LE SAGE MOISSONNEUR

1197
1741
1742

Titre(s)

Le Sage Moissonneur ou le Nouvelliste historique, politique, critique, littéraire et galant. Le titre complet n'apparaît que sur la page de titre du premier volume : l'adjectif «politique» disparaît dès la première livraison.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1741-décembre 1742. Six volumes : t. I-III, 1741, t. IV-VI, 1742. «Cette Quintessence politique, littéraire et galante [...] paraîtra tous les mois» (Avertissement, t. I, p. 4-5) ; la publication est très régulière et chaque année comporte douze livraisons.

Description de la collection

Chaque volume ou tome groupe quatre livraisons mensuelles d'environ 120 p. ; la pagination est continue à partir du t. II : t. II, 474 p. ; t. III, 472 p. ; t. IV, 496 p. ; t. V, 475 p. ; t. VI, 491 p. Les t. I et III comportent un Avertissement, le t. VI une Préface.

Cahiers de 24 p. in-12, 70 x 130.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Utrecht, chez Etienne Néaulme.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : «une vaste matiere touchant la politique, un Elixir bien choisi des nouvelles les plus essentielles, et de tout ce qui se passe en Europe ; une idée vraie des meilleurs livres nouveaux, les avantures galantes, quelques réflexions critiques et badines sur ces nouvelles» (Avertissement, t. I, p. 4). Chaque livraison commence par des réflexions politiques, suivies des nouvelles de chaque pays (Italie, Piémont, Suisse, Pays du Nord, Turquie et Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne et Portugal, Pays-Bas), complétées par des «nouvelles générales de l'Europe accompagnées de réflexions morales et critiques». Viennent ensuite des anecdotes et des nouvelles romanesques, des nouvelles littéraires, des questions et des énigmes. A partir du t. IV les nouvelles littéraires passent en tête de la livraison. Si le Sage Moissonneur englobe un très vaste domaine, la précision n'est guère son fait : les nouvelles politiques sont rarement datées (l'auteur le remarque lui-même dans l'Avertissement du t. IV) et les nouvelles littéraires ne fournissent que des extraits impersonnels, sans indications bibliographiques. Cependant l'auteur est très au courant des publications récentes et mentionne à plusieurs reprises des ouvrages nouveaux de Voltaire (t. I), du marquis d'Argens (t. I), de Prévost (t. I-IV), de Marivaux (t. IV), de Crébillon, Duclos et Voisenon (t. V). Il s'intéresse à toutes les disciplines : histoire, géographie, sciences et littérature.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 8° H 26 636 ; B.M. Senlis ; Ste G.

Historique

L'éditeur Etienne Néaulme cherche, comme la plupart de ses concurrents dans les années 1740, à rassembler dans un même journal les avantages du mensuel politique, de la bibliothèque littéraire et des nouvelles mondaines, le tout présenté dans le style d'un «spectateur». Il s'inspire à la fois du Mercure historique, dont il imite, en les abrégeant, les synthèses mensuelles, de la Nouvelle Bibliothèque éditée par Paupie, ou des Amusements littéraires de Formey. L'Avertissement du premier volume atteste que les premières livraisons ont été publiées séparément, et qu'elles ont rencontré un certain succès ; mais certaines critiques à l'encontre de «têtes couronnées» et notamment des «monarques prussiens» ont éveillé des susceptibilités ; c'est la raison pour laquelle le mot «politique» sera retiré du titre. Il semble que les livraisons séparées aient été réservées aux Pays-Bas, l'édition reliée, destinée à l'exportation, étant au besoin corrigée : «la plupart des mois ont été revus, retouchés et augmentés» (Préface, t. VI). On ne connaît pas l'auteur de ce journal, mais quel qu'il soit, il est visible qu'il a travaillé sous le contrôle étroit d'Etienne Néaulme : celui-ci a censuré les articles politiques, orienté les comptes rendus vers ses propres éditions ; il a imposé une stricte périodicité et pour cette raison, a regroupé fréquemment des contributions venues de l'extérieur ; en décembre 1742, il se plaint de recevoir trop de lettres et de manuscrits, et pense désormais à les publier sous la forme de recueils (t. VI, p. 472-473). C'était en fait retirer au journal le peu de personnalité qu'il avait, et le projet n'eut pas de suite.

Auteur

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Cette revue fait l’objet de différentes annonces, en particulier dans le Leidse courant :

28 avril 1741 pour le vol. de janvier-mars : «C’est une quintessence des nouvelles, choisies avec beaucoup d’art et de discernement et accompagnées de réflexions morales, critiques et badines, qui répondent autant d’enjouement que de clarté sur tous ses sujets etc.»

Les 4 et 7 août 1741, on signale un incident : «E. Neaulme, libraire à Utrecht, s’étant aperçu que dans l’ouvrage périodique qu’il débite tous les mois sous le titre du Sage Moissonneur, il s’est glissé plusieurs articles où l’auteur s’est oublié à un tel point que de manquer au respect qu’il doit aux têtes couronnées jusqu’au point d’avancer des nouvelles absolument fausses, comme est ce qui se trouve à la page 45 du mois de mai de cet ouvrage que les habitants de ce pays (la Silésie) commencent à sentir vivement les vexations et les cruautés inouis qu’on exerce contre eux ; et à la page 47 [...]. C’est avec du chagrin qu’E. Neaulme a vu ces articles ; il les désavoue absolument comme étant de fausses nouvelles. Ce libraire demande excuse de ce que de tels articles se trouvent dans un ouvrage où son intention était de ne choquer personne. S’il y a d’autres articles dans ce genre, le même libraire les désavoue et est très mortifié que cela soit ainsi, et pour la suite il promet de faire en sorte qu’il n’y ait rien que de vrai dans cet ouvrage et rien qui puisse choquer personne».

Le 22 février 1743, Néaulme lance un appel publicitaire pour l’ensemble de la collection : «Cet ouvrage renferme tous les événements considérables arrivés pendant les années 1741 et 1742. C’est un excellent précis de tout ce qui s’est passé de plus important en Europe. Les faits historiques y sont placés [dans un] grand choix et un arrangement qui ne peut manquer de plaire infiniment. C’est pour ainsi dire une espèce de Bibliothèque raisonnée tant sur les Ouvrages des scavans que sur la politique et les ouvrages militaires pendant le cours de ces deux années. Les pièces fugitives sont des meilleurs poètes modernes. On ose avancer que le Moissonneur est digne de l’attention des personnes du meilleur goût, et qu’il pourra aux siècles les plus reculées servir de modèle pour travailler à l’histoire de notre temps, soit par rapport aux matières qu’il contient, soit par l’art avec [lequel] elles sont maniées. Le style en est enjoué, correct et très propre à captiver ceux qui aiment l’utile et l’agréable. La critique modérée, elle ne fait qu’animer les réflexions et attacher le lecteur: elle est juste, courte, précise, mais très claire et tout à fait amusante. En 6 vol. 12 pour ƒ 7.5 jusqu’au premier d’avril, et après s’il en reste encore, pas à moins de ƒ 10».

Auteur additif

Titre indexé

SAGE MOISSONNEUR

Date indexée

1741
1742

LA QUINTESSENCE DES NOUVELLES

1153
1689
1730

Titre(s)

La Quintessence des Nouvelles. Tel est le titre que porte le premier numéro du périodique (28 févr.) qui a survécu jusqu'à nos jours. A partir de l'année suivante, à ce titre est ajouté un sous-titre lequel va subir plusieurs fois de légères modifications au cours de la publication, surtout quant à la ponctuation, au choix et à l'ordre d'adjectifs descriptifs, et cela, semble-t-il, pour aller mieux avec le penchant ou la conception personnels de l'auteur du moment: a) Historiques, Politiques, Morales, et Galantes (2 janv. 1698 – 14 avril 1710); b) Historiques, Critiques, Politiques, Morales et Galantes (29 déc. 1710 – 25 août 1721); c) Politiques, Historiques, Critiques, et Galantes (28 août – 29 sept. 1721); d) Politiques, Historiques, Critiques, Morales et Galantes (2 oct. 1721 – 30 sept. 1723); e) Politiques, Critiques et Galantes (4 oct. 1723 – 3 avril 1724); f) Politiques, Historiques, Critiques, Morales et Galantes (19 juin 1724 – 29 déc. 1727).

Le titre est séparé du sous-titre, d'abord par une virgule (jusqu'au 25 août 1721), puis par un point (jusqu'en février 1724). Après le 21 février 1724 et jusqu'au 29 déc. 1727, qui est la date du dernier numéro conservé, il n'y a aucune marque de ponctuation entre le titre et son sous-titre. En 1730, le périodique avait probablement pour sous-titre: Nouvelles historiques, politiques, critiques et galantes.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1689-1730. C'est Hatin qui fournit les renseignements les plus complets sur les dates extrêmes de La Quintessence. Il dit avoir trouvé dans Barbier l'indication d'une feuille ayant pour titre La Quintessence et publiée «en Hollande vers 1689» (B.H.C., p. 56). Ailleurs, Hatin observe que le vice-chancelier russe s'était plaint au secrétaire de l'ambassade de la Hollande à Moscou du contenu de La Quintessence, ou Nouvelles historiques, politiques, critiques et galantes (G.H., p. 99). A l'en croire, c'est en 1727 – nous dirons plutôt en 1728 ou plus tard – que le périodique avait reparu sous ce nouveau titre, suite d'une suppression survenue quelque peu avant. Malheureusement, la seule collection existante de La Quintessence est incomplète et ne contient aucun numéro avant celui du 28 février 1697 ni après celui du 29 décembre 1727. Dans l'état présent, nous ne connaissons rien du privilège, du prospectus, ni même de la périodicité annoncée. Par contre, il est assez évident que La Quintessence a paru très tôt, sinon dès le tout début, deux fois par semaine: «Deux fois hebdomadairement, On aura nôtre Quintessence» (14 mars 1697), c'est-à-dire, le lundi et le jeudi, quoique le jour de la semaine ne soit indiqué en tête qu'à partir du 6 janvier 1701. En moyenne, donc, on compte entre 103 et 105 numéros par an.

Description de la collection

Entre le 28 février 1697 et le 25 juillet 1712, la collection, telle qu'elle se présente actuellement, comporte huit volumes dont chacun regroupe deux années. Du 3 octobre 1712 au 29 décembre 1727, il y a en tout cinq volumes; chaque volume rassemble trois années, exception faite du premier volume qui met ensemble les numéros de la fin de l'année 1712 et ceux des années 1713 à 1715 incluse. Chaque feuillet, un in-folio «format d'agenda» (G.H., p. 181) est imprimé d'un seul côté, sauf pour de très rares exceptions en 1706, 1708 et 1710, où parfois il se trouve un numéro imprimé au verso du précédent. En 1724, la feuille paraît imprimée, de temps en temps, des deux côtés; en 1725 et 1727, nombre des feuillets débordent non seulement côté verso mais il arrive même parfois qu'ils se trouvent imprimés en feuilles doubles. Le format petit in-folio est celui qu'ont adopté et utilisé les gazettes hollandaises pour leurs suppléments, ce qui pourrait expliquer les nombreux feuillets de La Quintessence intercalés dans les recueils de gazettes de la Hollande. C'est aussi, comme le précise Hatin, le format des «lardons» (G.H., p. 182), mot dont se sert non seulement madame Dunoyer (30 juil. 1716) mais aussi un de ses successeurs (4 oct. 1719) en référence à leur Quintessence. Un avertissement dans les numéros du 1er et du 15 déc. 1727 annonce la possibilité d'un prochain changement de format: «Il y a plus de deux ans que diverses personnes de bon goût se sont déclarées contre l'ancien format de cette Quintessence qui est incommode pour ceux sur tout [sic]qui les conservent. On nous à [sic] souvent sollicité de lui donner un format que l'on put relier, et l'on nous a même prescrit celui du Courier Politique et Galant, que nous avons débité autrefois. L'on nous presse encore de faire ce changement, sur tout [sic] cette Feuille devenant tous les jours intéressante; mais nous avons cru ne devoir y consentir qu'après en avoir averti le Public pour avoir son consentement, et s'il le donne, nous imprimerons à l'avenir cette Feuille in Octavo caractère Garamont, ce qui contiendra plus de matiere que le format présent; nous commencerons ce changement au Mois de Janvier» (il faut noter ici, comme l'avait déjà fait Hatin, qu'il y a, intercalés parmi les feuilles de La Quintessence, plusieurs numéros du Courrier, plus exactement les numéros 30 à 47 que l'on trouve entre la feuille du 3 avril et celle du 19 juin 1724).

