AFFICHES DE TROYES
Numéro
Titre(s)
Annonces, affiches et avis divers de Troyes, capitale de la Champagne.
Devient en 1783 (1er janv.): Affiches de Troyes; puis à partir du 19 mars 1783, Journal de Troyes et Champagne Méridionale (et de la Champagne Méridionale le 14 avril); puis à partir du 14 juillet 1790, Journal du département de l'Aube, et districts voisins. Chaque tome annuel comporte une page de titre ajoutée au moment de la reliure et donnant un titre légèrement différent: Annonces, affiches et avis divers de la Ville de Troyes, puis à partir de 1783, Journal de la Ville de Troyes et de la Champagne Méridionale.
Titre indexé
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
Hebdomadaire paraissant le mercredi, 9 janvier 1782 - fin novembre 1795 (brumaire An IV). Avec privilège et permis d'impression. Prospectus en tête du t. 1 (1782). De 51 à 53 livraisons par an, réunies en tomes d'environ 208 p., puis en volumes rassemblant 3 ou 4 années. La collection troyenne comporte 4 vol.: vol. I, 9 janv. 1782 - 29 déc. 1784; vol. II, 5 janv. 1785 - 26 déc. 1787; vol. III, 2 janv. 1788 - 28 déc. 1791; vol. IV, 4 janv. 1792 - 5 nov. 1795 (avec un numéro s. d., fin nov.).
Description de la collection
Chaque numéro est fait d'un cahier de 4 p. in-4°, 210 x 275, imprimé sur deux colonnes. Quelques rares suppléments. La collection troyenne inclut quelques canards et avis, encartés en particulier à la fin du t. I. Le tome annuel comporte, à plusieurs reprises, un hors-texte: carte des environs de Troyes (1782), jubé de la Madeleine (1783), portail de Saint-Nicolas (1785).
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
«On s'abonne à Troyes, chez Sainton, rue du Temple ...»; «De l'imprimerie de Garnier le Jeune, rue du Temple, à Troyes»; imprimé ensuite chez la veuve Gobelet, puis chez Sainton.
«Le prix est de 6 liv. pour Troyes, et 7 liv. 10 s. pour toutes les autres villes du Royaume, franc de port par la Poste».
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)
Aucun auteur mentionné; le fondateur et directeur du journal est certainement le libraire SAINTON, à qui est adressé le courrier des lecteurs (cf. n° du 28 mai 1783).
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
Le prospectus annonce quinze rubriques: 1) «L'Annonce des Biens-fonds, Seigneuries, Fermes, Maisons, Charges, Offices, à vendre ou à louer dans l'étendue des trois bailliages désignés» (Troyes, Sézanne et Bar); 2) Maisons, jardins à louer; 3) Ventes d'effets, de voitures, etc. (avis transmis par les notaires); 4) Tableau de la conservation des hypothèques; 5) «Les découvertes en Médecine, Histoire Naturelle, Physique, etc. qui peuvent intéresser la santé de l'Homme, satisfaire ses besoins ou sa curiosité»; 6) Jurisprudence; 7) Demandes des particuliers; 8) Effets perdus ou trouvés, places à proposer, emprunts à faire, argent à placer; 9) Avis divers; 10) «Des Notices, des Anecdotes, des Observations relatives à l'Histoire ancienne et moderne du Pays»; 11) Taxes du pain; 12) Prix du blé; 13) Observations météorologiques; 14) «Le titre des livres nouveaux, leurs prix et les noms des Libraires chez lesquels ils se trouveront»; 15) Pièces de poésies, épigrammes, logogriphes, etc.
Le contenu correspond à ce programme; les tables données en tête des tomes annuels montrent que les rubriques les mieux représentées sont: législation et police, médecine et physique, traits de bienfaisance, anecdotes, variétés et lettres de lecteurs, annonces de livres nouveaux, poésies et charades. On note au passage un intérêt soutenu pour les découvertes de médecine et de physique, pour les observations météorologiques, pour les problèmes démographiques (publication des tableaux des naissances en France et dans la Champagne pour les dernières années écoulées, janv. 1783), pour les études locales (archéologie, histoire, conservation ou moulage des statues, août 1782), pour les grands hommes de la région (notice nécrologique de Diderot le 18 août 1784, de Grosley le 16 nov. 1785). On remarque en particulier l'importance du courrier envoyé par les lecteurs, surtout dans les premières années du journal.
