p. 231-233; le 24 décembre 1764 pour une «nouvelle et magnifique édition de ses contes, ouvrage universellement applaudi tant en France que dans les pays étrangers», p. 827; voir aussi 1765, p. 175, p. 219, p. 252). A cet auteur s'ajoute la pléiade des jeunes auteurs à la mode: Dorat (3 sept. 1764, p. 564-566 et p. 603-604, 26 nov. 1764, p. 761; 17 juin 1765, p. 368; 1766, p. 1-7, 81-86), Poinsinet (22 oct., p. 679-683), Baculard d'Arnauld (1764, p. 783; 1765, p. 290), La Harpe (2 févr. 1765, p. 84), Rochon de Chabannes (1765, p. 228, 284-288), Thomas (1765, p. 658; 1766, p. 234-236; 1767, p. 60), Malfilâtre (24 avril 1768, p. 266-270), Blin de Saint-Maure (1765, p. 417).

Cette liste suggère que, pour les rédacteurs, Rousseau semblera ou trop exalté ou trop rigoriste (1766, p. 732), comme l'autre Genevois Clément, «d'humeur chagrine» auquel ils préfèrent le «badinage ingénieux»d'Horace (1770, p. 32), ou comme cet auteur du drame Kailaz ou les jeunes sauvages,dédié précisément à J.J. Rousseau, dont «le style grave et sentencieux» ne leur plaît absolument pas (1770, p. 668).

Chaque année comporte une table des matières dressée par ordre alphabétique. Pour les livres annoncés, la liste suit l'ordre chronologique d'apparition sur les pages des 52 numéros annuels de la revue.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 22061-22073.

Bibliographie

A.C. a été imité à Vienne en Autriche par le Realzeitung A.C.n° 8, 22 févr. 1773, p. 119). Il a été signalé dans les Annales typographiques (mai 1762, p. 461); Fréron lui accorde trois pages de présentation détaillée sans donner aucun nom de responsables mais en énumérant les différents contenus des quatre rubriques principales (Universités et Académies, Beaux-Arts, Spectacles, Notice des livres nouveaux), après en avoir bien établi le genre: «simple gazette» (A.L., 1760, t. 3, 6 mai, p. 210-214).

Sources manuscrites: B.P.U. Neuchâtel, ms. 1170; B.N., nouv. acq. fr. 1214; f. fr. 21963, 21966, 22085: A.N., Minutier central (XXXV-732; LXXXIII-515).

Mentions dans la presse du temps: Annales typographiques1762. Bachaumont, Mémoires secrets. Cubières-Palmezeaux, «Eloge de la Dixmerie» Mémoires de la société des Neuf-Sœurs, 1792). F.L.1769. Rousseau, Correspondance générale. – Aime-Azam D., «La Presse à la fin de l'ancien régime», Cahiers de la presse, Paris, 1938, p. 428-438. – Tucoo-Chala S., Ch.J. Panckoucke et la libraire française (1736-1789),Pau, Paris, 1977.

Historique

1759: Meunier de Querlon reprend à son compte l'expression «avant-coureur» pour qualifier ses Affiches de province (discours préliminaire du 1er numéro de 1759). Elle avait déjà été employée par A. La Barre de Beaumarchais en 1735 (publication d'un périodique à Francfort, selon Fr. Bruys, Mémoires historiques, critiques et littérairesParis, 1751, p. 165).

1760: dans l'Avertissement du n° 1 de l'A.C. (21 janv.), on trouve une allusion moqueuse à la Feuille nécessaire «Aucune feuille de cette espèce peut-elle être jamais nécessaire» (p. 3). Le nom propre cache la nature et la fonction d'une «gazette»; le même avertissement utilise très sciemment cette dénomination pour situer, dans une typologie de genres, la nouvelle revue: elle sera aux journaux, c'est-à-dire au domaine culturel à cette date, ce que la gazette est au discours historique, c'est-à-dire au domaine politique. Le contenu de cette gazette est encore qualifié de «littéraire»; l'orientation changera en 1766, et plus encore la conception idéologique de la revue.

