LA CONNAISSANCE DES TEMPS
Numéro
Titre(s)
La Connoissance des temps, ou calendrier et ephemerides du lever et coucher du Soleil, de la Lune, et des autres Planetes. Avec les eclipses pour l'Année M.DC.LXXIX, calculées sur l'elevation et le Meridien de Paris, et la maniere de s'en servir pour les autres Elevations. Avec plusieurs autres tables et Traitez d'Astronomie et de Physique. Et des Ephemerides de toutes les Planetes en figure.
Le titre est plus court en 1684 mais en 1687, s'ajoutent des suppléments : tables de géographie et d'hydraulique ; en 1689 : méthode pour la construction de toutes sortes de quadrans ou horloges solaires. En 1694, il annonce en plus un traité des mesures réduites. En 1702, le changement de la page de titre annonce une autre direction à la tête de la revue : Connoissance pour l'année 1702 au méridien de Paris publiée par l'ordre de l'Académie Royale des Sciences et calculée par M. Lieutaud de la même Académie. Légère variante en 1762 : Connoissance des mouvemens célestes, et à nouveau Connoissance des temps en 1768, puis en 1784 : Connoissance des temps ou connoissance des mouvemens célestes ; en 1787 : Connoissance des temps ou exposition du mouvement des astres pour revenir à Connoissance des temps en 1788, titre qui variera encore légèrement en 1789 : Connoissance des temps à l'usage des astronomes et navigateurs, mais le début reste inchangé jusqu'en 1907.
Titre indexé
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
110 volumes de 1679 à 1789. Privilège du 16 mars 1679. L'Académie des sciences le céda à Jean Boudot le 13 février 1707 conformément au traité fait avec son père le 3 juillet 1699. Puis Lieutaud céda la permission d'imprimer à Jean Mariette le 6 juillet 1713. Nouveau privilège accordé à l'Académie en la personne de son président, Jean-Paul Bignon, le 1er juillet 1717, pour quinze ans.
Périodicité annuelle. Les volumes sont d'abord datés de la même année que l'année pour laquelle sont données les prévisions ; un décalage d'un an apparaît pour le volume de 1707 daté de 1706. 1707-1723 : décalage d'un an ; 1724-1742 : même année ; 1743-1750 : décalage d'un an ; puis 1761-1774 : décalage de deux ans ; 1775-1777 : décalage d'un an ; 1778-1779 : décalage de deux ans ; enfin 1780-1789 : décalage de trois ans.
Description de la collection
Un volume annuel dont la pagination varie de 70 p. en 1679, 106 p. en 1680, 102 p. en 1699, 112 p. en 1706, 187 p. en 1707, 194 p. en 1715, 212 p. en 1730, 228 p. en 1755, 240 p. en 1760, 390 p. en 1776 et va jusqu'à 365 p. en 1779, 426 en 1781, 436 en 1783 puis revient à 407 p. en 1789.
In-12 de 1679 à 1689, 85 x 142, cahiers de 6 feuilles. In-8° de 1703 à 1706, 122 x 191. In-12 de 1707 à 1789, 95 x 155. puis 110 x 170.
Frontispice de Le Pautre en 1679 ; de Noblin en 1682 et 1683 ; Le Pautre en 1684 jusqu'en 1700 ; en 1701, frontispice différent non signé ; en 1729, frontispice différent signé Ph. Simonneau fils, 1729 ; en 1749, frontispice différent signé Soubeyran, 1748 ; plus de frontispice à partir de 1752.
Deux planches : les «ascensions droites du soleil» et une carte de la lune ; carte de France de Guillaume Delisle en 1703 ; en 1748, la carte de France est de Philippe Buache. En 1762, 2 figures supplémentaires : «Châssis de réduction pour le calcul des longitudes en mer». En 1784, Jeaurat donna une nouvelle carte de France.
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
Paris, Jean-Baptiste Coignard, imprimeur du Roi, rue Saint-Jacques, à la Bible d'Or de 1679 à 1682. Paris, Denys Thierry, rue Saint-Jacques en 1683. Paris, Estienne Michallet, à l'image Saint-Paul de 1684 à 1699. Paris, veuve Etienne Michallet en 1700. Paris, Jean-Baptiste Delespine, rue Saint-Jacques, à l'image Saint-Paul en 1701. Paris, Jean Boudot, imprimeur du Roi et de l'Académie royale des sciences, rue Saint-Jacques, au Soleil d'Or de 1702 à 1708. Paris, veuve Jean Boudot et Jean Boudot fils de 1709 à 1713. Paris, Jean Mariette, rue Saint-Jacques aux colonnes d'Hercule de 1714 à 1728. Paris, Imprimerie royale de 1729 à 1789.
