SUPPLÉMENT DES NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES 2

1244
1734
1748

Titre(s)

Supplément des Nouvelles ecclésiastiques. Chaque numéro porte en titre : Suite du Supplément.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

5 janvier 1734–10 décembre 1748. Hebdomadaire ; sans périodicité annoncée, sans autorisation. Il paraît environ 50 numéros par an, rassemblés en 16 tomes annuels, regroupés en 4 volumes : 1734-1738, 1739-1742, 1743-1746, 1747-1748.

Description de la collection

La pagination est continue pour l'année et va de 144 p. à 234 p. Chaque numéro est fait d'un cahier de 4 p. in-4°, 180 x 250, sur deux colonnes ; exceptionnellement le numéro peut compter deux cahiers (21 avril et 22 nov. 1735) ; des comptes rendus sont parfois répartis sur deux numéros.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Aucune indication de provenance. Une note manuscrite ancienne sur l'exemplaire de l'Ars. déclare : «Une anecdote singuliere sur son impression est que les jésuites le faisoient imprimer chez un nommé Luceux demeurant pres St Etienne des Grey [près de Saint-Rémy de Provence] ; et que l'on découvrit à la mort de cet imprimeur que c'etoit lui qui imprimoit aussi les Nouvelles Ecclesiastiques dont cet Ouvrage est la réfutation». On a parfois nommé Lyon comme lieu d'impression, mais sans preuve, il n'est pas impossible que le Supplément ait été imprimé et diffusé dans le midi, où les jésuites disposaient de solides bases de propagande (Marseille, Avignon, Arles).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le Père Louis PATOUILLET serait le principal auteur du Supplément (Feller, Sommervogel).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«Le titre de Supplément qu'il porte, en marque précisément la fin. On s'y propose en effet de suppléer la vérité qui manque à cette Gazette, dans laquelle elle est presque toujours, ou artificieusement dissimulée, ou positivement détruite par le mensonge que l'Auteur y substitue» (Avertissement, t. I). Chaque numéro est composé, à la manière des Nouvelles ecclésiastiques, de lettres envoyées de différentes villes, mais par des partisans de la constitution Unigenitus. On y relate des querelles entre les évêques et leur chapitre, entre curés et paroissiens, entre les moines (bénédictins, carmes ou capucins) et leur supérieur. On y donne de «nouvelles preuves de la mauvaise foy et de la fourberie du Gazetier Janséniste» (30 juin 1734), des «traits de l'histoire courante du Jansénisme» dans chaque ville (5 avril 1734). On y dément minutieusement les miracles annoncés par les N.E., on ironise sur les prétendues convulsions et les «extases prophétiques» des miraculées et des «aboyeuses» saisies de «vapeurs hystériques» (7 juil. 1734). Entre les informations fournies par les N.E. et leur réfutation dans le Supplément, on compte en général deux mois d'intervalle. A partir de 1735, la polémique se développe sur l'interprétation des convulsions et fait longuement état des divisions du parti janséniste, du conflit entre Mme Mol et l'abbé Duguet d'une part, Poncet et Le Gros d'autre part (22 nov. 1735), des différentes tendances qui se font jour entre «simples Convulsionnistes» conduits par Boursier, Vaillantistes (du R.P. Vaillant) et Augustinistes, «dont le frère Augustin est auteur» (30 juin 1735). On se moque du «système du Mélange» de Boursier, selon lequel les convulsions sont dues à la fois à l'Esprit saint et à «l'Esprit impur» ou des «extravagances des Figuristes», développées par Vaillant (22 oct. 1734, 31 mars et 30 juin 1735). Le Supplément contient aussi de longues réfutations des ouvrages jansénistes : Lettres curieuses sur le personnage d'Elie (1er nov. 1734), Lettres théologiques de La Taste (15 sept. 1735), œuvres de Nicole, thèses, mandements et pastorales (en particulier de l'évêque d'Auxerre). Ces longues argumentations à base de traités de théologie donnent au Supplément une lourdeur que n'ont pas les N.E. à la même époque ; le Supplément, qui s'adresse visiblement à des gens d'Eglise, ne se fait pas faute de dénoncer le côté populaire et le «langage des Halles» de son rival (10 déc. 1748).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 4° H 8906 ; B.N., 4° Lc3 5 ; Institut Catholique, 9863.

Auteur

Titre indexé

SUPPLÉMENT DES NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES 2

Date indexée

1734
1735
1736
1737
1738
1739
1740
1741
1742
1743
1744
1745
1746
1747
1748

SUPPLÉMENT DES NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES 1

1243
1733
1736

Titre(s)

Supplément des Nouvelles ecclésiastiques.

Les feuilles sont simplement titrées Suite du Supplément.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Juin 1733 – 22 novembre 1736. Ce Supplément,qui s'inscrit dans la longue lignée des Suppléments à la Gazette d'Hollande,regroupe des informations du 15 juin 1733, puis donne des feuilles datées tous les dix jours (en 1734), puis chaque semaine depuis le 1er janvier 1735 jusqu'au 22 novembre 1736, avec quelques interruptions, notamment en 1736. La collection compte 3 volumes annuels: vol. I, juin 1733 – déc. 1734; vol. II, 1er janv. – 31 déc. 1735; vol. III, 1er janv. – 22 nov. 1736.

Description de la collection

Trois volumes de 164, 200 et 176 p., avec un Avertissement en tête du t. I. Pagination continue ajoutée après coup. Cahiers de 4 p. et parfois 8 p. sur deux colonnes, format in-4°, 155 x 220.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Ce journal est conçu comme le Supplément à la Gazette d'Hollande. Les nouvelles, présentées sous forme de lettres, sont issues de lieux de forte contestation janséniste: Auxerre, Châlons, Besançon, Reims, Paris, Sens, Troyes, etc. On y dénonce inlassablement les excès des convulsionnaires, des «fanatiques», des «novateurs», de la «fabrique des miracles du Sieur de Paris» sur un ton anecdotique et volontiers satirique. On y fait aussi la critique minutieuse des numéros des Nouvelles ecclésiastiques (en général trois mois après leur publication) et des thèses soutenues en Sorbonne. Contemporain du Supplément du R.P. Patouillet, mais aussi des Réflexions judicieuses sur les Nouvelles ecclésiastiques (ouvrage vivement vanté dans le numéro du 15 juin 1736), ce Supplément paraît entrer dans un vaste dispositif de réplique aux Nouvelles ecclésiastiques, peut-être selon une prudente répartition géographique.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 4° H 8905.

