LE FLIBUSTIER LITTÉRAIRE

0479
1751

Titre(s)

Le Flibustier littéraire, ouvrage hypercritique.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une seule livraison, composée de trois lettres de dimensions très inégales. Le rédacteur ne s'oblige à aucune périodicité régulière et suit le cours de sa fantaisie: «Mes feuilles paraîtront à chaque renouvellement de lune», écrit-il en préface (p. 8), mais il ne prévoit pas d'abonnement.

Description de la collection

La livraison de 78 p. (1 p. d'errata) comprend trois lettres non datées en cahiers de 16 et 8 p., 110 x 185, in-8°.

Devise: Vexatus toties rauci Theseida codri. Juv. Sat. I.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Londres, chez Neause, libraire dans le Strand. Prix: 24 s. la feuille (p. 8).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Louis de SAINT-AULAS.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Je me bornerai donc à relever les fautes de nos critiques dans l'analyse qu'ils feront des ouvrages nouveaux, en faisant moi-même une seconde analyse de la critique...» (p. 34).

L'auteur se propose de reprendre les critiques récentes parues dans les journaux, et plus particulièrement celles de Desfontaines et de La Porte dans les Observations sur les écrits modernes. Aces analyses au second degré, il joindra des logogriphes, des énigmes, des bouts-rimés. La première porte sur une Vie de Socrate traduite de l'anglais et sur le Triomphe de l'amitié de M.A. Falques; la seconde sur Buffon, puis sur le comique larmoyant; la troisième sur l'œuvre de Voltaire. L'auteur s'efforce de renouveler le style des «spectateurs» par un ton de fantaisie et d'impertinence; malgré une attention particulière à l'œuvre de Buffon et à celle de Voltaire, il ne parvient pas à faire preuve d'une originalité véritable.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, Presse 1312. Figure au catalogue Nyon de l'Ars.

Historique

L'attribution à Saint-Aulas provient de la France littéraire de 1769, qui donne les précisions suivantes: «Saint-Aulas, officier de marine, né à Aiguemortes. Le Flibustier littéraire. Considérations sur quelques abus de l'esprit. Le Croupier littéraire» (t. I, p. 396). Louis de Saint-Aulas (1724-1775), qui se dit spécialiste de géométrie (Le Croupier littéraire, Prospectus, p. 10), n'est connu que par ces quelques essais sans lendemain (voir M. Nicolas, Histoire littéraire de Nîmes,t. II, p. 254-258).

Auteur

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Présenté sous le titre Remarques singulières sur des écrits singuliers et une addition, le Flibustier littéraire de Saint-Aulas a reçu un permis d’imprimer en 1751 (ms. fr. 21994, n° 93).

Auteur additif

Titre indexé

FLIBUSTIER LITTÉRAIRE

Date indexée

1751

FEUILLE DE FLANDRES

0455
1781
1791

Titre(s)

Feuille d'Affiches, Annonces, Nouvelles et Avis divers pour la Province de Flandres concernant tout ce qui peut l'intéresser.

Devient Feuilles de Flandres en août 1783, puis Gazette du Département du Nord en août 1790.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 août 1781 – 26 juillet 1791. Privilège accordé par l'Intendant de Flandre C.A. de Calonne en juin 1781, et par le Magistrat de Lille en juillet 1781 ; prospectus non daté (4 p.) publié vraisemblablement en juillet 1781. Publication hebdomadaire, le vendredi matin, du 3 août à octobre 1781, bihebdomadaire (mardi et vendredi) à partir d'octobre 1781, trihebdomadaire (mardi, jeudi et samedi) à partir du 25 août 1789, quotidienne à partir du 1er janvier 1792. Livraisons réunies en volumes annuels, de pagination continue (de 450 à 500 p.), de mois d'août en mois d'août : t. I, d'août 1781 à août 1782 ; t. II, d'août 1782 à août 1783, etc.

Description de la collection

Livraisons de 4, 6 et même 8 p. avec, assez souvent, un supplément. Cahiers de 4 p. imprimées sur deux colonnes, in-4º, 190 x 260.

Devise : En ego laetarum, venio tibi nuncia rerum. Ovide.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Lille, rue de l'Abbaye de Loos, quartier D, chez Paris de Lespinard. Imprimeur : Charles Louis de Boubers (ou Debou-bers) de 1781 à 1787, puis Hubert Lemmens, rue Neuve à Lille, de 1787 au 26 juillet 1791, enfin Paris de Lespinard lui-même à Lille.

Souscription annuelle : 7 £ 10 s. en 1781 ; 12 £ en 1783 pour Lille ; 13 £ 10 s. pour le royaume ; 15 £ pour l'étranger.

Tirage non connu ; en janvier 1782, Paris de Lespinard se déclare «encouragé par cet accueil» ; sous la Révolution, il sera question de 1000 ex. par jour.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Joseph PARIS DE LESPINARD.

Collaborateurs : André Taranget, médecin, professeur à l'Université de Douai de 1782 à 1791 ; l'abbé Bouret, aumônier du régiment de Brie, franc-maçon, pour les questions scientifiques et mathématiques ; Louis Beffroy de Reigny, le «cousin Jacques», écrivain et journaliste, professeur d'éloquence à l'Université de Douai.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le rédacteur ne se contentera pas d'annonces, mais indiquera ce qui est utile et avantageux aux habitants de la province. «Il s'agit d'instruire et de plaire». Lespinard sollicite la collaboration de gens de lettres, de négociants, de cultivateurs, des amis de l'humanité ... Il envisage un supplément orienté vers les informations culturelles, arts, physique, lettres, faits mémorables : «Nous n'acquérons des Lumières que pour les communiquer», écrit-il.

