FEUILLE DE FLANDRES

Numéro

0455

Titre(s)

Feuille d'Affiches, Annonces, Nouvelles et Avis divers pour la Province de Flandres concernant tout ce qui peut l'intéresser.

Devient Feuilles de Flandres en août 1783, puis Gazette du Département du Nord en août 1790.

Titre indexé

FEUILLE DE FLANDRES

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

3 août 1781 – 26 juillet 1791. Privilège accordé par l'Intendant de Flandre C.A. de Calonne en juin 1781, et par le Magistrat de Lille en juillet 1781 ; prospectus non daté (4 p.) publié vraisemblablement en juillet 1781. Publication hebdomadaire, le vendredi matin, du 3 août à octobre 1781, bihebdomadaire (mardi et vendredi) à partir d'octobre 1781, trihebdomadaire (mardi, jeudi et samedi) à partir du 25 août 1789, quotidienne à partir du 1er janvier 1792. Livraisons réunies en volumes annuels, de pagination continue (de 450 à 500 p.), de mois d'août en mois d'août : t. I, d'août 1781 à août 1782 ; t. II, d'août 1782 à août 1783, etc.

Description de la collection

Livraisons de 4, 6 et même 8 p. avec, assez souvent, un supplément. Cahiers de 4 p. imprimées sur deux colonnes, in-4º, 190 x 260.

Devise : En ego laetarum, venio tibi nuncia rerum. Ovide.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Lille, rue de l'Abbaye de Loos, quartier D, chez Paris de Lespinard. Imprimeur : Charles Louis de Boubers (ou Debou-bers) de 1781 à 1787, puis Hubert Lemmens, rue Neuve à Lille, de 1787 au 26 juillet 1791, enfin Paris de Lespinard lui-même à Lille.

Souscription annuelle : 7 £ 10 s. en 1781 ; 12 £ en 1783 pour Lille ; 13 £ 10 s. pour le royaume ; 15 £ pour l'étranger.

Tirage non connu ; en janvier 1782, Paris de Lespinard se déclare «encouragé par cet accueil» ; sous la Révolution, il sera question de 1000 ex. par jour.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Joseph PARIS DE LESPINARD.

Collaborateurs : André Taranget, médecin, professeur à l'Université de Douai de 1782 à 1791 ; l'abbé Bouret, aumônier du régiment de Brie, franc-maçon, pour les questions scientifiques et mathématiques ; Louis Beffroy de Reigny, le «cousin Jacques», écrivain et journaliste, professeur d'éloquence à l'Université de Douai.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le rédacteur ne se contentera pas d'annonces, mais indiquera ce qui est utile et avantageux aux habitants de la province. «Il s'agit d'instruire et de plaire». Lespinard sollicite la collaboration de gens de lettres, de négociants, de cultivateurs, des amis de l'humanité ... Il envisage un supplément orienté vers les informations culturelles, arts, physique, lettres, faits mémorables : «Nous n'acquérons des Lumières que pour les communiquer», écrit-il.

Le contenu du journal est très varié, avec même des articles contradictoires dans leurs conceptions fondamentales. Le périodique est favorable aux Lumières et aux réformes, mais reste fidèle aux valeurs religieuses.

Centres d'intérêt : nouvelles régionales, offres d'emplois, ventes aux enchères, arrêts du Parlement, mandements de l'évêque de Tournai, distribution des prix au collège de Lille, visites de personnalités, relations des fêtes publiques (pour la naissance du dauphin en 1781, la capitulation d'York ou le traité de Versailles en 1783, etc.), faits divers. Activités intellectuelles : efficacité du paratonnerre, développement de l'embryon humain, mécanisme de la sensibilité, les grandes hypothèses scientifiques. Annonces des livres arrivés chez le libraire Jacquez, ami de Voltaire ; critique de la Nouvelle Histoire de France de Vally et Villaret, examen du plan d'études du collège oratorien d'Arras, nombreux articles sur les problèmes scolaires, réfutation d'une étude de l'abbé Feller. Commentaire des livres de littérature, poèmes à tonalité préromantique, éloge de la nature, de la vie rustique, des récits de voyages et de la découverte des peuples étrangers ; large publicité accordée à Encyclopédie méthodique de Panckoucke, chronique théâtrale (analyse du Mariage de Figarodéfense du théâtre comme «école de vie et de vertu». Vie religieuse : rôle de la morale religieuse, «mythe du bon curé», charité et pauvreté, défense des traditions religieuses ; annonces des prédications de Carême, des processions. Lutte contre les superstitions, mais aussi contre la philosophie nouvelle, l'irréligion, l'impiété ; éloge des traités de Nicolas Bergier.

Sociabilité : compte rendu des séances du collège des Philalèthes, des séances de l'Académie d'Arras ; beaucoup d'informations concernant la vie associative.

Techniques et sciences : l'aérostation, la vinification ; conseils de médecine, d'hygiène (remèdes populaires, lutte contre l'alcoolisme et l'abus de l'opium, inhumation dans les églises).

Questions économiques : le commerce, les mercuriales des grains, variations du cours des monnaies, débat sur le traité de commerce avec l'Angleterre, création de cours de filature pour lutter contre l'indigence.