Auteur

Titre indexé

SUPPLÉMENT DES NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES 1

Date indexée

1733
1734
1735
1736

SUPPLÉMENT À LA GAZETTE D'HOLLANDE

1236
1718
1723

Titre(s)

Supplément à la Gazette d'Hollande.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Sous ce titre ont paru, de novembre 1718 à avril 1723, plusieurs collections de périodiques mensuels, issus d'une même source d'information mais distribués par différents éditeurs. Il n'en existe aucune collection complète et la plupart des recueils conservés sont factices, même s'ils comportent une pagination continue. L'étude des collections connues permet de distinguer trois centres de publication:

 A) Avignon, Girou, novembre 1718 – décembre 1721; série continue, publiée par Antoine puis Charles Girou, «A la Bible d'Or», paginée de la p. 1 à la p. 362.

 B) Liège et parfois Douai, Luxembourg, Bruxelles: série continue avec Suppléments et Suites (non incorporées dans la pagination). La collection de la B.N. semble être une réédition de cette série, complétée avec d'autres, de janvier 1719 à janvier 1723.

 C) Lyon (Chise?): il n'existe pas d'exemplaire de cette édition dont l'existence fut brève (fin 1721 – début 1722), mais il est possible que le Supplément ait pris le titre de: Lettres curieuses de différents endroits (voir ce titre); cet atelier fut sans doute la source d'information de tous les autres.

Description de la collection

La série A, apparemment complète, groupe 38 livraisons mensuelles depuis le «Premier Supplément à la Gazette d'Hollande», précédé d'un Avis de novembre 1718, jusqu'à décembre 1721. Périodicité mensuelle: «Il ne partira qu'une fois au commencement de chaque mois, non par faute de matières convenables à ce dessein, mais pour laisser avancer quelque temps la Gazette d'Hollande, puisque celle-ci n'en est que le Supplément» (Avis, p. 1). L'année 1718 comporte effectivement deux livraisons: chacune des années suivantes en comporte douze. La première feuille est de 4 p., les suivantes de 8 p., 150 x 220, in-4°, imprimées sur deux colonnes.

La série B est représentée par plusieurs recueils factices de présentation variable. L'exemplaire lyonnais (B.M., 377 580) en donne sans doute la version originale. Il fournit plusieurs Suppléments imprimés à Douai (30 juin 1720) puis à Luxembourg (juil. 1720-janv. 1721, p. 1-64), texte en pleine page, 185 x 245, in-4°; à partir de mars 1721, le journal est imprimé à Liège chez Barnabé, sur deux colonnes, puis à Bruxelles, de juin à décembre 1721 (p. 73-154), avec la même présentation. L'exemplaire lillois appartient à la même série mais constitue sans doute une réimpression: quoique paginé de la p. 1 à 666, le recueil n'est pas homogène et comporte de nombreuses lacunes. L'exemplaire de la B.N. est, lui aussi, un recueil composite: on y trouve une réimpression des feuilles de janv. – avril 1719, des Suppléments et des Suites sans indication d'origine, des incohérences de pagination et des lacunes, mais il couvre la plus longue durée de publication (janv. 1719 – janv. 1723).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Série A: à partir d'avril 1719, l'adresse est «A Avignon, chez Antoine Girou, à la Bible d'Or»; Charles Girou lui succède en octobre 1719, à la même enseigne. La dernière feuille paraît sans adresse, le journal ayant dû être imprimé hors d'Avignon en raison de la peste (déc. 1721, p. 358).

Série B: la Suite du Supplément de février 1720 porte la mention suivante: «On avertit le Public qu'on imprime à Liège avec permission de Son A.R. le Supplément à la Gazette d'Hollande» (ex. de Lille, p. 173). En mars 1721, mention: «Se vend à Liège, chez Guillaume Barnabé, imprimeur de S.A.S.E.»; en septembre 1721, «A Bruxelles, chez Eugène Henry Frick» (ex. B.M. Lyon, 377 580).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu est constant d'une année à l'autre et d'une série à l'autre: «Ce Supplément contiendra les nouvelles favorables à la Constitution, comme la Gazette d'Hollande contient celles qui lui sont contraires» (Avis de la série d'Avignon, nov. 1718, p. 1). Par «Gazette d'Hollande», il faut entendre différents journaux publiés en Hollande, essentiellement la Gazette de Rotterdam de Janiçon, la Gazette d'Amsterdam de Charles Tronchin Dubreuil, mais aussi le Journal littéraire de La Haye, les Nouvelles littéraires de Du Sauzet, La Quintessence de Rousset de Missy. Ces journaux sont abondamment cités dans les premiers bulletins des Nouvelles ecclésiastiques publiés clandestinement de 1713 à 1728. Dans tous les Suppléments, le «Gazetier janséniste» est constamment pris à partie ainsi que tous les auteurs «schismatiques». De chaque paroisse, de chaque monastère arrivent des lettres de dénonciation contre les «quesnelistes» et leurs amis oratoriens, bénédictins, appelants de tous ordres (la liste des appelants est fournie à la suite du n° 1 de novembre 1718). Les ouvrages «pernicieux» sont accablés de sarcasmes; les bons livres sur la constitution Unigentius sont abondamment commentés; les mandements et monitoires des évêques constitutionnaires sont largement diffusés. On exalte les martyrs de la bonne cause, tel l'évêque de Marseille, Mgr. de Belzunce, pendant les années de la peste. On dénombre les hérétiques morts d'apoplexie violente ou sauvés au dernier instant par leur rétractation. Les Suites ne font qu'ajouter de nouveaux témoignages et des lettres d'approbation d'avocats, de médecins, de théologiens de toutes origines.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

A) Ars., 4° H 8905 (nov. 1718-déc. 1721); B.M. Lyon, 377 580 (nov. 1718-déc. 1721); B.M. Grenoble, F 24 588 (deux collections de déc. 1718 à juin 1720 et août 1721).

B) B.M. Lyon, 377 580 (juin 1720-déc. 1721; interfolié avec l'exemplaire d'Avignon); B.M. Lyon, 507 852 et 507 853, deux collections identiques (30 juin 1720-janv. 1722; B.N., G 4312 bis (janv. 1719-janv. 1723); B.M. Lille, 063 427 (avril 1719 -févr. 1723).

