Contenu annoncé et intentions : « un recueil de principes et de remarques sur les beautés et les défauts »..., une défense des « droits du goût » (1755, t. I, p. 10) ; mais Fréron déclare en outre : « Ces puissances philosophiques ont conclu entre elles une ligue offensive et défensive » (1754, t. I, p. 14). En 1758-1759, Fréron lance les mots « philosophisme », « philosophistes ». « Vous avez ces deux manières de nous éclairer : d'une main vous arrachez ces fleurs ambitieuses dont nos modernes aiment souvent à se parer, de l'autre, vous nous découvrez ces sources cachées où ils puisent sans honte et sans remords » (un lecteur, 1763, t. VII, p. 1). En 1766, il lance le mot « philosophante ». Le préambule de 1768 se déclare pour « la religion, la morale et les lois ». Fréron écrit en x773 (t. II p. 27) : « J'ai été le premier et longtemps le seul à résister au torrent de la philosophie régnante et au mauvais goût ».
Première période (1754-1766).
Principaux auteurs étudiés : Montesquieu, 1756,I, 101-181 ; Diderot, Pensées sur l'interprétation de la nature, 1754, I, 1-14 ; Le Fils naturel, 1757, IV, 145-173, 289-300 ; Le Père de famille, 1761, III, 289-318 ; Entretiens, 1761, IV, 289-312 ; V, 3-24 ; Encyclopédie, 1760, IV, 243-268 ; Affaires des planches, 1759, VII, 1760, 1, VI, VIII ; 1761, II, V ; 1762, 1 ; J. J. Rousseau, Discours sur l'origine de l'inégalité, 1755, VII, 140-166 ; 1759, VII, 43-52 ; La Nouvelle Héloïse, 1761, II, 289-330 ; affaire Rousseau-Hume, 1766, II, 140-143, 187-195 ; VII, 39-57, 314-320 ; Voltaire, Candide, 1759, II, 203-216 ; La Femme qui a raison, 1759, VIII, 3-25 ; 1760, IV, 7-18 ; L'Ecossaise, 1760, IV, 73-116 ; V, 209-215 ; Tancrède, 1761, I, 289-308 ; Annales de l'Empire, 1760, VIII, 335-349 ; « L'autre jour, au fond d'un vallon », 1763, I, 287-288 ; Contes de Guillaume Vadé, 1764, IV, 289-314 ; Dictionnaire philosophique, 1764, VIII, 65-68 ; affaire Calas, 1765, III, 145-163 ; IV, 67-70 ; Lettres du docteur Pansophe, 1766, VII, 175-185 ; VIII, 122-131, 218-252 ; Moreau, Les Cacouacs, 1758, 1, 3-32.
Parmi les autres centres d'intérêt pour cette première période, on peut relever : les Salons (1757, V, 333-353 ; 1759, V, 217-232 ; 1761, VI, 3-11, 209-212 ; 1765, VI, 145-174), l'inoculation (1755, V et VI, 1756, II ; 1758, VIII ; 1763, V ; 1765, III et VI ; 1766, II), l'agriculture (1754, VII, 73-83 ; 1756, VII, 3-19), et dans chaque volume de 1761 à 1763, le commerce (1754, II, 92-109, 167-184, 217-316 ; 1755, V ; I756. LIV ; 1758, VI).
Au cours de la seconde période (1766-1776), les tendances et intérêts changent notablement.
Principaux auteurs étudiés : Voltaire, Les Guèbres, 1766, VI, 3-22 ; Zadig, 1767, I, 30-50 ; Les Scythes, 1767, VIII, 145-167 ; ABC, 1771, 111, 217-249 ; Le Dépositaire, 1772, IV, 144-156 ; Epitre à Horace, 1772, VII, 278-286 ; Le Taureau blanc, 1774, IV, 289-331 ; Discours de Me Belleguier, 1774, III, 61-70 ; Commentaire sur la Henriade, 1775, 111, 289-332 ; 217-239 ; VIII, 217-250 ; Diatribe à l'auteur des Ephémérides, 1775, VI, 46-64 ; Diderot, 1772, VI, 1-28 ; 1774, VII, 120-122, 299-337 ; JJ. Rousseau, 1768, VIII, 1-27 ; 1772, IV, 209-215 ; Marmontel, Bélisaire, 1768, I, 3-26 ; VIII, 289-299 ; 1769, 1, 193-202 ; Raynal, 1775, III, 233-250 ; d'Holbach, 1770, IV, 171-181 ; VIII, 313-331 ; 1772, VII, 303-317 ; 1774, VIII, 43-60.
Parmi les principaux auteurs antiphilosophiques, on citera : Bergier, 1767, V, 272-286 ; 1768, VII, 217-232 ; 1770, VIII, 313-331 ; Guénée, 1767 ; 1769, III, 26-40 ; Larcher, 1769, III, 145-159 ; Nonotte, 1770, VI, 145-162 ; Gérard, Le Comte de Valmont, 1774, III, 177-205 ; Vernes, Confidence philosophique, 1771, IV, 194-209 ; Gauchat, Le Philosophe du Valais, 1772, IV, 318-339.
Parmi les centres d'intérêt de cette seconde période, on peut citer : le drame philosophique (1767, VIII, 289-331 ; 1770, VI, 73-98 ; 1773, III, 42-48 ; VII, 3-14, 73-98), la littérature anglaise (1769, III, 217-231 ; 1772, II, 286-320 ; V, 289-330 ; 1769, 217-228 ; VI, 341-345 ; 1770, VII, 73-94 ; 1771, III, 249-263 ; 1772, III, 28-39), les techniques et découvertes, la publicité, l'économie politique, les sciences de la nature et de la vie, l'agriculture et le commerce, l'éducation, les finances, la situation dans les colonies, l'urbanisme et l'architecture, etc., avec quelques temps forts comme le problème de la Compagnie des Indes (1769, IV et V), le problème de la circulation des blés (1767, V, 73-114 ; 1768, III, 241-264 ; 1770, I, 289-304 ; 1775, VI, 46-64).
D'une façon générale, le périodique de Fréron, dont le préambule de 1766 donne une idée d'ensemble, est consacré à la critique littéraire et artistique, à la littérature étrangère, à la polémique antiphilosophique contre Voltaire, Diderot, les encyclopédistes, les athées de 1770 (beaucoup moins contre Rousseau, en particulier après la Nouvelle Héloïse) ; mais il est marqué aussi d'esprit « encyclopédique » : intérêt pour les problèmes socio-économiques et particulièrement l'agriculture, le commerce, l'urbanisme et la médecine.
Tables à la fin de chaque volume ; tables générales manuscrites à la Bibliothèque des jésuites de Chantilly, fonds Jersey (tables-recollection).