AFFICHES DE BORDEAUX
Numéro
Titre(s)
Annonces, Affiches, et Avis divers (1758-1759). Puis: Annonces, Affiches, Nouvelles et Avis divers de / pour la ville de Bordeaux (1760-1763). Et, à partir de 1764: Annonces, Affiches, et Avis divers pour la ville de Bordeaux.
Cependant, à partir de 1774, les numéros, sauf le n° 1 de l'année, portent le titre: Affiches de Bordeaux, Annonces etc.
Titre indexé
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
Mardi 1er août 1758-30 juillet 1784.
Périodicité annoncée: d'abord hebdomadaire (le jeudi vers midi), puis, à partir de 1783, bi-hebdomadaire (mardi et vendredi vers midi). Périodicité respectée, sauf cas exceptionnels (en raison de fêtes, par exemple, les Affiches hebdomadaires sont distribuées le vendredi ou le samedi: n° 17 de 1758, n° 52 de 1764 et 1770…).
Les livraisons sont regroupées pour une année en un recueil, plusieurs recueils pouvant être reliés en un volume. Dans les collections étudiées, 1758-1769, 1771-1772: vol. I, 1758-1760; vol. II, 1761-1763; vol. III, 1764-1766; vol. IV, 1767-1769; vol. V, 1771; vol. VI, 1772. 1778-1781: 1 vol.
Volumes séparés pour les années 1770, 1773, 1774, 1777 (noter que certaines livraisons manquent: n° 12 de 1759, n° 30, 41 et 50 de 1760; n° 1, 2 de 1761; n° 16, 18, 38, 42-45, 51 de 1771; n° 10, 21, 22, 24, 29, 42, 51-53 de 1772; n° 48, 50 de 1774; n° 27, 43 de 1777)- 1775-1776, 1782-1784: livraisons non reliées avec lacunes plus ou moins importantes.
Description de la collection
La livraison est en général de 4 p. sur deux colonnes, mais peut être de 6 ou de 8 p. (notamment le n° 1 de l'année). Il y a parfois des Suppléments qui sont paginés ou non. La pagination est continue pendant un an, mais n'est pas à l'abri d'erreurs (on relève aussi des erreurs de numérotation).
Le nombre des pages d'un recueil annuel varie de 206-212 à 228-240 (voire 376: année 1778). Cahiers de 8 p., 200 x 250 (environ), in-4°.
En 1764, il y a une devise: Diversitas.
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
A Bordeaux, au Bureau d'Avis, Chez les Frères Labottière, Imprimeur-Libraires, Place du Palais. A partir du 7 janvier 1762, la mention «au Bureau d'Avis» disparaît.
Du 26 juin 1777 au 31 juillet 1777: «A Bordeaux, Simon de la Court, Imp. du Roi, rue du Cahernan».
Prix de l'abonnement: 6 £ pour la ville, 9 pour le dehors (franc de port). L'usage ordinaire de faire payer l'abonnement d'avance n'est pas retenu (n° 4°, 6 oct. 1763).
Lorsque les Affiches deviennent bihebdomadaires, le prix de l'abonnement s'élève respectivement à 9 et 12 £.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)
Fondateurs-propriétaires-rédacteurs: Jacques et Antoine LABOTTIÈRE.
Parmi les collaborateurs: Jacques Baurein, Jacques-Joseph Bulotte, Le Cat, Marie de Saint-Georges de Montmory, Fortuné Sticotti.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
Contenu annoncé: nous n'avons trouvé ni prospectus ni Préface pour 1758. Un prospectus daté du 3 janvier 1783 traduit une volonté de renouveau lorsque les Affiches deviennent bihebdomadaires.