Deux conséquences sont attachées à ce choix: une contrainte de temps («servir promptement la curiosité publique», A.C., 1760, p. 3) et une contrainte de style («austère», p. 5; «laconique», p. 6).

1763: les journalistes n'ont pas su respecter les exigences contraignantes du genre. Ils reconnaissent, à cette date, avoir eu tendance à se rapprocher de la forme du «journal», en composant des notices assez proches d'extraits (A.C., 3 janv. 1763, hors pagination). Ils sont obligés de rectifier la nature de leur travail et de répondre avec plus d'exactitude à leurs promesses de composition rapide et de rédaction courte. Ainsi, ils ajoutent, dès janvier de cette année, une rubrique non prévue: Les Livres nouveaux. Pour accélérer la vitesse de diffusion des nouvelles, il leur arrive même de faire connaître un livre dont seule la préface est imprimée L'Art de communiquer ses idéespar La Chapelle, chez Debure, A.C., n° 38, p. 605-608).

Dès la fin de l'année, la pression de Panckoucke libraire se fait sentir. Barletti de Saint-Paul envoie trois lettres sur son prochain livre édité par ce libraire (26 sept., p. 615-620; 10 oct., p. 643-647; 26 déc, p. 821) dont le prospectus est inséré dans le n° 1 du 2 janvier 1764 (p. 5-10). Dans le dernier numéro de l'année, une liste de livres publiés ou vendus par Panckoucke est dressée avec en particulier ce vieux titre de Huet: Histoire et navigation des anciens (en 8 vol. pour 4 £ 8 s.).

En 1764: il arrive que le seul compte rendu rédigé soit consacré à un livre édité précisément par ce libraire (18 juin 1764, n° 25); ailleurs, sur 8 titres annoncés, 4 sortent de chez lui (p. 189-192); le 1er octobre, on revient au livre de Barletti (p. 633-640), en insérant un rapport de commissaires sur son plan d'éducation. Le 25 juillet 1764, Panckoucke refuse la parternité d'une critique lancée contre Fréron que Voltaire aurait demandée à d'Aquin.

En 1765, Panckoucke utilise l'A.C., parallèlement au Journal des savants (août 1764 – avril 1766) et au Journal encyclopédique 5 févr. 1766, p. 186), pour faire savoir qu'il a acheté le fonds des Académies et qu'il le vend avec une réduction importante (14 janv., p. 21), qu'il diffuse des planches d'histoire naturelle (p. 24), qu'il propose une souscription pour dix années complètes de Année littéraire depuis 1754 pour 80 £ au lieu de 240 (p. 423), et une autre pour les Fables de La Fontaine illustrées de gravures signées Fressard à 48 £ (p. 489-491). Il le fera encore le 30 mars 1767 (15 vol. de Buffon en 4° ou 32 vol. en 12°, p. 205-208) et le 28 avril (n° 17, p. 268-271) en accaparant toute la rubrique des nouvelles littéraires. Signalons que dès la fin avril 1766, le J.E. annonçait cet événement (15 avril 1766, p. 143); et la Gazette de France dès le 2 avril 1764.

A partir du n° 29, l'ordre des rubriques change et se fixe définitivement. En général, le périodique débutait par un article consacré aux sciences, aux arts, aux industries; grâce à un glissement opéré sur le sens du mot Artsutilisé dans le n° 28 pour annoncer un sujet de mécanique, le même mot introduit des pages de poésie (n° 29, p. 1). Les numéros suivants s'ouvriront sur les arts au sens moderne d'activités artistiques (gravure, n° 31; peinture, n° 32; sculpture, n° 36; musique, n° 42; poésie, n° 49).

A la fin de cette année, les rédacteurs regrettent de ne pas publier plus de vers inédits: «Nous voudrions bien avoir de temps en temps d'aussi jolis vers de la même main. Nos feuilles en deviendraient plus intéressantes» (n° 49).

En 1766, ils commencent l'année par des poésies de Dorat, mais déjà publiées: Les tourterelles de Zelmis. La protestation du Mercure a réussi.

