AFFICHES DE NANTES

Numéro

0043

Titre(s)

Annonces, affiches, nouvelles et avis divers pour la ville de Nantes

Devient en 1773: Affiches générales de la Bretagne puis en janvier 1791: Affiches de Nantes et de la Loire Inférieure

Fondées en 1757 par l'imprimeur Joseph-Mathurin Vatar, selon le Catalogue méthodique d'Emile Péhant (p. 553). Cette date est confirmée par tout ce que nous savons sur cet imprimeur, né à Rennes en 1718, établi imprimeur du roi à Nantes en septembre 1750, mort prématurément le 15 septembre 1757. Elle est également confirmée par l'histoire du privilège général des Affiches c'est seulement après l'avoir racheté au chevalier de Meslé en juin-juillet 1756, que le fermier général Le Bas de Courmont concède par bail le droit d'établir des Affiches dans les villes de province (Feyel, art. 1). Premier numéro connu: le n° 103 du mardi 25 déc. 1759. Dernier numéro connu: le n° 52 du vendredi 25 déc. 1789.

Titre indexé

AFFICHES DE NANTES

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Feuille bihebdomadaire, paraissant le mardi et le vendredi jusqu'en décembre 1759. Hebdomadaire, distribuée le vendredi, à partir du 4 janvier 1760 (n° 1).

Description de la collection

Les Annonces... de Nantes sont imprimées sur les deux colonnes de 4 p. in-4°. Il s'agit d'une demi-feuille de papier carré (format rogné 190 x 243). Les numéros étant paginés à la suite, annuellement, l'année 1759 en compte 104, soit 416 p., et les années suivantes 52, soit 208. Au-dessus du titre de chaque feuille composé sur trois lignes en caractères perlés, un haut bandeau rectangulaire, constitué de filets, volutes, palmettes et médaillons, enchâsse la numérotation. Trois bandeaux différents se succèdent: 1759, 1760 et 1761-1764. Sous le titre est mentionnée la date, en italiques. L'ensemble occupe plus du tiers de la première page de chaque numéro. Les deux colonnes de texte sont séparées par un filet vertical.

Les Affiches générales de la Bretagne sont imprimées sur les deux colonnes d'au moins 8 p. in-4°, soit une feuille entière de papier carré (format rogné 190 x 250, non rogné 212 x 270). L'imprimeur ajoute fréquemment des suppléments de 2 ou de 4 p. parfois paginés à la suite du numéro, parfois non paginés. Aussi le volume de chaque année varie-t-il: 434 p. en 1774 (52 numéros), 432 p. (1775, 52), 416 p. (1778, 52), 424 p. (1779, 53). 416 p. (1780, 52), 470 p. (1784, 52), 454 p. (1785, 52).

