CINQ ANNÉES LITTÉRAIRES *

0211
1748
1752

Titre(s)

Cinq années littéraires ou Nouvelles littéraires, etc. Des années 1748 1749, 1750, 1751, 1752, par M. Clément.

Ce journal est la réimpression rétrospective de deux séries périodiques groupées : – 1748, 1749, 1750 : Clément rédige pour un public d'abonnés lettrés en Europe des nouvelles à la main sur les ouvrages littéraires qui paraissent. – 1751, 1752, sous le titre Nouvelles littéraires de France, puis de France et d'Angleterre, Clément édite un périodique bimensuel régulier.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

On trouve cinq éditions des Cinq années littéraires : première édition : La Haye, 4 vol., 1754 ; deuxième édition : Berlin, 2 vol., 1755 ; troisième édition : Berlin, 2 vol., 1756 ; quatrième édition : sous un autre titre (dont on peut penser qu'il cache une contrefaçon) : Lettres critiques sur divers sujets de littérature ou Nouvelles littéraires critiques et amusantes, Amsterdam, 1761, 2 vol. La collection des Nouvelles littéraires, telles qu'elles parurent par numéro de 1751 à 1753 (1er févr. 1751 – 31 janv. 1753), ne comporte que les deux dernières des Cinq années.

Les nouvelles à la main, donc les lettres des trois premières années, ont une longueur et une périodicité variables. On en trouve parfois trois par mois, en général deux, et datées de Paris. Ce n'est qu'à partir du 15 juin 1750 que Clément adopte le rythme bimensuel (le 15 et le 30 de chaque mois) qui sera le sien dans les Nouvelles littéraires. Dates-limites des trois premières années : 11 janvier 1748 – 30 janvier 1751. Dates-limites des Nouvelles littéraires  1er février 1751 – 31 janvier 1753, lettres datées, la première année, toutes de Paris, puis alternativement de Paris et de Londres.

Description de la collection

Nouvelles littéraires  24 numéros par année, en tout 48 numéros de 4 p., 165 x 215, in-4° : un volume. Cinq années  la collection de La Haye en 4 volumes a un format de 90 x 140 ; celle en deux volumes de 90 x 160. Toutes les deux ont des tables des matières à la fin de chaque volume et publient après la lettre 67 (30 déc. 1750) un très long texte que l'auteur donne comme deux actes d'une pièce qu'il a traduite de l'anglais et qu'il intitule La Double métamorphose (en anglais : The Devil to pay).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Nouvelles littéraires  Pas d'adresse d'imprimeur. Le catalogue B.L. suppose le journal imprimé à Paris ; il ne donne que des adresses de distributeurs : M. Clément, chez Alexandre Jamison, tailleur, près de King's Arms à Pall Mail ; Maître du Bureau de Poste à Pall Mail ; M. Arthur White's Chocolate House, St James Street. Libraires : Vaillant, Nourse et Changuion dans le Strand, M. Chastel, Compton Street, Soho, M. Dunoyer au bas de Hay Market. Chaque numéro 1 sh. Le premier distribué gratis (Prospectus du 21 janv. 1751).

Cinq années  première édition, La Haye, Ant. de Groot et fils imprimeurs, Pierre Gosse junior libraire. On souscrit pour une guinée par an ou un louis d'or. A Paris : M. Angus, caissier de M. le chevalier Lambert rue de Bourbon, faubourg Saint-Germain ; à Berlin, M. Jacques Deschamps pasteur de l'église française. Adresse de M. Clément : chez le Docteur Lawson, Soho Square. En 1754 et 1755 M. Clément, au Parlement d'Angleterre à La Haye (dans l'Avertissement de l'édition de La Haye). Pas d'imprimeur dans l'édition de Berlin : «se distribuent chez les libraires les plus consciencieux et les plus désintéressés». C'est une contrefaçon comme aussi celle de 1761, de La Haye, Lettres critiques.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre CLÉMENT de Genève.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Nouveautés littéraires, ouvrages parus, pièces de théâtre, nouvelles de la République des Lettres, caractères des auteurs du temps.

Centres d'intérêt : critique littéraire (poésie, théâtre, roman), histoire, science, voyages, agriculture, musique, médecine, faits divers, et Encyclopédie, dont il est longuement parlé.