Imprimeur : Antoine Lambin de 1688 à 1699, puis veuve Antoine Lambin de 1702 à 1722.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)
L'abbé PICARD, professeur d'astronomie au Collège royal et membre de l'Académie des sciences le publia pour la première fois en 1679 jusqu'à sa mort en 1682. La préface au roi est signée par Dalencé de 1679 à 1682 également. Le Febvre en fut chargé de 1685 à 1701 puis en 1702, cette publication devint propriété de l'Académie royale des sciences et fut assurée par les meilleurs spécialistes de cette institution jusqu'en 1795 : Le Febvre de 1685 a 1701 ; Lieutaud de 1702 à 1729 ; Godinde 1730 à 1734 ; Maraldi de 1735 à 1759 ; Lalande de 1760 à 1775 ; Jeaurat de 1776 à 1787 ; Méchain de 1788 à 1795.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
Le contenu réel de cet annuaire astronomique et de navigation correspond au contenu annoncé par une table toujours très détaillée et exactement suivie. On y trouve : un calendrier pour l'année en cours, une table des marées, les latitudes et longitudes, les méthodes pour régler les pendules compte tenu des déclinaisons, enfin divers renseignements pratiques comme le jour des départs des courriers des principales villes de France ; des suppléments s'y ajoutent presque chaque année : par exemple en 1783 une carte des étoiles des pléiades de Jeaurat, une autre des clochers de Paris ; en 1778, des observations météorologiques ; à partir de 1751 jusqu'en 1789, la liste des membres de l'Académie des sciences et leur adresse.
Tables : à partir de 1765.
Historique
Paru pour la première fois en 1679, cet annuaire astronomique connut immédiatement un grand succès, étant donné son utilité, et n'a plus jamais souffert d'interruption. Maraldi le doubla d'un manuel de navigation, ce qui accrut encore sa diffusion et après la suppression des académies, le Bureau des longitudes en assuma la publication tout au long du XIXe siècle.
D'abord rédigé par l'abbé Jean Picard, puis par son confrère également académicien, Le Febvre, il fut, après la réforme de l'Académie royale des sciences de 1699 conduite par l'abbé Bignon et l'exclusion de Le Febvre, élaboré par une équipe d'académiciens : Joseph Lieutaud entouré de Réaumur, Galon et Cassini. Louis Godin remplaça Lieutaud, se fit assister de Grandjean de Fouchy et apporta quelques innovations : il donna le premier «l'ascension droite du soleil» et calcula les «lieux du soleil» avec la précision des secondes. Godin partit en mission au Pérou pour déterminer la figure et la mesure de la terre et Maraldi eut la responsabilité de cet annuaire pendant vingt-cinq ans. Il lui ajouta la configuration des satellites pour tous les jours de l'année. Jérôme Le François de Lalande le remplaça en 1760 et enrichit la partie destinée aux navigateurs, en particulier de la recherche des longitudes par le moyen de la lune ; on y trouve aussi l'observation des deux comètes de 1760. C'est à partir de 1760 aussi que l'on décida de faire paraître ce manuel dix-huit mois avant l'année pour laquelle il devra servir «pour qu'il parvienne d'assez bonne heure dans tous les lieux de la terre où l'on peut en faire usage». Lalande choisit les tables de Mayer pour la lune et celle de Lacaille pour les calculs du soleil et ceux des cinq planètes principales furent effectués sur les tables de Halley. Surtout, Lalande sut mettre à la portée d'un public élargi les dernières découvertes par des exposés d'une remarquable simplicité.
Jeaurat qui lui succéda en 1776 suivit les mêmes principes et, pour sa part, donna des calculs plus précis de la lune, en ajoutant la déclinaison de six en six heures pour faciliter le calcul de la hauteur. La publication contenait toujours, suivant la tradition, diverses observations d'astronomie et de physique ainsi que la notice abrégée des livres nouveaux dans ces domaines et celui de la navigation. Méchain, autre astronome illustre remplaça Jeaurat en 1788 et y appliqua la même attention ; il continua à donner les distances de la lune tirées du Nautical Almanac, avec l'aide de Maskelyne. Méchain dut abandonner en 1794 la rédaction de la Connaissance des temps, qui fut provisoirement publiée par la Commission temporaire des poids et mesures.
En effet, cet ouvrage avait suffisamment fait preuve de son utilité pour qu'il ne pût être suspendu, malgré les circonstances. C'était un instrument indispensable aussi bien pour les astronomes que pour les navigateurs comme l'avait reconnu le ministre de la Marine en 1785 en lui accordant une subvention annuelle de 1600 livres. Purement mathématique pendant près d'un siècle, cette revue avait su évoluer en intégrant toutes les nouveautés scientifiques et les découvertes intéressantes dans un domaine très spécialisé et grâce à des personnalités scientifiques de premier plan.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
B.N., V 21569 et Rés. V 2159-2193 (coll. complète). Collections incomplètes à Inst., Ste G., Sorbonne, Observatoire et Institut catholique.