Le contenu du journal est très varié, avec même des articles contradictoires dans leurs conceptions fondamentales. Le périodique est favorable aux Lumières et aux réformes, mais reste fidèle aux valeurs religieuses.

Centres d'intérêt : nouvelles régionales, offres d'emplois, ventes aux enchères, arrêts du Parlement, mandements de l'évêque de Tournai, distribution des prix au collège de Lille, visites de personnalités, relations des fêtes publiques (pour la naissance du dauphin en 1781, la capitulation d'York ou le traité de Versailles en 1783, etc.), faits divers. Activités intellectuelles : efficacité du paratonnerre, développement de l'embryon humain, mécanisme de la sensibilité, les grandes hypothèses scientifiques. Annonces des livres arrivés chez le libraire Jacquez, ami de Voltaire ; critique de la Nouvelle Histoire de France de Vally et Villaret, examen du plan d'études du collège oratorien d'Arras, nombreux articles sur les problèmes scolaires, réfutation d'une étude de l'abbé Feller. Commentaire des livres de littérature, poèmes à tonalité préromantique, éloge de la nature, de la vie rustique, des récits de voyages et de la découverte des peuples étrangers ; large publicité accordée à Encyclopédie méthodique de Panckoucke, chronique théâtrale (analyse du Mariage de Figarodéfense du théâtre comme «école de vie et de vertu». Vie religieuse : rôle de la morale religieuse, «mythe du bon curé», charité et pauvreté, défense des traditions religieuses ; annonces des prédications de Carême, des processions. Lutte contre les superstitions, mais aussi contre la philosophie nouvelle, l'irréligion, l'impiété ; éloge des traités de Nicolas Bergier.

Sociabilité : compte rendu des séances du collège des Philalèthes, des séances de l'Académie d'Arras ; beaucoup d'informations concernant la vie associative.

Techniques et sciences : l'aérostation, la vinification ; conseils de médecine, d'hygiène (remèdes populaires, lutte contre l'alcoolisme et l'abus de l'opium, inhumation dans les églises).

Questions économiques : le commerce, les mercuriales des grains, variations du cours des monnaies, débat sur le traité de commerce avec l'Angleterre, création de cours de filature pour lutter contre l'indigence.

Principaux auteurs étudiés : C. Bonnet, Maupertuis, Friedrich Wolf, Newton, Buffon, Lacépède, Voltaire, Diderot, Descartes, Spinoza, Condillac, La Mettrie, Stahl, Helvétius, Montesquieu, Rousseau, etc.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lille, 32634 ; B.U. Lille, 010788 (coll. inc.) ; A.D. Nord (coll. inc.).

Bibliographie

H.G.P., t. I, p. 382-399. D.P. 2, art. «Paris de Lespinard». – Lepreux H., Nos journaux : histoire et bibliographie de la presse périodique dans le département du Nord (1746-1895), Lille, 1896. – Bourgeois J., La Presse lilloise devant la Révolution, Lille, thèse de Droit, 1932. – Trénard L., «La presse périodique en Flandre au XVIIIe siècle», Dix-huitième sièclet. I, 1969, p. 89-105 et t. II, 1970, p. 77-101. – Pruvot C., «Un journal provincial à la fin de l'ancien régime, les Feuilles de Flandre1787-1788», Revue du Nordt. LIV, n°  212, janv. -mars 1972, p. 15-19. – Lemaire L., «Paris de Lespinard, journaliste lillois. Son arrestation pendant la Terreur», dans le Bulletin du Comité flamand de France, 1921, p. 299-331. – Levet E., «Paris de Lespinard : causeries d'un bibliophile savoisien», Revue savoisienneAnnecy, s.d. – Billioud J., «Les plus anciens journaux et almanachs de Marseille», Marseille, n°  7, 1950, p. 55-56.

