RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS DE MÉDECINE

1178
1754
1793

Titre(s)

Recueil périodique d'observations de médecine, de chirurgie et de pharmacie (t. 1-7, juillet 1754 – décembre 1757).

Devient Journal de médecine, chirurgie, pharmacie, etc. (t. 8-95, janvier 1758 – frimaire an III/1793). Le «etc.» n'est jamais développé dans le titre ; il ne s'agit pas d'un titre abrégé.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juillet 1754 – décembre 1793. 95 volumes.

Privilège du 1er mars 1754, accordé pour 10 ans et renouvelé ensuite. Un cahier par mois.

Description de la collection

Format in-12 depuis le début de la collection jusqu'en décembre 1788 inclus (105 x 165) ; puis format in-8° de 1789 à la fin (100 x 175). La modification de format est due au projet d'absorption du Journal de médecine militaire, qui ne s'est finalement pas réalisé en raison de la suspension de toute aide financière du ministère de la Guerre en faveur du Journal de médecine militaire. – Juil. 1754-déc. 1784, 2 vol. par an correspondant aux cahiers de janvier à juin et de juillet à décembre. – Janv. 1785-1793, 3 vol. par an, regroupant 4 cahiers chaque fois (1 cahier par an) ; il y a cependant 3 années exceptionnelles : 1789 (4 t.), 1790 (4 t. : 82 à 85), 1791 (4 t. : 86 à 89). Le passage de 2 à 3 vol. correspond d'une part à l'introduction d'une nouvelle rubrique, «Observations faites dans le département des hôpitaux civils», d'autre part à l'accroissement continu de la partie consacrée à la bibliographie médicale. – 1754-1757 (t. 1-7), chaque volume fait 480 p. ; au début, la table des matières située à la fin de chaque volume n'est pas numérotée. Chaque livraison fait 80 p. ; 12 livraisons par an. – 1758-1782 (t. 8-58), chaque vol. comporte 576 p. et chaque cahier 96 p. – 1785-1787, la pagination varie d'un numéro à l'autre : ainsi, le t. 63 contient 612 p., soit 144 p. pour les 3 premiers cahiers et moins de 60 pour celui d'avril 1785 ; le t. 64 contient 696 p., avec 168 p. par cahier ; le t. 65 atteint le chiffre record de 720 p., avec 180 p. par cahier.

Les proportions deviennent plus modestes ensuite, autour de 600 p. par vol., avec l'engagement de faire une «addition quand la multiplicité et l'importance des matières l'exigeront» (Avertissement, t. 66, janv. 1786). – En 1788, stabilisation à 576 p., avec des cahiers d'inégale longueur. – A partir de 1789, le Journal revient à 492 p., en moyenne, avec des cahiers de 156 p. chacun ; il y a quelques variations mineures, au-dessus de 500 p. (par ex. les t. 79, 80). – La dernière année, 1793, les difficultés sont évidentes comme le montre l'analyse des rubriques, et les volumes ne sont plus que de 476 p., c'est-à-dire presque le chiffre initial.

Devise : absente des 2 premiers vol., elle apparaît au début du t. 3, qui exceptionnellement commence en novembre 1755: «Artem experientia fecit / Exemplo monstrante viam. (Marc. Manil., Astronomia, Lib. I, vers 63-64)».

Après 1762, c'est-à-dire après la mort de Vandermonde, «auteur» du Journal, c'est une phrase de Baglivi qui sert de devise : Medicina non ingenii humani partus sed temporis filia.

A partir d'octobre 1776, c'est-à-dire après la mort du second rédacteur du Journal, M. Roux, et jusqu'à la fin, la devise est empruntée au De Natura Deorum de Cicéron : Opinionum commenta delet dies, naturae judicia confirmat.

A travers les trois devises successives, c'est la même méfiance qui s'exprime à l'égard des systèmes et des théories brillantes en médecine dont le défaut est de ne pas s'appuyer sur l'observation de la nature et de ne pas tenir compte suffisamment de la pratique médicale ; c'est le même esprit néo-hippocratique qui les inspire.

C'est seulement à partir de janvier 1757, au t. 6, qu'apparaît une épître dédicatoire à S.A.S. Mgr le comte de Clermont, jusqu'en 1770.

Le Journal de médecine est ensuite dédié à Mgr le comte de Provence, de 1771 à 1774 (t. 41). De 1774 (t. 42) à janvier 1792 (t. 90), il est dédié à Monsieur, frère du Roi et toute dédicace disparaît ensuite. Le cahier d'octobre 1776 (t. 46) contient une épître dédicatoire des nouveaux éditeurs, plaçant le Journal sous les auspices de Monsieur et sollicitant sa générosité.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le journal a d'abord été édité chez Joseph Barbou, rue Saint-Jacques, aux Cigognes (1754, t. 1 et 2) ; l'adresse semble indiquer qu'il s'agit d'un imprimeur-libraire. A partir de novembre 1755, t. 3, le journal est imprimé chez Vincent, imprimeur-libraire, rue Saint-Séverin, à l'Ange. C'est le rachat du titre de propriété du journal par Vincent qui a entraîné le choix de Vandermonde comme rédacteur du journal, car il avait publié plusieurs ouvrages à succès chez Vincent. Vincent imprime le Journal jusqu'en juin 1776 (t. 45). A partir de juillet 1776, t. 46, il est imprimé chez la veuve Thiboust, imprimeur, place de Cambrai, et ceci jusqu'au t. 56 (déc. 1781). A partir de 1782 et jusqu'à la fin de la parution, le Journal est imprimé chez Didot, imprimeur-libraire, quai des Augustins. Le Journal se trouve aussi chez Croullebois, libraire, rue des Mathurins, 32.

Evolution des prix : en 1755, le prix de l'abonnement annuel était de 7 £ 4 s., avec un port de 6 s. pour les abonnés habitant la province, tandis que le prix du cahier mensuel était de 12 s. L'abonnement est ensuite passé à 10 £. On trouve l'abonnement fixé à 12 £ en 1782. A cette date, le prix du volume broché est de 2 s., relié en basane 12 s., relié en veau 15 s. Ultérieurement, le prix de l'abonnement passe à 15 £ et reste identique jusqu'à la fin du journal.

Le t. 82, cahier de janvier 1790, contient des indications intéressantes sur la fixation du prix : Bacher écrit qu'il est nécessaire «d'en modérer assez l'abonnement pour qu'il n'excède point celui d'un autre livre de médecine qui se vendrait chez un libraire», et il ajoute «quels que soient les avantages que l'humanité ait à espérer d'un tel travail, il ne pourra cependant s'exécuter à moins que l'administration n'accorde au Journal de Médecine des secours à la faveur desquels l'abonnement à ce Journal puisse être proportionné au peu de fortune des médecins et chirurgiens de province». La seule aide accordée effectivement a consisté à autoriser le port franc des cahiers en province, mais la promesse en avait été faite 5 ans plus tôt et était restée sans effet jusqu'alors.

Le même cahier de janvier 1790 signale que l'augmentation importante du nombre de souscripteurs ne permet pas pourtant de couvrir les frais.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Aucun nom ne figure dans les deux premiers tomes de la collection. Les notices historiques du Journal insérées dans les deux tables successivement éditées ne nous renseignent pas et l'Avertissement en tête de la réédition de l'ensemble de la collection, effectuée en 1783, remarque seulement que «les 3 premiers volumes se ressentent des obstacles qu'il y avait à surmonter pour rendre ce recueil aussi intéressant qu'il pouvait l'être». Le principal grief venait de l'insertion dans le Journal d'observations de simples particuliers non médecins, ce qui disparaît totalement après les deux premiers volumes. D'après Barbier, les premiers rédacteurs seraient François Bernard, Nic. Bertrand et Grasse.

Dès la fin de 1755, à partir du t. 3, c'est VANDERMONDE, docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris qui est chargé du Journal, jusqu'à sa mort en 1762. Charles-Augustin Vandermonde, né à Macao en 1727, reçu docteur à Paris en 1748, ami de l'abbé Nollet, publia d'abord une traduction d'une dissertation italienne sur les maladies de peau (1755), puis un Art de perfectionner l'espèce humaine (Vincent, 1756, 2 vol.), et il avait surtout été l'auteur du Dictionnaire de santé, qui remporta un grand succès.

En 1762, c'est le docteur ROUX qui prend la relève : médecin, membre de l'Académie royale des belles-lettres, sciences et arts de Bordeaux et de la Société royale d'agriculture de la généralité de Paris, Roux était particulièrement intéressé par la chimie. Le dernier cahier rédigé par Roux date de juin 1776.

Les cahiers de juillet, août, septembre 1776 (t. 46) sont assurés par M. CAILLE.

D'octobre 1776 jusqu'en 1788, le Journal est fait par les docteurs DUMANGIN et BACHER, mais c'est Bacher, docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris qui y joue le rôle le plus actif et après 1788 c'est lui seul qui continue le Journal, le tenant à bout de bras jusqu'à la fin.