En janvier 1767, Lacombe, installé à la tête du périodique en réaffirme le trait principal: la rapidité («l'avantage qu'il a de pouvoir précéder les annonces des autres journaux», hors page); il tente aussi d'en modifier le contenu: moins livresque, et plus pratique. Dans ce sens, il fait appel aux «savants, aux artisans, aux négociants, aux fabriquants» pour qu'ils utilisent l'A.C. comme moyen de communication. Les rédacteurs confirment cette orientation, dans leur propre avis: le périodique doit plaire à tous: «à l'artiste, au manufacturier, au négociant, à l'artisan, à l'homme de lettres, à l'amateur et au travailleur (souligné dans le texte).

Le 12 janvier 1767 (p. 29), Lacombe publie une Déclaration sur la lettre au Dr J.J. Panckoucke, comme Voltaire le lui avait demandé (Best. D13770, 27 oct. 1766); le 21 janvier. Voltaire confie à Lacombe une «lettre académique» sur les fautes d'usage dans la langue française moderne que l'éditeur ne retiendra pas. En août 1767, p. 526-527, Lacombe insère une lettre de Voltaire sur une demande explicite de ce dernier sur une nouvelle édition du Siècle de Louis XIV.

1768: de simple courrier de la nouveauté qu'il était encore en 1767 (Avis), il devient «recueil des sciences et des arts» (Avis). Le 4 avril, La Harpe protégé et lancé par Voltaire, publie une longue lettre dans l'A.C. datée du 25 mars (Best. D14884).

1769: la formule des «notices courtes, simples et précises» est reconnue comme une condition de la réussite puisqu'elle serait copiée en province (Avis); l'autre condition est de «faire connaître promptement les nouveautés» et d'en «accélérer la circulation» (Avertissement). L'avis de 1767 précisait qu'il s'agissait de «faire jouir les inventeurs du fruit de leurs travaux».

A.C. et sa réussite semblent suffisamment établies pour que Lacombe se contente d'utiliser l'avertissement rituel à son profit d'éditeur-libraire. Il y annonce des volumes d'estampes, dont l'avantage est dans la rapidité d'information à la manière d'un périodique précisément.

1772: l'équipe rédactionnelle se trouve devant une difficulté nouvelle. L'orientation «objectale» de Lacombe a, semble-t-il, déplu aux lecteurs; la revue leur paraît trop tournée vers les machines et les objets: «La multiplicité de ces objets intéressants l'a obligé quelquefois de retarder l'annonce de différentes nouveautés littéraires; c'est pour remédier à cet inconvénient que nous destinerons dès aujourd'hui un article séparé des nouvelles littéraires où, sous le terme d'annonces, seront insérés les titres des écrits nouvellement sortis de la presse» (Avertissement, 1772).

1773: l'opposition objets / livres est reprise dans ce dernier avertissement mais avec une préférence pour tout ce qui regarde «la description des différentes machines», pour «les notices instructives sur tout ce qui peut faire un objet de commerce ou d'utilité».

L'histoire interne révèle donc une difficulté pour ce périodique à trouver son identité (soit culturelle, soit commerciale): partagé entre une équipe rédactionnelle plutôt traditionnelle (savants goûtant les livres et la philosophie moderne) et de propriétaires plus hommes d'affaires qu'intellectuels (Lambert, Lacombe, Panckoucke). Il semble que l'image de ce périodique ait été plutôt de style commercial si l'on en croit Pingeron faisant savoir le 22 février 1773 que l'imitation autrichienne de l'A.C. avait pour nom ce titre significatif: Realzeitung. L'histoire externe confirme cette conclusion et éclaire ces difficultés.

1760: Lambert, imprimeur, est aussi éditeur de l'A.C. 20 août 1760: Voltaire, ayant entendu parler de l'A.C. par une lettre de Jonval (Best. D9128, 10 août 1760) demande à N.Cl. Thieriot qui en est l'auteur (Best. D9159).