Depuis au moins 1774, et ceci jusqu'en 1785, voire 1790, le premier numéro de chaque année est livré avec un frontispice portant sur quatre lignes le titre Affiches générales de la Bretagne, suivi du millésime et de l'épigraphe latine Occulta proferens, micat. Après un bouquet de fleurs, sont indiquées les adresses des éditeurs, suivies de la mention «Avec privilège du Roi». Invariablement, la p. 3, première page du premier numéro, est décorée d'une jolie gravure sur bois rectangulaire (137 x 56) présentant une «Vue de Nantes, prise du quai de la Fosse, levée par M. Hénon», sous laquelle est de nouveau mentionné le titre de la feuille sur deux lignes en caractères pleins, sans ornements, puis sa date. Les autres numéros sont décorés de manière plus classique par un bandeau entourant la numérotation, toujours suivi du titre sur deux lignes, puis de la date. Se succèdent ainsi plusieurs bandeaux différents: un cadre de guirlandes enserrant trois cartouches dont celui du centre est réservé à la numérotation (1773), un mince cadre de filets enchâssant un semis de fleurons et le cartouche central de la numérotation (1774, 1775), un cadre moins étroit entourant le cartouche central de numérotation environné par de curieuses «architectures» symétriques de volutes et de palmettes, sommées par les deux profils du roi et de la reine en médaillons (1778), un cadre de filets plus épais où le cartouche central, désormais réservé aux armes royales entourées dans un cercle de l'adresse de l'éditeur, «Vatar, fils aîné, seul imp. lib. ord. du Roi, à Nantes», domine la numérotation coupée en deux segments, à gauche «N°» et à droite le chiffre, le tout environné de palmettes et de quatre grands vases de fleurs disposés symétriquement deux par deux, de chaque côté du cartouche (janv. 1779 – 23 févr. 1781), le même bandeau, mais l'adresse de Vatar a disparu, laissant seules les armes royales au centre du cartouche (2 mars 1781 – déc. 1785). En 1788 et 1789, le bandeau est devenu un cadre de filets décorés de guirlandes et de quatre fleurons de coin enchâssant la numérotation et le titre imprimé en plus petits caractères pleins sur une seule ligne; seule la date est encore sous le bandeau; cette nouvelle disposition permet à l'imprimeur de gagner une quinzaine de lignes supplémentaires pour le texte. Le texte est beaucoup plus dense, la justification des colonnes plus large en 1788-m) qu'en 1785 (64 mm), signe évident que les Affiches générales de la Bretagne sont devenues une florissante affaire.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Après la mort de Joseph-Mathurin Vatar, sa veuve Anne Verger dirige l'imprimerie familiale et continue de publier les Annonces... de Nantes qu'elle signe «A Nantes, chez la Veuve de Joseph Vatar, imprimeur du Roi et de Monseigneur l'Evêque, haute grand'rue, au coin de la rue de Beau Soleil». Elle démissionne de son imprimerie en 1765, en faveur de son fils Joseph-Nicolas Vatar. Né en 1739, ce dernier avait déjà ouvert une librairie en 1764. Nommé imprimeur du roi en mai 1766, il est autorisé à exercer l'imprimerie en janvier suivant. Depuis 1773 au moins, sa mère l'a associé au privilège des Annonces. C'est probablement à son initiative qu'elles ont été transformées pour devenir Affiches générales de la Bretagne.La mère et le fils signent tous deux la feuille qui est imprimée par Joseph-Nicolas, puisque sa mère ne peut plus exercer l'imprimerie: «A Nantes, chez la Veuve Vatar, libraire, imprimeur de Monseigneur l'Evêque, haute grand'rue, au coin de celle de Beau Soleil et chez Vatar, fils aîné, seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi, place du Pilori» (frontispice de 1774). Au bas de chaque feuille est ajoutée cette petite mention «De notre imprimerie, Vatar, fils aîné».