Le type de travail assuré par ceux qu'on appelle indifféremment les «auteurs» du Journal ou les «éditeurs» (sens du mot anglais aujourd'hui) se diversifie au fil des années et de l'évolution des rubriques. La préface du t. 2 indique : «la principale fonction des éditeurs, après celle du choix, consiste à remanier et à refondre les morceaux qui en ont besoin, lorsque l'auteur le permet ou que le sujet l'exige». Il y a parfois aussi un travail de traduction lorsque le texte est en latin. Les éditeurs éliminent progressivement dans les articles tout ce qui relève de la pure polémique et les critiques lorsqu'elles sont menées «avec aigreur» ; plus tard, ils suppriment aussi les éloges qui n'apportent rien au fond des questions traitées. Les auteurs ne rédigent au début que les avertissements ou les préfaces, et dans le cas de Vandermonde, il s'agit surtout de définir la manière de bien observer en médecine et de bien rédiger une observation. A partir de 1758, on voit apparaître des extraits d'ouvrages, assez étendus, non signés, qui sont probablement dus à l'auteur du Journal.

A partir de la prise en charge du Journal par Dumangin et Bacher, on voit de plus en plus apparaître des Remarques à la suite des Observations ou des Lettres envoyées par des correspondants ou des lecteurs du Journal, ainsi que des notes infra-paginales : il s'agit parfois, mais rarement, de compléter des observations, plus souvent de mettre en parallèle telle observation avec telle autre insérée dans un autre tome du Journal. Cependant, jusqu'à la fin, le Journal reste un lieu ouvert où des opinions divergentes peuvent s'exprimer sans que les rédacteurs prennent parti. C'est seulement dans les Extraits qu'on voit apparaître une appréciation, essentiellement en fonction de trois critères : utilité ou non du livre, nouveauté ou originalité de l'apport opposées aux travaux de simple compilation, sévèrement traités, observation des faits tirés de la pratique médicale ou vaste spéculation sans fondement.

Collaborateurs : bien que certains médecins envoient régulièrement, parfois pendant plusieurs années, des observations ou des lettres au Journal, nous ne considérons comme collaborateurs que ceux qui participent directement à la rédaction du Journal, autour de Vandermonde, puis de Roux ou de Bacher. De ce point de vue, peu de noms apparaissent. Tout ce que l'on peut indiquer, c'est que seule la rubrique des Observations météorologiques faites à Lille et des Maladies régnantes dans la même ville a été régulièrement prise en charge par Boucher, médecin à Lille. Les Observations météorologiques faites à Paris ont, semble-t-il, été assurées personnellement par l'auteur du Journal, ainsi que le Tableau des maladies régnantes, jusqu'en 1776 ; après le cahier de septembre, c'est le père Cotte, oratorien, curé de Montmorency qui effectue les Observations météorologiques à Montmorency, non plus à Paris, tandis que le Tableau des maladies régnantes provient désormais du résumé des séances «Prima Mensis» de la Faculté de médecine de Paris, dont une partie est consacrée au tableau épidémiologique de Paris. A partir de 1785, c'est un autre oratorien, le père Jaucour, qui s'occupe des Observations météorologiques à Montmorency. A partir d'octobre 1776, Dumangin et Bacher se sont adjoint la collaboration de M. Goulin, médecin, spécialisé dans l'histoire de la médecine et chargé de «s'occuper de la partie biographique et bibliographique, à laquelle ils ont jugé essentiel de donner une place dans le Journal de Médecine dès qu'ils en sont devenus propriétaires» (note rectificative par rapport à une erreur du Dictionnaire historique de la médecine d'Eloy, insérée à la fin du cahier de janvier 1779). Mais les analyses d'ouvrages et les notices biographiques ne sont pas plus signées que les autres articles. La rubrique «Observation du département des hôpitaux civils», qui commence en 1785, est rédigée par deux médecins, inspecteurs généraux des hôpitaux civils, Colombier et surtout Doublet. C'est à partir de la même date que figure à la fin de chaque cahier une brève liste de collaborateurs suivie du ou des numéros des articles qu'ils ont rédigés, suivant l'ordre d'insertion dans le cahier. Parmi les collaborateurs les plus réguliers, on trouve les noms suivants : le plus fréquemment, Grunwald et Willemet, plus occasionnellement, Roussel, Huzard, Goulin, Bertholet, J.G.E. (?), Le Roux Des Tillets, auteur d'une des tables du Journal.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La Préface du t. I du cahier de juillet 1754 regrette que quantité de «pièces fugitives sur différentes observations de médecine, de chirurgie et de pharmacie», insérées dans des journaux ou des mercures non spécialisés, soient largement perdues pour les savants, tandis qu'elles peuvent créer la confusion et devenir même dangereuses lorsqu'elles sont lues par un public non préparé et auquel d'ailleurs elles ne sont pas destinées. Il y a un évident souci de professionnalisation du savoir médical, qui va de pair avec la lutte contre le charlatanisme, maintes fois déclarée par le Journal.

En 1754, la répartition des rubriques est sommaire : trois «Articles», médecine, chirurgie, pharmacie ; mais on ne trouve pas dans chaque cahier des observations relatives aux trois, et c'est la pharmacie qui est la parente pauvre.

A partir de 1758, t. 6, Vandermonde insère des observations météorologiques faites à Paris et l'histoire des maladies qui ont régné, à l'exemple d'ailleurs de ce qui se pratiquait à Edinburgh. L'inspiration néo-hippocratique de cette démarche est très nette : c'est le Traité des airs, des eaux et des lieux qui sert de modèle, en se perfectionnant par l'utilisation du thermomètre et du baromètre. Une des préoccupations majeures des médecins est de brosser le tableau des «constitutions médicales», avec de plus en plus nettement le souci de prévenir les épidémies. Ces préoccupations hygiénistes vont s'épanouir un peu plus tard dans les topographies médicales, largement représentées dans le Journal, moins toutefois que dans le Journal de médecine militaire (1782-1789).

En 1758, au t. 8, apparaissent les premiers extraits détaillés de livres nouveaux et à partir de 1762, Roux fait une place à la littérature médicale étrangère, et une place un peu plus importante à la chimie, la pharmacie, l'histoire naturelle.

On peut résumer comme suit le schéma-type d'un cahier entre 1762 et 1776 : 1) Un extrait de livre par cahier, en général une vingtaine de pages. 2) Deux à trois observations de médecine, en général 30 p., puis 20 puis 2 à 3 p. : il ne s'agit pas seulement d'observations de médecine pratique du genre «Guérison opérée par les frictions mercurielles en cas de maladie vénérienne» ou «Bon effet du quinquina dans une fièvre rémittente», encore qu'on puisse trouver ce type d'observation mais dans ce cas, on a affaire à une «histoire» complète de la maladie avec réflexion raisonnée sur le traitement, le tout accompagné d'une bibliographie complète sur le sujet. Il s'agit plutôt d'observations sur des questions de fonds, qui peuvent fort bien concerner la physiologie : ainsi toute la période 1754-1760 est occupée par la discussion des thèses de Haller sur l'irritabilité, la cause du battement des artères, etc. A partir des années 1760, c'est la grande question de l'inoculation qui occupe le devant de la scène. 3) Deux ou trois observations de chirurgie, la 1re en général d'une longueur comparable à celle de médecine ; on y trouve traités des sujets divers, gangrène et amputation, opérations de la taille, extraction de la cataracte, traitement des cancers, mais surtout, maladies des femmes en couches, déchirement ou déplacement de matrice, etc. 4) Histoire naturelle, chimie, pharmacie, et c'est cette rubrique qui comprend les observations météorologiques de Paris et de Lille, chacune suivie du tableau des maladies régnantes. 5) Livres nouveaux, après 1762, autour de 2 à 3 titres au début, puis presque une dizaine. Mais il s'agit d'une annonce de livres nouveaux en quelques lignes, et non d'un compte-rendu. 6) Avis divers : prix mis au concours par les Académies ou Sociétés savantes, séances publiques des Académies, délibérations de collèges de médecins de telle ou telle ville, avis d'ouverture d'un cours de matière médicale ou autre.

De 1777 à 1785, l'organisation du cahier fait une place grandissante à la rubrique «Livres annoncés» qui remplace les «Livres nouveaux» ; en 1785 et par la suite, cette rubrique qui deviendra «Nouvelles littéraires» occupe régulièrement la moitié du cahier, et plusieurs pages sont consacrées à l'analyse de l'ouvrage, alors même que l'extrait en tête de cahier subsiste. Désormais, la rubrique «Livres annoncés» est elle-même classée par disciplines et centres d'intérêt : 1) hygiène (mention nouvelle) ; 2) médecine ; 3) anatomie et physiologie (l'apparition de ce mode de classement nouveau est intéressant car jusqu'alors, l'anatomie n'apparaissait pas comme discipline autonome mais était englobée dans la chirurgie, et la physiologie dans la médecine) ; 4) histoire naturelle, physique (il s'agit de physique médicale), botanique, matière médicale, pharmacie et chimie ; 5) histoire littéraire ou médicale.

