Quelques précisions sur les conditions de publication et le contenu d'une collection apparemment rare. On désignera l'édition de Trévoux par M.T.1, la réédition hollandaise par M.T.2.
Publication. Le libraire de Hollande annonce que 10 feuilles seront publiées régulièrement, par opposition aux tomes d'inégale longueur de M.T.1, pour faciliter un paiement constant rien ne sera retranché, on donnera des suppléments Avertissement de janv.-févr. 1702, t. III. Il lance des appels pour obtenir des pièces originales (t. IV, oct. 1702; t. VII, janv. -juin 1704).
L'addition des pièces nouvelles, et les contraintes imposées par une égale répartition provoquent, surtout à partir du t. IV, de nombreuses perturbations dans la suite des articles, par rapport à M.T.1. La réédition de chaque article est fidèle la quasi-totalité des articles est rééditée jusqu'à juin 1704 de M.T.1, mais l'ordre est dans l'ensemble fort différent.
Le libraire de Hollande ne parvient pas à suivre le rythme de M.T.1 : en mars 1702, le retard de M.T.2 est d'environ 2 mois; en septembre 1702, de 4 mois, en janvier 1703, de 6; en décembre 1703, de 9; en décembre 1704, et encore à la fin, en juin 1705, d'un an. Le mois de février 1704 de M.T.1 a été sauté en cours de route. L'Avis de janvier-juin 1704 (t. VII) annonce la parution de 6 mois à la fois, jusqu'à ce que le libraire ait «rejoint» l'édition de Trévoux, après quoi il reviendra à une publication mensuelle. Plus loin, il «espère» encore rattraper l'édition de Trévoux (t. VII, p. 437).
Les nouvelles littéraires sont suivies de plus près, et celles de plusieurs mois sont quelquefois fondues (les dernières parues, en novembre 1703, fondent celles de juillet et août 1703 de M.T.1).
La guerre, et l'interdiction des correspondances entre les Provinces-Unies et la France, ont probablement précipité l'échec de la réédition. Dans l'Avis de juillet 1703 (t. VI, début), le libraire allègue ces difficultés, et affirme qu'il a encore de la copie pour achever l'année. En novembre 1703 (t. VII, p. 400), il prévoit une interruption pour le mois de décembre. L'Avis du t. VII laisse entendre que les 6 mois qui y paraissent d'un coup suivent une interruption assez longue dans les livraisons.
Les articles ajoutés. Ils sont toujours consciencieusement marqués de l'astérisque. On trouve également quelques nouvelles littéraires ajoutées (mars, mai 1703), et des notes en bas de page notes critiques, ou signalant des rééditions d'ouvrages en Hollande.
Sur les 681 articles de la réédition, 32 sont originaux. Leur nombre tend à décroître dans le temps: t. I: 4/83; t. II: 5/95; t. III: 8/80; t. IV: 3/76; t. V: 9/57; t. VI: 1/62; t. VII: 0/79; t. VIII: 0/71; t. IX: 2/78.
Les plus intéressants concernent la polémique engagée dans M.T.1 par le père Despineul contre Le Clerc, à propos de l'Harmonie évangélique (M.T.2, t. I, p. 129-142; t. V, p. 217-221, 382-399), ou dénoncent la partialité, l'emportement, les calomnies des rédacteurs jésuites (M.T.2, t. I, p. 440-454; t. II, p. 134-141, 152-157). Dans les remarques ajoutées à l'Avertissement de M.T.1 de mai-juin 1701, on lit que Le Clerc ne participe en rien, ne lit ni ne corrige la réédition hollandaise (t. I, p. 440-441).
La querelle janséniste, et en particulier l'affaire du «cas de conscience», alimente plusieurs articles (t. II, p. 142-158, 488-494; t. V, p. 204-216, 297-314, 372-375).
Les autres articles traitent de projets d'édition, de sujets d'érudition et de philosophie, et donnent quelques comptes rendus originaux.
Trois lettres de Bayle sont publiées (t. III, p. 166-167, 379-383, 480-484).
En ce qui concerne la presse, on trouve une lettre invitant à faire le catalogue des mensonges des gazettes et mercures (t. IV, p. 314-318) et des remarques sur les Essais de littérature et sur les Recherches de physique et de mathématiques de Parent (t. V, p. 54-60; t. VI, p. 232-240).
Des catalogues de livres nouveaux apparaissent en fin de livraison à partir de septembre-octobre 1701.