Historique

Fondateur de la Feuille de Flandres, Paris de Lespinard est né en 1744 à Genève d'après sa propre autobiographie (parue dans son journal entre le 6 et le 20 août 1793), à Annecy d'après L. Lemaire et E. Levet, à Surinam (Guyane hollandaise), d'après l'acte de naissance de son fils, né à Lille en mars 1778. Il est mort à une date inconnue, après 1804 : sa dernière trace écrite est l'inscription de son nom à côté de celui de Blanchard sur le monument érigé à Wimereux (Pas-de-Calais) en l'an XII, en l'honneur de l'ascension aérostatique de Pilâtre Des Roziers. Lespinard avait fait avec l'aéronaute Blanchard la première ascension en montgolfière au départ de Lille le 26 avril 1785. Vers 1762, il vit à Marseille, où il devient co-directeur des Annonces, affiches et avis divers de Marseille. En 1768, il est autorisé à publier à Aix une feuille d'avis hebdomadaire (Affiches d'Aix, 1769-1773) et obtient bientôt un brevet de maître-libraire. Menacé d'arrestation pour avoir violé les règlements sur la presse, il s'enfuit aux Provinces-Unies ; en 1776, il vit à Utrecht dans la misère, passe en Hollande puis rentre en France, pour s'établir à Lille, en 1776 d'après Lemaire. Il y séjourne sans interruption jusqu'à son arrestation, le 26 août 1793, puis passe quinze mois en prison à Paris. Il effectue en l'an III plusieurs voyages entre Paris et Lille, «pour y faire de l'agitation politique» (Lemaire). Il justifie sa conduite dans un opuscule de 92 p., Mon retour à la vie après quinze mois d'agonie (Lille, frimaire, An III, déc. 1794). Il semble alors s'être désintéressé de la politique et ne plus s'être occupé que d'aérostation jusqu'à sa mort. Cultivé et curieux de tout, il possédait à Lille en 1789 une belle et vaste maison avec une riche bibliothèque. Ses opinions sont assez modérées sous l'ancien régime, respectueuses des autorités en place, mais assez hardies, sur le plan philosophique, pour lui valoir des poursuites : le n°  70 du 30 mars de la Feuille de Flandres, fut publiquement brûlé par l'arrêt du Parlement de Douai pour un article expliquant l'attitude des criminels par leur tempérament particulier ; cet article parut refléter des thèses matérialistes. A partir de 1789, ses opinions sont favorables à la Révolution et s'adaptent rapidement à la situation politique : favorables à la monarchie constitutionnelle jusqu'à la fuite et arrestation du Roi, puis de plus en plus méfiantes à l'égard de la monarchie. Ardemment républicain à partir du 10 août, le «Citoyen Joseph Paris» (telle est sa signature à partir de juillet 1791) suit en 1793, jusqu'à son arrestation, une ligne proche de celle de Robespierre, qu'il admire ouvertement. Affilié à la Société lilloise des Amis de la Constitution en juillet 1791, sincèrement patriote, il participa activement à la défense de Lille lors du siège autrichien (sept. 1792). Son arrestation en août 1793 semble résulter d'une lutte d'influences au sein des jacobins lillois, ainsi que de relations compromettantes avec le général Lamarlière, suspect de «girondisme».

Additif

En confirmation du renseignement fourni par L. Trénard au sujet de la condamnation du n° 70 de la Feuille de Flandres, on trouve dans le ms. BnF 21865 f° 63 l’arrêt du parlement : «26 juillet 1784. Le parlement de Douai a rendu le 16 de ce mois un arrêt pour flétrir et condamner au feu le SUPPLÉMENT au n° 70 des Feuilles de Flandre à cause des principes impies qui y sont exposés.» (démarche approuvée par le Garde des sceaux de Paris).

Auteur additif

Titre indexé

FEUILLE DE FLANDRES

Date indexée

1781
1782
1783
1784
1785
1786
1787
1788
1789
1790
1791

L'ESPION FRANÇAIS À LONDRES

0389
1778
?

Titre(s)

L'Espion François à Londres: ou, Observations critiques sur l'Angleterre et sur les Anglois «Par Mr. le Chevalier de Goudar. Ouvrage destiné à servir de Suite à l'Espion Chinois».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Samedi 27 février–samedi 6 juin 1778, d'après la datation des numéros. Hebdomadaire paraissant le samedi. L'ouvrage a été publié en fascicules séparés, mais aucun exemplaire de l'édition originale n'a été retrouvé. Les rééditions regroupent 15 numéros avec quelques suppléments intercalés. Chaque article est numéroté et daté. Le n° XI du 29 mai est en deux parties.

Description de la collection

La «seconde édition» (1779) comporte deux volumes: vol. I, 312 p. avec suppléments aux n° 2 et 3 intercalés entre les p. 100-101 et 148-149; vol. II, 308 p. avec un supplément de 40 p. au n° XV (Mars, n° 137). La première contrefaçon de 1780 comporte également deux volumes: XII + 286 p., XII + 314 p. (Mars, n° 138). Une seconde contrefaçon datée de la même année comporte 240 et 264 p. (Mars, n° 139).

Format de la seconde édition: cahiers de 8 p. in-8°, 125 x 208. Contrefaçons en format in-12.

Devise: Quid verum atque decens, curo, et rogo, et omnis in hoc sum. Hor. Lib. I. Ep. I, Ver. 11.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Londres, aux dépens de l'Auteur».

«Il y en a deux vol. qui se vendent un Louis», écrit Bachaumont le 20 avril 1780 (M.S., t. XV, p. 143), à propos de l'une des contrefaçons.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre Ange GOUDAR.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Goudar expose, sur le mode ironique ou burlesque, des réflexions personnelles sur la politique, les mœurs, la littérature, le commerce. Il emprunte aux journaux de nombreux développements sur le conflit franco-anglais, sur la querelle entre le chevalier d'Eon et Beaumarchais; il y ajoute un commentaire satirique, donne son avis sur la presse anglaise (n° XIII et XV). Les principaux sujets d'intérêt sont: la politique et les mœurs anglaises, la banque, l'économie, la musique et la danse, les anecdotes.

Principaux auteurs cités: Voltaire et Beaumarchais.

Tables en début du vol. I et en fin du vol. II

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° Nk 21 (1779), 8° Nk 21-A et B (1780); B.L., 12352 c. 38 et 14130 a. 18 (1780).

Bibliographie

D.P.2, art. «Goudar». M.S., t. XV, p. 143 et 319. C.L.S., t. VII, p. 17-24. t. X, p. 53-56, t. XII, p. 282. – Mars F., «Ange Goudar, cet inconnu (1708-1791). Essai bio-bibliographique sur un aventurier polygraphe du XVIIIe siècle», Casanova gleanings, vol. IX, 1966, p. 52-54.