Ce principe d'organisation se retrouve, avec quelques aménagements, dans l'ordre de présentation des mémoires et observations de chaque cahier et apparaît dans la présentation des tables générales qui figurent à la fin de chaque volume. Outre les catégories déjà indiquées, on voit apparaître parfois des mémoires classés en «Institution médicale», qui concerne l'organisation de l'espace hospitalier, la création d'Instituts de clinique médicale sur le modèle italien ou allemand. Autour de 1788-1789, les problèmes de réforme de la médecine se font plus pressants dans les cahiers. Cependant, l'anatomie qui était distinguée dans la rubrique «Livres annoncés» ou «Nouvelles littéraires», est, à propos du classement des mémoires, mentionnée nommément mais réunie à la chirurgie.

Depuis 1785, le Journal contient des «Observations faites dans le département des hôpitaux civils» : cette nouvelle rubrique accentue l'importance accordée aux questions d'hygiène et de lutte contre les épidémies (problème des «fièvres d'hôpital»), les projets d'assainissement à cet égard, ainsi que la part des observations médico-topographiques. Il est clair que le projet avorté d'absorption du Journal de médecine militaire était destiné à compléter la rubrique des hôpitaux civils.

L'augmentation quantitative de chaque rubrique et leur diversification est également liée à l'absorption de la Gazette de santé, hebdomadaire qui parut de 1776 à 1789 ; le numéro 52 de l'année 1789 contient l'avis suivant aux souscripteurs : «On se propose désormais de réunir le travail de la Gazette de Santé à celui du Journal de Médecine et par conséquent de suspendre la publication de cette feuille hebdomadaire». La périodicité de la Gazette laissait peu de temps pour préparer des matériaux intéressants, et les dimensions de la Gazette excluaient de longs articles. Le rédacteur de la Gazette s'engage, avec les «autres coopérateurs de son Journal» à concourir au Journal de médecine qui doit devenir «une espèce d'Encyclopédie Médicinale en recueillant chaque année les progrès nouveaux que fait la Médecine, et en s'enrichissant des fruits tardifs de son expérience».

A partir de 1792, on assiste à un mouvement inverse : moins d'articles, moindre diversification des sujets traités ; la constitution médicale de chaque saison occupe une place démesurée par rapport à l'ensemble, et la majeure partie des articles proviennent d'un nouveau journal, le Journal de chirurgie, qui commence en 1791. Seule la rubrique des Nouvelles littéraires se maintient.

Chaque cahier se termine par sa table des matières, et chaque volume contient une table générale des matières pour les six premiers ou les six derniers mois de l'année. Le principe se maintient avec le passage à 3 et 4 volumes par an. Il existe depuis 1786 une table annuelle publiée à la fin du cahier de décembre de l'année considérée, qui vaut pour l'ensemble des volumes publiés dans l'année, et non plus simplement pour un volume. La table annuelle pour 1789 et pour 1790 constitue un effort de présentation raisonnée des matières : sous chaque titre, on trouve tous les articles concernés, qu'il s'agisse d'articles d'ouvrages annoncés (distingués par A dans la table), d'ouvrages ayant fait l'objet d'une notice (distingués par N), ou d'extraits (distingués par E) ; la table fait également mention avec un astérisque des «articles de rapport», c'est-à-dire des articles «qui indiquent tout ce que le journal offre d'important à faire remarquer, quoique cela ne soit énoncé ni par les intitulés des pièces, ni par les intitulés des livres» (Avertissement de la table annuelle de 1789, t. 81). La table alphabétique, qui occupe les p. 435 à 503, fait apparaître des entrées intéressantes : la rubrique «Académies» permet de voir les relations du journal avec l'ensemble des académies, facultés et sociétés savantes d'Europe et Amérique (Allemagne, Berlin, Boston, Copenhague, Edinburgh, Gottingue, Haarlem, Lausanne, Londres, Nancy, Padoue, etc.) ; une copieuse rubrique «Asphyxie» regroupe les moyens de rappeler à la vie les asphyxiés, de sauver des nouveau-nés, de distinguer les cas de mort apparente de mort réelle et d'éviter les enterrements précipités. On voit apparaître des rubriques, «Hygiène» qui concerne surtout le pain, l'eau, la pomme de terre, «Hôpitaux», «Jurisprudence médicale» qui concerne la médecine légale, «Topographie» qui indique l'importance grandissante de cette question.

La table des matières est suivie d'une table des auteurs.

Le t. 89 (oct.-déc. 1791) contient de même une table pour les t. 86 à 89. La table disparaît après 1792. Le t. 82 de 1790 annonçait une nouvelle table générale pour les 77 volumes parus de 1754 à 1788, sur le modèle de celle de 1789, mais elle n'a jamais vu le jour. Deux tables séparées ont été publiées :

1) Table Alphabétique Raisonnée des 30ers Volumes du Journal de Médecine, rédigée par André-Marius Lallement, docteur en médecine de l'université de Montpellier, médecin-conseiller du Roi des villes d'Epernay et Châtillon-sur-Marne, à Paris, chez Vincent, 1774. Il s'agit d'un volume in-8°, de 518 p., 100 x 165. Publié avec approbation et privilège. Il comprend une table des matières et une table des auteurs avec indication de leur qualité, qui ne figure pas dans la table des matières, à la suite des observations ou mémoires dont ils sont les auteurs. Lallement, simple lecteur du journal, désireux de voir «venir» une table qui n'arrivait jamais, a décidé de se mettre lui-même à l'ouvrage. Il a éliminé de la table tout ce qui concernait les Académies, les prix, les annonces de cours. Il n'a «donné aucun détail des procédés chimiques parce qu'ils ne sont pas susceptibles d'extrait». Chaque article est suivi d'une courte définition, puis de l'ensemble des observations qui s'y rapportent, classées non d'après l'ordre de parution des volumes, mais d'après l'importance de l'observation qui figure dans chaque volume. Enfin, l'article s'achève par l'indication des ouvrages annoncés qui traitent du même sujet, précédée d'un astérisque quand ils ont fait l'objet d'un extrait.

Cette table n'est jamais mentionnée dans le Journal de médecine et les particularités mentionnées ci-dessus suggèrent qu'elle devait être trouvée très fautive par les auteurs du journal.

2) Table Indicative des Matières et Table des Auteurs pour les 65ers Volumes du Journal de Médecine, par M.J.J. Le Roux des Tillets, docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris, Paris, Didot, 1788. Format in-4° et mêmes dimensions que plus haut. Il s'agit, pourrait-on dire, de la table officielle du journal. Elle est précédée de Notes historiques sur le Journal de médecine, qui sont assez précieuses. Les normes choisies pour la confection de la table de 1789 sont présentées comme une amélioration de la table générale publiée en 1788, considérée encore comme imparfaite.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° T33 15. Le catalogue mentionne le dépôt du journal jusqu'au t. 93, mais impossible d'obtenir le journal au delà du t. 92 ; Faculté de médecine de Paris, 90 145 (jusqu'au t. 94) ; Académie de médecine, 93435 et 93435 A (jusqu'au t. 93) ; Faculté de pharmacie, Paris, P 40558 (t. 95 ; seul exemplaire conservé).

«Avertissement au sujet du Recueil périodique d'observations de médecine, chirurgie, pharmacie par M. Vandermonde», à Paris, chez Vincent, 1755 (XIII p.) ; B.N., 8° T33 17.

«Avertissement du Journal de médecine, chirurgie et pharmacie pour l'année 1758», s.l.n.d., 4 p. : B.N., 8° T33 18.

Bibliographie

Rééditions : en 1783, il y a eu une réédition des 58 volumes formant la collection du journal depuis le début jusqu'en décembre 1782 ; cette seconde édition, assurée par l'éditeur Didot, s'est faite au même format que l'ancienne. Une nouvelle souscription a été lancée, permettant d'obtenir la collection complète aux prix suivants : 12 £ pour les 2 vol. de 1783, 12 £ pour l'abonnement de 1784, 24 £ pour chacune des 4 livraisons de la nouvelle édition, soit pour 15 vol. à chaque fois, sauf pour la dernière livraison qui ne comprend que 13 vol.

Remarque : les différentes collections que nous avons consultées mélangent la 1re et la 2e édition pour les 7 premiers tomes et parfois au-delà. La 1re édition des t. 1, 2, 3 ne se trouve qu'à la Faculté de médecine.