Emargés avant la reliure, il est présentement très difficile de donner les dimensions exactes des feuillets du périodique; cependant, voici celles des feuilles émargées: 1697-1698: 142 x 434; 1699-1712: 133 x 310; 1712-1727: 143 x 321. Certaines feuilles sont ou plus larges (475), ou plus longues (140); on les a pliées pour les faire rentrer dans le volume relié.

En général, La Quintessence est sans illustrations, sauf pour une vignette en tête du premier numéro de chacune des trois dernières années. Il s'agit de la même vignette pour les années 1725 et 1726, mesurant 39 x 68 mm, et signée à gauche; B. [ernard?] Picart, avec à droite l'indication: fecit 1722. Elle représente un cupidon, une branche à la main, assis sur un cheval ailé, dans un paysage où l'on remarque au loin sur une colline un phare qui émet de la lumière; en haut, à l'intérieur d'une banderole est inscrite la devise: Vera et grata fero. La seconde vignette, celle-ci en tête du premier numéro de l'année 1727, est longue de 64 et large de 106 mm. Elle aussi porte la signature de Picart à gauche, mais suivie immédiatement de: «del. 1725»; elle représente aussi un cupidon, mais qui, lui, tient une flèche à la main et qui est assis sur une sphère, entouré d'animaux: un chien à trois têtes, un aigle, un dauphin; d'équipement militaire: des lances et des boucliers; et d'une lyre, le tout situé sur un nuage. En 1726 et 1727, certains numéros contiennent de la musique gravée; en 1726 il y a aussi deux planches de gravures de mode (20 juin et 1er juillet).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le nom de la maison Uytwerf (Uitwerf) à La Haye figure presque sans interruption en bas des numéros de La Quintessence pendant les trente et un années actuellement conservées. De 1697 à 1709, il s'agit de Meindert (Meyndert) «Marchand Libraire», «proche» ou «prés la Cour», qui devient finalement «dans la Hof-straat / Hof-straet»; de 1709 à 1724, de sa veuve «dans le Spuystraat»; de 1723 jusqu'en 1727, de Herman (Hermanus / Hermanes, le fils?) «sur le Rockin», «près la Bourse» ou «vis-à-vis la Porte de la Bourse» (en 1722, c'est «dans le Beurstraat, à côté de la Bourse»). De 1699 à 1701, en plus du nom et de l'adresse de Meindert Uytwerf se trouvent ceux de «Jean le Verroux à la Cour», aussi à La Haye. Pendant la période allant du 20 févr. au 16 oct. 1702 on retrouve l'indication suivante: «Pour l'auteur et se vend chez Meindert Uitwerf, Marchand Libraire in de Hof-straet», variante de cette autre indication des années 1697 et 1698: «Imprimé aux dépens de l'Auteur. Et se vendent à la Haye chez Meindert Uytwerf, Marchand Libraire, proche (prés) la Cour». Le nom et l'adresse de Jean-Louis de Lorme à Amsterdam vont apparaître conjointement avec ceux d'Uytwerf du 21 déc. 1702 au 6 mai 1704. Quelques années plus tard, lorsque la veuve Uytwerf aura repris l'affaire, il y aura en sus: «Et à Amsterdam chez Jean Oostervyk, sur le Dam», rajout qui se maintiendra du 9 mai 1712 au 2 févr. 1715. Puis, pour les trois années suivantes on retrouvera toujours le nom et l'adresse de la veuve Uytwerf, avec en plus ceux de Steenhouwer et Herman Uytwerf: «Et à Amsterdam chez Josué (Josua) Steenhouwer et Hermanus (Hermanes) Uytwerf en Compagnie, sur le Rockin, vis-à-vis la Porte de la Bourse». Cette dernière formule paraît, à quelques variations près, du 6 mai 1715 au 29 déc. 1718, et du 1er janv. 1719 jusqu'au 25 août 1721. A partir du 28 août sera ajouté à ces formules l'énoncé suivant: «Par Mlle de St G***», puis du 21 déc. 1722 au 4 mars 1723: «Par Monsr. [ou le Sr.] D.C.», et entre le 5 juil. et le 30 sept. 1723: «Par le Sr. B.», et enfin, du 30 mars au 3 avril 1724: «Par le Sr. D.M.». Au 17 août 1724, pour la première fois, on rencontre le nom de J. de Cœur: «Imprimé aux dépens de J. de Cœur, et se vend chez tous les Libraires».

Il sera précisé, au mois de novembre, qu'il s'agit d'un «Notaire et Traducteur à la Haye». En 1726, le nom de Cœur va disparaître pour être remplacé, d'abord par cette simple indication: «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, et se vend chez tous les Libraires» (du 11 au 22 avril), puis par une énumération de tous ces libraires: «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, et se vend à la Haye chez Moetiens, de Voys, Husson, van Duren, à Amsterdam, chez la Veuve Desbordes, à Rotterdam chez Daniel Beman, à Leyde chez Langerale et les Frères Verbeek, à Dort chez van Braam, à Utrecht chez van Poolsum, à Anvers chez la Veuve Lucas, et dans toutes les Villes chez les Libraires» (du 25 avril au 25 juil. 1726). Le nom d'un nouvel auteur (le Sr. Dumont-Des-Creutes) va y figurer à partir du 29 juil. suivi d'une liste abrégée de libraires, laquelle alterne puis cède la place à cet énoncé: «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, et chez la Veuve Desbordes». L'année 1727 le verra en alternance avec: «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, Libraire sur le Rockin» ou «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, près (après), (près de), la Bourse», exception faite toutefois du 28 nov. où l'on note: «A Amsterdam chez Herman Uytwerf, et chez la Veuve Desbordes», qui est l'indication de 1726.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le problème des auteurs de La Quintessence est assez compliqué. Ce que l'on sait là-dessus et ce que l'on sait de la plupart d'entre eux vient directement du périodique lui-même.

Barbier, suivi de Hatin, nomme comme fondateur de La Quintessence un certain LUCAS. Hatin se demande en plus s'il ne s'agit pas de «ce gazetier d'Amsterdam châtié en 1686 sur la plainte du comte d'Avaux» (G.H., p. 184). En fait, Lucas est désigné à trois reprises dans La Quintessence même comme son fondateur («Le Fondateur de ce quart de feuille, l'Inventeur de l’intitulation, le grand Lucas», 19 mars 1711; «[le] vénérable fondateur de la Quintessence», 1er janv. 1722; «Le Sr. Lucas, son fondateur», 4 oct. 1723). L'auteur de ce dernier mot ajoute que Lucas «écrivoit Dieu sait comment; son stile bas, sa fade poësie, et les flots d'impertinences qu'il repandoit sur le parti, qu'il pouvoit insulter impunément, font son caractère». Il a dû mourir peu avant la fin février 1697, car dans le numéro à la date du 28 de ce mois-ci, le premier numéro qui nous est toujours disponible, il y a une épitaphe en hollandais traduite en français «sur Monsieur Jean Maximilien Lucas», «qui du monde entier tiroit la Quintessence, Et qui fut assez finement, Une Epine au pié de la France». On le dit enterré à La Haye le jour même de la parution de l'épitaphe ci-dessus (Van Eeghen, De Amsterdamse boekhandel, 1680-1725, vol. IV, p. 228; cité dans D.P. 2). Dans une lettre du 2 mai 1697 à l'abbé Dubos, Pierre Bayle lui rappelle la mort de Lucas en précisant qu'il s'agit du «fameux auteur de la Quintessence des Nouvelles, qui a publié pendant tant d'années un si horrible detail de satyres infamantes et grossierement fabuleuses» (Fr. Paul Denis, «Lettres inédites de Pierre Bayle», 1921, p. 929).

A Lucas ont succédé d'abord un sieur VEROU (ou Veron, selon Hatin), «horloger de profession», d'après Pierre Bayle (p. 929), «assez bon Horlogeur, et honnête homme», d'après l'auteur de la notice parue dans La Quintessence du 4 octobre 1723 et qui est une mine de renseignements sur les auteurs du périodique jusqu'à cette date-là, et puis un M. GUEUDEVILLE. Il s'agit très probablement de Nicolas Gueudeville (1652-1720?), rédacteur de l'Esprit des cours de l'Europe, et auteur connu, dont la «réputation dans la Republique des Lettres» dispense l'auteur de la notice d'en dire davantage.

Des mains de Gueudeville, La Quintessence est passée dans celles de madame DUNOYER, peut-être le plus célèbre des divers auteurs du périodique, et qui l'a tenu pendant huit ans jusqu'à sa mort. Le premier numéro de sa plume est du 29 décembre 1710: «J'ai été curieux de demander ce qu'on disoit de ma premiere façon. Les uns m'ont répondu qu'elle étoit serieuse et insipide: Les autres la condamnent gravement, et d'un sourcil froncé, à être déclarée atteinte et convaincuë de trop de badinage, et de trop de satire» (1er janv. 1711), et le dernier probablement le n° 43 du 29 mai 1719. En tout cas, elle l'écrit toujours le 12 du mois, car dans le numéro paraissant ce jour-là elle dément les bruits qui courent sur son décès; ce n'est que le 1er juin que le nouvel auteur annonce définitivement sa mort. C'est madame Dunoyer qui la première a changé le sous-titre, qui a éliminé l'indication de lieu pour les nouvelles (à partir du 2 avril 1711) et qui a personnalisé les présentations en beaucoup parlant d'elle-même (par ex. l'anecdote du numéro du 27 oct. 1712, où elle est un des personnages principaux). L'auteur de la notice de 1723 déclare que c'est elle qui a donné à La Quintessence «toute sa réputation, par la manière agréable dont elle débitait et les nouvelles et les avantures».

Après la mort de madame Dunoyer, la direction du périodique passe à un Mr. Rousset (selon Barbier, il s'agit de Jean Rousset, t. III, p. 1162, ou ROUSSET DE MISSY). Dans son premier numéro, après l'annonce de la mort de madame Dunoyer, il se présente en se disant «amateur sincère de la Vérité», et promet de la mettre «au jour toutes les fois [qu'il sera] sûr de la connoître» (1er juin 1719). Cependant, après «une expérience de sept mois», convaincu «qu'il n'y a rien qui plaît moins aux hommes que la Vérité», il fait ses adieux aux lecteurs. Il quitte La Quintessence «avec plaisir», en annonçant qu'il la remet «à une personne qui saura sans doute contenter le public» (28 déc. 1719). C'est vraisemblablement ce même Rousset qui signera une lettre publiée dans la livraison du 25 avril 1726.

Le 1er janvier 1720 le nouvel auteur, M.G. (GUYOT, selon Hatin) et à qui seront adressées plusieurs lettres imprimées dans le périodique cette même année, par exemple dans le numéro du 8 janvier 1720, se plaint déjà: «Je n'ai encore donné qu'une Quintessence, et tous les Exemplaires en ont été enlevés par une personne qui s'est cru lézée. Plusieurs autres m'ont fait l'honneur de me critiquer, et ont poussé leur attention jusqu'à rassembler leurs griefs dans un Libelle de deux pages». Il finit par dire sa résolution de ne plus rien mettre d'équivoque dans le périodique, pour ne pas blesser les «consciences timorées». Toutefois, conclut-il: «je ne me donnerai plus la peine de relever mes fautes dans l'expression, mais aussi comme il arivera souvent que je n'aurai pas le tems de mesurer et de peser mes termes, j'espère que cela ne tirera pas à conséquence». A en croire l'auteur de la notice du 4 octobre 1723, Guyot avait «de beaux talens pour la Poësie». D'ailleurs, avec Rousset et Guyot, prétend-il, il y a eu «un changement assez remarquable et dans le stile et dans les choses».