Historique
«Ce département [c'est-à-dire la rubrique des nouvelles de Troyes dans le Journal de Champagne] ayant été cette année démembré du Journal de Champagne, On se propose aujourd'hui d'y donner une plus grande extension; de réunir dans une Feuille hebdomadaire tout ce qui peut avoir des relations avec notre Ville, par le Commerce, l'Industrie, les Affaires, l'Histoire, les Belles-Lettres, l'Agriculture, la Physique et l'Histoire Naturelle. Les Bailliages de Sézanne et de Bar-sur-Seine seront compris dans cet établissement ...». Le Prospectus de 1782 (publié à la fin de 1781) montre bien comment les Affiches de Troyes sont nées de la réorganisation des Affiches de Reims (devenues Journal de Champagne en 1781). Le libraire Sainton fut certainement à l'origine de la feuille troyenne; mais une équipe d'érudits locaux fut sans doute mise en place, ces «Messieurs qui font les Affiches de Troyes», comme le dit un humoriste local (lettres d'Emme Gourdaut, «Laboureur à Pesi», les 19 févr. et 9 mars 1783). Le journal semble avoir répondu d'emblée à une forte demande, et Sainton pourra rappeler, dans son «Discours préliminaire» de l'année 1784, «l'enthousiasme qui a fait naître ce Journal». Des difficultés semblent toutefois avoir surgi, quant au partage des compétences territoriales, avec le Journal de Champagne: «les obstacles qui ont traversé ses commencemens, en arrêtant la publication de la Conservation des Hypothèques, ayant été levés au mois de février dernier, cet Article essentiel et de l'utilité la plus générale, en formera toujours la base» («Avis au Public sur le Journal de Troyes», 10déc. 1783). Le directeur fera allusion encore, en 1784, aux «persécutions personnelles» dont il a été victime (7 janv. 1784), mais pour constater la solidité du journal. Ce qui prouve le mieux la santé des Affiches de Troyes dans les années qui précèdent la Révolution, c'est le nombre et la qualité des lettres de lecteurs: lettres sur l'utilité de la météorologie (1er mai 1782), sur la nécessité d'étudier le phénomène de la rage, au lieu de se fier à de vaines superstitions (22 mai 1782), sur la conservation des témoignages du passé, etc. Cette forte assise permettra aux Journal de la ville de Troyes de passer à travers la Révolution sans changer de forme. La rubrique «Législation» s'ouvre à l'administration puis à la préparation et à la tenue des Etats généraux; parfois, mais très rarement, un supplément indique l'intérêt porté aux événements politiques: édits concernant les protestants (13 févr. 1788, avec suppl. au n° 7), «Passage de Necker à Troyes» et relation de la prise de la Bastille (22 juil. 1789). Fidèle à sa fonction de gazette administrative, le journal publie les listes de gardes nationaux, énumère sans commentaire les privilèges abolis le 4 août (12 août 1789), rend compte des proclamations du Roi (14 oct. 1789) ou des «principaux résultats des Décrets de l'Assemblée Nationale» (à partir du 9 déc. 1789). En 1791, il donnera régulièrement la liste des adjudications de biens nationaux; en 1793, il publie avec la même impassibilité les adresses de la Convention ou les nouvelles des armées. La chute du journal semble avoir été due à des difficultés économiques: dans le dernier numéro connu, qui fut publié avec retard (numéro double, 6-7, non daté, sans doute à la fin de novembre 1795), Sainton lance un appel pour le renouvellement des abonnements, en évoquant «le prix excessif du papier et des frais d'impression». Ce numéro fut sans doute le dernier.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
B.M. Troyes, RR 61-64.
Bibliographie
Socard E., «Le journalisme à Troyes», Revue de Champagne et de Brie, . 1, 1876, p. 235 et suiv.
Date indexée
- Se connecter pour publier des commentaires