Directement concurrents, les deux associés ne s'entendent pas. Le 17 février 1775, le fils publie: «M. Vatar, fils aîné, seul imprimeur du Roi, à Nantes, place du Pilori, sachant que beaucoup de personnes croient qu'il ne tient point d'imprimerie, prévient le public qu'il est le seul de son nom, en cette ville, qui soit imprimeur, et chez qui l'on imprime; en conséquence, il prie tous les particuliers qui voudront faire imprimer quelque chose chez lui, de s'adresser directement dans sa demeure, ce n'est que par ce moyen que les ouvrages seront faits dans son imprimerie [...] Son commerce de librairie est assez ample dans tous les livres nouveaux et des meilleures éditions; on peut s'abonner chez lui pour tous les journaux et gazettes, de quelque pays que ce soit. Il fera aussi la meilleure composition, dans tous les articles de son état, lorsqu'il vendra pour la pacotille». Furieuse de cette intempestive publicité, la mère réagit le jour même: «Les abonnés de la ville de Nantes, inscrits chez ma mère, ont reçu avec leur Affiche, un petit papier collé auprès de ce qui me concernait (l'avis précédent), contenant ce qui suit: «Veuve Vatar, mère, imprimeur de Monseigneur l'Evêque, à Nantes, dont l'avis ci-contre attaque personnellement le commerce, n'y répond qu'en suppliant les personnes qui l'honorent de leur souvenir, de vouloir bien le lui conserver. Son exactitude est connue, de même que l'étendue de toutes les branches du fonds de son magasin, et travaux qui en dépendent comme impressions, librairie, papiers, instruments de mathématiques, cartes marines, etc., gazettes dont elle a le bureau, journaux, etc. Si Messieurs les abonnés n'avaient point souffert du retard de cette feuille, la veuve Vatar aurait fait, par son droit de propriétaire du privilège de l'Affiche de Nantes, supprimer, même pour l'honneur de son fils, cet avis indécent, qui n'est dicté que par une basse jalousie». Tous les gens sensés ont bien vu que j'avais beaucoup de vérités à répondre; mais je sens et je connais ma triste position, il ne m'est permis que de me servir des moyens d'éclaircissement que ma mère m'offre elle-même. Tout ce que j'ai dit est vrai; il faut ajouter que je n'imprime point pour ma mère, qui, n'ayant point d'imprimerie, fait travailler depuis longtemps chez des étrangers. L'Affiche de la Bretagne se fait chez moi, et on peut souscrire, pour l'avoir, avec autant de sûreté chez moi que chez ma mère, parce que je suis fermier pour moitié dans le bail de cession du privilège; je fournis aussi tous les journaux et gazettes, ainsi que je l'ai dit, parce qu'il n'y a point de bureaux particuliers pour cela dans les villes de province. J'ai offert mes services au public, comme il est permis à tout le monde de le faire, comme ma mère elle-même l'a fait plusieurs fois, et je le prie derechef d'accepter mes offres» (24 févr. 1775).

Malgré leur mésentente, la mère et le fils savent parfaitement réunir leurs efforts lorsqu'un danger menace leur spéculation. Le 8 janvier 1779, ils protestent tous deux contre les initiatives de Victor Mangin, organisateur de la petite poste de Nantes. Celui-ci a eu l'audace, dans son Almanach de la petite poste de Nantes, pour l'année 1779 de faire croire que son établissement avait un privilège pour distribuer à Nantes les gazettes et journaux, aggravant son cas en prétendant distribuer moyennant 18 £ les Affiches générales de la Bretagne! Et les Vatar de lui répondre: «Nous dirons seulement que, comme nous l'avons ci-devant annoncé, tous les libraires de Nantes et des autres villes ont le droit de recevoir les souscriptions pour toutes les feuilles périodiques, et qu'il y a si peu de privilège pour cela, que le premier particulier peut aussi recevoir ces souscriptions. Mais ce qui nous touche et ce qui nous surprend, c'est qu'on ait pris sur soi d'annoncer que notre feuille coûte 18 £ rendue par la petite poste. Comme ce pamphlet ne tend à rien moins qu'à nous faire tort, puisqu'il peut persuader que nous avons augmenté le prix de notre feuille, et par là diminuer l'envie de la prendre, nous prévenons le public contre cette insinuation, en assurant que notre feuille est, comme pendant les six dernières années, de 15 £ franc de port, chez les personnes de la ville, et par tout le royaume» (8 janv. 1779).

