LE SAGE MOISSONNEUR
Titre(s)
Le Sage Moissonneur ou le Nouvelliste historique, politique, critique, littéraire et galant. Le titre complet n'apparaît que sur la page de titre du premier volume : l'adjectif «politique» disparaît dès la première livraison.
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
Janvier 1741-décembre 1742. Six volumes : t. I-III, 1741, t. IV-VI, 1742. «Cette Quintessence politique, littéraire et galante [...] paraîtra tous les mois» (Avertissement, t. I, p. 4-5) ; la publication est très régulière et chaque année comporte douze livraisons.
Description de la collection
Chaque volume ou tome groupe quatre livraisons mensuelles d'environ 120 p. ; la pagination est continue à partir du t. II : t. II, 474 p. ; t. III, 472 p. ; t. IV, 496 p. ; t. V, 475 p. ; t. VI, 491 p. Les t. I et III comportent un Avertissement, le t. VI une Préface.
Cahiers de 24 p. in-12, 70 x 130.
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
A Utrecht, chez Etienne Néaulme.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
Contenu annoncé : «une vaste matiere touchant la politique, un Elixir bien choisi des nouvelles les plus essentielles, et de tout ce qui se passe en Europe ; une idée vraie des meilleurs livres nouveaux, les avantures galantes, quelques réflexions critiques et badines sur ces nouvelles» (Avertissement, t. I, p. 4). Chaque livraison commence par des réflexions politiques, suivies des nouvelles de chaque pays (Italie, Piémont, Suisse, Pays du Nord, Turquie et Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne et Portugal, Pays-Bas), complétées par des «nouvelles générales de l'Europe accompagnées de réflexions morales et critiques». Viennent ensuite des anecdotes et des nouvelles romanesques, des nouvelles littéraires, des questions et des énigmes. A partir du t. IV les nouvelles littéraires passent en tête de la livraison. Si le Sage Moissonneur englobe un très vaste domaine, la précision n'est guère son fait : les nouvelles politiques sont rarement datées (l'auteur le remarque lui-même dans l'Avertissement du t. IV) et les nouvelles littéraires ne fournissent que des extraits impersonnels, sans indications bibliographiques. Cependant l'auteur est très au courant des publications récentes et mentionne à plusieurs reprises des ouvrages nouveaux de Voltaire (t. I), du marquis d'Argens (t. I), de Prévost (t. I-IV), de Marivaux (t. IV), de Crébillon, Duclos et Voisenon (t. V). Il s'intéresse à toutes les disciplines : histoire, géographie, sciences et littérature.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
Ars., 8° H 26 636 ; B.M. Senlis ; Ste G.
Historique
L'éditeur Etienne Néaulme cherche, comme la plupart de ses concurrents dans les années 1740, à rassembler dans un même journal les avantages du mensuel politique, de la bibliothèque littéraire et des nouvelles mondaines, le tout présenté dans le style d'un «spectateur». Il s'inspire à la fois du Mercure historique, dont il imite, en les abrégeant, les synthèses mensuelles, de la Nouvelle Bibliothèque éditée par Paupie, ou des Amusements littéraires de Formey. L'Avertissement du premier volume atteste que les premières livraisons ont été publiées séparément, et qu'elles ont rencontré un certain succès ; mais certaines critiques à l'encontre de «têtes couronnées» et notamment des «monarques prussiens» ont éveillé des susceptibilités ; c'est la raison pour laquelle le mot «politique» sera retiré du titre. Il semble que les livraisons séparées aient été réservées aux Pays-Bas, l'édition reliée, destinée à l'exportation, étant au besoin corrigée : «la plupart des mois ont été revus, retouchés et augmentés» (Préface, t. VI). On ne connaît pas l'auteur de ce journal, mais quel qu'il soit, il est visible qu'il a travaillé sous le contrôle étroit d'Etienne Néaulme : celui-ci a censuré les articles politiques, orienté les comptes rendus vers ses propres éditions ; il a imposé une stricte périodicité et pour cette raison, a regroupé fréquemment des contributions venues de l'extérieur ; en décembre 1742, il se plaint de recevoir trop de lettres et de manuscrits, et pense désormais à les publier sous la forme de recueils (t. VI, p. 472-473). C'était en fait retirer au journal le peu de personnalité qu'il avait, et le projet n'eut pas de suite.
Additif
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Cette revue fait l’objet de différentes annonces, en particulier dans le Leidse courant :
28 avril 1741 pour le vol. de janvier-mars : «C’est une quintessence des nouvelles, choisies avec beaucoup d’art et de discernement et accompagnées de réflexions morales, critiques et badines, qui répondent autant d’enjouement que de clarté sur tous ses sujets etc.»
Les 4 et 7 août 1741, on signale un incident : «E. Neaulme, libraire à Utrecht, s’étant aperçu que dans l’ouvrage périodique qu’il débite tous les mois sous le titre du Sage Moissonneur, il s’est glissé plusieurs articles où l’auteur s’est oublié à un tel point que de manquer au respect qu’il doit aux têtes couronnées jusqu’au point d’avancer des nouvelles absolument fausses, comme est ce qui se trouve à la page 45 du mois de mai de cet ouvrage que les habitants de ce pays (la Silésie) commencent à sentir vivement les vexations et les cruautés inouis qu’on exerce contre eux ; et à la page 47 [...]. C’est avec du chagrin qu’E. Neaulme a vu ces articles ; il les désavoue absolument comme étant de fausses nouvelles. Ce libraire demande excuse de ce que de tels articles se trouvent dans un ouvrage où son intention était de ne choquer personne. S’il y a d’autres articles dans ce genre, le même libraire les désavoue et est très mortifié que cela soit ainsi, et pour la suite il promet de faire en sorte qu’il n’y ait rien que de vrai dans cet ouvrage et rien qui puisse choquer personne».
Le 22 février 1743, Néaulme lance un appel publicitaire pour l’ensemble de la collection : «Cet ouvrage renferme tous les événements considérables arrivés pendant les années 1741 et 1742. C’est un excellent précis de tout ce qui s’est passé de plus important en Europe. Les faits historiques y sont placés [dans un] grand choix et un arrangement qui ne peut manquer de plaire infiniment. C’est pour ainsi dire une espèce de Bibliothèque raisonnée tant sur les Ouvrages des scavans que sur la politique et les ouvrages militaires pendant le cours de ces deux années. Les pièces fugitives sont des meilleurs poètes modernes. On ose avancer que le Moissonneur est digne de l’attention des personnes du meilleur goût, et qu’il pourra aux siècles les plus reculées servir de modèle pour travailler à l’histoire de notre temps, soit par rapport aux matières qu’il contient, soit par l’art avec [lequel] elles sont maniées. Le style en est enjoué, correct et très propre à captiver ceux qui aiment l’utile et l’agréable. La critique modérée, elle ne fait qu’animer les réflexions et attacher le lecteur: elle est juste, courte, précise, mais très claire et tout à fait amusante. En 6 vol. 12 pour ƒ 7.5 jusqu’au premier d’avril, et après s’il en reste encore, pas à moins de ƒ 10».
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