Auteur

Titre indexé

RECUEIL PÉRIODIQUE D'OBSERVATIONS DE MÉDECINE

Date indexée

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1787
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1789
1790
1791
1792
1793

MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE CHIRURGIE *

0876
1743
1774

Titre(s)

Mémoires de l'Académie Royale de Chirurgie.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1743-1774. Cinq volumes. Date du premier privilège: 2 mars 1743; privilège accordé la demande de La Peyronie, 1er chirurgien et médecin-consultant du Roi, pour les «Mémoires donnés par les chirurgiens de St Côme qui ont été choisis pour former une Académie Royale de Chirurgie», pour une durée de 20 années, en autant de volumes «que bon lui semblera». Nouveau privilège au t. III (1757), en date du 12 août 1754, accordé pour une durée de 25 ans, «tous les ouvrages que notre dite Académie voudra faire imprimer en son nom». La modification d'énoncé du nouveau privilège montre bien que lors de la parution du 1er volume, l'établissement de l'Académie n'était pas définitivement sanctionné; il le sera par les Lettres patentes du 2 juillet 1748 et confirmé par le Nouveau Règlement pour l'Académie royale de chirurgie donné par le Roi le 18 mars 1751 (documents insérés dans le t. II).

Datation des volumes: t. I, 1743; t. II, 1753; t. III, 1757; t. IV, 1758; t. V, 1774.

Description de la collection

Format in-4°, 190 x 250. Chaque volume est d'environ 700 p. (778 p. pour le 1er, 928 pour le dernier; le moins important est le volume II qui a 613 p.).

La composition des volumes est variable, plus peut-être pour l'ordre dans lequel sont présentées les différentes rubriques que pour leur nature. On distinguera les rubriques permanentes (a), des particularités propres à chaque volume (b).

a) Liste des académiciens nommés par le Roi pour former le comité perpétuel de l'Académie, liste des autres académiciens, des associés correspondants étrangers et régnicoles. Table des Mémoires et Observations contenus dans le volume. Ces deux premières rubriques sont numérotées en chiffres romains. Mémoires proprement dits, ce qui constitue le corps du volume. Table alphabétique des auteurs des Mémoires et Observations, ainsi que Table alphabétique des matières, en plus petits caractères.

b) La rubrique Histoire n'apparaît que dans les volumes II à IV; elle comprend «des observations courtes et isolées [...], les titres au moins et quelquefois les Extraits des livres publiés par les Académiciens, les Eloges, les Instruments et Machines approuvés par l'Académie» (t. II, p. III). Le volume IV critique durement la conception des mémoires défendue par Quesnay, à cause de l'émiettement des articles traitant du même sujet dans des parties différentes et la division en Histoire et Mémoires qui fait souvent double emploi. L'auteur de cette Histoire, qui est en fait une réécriture de l'Histoire de l'Académie royale de chirurgie contenue dans les volumes précédents, invoque l'exemple de l'Académie des belles-lettres pour abolir cette distinction et réunir en un même corps les mémoires et observations sur le même sujet, quel qu'en soit l'auteur et quelle que soit sa qualité (exemple de l'écartement des os du bassin et des problèmes d'accouchement laborieux).

Le premier volume comprend en outre une Dédicace au Roi signée de La Peyronie et une importante Préface (IX-XXXII) signée de F. Quesnay dans laquelle il définit l'étendue, la méthode et les conditions du progrès de la chirurgie. Le second volume garde les mêmes divisions que précédemment mais y ajoute une Histoire de l'Académie royale de chirurgie dans laquelle on dévoile le plan de l'ouvrage; les Lettres patentes portant confirmation de l'établissement de l'Académie royale de chirurgie du 2 juillet 1748; du Nouveau Règlement donné par le roi le 18 mars 1751.

Illustrations: frontispice en regard de la page de titre, signé de Cochin fils représentant 3 personnages en habits romains: une jeune femme à gauche, tenant à la main les Mémoires de l'Académie royale de chirurgie, en fait présent au Roi, sous le regard bienveillant d'une Minerve casquée. La scène se déroule sur fond guerrier: tentes, soldats et arbres. Frontispice reproduit dans tous les volumes.

Vignette sur la page de titre entre le titre et le nom de la ville, signée Boucher et J.P. Sebos, représentant deux enfants, l'un entouré de liens et couché, l'autre debout et penché sur lui; au fond à droite, groupe d'enfants, certains avec instruments de chirurgie; au centre une lumière surmontée de l'emblème royal. Cette vignette se retrouve jusqu'au t. III. Pour les deux derniers volumes, la vignette, signée Ch. Eisen et E. de Ghendt représente une femme assise sur un lit, avec une devise encerclée ob cives servatos.

Seconde vignette ornant le haut de la page de dédicace au roi, signée A. Humblot et P. Aveline: en diptyque deux personnages féminins également en habits romains; celui de gauche souffle dans une trompette, victorieuse semble-t-il des flèches qui l'assaillent par derrière; celui de droite figure une victoire ailée; au centre une sorte de médaillon surmonté d'une couronne royale. Cette dernière vignette disparaît du t. II et se retrouve au t. III. A partir du t. II, une autre vignette avec la même signature que la précédente représente un homme (ou un cadavre) étendu sur une table, entouré d'hommes. Ce motif réapparaît dans les autres volumes avec des variantes; enfants étudiant sur des livres, tâtant le corps, groupes avec instruments de chirurgie; la vignette du dernier volume représente une femme étendue, avec des groupes similaires.

Planches: elles accompagnent d'ordinaire la partie «Machines et instruments approuvés par l'Académie», à la fin de la partie «Histoire», parfois planches également à la fin des volumes représentant aussi des gestes opératoires.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

T. I: Paris, chez Charles Osmont, imprimeur de l'Académie royale de chirurgie, rue Saint-Jacques à l'Olivier; t. II: Paris chez Delaguette, libraire-imprimeur de l'Académie royale de chirurgie, rue Saint-Jacques à l'Olivier; t. III: chez la veuve Delaguette, même adresse; t. IV: chez Pierre-Alex Le Prieur, imprimeur du Roi rue Saint-Jacques; t. V: imprimé chez J.G. Clousier, rue Saint-Jacques et diffusé chez le libraire P.F. Didot. Ces changements sont à mettre en rapport avec l'absence de régularité dans la périodicité.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Les auteurs qui publient le plus de mémoires sont ceux qui appartiennent au groupe des «officiers» de l'Académie royale de chirurgie, président, directeur, secrétaire, commissaire aux extraits ou à la correspondance. On relève ainsi les noms de Quesnay, de La Martinière, Pibrac, Hévin, Morand, Louis, etc.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Importance des observations concernant les hernies et leurs étranglements, les tumeurs, les plaies faites par armes à feu, les cancers, les accouchements, les arrêts d'hémorragie, les amputations, l'extraction des concrétions pierreuses; on voit apparaître des opérations plus hardies que l'habituelle lithotomie et l'opération de la taille dans ses différents procédés, par exemple la bronchotomie, l’œsophagotomie, la gastrotomie.

La Préface de Quesnay contient une réflexion épistémologique sur l'observation, en des termes assez proches de ce que l'on trouvera dans les Pensées sur l'interprétation de la nature : «Il y a deux sources d'où découlent les vérités qui peuvent enrichir notre art: savoir l'observation et la physique expérimentale», qui doivent se corriger et s'éclairer mutuellement. L'observation rectifie les expériences physiques, elle en suggère encore de nouvelles qu'on ne tenterait point sans elle» (p. XIV). Mais Quesnay est très loin d'être un empirique: lorsque la certitude nous abandonne, on peut, dans certaines limites, recourir à la conjecture et à l'analogie. «L'exercice de la chirurgie demande une théorie lumineuse et approfondie» (p. XXIV). Il refuse surtout de réduire la chirurgie à un simple art opératoire, art de manipulation; le bon chirurgien doit avoir des connaissances étendues: «ces connaissances puisées dans la physique, déduites de la nature et de l'opération des remèdes, fondées sur les causes de nos maux, sur l'observation de leurs signes, sur les lois de l'œconomie animale, forment la véritable théorie sans laquelle il n'y a ni art, ni méthode dans le traitement des maladies» (p. XXVI). On voit en quoi ces propos préfigurent les débats sur la réunion de la chirurgie et de la médecine opérée sous la Révolution. Les autres textes généraux dans les mémoires n'atteignent pas ce degré de profondeur dans la réflexion.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., T46 5; Fac. de médecine, 90135; Museum, PR 661 A.

Bibliographie

Rééditions: 8° T46 5 A, rééd. de 1743 (I); 8° T46 5 B, rééd. de 1774; 8° T46 5 C, rééd. de 1819 (I, II, III, 1767); 8° T46 7, rééd. de 1836-1839; 8° T22 26, rééd. de 1836.