A partir du 28 août 1721, la feuille est signée Mlle de St. G***, signature que Barbier croit «imaginaire» (t. III, p. 1162). Prête-nom ou femme de paille, cette Mlle de St. G*** va afficher une personnalité des plus acerbes. Déjà dans son premier numéro, ce qui frappe est son parler franc. Quelques mois plus tard, elle avoue s'être prise pour une seconde madame Dunoyer parce que l'on avait bien voulu recevoir ses débuts; mais sa vanité sera rebattue par la censure (9 oct. 1721). Il y a même des lecteurs qui voudront la comparer à Lucas, comparaison sur laquelle elle va se livrer à des commentaires ironiques (1er janv. 1722). Son dernier numéro est certainement du 17 décembre 1722 car le numéro suivant raconte son licenciement ou plutôt sa démission: «Le public aiant témoigné que Madlle de St. G. n'était plus de son gout on lui a fait entendre qu'elle pouvoit quitter avec honneur, en resignant sa plume de bonne grace; ce qu'elle a mieux aimé faire, que d'attendre la correction qu'elle sentoit avoir méritée». Et le nouvel auteur à présenter sa plate-forme à lui: «Je respecterai les Têtes Couronnées et tout ceux qui sont constituez en quelques dignitez. Je donnerai des Caracteres dignes d'être imités, et je n'exposerai jamais l'homme de son côté desavantageux, puisque les mauvais exemples corrigent moins les vicieux qu'il leur sert d'autorité et de prétexte pour le devenir d'avantage» (21 déc. 1722). Le dernier numéro de cet auteur qui se signe Mr. D.C. ou le Sr. D.C. est du 31 juin 1723.

Mr. D.C. est suivi d'un Sieur B. qui est à la tête de La Quintessence du 5 juillet au 30 septembre 1723. C'est à lui que succède l'auteur de la notice historique dont on a fait mention plusieurs fois déjà. Celui-ci s'engage à ne pas faire de magnifiques promesses à ses lecteurs car «ils savent ce que signifie le Nom de Quintessence;il me prescrit mes obligations, que je tacherai de remplir en ne lui donnant que ce qui me paroîtra de plus sûr dans les Nouvelles, de plus agréable dans les Historiettes, et de meilleur dans les petites pièces; je me bornerai à ce qu'on peut nommer Nouvelles Politiques, Critiques et Galantes», ce qui représente, en fait, le nouveau sous-titre du périodique (4 oct. 1723).

Il n'y aura plus d'indication de changement de direction avant le 30 mars 1724. A partir de cette date les indications en bas de la feuille la disent «Par le Sr. D.M.». Ce dernier paraît avoir duré seulement un tout petit moment; le 3 avril 1724 signale son dernier numéro.

C'est le notaire et traducteur à La Haye, Jacob de CŒUR, qui semble avoir pris dès lors la rédaction de la feuille, et cela possiblement à partir du 19 juin 1724 («Imprimé aux dépens de l'Auteur»), mais sans aucun doute, à partir du 17 août, la livraison à cette date portant déjà son nom. Il va y rester jusqu'au 8 avril 1726. Un mot dans la feuille du 15 avril de cette année préviendra les lecteurs que «la Quintessence, où le Sr. Jacob de Cœur met son nom est une fille suposée et que celle-ci est la seule légitime». D'après cet avertissement, de Cœur ne faisait «que préter son nom aux personnes qui l'ont débité jusqu'au présent». Il est certain que de Cœur avait des ennuis avec l'imprimeur Pierre Marteau (4 avril 1726) et même avec Rousset, ancien auteur du périodique, qui va écrire à l'auteur en fonction le 25 avril 1726: «Monsieur, vous savez que ce n'est pas moi qui compose la Quintessence; cependant il a plu au Sr. Desqueux, dit De Cœur, écrivain par hazard, d'avancer que l'Auteur précedent de la Quintessence qui avoit une cocarde à ses feuilles (c'est ainsi qu'il nomme ingenieusement un asterisme) est le Sosie qui le doubloit, et cela par une jalousie de profession etpar une basse avidité pour le gain. J'ai taché par les manières les plus engageantes de le porter à retracter ce Jugement temeraire: mais trop injuste envers moi, il m'a été impossible de le porter à cet acte d'équité. Je vous prie de me rendre la justice qu'il me refuse, et d'avertir le public que rien n'est plus faux, et qu'il mériteroit qu'on lui fit la réponse du Pere Valerien» (il est à noter que tous les numéros entre le 4 oct. 1723 et le 28 déc. 1724 de la collection conservée sont en fait marqués d'un astérisque).

Le dernier auteur que l'on peut nommer véritablement est DUMONT-DES-CREUTES qui rédige la feuille entre le 6 mai et le 12 septembre 1726. Il la fait d'abord paraître anonymement, ne quittant cette qualité d'anonyme que le 29 juillet: «Les soupçons de quelques personnes, les prieres de plusieurs, les instances reiterées de Mr Uytwerf, me déterminent enfin a quitter l'agréable qualité d'Anonyme». Dans son premier numéro il exprime son désir de prendre une route différente de celle de ses prédécesseurs et faire surtout la critique des nouvelles sans négliger les divertissements, les nouveautés, le comique ou le moral, évitant pourtant de toucher à la religion (6 mai 1726). Le numéro du 16 sept. 1726 semble indiquer un changement de rédaction: «A cette occasion je proteste que si jamais il m'échappe quelque fausseté, c'est par une ignorance très involontaire»; toujours est-il qu'en 1727, il y a certainement un nouvel auteur en fonction, à se fier à ce mot du 12 juin: «Je vous plains, nouvel auteur de la Quintessence».

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

La Quintessence est une espèce de «Gazette épurée», ou peut passer pour telle (6 janv. 1727). C'est un des successeurs de madame Dunoyer qui renseigne sur la méthode des auteurs: «Maugrebleu, peste-t-il, de celui qui a inventé le titre de Quintessence!pourquoi n'avoir pas suivi le Torrent, et pris le nom de Gazette?quelle facilité alors à remplir sa tache! il ne faudroit que piller adroitement ses confreres les Gazetiers, et à la faveur d'une traduction revendre en François ce que d'autres ont déjà débité en Flaman, ou faisant venir la même nouvelle de trois ou quatre endroits différens, remplir son papier à peu de fraix; mais donner la Quintessence des nouvelles, c'est-à-dire séparer le faux du vrai, et ne donner que ce qu'il y a de plus pur en politique, en morale, en Galanterie, etc. c'est ce qui s'apelle une tache aussi difficile à remplir que... brisons là-dessus, et avouons tout naturellement que nous avons grand nombre de vieilles ou ridicules Nouvelles, et beaucoup de Nouvelles conjecturales» (23 nov. 1719). En 1726, l'auteur de la feuille va prétendre qu'il n'a pas «encore inventé de nouvelles comme certains Gazetiers étrangers», ajoutant que «comme la Quintessence doit renfermer un choix de nouvelles, j'ai toujours mes garants tout prêts à être produits» (16 sept. 1726). Quelques mois auparavant Dumont-Des-Creutes se plaignait du fait que ses devanciers avaient tiré leur Quintessence des gazettes, n'offrant ainsi «que des vieilles nouvelles rhabillées, ou fausses pour la plupart du tems assez impertinentes, car les plus ridicules sont souvent celles qui fournissent le plus de matières aux ingenieuses sallies». Il promet des nouvelles critiques mais aussi comiques et morales (6 mai 1726). Madame Dunoyer, qui, elle, trouve le titre «impaïable» mais «plus juste que l'Esprit des Cours» (1er janv. 1711), constate que la feuille doit être «suivant son riche titre, Historique, Critique, Politique et Morale et... aussi galante» (19 mars 1711). Quant à Mlle de St. G***, elle promet «foi d'Auteur»: «Nouvelles Morales, Critiques, Tendres, Galantes, Politiques, Contes plaisans, Vers de tout prix» (28 août 1721). Elle demande qu'on lui envoie contes, rondeaux, épithalames, sonnets, madrigaux, épigrammes, etc. En fait, La Quintessence est remplie non seulement de nouvelles, mais elle contient toutes sortes de vers: odes, vaudevilles, satires, sonnets, énigmes, épitaphes, épigrammes, madrigaux, rondeaux, fables, impromptus, bouts-rimés, et on en passe. Selon madame Dunoyer, «Les vers sont aussi essentiels à la Quintessence que l'Enigme au Mercure Galant» (1er janv. 1711). En plus, il y a de temps en temps des historiettes en prose, des lettres envoyées à l'auteur, des avertissements, des harangues ou adresses, des catalogues satiriques, des manifestes ou déclarations, des nouvelles littéraires. Sous madame Dunoyer, la feuille est franchement anti-française; sous Jacob de Cœur, elle deviendra ouvertement protestante.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

A part une feuille simple (du jeudi 24 déc. 1716) qui se trouve à la bibliothèque Beinecke de l'université de Yale (Bt4/1716) et «d'assez nombreux numéros intercalés dans les recueils de gazette de Hollande» (G.H., p. 184) à la B.N., la collection la plus complète est celle de l'Ars. (Fol. H 4968, 1-13). Les huit premiers volumes, reliés en cuir, proviennent de la bibliothèque de Charles de Baschi, marquis d'Aubaïs, et portent son ex-libris. Ils ont été acquis par l'Arsenal en 1977. Les cinq derniers volumes, reliés en parchemin, font partie des fonds de cette bibliothèque depuis longtemps; ce sont vraisemblablement les exemplaires étudiés par Eugène Hatin.

Voilà l'état actuel de la collection: – Vol. 1: 1697 (n° 17-104); 1698 (n° 1-33; 35-104). – Vol. 2: 1699 (n° 1-105); 1700 (n° 1-104). – Vol. 3: 1701 (n° 1-104); 1702 (n° 1-83; 102-104). – Vol. 4: 1703 (n° 1-105); 1704 (n° 2-36; 38-104). – Vol. 5: 1705 (n° 1-105); 1706 (n° 1-104). – Vol. 6: 1707 (n° 1-104); 1708 (n° 1-105). – Vol. 7: 1709 (n° 2-72; 74-104); 1710 (n° 1-30). – Vol. 8: 1711 (n° 1-107, 29 déc. 1710 - 31 déc. 1711); 1712 (n° 1-42, 44-59). – Vol. 9: 1712 (n° 79-101; 103 et 104); 1713 (n° 1-24; 34; 23-25; 27-29; 31-43; 35; 43); 1714 (n° 58-68; 70-96; 97-100; 101-105); 1715 (n° 1-33; 35-90; 92-98). – Vol. 10: 1716 (n° 2; 4; 5; 7-11; 12-38; 40-98; 99; 99 bis; 100-103); 1717 (n° 1-9; 11-64; 66-80; 82-104); 1718 (n° 1-40; 41 et 42; 43-83; 84-85; 86-103; 105) . – Vol. 11: 1719 (n° 1-9; 11-104); 1720 (n° 1-2 -63; 65-87; 89-103; 105-106); 1721 (n° 1-54; 56-93; 95-100; 100-104). – Vol. 12: 1722 (n° 1-15; 17-23; 26-53; 55-61; 63-79; 80; 82-107); 1723 (n° 1-33; 35-71; 73-105); 1724 (n° 1-3; 5-9; 11-27; 31-53; 54-59; 90, c'est-à-dire 60-91 [61]; 62-86). –Vol. 13: 1725 (n° 1-21; 23-32; 34-38; 40-49; 51-52; 54-60; 62-92; 94-99; 101-105); 1726 (n° 1-21; 23-34; 34; 35-38; 40-49; 51-70; 72-83; 85-88; 90-93; 95; 97-103; le n° 94 se trouve intercalé parmi les numéros de l'année suivante); 1727 (n° 1-12; 14-18; 20-23; 26-42; 44-64; 66-69; 71-75; 77-86; 88-89; 91-101; 103-104).

Bibliographie

B.H.C., p. 56; G.H., p. 181-188; Barbier, t. II, p. 1162; D.P. 2.

Mentions dans la presse du temps: Mme Dunoyer, Lettres historiques et galantes, t. IV, p. 231-232, 237, 259, 400 (Lettres 86, 87, 91 et 95); «Mémoires de Mr Des N***», Lettres historiques et galantes, t. VII, p. 166, 168, 172, 173. – Denis F.P., «Lettres inédites de Pierre Bayle», R.H.L.F., t. XIX, 1921, p. 929.

Additif

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s): Jean Rousset de Missy, se nommant «l’auteur de la Quintessence», signe une lettre intitulée Supplément à la Gazette des savans du 15 novembre 1729. Il y proteste contre les calomnies proférées contre lui par Jean van Duren et les journalistes des Lettres sérieuses et badines (Leiden, BU, MS Marchand, 29:3, fol. 34-41 imprimé, 15 pp).

Le Courier de la paix du 13 avril 1733 (n° 30) annonce: «Le 11 à 9 heures du matin, mourut ici à La Haye le sieur Isaac Bachelier, habile musicien [...]. Il n’a jamais fait ostentation de son savoir, quoiqu’on ait souvent admiré des petits traits de sa façon dans les Couriers Politique et galant et Quintessence, peu après la mort de Madame Dunoyer».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: Exemplaires: La Haye, KB, Pflt 13780, La Quintessence du 25 août 1692, n° 60.