Particularités d'exemplaires : Rés. V 2159-2161 : 1679, 1681-1682, reliure aux armes du Dauphin ; V 21569 : 1690, imprimé Pierre-Daniel Huet ; Rés. V 2169 : 1720, gardes de papier doré ; Rés. 2173-2175 : 1726-1728, reliure de maroquin rouge aux armes royales ; Rés. V 2192 : 1761, belle reliure de maroquin rouge à décor estampé à chaud attribuée au relieur Fétil, rue des Cordeliers.
Bibliographie
Journal des savants, 1679, 1681, 1682, 1683, 1684, 1704, 1707. – Hahn R., The Anatomy of a scientiflc institution, the Paris Academy of Sciences, 1666-1803Los Angeles, London, 1971. – Debarbat S., «La qualité des observations de Picard», dans Jean Picard et les débuts de l'astronomie de précision au dix-septième siècle, édités par Guy Picolet, CNRS, 1987. – Bléchet F., «Un précurseur de Encyclopédie au service de l'État : l'abbé Bignon», dans L'Encyclopédisme, Actes du colloque de Caen 12-16 janvier 1987, sous la direction d'A. Becq, Paris, Klincksieck, 1991.
Additif
Titre(s): Connaissance des temps de 1679 à 1761 ; Connaissance des mouvements célestes de 1762 à 1767 ; Connaissance des temps de 1768 à 1787 ; Connaissance des temps ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs, de 1788 à 1970 ! ; Connaissance des temps depuis 1971.
Lalande a imposé le titre long qui demeurera jusqu’en 1970 afin de ne pas confondre cette éphéméride avec de petits almanachs astrologiques.
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s) : La CDT est la plus ancienne des éphémérides annuelles astronomiques. Elle paraît sans discontinuer depuis la fin de l’année 1678. Elle a été transformée en un almanach nautique au cours du XVIIIe siècle par l’astronome Jérôme le François de Lalande qui a marqué ce périodique de son empreinte. Le modèle qu’il a établi en 1759 a été conservé jusqu’à la fin du XIXe siècle : tables astronomiques, tables nautiques, notices scientifiques et annales de l’astronomie. Lalande en a modifié le titre à deux reprises pour éviter de confondre la CDT avec de semblables petits almanachs astrologiques. La CDT s’est appelée Connaissance des mouvements célestes entre 1762 et 1767, avant de revenir à son titre originel sous la pression de l’Académie des sciences. Enfin, la CDT s’est intitulée Connaissance des temps ou des Mouvements célestes, à l’usage des astronomes et des navigateurs à partir de 1790, et a conservé ce titre jusqu’en 1970, bien longtemps après que la CDT a cessé d’être un almanach nautique. Cette publication est indissociable de l’histoire de l’Académie royale des sciences au cours du XVIIIe siècle puis, à partir de 1795, à celle encore plus intime du Bureau des longitudes.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s): La CDT est à l’origine une entreprise semi-privée. Joachim Dalencé, un physicien-météorologue-astronome a créé cette éphéméride à la toute fin de l’année 1678. À l’époque n’existent que de petits almanachs connus sous le nom d’Étrennes donnant les levers et couchers du Soleil bâtis sur des tables plus ou moins (in)connues. Les astronomes emploient un nombre très restreint de tables astronomiques sous des formes abruptes où tout est à faire. L’idée est donc de simplifier en partie les calculs astronomiques et d’établir des agendas astronomiques où figure l’essentiel. Une centaine de pages, c’est le volume des tables de la CDT dès son origine et pendant plusieurs décennies. Les astronomes de l’Académie des sciences, Jean Picard (en 1680) puis Jean Lefèvre (en 1685), entrent dans le projet. En plus des prédictions et dessins des éclipses de Soleil ou de Lune, on y trouve des exposés pour la mesure de l’heure à l’aide d’observations astronomiques et de l’heure locale à l’aide des observations de la hauteur des étoiles, des tables des marées. Après 1680, on commence à trouver les prévisions des émersions et immersions des satellites de Jupiter, les passages de la Lune au méridien de Paris, des considérations sur la déclinaison magnétique (de la boussole).
En 1700, les astronomes La Hire père et fils sont accusés par Jean Lefèvre d’avoir falsifié des observations, bref d’avoir été des astronomes malhonnêtes. L’Académie royale des sciences somme Lefèvre de se rétracter, ce qu’il ne fait pas. À la suite de plusieurs absences répétées aux séances de l’Académie, Lefèvre en est exclu. Le comte de Pontchartrain transfère alors les éphémérides sous le contrôle de l’Académie royale des sciences. Jacques Lieutaud hérite de sa rédaction en 1702.