Principaux auteurs étudiés : C. Bonnet, Maupertuis, Friedrich Wolf, Newton, Buffon, Lacépède, Voltaire, Diderot, Descartes, Spinoza, Condillac, La Mettrie, Stahl, Helvétius, Montesquieu, Rousseau, etc.

Historique

Fondateur de la Feuille de Flandres, Paris de Lespinard est né en 1744 à Genève d'après sa propre autobiographie (parue dans son journal entre le 6 et le 20 août 1793), à Annecy d'après L. Lemaire et E. Levet, à Surinam (Guyane hollandaise), d'après l'acte de naissance de son fils, né à Lille en mars 1778. Il est mort à une date inconnue, après 1804 : sa dernière trace écrite est l'inscription de son nom à côté de celui de Blanchard sur le monument érigé à Wimereux (Pas-de-Calais) en l'an XII, en l'honneur de l'ascension aérostatique de Pilâtre Des Roziers. Lespinard avait fait avec l'aéronaute Blanchard la première ascension en montgolfière au départ de Lille le 26 avril 1785. Vers 1762, il vit à Marseille, où il devient co-directeur des Annonces, affiches et avis divers de Marseille. En 1768, il est autorisé à publier à Aix une feuille d'avis hebdomadaire (Affiches d'Aix, 1769-1773) et obtient bientôt un brevet de maître-libraire. Menacé d'arrestation pour avoir violé les règlements sur la presse, il s'enfuit aux Provinces-Unies ; en 1776, il vit à Utrecht dans la misère, passe en Hollande puis rentre en France, pour s'établir à Lille, en 1776 d'après Lemaire. Il y séjourne sans interruption jusqu'à son arrestation, le 26 août 1793, puis passe quinze mois en prison à Paris. Il effectue en l'an III plusieurs voyages entre Paris et Lille, «pour y faire de l'agitation politique» (Lemaire). Il justifie sa conduite dans un opuscule de 92 p., Mon retour à la vie après quinze mois d'agonie (Lille, frimaire, An III, déc. 1794). Il semble alors s'être désintéressé de la politique et ne plus s'être occupé que d'aérostation jusqu'à sa mort. Cultivé et curieux de tout, il possédait à Lille en 1789 une belle et vaste maison avec une riche bibliothèque. Ses opinions sont assez modérées sous l'ancien régime, respectueuses des autorités en place, mais assez hardies, sur le plan philosophique, pour lui valoir des poursuites : le n°  70 du 30 mars de la Feuille de Flandres, fut publiquement brûlé par l'arrêt du Parlement de Douai pour un article expliquant l'attitude des criminels par leur tempérament particulier ; cet article parut refléter des thèses matérialistes. A partir de 1789, ses opinions sont favorables à la Révolution et s'adaptent rapidement à la situation politique : favorables à la monarchie constitutionnelle jusqu'à la fuite et arrestation du Roi, puis de plus en plus méfiantes à l'égard de la monarchie. Ardemment républicain à partir du 10 août, le «Citoyen Joseph Paris» (telle est sa signature à partir de juillet 1791) suit en 1793, jusqu'à son arrestation, une ligne proche de celle de Robespierre, qu'il admire ouvertement. Affilié à la Société lilloise des Amis de la Constitution en juillet 1791, sincèrement patriote, il participa activement à la défense de Lille lors du siège autrichien (sept. 1792). Son arrestation en août 1793 semble résulter d'une lutte d'influences au sein des jacobins lillois, ainsi que de relations compromettantes avec le général Lamarlière, suspect de «girondisme».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Lille, 32634 ; B.U. Lille, 010788 (coll. inc.) ; A.D. Nord (coll. inc.).

Bibliographie

H.G.P., t. I, p. 382-399. D.P. 2, art. «Paris de Lespinard». – Lepreux H., Nos journaux : histoire et bibliographie de la presse périodique dans le département du Nord (1746-1895), Lille, 1896. – Bourgeois J., La Presse lilloise devant la Révolution, Lille, thèse de Droit, 1932. – Trénard L., «La presse périodique en Flandre au XVIIIe siècle», Dix-huitième sièclet. I, 1969, p. 89-105 et t. II, 1970, p. 77-101. – Pruvot C., «Un journal provincial à la fin de l'ancien régime, les Feuilles de Flandre1787-1788», Revue du Nordt. LIV, n°  212, janv. -mars 1972, p. 15-19. – Lemaire L., «Paris de Lespinard, journaliste lillois. Son arrestation pendant la Terreur», dans le Bulletin du Comité flamand de France, 1921, p. 299-331. – Levet E., «Paris de Lespinard : causeries d'un bibliophile savoisien», Revue savoisienneAnnecy, s.d. – Billioud J., «Les plus anciens journaux et almanachs de Marseille», Marseille, n°  7, 1950, p. 55-56.

Additif

En confirmation du renseignement fourni par L. Trénard au sujet de la condamnation du n° 70 de la Feuille de Flandres, on trouve dans le ms. BnF 21865 f° 63 l’arrêt du parlement : «26 juillet 1784. Le parlement de Douai a rendu le 16 de ce mois un arrêt pour flétrir et condamner au feu le SUPPLÉMENT au n° 70 des Feuilles de Flandre à cause des principes impies qui y sont exposés.» (démarche approuvée par le Garde des sceaux de Paris).

Auteur additif

Date indexée

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