Bibliographie: Mention dans la presse du temps: Dirk Scholl, Weergalm op het onderste gedeelte van de Quintessence des Nouvelles van den 14 Maart 1695 (n° 21), Delft, Andries Voorstad (Amsterdam, BU, Pfl. port. plano 1695:6).

Auteur additif

Titre indexé

QUINTESSENCE DES NOUVELLES

Date indexée

1689
1690
1691
1692
1693
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1720
1721
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1723
1724
1725
1726
1727
1728
1729
1730

L'OBSERVATEUR DES SPECTACLES

1073
1762
1763

Titre(s)

L'Observateur des Spectacles ou Anecdotes théâtrales, ouvrage périodique par M. de Chevrier.

Modifié en Dernier observateur des Spectacles (juin 1762, mais il s'ensuit une interruption de six mois).

Continué par Le Nouveau Spectateur de Le Prévôt d'Exmes (1770).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1762–mars 1763. Trois volumes. Sans date de prospectus. Périodicité annoncée: en 1762 toutes les deux semaines; en 1763: tous les mardis, ce qui est tenu. Nombre de livraisons annoncé: 4 volumes par an. Datation des volumes: T. I, 1er janv.–15 mars 1762; t. II, 1er avril–15 juin 1762; t. III, 1er janv.–15 mars 1763.

Description de la collection

Pagination: t. I, 344 p.; t. II, 324 p.; t. III, 206 p.

Cahier: de 22 à 48 p., 93 x 155 (Ars.); 104 x 164 (B.A.A.) et 100 x 155 (Opéra), in-12.

Citations de divers auteurs.

Trois amours allégoriques en frontispices. Portrait de Rosette Baptist (t. I, p. 289).

Musique: 4 p. de romance tirée d'Anneto et Lubin de Blaise (t. II, p. 94) (ex. de l'Opéra).

Dépliant illustré: Fitz-Giggo à propos de l'émeute du public à Drury-Lane, le 29 janvier 1763.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

La Haye, puis Amsterdam; H. Constapel. 1763: 2 s. en Hollande, 1 ducat pour l'année de souscription. 15 £ en France: s'adresser au sieur de Lorme, receveur des postes à Lille.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

François Antoine de CHEVRIER. En juin 1762 (t. II, p. 276), on annonce un supplément pour 6 s., contenant les «particularités de [la] mort» de Chevrier et un abrégé de sa vie (publié p. 310-316). La fin des feuilles préparées par Chevrier est indiquée p. 310.

Collaborateurs occasionnels: correspondants-spectateurs de théâtre dans une quinzaine de villes d'Europe (qui semblent se raréfier avec le temps).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Tous les spectacles d'Europe. Pièces et ballets, auteurs, acteurs, danseurs, mœurs, seront la matière du journal.

Contenu réel: comptes rendus des spectacles de Paris (3 théâtres), Liège, Bruxelles, Gand, Louvain, Amsterdam, Théâtre français de La Haye, Overtomese-weg, Londres (Drury-Lane), Copenhague, Rome, Vérone, Venise, Livourne, Bologne, Düsseldorf, Francfort, Vienne en Allemagne (sic).

Centres d'intérêt: théâtre, acteurs et actrices, surtout. Plus de pièces analysées que d'études d'auteurs, mais Voltaire, Fréron, Chaumeix, Crébillon, Marivaux (son éloge n° 12, 22 mars 1763).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Opéra, C 3371 (1-2-3), 3 vol., seule bibliothèque possédant cet ensemble (avril 1762–mars 1763); B.A.A., Doucet 673 T 23 (2 vol.): avril-juin 1762, 11 janv.–mars 1763; Ars., RJ 853 (1 vol., 3 janv.–juin 1762).

Bibliographie

B H.C.; H.G.P.; D.P. 2., art. «Chevrier». – Gillet N.A., Notice historique sur Chevrier, 1863.

Additif

Édition(s), abonnement(s)Gazette d’Amsterdam, 18 déc. 1761: "On trouve aujourd’hui chez H. Constapel, libraire à La Haye: L’Observateur des spectacles ou Anecdotes  théâtrales, ouvrage périodique par M. de Chevrier, 8° aux dépens de l’auteur. Cette feuille de 48 pages paraîtra tous les 1er et 15 de chaque mois au prix de 6 sols. Elle renferme un détail exact et critique de tous les théâtres de l’Europe, n’importe dans quelle langue, avec les anecdotes relatives aux auteurs, acteurs et actrices. Le prospectus qui précède le premier cahier, donne l’idée précise de cet ouvrage. On le trouve en Hollande et ailleurs chez les principaux libraires."

 Cette première livraison (p. 1-48), datée "La Haye, 15 décembre 1761", renferme le prospectus (p. 1-14). Ce journal fut régulièrement annoncé dans les gazettes. Par exemple:  Leydse Courant, 1 sept. 1762: "H. Constapel [...] débite L’Observateur des spectacles, par M. de Chevrier, n° 13 et dernier à 6 sols. contenant outre les extraits des pièces nouvelles, un abrégé de la vie de l’auteur et les particularités de sa mort. [...] Le même ouvrage complet en 2  volumes à ƒ3:0."

 

Historique : En janvier 1763, Constapel commence un nouveau journal sous le même titre, mais de nouveau à partir d’un tome I (n° i: 4 janvier - xi : 15 mars). Le  rédacteur est un certain Lambert (Gazette d’Utrecht, 4 janvier 1763: "Mardi 4 janvier on publiera à Amsterdam le premier numéro de  L’Observateur des spectacles ou des Anecdotes théâtrales par M. Lambert, à 2 sols [...]"). Cette fois il y a aussi des articles plus généraux: Gazette d’Amsterdam, 25 janvier 1763: "Aujourd’hui (25 janvier) on a publié le n° 4 de  L’Observateur des spectacles ou Anecdotes théâtrales par M. L***. Cette feuille contient l’état actuel des théâtres de Paris avec un précis des talents des acteurs, et continuera de paraître régulièrement tous les  mardis. Les feuilles précédentes contiennent l’origine et l’état actuels des théâtres d’Amsterdam et de La Haye. Cet Observateur se vend à Amsterdam 2 sols la feuille, chez H. Constapel, libraire près de la Bourse [...]"

 

Localisation(s), collections connues : Deux collections complètes au Nederlands Muziek Instituut (29 G 35-37 et 9 M 29-30).

 

 

Auteur additif

Titre indexé

OBSERVATEUR DES SPECTACLES

Date indexée

1762
1763

NOUVELLES LETTRES HISTORIQUES

1036
1744
1745

Titre(s)

Nouvelles lettres historiques et politiques contenant ce qui se passe de plus important en Europe et les Reflexions nécessaires sur ce sujet.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1744–décembre 1745. Revue mensuelle. T. I, janv.-juin 1744, t. II, juil.-déc. 1744, t. III, janv.-juin 1745, t. IV, juil.-déc. 1745.

Description de la collection

Quatre tomes ou volumes, contenant chacun six livraisons de 120 à 130 p.: t. I, 725 p., t. II, 713 p., t. III, 712 p., t. IV, 713 p. Format in-8°. Ornement de page de titre: deux lionnes dressées, corbeille de fleurs et de fruits.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam [La Haye?], Meynard et Uytwerf.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Chronique mensuelle des événements militaires et diplomatiques en Europe (Turquie, Italie, le «Nord», Allemagne, Grande-Bretagne, France, Espagne, Portugal, Pays-Bas). Accent porté sur les hommes d'Etat, sur les forces militaires, sur les conflits européens.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Sächsische Landesbibliothek Dresden, 1955, IVe 1863, 29, 8° 4468.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Les 13 et 27 novembre 1743, Meynard Uytwerf, libraire à Amsterdam, avertit le public, qu’étant en possession du fond des LETTRES HISTORIQUES, journal qui a commencé avec l’année 1692, «il est résolu de le rétablir sur le pied où il a été ci-devant, de passer pour le meilleur Journal politique et historique imprimé dans ces Provinces. Pour cet effet il a choisi un auteur en réputation d’écrire avec autant de choix que d’impartialité, et d’un style qui a fait lire jusqu’à présent avec plaisir quelques ouvrages anonymes, qu’il a donné au public. On pourra en voir un échantillon dans le mois de janvier prochain, où on donnera un abrégé des événements de cette année-ci 1743» (annonce du Leydse Courant).

Leidse courant, 3 et 5 mai 1744: «Meynard Uytwerf, libraire à Amsterdam, publie actuellement le premier mois des NOUVELLES LETTRES HISTORIQUES et POLITIQUES, contenant ce qui se passe de plus important en Europe: ce journal est composé de VII lettres, dans la première desquelles on trouve une histoire aussi sincère que concise des événements de l’année 1743. Les six autres contiennent la relation de ce qui s’est passé dans les différents Etats de l’Europe, et les réflexions nécessaires sur ce sujet pendant le cours du mois de janvier. Ledit libraire continuera de donner régulièrement le premier du mois la suite de ce journal. Il se flatte que le public le recevra favorablement. On le trouvera dans tous les pays chez les principaux libraires».

Annonces dans la Gazette d’Amsterdam du 3 nov. 1744, du 8 oct. 1745.

Desroches-Parthenay a interrompu la publication des Lettres historiques en 1728 (D.P. 1 n° 822) pour créer les Mémoires historiques pour le siècle courant (D.P. 1 n° 896), qui en sont la suite. Apparemment, Uytwerf rachète le fonds de ces Mémoires historiques pour les relancer. L'échantillon, ce sont les Nouvelles lettres historiques de 1744 (D.P. 1 n° 1036), signalées par le Leydse courant en février 1744, mais aussi par la Gazette d'Amsterdam du 3 novembre 1744 et du 8 octobre 1745. Les Nouvelles lettres historiques ont effectivement paru de janvier 1744 à décembre 1745.

Auteur additif

Titre indexé

NOUVELLES LETTRES HISTORIQUES

Date indexée

1744
1745

LE MODERNE POTAMON

0959
1771

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le Moderne Potamon ou Apostilles de mon Grand-Oncle. Ouvrage Périodique, Philosophique, Historique, Littéraire, Moral, etc. La gazette d'Amsterdam publie, en date du mardi 3 septembre 1771, l'annonce suivante : «Le premier numéro de cette feuille hebdomadaire paraîtra vendredi prochain le 6 septembre et se distribuera ensuite régulièrement tous les vendredis à Amsterdam chez D.J. Changuion, libraire dans le Kalverstraat ; à La Haye, chez Gosse, Pinet et Staatman ; à Rotterdam, chez Beman et Dierick Vis ; à Leide, chez Jaqueau ; à Utrecht, chez H. Spruyt et dans les autres villes chez les principaux libraires». Non retrouvé.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Les annonces du Leidsen courant confirment l’existence du Moderne Potamon ou Apostilles de mon Grand-Oncle en septembre 1771 : le n° 1 est signalé le 4 septembre, le n° 2 le 14 septembre et le n° 3 le 20 septembre.

Auteur additif

Titre indexé

MODERNE POTAMON

Date indexée

1771

LE LITTÉRATEUR FRANÇAIS EN HOLLANDE

0846
1775

Titre(s)

Le Littérateur français en Hollande. Continuation de la Feuille hebdomadaire (1775).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 juillet-31 juillet 1775. Hebdomadaire.

Description de la collection

La collection de la B.L. comprend 5 numéros, des lundis 3, 10, 17, 24 et 31 juillet 1775. Feuilles de 8 p. in-8°, 110 x 180, paginées de 1 à 8 pour chaque numéro.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam, J.A. Crajenschot, libraire sur le Vygendam. Libraires associés: P.F. Gosse, J. Staatman, J.P. Wynants à La Haye; H. Beman, Bennet Hale, D. Vis et J. Bosch à Rotterdam; A. Blusse et P. Van Braam à Dordrecht; Luzac, Van Damm et Murray à Leyde; N. Spruit à Utrecht.

Chez le même éditeur se vendent les 6 numéros des pièces rassemblées sous le titre de Feuille hebdomadaire, série de brochures portant des titres divers («Le gouvernement hollandais», «Contre le suicide», etc.) et qui n'a de périodique que l'apparence.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Ces feuilles seront consacrées à la Politique et à la Littérature» (note à la p. 3 du n° 1). L'auteur (qui se confond peut-être avec l'éditeur) souhaite amuser et instruire grâce à des pièces fournies par des «personnes lettrées et pourvues de connoissances». Les premiers numéros parus donnent des réflexions morales, une anecdote chinoise, la lettre d'un patriote hollandais sur les courtiers, des épîtres en vers sur des sujets politiques.