Historique

Les divers Suppléments à la Gazette d'Hollande constituent un ensemble de première importance pour l'histoire de la controverse religieuse au XVIIIe siècle. Ils montrent en effet comment les Jésuites se sont organisés en 1715 pour résister à la politique du Régent et du cardinal de Noailles, avant même que les jansénistes aient mis en place le réseau des Nouvelles ecclésiastiques. Une première tentative avait rencontré en 1714 un insuccès total: la Nouvelle gazette contenant les mensonges des jansénistes,imprimée à Liège d'août 1714 à mars 1715, ne connut que trois feuilles (voir ce titre). Il ne s'agissait encore que d'un recueil de témoignages publiés sans périodicité réelle; il en fut sans doute de même pour les premiers bulletins des Nouvelles ecclésiastiques si l'on en juge par les résumés fournis pour 1713-1728 dans le t. I de ce journal. C'est sans doute Charles Girou qui eut le premier, en 1718, l'idée d'un périodique régulier. Il imprimait depuis 1714-1715, une contrefaçon de la Gazette d'Amsterdam. Le Vice-Légat s'était inquiété en 1716 de voir une gazette janséniste et protestante paraître en terre pontificale (voir R. Moulinas, L'Imprimerie, la librairie et la presse à Avignon au XVIIIe siècle, P.U.G., 1974, p. 290-293). En imprimant un Supplément, Girou offrait l'antidote avec le poison et pouvait se ménager un utile soutien du côté des Jésuites. C'est peut-être pour dissimuler cette duplicité que l'adresse du Supplément ne mentionne d'abord qu'un de ses parents, Antoine Girou. Le Supplément d'Avignon eut une publication régulière et ne disparut que du fait de la peste en décembre 1721. Mais dès la fin de 1719 était apparu un autre Supplément imprimé à Liège; une lettre de Liège du 30 avril 1721 déclare: «A la réquisition d'Urbain Ancion, imprimeur de la ville, le Consistoire avait déclaré le 17 mars 1720 que c'étoit par la permission du Vicaire Général et la sienne qu'il imprimoit le supplément à la Gazette d'Hollande...» (ex. de Lille, Suite du Supplément d'avril 1721, p. 386). Urbain Ancion avait donc obtenu avant mars 1720 une permission qu'on trouve effectivement mentionnée en février 1720 (p. 173). Le Supplément d'Avignon ne manque pas de signaler, en juillet 1720, cette publication «qui s'imprime fort loin d'Avignon» (p. 190); il ne la dénonce pas mais se contente de noter quelques différences. Ce second Supplément s'imprime à Liège jusqu'en juin; mais les Jésuites rencontrent une forte opposition. En mai 1721, le libraire Barnabé, «dont tout le crime est de s'être servi du privilège qu'il avoit de réimprimer les Supplémens à la Gazette d'Hollande» (Lettres adressées à l'Autheur du Supplément à la Gazette d'Hollande, ex. de Lille, numéro du 1er juin 1721), est attaqué en justice par les religieux d'Orval. Barnabé se défend devant le Consistoire: «Il y a dit aux Jésuites qui en sont, que c'étoient eux qui l'avoient engagé et qui lui avoient fourni les Mémoires. Le P. Stephani lui répliqua: Vous en avez menti. Vous avez diffamé la Maison d'Orval, et vous voulez encore calomnier la Société» (Nouvelles ecclésiastiques, t. I, p. 74, lettre de Liège du 13 juin 1721).

Le Supplément, interdit à Liège, semble avoir eu du mal à trouver, entre Douai, Luxembourg et Bruxelles, un asile stable, et les jansénistes purent croire avoir gagné la partie. Dans une «Lettre écrite à l'Auteur du Supplément à la Gazette d'Hollande, à Grenoble, de premier may 1721», ils dénoncent, dans le style des Provinciales, les auteurs du Supplément, qu'ils supposent composé à Lyon. Le premier responsable du journal aurait été le R.P. Barberin, de la Province de Lyon: «Diable ou Ange, c'est pourtant lui qui pendant plus de deux ans a composé ce Supplément» (ex. de Lyon, 377 580, 1re pièce du recueil, p. 5). Dès décembre 1720, la Société, «craignant les suites du fougueux tempérament de Barberin», l'aurait envoyé à Aix lutter contre la peste; il aurait alors été remplacé par le R.P. André, capucin, qui grâce à l'aide des moines mendiants, aurait organisé le réseau d'information: «il a des correspondans dans toutes les villes du Royaume, et même avec grand nombre de Prélats, Cardinaux, Evêques et Archevêques les plus entêtés de la Constitution» (p. 6). L'auteur de cette lettre est sans doute le R.P. Aillaud, oratorien de Grenoble, connu pour avoir répandu en juin-juillet 1721, des «Dialogues» sur le Supplément; ces «Dialogues» n'ont pas été retrouvés, mais la Lettre du 1er mai 1721 en fait très probablement partie. Une lectrice anonyme devait mettre en doute les affirmations du R.P. Aillaud dans une réponse imprimée (2e pièce du même recueil). Selon elle, il n'y eut pas de Supplément imprimé à Lyon, et l'oratorien aurait méconnu l'existence du Supplément de Liège. Il ne l'ignorait certainement pas, à en juger par ses sources; et l'on a de bonnes raisons de croire qu'il ne se trompait pas en attribuant à une équipe lyonnaise la responsabilité du Supplément. A comparer les diverses collections, on constate que l'information leur est commune pour une bonne part (de 30 à 50%), et que chaque série y ajoute des témoignages régionaux relevant de son aire géographique. Si l'on ajoute à cette observation le fait que les différentes séries ne s'attaquent pas l'une l'autre mais se citent assez souvent, on sera amené à leur attribuer une source et peut-être une direction commune. Cette direction était très probablement lyonnaise, mais les Jésuites ne parvinrent jamais à installer leur journal en France. Ils le tentèrent à la fin de 1721, mais sans succès.

Le Supplément d'Avignon fait allusion à cette tentative le 25 décembre 1721, mais pour démentir aussitôt la nouvelle (p. 358). Aucun exemplaire d'une édition lyonnaise n'a été retrouvé. Camusat écrit cependant, au début de 1722, dans la préface des Mémoires historiques: «On voit un malheureux libelle anathémisé par les puissances ecclésiastiques et séculières, on voit, dis-je, ce malheureux libelle, ce supplément fade et informe se répandre dans tout le royaume et séduire une multitude ignorante». Deux notes précisent qu'il s'agit d'un Supplément à la Gazette de Hollande, et qu'il a été condamné au Parlement de Besançon. La livraison de février des Mémoires historiques signale la chute du journal: «On a enfin surpris en flagrant délit le libraire de Lyon qui imprimoit le calomnieux et extravagant Supplément à la Gazette de Hollande dont les jésuites sont les colporteurs. Le libraire s'appelle Chise et est beau-frère de Bruisset, imprimeurs et agents de la Société» (p. 39). Selon Camusat, les Jésuites auraient tenté de faire renaître leur journal sous le titre de Lettres curieuses (voir ce titre). L'affaire fit du bruit et le R.P. Le Courayer la mentionnait encore, quelques années plus tard, dans sa Relation (t. II, p. 59; G.H., p. 193-194). On peut donc supposer que le Supplément de Lyon fut réellement publié de décembre à janvier. Le Supplément de Bruxelles, lui, vécut encore deux années. Tout ce que purent faire les jansénistes fut, semble-t-il, de publier un faux supplément de Bruxelles, vigoureusement dénoncé par les Jésuites en avril 1722 (ex. B.N., p. 550; ex. Lille, p. 550). En fait, les Jésuites, fermement tenus en bride par les parlementaires gallicans et par le Conseil de Conscience du Régent, ne maintinrent leur présence dans le public que par une guérilla incessante. Nous n'avons sans doute atteint qu'une partie des publications éphémères qu'ils lancèrent sous la Régence (voir les Lettres adressées à l'Auteur du Supplément),pour se défendre d'un ennemi insaisissable et plus dangereux que les protestants eux-mêmes. Les jansénistes ne purent faire mieux que de suivre leur exemple avec les Nouvelles ecclésiastiques; encore mirent-ils beaucoup de temps avant d'atteindre à la même efficacité.