1762: le 6 décembre, une note parue p. 796 du n° 46 annonce que «Ch. J. Panckoucke vient d'acquérir tout le fonds de librairie et de journaux de M. Lambert et [que] c'est à lui qu'on s'adressera dorénavant pour les souscriptions des différents ouvrages périodiques qui se trouvaient chez M. Lambert». Voir aussi Minutier central (XXXV, liasse 732: acte d'achat pour 100000 £ payables jusqu'en juin 1737 daté du 30 octobre 1762; cession confirmée par un document de la B.N. (f. fr. 21. 963, f° 195, 196, 197) daté du 22 novembre 1764. Panckoucke partage la propriété du privilège par moitié avec son futur beau-frère Couret de Villeneuve. En 1764, Panckoucke se plaindra à J.J. Rousseau d'avoir acheté très cher un fonds «qui ne vaut rien» (26 janv. 1764, Leigh 3123). En 1762 (31 oct.), il a signé un reçu d'abonnement au nom de M. Michel A.C. n° 1, 1er mars 1763).

1764 (début mai): Panckoucke demande à Rousseau «s'il lui serait agréable de recevoir les journaux dans sa retraite franc de port» (Leigh 3255).

25 mai 1764: Rousseau accepte l'offre de Panckoucke mais précise qu'«il a pris jusqu'ici l'Avant-Coureur ... jusqu'à la feuille 18 inclusivement, excepté la feuille 2 qui lui manque» (Leigh 3290).

1er juillet 1764: Panckoucke offre à Rousseau, comme il l'a fait pour Buffon et Clairaut, un abonnement gratuit (Leigh 3374). Le 28 mai 1764, Voltaire demande quelques renseignements à Damilaville sur A.C. (Best. D11896); le 22 juin, il prie d'Aquin d'accepter une souscription tout en émettant une réserve sur la qualité du journal: «S'il vous était permis de rendre votre A.C. aussi agréable que vos lettres, il ferait une grande fortune. Je vous supplie de continuer» (Best. D11941).

1765 (13 décembre): Panckoucke vend à J. Lacombe les privilèges des journaux achetés à Lambert: l'Année littéraire l’Avant-Coureuret le Journal des savants (voir A.N., Minutier Central LXXXIII-515). Le 24 mars 1766, Lacombe est mentionné comme libraire (A.C. p. 176); son adresse rue Christine est indiquée à partir de 1769.

1767 (7 août): Voltaire se plaint à Lacombe de n'être pas traité avec «justice» par d'Aquin (Best. D14341). Le 22 juillet 1768, il félicite J. Lacombe pour sa réussite générale et en particulier pour l'A.C. et le Mercure de France (Best. D15152).

4 octobre 1773: Panckoucke rachète l'A.C. à Lacombe. Ce dernier publie dans le n° 52 du 27 décembre de la revue un prospectus annonçant et décrivantEspagne littéraire (le privilège date du 4 août 1773; f. fr. 21966, p. 122) dont La Dixmerie tiendra «la plume en chef» Mémoires secrets13 mai 1775, Add. 223) et un autre prospectus annonçant la parution d'un «Journal de la littérature», «contenant toutes les nouvelles de la république des lettres, des analyses claires et précises des édits, ordonnances, déclarations, lettres patentes, les causes célèbres et intéressantes, les pièces nouvelles etc...» (A.C., n° 52, 27 déc, p. 820). Ce journal est plus exactement une gazette, au sens strict du terme.

Ce projet de Lacombe sera repris par Panckoucke: il fusionnera l'A.C. et la Gazette littéraire en un seul titre: «Journal de la littérature, des sciences et des arts», qui obtient un privilège de 20 ans (B.N., f. fr. 21966, f° 180-319; registre des privilèges des journaux). Ce dernier titre deviendra à la suite d'une fusion avec le Journal politique réalisée en octobre 1774 (D. Azam) le Journal de politique et de littérature.

Titre indexé

AVANT-COUREUR 3

Date indexée

1760
1761
1762
1763
1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772
1773

ANNALES TYPOGRAPHIQUES

0116
1758
1763

Titre(s)

Annales typographiques, ou Notice du progrès des connaissances humaines.