Additif

Edition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s): Les numéros 1-8 furent annoncés dans le ’s-Gravenhaagsche Courant, du 3 juilllet 1775 (n° 1) au 21 août (n° 8). Par exemple, le 3 juillet 1775: «J.A. Crajenschot , libraire sur le Vygendam à Amsterdam, donne aujourd’hui à 2 sols: N° 1 du Littérateur françois en Hollande. Cette feuille sera consacrée à la politique et à la littérature tout ensemble pour la rendre plus intéressante et plus utile, et on cherchera par une alternative méthodique de traits historiq., philosoph., de moralités et de productions poétiques à satisfaire complètement les connaisseurs en tous ces genres». 10 juillet (n° 2) «[...] Cette entreprise littéraire traitera dorénavant des sujets mêlés alternativement d’histoire, de philosophie, de poésie, de morale, de commerce, et généralement tout ce qui peut contribuer à l’amusement et à l’instruction des amis de la littérature française».

Auteur additif

Titre indexé

LITTÉRATEUR FRANÇAIS EN HOLLANDE

Date indexée

1775

LETTRES JUIVES

0829
1735
1737

Titre(s)

Lettres juives, ou Correspondance Philosophique, Historique et Critique, Entre un Juif Voyageur à Paris et ses Correspondans en divers Endroits.

Continuées par les Lettres cabalistiques (1737-1738).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Décembre 1735-septembre 1737. Six tomes.

Périodicité annoncée et réelle des demi-feuilles: bihebdomadaire (les lundi et jeudi).

1736: t. I-III; 1737: t. IV-VI.

Description de la collection

Chaque tome comprend (outre une Epître dédicatoire et une Préface du traducteur non paginées) trente lettres correspondant à 240 p. (chaque lettre ou livraison étant de 8 p.; mais t. VI: 244 p., la Lettre 151 comptant 12 p.).

Cahier de 16 p., 95 x 150, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A La Haye, Chez Pierre Paupie.

Les Lettres précisent: «Libraire sur la Sale» (à partir de la Lettre 146: «Libraire sur le Spuy»).

Les Lettres se trouvent à Amsterdam chez F. Changuion et J. Ryckhoff fils (et également, à partir de la Lettre 49 chez P. Mortier, à partir de la Lettre 69 chez Ledet et Compagnie, à partir de la Lettre 94 chez H. Uytwerff), à Rotterdam chez la veuve T. Johnson (et fils à partir de la Lettre 94), à Leyde chez J. et H. Verbeek, à Utrecht chez E. Néaulme, et à partir de la Lettre 128, à Breda chez J.V. Kieboom.

Tirage à 1000 exemplaires environ, mais, par suite du succès, le t. V est imprimé à plus de 2000 exemplaires.

La demi-feuille qui contient le Titre, l'Epître et la Préface et qui paraît au moment de la réunion en volume, c'est-à-dire après les Lettres 30, 60, etc., est distribuée gratis par reconnaissance de l'auteur pour l'empressement du public.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jean-Baptiste de Boyer, marquis d'ARGENS.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: «traduction des principales lettres» du Juif Aaron Monceca et des réponses de ses deux correspondants (également juifs) sur les «sujets» «dignes de [leurs] réflexions» (Lettre de Monsieur D*** au libraire): mœurs, coutumes, galanterie, littérature (Préface, t. I) relativement aux différents pays traversés par les épistoliers voyageurs. Le but du «traducteur» est de condamner le vice, détruire la superstition et le fanatisme, démasquer l'hypocrisie et la mauvaise foi, faire aimer la vertu et les sciences (Préface du traducteur).

Contenu réel: dans le cadre de lettres aux formes variées, étude et comparaison, en un mouvement fortement empreint d'esprit satirique, des caractères, mœurs, usages, conditions, lois, croyances, institutions... des pays de l'Europe occidentale, du Maghreb et du Moyen-Orient tant sur le plan social et politique (formes de gouvernement, censure, droit à la révolte...) que sur le plan moral, scientifique, philosophique ou religieux (les trois religions monothéistes et leurs livres, dogmes, rites, sectes...); nouvelles de l'actualité historique (affaires de Corse) et littéraire (extraits de livres et pièces, Querelle des Anciens et des Modernes...); quelques pièces fugitives.

Principaux centres d'intérêt: caractère polémique et philosophique: la satire vigoureuse, répétée et souvent amusante relative à toutes les marques de préjugés, de superstition et de fanatisme, et d'où la religion chrétienne sort vilipendée (disputes théologiques, guerres et persécutions religieuses, Inquisition, croisades et missions, indulgences et reliques...; objectifs privilégiés de ce combat: la Rome impérialiste et le Pape, les moines, jésuites et jansénistes convulsionnaires, affaire Girard-La Cadière); la critique du despotisme, de la guerre, des conquêtes...; les options philosophiques qu'incarnent la Hollande et aussi l'Angleterre; raison, vérité, liberté, tolérance, déisme, vertu, culte de l'étude et des sciences, considération des savants, primat du seul mérite...; l'ampleur et l'utilité de l'exercice comparatif (parallèles entre les peuples) considéré comme seul efficace pour la libération des entraves de l'esprit; la documentation sur les civilisations de l'Europe occidentale et du bassin méditerranéen; le problème juif.

Principaux auteurs mentionnés: en dehors des écrivains anciens grecs et latins et des Docteurs et Pères de l'Eglise, citons, parmi les jésuites, les pères Hardouin, Mariana, Pétau; parmi les jansénistes, Arnauld et Pascal; parmi les historiens, Mézezai, de Thou, Rapin de Thoyras; parmi les poètes, J.B. Rousseau et Pope; et surtout parmi les philosophes, Bayle, Descartes, Gassendi, Locke, Malebranche, Montaigne, Newton, Spinoza, Voltaire.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection étudiée: B.M. Bordeaux, B 11160 (1-6). B.M. Strasbourg; Bibliothèque de Padoue; Bibliothèque de Théologie protestante, Montpellier.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Argens»; B.H.C., p. 59.

Rééditions: – 1738, Lettres juives, ou Correspondance Philosophique, Historique et Critique, Entre un Juif Voyageur en différens Etats de l'Europe, et ses Correspondans en divers Endroits «Nouvelle Edition Augmentée de XX Nouvelles Lettres, de Quantité de Remarques, et de plusieurs Figures», La Haye, Pierre Paupie, 6 vol. «Avec Portrait de Jean-Bapiste de B... Marquis d'Argens Né le 24 juin 1704» (Theod. Van Pee pinxit, J.V. Schley sculp. 1738), frontispice gravé (Isaac, Aaron Monceca et Jacob Brito présentent leurs Lettres juives à Dom Quichotte, Sancho Pança et Maître Nicolas le barbier) et six vignettes historiques (une par tome, illustrant respectivement les Lettres 7, 74, 111, 138, 152, 193). T. I, II, III: 40 lettres chacun (le t. I comprend en outre un Avertissement, une Préface générale de tout l'ouvrage, un Avis au relieur et un commentaire des gravures); t. IV: L. 121-155, t. V: L. 156-190, t. VI: L. 191-200 + Table des matières (non paginée). Les Lettres ajoutées élargissent ou approfondissent des thèmes déjà abordés: politique, philosophique, religieux... (B.N., Z 15332-15337). In-8° et in-12 (Epîtres et Préfaces du Traducteur reprises). – 1742: La Haye, Pierre Paupie, 6 vol. (B.N., Z 15338-15343) – 1754: La Haye, Pierre Paupie, 8 vol. (203 lettres, les 3 nouvelles ayant trait aux affaires politiques de l'Europe et aux changements survenus depuis la mort de l'Empereur Charles VI) (B.N., Z 39445-39452). – 1764: «Nouvelle édition, Augmentée de nouvelles Lettres et de quantité de remarques», La Haye, Pierre Paupie, 8 vol. (B.M. Bordeaux, D.U. 13430) (1-8). – 1766: ibid., 8 vol., B.M. Toulouse P. 13475 (1-8). – 1777: ibid., 8 vol., B.M. Grenoble.

Les Lettres juives sont par ailleurs rééditées avec les Lettres cabalistiques et chinoises et La Philosophie du bon sens sous le titre Œuvres du Marquis d'Argens, Berlin, 1768, 24 vol.

Contrefaçons: 1736-1737: Amsterdam, P. Gautier, 6 vol. – 1738-1739: Lausanne, Marc-Michel Bousquet, 7 vol. (titre du t. VII: «Supplément ou Tome septième des Lettres juives contenant les XX Nouvelles Lettres mises dans la dernière édition de La Haye – à quoi l'on a ajouté une Epître dédicatoire à l'auteur et une CCIème Lettre très curieuse qui ne se trouve pas dans la susdite édition de La Haye»). – M.M. Bousquet réédite à Lausanne les Lettres juives en 1742 (6 vol.) et 1750-1751 (nouv. éd., 7 vol.).

Mentions dans la Gazette d'Amsterdam (6, 16, 23 et 30 déc. 1735; 3 janv., 24 et 28 févr., 30 mars, 27 avril, 6 et 13 juil. 1736; 12 févr., 24 mai, 25 et 28 juin, 5 juil. 1737; 21 févr., 4 et 11 juil. 1738), Gazette d'Utrecht (13 et 16 févr., 1er et 29 mars 1736), J. de Trévoux (juil. 1736, 1, p. 1349-1362), Mercure de France (juil. 1736, p. 1615), Bibliothèque germanique (1737, t. 37, p. 12 et t. 40, p. 112-124), Le Pour et Contre (t. XII, 1737, p. 313-14), Lettres cabalistiques (passim) et chinoises (t. I, Préface), Anecdotes historiques, galantes et littéraires (1737, Réponse 3), Correspondance historique, philosophique et critique entre Ariste, Lisandre et quelques autres amis. Pour servir de Réponse aux Lettres juives (1737-1738), Théâtre du siècle ou Goût moderne (1739), L'Année littéraire (1754, t. V, p. 169-187 et 311-327). – Johnston E., Le Marquis d'Argens. Sa vie et ses œuvres. Essai biographique et critique, Paris, 1928. – Fransen J., «Correspondance entre le marquis d'Argens et Prosper Marchand», dans Mélanges J.J. Salverda de Grave, Groningue, 1933, p. 116-125. – Bush N.R., The Marquis d'Argens and his Philosophical Correspondence. A critical study of d'Argens's «Lettres juives», «Lettres cabalistiques» and «Lettres chinoises» Michigan, 1953. – Molino J., Le Bon Sens du marquis d'Argens. Un philosophe en 1740, thèse dact. Paris IV, 1972. – Granderoute R., «A propos du marquis d'Argens», Le Journalisme d'ancien régime, P.U. Lyon, 1982, p. 315-331.

Historique

Blessé lors de la campagne de Philipsbourg et contraint de quitter le service, d'Argens s'établit en Hollande dans une retraite studieuse et décide d'embrasser la carrière littéraire. Il imagine sur le modèle des Lettres persanes, et, par-delà, de l'Espion turc (quoi qu'il dise dans la Préface du t. V des Lettres juives) une Correspondance où se mêlent d'ailleurs aussi les souvenirs de Voltaire (Lettres philosophiques) et de Bayle (Dictionnaire historique et critique). Réduit par sa famille à la moitié de la pension qui lui avait été versée jusqu'alors, il cherche dans son entreprise périodique, au début du moins («les trois premiers mois», précise-t-il dans la Préface du t. I des Lettres chinoises), une ressource financière complémentaire (il touche 4 £ par lettre et 150 par volume, ayant refusé les 20 florins supplémentaires que lui offre Paupie pour chaque tome à partir du 2e), ce qui n'a rien de «messéant», car un auteur peut retirer de ses ouvrages «un salaire modeste» sans être pour autant traité d'«auteur mercenaire» (ibid.).