Historique

L'édition originale de ce périodique reste introuvable. Il fut publié par fascicules et dans un texte plus complet que les rééditions et contrefaçons dont nous disposons. A preuve, les comptes rendus de Mettra du 15 mai et 19 juin 1779 (t. VIII, p. 17-24 et 99-102): «Je vous ai parlé l'année dernière d'un ouvrage imprimé en Angleterre sous le titre: l'Espion français à Londres. Il fut suspendu peu après. Je viens d'en recevoir quelques cahiers qui annoncent que cet ouvrage a été repris et qu'il se continuera». Bachaumont, le 20 avril 1780 (M.S., t. XV, p. 143), annonce une édition en 2 vol. sous le même titre, «qui se vendent un louis». C'est l'édition de 1779 (à Londres, aux dépens de l'auteur). Une autre édition en 2 vol. porte la date de 1780 (c'est sans doute une contrefaçon parisienne). Une lettre de Goudar lui-même (à François G., 4 mars 1780, Mars n° 138, p. 54) dit: «On a commencé d'imprimer mon journal avec permission tacite, mais il sera mauvais, ne contenant que des bagatelles, attendu que M. le Comte de Vergennes m'a ordonné de ne point y mettre de politique; aussi ne l'aurais-je pas entrepris si je n'avais reçu 20.000 livres de souscripteurs étrangers dont il faut que je remplisse l'engagement, au moins pour un an». F. Mars qui cite cette lettre n'est pas absolument sûr que le journal dont parle Goudar soit L'Espion français (il en avait deux autres en projet, d'après Mettra). C'est à coup sûr le plus connu et le plus apprécié, ainsi qu'en témoignent rééditions et contrefaçons. Peu original quant au fond, il a trouvé un ton cocasse et plaisant «qui sacrifie délibérément au burlesque trivial et marque un tournant dans la production de Goudar» (Mars, p. 53).

Ce qu'on peut remarquer c'est que, se plaçant dans la tradition des «spectateurs» (observateurs, mercures et autres espions), famille de journaux à narrateur unique et déguisé, son titre n'est pas seulement une convention littéraire. Goudar a vraiment passé l'hiver 1777-1778 à Londres, et il a vraiment été espion. La pratique du renseignement fut une constante de sa vie aventurière. Aussi la lettre qu'il publie dans L'Espion (t. II, p. 60-66; fiction signée Pierre Mouchard), longue explication sur l'origine et la pratique du métier de la «mouche», pourrait se lire comme une sorte de confession indirecte et ironique. Et Mars voit un autre accent personnel possible dans le choix de la devise latine: Quid verum atque decens curo et rogo et omnis in hoc sum, qu'il traduit ainsi: «Qu'est-ce que le vrai, l'honnête? Voilà ce qui m'inquiète, ce que je cherche, ce qui m'occupe tout entier» (Horace, Epître I, vers 11), qu'il a retrouvée sur le seul portrait authentique de Goudar, en exergue (B.N., Est., 62 B 2276).

Additif

Description de la collection: Madeleine Fabre, dans la notice 389 de D.P.1, constatait qu’aucun exemplaire de l’édition originale de ce journal n’avait été localisée. L'édition originale serait évidemment celle des numéros et non pas de leurs réimpressions. Or il existe deux réimpressions datées de 1780 des premiers numéros avec une pagination continue. Le texte est identique et la numérotation chaotique dans les deux cas. Une de ces réimpressions (Dijon, Toulouse, Bodleian Library) comprend un tome I de 240 pages, numéros 1 à 6 datés du 27 février 1778 au 4 avril 1778 avec des suppléments et un tome II de 264 pages, tables comprises, numéros 7 à 15 (avec des erreurs de numérotation) datés du 11 avril 1778 au 6 juin 1778 et leurs suppléments.

L’autre réimpression (Taylor library à Oxford et Gand) a deux volumes: le tome I a 286 pages, le tome II, XII-314 p.

Historique: Nous ignorons si ces deux volumes ont paru réellement en 1780 et en même temps. La première que nous avons mentionnée a probablement été faite par Nouffer à Genève: elle comporte deux ornements assez courants en Suisse; et lors d’un inventaire du fonds de Nouffer (en fuite pour d’autres raisons) on trouva 526 exemplaires d’une édition de 1780 en 2 volumes1. L’autre édition a peut-être une origine hollandaise.

Il s’agit bien en tout cas des premiers numéros car Goudar précise à la fin du n° 1; «Je ne dirai point de sottises aux gens, encore moins aux Grands. Mes observations ne porteront que sur les vices publics et les défauts généraux…Cette brochure sera périodique et paraîtra le samedi.»

Le n° 6 daté du 4 avril 1778 est consacré à «la chevalière» d’Eon et à sa correspondance, vraie ou imaginaire, avec Beaumarchais. On en trouve des échos dans une lettre du 7 avril 1778 adressée de Londres par Jean-Joseph Janiau de Vignoles à Beaumarchais: «La copie ci-jointe du billet que j’ai cru devoir adresser à l’auteur d’une brochure intitulée L’espion françois à Londres. Je me dispense de vous faire tenir le n° 6 qui m’a révolté parce que j’apprends avec certitude que cet auteur croit pouvoir vous l’envoyer par le courrier de ce jour2…»

Le périodique a-t-il paru entre juin et septembre 1778 ? Nous ne retrouvons sa trace que grâce aux registres de la Douane pour un numéro 1 de septembre 1778: 216 exemplaires de ce numéro et des 3 parties du n° 2 de janvier 1779 ont été saisis le 3 avril 1779 à Torcy (proche de Sedan) comme nouveautés sans permission et transportés à la Chambre syndicale des libraires de Paris.