Auteur

Titre indexé

SUPPLÉMENT À LA GAZETTE D'HOLLANDE

Date indexée

1718
1719
1720
1721
1722
1723

SUPPLÉMENT À L'ESPION ANGLAIS *

1235
1781

Titre(s)

Supplément à l'Espion anglais, ou Lettres intéressantes sur la retraite de M. Necker; sur le sort de la France et de l'Angleterre; et sur la détention de M. Linguet à la Bastille. Adressées à Milord All'Eye. Par l'auteur de l'Espion anglais.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un volume publié en 1781. Il ne s'agit pas d'un périodique ni d'une suite à L'Espion anglais, mais d'une supercherie littéraire qui permet à l'auteur de diffuser un pamphlet sous le nom d'un périodique alors très connu.

Description de la collection

Le volume comporte quinze lettres, non datées et de longueur très inégale: deux pages d'«Avertissement du libraire anglais», non chiffrées, texte p. [5]-222, imprimé sur cahiers successifs (A-O). Cahiers de 16 p. in-4°, 105 x 185.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Londres. Chez John Adamson (Amsterdam?).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Joseph LANJUINAIS.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le programme impliqué par le titre est fidèlement suivi: la retraite de Necker (Lettres 1-5); les relations franco-anglaises pendant la guerre d'Indépendance (Lettres 6-7); la constitution et l'histoire de l'Angleterre (Lettre 12); les lois, l'industrie, la littérature en Angleterre (Lettres 13-14); la détention de Linguet (Lettre 15). L'auteur prend la défense des philosophes, cite La Chalotais, d'Alembert, Marmontel, mais dans un pamphlet dont l'inspiration est surtout violemment anti-anglaise.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, P 3620; B.N., 8° Lb30 221.

Bibliographie

Rééd. en 1782, B.N., 8° Lb30 221 A.

 

Historique

Auteur

Titre indexé

SUPPLÉMENT À L'ESPION ANGLAIS *

Date indexée

1781

LE SPECTATEUR LITTÉRAIRE 1

1222
1728

Titre(s)

Le Spectateur litteraire. M.DCC. XXVIII. Première [-Quatrième] Feuille.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Approbations du 10 janvier 1728 pour la 1re feuille, du 1er février pour la 2e, du 13 février pour la 3e, du 23 février pour la 4e; permis d'imprimer et de distribuer le 10 janvier 1728 pour la 1re feuille; privilège (à la fin de la 3e feuille) délivré à Chaubert le 23 janvier 1728. L'Avertissement en tête de la 1re feuille déclare: «On donnera exactement tous les lundis, une ou deux Feüilles de ce Spectateur Litteraire». On peut sans doute attribuer à la lenteur de la censure le rythme bimensuel de la revue.

Description de la collection

Publication en feuilles séparées de 24 p. in-12, avec pagination continue ajoutée pour le volume: p. [3]-22 pour la 1re feuille; p. [25]-50 pour la 2e; p. [51]-64 pour la 3e; p. [67]-91 pour la 4e.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Chaubert.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Attribué à Louis Mangenot, qui l'a désavoué dans le Journal des savants de févr. 1728, p. 254.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

«J'intitulerai mes Registres: Le Spectateur litteraire, et cela pour deux raisons: La premiere est que mes feüilles auront pour objet tout ce qui se passe et qui s'est passé dans la République des Lettres; et l'autre que j'aime beaucoup les Titres déjà connus» (1re feuille, p. 10-11). L'auteur confirme ainsi son attachement au titre et à la forme choisis par Marivaux en 1721. L'influence de Steele et Addison est plus évidente encore: quelques amis (un savant, un chevalier, un philosophe, un mondain et un abbé) s'entretiennent, dans une petite «académie» improvisée, au sujet des «Nouveautés». L'abbé attaque les Voyages de Cyrus de Ramsay, dont il a lu deux ou trois pages; un «Auteur à brochures» critique la Surprise de l'amour de Marivaux (p. 19-20), que défend chaleureusement le chevalier (1re feuille). La 2e et la 3e feuille portent sur les Eloges de Fontenelle, et particulièrement sur l'éloge de Newton, puis sur l'Essai philosophique sur la Providence de Dieu (de l'abbé d'Houteville). La 4e feuille commente le livre de Saint-Martin sur L'Utilité du pouvoir monarchique et la Méthode pour étudier l'histoire de Lenglet-Dufresnoy.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lyon, 377496: cet exemplaire est un recueil composé des Lettres 49 et 50 du Nouvelliste du Parnasse (janvier et mars 1732), des quatre feuilles du Spectateur littéraire et de quatorze feuilles de la Spectatrice (Paris, veuve Pissot, 1728, approbations du 14 mars 1728 au 5 janvier 1729).

Bibliographie

Bibliothèque française, t. XI, 2, p. 288 et 338. – Gilot M., Les Journaux de Marivaux. Itinéraire moral et accomplissement esthétique, Lille III, 1974, p. 875.

Auteur

Titre indexé

SPECTATEUR LITTÉRAIRE 1

Date indexée

1728

LE SPECTATEUR FRANÇAIS 2

1218
1770 ?
1772

Titre(s)

Le Spectateur françois, pour servir de suite à celui de M. de Marivaux.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Il est fort possible que le Spectateur de Delacroix ait paru en feuilles mensuelles depuis juin 1770: dans la collection de 1771-1772, on trouve au bas de la première page de chaque numéro l'indication de la date de publication, de juin 1770 à décembre 1772. Le Discours préliminaire fait allusion à une première publication: «Quoique les Journaux ayent déjà annoncé avec éloge les Feuilles que nous avons données, nous ne nous dissimulons pas qu'elles auraient pu être écrites d'un style plus enjoué»; mais aucune de ces feuilles séparées n'a été conservée. Les 6 volumes publiés sous la date de 1771 (t. I-III) et 1772 (t. IV-VI) rassemblent 30 feuilles, à raison de 5 «feuilles» ou «cahiers» par tome: le t. I réunit les feuilles de juin-oct. 1770; le t. II, de janv.-mai 1771; le t. III, de juin-oct. 1771; le t. IV, de janv.-mai 1772; le t. V, de juin-oct. 1772; le t. VI n'est daté que par la première feuille, de décembre 1772, mais irait, selon une note manuscrite de l'exemplaire consulté, jusqu'en février 1773. Les rééditions de 1777 (Peintures des mœurs de ce siècle) et de 1796 (Le Spectateur français avant la Révolution) prouvent que la collection en 6 tomes était bien complète: on y trouve une anthologie du S.F., du «Discours préliminaire» (t. I) aux «Adieux du Spectateur» (t. VI).