Contenu réel: – Biens, charges, effets ... à vendre ou à louer ou affermer. – Avis divers: demandes particulières, emplois, objets perdus, volés ou trouvés, faits divers, fêtes, loteries, prospectus et annonces publicitaires (commerce, leçons et cours ...). – Législation, justice et police (édits, déclarations, ordonnances du Roi, arrêts du Conseil d'Etat du Roi ...). –Nouvelles politiques, militaires, navales, françaises et étrangères (rubrique qui tend à se réduire après 1761). – «Arts», sciences et «industrie»: mécanique, métallurgie, manufactures, inventions de machines, agriculture (avis, observations, méthodes de culture et d'élevage), considérations sur le commerce et les moyens de l'améliorer, météorologie et astronomie, histoire naturelle, chimie, physique, médecine et chirurgie (maladies et contagions, traitements et remèdes, expériences, thèses ...), art vétérinaire, «économie», recettes et secrets. – Belles-Lettres: prospectus et souscriptions, liste des nouveautés (livres, almanachs, périodiques, estampes, gravures ...) avec parfois un commentaire plus ou moins long de l'ouvrage; séances, programmes, mémoires, prix ou expositions des Académies et Sociétés parisiennes, provinciales, notamment bordelaises; pièces fugitives: poésie (petits genres et, en particulier, énigmes et logogriphes), contes, allégories, lettres, réflexions, pensées, anecdotes, mémoires, dialogues à tonalité morale ou historique: – Spectacles: nouvelles dramatiques, comptes rendus des représentations au Théâtre de Bordeaux (1759). – Mouvements des navires (entrés en rivière, arrivés de l'Amérique et des colonies françaises, mis en coutume ...). – Cours des assurances, des grains et des eaux-de-vie, des changes (à Paris et à Bordeaux), prix courant des denrées de l'Amérique.
Centre d'intérêt: la vie à Bordeaux, son commerce, son port, son activité intellectuelle et artistique, son histoire aussi (cf. extraits des Variétés bordeloises.
Les auteurs étudiés sont ou des auteurs dramatiques dont les pièces sont jouées à Bordeaux en 1759 (Destouches, Marivaux, de Moissy, Piron ...) ou quelques romanciers dont les œuvres sont l'objet d'une analyse (Mlle de La Guesnerie et les Mémoires de Milady B..., Rousseau et La Nouvelle Héloïse, etc.) ou encore des écrivains liés à la ville ou la province (Dom Devienne...).
Historique
C'est en s'inspirant des Annonces, affiches et avis divers de Paris que les frères Labottière (Jacques, libraire et Antoine, imprimeur) ont l'idée de lancer, en 1758, à Bordeaux, une des grandes villes de province, une feuille hebdomadaire. Peu auparavant, ils ont ouvert, à l'imitation de ce qu'avait fait Renaudot à Paris, un «Bureau d'avis», sorte d'agence de publicité et d'information, profitant de la situation de leur imprimerie-librairie, place du Palais, un quartier fréquenté par les hommes de loi et le lieu d'arrivée des courriers et des diligences. Soucieux de rendre aussi curieuses, utiles et intéressantes que possible leurs Affiches, qui, faut-il le préciser, ne doivent contenir aucune nouvelle politique (tout événement marquant ne peut y être consigné que dans la mesure où la police le permet), ils font appel à la collaboration de leurs lecteurs et plus spécialement invitent les gens de lettres à leur communiquer leur portefeuille et les négociants leurs observations sur le commerce. Tous les envois doivent parvenir au plus tard quarante-huit heures avant la distribution des feuilles, sans quoi la publication est reportée à l'ordinaire suivant.
Les premières livraisons ne manquent pas d'un certain intérêt lorsque, par exemple, il est rendu compte des représentations théâtrales de la ville, ou lorsqu'est évoquée l'histoire de Bordeaux, de ses rues et de ses monuments ... Mais il faut reconnaître que, les années s'écoulant, le journal tend à perdre de cet intérêt. De plus en plus sont donnés des extraits d'ouvrages ou de périodiques (notamment d'Affiches d'autres villes) et, par ailleurs, les rubriques qui relèvent des échanges («biens et effets à vendre») et des «avis divers» se font prédominantes aux dépens des autres articles: s'il est question de livres, il s'agit de simples listes de titres; la poésie, elle, se réduit à l'énigme ... On ne s'étonne guère que les Mémoires secrets jugent les Affiches de Bordeaux «des plus mal faites» ou encore «très sèches et très ennuyeuses». «Sécheresse», c'est le terme qu'emploie également à leur propos le Bordelais P. Bernadau (B.M. Bordeaux, ms 713, Œuvres complètes de P. Bernadau, t. VI, Deuxième recueil des Tablettes, 28 sept. 1790, p. 278).