Le 11 mai 1779 216 exemplaires de deux parties du n° 2 de janvier 1779 ont été saisis comme nouveautés.

Le 4 janvier 1780, 800 exemplaires environ du n° 5, 1779 ont été saisis comme nouveautés3.

Le jugement du 18 mai 1780 enverra tous les exemplaires au pilon et il semble bien qu’ils aient tous disparu, comme les numéros précédents qui avaient, eux, bénéficié de réimpressions en volumes. Le libraire parisien auquel ils étaient destinés était un certain Jean Gauguery, ancien colporteur, collaborateur à l’occasion de la Police. Il devait travailler à l’occasion pour la veuve Duchesne car il signe pour elle un ballot saisi le 21 mai 1779: ce ballot, en provenance de Torcy, contenait les Œuvres de Sara Goudar, la femme d’Ange Goudar. Peut-être tous ces ouvrages provenaient-ils de l’imprimerie de Bouillon.

Notes:

1. Archives d’Etat de Genève, Jur Civ Fc23

2. G. et M. von Proschwitz, Beaumarchais et le «Courier de l’Europe», Oxford, 1990, p. 471. Vignoles était le secrétaire du chevalier d’Eon.

3. BnF, ms. fr. 21934, f° 22

Auteur additif

Titre indexé

ESPION FRANÇAIS À LONDRES

Date indexée

1778

LE COURRIER MARITIME

0312
1788

Titre(s)

Le Courier maritime.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Non retrouvé. Le Prospectus a été publié dans le Furet politique, littéraire, t. II, n° 5, 16 janv. 1788, p. 39-40; il est résumé dans les Mémoires secrets de Bachaumont du 23 novembre 1787.

Journal bihebdomadaire (mercredi et samedi).

Description de la collection

Chaque numéro est composé d'un cahier de 4 p. in-4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, «Bureau du Courier Maritime, rue de la Verrerie, n° 95». Souscriptions pour l'année entière: 15 £ pour Paris, 20 pour la province, franc de port.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Opérations de la Marine», «leurs résultats en France et dans les Colonies»; «accidens de mer»; constructions, armements et désarmements; mouvement portuaire, même dans les plus petits ports; traite des nègres; pertes, naufrages; ordonnances, règlements, jugements et causes intéressantes relatifs à la navigation.

Additif

Ce journal hebdomadaire publié à Londres par «le Sr. Lettré de St Jore» et dont le titre complet est Le Courrier maritime ou le correspondant de la marine marchande, fait l’objet d’une demande de privilège pour circuler en France (ms. BnF 22040, f° 103, 20 mars 1787). L’auteur écrit de nouveau le 18 mai 1787. Il ne semble pas qu’il ait obtenu la permission souhaitée, ce qui peut expliquer que ce titre n’apparaisse dans aucune bibliothèque.

Auteur additif

Titre indexé

COURRIER MARITIME

Date indexée

1788

LE CENSEUR UNIVERSEL ANGLAIS

0204
1785
1788

Titre(s)

Le Censeur universel anglais ou revue générale critique et impartiale de toutes les productions anglaises sur les sciences, la littérature, les beaux-arts, les manufactures, le commerce, «ouvrage périodique tiré et traduit de différents Journaux, magasins et autres papiers publics anglais et qui paraît régulièrement le samedi de chaque semaine, dédié et présenté à Madame par M. le Chevalier de Sanseuil et une Société de Gens de Lettres».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 juillet 1785-7 juillet 1787, pour les exemplaires connus. 4 volumes.

Périodicité annoncée : hebdomadaire. En fait, du 3 juillet au 31 décembre 1785, la collection présente un numéro par jour. Ensuite le journal est hebdomadaire.

Description de la collection

T. I, p. 1-729 (n° 1-182), 4 p. par livraison. T. II, p. 1-728 (jusqu'au 1er juillet 1786), 26 livraisons de 28 p., datées, non numérotées, hebdomadaire le samedi. T. III, p. 1-643 (8 juil. – 31 déc. 1786), hebdomadaire. T. IV, p. 1-284 (6 janv. – 3 mars 1787), 48 p. in-8° par numéro. Les 3 premiers vol. : in-4°, 190 x 250, puis in-8° ; le vol. IV : 120 x 190.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, chez l'auteur, rue Pierre Sarrazin, au magasin de M. Windsor, chez Royez, libraire ; à partir de 1786, chez Lagrange au Palais-Royal. «M. Windsor reçoit les abonnements : 30 £ pour Paris, et 33 pour la province».

Imprimeurs : Guillot, rue Saint-Jacques, libraire de Monsieur, frère du Roi, puis veuve Ballard.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-Nicolas JOUIN, chevalier de Sanseuil, jusqu'en décembre 1785, puis Griffet de LA BAUME. L'un et l'autre ajoute à son nom, sur la page de titre : «et une Société de Gens de Lettres». (voir Add. DP2, «Jouin de Sanseuil» 423).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu est annoncé dans le sous-titre. Le premier Censeur de Sanseuil publie, outre les extraits des gazettes anglaises (et américaines), des réflexions sur la langue anglaise et sur la méthode de Sanseuil, des anecdotes et des plaisanteries, des lettres de lecteurs, une lettre de Voltaire et une de d'Alembert à Sanseuil sur sa Grammaire, et de longs «feuilletons» anonymes Aspasie, Zirphis, Azakia, histoire canadienne) peut-être traduits par Sanseuil. On ne retrouve rien de tout cela dans Le Censeur du successeur.