Description de la collection

Six volumes ou tomes de 351 à 360 p.; la division en feuilles n'apparaît que par les dates données à la fin de chaque page initiale de feuille; la seule division intérieure du volume repose sur les «Discours» successifs: 34 dans le t. I, 23 dans le t. II, 24 dans le t. III, 24 dans le t. IV, 23 dans le t. V et 28 dans le t. VI. Outre ces «Discours», on trouve beaucoup de «Lettres», non numérotées, de prétendus correspondants. Chaque feuille est composée de 3 cahiers de 24 p. in-12, 95 x 165.

Devise (en page de titre): «L'Etude propre à l'Homme est l'Homme même. Pope».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Paris, Chez [accolade] la V. Duchesne, rue Saint Jacques, au Temple du Goût, Lacombe, rue Christine».

«On adressera les Lettres, franches de port, à M. le Spectateur, chez la veuve Duchesne, Libraire, rue Saint Jacques. Et chez Lacombe, rue Christine [...]. L'on s'abonnera chez les mêmes Libraires: le prix de l'abonnement est de 9 livres pour Paris, et de 12 livres pour la Province, franc de port».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Jacques-Vincent DELACROIX. Le «Premier Discours» (t. I, p. 10) fait état de deux auteurs; jusqu'au t. III, les avis mentionnent toujours «les auteurs», et l'on trouve encore dans l'avis en fin du t. V cette remarque: «Les Auteurs ont pris la résolution, pour satisfaire le Public, de faire délivrer les trois volumes qui complettent la souscription, à la fin de chaque année». A partir du t. IV apparaît l'avis suivant: «M. de Lacroix, Avocat, rue Sainte Croix de la Bretonnerie, veut bien se charger de recevoir les souscriptions» (p. 360). Il semble bien que la pluralité d'auteurs ait été une fiction. Delacroix a abandonné le journal au milieu du t. VI; il annonce, à la fin du 15e discours (p. 287): «Mes chers Lecteurs, celui qui vous apparaissoit tous les mois ne s'offrira plus à vous qu'une seule fois; il a réuni dans d'autres mains la plume qu'il tient depuis deux ans». Un Avis confirme cet abandon: «Le nouveau Continuateur vient de faire paroître la seconde Feuille de cette année [janv. ou févr. 1772]». Il reste que la totalité de l'ouvrage est marquée du style de Delacroix, et que les rééditions sont présentées sous son seul nom.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Dans son Discours préliminaire, Delacroix se réfère à Addison et à Marivaux, non sans dénigrer sournoisement l'auteur du premier Spectateur français:«s'il eût voulu déployer tous ses talens, il nous auroit donné un excellent Spectateur; mais son esprit refroidi par la critique, peut-être émoussé par les années, s'est trop étendu sur les mêmes sujets» (on notera au passage que Marivaux, à l'époque du Spectateur français, avait un peu plus de trente ans). De même dans le 6e Discours: «son génie paresseux s'est bientôt fatigué; il est devenu long et diffus» (t. I, p. 78). Delacroix s'efforce donc de multiplier les sujets et de faire alterner le grave et le plaisant: «La Morale présentée sans art attriste et fatigue les lecteurs. Je me conformerai donc au goût de mon siècle; je deviendrai frivole pour lui plaire; mes discours ne seront point hérissés de sentences. Souvent je renfermerai la vérité dans un conte» (t. I, p. 57). L'influence de Marivaux sur Delacroix est néanmoins évidente: elle paraît dans l'alternance de «discours» ou de réflexions personnelles et de lettres présumées authentiques, qui forment souvent des esquisses de romans; elle paraît aussi dans le tour moral qu'il sait donner au commentaire de l'actualité, à de menues anecdotes, à des portraits, à des lectures. Son désir de plaire à tout le monde ne va pourtant pas sans une certaine duplicité. Il rêve «d'un Ouvrage écrit avec philosophie, égayé par l'esprit, et enrichi par l'imagination» (t. II, p. 209); il lui arrive plus souvent de passer de la frivolité au sentimentalisme. On va d'un conte léger (histoire d'Aglaé, qui lisait en cachette Les Amours de Lucile et de Doligny, t. I, 4e Discours) à l'histoire tragique de Faldoni (t. I, 9e Discours), d'une visite de la Chartreuse (t. I, 28e Discours) à une analyse du Système de la nature (t. I, 30e Discours), d'une visite à Saint-Domingue (16e Discours) à un long commentaire des tombeaux de Hervey (20e Discours). La même variété s'observe dans le choix des sujets: comptes rendus, récits de voyages, anecdotes, réflexions sur l'amour, l'amitié, la fortune, contes moraux (t. I), discours sur les spectacles, sur l'histoire de Charles-Quint, sur l'exil du Parlement, sur la musique italienne (t. II), sur les Salons, l'Opéra, le roi de Prusse (t. III), sur le roman sensible, le suicide, les opéras de Rameau (t. IV), sur Roméo et Juliette, sur le danger des romans, la révolution de Suède, le déceintrement du pont de Neuilly (t. V).

Table des discours et lettres à la fin de chaque volume, exception faite pour la table du t. IV, reportée au t. V.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Bibliothèque de la Comédie-Française, L 373-378.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Delacroix» de M. Gilot.

Les rééditions et les suites du Spectateur français sont nombreuses (voir la notice de M. Gilot). On peut noter deux rééditions, d'ailleurs incomplètes: Peinture des mœurs de ce siècle «ou Lettres et Discours sur différents sujets, par M. de La Croix» (1777, 2 vol.); Le Spectateur françois avant la Révolution «Par le Citoyen De La Croix, Ancien Professeur de Droit public au Lycée, Auteur du Spectateur français pendant le Gouvernement Révolutionnaire» (Paris, Buisson, an IV, 1 vol.). Les deux rééditions ne comportent qu'une partie des textes de l'original, mais donnent quelques textes postérieurs à 1772, en particulier les lettres écrites à Delacroix par Voltaire en 1772 et 1775. Quant au titre du Spectateur français, Delacroix l'a exploité jusqu'en 1830.