Dans ce premier travail littéraire, d'Argens est aidé par des «amis aussi éclairés que zélés» (Nouveaux Mémoires de l'Académie royale des sciences et belles-lettres, Année 1771, Berlin, Voss, 1773, p. 48) au premier rang desquels figure Prosper Marchand. Celui-ci, en effet, joue d'abord un rôle d'intermédiaire entre le libraire et le journaliste, d'Argens ne voulant être découvert ni par Paupie, ni par sa famille, ni par... ses ennemis nombreux et puissants (d'où ses installations successives, au cours des années 1735-1737, à La Haye, Amsterdam, Utrecht, Maarssen, de nouveau Amsterdam). C'est Marchand qui, à La Haye, reçoit les lettres et les transmet à Paupie, et qui, en retour, fait parvenir l'argent à d'Argens. D'autre part, il ne cesse lui-même de guider l'écrivain: il corrige, ajoute, retranche, il écarte une lettre, suggère l'idée d'une autre, envoie un ouvrage nouveau propre à susciter un développement épistolaire, adoucit ou au contraire aiguise la satire, répond à des critiques, remplit un vide volontairement laissé par l'auteur, accommode telle lettre d'une manière vive et enjouée, rédige Epître ou Préface... (cf. fonds Marchand 2, B.U. Leyde). Docile, d'Argens se soumet aux avis et corrections et prie son correspondant de continuer à lui dispenser ses remarques judicieuses, utiles et instructives; «taillez, rognez, coupez, brûlez sans miséricorde»: la demande revient comme un leitmotiv (ibid., lettres de d'Argens à P. Marchand, 6, 11, 12-13, 25-30). «Père littéraire», «dieu tutélaire»: par ces formules imagées, d'Argens exprime sa reconnaissance et son estime à celui grâce auquel la Correspondance n'est pas un «enfant difforme» (ibid., 7, 9, 30).

Dès les premières livraisons, dont quelques-unes peuvent être complétées par une «petite pièce agréable, sérieuse ou badine, morale ou galante, historique ou critique», en prose ou en vers (car il est difficile que chaque sujet de lettre fournisse exactement 8 p.: L. IX, Avertissement du libraire), le périodique reçoit un accueil favorable. L'empressement du public ne se démentira pas tout au long du cours régulier de l'ouvrage et ira même grandissant. «Les Lettres ne font que croître et embellir en estime... [elles] vont toujours de mieux en mieux»: P. Marchand rassure ainsi d'Argens qui s'inquiète du sort de sa production (fonds Marchand 2, lettres de P. Marchand à d'Argens, 3, 10) et qui ne manque pas ensuite, dans les Préfaces des tomes regroupant les lettres par trente tous les trimestres (le 1er tome est débité en avril 1736, le 2e en juillet, etc.), de se féliciter d'un succès aussi prompt et heureux. D'ailleurs, gazettes et journaux, en signalant la parution du périodique, témoignent de son retentissement, que confirment, à leur manière, les critiques soulevées.

Dès juillet 1736, en effet, les rédacteurs de Trévoux dénoncent avec vivacité le caractère spécieux du titre et l'esprit d'impiété et de libertinage qui préside à l'échange épistolaire. Dans une lettre publiée par le Journal politique et littéraire de novembre 1736 et reprise avec quelques changements dans la Bibliothèque française (t. XXIII, II, 1736, p. 289-302), Bruzen de La Martinière prétend venger les «insultes» que d'Argens (qui se dégrade jusqu'à la condition d'auteur «libertin») «affecte de faire à la nation espagnole». En 1737, une Lettre paraît dans la Bibliothèque germanique (Lettre sur la LXVIIIème L.J., art. cit.) où d'Argens est cette fois-ci pris à partie pour sa peinture de la Suisse. A Tübingen, un professeur de théologie, Eberhard Weisman, à l'occasion d'une thèse soutenue sous sa direction en 1737, blâme les «plaisanteries» faites sur Mahomet dans le cadre de l'épisode du comte de Bonneval. Cette même année 1737 voit paraître deux périodiques qui imitent ou paraphrasent non sans intention polémique les Lettres juives: ce sont les Anecdotes historiques, galantes et littéraires et la Correspondance historique, philosophique et critique entre Ariste, Lisandre et quelques autres amis (celle-ci bihebdomadaire comme le modèle).

A ces critiques qui fusent, d'Argens (en dépit de ses prétentions à une «modération» toute philosophique), d'ailleurs secondé par Marchand, répond, dans les Epîtres et Préfaces ou encore dans ses périodiques ultérieurs, avec vigueur et dédain, stigmatisant l'ignorance, l'impudence et la mauvaise foi de ses détracteurs, qu'il s'agisse des jésuites de Trévoux (t. V, Préface, et éd. 1738, Préface générale), de l'auteur de l'«assez plate rhapsodie» de la Bibliothèque germanique( L.J., éd. 1738, Préface générale), du professeur de Tübingen (Lettres cabalistiques, éd. 1766, Lettre 177) ou de ces «cinq ou six petits auteurs» (éd. 1738, Préface générale), «vils insectes du Parnasse», «écrivains subalternes» (t. V, Préface), «affamés et mercenaires que certain libraire de La Haye entretient à ses gages» (t. VI, Préface): est ici désignée la «clique» (Fonds Marchand 2, Lettres à P. Marchand, 20) groupée autour de Van Duren: La Martinière, plaisamment travesti en Dom Quichotte (t. IV, Epître et Préface), Des Roches de Parthenay en Sancho Pança (t. V), La Hode en Maître Nicolas (t. VI)... Sans se lasser, d'Argens ridiculise l'«envie» et la «sotte vanité» qui les ont incités à tenter de ruiner le cours des Lettres juives, discrédite leurs méprisables ouvrages et rejette leurs imputations calomnieuses selon lesquelles il discontinuerait la publication de son périodique faute de copie et sous l'effet de la «justice» de leurs critiques! Non sans fierté, il proclame, dans un Avis du libraire (Lettres juives, 72 et 89), qu'il a encore de quoi donner un 4e et un 5e volumes, et, dans les Préfaces des t. V et VI, évoque les «éloges flatteurs de plusieurs savants de première volée»: Voltaire («Si les Lettres juives me plaisent! Eh! ne vous l'ai-je pas écrit trente fois...», 20 janv. 1737), de La Croze, Beausobre (la lettre que celui-ci lui écrit le 15 février 1738 est reproduite dans la Préface du t. V).

C'est avec la même fierté et une grande joie (cf. fonds Marchand 2, Lettres à P. Marchand, 7, 20) qu'il fait état de l'«approbation» de plusieurs nations (t. V, Préface). Les Lettres, en effet, ne sont pas seulement «très goûtées en France» (elles sont vendues à Paris 10 francs le volume et font, selon Voltaire alors établi à Cirey, «un bruit de diable en Lorraine, en Alsace et Champagne»: fonds Marchand 2, Lettres à P. Marchand, 8, 30, 36), elles sont aussi traduites en différentes langues. Le 6 décembre 1735, la Gazette d'Amsterdam, annonçant le débit prochain des Lettres juives, ajoute: «les mêmes Lettres paraîtront aussi en hollandais». A tout le moins, une traduction, au sujet de laquelle d'Argens s'inquiète et s'interroge (ibid., 7, 20, 21), est imprimée en 1737 à La Haye chez Isaac Van den Kloot: Joodsche Brieben (t. IV, Préface). D'autre part, les Lettres sont traduites en anglais et paraissent à Londres, d'abord en feuilles périodiques, dans le Gentleman's Magazine et le Fog's Weekly Journal (dans la Lettre aux éditeurs du Journal helvétique, Lettres chinoises, éd. 1751, p. XXVIII, il est question du Foksdayli Journal), puis en corps d'ouvrage (The Jewish Spy, 1739, D. Browne: il s'agit d'une traduction des 40 premières lettres). Appelées à être également traduites en allemand (Jüdische Briefe, Berlin, 1763-1766), les Lettres juives offrent l'exemple d'un périodique rayonnant à travers l'Europe et jusqu'aux confins de l'Afrique, dans l'île de Malte, où l'auteur n'a garde de se rendre, alors que son père songeait à l'y envoyer, car, là-bas, plane la menace du ressentiment du Saint-Office... (fonds Marchand 2, Lettres à P. Marchand, 9, 27, et Mercure et Minerve, 21 janv. 1738, Lettre du marquis d'Argens, 28 sept. 1737, p. 60-64).

Tandis qu'il achève de rédiger les lettres du 5e tome, où, à l'en croire, il s'est surpassé, d'Argens demande à P. Marchand s'il doit envisager un 6e tome. C'est que, remarque-t-il, il n'est guère de matière qui n'ait été effleurée et il ne voudrait pas «tomber dans des répétitions ou dans des choses froides et rebattues» (fonds Marchand 2, Lettre à P. Marchand, 25). Pourtant, après avoir fait un «bordereau» de ses sujets, il constate qu'il a encore suffisamment d'éléments pour un autre volume (ibid., 28) et pour les lettres «surnuméraires» qui seront placées dans les différents tomes de l'édition de 1738. Paupie aurait bien aimé obtenir un 7e et un 8e volume (ibid., 33), mais d'Argens, qui redoute que la longue durée de l'ouvrage ne finisse par ennuyer le public (ibid., 34), décide, en accord avec Marchand, de s'en tenir au 6e volume «non plus ultra»( ibid., 6). D'ailleurs, un autre projet de périodique lui est venu à l'esprit et il le réserve à Paupie: les Lettres cabalistiques, sous une fiction renouvelée, prendront le relais des Lettres juives.

Celles-ci, cependant, ne vont pas être pour autant oubliées. Les rééditions et les contrefaçons attestent le retentissement prolongé de l'ouvrage. Le 21 février 1738, la Gazette d'Amsterdam nous apprend que Paupie ne dispose plus d'exemplaire de l'édition périodique et qu'il a sous presse une autre édition «en corps ou recueil»: c'est la grande édition de 1738, soigneusement composée et corrigée, augmentée, assortie de remarques et notes historiques (que d'Argens a données gratis à Paupie), pourvue d'une Table des matières et destinée à «faire tomber» la contrefaçon de Bousquet à Lausanne. Car les Lettres juives n'ont pas manqué d'être contrefaites – en Allemagne (fonds Marchand 2, Lettre de d'Argens, 8), en terre papale, à Avignon (en ce qui concerne les deux premiers tomes: ibid., 9 et L.J., t. IV, Préface), et surtout en Suisse où M.M. Bousquet, en 1738-1739, tente de contrecarrer la nouvelle édition de Paupie, au sujet de laquelle il multiplie les fausses imputations, par sa propre édition ornée d'un Avertissement et d'un Supplément – «misérables pièces», selon d'Argens (Lettres chinoises, t. I, Préface) qui songe à les publier lui-même pour les rendre plus méprisables (ibid., éd. 1751, Lettre aux éditeurs du Journal helvétique).

Assez régulièrement réparties à travers le siècle, les rééditions (y compris celles des contrefaçons et des traductions: Londres, 1744, 1765-1766, Dublin, 1753, Berlin, 1770-1773...) montrent que les Lettres juives n'ont pas cessé de plaire aux lecteurs par leurs qualités d'imagination, d'esprit, de gaieté et de piquant, par la variété des matières et aussi le caractère philosophique du propos – «ces vérités courageuses» que loue Voltaire (lettres à d'Argens, 10 et 20 déc. 1736) «au nom de tous les gens qui pensent». Rien d'étonnant qu'elles aient été réimprimées notamment quand le combat des Lumières et la lutte contre l'Infâme se sont intensifiés. Le 3 mars 1754, Voltaire signale à d'Argens que les Lettres juives ont été brûlées peu auparavant à Colmar... C'est dire que l'ouvrage, dans son libertinage érudit, a gardé toute sa force, et, effectivement, des œuvres de d'Argens, ce sont les Lettres juives qui ont eu, et à juste titre, le plus de succès. Voltaire ne se trompait pas quand il prévoyait leur «succès invariable» (lettre à d'Argens du 22 juin 1737). Au point qu'elles ne se dissocient pas du nom de d'Argens – «l'auteur des Lettres juives», ainsi qu'il se désigne lui-même en tête de nombre de ses livres, l'«ingénieux auteur des Lettres juives» (Bibliothèque germanique, art. cit.), ou encore, sur un mode plus familier, le «cher Isaac» de Voltaire.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Les annonces du Leidsen courant confirment la publication en feuilles et en volumes: en feuilles le 12, le 16, le 21 décembre, et le 30 mars 1736 pour le tome I. Les cinq premiers volumes sont mis en vente le 24 mai 1737; Paupie «a imprimé et débite actuellement les cinq premiers volumes des Lettres juives, etc., contenant les XL premières; et il continuera de donner exactement les suivantes les lundi et les jeudi de chaque semaine». La réédition augmentée en 8 vol. avec tables est signalée le 7 et le 11 juillet 1738.