Devient à partir de 1761: Annales typographiques, ou Notice du progrès des connaissances humaines, pour l'année mille sept..., par une société de gens de lettres.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Fin novembre 1758 (un samedi, Avertissement, p. 4, col. 2; le premier numéro est daté de 1759, du fait des habitudes éditoriales de l'époque selon lesquelles on postdatait les publications de fin d'année) - 21 novembre 1763 (approbation du dernier n° de décembre 1763, p. 471). 11 vol.

Le privilège, en date du 15 novembre 1758, figure au commencement du vol. 1 de 1760. La périodicité annoncée et réelle est d'abord hebdomadaire; à partir de janvier 1760, elle sera mensuelle.

A partir de 1760, sont publiés deux volumes par an, janvier-juin, juillet-décembre.

La datation des volumes est complexe car des confusions d'origines diverses se sont multipliées. La plus fréquente est celle des dates d'édition des livres recensés et de la date de parution de la revue. Ainsi le catalogue de la B.N. donne de façon erronée 1757 pour la cote Q 788 correspondant en réalité au volume de 1759; ajoutons que cette date couvre aussi les numéros des huit dernières semaines de l'année 1758. Le millésime de la B.N. est celui des livres répertoriés. La cote B.N. Q 3579 devrait renvoyer aux A.T. de 1762 (les numéros de janvier et février ont été approuvés le 21 déc. 1761, p. 96 et 192, par Floncel censeur et avocat au Parlement et premier secrétaire des Affaires étrangères) et non aux A.T. de 1760, date des éditions recensées.

Une autre source de confusion est parfois l'approbation elle-même: celle du tome publié en janvier 1762, daté du 21 décembre 1761, comporte une erreur: elle indique des livres de 1761, alors que le volume est consacré aux livres de 1760. La rectification est effectuée en février 1762 (p. 192). Cette confusion est compréhensible du fait que parallèlement à ces numéros parus en 1762 (B.N., Q 3579-80), Roux et son équipe rédigent, en 1762, des feuilles recensant des livres édités en 1761; ils le signalent sur la page de titre du volume bis de janvier 1762 par la mention «livres de 1761» dont la date et l'approbation sont du 21 janvier 1762 (n° de févr. 1762, p. 192).

Description de la collection

Le premier volume devait comporter environ 70 feuilles d'impression, in-4°, soit en moyenne 8 p. par numéro; en effet, ce volume relie 408 p. de pagination continue pour 51 livraisons de 190 x 255; les volumes suivants, d'un format réduit in-8°, seront plus épais (1761: 576 p.; 1762: 672 p.), chaque cahier mensuel comportant 6 feuilles d'impression, soit 72 feuilles reliées en 2 volumes.

La collection ne comporte pas de devise, pas d'illustrations en dehors du frontispice.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

La publication se fait à Paris, à côté de la Comédie-Française au Parnasse chez Michel Lambert, qui en reste l'imprimeur jusqu'en 1760. A partir de 1760, Vincent, l'imprimeur-libraire du duc de Bourgogne, rue Saint-Séverin se charge de la revue; ajoutons qu'en 1762, la revue est à nouveau dédiée au comte de Provence.

En 1759, les 70 feuilles d'impression revenaient à 17 £ par abonnement annuel; la feuille coûtait 4 s. A partir de 1760, le prix baisse: l'abonnement annuel pour 12 cahiers revient à 9 £ et 12 s., le cahier seul à 16 s.

Le tirage ne dépasse pas le nombre des souscripteurs (Avertissement, 1762, t. II, hors page).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Selon Fréron, MORIN D'HÉROUVILLE a «le premier conçu et exécuté l'idée de cet ouvrage» (A.L., 1760, t. II, vol. 2, 12 mars, p. 165). Il en avait en effet obtenu le privilège personnellement le 15 novembre 1758 (Avertissement, janv. 1760, p. XIV).