Traductions: Memoirs of the Royal Academy of Surgery at Paris, «being a collection of observations and experiments, made by the most eminent surgeons of France, by George Neale», 1759, I-III, London, in-8° (Fac. de médecine, 90599); traduction hollandaise: Verhandelingen van de Koniak lijjke Academie der Heelkanst. – Gelfand T., Professionalizing modern medicine: Paris surgeons and medical science and institutions in the XVIIIth century,Westpoint, Conn.; London, Greenwood Press, 1980.

Auteur

Titre indexé

MÉMOIRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DE CHIRURGIE *

Date indexée

1743
1744
1745
1746
1747
1748
1749
1750
1751
1752
1753
1754
1755
1756
1757
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1760
1761
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1763
1764
1765
1766
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1768
1769
1770
1771
1772
1773
1774

HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE *

0603
1779
1798

Titre(s)

Histoire de la Société Royale de Médecine, Année [...], avec les Mémoires de Médecine et Physique Médicale pour la [les] même[s] année[s] tirés des registres de cette société.

Faux titre : Histoire et Mémoires de la Société Royale de Médecine.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

De 1779 pour le 1er volume (pour l'année 1776) jusqu'en l'an VI (1798) pour le dernier volume (pour l'année 1789) ; 10 volumes.

Date du privilège : 16 décembre 1778, pour une durée de 10 ans. L'enregistrement du privilège et l'approbation, signée de Lassone et Macquer, ont été accordés pour un ouvrage intitulé Mémoires extraits des registres de la Société et Correspondance Royale de Médecine, mais l'ouvrage ne paraît pas sous ce titre. Un nouveau privilège apparaît à la fin du t. 2, en date du 22 septembre 1779, et représente une extension par rapport au précédent : permission accordée aux membres de la Société royale de médecine «de faire imprimer par tel imprimeur qu'ils voudront choisir toutes les Recherches et Observations journalières ou Relations annuelles de tout ce qui aura été fait dans les Assemblées de ladite Société royale de médecine, les ouvrages, mémoires ou traités de chacun des particuliers qui la composent et généralement de tout ce que ladite Société voudra faire paraître, après avoir fait examiner lesdits ouvrages et jugé qu'ils sont dignes de l'impression, en tels volume, forme, marge, caractère, conjointement ou séparément et autant de fois que bon leur semblera et de les faire vendre et débiter par tout le royaume pendant le temps de 20 années consécutives».

Périodicité : irrégulière, avec souvent un assez grand décalage (3 ans en moyenne) entre l'année au titre de laquelle les mémoires sont rassemblés et la date de parution. Cependant, il faut remarquer que les mémoires peuvent avoir été lus à une date postérieure à l'année indiquée : ainsi pour l'année 1776, on trouve des mémoires lus en 1777 et 1778. Au total, la règle paraît être d'un volume tous les deux ans, avec un effort manifeste pour réduire le décalage mentionné, qui se solde par un échec.

Datation des volumes : vol. 1 (pour l'année 1776, année de la fondation de la Société royale de Médecine, S.R.M.), 1779 ; vol. 2 (pour 1777 et 1778), 1780 ; vol. 3 (pour 1779), 1782 ; vol. 4 (pour 1780 et 1781), 1785 ; vol. 5 (pour 1782 et la première partie de 1783), 1787 ; vol. 6 (pour la seconde partie de 1783), 1784 ; vol. 7 (pour 1784 et 1785), 1788 ; vol. 8 (pour 1786), 1790 ; vol. 9 (pour 1787 et 1788), 1790 ; vol. 10 (pour 1789), l'an VI.

Ce dernier volume présente un cas tout à fait exceptionnel puisqu'il a été publié après la dissolution de la S.R.M. (août 1793) et après la mort de son secrétaire perpétuel Félix Vicq d'Azyr. Les matériaux, qui avaient été accumulés par l'ancienne Société, ont été mis en ordre et rassemblés par l'Ecole de Santé de Paris, comme l'indique l'Avis placé en tête du vol. 10 : «les volumes que la Société de Médecine avaient publiés jusqu'à l'époque de sa suppression comprenaient depuis l'année 1776 jusqu'à l'année 1788 inclusivement. C'est à cette époque que l'Ecole de santé (fondée par le décret du 14 frimaire an III) a dû reprendre la suite de ses travaux. Le défaut de place n'ayant pas permis d'insérer dans le dernier les observations météorologiques des années 1787 et 1788 qu'il devait contenir, celui-ci aurait dû les confondre avec celles de 1789. On verra par quels motifs elles ont été renvoyées au prochain volume». En réalité, il n'y aura pas de prochain volume. L'Ecole de santé a repris approximativement l'ordre de présentation des travaux des volumes précédents. Le 10e volume comprend «la suite de l'annonce des prix proposés et distribués» qu'elle reprend «aux 2 séances publiques de l'année 1791 à laquelle le volume précédent s'était arrêté. Celle des Eloges comprend pour les mêmes raisons ceux lus dans les deux séances de 1788».

Description de la collection

Tous les volumes sont en in-4°, 193 x 255. Composition de chaque volume : une Table numérotée en chiffres romains d'environ une quinzaine de pages ; une partie pour l'histoire, en moyenne 324 p. ; une partie pour les mémoires, en moyenne 648 p. Il y a toutefois des variations de grande amplitude selon les volumes. Ainsi, le volume 6 n'a que 359 p. pour les mémoires ; le t. 4 a 430 p., le t. 3, 690 p.

La numérotation est autonome pour chacune des parties. Le volume 1 comprend en outre une épître au Roi et une longue préface (I-XL).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Paris, de l'imprimerie de Philippe-Denys Pierres, imprimeur de la S.R.M., rue Saint-Jacques pour les 10 volumes, sauf pour vol. 3 qui porte comme indication «de l'imprimerie de Monsieur». Libraires : d'abord chez Didot le jeune, libraire de la Société, quai des Augustins, du vol. 1 au vol. 3 (paru en 1782), puis chez Théophile Barrois le jeune, libraire de la S.R.M., quai des Augustins.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Il s'agit ici non d'un périodique au sens moderne du terme, mais de la publication périodique d'une société savante créée par le Roi par décret du 29 avril 1776, chargée de fonctions officielles par le gouvernement, telles que la lutte contre les épidémies et les épizooties, les observations médico-topographiques et la correspondance avec les différents médecins dans tout le royaume, l'examen des remèdes nouveaux, la prise de position sur certaines questions de santé et d'hygiène publique (électricité et magnétisme, seigle ergoté, blé niellé, etc.). Dans ces conditions, la fonction du secrétaire perpétuel VICQ D'AZIR est décisive, ainsi que les différentes commissions chargées de l'examen de tel ou tel dossier.

Les observations météorologiques et les tables qui en dérivent sont rédigées par le père Cotte. Certains noms reviennent plus souvent comme auteurs de mémoires, rapports ou simples observations : Andry pour la rage, Paulet sur le magnétisme, Bucquet pour la chimie médicale, Halle pour les problèmes d'hygiène, Saillant, l'abbé Tessier (maladie des grains), Durande, etc. La plupart sont soit membres de la Société royale de médecine ou d'autres sociétés savantes (Académie des sciences, Académie de Dijon), soit correspondants ou associés.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu des Histoire et mémoires de la Société royale de médecine reflète la double fonction de la Société, à la fois organe officiel consultatif sur toutes les questions d'hygiène et de santé publique, et Académie de médecine, fonctionnant sur le même modèle que l'Académie des sciences.

On distingue une partie très spécifique dans la section «Histoire» avec des rubriques telles que : prix (annonce et distribution), règlements nouveaux, changements dans la liste des membres, associés et correspondants, éloges, ouvrages publiés par les membres de la S.R.M. ou présentés à cette compagnie depuis [...], rapports et mémoires publiés par la S.R.M. L'actualité scientifique et médicale se décèle particulièrement bien à travers ces rapports dont sont chargés les membres de la S.R.M. par le Roi : ceux sur l'électricité médicinale et sur le magnétisme occupent le devant de la scène.

La section «Histoire» comprend en outre deux rubriques constamment maintenues au fil des volumes, une sur les observations météorologiques, qui seront accompagnées de tables médico-topographiques par villes, puis une sur les topographies médicales (2 ou 3 par volume).

Une mention particulière doit être faite du volume 9 pour les années 1787 et 1788, publié en 1790, car il contient une adresse à l'Assemblée nationale, et surtout le Nouveau Plan de constitution pour la médecine en France qui jette les bases d'une réorganisation complète de l'enseignement et de l'exercice de la médecine en France. Ce projet très avancé sur certains points comme la prévention et la médecine sociale, soucieux des exigences scientifiques de la formation médicale y compris par la pratique, ne verra pas le jour mais continuera à inspirer le décret de réorganisation de l'an III.