Le temps des difficultés est cependant arrivé pour les deux associés. Pour des raisons peut-être indépendantes de la prospérité de Affiche – faillite de leurs autres affaires de librairie ou difficultés de succession avec les autres enfants Vatar –, ils se voient forcés de l'abandonner. La veuve Vatar, «libraire, seule cessionnaire du privilège de Monseigneur l'Evêque, haute grande rue» a transporté sa boutique «six maisons au-dessous de son ancienne demeure, près le Pilori». Selon G. Lépreux, elle aurait cessé d'exercer vers 1782. Au début de l'année 1781, son fils vend sa librairie, mais continue l'imprimerie. Le 2 mars 1781, il enlève son adresse du bandeau de Affiche et indique: «Il demeure dans la même maison, place du Pilori, où l'on trouvera toujours quelqu'un, au premier étage. Son magasin de librairie est tenu par ses successeurs [...] Il prévient également, que l'on impose au public, en voulant persuader que l'on partage avec lui le privilège des Affiches. Il en a seul la propriété pour la Bretagne [...] S'il cède son privilège, il en préviendra, par les mêmes feuilles, ainsi que du lieu où sera situé alors le Bureau d'avis» (2 mars 1781). Le 11 mai suivant, il signe pour la dernière fois les Affiches, alors que l'imprimeur Brun l'aîné, se disant «seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi, à Nantes», déclare que le Bureau d'avis est désormais installé chez lui, «au premier étage de la maison de Madame sa mère, en entrant rue de Gorges». Joseph-Nicolas Vatar a donc vendu à son confrère Brun les Affiches et lui a cédé le titre d'imprimeur du roi.

Nouveau titulaire du privilège des Affiches générales de la Bretagne, Pierre-Jean Brun, né en 1746, reçu libraire en 1763, avait été admis comme imprimeur en novembre 1778. Il signe Affiche «A Nantes, chez Brun, l'aîné, seul imprimeur-libraire ordinaire du Roi et de la Chambre des comptes, place Saint-Nicolas» (frontispice de 1784). Il imprime également pour Victor Mangin la Correspondance maritime de Nantes, fondée en janvier 1782, devenue l'année suivante la Feuille maritime de Nantes, parue jusqu'en fructidor an II. Pendant la Révolution, il imprime toutes les pièces officielles avec son confrère Hérault, et s'y ruine (voir ses deux brochures de l'an VIII, «Brun, aîné, à ses créanciers» et «Réflexion sur ses affaires», B.M. Nantes, 57968 et 206516, ainsi qu'une circulaire des commissaires de sa faillite, publiée dans la Revue de Bretagne et Vendée, 1875, t. II, p. 365). En 1785, les Affiches générales de la Bretagne sont censurées par Berrouette qui accorde le permis d'imprimer. En 1788, elles le sont par Richard de La Pervanchère, maire et lieutenant général de police.

Les Annonces... de Nantes sont explicitement cantonnées dans tout ce qui peut être utile à la «place» de Nantes et au comté nantais. L'abonnement à la feuille est de 6 £ pour la ville, et de 7 £ 10 s. «par la poste, franche de port, quelque part que l'on veuille se la procurer». Depuis 1773, les Affiches générales de la Bretagne ont l'ambition de couvrir toute la province, où des bureaux d'avis ont été établis pour déposer les annonces et souscrire les abonnements: à Rennes (Mlles Vatar, au coin de la place du Palais), Saint-Malo (l'imprimeur Valais), Dinan (Gicquel-Destouches, receveur de la Traite domaniale), Morlaix (l'imprimeur Guyon), Brest (l'imprimeur Malassis), Quimper (l'imprimeur Blot), Lorient (Dulogeau, au Bureau de la poste aux lettres), Auray (Bureau de la poste aux lettres), Vannes (Veuve Galles, imprimeur), Saint-Brieuc (Jouvin), Redon (Bureau de la poste aux lettres). «MM. les abonnés jouiront toujours de l'avantage de faire publier leurs avis gratis» (23 déc. 1774). L'abonnement, tout naturellement doublé, puisque les Affiches ont 8 p., est désormais de 15 £, franc de port, à Nantes comme dans toute la province.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Il est impossible de savoir si les Annonces... de Nantespuis les Affiches générales de la Bretagne ont eu un rédacteur. Gros imprimeurs-libraires, les Vatar et leur successeur Brun avaient très probablement un prote chargé de la mise en forme de la feuille.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Feuille éditée dans une puissante place commerciale, les Annonces... de Nantes avaient pour première fonction de servir le grand et le petit négoces en leur offrant des annonces et autres avis, ainsi que quelques rubriques de service. La première page et souvent une bonne partie de la deuxième étaient consacrées aux annonces («Biens et Contrats de rente à vendre, Biens à bail ou à louer, Effets à vendre»). Suivaient les «Demandes» particulières, puis les «Avis» (publicités commerciales, spéculations d'armateurs, publicités de librairie). Lorsque ces «Avis» envahissaient toute la troisième page, il restait peu de place pour un contenu proprement rédactionnel. La quatrième page était occupée par les «Nouvelles maritimes» (arrivées, chargements, sorties des navires à Nantes et dans d'autres ports bretons, par exemple Saint-Malo) et le «Cours des grains, des vins et eaux de vie, des effets commerçables, des changes à Paris et à Nantes».