Auteur additif

Titre indexé

LETTRES JUIVES

Date indexée

1735
1736
1737

JOURNAL DE COMMERCE 1

0643
1759
1762

Titre(s)

Journal de commerce devient en décembre 1761: Journal de commerce, et d'agriculture.

Le Journal n'a pas connu de continuation effective malgré les propositions du Parisien Dufresne (voir plus loin).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1759-décembre 1762. Il est approuvé d'abord par le censeur N. Kerpen, chanoine pléban de Sainte-Gudule, le 28 novembre 1758. Le privilège impérial a été accordé le 13 août 1761 (Bruxelles, Archives générales du royaume, Conseil privé autrichien 1065; il est également imprimé dans la livraison de janvier 1762). Pour le prospectus voir plus loin. La périodicité annoncée est mensuelle et l'ensemble de la collection tient en 48 fascicules datés, reliés en un nombre variable de volumes. L'Avertissement de janvier 1761 fait allusion à des retards d'impression. Un avis imprimé en janvier 1762 signale le retard des expéditions par «défaut de fonds», les souscripteurs ayant tardé à renouveler leur abonnement. La périodicité réelle du Journal n'a donc pas été mensuelle.

Description de la collection

Pas de tomaison annuelle ou autre imprimée. Quand elle existe, elle est le simple fait des relieurs. Le nombre de pages varie d'un fascicule à l'autre; elle se situe pour la période 1759-1760 entre 199 et 234 p., et pour la période 1761-1762 entre 156 et 199 p. Chaque livraison possède sa pagination propre et l'imposition des feuilles est in-8°. Les dimensions varient en raison du rognage effectué lors de la reliure. L'aspect des volumes est celui des in-8° courants.

Le Journal s'adjoint à partir de janvier 1761 l'éloquente devise (constituée de trois «dicta»?); Jubet amor patriae, natura juvat, sub numine crescit.

Il ne comporte pas d'illustrations mais de temps à autre des hors-texte de grand format pliés aux dimensions des fascicules, ainsi que des pages non chiffrées, viennent s'ajouter à l'ensemble.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le Journal paraît de janvier 1759 à décembre 1760 sous la marque bruxelloise réelle de l'imprimeur J. Vanden Berghen, domicilié Vieille Halle au blé. A partir de janvier 1761 le périodique paraît sous la marque bruxelloise réelle du libraire-imprimeur P. de Bast, imprimeur du gouverneur général, domicilié Montagne de la Cour.

La souscription annuelle pour 12 livraisons est fixée à 2 gros écus et demi, ou 15 £ de France, payable par anticipation. Vendu par livraison le Journal coûte plus cher: 2 escalins et demi ou 32 s. A partir de 1762 la souscription annuelle pour la France et l'Allemagne est portée à 20 £, soit une augmentation de 33%.

Le Journal est disponible dans les Pays-Bas, la principauté de Liège, dans les Provinces-Unies, en Suisse, dans les Etats allemands, au Danemark, en Grande-Bretagne (chez Seyffert à Londres) et dans toutes les villes françaises. Tout comme son confrère londonien, le libraire parisien Lambert fait offre de bons services.

Le nombre d'abonnés et le tirage du Journal sont inconnus. Il est dédié dès le n° 1 au prince Charles Alexandre de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Quoiqu'en ait prétendu J.M. Quérard (t. V, p. 39; t. VIII, p. 167-168) fidèlement suivi par plus d'un bibliographe et historien Catalogue des imprimés de la B.N.), le Journal n'est pas l'ouvrage de L.F. Le Camus et de l'abbé P.J.A. Roubaud. Les documents mis au jour par H. Hasquin font clairement état d'un seul auteur, Jacques ACCARIAS DE SERIONNE (1706-1792?). C'est lui qui l'a fondé et rédigé. Une malheureuse affaire financière força Serionne à se retirer dans les Pays-Bas vers novembre 1757. Il gagna la confiance du ministre plénipotentiaire de Vienne, Cobenzl, par des travaux et obtint de publier le Journal à partir de janvier 1759. L'affaire périclita au bout de trois ans et Serionne passa dans les Provinces-Unies (1763) pour s'installer ensuite en Autriche, où il serait décédé à Vienne en 1792. Son séjour à Bruxelles fut entrecoupé de voyages en Hollande; il rédigea et publia aussi son intéressant Almanach des commerçants (Bruxelles 1762).

Quoique les documents officiels soient muets sur ce point il est difficile de croire que Serionne ait été le seul rédacteur du Journal. Son biographe de 1889 affirme qu'il aurait reçu la collaboration assidue d'un économiste et négociant nantais, Jean Gabriel Montaudoin de La Touche (1722-1781). Le biographe omet du reste de prouver ce propos. Il est cependant avéré que La Touche collaborera aux Intérêts des nations de l'Europe de Serionne (Leyde 1766). Nous n'avons pu recueillir d'autres informations sur ce point. Remarquons cependant que la dédicace est signée A.D., initales qui désignent les signataires. Le privilège de 1761 mentionne J. de *** «notre secrétaire titulaire» comme seul requérant et «Auteur» du Journal. Accarias n'est nommé que par l'initiale de son prénom.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

L'Avertissement de janvier 1759 relayé par celui de janvier 1762 souligne la nouveauté du Journal à cause de sa portée utilitaire et son objet principal, le commerce, devenu une «science d'Etat». Le Journal offrira donc des études, des textes, des comptes rendus d'ouvrages spécifiques, des listes de prix, des adresses, des avis de circulation des denrées etc. mais il ne négligera pas les sciences auxiliaires du commerce telles que l'astronomie (pour la navigation), la chimie (pour les métaux), la botanique, l'histoire, le droit, la technologie.

Le programme ainsi proposé est assez fidèlement rempli. On trouve des annonces diverses (voies de circulation, ventes, prix, changes), des études entre autres sur le commerce étranger (en sept. 1759-avril 1760, dont H. Hasquin a prouvé qu'elles sont de Serionne), des avis divers (commerce, industrie, autorités locales, catalogues de firmes, manufactures, etc.), les cours des denrées et des produits à Amsterdam (cette rubrique disparaît en janvier 1761), le tableau des changes, des assurances, obligations et statistiques (disparaît en janvier 1762), des comptes rendus entre autres de L'Ami des hommes (janv. 1761 - mars 1762), des lettres (authentiques?) de lecteurs, pour la plupart anonymes, des textes polémiques (avec les physiocrates) et des études sur l'agriculture. Périodique équilibré, soigneusement relu comme le montrent les nombreux errata, bien à l'image de cette nouvelle presse spécialisée qui est en train de naître, le Journal qui reflète les vues gouvernementales de Vienne et de Bruxelles, n'appartient pas de fait à Serionne: celui-ci dispose d'une marge étroite pour se profiler et il y parvient. Le Journal n'est donc pas dénué d'intérêt.

Il existe des tables détaillées par années.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Les collections complètes du Journal sont rares: B.N., V 28726-28745; B.R. Bruxelles, VH 24923 (manquent la dernière livraison de 1759, la troisième de 1760 et les 3 dernières de 1762).

Bibliographie

Le Journal n'a pas été réédité et n'a pas été contrefait. Il est mentionné à l'époque entre autres par François Chevrier dans Le Colporteur (Londres 1762; cf. la réédition d'A. Van Bever, Paris, 1914, p. 14, 15, 116, 117, 254); Grimm, C.L. (t. VII, p. 258; t. VIII, p. 98); F.L., 1769, t. I, p. 405; B.H.C., p. 65; Cior 18, t. I, p. 216; D.P. 2.

Sur Accarias de Serionne, outre les archives de Bruxelles (Archives générales du royaume, secrétairie d'Etat et de Guerre 1233, 2247, 2248, 2250; Conseil privé autrichien, liasse 1065) et de Vienne (Österreichisches Staatsarchiv, Berichte DDA 75, 94; Depeschen DDA 43), on lira J. Accarias, «Un Publiciste dauphinois du XVIIIe siècle. Jacques Accarias de Serionne: sa famille, sa vie, ses ouvrages», Bulletin de l'Académie delphinale (1889), t. III, p. 487-533, et avant tout H. Hasquin, «Jacques Accarias de Serionne économiste et publiciste français au service des Pays-Bas autrichiens», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1974, t. I, p. 159-170. Voir également D.P. 2, art. «Accarias de Serionne».

Historique

Lancé en janvier 1759, pourvu de l'indispensable autorisation de la censure, le Journal de commerce, rédigé par Jacques Accarias de Serionne est une feuille gouvernementale comme tous les périodiques publiés alors dans les Pays-Bas autrichiens. En gagnant la confiance de Cobenzl par ses travaux Serionne ne peut cependant acquérir de fonction ou de titre officiels. Les Pays-Bas n'avaient pas encore de périodique commercial: le gouvernement de Bruxelles saisit l'occasion et c'est ainsi que Serionne devient journaliste. On ignore comment l'affaire s'est emmanchée: il n'a pas été trouvé de documents préalables à la parution dans les archives du Conseil privé, ni requête, ni consulte, ni décret. Le premier acte officiel connu est l'approbation par la censure: tout porte à croire qu'à ses débuts le Journal a été édité et imprimé par permission tacite issue des plus hautes autorités gouvernementales. Du reste, le Journal est régulièrement expédié à Vienne et il y donne satisfaction. Le 19 octobre, l'impératrice Marie-Thérèse enjoint au gouverneur général de payer à Serionne une gratification de cent pistoles (soit 1050 florins, somme considérable) qui sera versée sur les comptes secrets. Ces versements seront renouvelés annuellement jusqu'en 1762: ils font vivre Serionne et «son» périodique; le journaliste du reste demande et obtient plusieurs fois des versements anticipés. Il jouit donc manifestement de la bienveillance protectrice du gouvernement. Le Conseil privé rejette aussi en 1760 le projet d'une feuille plus ou moins concurrente; le 13 août 1761 le Journal reçoit enfin un privilège qui lui garantit certes l'exclusivité mais réserve aux autorités le droit de désigner «à l'avenir» un successeur de leur choix.

Il semble que les difficultés ont surgi assez tôt. L'Avertissement de janvier 1761 fait allusion à des difficultés d'impression. L'imprimeur Vanden Berghe est dit trop occupé pour imprimer «notre Journal avec toute l'exactitude que demande un Ouvrage de cette nature». Le retard accumulé (dont l'ampleur n'est pas précisée) sera rattrapé. On change d'imprimeur, on utilise des caractères nouveaux et d'un corps plus petit, ce qui permettra de supprimer «quelques feuilles» pour «la même quantité de matières». Effectivement la moyenne des pages est en régression. Mais des rubriques disparaissent également. Le Journal cesse brusquement de paraître après décembre 1762. Les raisons de cet arrêt non annoncé restent obscures. Manque de succès? H. Hasquin pense que le gouvernement n'a pas retiré le profit escompté. Profit financier? moral? Lorsqu'en 1765 le Parisien Dufresne sollicite un privilège pour continuer le Journal,il se voit débouté par le Conseil privé qui justifie son refus en estimant inutile la publication de journaux sans intérêt, sans succès, plus inspirés par «la fureur d'écrire et de gagner en écrivant» que par «le désir d'être utile». Allusion à Serionne? Celui-ci avait-il déplu? Nous ne le croyons pas, car les ponts avec Vienne ne furent pas rompus. Serionne prétend en 1763 qu'il est chargé d'une mission économique; il continue à rendre des services au ministre plénipotentiaire et est payé sur les fonds secrets pour ses prestations au moins jusqu'en 1767.

Il est par ailleurs évident que si le gouvernement avait absolument désiré la poursuite du Journal de commercei, il l'aurait mise en œuvre quand et comment il l'entendait. Or, il n'en fit rien. Des recherches nouvelles permettront un jour, espérons-le, d'apporter une réponse précise et concrète à cette question.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Gazette d’Amsterdam, 9, 13 février 1759: J. van den Bergh, libraire à Bruxelles, débite actuellement un Journal de Commerce qui a été très bien reçu du public. Il commence au 1er janvier de cette année et formera par mois un volume d’environ 200 pages. Cet ouvrage intéresse également les personnes qui font le commerce, celles qui l’étudient et celles qui le protègent. Il intéresse même ceux qui se livrent à l’étude de l’agriculture et des arts mécaniques. Il manquait au public un ouvrage périodique dans un genre si utile. La souscription est de 15 livres argent de France par année.