Auteurs : d'Argens, La Beaumelle, Bougainville, Bolingbroke, Bernoulli, Mme du Châtelet, Crébillon père et fils, Buffon, d'Alembert, Diderot, Duclos, Dubos, Destouches, Condillac, Euler, Franklin, Fielding, Fontenelle, Mme de Graffigny, Lefranc de Pompignan, Leibniz, La Mettrie, Mably, Marmontel, Montesquieu, Marivaux, Molière, Maupertuis, Rameau, Riccoboni, Piron, Raynal, Réaumur, Swift.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Nouvelles littéraires B.N., Z 9578 ; B.L., 11824 a a a 22 ; B.C.U. Lausanne, B 1500.

Cinq années  éd. La Haye, B.N., Z 45578-45581 ; B.M. Montpellier, 54023.

Ed. Berlin : B.N., 45581-45582. B.M. Montpellier, deux coll. V 9742 et 4839.

Lettres critiques  B.L., 48088.

Bibliographie

B.H.C. ; H.P.L.P., t. III, p. 61-62 ; D.P. 2, art. «Clément». — Réédition : Genève, Slatkine, 1967, 1 vol. (rééd. de la contrefaçon de Berlin). — Rosenberg C.I., «A critical analysis of Pierre Clement's Les Cinq Années Littéraires», Ph. D. dissertation, Northwestern Univ. Evanston, Ill., U.S.A., 1959.

Historique

L'histoire de ce journal est un exemple remarquable de la façon dont un journaliste est passé de la formule des «nouvelles à la main» à celle d'un périodique imprimé régulier. Parmi les journaux du XVIIIe siècle qui furent plusieurs fois réimprimés, et jusqu'à aujourd'hui, celui-ci tient sa place avec le Nouvelliste du Parnasse, les Mémoires secrets de Bachaumont, la Correspondance littéraire de Grimm.

Sur l'origine du périodique, les trois premières années de nouvelles à la main (1747-1750), puis les Nouvelles littéraires, la liste des souscripteurs que Clément donne au début des Cinq années (près de 200 noms d'Européens cultivés et titrés), et le contenu des «Lettres», il faut avant tout se reporter à l'analyse fine et complète de J.D. Candaux dans D.P. 2.

Hatin op. cit.reconnaît à P. Clément de la chaleur, de la rapidité : «ses jugements sont courts, mais justes, précis et lumineux». Il cite à son propos la Correspondance littéraire. Grimm avec son «habituelle partialité caustique» (Hatin dixit malmène fort Clément. Il le traite de «coquin subalterne», de «mauvais sujet» de «fou», de «maraud», et il insinue que, n'ayant pas d'esprit, il n'était que le prête-nom de Buffon. Mais il est sûr que certains des abonnés de Grimm l'ont d'abord été de Clément (la famille de Hesse-Darmstadt, en particulier). La hargne de Grimm pourrait bien être inspirée par le besoin d'affirmer son originalité en dénigrant un prédécesseur de renom.

Quand Clément interrompt les Nouvelles littéraires, il s'explique ainsi dans un avis daté du 31 janvier 1753 publié avec le dernier numéro des Nouvelles  «J'avais entrepris ces Nouvelles pour me faire connaître à Londres et me procurer, s'il était possible, une nouvelle occasion d'accompagner un jeune Seigneur dans ses voyages. [...] Après deux ans de travail j'ose dire, approuvé, je ne me trouve pas plus avancé que le premier jour et j'abandonne un ouvrage qui me fatigue et ne me mène point à mon but, et je me retire à Genève ma patrie où j'espère qu'on voudra bien me recevoir». Ces raisons ne sont ni très claires ni très convaincantes. Abandonner, quand on a un tel public ? Ce n'est que deux ans plus tard que Clément tombera malade mentalement. Mais c'est à peu près le moment où commence la Correspondance littéraire, et il faudrait peut-être penser à rapprocher les deux faits.

Le succès de ce périodique, contrefait et réédité, témoigne de la valeur de cette critique. Clément n'a laissé passer aucun des grands livres de l'époque, il reconnaît d'instinct tous les bons auteurs. Il écrit bien et il est reçu par toute l'Europe. Son jugement critique, son talent littéraire le font enfin reconnaître comme un des bons témoins du «Midi des Lumières».