Centres d'intérêt : marine, affaires américaines, les Indes, Franklin, les coutumes britanniques ; littérature anglaise. Ossian, faits divers.

A partir du t. III, table à chaque numéro, où on trouve aussi de la publicité, en général pour des portraits, peintures ou gravures.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 4818-4820 (t. I-III, in-40) et Z 2259 (t. IV, in-8°) ; Ars., 40 H 8896 (1785-1786).

Bibliographie

Sur Griffet de la Baume, voir ses nécrologies in : La Décade, t. 45, p. 182 et Magasin encyclopédique, avril 1805, p. 414.

Historique

Le Censeur universel anglais s'inscrit dans la ligne de nombreux journaux nés et morts au cours du XVIIIe siècle pour répondre à l'anglomanie qui règne dans les milieux cultivés ou contestataires. Le projet s'explique par la personnalité anglophile de J. N. Jouin, chevalier de Sanseuil, né à Paris en 1731, qui passa plusieurs années en Angleterre et est l'auteur de nombreuses traductions et d'ouvrages de méthode (grammaires, manuel pour apprendre le français aux Anglais). A «transmettre en France l'essentiel de la presse anglaise» se consacrent déjà le Journal du Lycée de Londres et surtout Analyse des papiers anglais, voire le Courrier de l'Europe. Par rapport à eux le Censeur se présente avec l'originalité d'être placé sous patronage officiel, et d'être quotidien.

Il est dédié à Madame, c'est-à-dire à la comtesse de Provence, Marie-Joséphine-Louise de Savoie, femme du futur Louis XVIII ; son garant est donc pris dans la famille royale elle-même. Il est quotidien pendant 6 mois : une feuille est datée de chaque jour entre le 3 juillet et le 31 décembre 1785, y compris le dimanche. Mais il n'est pas sûr que les numéros aient vraiment été distribués journellement car le journal s'annonce hebdomadaire, paraissant régulièrement le samedi de chaque semaine, et il coûte le même prix qu'un hebdomadaire.

La présentation du journal par numéros de 4 p. ne dura que six mois. L'introduction du t. II qui paraît au début de janvier 1786 annonce que «M. de Sanseuil n'a plus aucune part au privilège, à la rédaction ou à la composition du Censeur Anglais». Les raisons de ce désistement (ou écartement ?) ne sont pas connues. Son successeur, Griffet de La Baume, qui s'entoure aussi d'une «société de gens de lettres», annonce, dans cette même introduction du t. II, une nouvelle présentation. Il fait état d'un grand succès du premier Censeur : «Tous les journaux ont pillé le Censeur, les extraits ont été réimprimés, ainsi que les poésies, anecdotes et plaisanteries ignorées en France». C'est, dit-il, une «preuve d'estime des Confrères». Et il est vrai que Sanseuil avait trouvé dans la «formule courte» du premier Censeur quotidien, une forme qui convenait bien à son génie. Sa feuille est allègre, intéressante, vivante. Cela ressortira d'autant mieux que son successeur a le don d'alourdir la matière et le ton. Le Censeur est passé des mains d'un vrai journaliste dans celles d'un compilateur. Il propose un ordre méthodologique, avec classement en cinq rubriques : Mélanges (morceaux d'histoire, d'érudition, agriculture, chimie, morale, morceaux choisis de romans) ; Critique (analyse et annonces, extraits de livres anglais et de traductions en français) ; Poésie (traductions, imitations de poèmes) ; Journal de Londres (particularités, curiosités du moment, analyse de pièces, anecdotes, prix des denrées) ; Variétés (anecdotes et humour).

Au t. III, p. 621, un prospectus fait le point du journal : «Les premiers rédacteurs, souvent dépourvus de secours, ont souvent aussi été forcés de présenter au public des choses peu dignes de son attention. Les nouveaux auteurs n'ont rien omis pour se procurer tout ce qui peut faire connaître l'état présent de la littérature anglaise». La rédaction voudrait donner une orientation plus littéraire au journal et changer son format pour le rendre plus portatif : 48 p., in-8°, chaque semaine. Ses rubriques sont réduites à trois : Mélanges (biographie, géographie, histoire, contes, épisodes de romans, poésies) ; Analyse (ouvrages publiés à Londres sur toutes les connaissances humaines) ; Journal de Londres (cours des changes, marine, commerce, nouveautés, gouvernement, usages, théâtres, anecdotes, nécrologie). Ce troisième Censeur semble avoir eu une durée éphémère. La collection de l'Arsenal ne le connaît pas. Celle de la B.N. s'arrête au 3 mars 1787. Il n'a ni tables ni couvertures, son article le plus saillant est illustré d'un dessin de voilier, p. 236, à l'occasion d'un extrait d'article de B. Franklin sur la navigation à voile. Il comporte très peu d'anecdotes et de faits divers. L'aspect humoristique du premier Censeur a complètement disparu. Il dut cependant continuer au-delà de ce volume IV de la B.N., puisqu'on trouve à la B.M. de Rouen deux numéros du Censeur, du 9 juin et du 7 juillet 1787. Le numéro du 9 juin s'arrête à la page 385. Or le numéro du 3 mars dernier de la collection de la B.N. va jusqu'à la page 284. Qu'il n'y ait eu que 100 p. entre le 3 mars et le 9 juin, pendant 3 mois ou 12 semaines (alors que chaque numéro hebdomadaire est censé en avoir 48) prouve qu'il dut être déjà très irrégulier et entré dans son déclin. Le numéro suivant se présente avec un changement de sous-titre : t. IV ( ?) Censeur universel anglais, «ou revue hebdomadaire de tout ce qui paraît à Londres sur : les Arts, les Sciences, les Belles-Lettres, Histoire, Commerce, Economie rurale, Législature, Marine, Analyse des livres nouveaux de la Grande-Bretagne». C'est le dernier numéro connu. Et pourtant les Affiches de l'Orléanais du 5 décembre 1788 annoncent la distribution du Censeur.