La guerre de Sept Ans fait sentir ses effets sur le contenu des Annonces... de Nantes. Les annonces et les avis deviennent moins nombreux, ce qui explique probablement que la veuve Vatar ait préféré abandonner la périodicité bihebdomadaire en janvier 1760. L'année 1764 est marquée par une véritable reprise. Il ne faut donc pas s'étonner si le contenu proprement rédactionnel est beaucoup plus riche pendant les années 1760-1763 qu'en 1764. Depuis au moins 1759 et peut-être depuis 1757 jusqu'au dernier numéro de décembre 1760, les Vatar ont trouvé un excellent moyen de remplir leurs colonnes en empiétant sur le privilège de la Gazette: en 1760, la seconde colonne de la troisième page et la première de la quatrième sont consacrées à une rubrique titrée «Nouvelles» où se succèdent des emprunts à la Gazette ou à des gazettes hollandaises, donnant des informations sur l'Allemagne, l'Angleterre, etc. En janvier 1761, la rubrique disparaît sans aucune explication, très probablement interdite par le directeur de la librairie Malesherbes (on trouve dans ses papiers deux numéros des Annonces... de Nantes) ou par le chevalier de Meslé, soucieux de défendre son privilège de la Gazette. Les abonnés de la feuille n'en sont probablement pas très satisfaits – ces marchands et négociants sont anxieux de connaître le déroulement d'une guerre qui gêne leurs affaires –, aussi peut-on encore y lire telle ou telle information politico-militaire dans les «Nouvelles maritimes» occupant beaucoup plus de place (une demi-colonne à une colonne entière, voire deux): le 23 octobre 1761, par exemple, cette rubrique, étendue sur deux colonnes, donne quelques détails sur les prises anglaises en mer sur les Français et s'étend ensuite longuement au sujet de la guerre sur le continent. Il circulait d'ailleurs à Nantes de nombreux récits occasionnels publiés lors de tel ou tel fait d'armes: témoins ces quelques pièces reliées à l'intérieur de la collection des Annonces de 1761, à propos notamment de la prise de la citadelle de Belle-Isle (quatre pièces de 2 à 4 p. chacune, imprimées à Vannes par J.-N. Galles en avril et juin 1761).