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): 23 février 1753, annonce publiée dans la Gazette d’Amsterdam. «L’Auteur des Nouvelles littéraires de France etc., propose au public un Projet de souscription pour les Nouvelles des années 1748, 1749, 1750, 1751 et 1752, qui paraîtront dans le commencement de 1754 en 4 volumes in 8°, imprimés sur le plus beau papier et avec des caractères neufs . [...] Le titre de l’ouvrage sera les Cinq Années littéraires, etc. On peut connaître la manière de l’auteur par les années 1751 et 1752, qui viennent d’être publiées feuille à feuille. S’il paroît ou arrive quelque chose de bien curieux dans le cours de cette année 1753, il en rafraîchira les vieilles nouvelles par dessus le marché. Quelques excursions sur l’Angleterre de temps en temps.» (KVS)

Historique: Le dossier Clément conservé à l’Académie des Sciences (fonds La Condamine) contient quelques renseignements sur Pierre Clément et sur les Cinq années littéraires.

Dans une lettre à La Condamine datée du 10 octobre 1766, Clément l’Aîné parle des Cinq années littéraires de “son pauvre frère”, que détiennent les libraires Du Sauzay et Gosse de La Haye. Les deux frères sont alors malades, le cadet a l’esprit dérangé. Il met en pièces son matelas, se dénude… L’aîné, qui craint pour la vie de son cadet, consulte les médecins de la faculté de Paris, qui le font recevoir à l’Hôtel-Dieu. On saigne le patient et on lui fait prendre de nombreux bains. Clément le cadet sort de l’hôpital au bout de vingt-deux jours apparemment guéri, mais les symptômes reviennent. L’aîné trouve alors à son frère une bonne pension pour 600 £ par an (hors frais de blanchiment et de mobilier). Le malade paraît content. Il voudrait dans sa folie disposer de trois ou quatre pièces et avoir à son service une cuisinière et un laquais. Avec la vente des exemplaires des Cinq années, Clément l’Aîné espère éponger ses dettes, l’excédent servant aux secours à apporter au cadet. Il demande à La Condamine, qui a envoyé un louis d’or et un Dictionnaire de l’Académie au cadet, de soutenir ce projet (Archives de l’Académie des Sciences, ms. 50 J 149).

Sartine a donné des ordres pour conduire Clément à Charenton (23 mars 1765). On a également une lettre du libraire Du Sauzay à Clément l’Aîné (La Haye, 30 septembre 1766). On apprend que Clément l’Aîné a fait retirer les exemplaires des Cinq années en dépôt chez Sauzay en passant par un certain Pinto agissant à la demande de La Condamine. Ces exemplaires étaient là depuis onze ans. Sauzay voulait s’en débarrasser, mais il veut une décharge et rappelle qu’il y a eu des frais. L’Aîné est alors contrôleur de la capitation et réside rue des Francs-Bourgeois (Archives de l’Académie des Sciences, ms. 50 J 149). Une autre lettre nous apprend que les Cinq années littéraires sont interdites en Normandie en 1768. Mais Campullus, qui en a reçu un ballot de Hollande, ne doit pas détruire les exemplaires (Archives de l’Académie des Sciences, ms. 50 J 162). (CA)

Titre indexé

CINQ ANNÉES LITTÉRAIRES *

Date indexée

1748
1749
1750
1751
1752

L'ANNÉE POLITIQUE

0120
1758
1759

Titre(s)

L'Année politique, Contenant l'Etat présent de l'Europe pour servir à l'Histoire de 1758. Daté : 1759.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

«Ouvrage périodique dont on donnera deux volumes chaque année» (périodicité annoncée sur le titre). T. I : 1er septembre 1758.

Description de la collection

Un seul volume tomé I, pagination suivie : VI-[2]-424 p. 94 x 162, in-12. Vignette au titre ; bandeau sur bois.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«Avignon. Aux dépens de l'Auteur».