Parmi ses collaborateurs, l'un des plus importants est le médecin Augustin ROUX, reçu docteur à la faculté de Bordeaux en 1750 et à Paris en 1762 (Avant-Coureur, 25 oct. 1762, p. 678), qui, selon Deleyre, ferait partie de l'équipe depuis 1758 (Eloge de M. Roux, Amsterdam, 1777, p. 37). Fréron précise que ce médecin le seconde en ce qui concerne l'édition et les correspondances avec les sociétés savantes de l'Europe (A.L., 12 mars 1760, p. 165).

Les autres (5 ou 6, selon Fréron) seraient Jean GOULIN, reçu médecin en 1762 (P. Sue, Mémoires historiques, littéraires et critiques sur la vie et les ouvrages ... de Jean Goulin, Paris, Blanchon, 1800, p. II), habitué très discret des milieux médicaux (Delaunay ne le cite qu'une seule fois à propos d'une édition revue et corrigée de l'Etat de la médecine publiée en 1776 par de Cézan; Delaunay, Le Monde médical parisien au XVIIIe siècle, Paris, 1906, p. 268). Sa pauvreté le poussait à se consacrer à des travaux littéraires ingrats, en collaboration avec Roux (Dictionnaire critique portatif, 1762-1764) (Sue, p. II) mais Sue ne parle pas des A.T. On parle aussi du médecin DARCET, ami «pur et constant» d'Augustin Roux (Deleyre, p. 5), cosignataire d'un mémoire sur le traitement de la vérole le 19 octobre 1770 (Delaunay, p. 272) dont Goulin aurait été, en 1767, l'un des inventeurs méconnus (Sue, p. 112-113). Enfin le Dictionnaire des lettres françaises, cite J. B. Ladvocat, bibliothécaire de Sorbonne en 1742, professeur d'Ecritures Saintes en 1751, pour les années 1760 à 1763.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: il est triple selon l'Avertissement (n° 1, 1759. p. 3): a) Présenter chaque année au monde savant tous les livres imprimés en Europe pendant le cours de l'année précédente; b) Analyser, en de «courtes notices», le «but de l'auteur, quelques fois les moyens employés, les manières dont il les a mis en œuvre»; c) Proposer des jugements soit personnels soit extraits des critiques et journalistes de l'Europe.

Pendant les premiers 14 mois (nov. 1758-déc. 1759), les livres sont présentés sans ordre. A partir de 1760, un classement par matière les répartit en 6 groupes: Théologie, Jurisprudence, Sciences et Arts, Belles-Lettres, Histoire, Mélanges; sans aucune préférence pour les uns ou les autres.

Ainsi, ils répertorient 1250 livres parus en 1757, 1041 en 1758, 1263 en 1759, 1513 en 1760, 1127 en 1761, 1174 en 1762 et 1470 livres supplémentaires pour 1760-1761, soit 8848 livres pour 6 années d'édition.

Tous les auteurs sont retenus de la même façon sans discrimination. Seules, des remarques rapides les hiérarchisent. Voltaire est un «divin poète» (1763, p. 451), Erasme un «beau génie» (ibid., p. 68), Chaumeix est «tellement aveuglé par ses passions qu'il a cru pouvoir se permettre les accusations les plus graves sur les plus légers fondements» (juil. 1761, p. 187). Parfois les notices sont très longues comme à propos de l'ouvrage de Junker, Nouveaux principes de la langue allemande (1763, p. 46-49) ou de la Dissertatio de veris initiis criculorum imperii (1763, p. 21-24). Il arrive souvent en matière religieuse que les jugements se transforment en critique anticléricale: «Tant de pages d'explication de 5 mots du prophète Isaîe font voir que les religieux sont très laborieux et ne manquent pas de loisir» (1759, p. 128).

Des tables sont intégrées au dernier volume de chaque année. Jusqu'en 1760, les livres sont présentés dans une table des titres et une liste alphabétique d'auteurs. Après, la première table regroupe les titres par rubriques, la seconde classe les auteurs et matières par ordre alphabétique (t. II de l'année).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Q 788 (erreur de dates, voir ci-dessus section 2), Q 3575-3584 (pour Q 3575 la date est juste).