Historique

Il est possible qu'au début de son entreprise, Delacroix ait eu un associé. Dans le 26e Discours, au milieu du t. I, il déplore son départ: «O Dieu! quelle nouvelle! mon appui, le soutien de cet Ouvrage, mon cher co-Spectateur, m'abandonne; il va au loin chercher la fortune qui l'appelle» (p. 246). Après quoi, il publie quelques lettres de lui, de Lyon, de la Grande Chartreuse, de Saint-Domingue; mais il est possible aussi que tout cela soit pure fantaisie. On ne sait non plus s'il faut prendre au sérieux les allusions que Delacroix fait à sa propre existence: au tout début de son journal, il était jeune, pauvre et solitaire et n'avait encore que «l'expérience du malheur» (t. III, 7e Discours). Au milieu du t. III se manifeste une sorte de crise, réelle ou fictive; l'auteur, qui s'était engagé au début à un mélange «de contes agréables, de lettres enjouées et pittoresques», a désormais l'esprit «altéré par la douleur» (12e Discours, t. III, p. 145); il s'est jeté, par déception sentimentale, dans la dissipation, «cause de l'inégalité qui règne dans cet Ouvrage» (p. 149). Il renie maintenant la frivolité (p. 149-150); il s'engage pourtant, un peu plus tard, à éviter l'ennui et à égayer ses lecteurs (17e Discours, p. 222). Dans le t. IV, les «Discours» tendent à disparaître au profit des «Lettres», accompagnées de commentaires mélancoliques dans le style du temps; dans le t. V, on le verra hésiter entre Héraclite et Démocrite (1er Discours). On peut se demander s'il ne cherche pas à donner à son narrateur, comme il est d'usage dans les «Spectateurs», une personnalité originale. Quant aux opinions politiques et sociales de Delacroix, elles n'apparaissent qu'assez rarement dans son journal. Lors de la visite à la Chartreuse, il exprime, avec les accents d'un physiocrate convaincu, son aversion pour ce style de vie (t. I, p. 271-272). Un jour, il répond avec acrimonie à un rédacteur d'affichés provinciales qui semait son journal «de phrases obscures et épigrammatiques contre les Encyclopédistes et les Philosophes» (t. II, p. 209). Une autre fois, il répond ironiquement à Sabatier de Castres, qui avait attaqué Voltaire, d'Alembert, Diderot, Baculard d'Arnaud, etc. dans ses Trois siècles de littérature (t. VI, p. 77-78).

Il est possible que Delacroix se soit lassé du style léger de ses premières feuilles. Dans la réédition de 1796, il tente de se justifier du style «monarchique» du Spectateur français, il regrette le ton frivole de l'époque, et l'écart qu'on pouvait relever entre le Spectator de Steele et Addison et le sien: «il y auroit de l'injustice à exiger que le Spectateur français, dont les feuilles passoient sous les yeux d'un censeur sévère, eût toute la liberté, toute l'indépendance, toute l'énergie du Spectateur anglais» (p. XXI). En même temps, il garde, dans ses rééditions successives, ce mélange des genres qui avait sans doute fait le succès de son journal. Delacroix semble avoir tenté le pari de faire du Spectateur Régence de Marivaux un Spectateur Louis XVI; il l'a en partie gagné, non sans difficultés; et son journal reste, par la variété des sujets et l'instabilité du ton un bon témoignage sur cette époque. La réédition de l'an IV montre que dès la fin de la Révolution, le Spectateur de Delacroix était devenu une sorte de témoin de la monarchie disparue.

Auteur

Titre indexé

SPECTATEUR FRANÇAIS 2

Date indexée

1770
1771
1772

LES SOUPIRS DE LA FRANCE ESCLAVE

1214a
1689

Titre(s)

Les Soupirs de la France esclave qui aspire après la liberté.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

S’agit-il vraiment d’un périodique ? Madeleine Fabre, dans la notice de Jurieu (D.P. 2, n° 425) le pensait. La forme choisie dans l’édition de 1690 le donnerait à croire : elle se compose de 15 bulletins tantôt datés, tantôt sans date. L’éditeur de cette seconde édition le suggère : «Ce Mémoire que je vous donne, m’a été envoyé de France, et comme on me fait espérer que j’en pourrai avoir autant toutes les quinzaines, ce sera avec plaisir que j’en ferai part au public» (Le Libraire au Lecteur). Pourtant, si l’on se reporte à l’édition originale, publiée l’année précédente, mais abandonnée après le 3e Mémoire, on constate qu’il n’en est rien. L’Imprimeur affirme en préambule : «L’Ouvrage que je donne au Public m’a été envoyé de France tout entier, avec une parfaite liberté d’en faire ce que je voudrois. C’est pourquoy, au lieu de le donner entier tout à la fois, je le donneray par parcelles, ayant appris par expérience que les feüilles volantes pénètrent, se lisent et se débitent beaucoup mieux que les livres. Je donneray donc les Chapitres comme je les ay trouvés divisés les uns après les autres, et à divers jours ; et au lieu du nom de Chapitres, de l’avis des intelligents, nous avons pris celuy de Mémoires, qui convient beaucoup mieux à des feüilles détachées. On en donnera deux ou trois tous les mois, plus ou moins, selon le loisir de nos presses, et selon que le Public y trouvera du goût, et qu’on en tirera de l’utilité». Cette première édition est donc distribuée en trois Mémoires, datés du 10 août 1689, du 20 août 1689 et du 15 septembre 1689. Le premier Mémoire contient un véritable préambule sur la résistance à la tyrannie, le caractère de l’absolutisme français, son mépris des lois fondamentales de la monarchie et les moyens de «ramener la Monarchie à son ancien Gouvernement». La seconde édition se compose de 15 mémoires allant du 1er septembre 1689 au 1er octobre 1690 ; elle inclut les trois mémoires donnés dans la première édition. Précisons que les cahiers sont numérotés de façon continue tout au long du volume et que la pagination est continue : même si l’éditeur a fourni une édition par bulletins séparés, c’est l’édition en volume qui s’est imposée. On trouvera les deux éditions à la Bibliothèque Mazarine sous les cotes A 11248 (1re éd., 1689) et 54592 Rés. (1690). On notera que l’édition conservée à la BnF sous la cote 8° 3954 B comporte des pages du catalogue de P. Brunel à Amsterdam. Les Soupirs de la France esclave, dont l’auteur reste inconnu, présentent l’intérêt, dans l’histoire de la presse, d’être un ouvrage de controverse politique, rédigé initialement par chapitres, mais vendu sous forme de bulletins périodiques : la forme périodique tendait à s’imposer, dès 1690, pour la controverse politique ou religieuse.