Le reste de la surface rédactionnelle est occupé par les habituelles productions des «fabricants d'idées» de l'époque: médecine, agriculture, botanique. Notons l'importance accordée aux préoccupations des négociants. Les Annonces publient sur plusieurs numéros des «Observations sur la marine et sur le commerce», de Digard, ancien ingénieur du Roi, professeur royal d'hydrographie au Croisic (2 janv. – 24 avril 1761) et un «Mémoire sur la navigation et le commerce du Nord», «envoyé trop tard à l'académie d'Amiens» (14 août – 25 sept. 1761). Comment, par l'aloës, préserver le fond des navires, de l'attaque des «vers à tuyau»? (21 mars 1760). Comment découvrir plus facilement la longitude lorsqu'on est en mer? (28 mars 1760). Quelle méthode utiliser pour «conserver la santé des mariniers dans les voyages de long cours»? (2 déc. 1763). Notons enfin la présence d'un dernier trait de la culture des gens du négoce (voir Feyel, art. 2): les petits ou grands problèmes de mathématiques ou d'arithmétique commerciales, dont l'exemple le plus achevé est la «question de commerce» du 9 mai 1760 («Soient A. B. C. trois marchandises différentes, achetées en Hollande, argent courant, et 1% escompte au bénéfice de l'acheteur, importées en France...») qu'un bon esprit finit par résoudre (solution publiée le 30 mai suivant). Autre marque de l'originalité nantaise: le fonds de librairie de la veuve Vatar. On y trouve des «octans à lunettes», des «quarts de nonante», de belles «lunettes de bord, et de nuit», des globes terrestres et célestes, des cartes géographiques et hydrographiques, des compas, des «étuis de mathématiques», «et tout ce qui a rapport à la marine et aux sciences» (7 sept. 1764). Le 12 octobre 1764, la veuve Vatar organise une «loterie littéraire et physique», de trois cents billets de 6 £, dont quinze gagnants (d'une valeur de 1800 £). Parmi les lots sont proposés un télescope (300 £), une «machine pneumatique, avec ses globes et instruments propres pour les expériences» (300 £), un Dictionnaire de Moréri (10 vol., 230 £), un microscope (150 £), différentes Histoires (Angleterre, Bretagne, etc.), les œuvres de Montesquieu et de Fontenelle, le «Spectacle de la nature», les «Leçons de physique» de l'abbé Nollet, etc.

Les Affiches générales de la Bretagne prétendent s'adresser au «savants curieux» tout autant qu'aux «calculateurs», c'est-à-dire aux armateurs, assureurs, négociants, etc. (voir Feyel, art. 2). Leurs huit pages sont assez bien structurées. Ce sont tout d'abord les annonces ou «Avis particuliers», occupant au moins les deux premières pages, mais s'étendant souvent sur la troisième, voire sur la quatrième en 1788 et 1789: «Charges et Biens à vendre, Biens à bail ou à louer, Effets à vendre, Demandes», puis quelques «Avis» (publicités commerciales). Ce sont ensuite les rubriques de service nécessaires aux «calculateurs», s'étendant généralement sur quatre colonnes (deux pages): «Arrivées de navires au port de Nantes», chargements, sorties, «Prix des denrées de l'Amérique» (sucre blanc, sucre brut, café, indigo, cacao), «Cours des grains», «Changes de Paris et de Nantes». Jusqu'au début des années 1780, ces annonces et rubriques de service sont ordonnées de manière géographique. Les Affiches débutent par les annonces et services très peu nombreux des quelques places bretonnes où les Vatar ont un correspondant (p. 1) et continuent par Nantes. Avec Brun, ces correspondances deviennent plus rares, surtout à partir de 1784 et la fondation des Affiches de Rennes, En 1788 et 1789, les annonces et services sont strictement nantais. La seconde partie des Affiches, réservée aux «Avis divers», commence en cinquième ou sixième page. C'est le domaine des «savants curieux», ainsi que nous l'assure la longue introduction au n° du 7 janvier 1774: «Les Avis divers ont une utilité, disons mieux, une nécessité qu'on ne peut se dissimuler sans rougir, si l'on voit bien ce que nous avons compris sous ces deux mots. La correspondance littéraire de tous les savants de la province, qui doit en faire la base, en sera aussi le plus curieux; nous avons ouvert la carrière, elle sera fournie». On y trouve les habituelles productions des «fabricants d'idées» de l'époque: articles de médecine, d'histoire naturelle, de physique (les ballons aérostatiques en 1784), comptes rendus des travaux des Etats de Bretagne, etc. Suivent des prospectus de librairie, les «Livres nouveaux» que vendent les Vatar, ou bien des projets de publication par souscription, par exemple le Traité des usements ruraux de Basse-Bretagne, par Girard, avocat à Quimper, un volume in-8° qui devrait faire plus de 400 pages (25 févr. 1774, cinq colonnes). Ce peuvent être aussi la publicité d'une société établie pour l'armement de frégates et de corvettes destinées à la guerre de course (25 juin 1779, cinq colonnes), une très longue publicité pour le collège d'Ancenis (3 juin 1774, neuf colonnes et demie), ou bien la liste des prix «des différentes pièces de porcelaine, qui se fabriquent dans la manufacture établie à Limoges, sous la protection de Mgr le comte d'Artois» (26 mai 1775, trois colonnes). Les Affiches s'achèvent sur «les numéros de la Loterie royale de France, sortis au tirage de...».