Les autres rubriques sont plus variables et se retrouvent à la fois dans la section «Histoire» et dans la section «Mémoires» : médecine pratique, épizootie et maladie des animaux (rubrique en régression au fil des volumes), physique médicale (déplacement des cimetières hors des villes, propriétés thérapeutiques de l'aimant, de l'électricité, conservation de l'eau pour les gens de mer, etc.). On remarque l'émergence d'une rubrique «chimie médicale» qui empruntera à la fois à la physique médicale et à l'histoire naturelle des médicaments, avec des questions comme la falsification des cidres, l'eau potable, la dissolution du mercure dans l'air.

La section «Mémoires» consiste presque exclusivement en la reproduction des mémoires couronnés par la S.R.M. (souvent le mémoire qui a remporté le prix et celui ou ceux qui ont obtenu des accessits pour les deux années que regroupe le volume). C'est là qu'on peut suivre le mieux les préoccupations du moment : ainsi les mémoires qui répondent au prix proposé pour déterminer la nature de l'épizootie des années 1774-1776, ses voies de propagation, les moyens curatifs qui ont eu le plus de succès, les fièvres intercurrentes, l'hydropisie et surtout la question de la rage qui occupe tout le volume 6 pour l'année 1783, publié sans retard l'année suivante.

Tables insérées dans chaque volume.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° T46 1 (manque vol. 9) ; Faculté de médecine, Paris, 20656 ; Museum, PR 664 A (inconsultable).

Bibliographie

Mentions dans la presse du temps, surtout la presse médicale qui constitue un relais tout trouvé pour toutes les décisions de la Société royale de médecine, qui fait le compte rendu des prix, des séances publiques, des remèdes approuvés. Parfois, des litiges s'élèvent pour savoir si tel ouvrage a été publié ou non avec l'approbation de la Société, très recherchée. La Gazette de santé a cherché à s'établir comme l'organe officiel de la S.R.M., mais celle-ci lui a infligé un démenti. Le Journal de médecine, chirurgie et pharmacie fait régulièrement état des travaux de la S.R.M.

Même bibliographie que pour la Gazette de santé. On peut y adjoindre des études qui portent plus sur la Société royale de médecine en tant que société savante que sur ses publications périodiques, par exemple : – Desaive J.P., Goubert J.P. et al., Médecins, climat et épidémies à la fin du XVIIIe siècle, Paris, Mouton, 1972. – Roche D., «Talents, raison et sacrifice : l'image du médecin des Lumières d'après les Eloges de la Société royale de médecine», Annales ESCC, sept.-oct. 1977, p. 866-886.

Auteur

Titre indexé

HISTOIRE DE LA SOCIÉTÉ ROYALE DE MÉDECINE *

Date indexée

1779
1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791
1792
1793
1794
1795
1796
1797
1798

GAZETTE DE SANTÉ

0544
1773
1789

Titre(s)

Gazette de Santé contenant les nouvelles découvertes sur les moyens de se bien porter et de se guérir quand on est malade, «par un docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris».

Devient à partir du 8 août 1776 : Gazette de Santé contenant les découvertes utiles faites en médecine, chirurgie, pharmacie, physique, chimie, botanique, histoire naturelle etc., par une société de médecins. Le changement de titre correspond au changement de rédacteur annoncé dans l'avertissement précédant le numéro du 8 août ; il s'accompagne de l'introduction d'une nouvelle devise : Salus populi suprema lex.

Puis, à partir de 1785 : Gazette de Santé ou Analyse de livres ou défaits nouveaux relatifs aux diverses branches des sciences naturelles telles que la Chymie, la Botanique, la Médecine, la Chirurgie etc. Le titre complet apparaîtra encore dans le courant de l'année 1786, mais reviendra ensuite à sa forme simplifiée Gazette de Santé.

Absorbée par le Journal de Médecine, Chirurgie et Pharmacie, comme l'indique l'Avis à MM. les Souscripteurs de la Gazette de Santé, inséré en tête du n° 52 de l'année 1789 : «On se propose désormais de réunir le travail de la Gazette de Santé à celui du Journal de Médecine et par conséquent de suspendre la publication de cette feuille hebdomadaire». Parmi les motifs invoqués pour cet arrêt de la publication, figurent la situation politique qui détourne l'attention publique d'objets entièrement étrangers à elle, le peu d'étendue de la gazette qui ne permet pas de traiter les sujets de manière approfondie et les occupations du rédacteur lui-même : «La tâche qu'exige une pareille feuille l'empêche non seulement de se livrer à d'autres travaux suivis, mais encore de la rendre aussi intéressante qu'il désirerait, vu le peu de temps qu'elle lui laisse pour en préparer les matériaux, d'autant mieux que les autres occupations n'ont fait qu'accroître».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Jeudi 1er juillet 1773 – fin décembre 1789 (n° 52, les numéros ne portent plus l'indication du jour).

Date du premier privilège : 24 avril 1773, permis d'imprimer du 25 avril 1773, signé De Sartine. Date du second privilège : 14 décembre 1785, signé De Sauvigny. Date du premier prospectus : 24 avril 1773. Il se présente sous deux formes : comme prospectus autonome, dans l'édition regroupant les années 1773-1777 ; comme préface avec de légères modifications par rapport au prospectus initial dans l'édition regroupant les années 1773-1774. Date du second prospectus (3 p. in-8°) : 14 décembre 1785, inséré en tête du volume de l'année 1785 et de l'année 1786.

17 années de publication, avec un volume par an sauf pour les années 1773-1774 réunies en 1 volume, soit 16 volumes en tout. Mais on trouve aussi une distribution en 4 volumes : vol. 1 : 1773-1777 ; vol. 2 : 1778-1781 ; vol. 3 : 1782-1785 ; vol. 4 : 1786-1789. Pour les années 1773 et 1774, la pagination est continue (p. 1-328) ; ensuite chaque année a une pagination autonome, soit environ 225 p. (entre 210 et 232, la variation s'expliquant par le nombre de suppléments). Le cas particulier des années 1773-1774 peut s'expliquer par la brièveté de la parution en 1773, qui comporte seulement 27 numéros.

Périodicité annoncée : «la Gazette paraîtra une fois par semaine, à compter du 1er juillet prochain et sera d'une demi-feuille chaque fois, même papier, format et caractère que le Prospectus».

Périodicité réelle, conforme dans l'ensemble à la périodicité annoncée, à l'exception d'un gros retard de presque 3 mois, au cours de l'année 1784 : parution tous les jeudis jusqu'en 1778 puis tous les dimanches à partir de 1779, ensuite tous les mercredis à partir de 1785, ce qui correspond au changement de rédacteur. La date précise ne sera plus mentionnée à partir du n°  9 de janvier 1784. Le n°  43 du 22 octobre 1780 contient des excuses sur le retard du numéro dû à la maladie d'un des principaux rédacteurs ; le n°  40 du 7 octobre 1781 présente des excuses pour un retard dû «aux fonctions essentielles et journalières auxquelles un des principaux rédacteurs a été assujetti pendant quelques temps dans un hôpital immense» et annonce que des mesures ont été prises pour éviter le renouvellement de pareils inconvénients. Mais le retard ne retentit pas sur la date imprimée sur les numéros.

Nombre de livraisons par an : 27 numéros pour l'année 1773, puis ensuite 52 numéros par an, avec un certain nombre de suppléments.

Suppléments : la fonction des suppléments est en général de permettre une publication plus étendue sur un sujet particulier que les limites de la Gazette ordinaire ne permettent pas ; le principe est de traiter un sujet par supplément. Ainsi, pour l'année 1773, il y a 2 suppléments ; celui au n°  6, du 5 août 1773, est presque entièrement occupé par l'Extrait d'une lettre écrite de Dijon, le 10 juillet 1773, contenant la relation exacte de l'épidémie de Saulieu, suite aux exhalaisons cadavériques provoquées par l'inhumation dans l'église du lieu. Pour l'année 1774, on a un supplément au n° 5 du 3 février, une annonce de prochain supplément en avril et le principe d'un supplément tous les 3 mois, qui ne sera pas respecté. L'année 1778 est particulièrement riche en suppléments, notamment de mémoires à consulter et de réponses, au point que les rédacteurs de la Gazette sont obligés de lancer un avertissement en mars 1779 ; en soulignant le sacrifice financier consenti jusqu'alors pour les suppléments, ils ajoutent : «comme plusieurs personnes ont paru vouloir abuser de cette facilité, nous déclarons au public que lorsque les articles seront plus longs [...], ils ne seront insérés que par extraits et si les Auteurs exigeaient qu'ils le fussent en entier, nous les prévenons que cela ne peut avoir lieu qu'à condition qu'ils se chargent de l'impression, des frais de poste et de papier».