Gazette d’Amsterdam, 27 février avec adresses: On le trouve à Paris chez Lambert, libraire; à Amsterdam chez Rey et Magérus; à La Haye chez N. van Daelen et Gosse junior; à Cologne chez la veuve Krakamps; et à Liège chez Bassompierre. Ledit Van den Berghe le fera tenir par la poste, dans toute l’étendue de la France, aux personnes qui voudront le recevoir tous les mois par cette voie, franc de port, au moyen de 20 livres, argent de France, par année pour prix de ce journal [...].

Gazette d’Amsterdam, 20 avril: avis sur une contrefaçon envisagée par un libraire en Hollande; dorénavant les exemplaires du J.d.C. qui ne seront point paraphés par lui sur la première page, ne seront pas véritables .

Auteur additif

Titre indexé

JOURNAL DE COMMERCE 1

Date indexée

1759
1760
1761
1762

LE GLANEUR HISTORIQUE

0588
1731
1733

Titre(s)

Le Glaneur historique, moral, littéraire et galant. Ou recueil des principaux événements de cette année, accompagné de réflexions. On y trouve aussi les pièces fugitives les plus curieuses qui ont paru, tant en vers qu'en prose, sur toutes sortes de sujets et en particulier sur les affaires du temps. Pour l'année 1731, Tome I.

Modification du titre au t. II : Le Glaneur historique, moral, littéraire, galant et calottin. Ou Recueil des principaux événements arrivés dans le courant de cette année...

Modification au t. III : Le Glaneur historique, critique, politique, moral, littéraire, galant et calotin pour l'année 1733.

Continué par Le Secrétaire du public (1733).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er janvier 1731-8 juin 1733, 3 volumes. Paraît le lundi et le jeudi. La publication, plusieurs fois interrompue en 1731, est régulière à partir du 5 mars. T. I (1731) : 89 numéros au lieu de 104 ; t. II (1732) : 104 numéros ; t. III (1733) : 46 numéros pour 22 semaines.

Description de la collection

Chaque volume est composé de bulletins de nouvelles datés du jour et numérotés.

Le cahier compte 8 p. non chiffrées qui correspondent à deux numéros, 94 x 150, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A La Haye. Imprimé pour l'Auteur ; et se trouve chés la veuve de M. Uytwerf, A. Moetjens, A. Van Dole et M. Roguet. A Amsterdam chés H. du Sauzet. A Leyde chés J.A. Langerak. A Rotterdam chés J.D. Beman. A Utrecht chés E. Néaulme et dans les autres villes chés les libraires» (page de titre du t. I). Les deux premiers numéros paraissent à Amsterdam ; du 5 mars au 5 novembre 1731, le Glaneur est édité à Utrecht ; du 8 au 19 novembre, puis définitivement à partir du 26 novembre 1731, il est publié à La Haye (Couperus 1971, p. 18-19, 22). Le journal est édité à compte d'auteur ; le diffuseur des premiers numéros est Desbordes, à Amsterdam. A partir de mars, un réseau de distributeurs est mis en place ; il sera complété progressivement, en fonction du succès du journal (Couperus 1971, p. 22-23). Ce succès est en outre attesté par la publication de 11 suppléments en 1733 (Couperus 1971, p. 29).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Auteur: Jean-Baptiste Le Villain de LA VARENNE (1689-1745). Collaborateurs occasionnels : Jean Rousset de Missy et Jeannette Vaucher (Couperus 1971, p. 24-25).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le programme est annoncé par le titre, que La Varenne explicite dans sa préface : le journal réunit des pièces en vers ou en prose, souvent envoyées par les lecteurs ; il rapporte des anecdotes, des intrigues, des historiettes galantes ; l'auteur «glane» ce que les journaux savants laissent tomber (Couperus, p. 16). Le Glaneur historique rassemble effectivement des anecdotes littéraires, des annonces, des comptes rendus d'ouvrages ou de débats récents, des échos de querelles religieuses ou politiques. Cette chronique littéraire présente l'avantage d'être datée avec précision. Principaux auteurs cités : Voltaire, Rousset de Missy, Chamillard, Desfontaines.

Index des noms de personnes, des titres d'ouvrages et des thèmes traités, dans Couperus 1971, p. 281-324.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collection étudiée: B.N., Rés. Z Beuchot 1282 (t. I) ; Ars., 8° H 26632 (t. II-III). Coll. presque complète à la B.R. La Haye, 234 L9, 10, 11 (voir Couperus 1971, p. 21) ; coll. complète à la Sächsische Landesbibliothek, Dresde.

Bibliographie

D.P. 2, art. «La Varenne». – Couperus M.C., Un périodique français en Hollande « Le Glaneur historique» (1731-1733), La Haye et Paris, 1971 (bibliographie, p. 271-280).

Historique

J.B. Le Villain de La Varenne, bénédictin défroqué, établi en Hollande depuis peut-être 1720 (Couperus 1971, p. 47), se fait connaître par Le Glaneur qui attirera rapidement l'attention par la précision de son information, la malignité de ses attaques contre les jésuites et les jansénistes, l'indépendance de son esprit. Si la publication en est interrompue sitôt après le second numéro, c'est en raison d'un voyage de l'auteur à Paris, mais le succès est assuré dès la fin de l'année. Les t. I et II ont connu au moins deux éditions ; La Varenne parle de trois réimpressions (Couperus 1971, p. 21-22, 51). L'interruption du journal en mai 1733 est due à l'intervention du pouvoir. Bruys écrit dans ses Mémoires (cités par Couperus 1971, p. 49) : «Jean-Baptiste La Varenne est un petit homme taciturne et malin qui, trop livré à l'aigreur de la satire, s'est souvent fait de désagréables affaires par les traits envenimés qu'il lançait dans son Glaneur, ouvrage périodique contre lequel le gouvernement a marqué son indignation». Effectivement, l'ambassadeur des Pays-Bas à Paris, Van Hoeg transmet en juin 1733 les plaintes de la Cour de France. Il semble que les attaques de La Varenne contre le père Girard, puis contre le père Chamillard, et enfin des prises de parti en faveur des gallicans aient irrité le cardinal Fleury (Couperus 1971, p. 36-37). Cette irritation n'était pas sans fondement : en 1745 La Varenne publiera sous anonymat L'Examen de la religion ou «petit Burnet», l'un des grands traités d'impiété du XVIIIe siècle (Couperus I971, p. 66, 70, 221, 223). L'attribution de ce traité à La Varenne, clairement prouvée par M.C. Couperus, augmente l'importance du Glaneur ; elle donne aussi un nouveau sens à l'ironie de l'auteur, à sa désinvolture, à son indépendance d'esprit.

Auteur

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s) : Il existe deux livraisons qui complètent le t. III du périodique, le n° XLVII du jeudi 11 juin 1733 et le n° XLVIII du lundi 15 juin 1733.Dans le n° XLVII, La Varenne publie une «Lettre de M. de Marivaux sur le Temple du goût de Voltaire»: cette lettre très critique, dont l'attribution reste incertaine, est suivie dans le périodique par la «Réponse du Glaneur à M. L.B.C.D. au sujet de la lettre précédente de M. de Marivaux», où La Varenne prend ses distances avec une lettre qui «aurait sans doute porté un rude coup à Voltaire, si elle avait été traduite en langage naturel». Voir François Moureau, «Marivaux contre Voltaire : une lettre retrouvée», Langue, littérature du XVIIe et du XVIIIe siècle. Mélanges offerts à Frédéric Deloffre, Paris, SEDES, 1990, p. 405-413. (F. M.)

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables : Le Leidsen courant des 19 et 21 novembre 1731 atteste que la distribution se fit en feuilles volantes pendant toute l’année 1731 : «Du Sauzet, libraire à Amsterdam ; J.A. Langerak à Leiden ; et E. Neaulme, libraire à Utrecht, débitent régulièrement deux fois par semaine [...] cette petite feuille périodique qui est imprimée in-8° dans un format propre à en faire des recueils à la fin de chaque année ; se trouve aussi dans les autres villes chez les libraires et dans les pays étrangers aux bureaux des postes». Avis répétés les 23 et 28 novembre 1731 ; 7, 14, 19 décembre 1731. (KVS)

Titre indexé

GLANEUR HISTORIQUE

Date indexée

1731
1732
1733

GAZETTE LITTÉRAIRE DE L'EUROPE 2

0573
1764
1784

Titre(s)

Gazette Littéraire de l'Europe.

De 1764 à 1766, elle ne serait d'après Hatin qu'une réédition augmentée de la Gazette littéraire de l'Europe d'Arnaud et Suard (voir ce titre).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Mars 1764 - mars 1784, une livraison de 240 p. par mois.

Description de la collection

120 vol., chacun comportant deux numéros mensuels de pagination continue. Chaque numéro comporte 240 p., 80 x 140 (15 cahiers de 16 p.) sans page de titre séparée.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam, E. Van Harrevelt, libraire dans le Kalverstraat, près le Diefjes-Steeg.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu du n° XCI (le seul que possède la B.N.): catalogue de livres nouveaux qui se trouvent chez E. Van Harrevelt, nécrologies, comptes rendus, relations de séances des Académies des sciences et de belles-lettres de Paris, mélanges: traductions, nouvelles anglaises et littéraires. Les numéros conservés à Philadelphie, d'après les indications données dans le National Union Catalog, témoignent du grand rôle joué par le débat sur l'Amérique dans les premières années suivant la discontinuation de la Gazette littéraire de Suard et Arnaud. Ils contiennent des extraits de nombreux ouvrages relatifs à l'Amérique: sur le gouvernement des Incas, l'histoire naturelle et politique de la Pennsylvanie, la description de Paraguay, l'histoire naturelle de la Guyane; les Recherches sur les Américains (de Cornélius de Pauw) occupent une partie de six numéros (août 1769 - janv. 1770); Lettre d'un fermier de Pennsylvanie (anonyme), Dissertation sur l'Amérique et les Américains (de Pernety), Expériences sur l'électricité par M. Franklin, l'Histoire générale de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique (anonyme), Voyages faits dans l'Amérique septentrionale (anonyme).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

La B.N. ne possède qu'un seul numéro, Z 49418 (t. XCI, n° 5, mai 1779). La British Library possède les vol. LXXXIX-CXVIII (1779-1783). La Philadelphia Public Library, d'après le National Union Catalog, possède une vingtaine de numéros datant de 1767 à 1771, contenant des extraits d'ouvrages qui traitent des colonies américaines et de la Pennsylvanie en particulier. Hatin mentionne une collection de 85 vol. à la bibliothèque d'Anvers (B.H.C., index, p. 627). Voir la notice précédente.

Bibliographie

B.H.C., p. 48; National union catalogue.

Historique

«La Gazette littéraire fut immédiatement contrefaite à Amsterdam. Une société de gens de lettres y commença dès 1764, sous le même titre, un recueil «contenant l'analyse et l'annonce de ce qu'offrent de plus pittoresque et de plus piquant les littératures française, anglaise, et allemande, avec les faits et anecdotes les plus intéressants». Cette publication n'était à l'origine que la réimpression du journal de Suard et Arnaud, augmentée cependant de plusieurs articles qui ne se trouvaient pas dans l'édition originale; mais elle s'est continuée jusqu'en 1784, et forme 120 vol. in-12» (B.H.C., p. 48). La Gazette littéraire de l'Europe de Suard fut en effet suspendue en mars 1766 au n° 30 (vol. VIII): l'organisation par volumes de la collection hollandaise n'était déjà plus la même, car la livraison de janvier 1767 en est alors au volume XVII. En fait la Gazette littéraire d'Amsterdam, à la différence de celle de Paris, ne compte que deux livraisons (mensuelles) par volume, le «n°» porté chaque fois ne correspondant qu'au mois de l'année (janvier étant toujours un «n° 1» et décembre un «n° 12»).

Additif

Historique: D’abord simple réimpression hollandaise de la Gazette littéraire de l’Europe parisienne, ce bimensuel s’en distingue à partir de 1766. Cette gazette, dont il existe une collection complète en 130 volumes à la Bibliothèque royale d’Amsterdam, a continué jusqu’en 1785.

Auteur additif

Titre indexé

GAZETTE LITTÉRAIRE DE L'EUROPE 2

Date indexée

1764
1765
1766
1767
1768
1769
1770
1771
1772
1773
1774
1775
1776
1777
1778
1779
1780
1781
1782
1783
1784
1785