En 1774, l'imprimeur promet une table des matières que les collections n'ont pas conservée: «Beaucoup de nos abonnés seront, sans doute bien aises que nous les avertissions que depuis longtemps nous travaillons à une Table générale de toutes les Affiches, depuis qu'elles se sont faites à Nantes; ce travail serait achevé, si nous n'y eussions rencontré des obstacles qui n'ont pu s'aplanir facilement; nous la délivrerons à la fin de cette année, gratuitement, à nos abonnés actuels, pour qui seuls il en sera imprimé» (7 janv. 1774).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., f. fr. 22135, pièces 184 et 26, Annonces... de Nantes, n° 103 (mardi 25 déc. 1759) et n° 46 (vendredi 14 nov. 1760); B.M. Nantes, 60578, 2 vol. L'année 1760 (vol. I) est complète. Le second volume contient les années 1761, 1763 et 1764: manquent n° 14 et 42 (3 avril et 16 oct. 1761), les six premiers mois de l'année 1763 (le second semestre est complet, n° 27-52, 8 juil. - 30 déc.), les huit premiers mois de 1764 (les quatre derniers mois sont complets, n° 36-52, 7 sept. - 28 déc); 48164 (n° 2, 11 janv. 1788) et 48167 (n° 52, 25 déc. 1789); 87014, coll. de Suppléments pour les années 1789-1791; Chambre de commerce et d'industrie de Nantes (Palais de la Bourse), coll. d'au moins huit volumes, années 1774, 1775, 1778 à 1781, 1784 et 1785. Le n° 28 du 9 juillet 1773 est relié dans l'année 1775. Cette collection unique comporte quelques petites lacunes (pages manquantes, pages déchirées). Elle renferme quelques prospectus publicitaires envoyés en supplément de Affiche; A.D. Loire-Atlantique, C 814, prospectus des Affiches de Bretagne, pour 1789; A.D. Ille-et-Vilaine, 3. Per. 678, quatre numéros isolés des Affiches générales de la Bretagne, p. 353-356 d'un numéro de 1774, n° 1 et 2 de janv. 1775, le n° du 9 mai 1783; A.N., C 214, six numéros (1er juil. – 5 août 1785).

Bibliographie

Péhant E., Catalogue méthodique de la Bibliothèque publique de la ville de Nantes, tome VI, Nantes, 1874. – Borderie (A. de la), «Histoire de l'imprimerie en Bretagne. Les races typographiques. Les Vatar, imprimeurs à Rennes et à Nantes», Revue de Bretagne, de Vendée et d'Anjou, t. X, juil.-déc. 1893, p. 405-421. – Kerviler R., Essai d'une bibliographie des publications périodiques de la Bretagne, 4e fasc, Département de la Loire inférieure, Rennes, 1898. A propos des Annonces... de Nantes, puis des Affiches générales de la Bretagne, cet auteur (p. 1-2), qui n'a manifestement pas examiné la collection de la Chambre de commerce, se trompe. – Lépreux G., Gallia typographica..., série départementale, t. IV, Bretagne, Paris, 1914. – Feyel G. (art. 1), «La presse provinciale sous l'ancien régime», La presse provinciale, p. 3-47. – Feyel G. (art. 2), «Négoce et presse provinciale au XVIIIe siècle, méthodes et perpectives de recherches», article à paraître aux éditions de l'EHESS.

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