Description de la collection

Chaque numéro se compose de 4 p. ; exceptionnellement, on trouve 6 p. sans commentaire explicatif. Le numéro est distribué à la feuille, mais il y a eu au moins deux éditions différentes rassemblant l'ensemble des 52 numéros par année. La première édition rassemble les années 1773 et 1774 en un volume, qui comporte en outre une Préface, pour l'essentiel la reprise du Prospectus diffusé de manière autonome dans les mois qui ont précédé le lancement du journal, et s'achève par une table des matières qui occupe les p. 321-328. Dans cette première édition, chaque année est ensuite reliée séparément en un volume. La seconde édition rassemble en 1777 toutes les feuilles comprises depuis la parution en 1773 jusqu'en 1777, et de même on aura un volume rassemblant à chaque fois 4 années.

La Gazette est en format in-4°, 190 x 250. Chaque livraison hebdomadaire est de 4 p. et le volume rassemblant les livraisons pour l'année se situe entre 208 et 235 pages.

Devise : la première devise se trouve insérée dans un ornement typographique en forme de trèfle à 4 feuilles, symbolisant 4 destinataires possibles de la devise, avec au centre cette inscription : in urbe salus et orbe, dédiée au savant et à l'ignorant (docto et indocto), à l'enfant, à l'adulte et au vieillard (infanti, adulto, seni), à l'homme exceptionnel et à celui qui est humble (sublimi et humili)à l'homme et à la femme (viro et feminae) ; chaque inscription est placée au-dessus d'un des lobes du trèfle. Cette devise apparaît en tête de l'édition regroupant les années 1777 à 1781. La seconde devise, à partir de 1776, est salus populi suprema lex.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Nom de l'imprimeur mentionné : imprimerie Ballard, rue des Mathurins, puis veuve Ballard, puis veuve Ballard et fils ; à partir de 1789, l'imprimeur sera Baudouin, rue du Foin Saint-Jacques, n°  31.

Nom des libraires : d'abord chez Ruault, rue de la Harpe, qui assure l'abonnement et toute la correspondance destinée au journal, puis chez Méquignon l'aîné, rue des Cordeliers, à partir du n° 2 du 9 janvier jusqu'au n° 32 du 10 août 1783. Après cette date l'abonnement et les envois se font chez Pierre J. Duplain, Cour de commerce, rue de l'ancienne Comédie-Française, ceci jusqu'à la fin de la parution de la Gazette.

L'abonnement est resté au même prix de 9 £ 12 s. pendant toute la durée de la publication, à l'exception du volume de l'année 1773-1774, vendu 13 £ 10 s., broché.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le fondateur de la Gazette de santé est Jean-Jacques GARDANE, docteur-régent de la Faculté de médecine de Paris, médecin de Montpellier, censeur royal, membre des sociétés royales des sciences de Montpellier, de Nancy et de l’Académie de Marseille. Malgré tous ces titres, le rédacteur est assez jeune dans la carrière quand il lance la Gazette, comme l'indique un avis à la fin du n° 31 du jeudi 1er avril 1776 : «Quoiqu'on puisse faire pour employer ses moments dans la capitale, l'espace compris depuis l'époque où l'on acquiert le droit d'exercer la médecine jusqu'à celle où le public donne sa confiance, est toujours marqué par des vides souvent difficiles à remplir. Exposé à cette inaction avec bien d'autres, nous avons tâché de la vaincre par des occupations qui devaient nous rappeler sans cesse au premier but de notre état. [...] Entr'autres, nous nous sommes attachés à simplifier la Médecine populaire, en la mettant autant qu'il était en nous à la portée de ceux auxquels elle est spécialement destinée [...] Le temps de renoncer à cette occupation est venu : quelque désir que nous eussions de continuer ces feuilles, nous nous voyons dans la nécessité d'en confier la rédaction à un autre auteur, pour ne pas être exposés à négliger à la fois nos lecteurs et nos malades». Ainsi la rédaction de la Gazette apparaît comme un épisode de transition dans la carrière du médecin, en attendant qu'il se soit constitué une clientèle. Jean-Jacques Gardane se serait illustré dans l'établissement à Paris de maisons de traitement pour les pauvres et dans la diffusion de boîtes fumigatoires, spécialement utilisées par le Corps de garde de Paris, pour ranimer les noyés et les axphyxiés de toute sorte.

Son nom n'apparaît pas explicitement dans les numéros de la Gazette, mais on le trouve en tête de l'édition qui rassemble en un volume les années 1773-1774.

Le changement de titre signalé en 1776 correspond aussi à un changement de rédacteur, annoncé par l'avis qui précède et par l'Avertissement précédant le n° 32 du jeudi 8 août 1776. Désormais, la Gazette sera rédigée «par une société de médecins», dont le rédacteur principal semble avoir été Jean-Jacques Paulet (1740-1826), connu pour ses prises de position fracassantes sur la possibilité de se préserver à la fois de la petite vérole et de l'inoculation, pour sa contribution aux rapports de la Société royale de médecine sur Mesmer et le magnétisme animal. Comme le montrera l'analyse des rubriques, il n'a pas la largeur de vue et les exigences scientifiques de son prédécesseur.

Un nouveau changement de direction et de titre a lieu en 1784, mais la succession semble avoir été prévue de longue date. A la fin de l'année 1782 déjà, Paulet s'excusait de n'avoir pu satisfaire son public aussi promptement ni aussi exactement qu'il l'aurait souhaité, invoquant des circonstances invincibles qui se «sont malheureusement et malgré nous prolongées jusqu'à ce jour» (n°  52, dimanche 29 déc. 1782). L'année 1783 révèle l'indigence de la publication, qui consiste en des extraits de livres et même se borne, à partir du n° 33 du 17 août 1782 à débiter la Bibliothèque pratique de Haller, en souhaitant que les successeurs continuent. A la fin de l'année 1784, les nouveaux rédacteurs, parmi lesquels différents recoupements permettent de suggérer qu'il y a Pinel, rédigent l'avertissement suivant : «Dès que nous fûmes chargés de la rédaction de la Gazette de Santé, nous avons eu soin de l'annoncer dans un avertissement qui forme le n° 4 de l'année 1784. A cette époque, c'était le 22e numéro qu'on aurait dû distribuer ; on était donc en arrière de 18 numéros. Il nous a fallu le remplir et nous y sommes parvenus ensorte que nous sommes aujourd'hui au pair». (Pour ces renseignements, nous avons utilisé des recoupements, par exemple pour Paulet des allusions transparentes à son ouvrage Le Secret de la médecine dévoilé  pour Pinel, le rappel qu'il assista aux leçons de Desault etc., ainsi que des sources qui seront mentionnées dans la bibliographie).

Après la Révolution, les rédacteurs seront les docteurs Marie de Saint-Ursin et de Montègre.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

On distingue assez nettement 3 phases dans le contenu du journal, liées aux divers changements de rédacteurs.

1) Sous la direction de J.J. Gardane, la Gazette apparaît comme très soucieuse de mettre la médecine à la portée de tous : «cette gazette est spécialement destinée aux gens de la campagne. C'est surtout en faveur des curés, des seigneurs, des dames charitables et des fermiers qu'elle a été entreprise». Mais pour remplir son objectif qui est de proposer des préceptes de médecine pratique, destinés surtout à prévenir les épidémies, à détourner le peuple des charlatans et à améliorer le régime quotidien, la Gazette entend s'adresser aux médecins les plus distingués et aux sociétés savantes. Celle de Dijon par exemple fournit la matière de très nombreux articles. Assez vite, une régularité s'instaure dans les rubriques : le premier article donne toujours des nouvelles de quelque ville étrangère, Londres, Upsal, Manheim, Berlin, Madrid. Les deux ou trois observations suivantes proviennent de villes ou bourgs de province, Dijon, Amiens, Nancy, le Poitou, Montpellier, etc., ensuite toujours une observation ou une nouvelle de Paris. Les sujets concernent la protection des habitants contre les exhalaisons méphitiques et les inhumations dans les cimetières, le contrôle des grains avariés (seigle ergoté), l'inoculation, les empoisonnements soit par imprudence, soit parce que les denrées alimentaires sont trafiquées ou mises en contact avec des récipients dangereux : mauvais étamage des casseroles en cuivre, plomb des comptoirs des marchands de vin, etc. La feuille hebdomadaire s'achève en général par un article de médecine des animaux ou médecine vétérinaire et par l'annonce de livres nouveaux, parfois étrangers.