Cependant, elles n'en devaient pas moins présenter pour les Bordelais un caractère utilitaire et constituer pour leurs auteurs une affaire fructueuse. Pendant vingt-six ans, les frères Labottière en ont assuré régulièrement la rédaction – Jacques surtout (cf. E. Féret: Statistique générale de la Gironde, t. III; Biographie, Bordeaux, 1889, p. 342) – et la publication, sauf pendant quelques semaines en juin-juillet 1777. A cette époque, en effet, ils sont interdits de leur fonction d'imprimeur-libraire par un arrêt du Conseil d'Etat du Roi du 25 mars 1777 supprimant un écrit sorti de leurs ateliers: Très humbles et très respectueuses remontrances de la Cour des Aydes et finances de Guienne au sujet des Lettres patentes du Roi du 24 9bre 1776 concernant les octrois de Bordeaux. Le 23 juin, les presses, vis et platines sont démontées et déposées dans la chambre syndicale. Les Affiches paraissent alors, à partir du 26 juin (n° 26), chez un autre imprimeur bien connu de la ville, Simon de La Court. Mais, sur intervention du maréchal de Mouchy, qui insiste sur la réputation de probité et d'exactitude des deux frères, un nouvel arrêt du Conseil d'Etat du Roi (du 15 juillet 1777) lève l'interdiction prononcée et réduit l'amende infligée de 500 £ à 10 £ (A.D. Gironde, C. 3315 et 3451). Les Labottière reprennent leurs activités et les Affiches, dès le 7 août (n° 33), sortent de nouveau de leurs presses.
Et sans doute auraient-elles duré plus longtemps s'ils n'avaient pas été «dépouillés de leur privilège deux ans avant son expiration» Affiches de Bordeaux, Annonces etc, 30 juillet 1784, cité par E. Labadie). Ce privilège était, on le sait, rattaché à celui des Affiches de Paris dont le directeur-rédacteur était, comme le rappellent les Mémoires secrets du 14 mars 1785 (t. XXVIII, p. 182), «le chef de toutes les affiches qui s'impriment dans les diverses provinces». Les Labottière avaient obtenu un privilège jusqu'en 1786. Mais voici qu'au terme de démarches mal éclaircies, menées auprès des entrepreneurs des Affiches de Paris, l'abbé Dupont des Jumeaux, précepteur des enfants de l'Intendant Dupré de Saint-Maur, et ses deux associés, les Bordelais L.G. de Clozanges et H.E. Gaufreteau de La Gorce, réussissent à obtenir à leur profit le privilège. Le 30 juillet 1784, les Affiches paraissent pour la dernière fois. Un mois plus tard, le 1er septembre, est lancé le premier numéro du Journal de Guienne qui prend ainsi la relève avec cette différence qu'il est, lui, quotidien.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
Coll. étudiées: B.M. Bordeaux, H. 3440 (1-6): 1758-1769, 1771-1772 (sous la même cote existe également l'année 1778); D.U. 23073: 1778-1781 (sous la même cote on trouve aussi les années 1758-1765 en 2 vol.); Double 9227: 1782 (n° 1-8, 10-19, 21, 25, 27-38, 42, 45-51). 1783 (n° 1-80 sauf n° 49, 99), 1784 (n° 36); A.D. Gironde: 4L. 1369: 1774, 1777 (sous la même cote figurent aussi les années 1767, 1771, 1772, 1778, 1779, 1780); A.M. Bordeaux: 16 novembre 1775, 28 janvier 1776, 4 et 14 avril 1776; B.N., 4°Lc124: 1770, 1773.
Bibliographie
Mention dans M.S., t. XV, 1784, p. 253 (6 août 1780) et t. XXVII, 1786, p. 48 (2 déc. 1784). – Labadie E., La Presse bordelaise pendant la Révolution. Bibliographie historique, Bordeaux, 1910, p. 11-18. – Granderoute R., Catalogue des périodiques anciens (1600-1789) conservés à la Bibliothèque municipale de Bordeaux, Bordeaux, Société des Bibliophiles de Guyenne, 1987; – Idem, «Le journal dans le journal: l'exemple de la presse bordelaise (1758-1789)», dans Diffusion, p. 227-236.
Date indexée
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