Additif

Historique: Le ms. Bnf Fr. 21865 f°124 donne quelques détails sur la naissance difficile du Censeur universel:

«au travail [= lors de la séance] du 13 septembre 1783, cet ouvrage a été approuvé et porté sur la feuille des jugements [des privilèges] du 30 du même mois (priv.) scellé le 29 déc. / m le baron de Marivetz a renoncé totalement à ce journal et M. le chevalier de Sausseuil demande la main levée de l'empêchement qui a été mis au mois de décembre de l’année dernière [ = décembre 1782] pour la distribution de cet ouvrage... / Mgr ne fera connaître ses intentions que lorsqu’il sera assuré que la négociation entre le Ch.er de Sausseuil  et le Journal des savants sera consommée. / [En apostille :] Travail du 24 février 1785. Il faut que le Ch. De Sausseuil observe son privilège / 3 avril 1785 lettre de la comtesse de Vergennes avec un mémoire de Sausseuil qui demande la permission de faire paraître tous les jours cet ouvrage. / travail du 3 juin 1785: néant [=?]».

De ces indications elliptiques, on peut inférer que le baron Étienne de Marivetz, auteur  réputé d’une Physique du monde et collaborateur du Journal des savants, avait  pensé fonder un journal (ou peut-être dissuader un concurrent éventuel du Journal des savants), et s’était heurté à «Sausseuil» en décembre 1783 (C’est à dire le chevalier Jouin de Sausseuil, voir la notice DP1 204 de Madeleine Fabre et l’additif DP2 423). Ce dernier obtient un privilège, qu’il s’efforce de transformer pour faire de son journal un quotidien. Sa demande est repoussée le 24 février, mais grâce à l’appui de Mme de Vergennes, épouse du ministre des affaires étrangères, il y parvient en juin 1785 ; il reviendra au bout d’un an à la périodicité hebdomadaire.

Auteur additif

Titre indexé

CENSEUR UNIVERSEL ANGLAIS

Date indexée

1785
1786
1787
1788

L'ABEILLE DU PARNASSE

0001
1750
1754

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Hebdomadaire paraissant le samedi (voir n° 1, p. 16; a paru régulièrement du 3 janvier 1750 à la fin décembre 1754 ; 52 livraisons par an, en un ou deux volumes : 1750 (vol. I) ; 1751 (vol. II-IV) ; 1752 (vol. V) ; 1753 (vol. VI) ; 1754 (vol. VII).

Description de la collection

Dix tomes en sept volumes. Les vol. I-IV comportent un tome, les vol. V-VII comportent deux tomes chacun. Vol. I : 233 p. ; vol. II : 210 p. ; vol. III : 204 p. ; vol. IV : 210 p. ; vol. V : 424 p. ; vol. VI : 408 p. ; vol. VII : 408 p. Cahiers de 8 p. in-8°.

Devise différente sur chaque page de titre des tomes.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Berlin, chez Etienne de Bourdeaux, libraire du Roi et de la Cour.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean Henri Samuel FORMEY.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«La fonction de ce journal est ou doit être de tirer de ce grand nombre de pièces fugitives en prose et en vers, qui paraissent avec abondance et sans interruption, celles que la célébrité de leurs auteurs, ou leurs propres beautés rendent dignes de cette préférence» (t. VIII, n° 18, p. 137).

Textes de Voltaire, Gresset, Baculard d'Arnaud, J.B. Rousseau, Maupertuis, Terrasson, Toussaint, Trublet, Mallet, Algarotti, Coyer, Fontenelle, A. von Haller, La Condamine, Pope, Addison, Berkeley.

Sommaires au début de chaque tome.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 27432-27441.

Bibliographie

Mentions dans la Bibliothèque impartiale (t. I, p. 143) et dans la Nouvelle bibliothèque germanique (t. VI, p. 233; t. VIII, p. 230; t. X, p. 235). – Kirchner 1969, n° 440.

Historique

Ce journal s'inscrit dans la série des «feuilles volantes» publiées par Formey, secrétaire permanent de l'Académie des sciences de Berlin, parallèlement à une activité littéraire plus sérieuse. Ces feuilles n'étaient en fait que des collections de pièces fugitives écrites par des auteurs connus, ce qui lui permettait de gagner de l'argent pour un minimum d'efforts. Après plusieurs tentatives infructueuses (Mercure et Minerve, Le Courrier de Potsdam, les Amusements littéraires, le Journal de Berlin), L'Abeille du Parnasse semble avoir trouvé un public. Mais cette formule lasse à la longue les lecteurs, et Formey arrête de publier le journal à la fin de 1754. Il le remplace en 1755 par le Journal épistolaire, consacré plutôt à la critique (voir D.P. 2, art. «Formey») et publié chez un autre éditeur.