Bibliographie

Mentions dans la presse du temps: L'Observateur littéraire, 1759, t. I (mars), p. 288; 1760, t. I, p. 286; 1761, t. V (déc.), p. 352. La Feuille nécessaire, 20 août 1759, p. 447. Journal encyclopédique, 1er mars 1760, p. 147. Année Littéraire, 12 mars 1760, p. 164-168. Mercure de France, févr. 1762, p. 97-101.

Historique

Morin d'Hérouville a cédé la permission et privilège du 15 novembre 1758 à l'imprimeur-libraire Vincent le 26 décembre 1759 (Avertissement, janv. 1760, p. XIV). Il reste l'un des rédacteurs de la revue avec Augustin Roux: le même avertissement déclare (p. VIII) que les notices seront signées par l'un ou l'autre si elles comportent des retouches opérées sur les textes des autres collaborateurs. Ils prévoyaient pour leur revue une longue durée et avaient constitué une équipe de manière que «la retraite, la maladie ou la mort d'un des auteurs des Annales typographiques ne causera pas de regrets à ses confrères»; car «on tâchera de lui donner un successeur qui puisse le remplacer et l'ouvrage n'en éprouvera aucune révolution» (p. X). Ils expliquent aussi le changement de format intervenu en 1760: le passage de l'in-4° à l'in-8° apporte plus de commodité pour le rangement et plus de sécurité pour la conservation; le choix d'une périodicité mensuelle, et non plus hebdomadaire, allégeant les frais de distribution, permet de diminuer le prix de souscription (p. XIII).

En 1761, Morin «est forcé de renoncer à un ouvrage dont on lui doit la première idée». Les auteurs qui s'étaient souciés d'établir un réseau de «correspondants dans les principales villes de l'Europe où l'on cultive les lettres», se procurent «tous les journaux et jusqu'aux catalogues des principaux libraires de chaque pays» (Avertissement, janv. 1761). Ils avaient promis de rattraper l'écart qui les séparait de la date de publication des livres (Avertissement, 1759, p. 3). En 1762 (t. II), ils signalent qu'ils ont respecté leurs engagements puisque dès le mois de juin, ils fournissent le dernier cahier consacré aux livres de 1760. Malgré les efforts considérables de cette équipe de travailleurs érudits et acharnés (Sue, p. 14), malgré la volonté de proposer un «Catalogue universel des ouvrages de l'Europe destiné aux auteurs» (Avertissement, 1762, t. II, hors-page), la revue meurt en décembre 1763. Augustin Roux déplore à la fin de l'année 1762 (t. II, hors-page) que «le nombre de nos souscriptions n'a pas répondu à nos espérances ni à l'accueil favorable que le public a fait à nos Annales». Il parle même du déficit de cette «entreprise dont les émoluments n'égalent pas le danger d'une dépense considérable et journalière» (1762, t. II, hors page).

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Un premier volume des Annales typographiques a paru en 1758; il porte sur l’année précédente: «Ces Annales paraîtront dans le courant du mois de novembre [1758]» en feuilles hebdomadaires in-8°. «Ces Annales commenceront à l’An 1757. Ce n’est guère en effet qu’après une année révolue que l’on peut avoir connaissance des livres imprimés dans les pays étrangers…» (avertissement, p. 4). Deux ans après paraît un nouveau tome I, daté de janvier 1760. Le volume précédent ayant paru en novembre 1758, l’écart est en fait réduit à environ un an. Ce tome est pourvu d’un privilège du 20 août  1758, et d’une approbation du 26 décembre 1759, ainsi que d’une cession au libraire Vincent à la même date. Un nouvel avertissement donne les raisons de cette nouvelle présentation: Morin d’Hérouville est toujours responsable du projet, mais pour des raisons de santé, il s’est adjoint le concours d’un second directeur, Roux, et de plusieurs spécialistes des domaines concernés. La revue devient mensuelle, avec six feuilles in-8°.

Auteur additif

Titre indexé

ANNALES TYPOGRAPHIQUES

Date indexée

1758
1759
1760
1761
1762
1763