2) La seconde phase caractérisée par la direction de Paulet présente moins d'unité, et de cohérence, au point que l'on peut se demander s'il n'y a pas eu au sein de la société de médecins qui éditait la gazette, un changement d'équipe. La régularité des rubriques est moindre ; les correspondances de province diminuent tandis que les articles de chimie, dans ses rapports avec la médecine et l'hygiène augmentent régulièrement (analyse du camphre, de la coralline, des eaux minérales, de la préparation de différents remèdes). La Gazette cite souvent des articles du Journal de physique de l'abbé Rozier, se fait le porte-parole régulier de la Société royale de médecine, par le compte rendu de ses séances publiques, de ses annonces de prix, et de la liste des remèdes qu'elle approuve ou rejette. La Gazette se présente explicitement comme la voie par laquelle les lumières réunies dans la Société royale se diffuseront dans tout le pays. Elle indique : «Aussi sans nous écarter des vues de son premier auteur [...], nous nous attacherons principalement à faire connaître les véritables intérêts des hommes, les découvertes et observations vraiment neuves et utiles, les ouvrages de médecine et le cas qu'on en doit faire, les remèdes nouveaux, enfin tout ce qui a un rapport direct ou indirect à la conservation des hommes et des animaux ; lorsqu'il s'agira d'une plante salutaire ou pernicieuse, on en donnera la figure [...]. On trouvera désormais dans cet écrit beaucoup de faits, peu de théorie, beaucoup d'observations». Cependant, le rédacteur n'a pas toujours fait preuve de suffisamment de discernement et d'esprit critique dans la collecte des observations et il lui arrive parfois d'admettre dans ses colonnes des faits qui relèvent plus de la charlatanerie que de la médecine. La seconde grande orientation qui finit par l'emporter sur l'hégémonie de la chimie, c'est la présence envahissante de «mémoires à consulter» et des réponses apportées ; il s'agit en fait de cas avec récit des symptômes, marche de la maladie, du traitement, soumis au jugement des confrères, ou présentés comme une demande d'aide d'un malade. Il n'est pas certain que tous ces cas soient authentiques ; beaucoup semblent des reconstitutions ad hoc.

3) La direction de Ph. Pinel (?) : la qualité de la Gazette est remarquable pour cette période ainsi que le changement de ton, au point que certains lecteurs, après avoir vu le rédacteur tancer ironiquement un correspondant pour sa naïveté ou pour ses fautes d'orthographe, réclament l'indulgence. Certaines rubriques sont maintenues, telles que les «Comptes Rendus de la Société royale de Médecine», en particulier les différents rapports concernant le magnétisme animal, plaisamment présenté comme une de ces harpies dont parlait Virgile, les séances solennelles de la Faculté de médecine et de sociétés savantes comme les Académies de Bordeaux, Rouen, Orléans, etc. Le journal joue un rôle bibliographique important, en particulier pour les parutions de livres et périodiques anglais ; l'actualité scientifique est bien assurée. Mais le journal se distingue surtout dans cette phase par sa lutte déclarée contre le charlatanisme : dénonciation de faux remèdes et de guérisons miraculeuses, publication de sanctions pénales et amendes contre les empiriques et tous ceux qui pratiquent l'exercice illégal de la médecine, y compris les épiciers qui se mettent à vendre des drogues, annonce de procédures de contrôle des apothicaires par des visites annuelles, rappel des différents édits royaux, dont celui de Marly de 1707, définissant l'étude et l'exercice de la médecine. En outre, la partie concernant l'hygiène est particulièrement bien représentée, il n'est pas impossible qu'elle soit de Pinel lui-même. Au total, les promesses faites dans l'Avertissement des éditeurs pour l'année 1785 et dans le Prospectus de la même date ont été tenues, tant pour la variété des sujets que pour la rigueur des articles, non seulement en médecine et chirurgie, mais aussi pour l'histoire naturelle, la chimie, la botanique.

Les tables des matières étaient en général distribuées dans le courant de janvier de l'année suivante, sous forme d'une feuille de 4 p., non numérotées. Elles ont été insérées, sans numérotation la plupart du temps, à la fin de chaque volume représentant l'ensemble des livraisons annuelles. Toutefois, pour les années 1773-1774, dans le volume 1, regroupant ces deux années, la table occupe les p. 321-328 ; dans l'édition regroupant les années 1773-1777, la table des matières apparaît seulement à partir de la fin de l'année 1776, tandis que pour les années précédentes, la table est annoncée comme faisant partie de l’Almanach de santé, contenant un abrégé des moyens de se bien porter, avec les attendus suivants : «l'impossibilité de porter toujours avec soi la totalité des feuilles qui composent la gazette dont le format est in-4° et dont le volume augmente chaque jour, a donné l'idée de ce petit ouvrage qui doit réunir sous un même point de vue les principales notions de l'art de se conserver [...] La table des matières contenues dans la gazette a semblé d'autant plus nécessaire que paraissant à la fin de chaque année, elle dispense de compulser la collection de ces gazettes [...] Notre premier dessein était de la joindre à cette feuille (n°1, 6 janv. 1774), mais comme elle n'était point portative, on nous a conseillé de l'insérer dans cet Almanach qu'on peut porter partout».

L'autre anomalie dans la présentation des tables concerne l'année 1784, qui contient d'une part une Table de 2 p. pour l'ensemble des matières contenues dans la Gazette, d'autre part, une Table des auteurs cités dans la Bibliothèque médico-pratique de Haller.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 4° T 33 24 (juil. 1773 – 1789) : un volume par an ; plusieurs numéros manquants volumes : pour l'année 1783, n°  19, 30 et 31 ; pour 1784, n° 3-8, etc. ; Faculté de médecine de Paris, 901 33 (1773-1785, 1787-1789) : regroupement par 4 années consécutives ; Académie de médecine, 921 38, avec quelques lacunes.

Bibliographie

Mentions dans le Journal de médecine de Bacher ; Dehorne (éditeur du Journal de médecine militaire)a publié un violent pamphlet contre J.J. Gardane : Fautes à corriger dans la Gazette de santé, s.l.n.d.

Historique

La Gazette a été largement utilisée comme source pour l'histoire de la médecine dans les ouvrages de J. Léonard, entre autres La Médecine entre les savoirs et les pouvoirs, Aubier, 1981.

Pour les indications concernant les rédacteurs et pour une étude d'ensemble, on dispose des instruments de travail suivants :

B.Un ;  N.B.G. ; Catalogue impérial des sciences médicales, Paris, Imprimerie impériale, 1862, 3 vol. ; B.H.C. ;  Barbier. – Chéreau A., Essai sur les origines du journalisme médical français, suivi de sa bibliographie, Paris, au bureau de l'Union médicale, 1887. – Wickersheimer E., «Index chronologique des périodiques médicaux de la France (1679-1856)», Bibliographie moderne,Paris, 1908. – Laignel-Lavastine M. et Lévy-Valensi J., Histoire de la presse médicale française aux XVIIe et XVIIIe siècle, Acta Medica Latina, 1936. – Huard P., «L'enseignement médico-chirurgical», dans Enseignement et diffusion des sciences en France au XVIIIe siècle, sous la dir. de R. Taton, Paris, Hermann, 1986, p. 171-236.

Auteur

Titre indexé

GAZETTE DE SANTÉ

Date indexée

1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789

GAZETTE D'ÉPIDAURE

0539
1761
1763

Titre(s)

Gazette d'Epidaure ou Recueil hebdomadaire de Nouvelles de Médecine avec des Réflexions pour simplifier la théorie et éclairer la pratique.

A partir du 27 mai 1761 (n° 26), devient Gazette de médecine. Le changement de titre s'accompagne d'un changement de la citation en exergue qui passe de Mens sana in corpore sano (HoraceTibi se mortalia saepe corpora debebunt (Ovide).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er avril 17611 – 19 janvier 1763. 4 volumes.

Description de la collection

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris. Au début, chez Grange, imprimeur-libraire, rue de la Parcheminerie. A partir du 23 juin 1762 (n° 50), Imprimerie Didot, rue Pavée, jusqu'à la fin des livraisons.

Bureau d'adresse: M. Mignot, commis de recouvrement rue du petit-Bourbon, puis à partir du 12 mai 1762 (n° 38), M. Germain, commis au recouvrement, maison de M. Dubourg, rue du cimetière Saint-André-des-Arts.

Abonnement: 12 £ pour l'année entière, abonnement prévu pour la demi-année, 6 £; 2 s. chaque ordinaire.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pas d'indication d'auteur en tête du t. 1, pas de signature du Prospectus ni de l'Avertissement. Avec le t. 2, on trouve l'indication «Par un médecin de Paris», qui se prolonge ensuite jusqu'à la fin. On pense qu'il s'agit de BARBEU-DUBOURG (voir D.P. 2). L'arrêt de la publication est expliquée au milieu du t. 4 (p. 48) par des raisons personnelles: «L'Auteur de cette gazette étant depuis plus de 3 mois et peut-être pour autant de temps encore à l'extrémité du royaume, conséquemment peu à portée de recueillir les nouvelles de médecine qui font l'objet de ses feuilles, on aime mieux en suspendre le cours que de risquer de mal répondre à l'attente du public. On avertit donc MM. les Souscripteurs qu'il dépend absolument de leur choix d'attendre qu'on entreprenne la suite au retour de M. Dubourg ou de faire retirer leur argent».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Auteur

Titre indexé

GAZETTE D'ÉPIDAURE

Date indexée

1761
1762
1763