Voltaire permet à Formey de publier dans Abeille plusieurs de ses pièces courtes qui n'avaient pas encore été imprimées dans un recueil. Ainsi Abeille publie en 1750 dans le t. I, les Mensonges imprimés (n° 7, 26), Memnon (n° 10), Des Embellissements de Paris, Sur l'encouragement des Arts, Epitre à *** (n° 15), Epitre à M. le Président Henault, A M. le Maréchal duc de Richelieu, A Madame la Dauphine (n° 17), Panégyrique de Louis XV (n° 22), dans le t. II, les Anecdotes sur le Czar Pierre le Grand (n° 33, 34), La Voix du sage et du peuple, sans indication d'auteur (n° 35), Remerciement sincère à un homme charitable, également sans indication d'auteur (n° 38), Anecdotes sur Louis XIV (n° 43) et en 1751 dans le t. III, Histoire des Croisades (n° 1-4 et 13) qui correspond aux chapitres LIII-LVIII de l'Essai sur les mœurs et ressemble à l'Histoire publiée dans le Mercure en 1750-51. Dans le t. V, n° 6, le 5 février 1752 est imprimé pour la première fois (et non en 1756 comme l'on indique habituellement) sans nom d'auteur, le Dialogue entre un Bracmane et un Jésuite sur la nécessité et l'enchaînement des choses, et dans les n° 7 et 9, des extraits du Siècle de Louis XIV, avec l'indication, «On trouvera ce livre chez Georg Conrad Walther, libraire de la Cour à Dresde». On annonce également, dans le t. VI, n° 10 (2 septembre 1752) la publication d'une nouvelle édition de l'œuvre, ainsi devançant l'annonce dans le Mercure en novembre. La dernière pièce de Voltaire que publie Abeille est Le Tombeau de la Sorbonne, dans le t. VI, n° 21, le 18 novembre 1752. Le texte, anonyme, est accompagné de la note suivante de Formey: «Nous n'avons garde de rien garantir de ce que ce petit Ecrit contient, ni d'en approuver l'indécente conclusion, que nous aurons soin de retrancher». Ce numéro ne donne que la moitié environ du texte, avec l'indication: «la suite une autre fois»; mais le journal ne publie jamais le reste, ni aucun autre texte de Voltaire. Cet arrêt brutal marque la fin de la collaboration entre Voltaire et Formey. Ce dernier a publié dans Abeille, du 10 juin au 1er juillet 1752, Les Lamentations de Jérémie de Baculard d'Arnaud et, du 14 octobre au 4 novembre 1752, l'histoire des couplets de J.B. Rousseau, ce qui provoque une réaction hostile de Voltaire (voir Best. D5140). L'affaire d'Arnaud et la campagne contre Maupertuis consomment la brouille entre les deux hommes. (Voir M. Fontius, Voltaire in Berlin, Berlin, 1966, p. 114-116, et A. Thomson, «Aspects inconnus du séjour de Voltaire en Prusse», dans Voltaire in Deutschland,Stuttgart, 1979, p. 79-89).

Auteur

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s) : La revue de J.H.S. Formey obtient un permis d’imprimer (à Mérigot fils) à une date indéterminée, mais sans doute en 1752 (ms. fr. 21994, n° 145) ; le journal d’Hémery signale cette permission à la date du 27 janvier 1752 (ms. fr. 22157) (FW).

Description de la collection : Bien que l’Abeille du Parnasse soit annoncée par le libraire comme une « Feuille périodique » paraissant régulièrement tous les samedis et distribuée « dans les bureaux de poste de l’Empire », on n’en connaît pas de feuille séparée. On connaît L’Abeille uniquement par des collections reliées, conservées notamment en Allemagne et en Autriche  (Munich, Oldenburg, Göttingen, Dresde, Halle). La collection conservée à la  Bibliothèque royale de Munich donne la répartition complète en volumes: deux tomes par  volume pour les années 1750 (t. I-II), 1751 (t. III-IV), 1752 (t. V-VI), 1753 (t. VII-VIII), 1754 (t. IX-X), soit au total 10 tomes en 5 volumes. Chaque tome garde la trace des feuilles initiales (datation de chaque samedi, depuis la première semaine de janvier jusqu’à la dernière semaine de décembre, feuilles de  8 ou 16 p.  in-8°), mais la pagination est continue, et chaque tome semestriel est précédé d’un sommaire. À partir de 1752, la pagination est  continue par semestre et non par année (JS).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: Comme le dit le titre, l’Abeille butine dans tous les journaux et parmi les pièces fugitives imprimées à Berlin et le plus souvent à Paris. La Lettre sur une jeune dame nouvellement mariée, « qui a paru en feuille volante à Paris, et ensuite dans le n° 4 de la Bigarure a été universellement goûtée, et on nous a prié de la faire reparaître dans l’Abeille » (28 février 1750, p. 65). Les « Réflexions sur les Romains » de Marivaux (décembre 1751) sont empruntées au Mercure d’octobre, comme beaucoup d’autres pièces (JS).

Auteur additif

Titre indexé

ABEILLE DU PARNASSE

Date indexée

1750
1751
1752
1753
1754