Impression vraisemblablement parisienne, peut-être de Prault (voir Mars), bien que d'Hémery la dise étrangère et distribuée par Duchesne avec permission tacite : aucune trace pourtant dans le registre des permissions tacites (B.N., ms. f. fr. 21982).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre-Ange GOUDAR (Barbier ; Mars ; D.P. 2).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Préface : «Il manque un livre à la société générale : ce livre est les annales présentes de notre monde politique» (p. III) ; but : «donner [à notre société] les mémoires fidèles de ses propres événements» (p. III-IV) ; «la politique est devenue un pure brigandage» (p. IV). «L'Histoire n'est utile qu'autant qu'elle est écrite avec cet esprit de réflexion qui peut seul, en remontant à la cause première des révolutions, découvrir leurs sources, et par là apprendre aux hommes qu'il y a un premier mobile, et que la conduite de l'Univers n'est pas l'affaire du hasard» (p. VI).

Contenu : en grande partie, annales militaires de 1758, campagne d'Allemagne et situation des divers Etats de l'Europe.

Table des articles en tête, et table des matières en fin de volume.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bayerische Staatsbibliothek, Munich, 8° Eur. 17 ; autre ex.: Ars., 8° H. 3634, provient de la bibliothèque La Vallière (Cat. de Nyon, t. VI, p. 254, n°  23428).

Bibliographie

F.L., 1769, t. 1, p. 281 ; B.Un., t. LXV, p. 541-544 ; B.H.C., p. 64 ; D.P. 2, art. «Goudar». – D'Hémery, Journal de la Librairie, B.N., ms. f. fr. 22161, f° 43v (5 avril 1759). – Mars F. L., «Ange Goudar cet inconnu (1708-1791). Essai bio-bibliographique sur un aventurier polygraphe du XVIIIe siècle», Casanova Gleanings, vol. IV, 1966, p. 18-19.

Historique

Ce périodique d'orientation religieuse très orthodoxe, voire ultramontaine, fut rédigé par Ange Goudar, célèbre aventurier des lettres. La compilation de ces annales politiques n'est pas ce qui retient le plus. Goudar décrit l'histoire comme le fruit du surnaturel, à la manière d'un Bossuet pour qui le Mal remplacerait la divinité de l'histoire universelle. Frédéric II en est le mauvais génie : «il est des révolutions dans le monde indépendantes des règles de la puissance ordinaire» (p. 19). Ce siècle exceptionnel par ses «grandes révolutions» (p. 1) réserve d'autres surprises.

Additif

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s): François Moureau, à la suite de Francis Mars, soupçonnait une impression parisienne de l’Année politique de Goudar. Or on trouve dans la partie “papiers” de l'inventaire après décès de Gabriel Valleyre, dressé le 30 mars 1772 et jours suivants (A.N., Minutier central, Etude LXIV, liasse 413, cote 9 de l’inventaire des papiers) des informations précises sur l’éditeur parisien de Goudar. Il s'agit de l'extrait d'un acte sous seing privé passé entre Valleyre et le chevalier «Goudard». Acte «par lequel il a été convenu que le S. Valeyre  imprimeroit un ouvrage intitulé un ouvrage intitulé l'année politique dont le sieur goudard étoit l'autheur moyennant soixante quatre livres pour chaque feuille tant pour l'impression que pour le papier dont le S. chevalier Goudard a promis payer quarante deux livres comptant pour chaque feuille au fur et à mesure qu'elles seroient imprimées et à l'égard des vingt deux livres restant du prix de chaque feuille, le s. chevalier goudard a promis en faire compte apres impression totale de l'ouvrage et en faire un billet a l'ordre du s. valeyre payable trois mois apres la perfection, dud ouvrage et a promis luy payer les frais d'assemblage [et ?] paquets d'exemplaires».

L'acte est daté du 25 janvier 1759. On trouve sous la même cote la description d'un autre papier relatif à l'Année politique. Il s'agit d'un mémoire sur l'exécution de l'accord. On doit encore de l'argent à Valleyre en 1772. Il restait à payer pour l'impression de l'ouvrage 1121 £ 6 sols, sur lesquels 432 £ ont été payés. On doit donc 789 £ 6 sols à la succession. On est étonné de la part occupée par le crédit dans les opérations de librairie et par la longue durée d'existence de la dette. Mais en 1772, Gabriel Valeyre, libraire-imprimeur rue Saint Séverin, était un grand imprimeur, disposant de 9 presses, et un  important libraire, dont le fonds était estimé à 80959 £.

Auteur additif

Titre indexé

ANNÉE POLITIQUE

Date indexée

1758
1759