Auteur

Titre indexé

SOUPIRS DE LA FRANCE ESCLAVE

Date indexée

1689

SINGULARITÉS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES *

1210
1738
1740

Titre(s)

Singularités Historiques et Litteraires «contenant, Plusieurs recherches, découvertes et éclairiccement [sic], sur un grand nombre de difficultés de l'Histoire ancienne et moderne. Ouvrage historique et critique».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1738-1740. Ce recueil devait être périodique ; l'Avis en tête du t. I déclare : «on s'engage seulement à lui donner une feuille ou deux par semaine, supposé pourtant qu'on s'apperçoive qu'il [le public] ne le juge pas indigne de son approbation» (p. 8) ; mais il semble que seules les deux premières feuilles aient été livrées séparément ; à partir de la p. 48, les chapitres ne correspondent plus au cahier. Les t. I et II ont été publiés ensemble en 1738, le t. III en 1739 et le t. IV en 1740. Dom Liron semble avoir eu du mal à trouver un éditeur ; on trouve en tête du t. I une approbation du 26 mars 1730, mais le privilège est daté du 30 décembre 1733, registre le 8 janvier 1734.

Description de la collection

La collection se compose de quatre volumes in-12, 100 x 165, de 496, 572, 490 et 548 p.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Paris, chez Didot, Quai des Augustins, proche du Pont saint Michel, à la Bible d'Or».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Dom Jean LIRON.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Il s'agit d'un «recueil de pièces détachées» que Dom Liron eut l'idée de publier par feuilles successives, mais l'ensemble du recueil était prêt à l'impression bien avant 1738, et rien ne rappelle dans la présentation de la collection la distribution d'un journal savant. Le t. I rassemble environ 80 anecdotes historiques ; le t. II présente plutôt un ensemble de dissertations érudites ; le t. III réunit de nouveau environ 80 remarques et gloses diverses ; le t. IV consiste pour la majeure partie en deux études de grandes dimensions : un Traité historique sur les hommes évangéliques, «où il est parlé de quelques Hommes Illustres qui ont mieux aimé perdre la vie que la Chasteté», et une «Dissertation sur l'établissement de la Religion Chrétienne dans les Gaules».

Le t. I comporte à la fin 8 p. de tables non chiffrées ; le t. II les intègre, p. 525-572 ; on trouve en tête du t. III les sommaires pour les trois premiers tomes, et à la fin du t. IV le sommaire de ce volume (p. 542-548).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, F 19060.

Bibliographie

Voir Le Pour et Contre de Prévost, t. VIII, p. 337-350 et t. XIV, p. 152-168.

Historique

Le recueil de notes diverses recueillies par Dom Jean Liron (1665-1749) pendant quarante ans était sans doute de nature à décourager un éditeur éventuel ; et Didot lui-même, après avoir acquis un privilège en décembre 1733, semble avoir hésité longtemps. C'est peut-être ce qui poussa Dom Liron à envisager une publication périodique, afin de pressentir l'accueil du public. Prévost avait bien réussi à publier, dispersées dans Le Pour et Contre, un grand nombre d'anecdotes historiques. On peut se demander toutefois si Prévost lui-même n'a pas tenté de dissuader Didot de donner un rival à son journal. C'est lui qui présente en effet le t. II avec une préface très flatteuse pour Dom Liron, mais qui insiste sur le fait qu'il ne s'agit plus d'un journal : «Cet Ouvrage étoit destiné à paraître en feuilles détachées, à l'imitation du Pour et Contre et des Observations sur les Ecrits des Modernes ; mais des raisons plus fortes que celles qui avoient fait naître cette première idée, ont fait prendre le parti de le donner tel qu'il paraît aujourd'hui» (Préface, t II, p. V). L'attribution de cette préface à Prévost est attestée par Goujet dans deux lettres à Bouhier, du 28 février et du 25 juillet 1738 Correspondance littéraire du président Bouhier, t. II, Lettres de l'abbé Claude-Pierre Goujet (1731-1745), éd. H. Duranton, Université de Saint-Etienne, 1976, p. 18 et 28). Les éloges que Prévost accorde avec profusion à Dom Liron dans Le Pour et Contre viennent peut-être autant d'un accord à l'amiable avec Liron que d'une publicité accordée aux publications de Didot. Cet énorme ramas d'anecdotes et de gloses érudites ne manque d'ailleurs ni d'originalité ni d'alacrité, et Dom Liron y prend parti avec vaillance dans d'épineuses controverses (voir la notice de J. Daoust dans le Dictionnaire des lettres françaises ; et l'on peut regretter qu'il n'ait pas plutôt lancé, à l'imitation des Mémoires de Trévoux, un journal bénédictin.

Auteur

Titre indexé

SINGULARITÉS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES *

Date indexée

1738
1739
1740

LA SENTINELLE DE LA NOBLESSE

1208
1788

Titre(s)

La Sentinelle de la Noblesse «par un Plébéien qui se fait gloire de l'être».

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Deux numéros, parus à la fin de 1788, en écho à La Sentinelle du peuple de Volney, qui dénonce cet imitateur dans son numéro du 25 décembre. Aucune périodicité annoncée.

Description de la collection

Le n° 1, adressé «A la Noblesse bretonne», compte 19 p. ; le n° 2, «Numéro beaucoup plus curieux que le précédent», compte 30 p. et s'achève sur le mot «Fin». Format in-8°, 115 x 195.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Demophilopolis [Rennes].

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

MONSODlVE (?)

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Cette «sentinelle» est en fait hostile à la noblesse. Le n° 1 donne un dialogue entre le Bourgeois de Paris, le Bourgeois de Rennes (maître des lieux), le Bel Esprit, la Sentinelle de la Noblesse, l'Abbé, tous étant contre les nobles. Le n° 2 présente : «1° Une Requête de la Noblesse de Bretagne, telle qu'il n'en a jamais été présentée, et sur laquelle il sera mis NEANT. 2° Une nouvelle organisation des Etats de la Province de Bretagne. 3° La manière de mettre à exécution l'égale répartition des Impôts. 4° Des Réflexions sur l'admission du Tiers Etat dans le Parlement de Bretagne, etc. etc. etc.».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., 8° Lc2 2228 ; Ars., recueil 8° Jo 50589k.

Bibliographie

B.H.C., p. 92-93.

Auteur

Titre indexé

SENTINELLE DE LA NOBLESSE

Date indexée

1788

LE SAGE MOISSONNEUR

1197
1741
1742

Titre(s)

Le Sage Moissonneur ou le Nouvelliste historique, politique, critique, littéraire et galant. Le titre complet n'apparaît que sur la page de titre du premier volume : l'adjectif «politique» disparaît dès la première livraison.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1741-décembre 1742. Six volumes : t. I-III, 1741, t. IV-VI, 1742. «Cette Quintessence politique, littéraire et galante [...] paraîtra tous les mois» (Avertissement, t. I, p. 4-5) ; la publication est très régulière et chaque année comporte douze livraisons.

Description de la collection

Chaque volume ou tome groupe quatre livraisons mensuelles d'environ 120 p. ; la pagination est continue à partir du t. II : t. II, 474 p. ; t. III, 472 p. ; t. IV, 496 p. ; t. V, 475 p. ; t. VI, 491 p. Les t. I et III comportent un Avertissement, le t. VI une Préface.

Cahiers de 24 p. in-12, 70 x 130.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Utrecht, chez Etienne Néaulme.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : «une vaste matiere touchant la politique, un Elixir bien choisi des nouvelles les plus essentielles, et de tout ce qui se passe en Europe ; une idée vraie des meilleurs livres nouveaux, les avantures galantes, quelques réflexions critiques et badines sur ces nouvelles» (Avertissement, t. I, p. 4). Chaque livraison commence par des réflexions politiques, suivies des nouvelles de chaque pays (Italie, Piémont, Suisse, Pays du Nord, Turquie et Allemagne, France, Grande-Bretagne, Espagne et Portugal, Pays-Bas), complétées par des «nouvelles générales de l'Europe accompagnées de réflexions morales et critiques». Viennent ensuite des anecdotes et des nouvelles romanesques, des nouvelles littéraires, des questions et des énigmes. A partir du t. IV les nouvelles littéraires passent en tête de la livraison. Si le Sage Moissonneur englobe un très vaste domaine, la précision n'est guère son fait : les nouvelles politiques sont rarement datées (l'auteur le remarque lui-même dans l'Avertissement du t. IV) et les nouvelles littéraires ne fournissent que des extraits impersonnels, sans indications bibliographiques. Cependant l'auteur est très au courant des publications récentes et mentionne à plusieurs reprises des ouvrages nouveaux de Voltaire (t. I), du marquis d'Argens (t. I), de Prévost (t. I-IV), de Marivaux (t. IV), de Crébillon, Duclos et Voisenon (t. V). Il s'intéresse à toutes les disciplines : histoire, géographie, sciences et littérature.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Ars., 8° H 26 636 ; B.M. Senlis ; Ste G.

Historique

L'éditeur Etienne Néaulme cherche, comme la plupart de ses concurrents dans les années 1740, à rassembler dans un même journal les avantages du mensuel politique, de la bibliothèque littéraire et des nouvelles mondaines, le tout présenté dans le style d'un «spectateur». Il s'inspire à la fois du Mercure historique, dont il imite, en les abrégeant, les synthèses mensuelles, de la Nouvelle Bibliothèque éditée par Paupie, ou des Amusements littéraires de Formey. L'Avertissement du premier volume atteste que les premières livraisons ont été publiées séparément, et qu'elles ont rencontré un certain succès ; mais certaines critiques à l'encontre de «têtes couronnées» et notamment des «monarques prussiens» ont éveillé des susceptibilités ; c'est la raison pour laquelle le mot «politique» sera retiré du titre. Il semble que les livraisons séparées aient été réservées aux Pays-Bas, l'édition reliée, destinée à l'exportation, étant au besoin corrigée : «la plupart des mois ont été revus, retouchés et augmentés» (Préface, t. VI). On ne connaît pas l'auteur de ce journal, mais quel qu'il soit, il est visible qu'il a travaillé sous le contrôle étroit d'Etienne Néaulme : celui-ci a censuré les articles politiques, orienté les comptes rendus vers ses propres éditions ; il a imposé une stricte périodicité et pour cette raison, a regroupé fréquemment des contributions venues de l'extérieur ; en décembre 1742, il se plaint de recevoir trop de lettres et de manuscrits, et pense désormais à les publier sous la forme de recueils (t. VI, p. 472-473). C'était en fait retirer au journal le peu de personnalité qu'il avait, et le projet n'eut pas de suite.

Auteur

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Cette revue fait l’objet de différentes annonces, en particulier dans le Leidse courant :

28 avril 1741 pour le vol. de janvier-mars : «C’est une quintessence des nouvelles, choisies avec beaucoup d’art et de discernement et accompagnées de réflexions morales, critiques et badines, qui répondent autant d’enjouement que de clarté sur tous ses sujets etc.»

Les 4 et 7 août 1741, on signale un incident : «E. Neaulme, libraire à Utrecht, s’étant aperçu que dans l’ouvrage périodique qu’il débite tous les mois sous le titre du Sage Moissonneur, il s’est glissé plusieurs articles où l’auteur s’est oublié à un tel point que de manquer au respect qu’il doit aux têtes couronnées jusqu’au point d’avancer des nouvelles absolument fausses, comme est ce qui se trouve à la page 45 du mois de mai de cet ouvrage que les habitants de ce pays (la Silésie) commencent à sentir vivement les vexations et les cruautés inouis qu’on exerce contre eux ; et à la page 47 [...]. C’est avec du chagrin qu’E. Neaulme a vu ces articles ; il les désavoue absolument comme étant de fausses nouvelles. Ce libraire demande excuse de ce que de tels articles se trouvent dans un ouvrage où son intention était de ne choquer personne. S’il y a d’autres articles dans ce genre, le même libraire les désavoue et est très mortifié que cela soit ainsi, et pour la suite il promet de faire en sorte qu’il n’y ait rien que de vrai dans cet ouvrage et rien qui puisse choquer personne».

Le 22 février 1743, Néaulme lance un appel publicitaire pour l’ensemble de la collection : «Cet ouvrage renferme tous les événements considérables arrivés pendant les années 1741 et 1742. C’est un excellent précis de tout ce qui s’est passé de plus important en Europe. Les faits historiques y sont placés [dans un] grand choix et un arrangement qui ne peut manquer de plaire infiniment. C’est pour ainsi dire une espèce de Bibliothèque raisonnée tant sur les Ouvrages des scavans que sur la politique et les ouvrages militaires pendant le cours de ces deux années. Les pièces fugitives sont des meilleurs poètes modernes. On ose avancer que le Moissonneur est digne de l’attention des personnes du meilleur goût, et qu’il pourra aux siècles les plus reculées servir de modèle pour travailler à l’histoire de notre temps, soit par rapport aux matières qu’il contient, soit par l’art avec [lequel] elles sont maniées. Le style en est enjoué, correct et très propre à captiver ceux qui aiment l’utile et l’agréable. La critique modérée, elle ne fait qu’animer les réflexions et attacher le lecteur: elle est juste, courte, précise, mais très claire et tout à fait amusante. En 6 vol. 12 pour ƒ 7.5 jusqu’au premier d’avril, et après s’il en reste encore, pas à moins de ƒ 10».

Auteur additif

Titre indexé

SAGE MOISSONNEUR

Date indexée

1741
1742