Plusieurs astronomes de l’Académie se succèdent à la tête de la CDT jusqu’en 1759 ; lorsque le rédacteur est élu pensionnaire, il doit laisser sa place à un membre de l’Académie d’un rang inférieur et élu en séance. La pension octroyéepour ce travail est de 800 livres jusqu’en 1760 (celle d’un pensionnaire est de 1200 livres), revenu non négligeable. Jusqu’en 1760, le rédacteur est seul mais certaines décisions concernant le contenu sont prises par une commission académique (Lieutaud, Réaumur, Galon, Cassini, dans la première moitié du XVIIIe siècle). Après Jacques Lieutaud, Louis Godin (en 1730) puis Giovanni Maraldi (II) (en 1734) sont successivement responsables de la CDT. Quelques améliorations notables sont apportées, surtout sous Godin puis Maraldi : on commence à connaître l’origine et l’auteur des tables employées pour les calculs ; la présentation des éphémérides des satellites de Jupiter est donnée sous forme graphique et améliorée ; on y trouve les adresses des membres de l’Académie ; des cartes d’éclipses plus détaillées, etc. Maraldi II ajoute quelques tables secondaires pour la navigation, mais cela demeure encore anecdotique. Toutes ces améliorations confèrent, déjà, à la CDT une richesse bibliographique, bibliophilique, historique et scientifique inestimable.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables: Les premières critiques sur le contenu de la CDT datent des années 1750. En 1754-55, l’abbé Brancas de Villeneuve créé ses propres éphémérides cosmographiques pour y faire tout ce qu’il n’y a pas dans la CDT : tables pour les marins, occultations, etc. Le Père Alexandre-Guy Pingré est amené par l’astronome académicien Pierre-Charles Le Monnier à calculer quatre volumes d’un État du Ciel, destiné à des calculs nautiques basés sur la méthode des hauteurs de la Lune, concurrente des distances lunaires que prônent l’abbé Lacaille et l’officier de la Compagnie des Indes, Jean-Baptiste d’Après de Mannevillette. Lacaille et Le Monnier sont de farouches adversaires ; outre leurs divergences scientifiques – Lacaille représente l’astronomie nouvelle, Le Monnier une astronomie qui commence à dater –, la personnalité de Lalande occupe une position centrale dans leurs relations. À la suite de son voyage à Berlin, Lalande produit trois mémoires sur la parallaxe de la Lune, entre 1752 et 1756 dans lesquels son changement de clan est nettement perceptible. S’il est encore en 1752, ancien élève et disciple de Le Monnier, Lalande passe rapidement dans le clan représentant la nouvelle astronomie et opère le rapprochement avec Clairaut et Lacaille (problème des trois corps, application au mouvement de la Lune, nouvelles tables, parallaxe, navigation astronomique par les distances lunaires).
En 1759, Maraldi devenant pensionnaire, Lalande hérite de la charge. La CDT va devenir sa publication. Il va la transformer en profondeur, la propulsant dans la sphère des ouvrages rares, attendus et demandés. L’empreinte de Lalande se fera sentir jusqu’au début du XXe et même plus tard, jusque dans son titre CDT ou des mouvements célestes à l’usage des astronomes et des navigateurs . Lalande dirige la CDT à deux époques différentes : entre 1759 et 1772 puis entre 1795 et 1807 sous la première période du Bureau des longitudes. C’est à Lalande que l’on doit la volonté de faire paraître les éphémérides au moins 18 mois à l’avance afin que les navigateurs puissent disposer de ces almanachs avant leur départ.
Lalande intègre peu à peu les préceptes de Lacaille mais ne parvient pas faire accepter à l’Académie d’intégrer un almanach nautique donnant des tables de distances lunaires (luni-astrales) pré-calculées pour le méridien de Paris. C’est l’astronome anglais Nevil Maskelyne qui réalise le projet de Lacaille avec la parution du Nautical Almanac en 1766, éphéméride qui sera la grande rivale de la CDT tout au long du XIXe siècle. L’Académie de Marine de Brest projette en 1769-70 de traduire et d’adapter ces éphémérides en français mais le ministre de la Marine finit par interdire toute traduction. Finalement, Lalande obtient gain de cause et introduit les tables des distances lunaires, calculées en Angleterre et envoyées par Maskelyne, en 1772 (CDT pour 1774), avant de laisser sa place à Edme-Sébastien Jeaurat (ancien élève de Lalande à l’École militaire et fondateur d’un petit observatoire sous les toits). Jeaurat (en 1776) puis Pierre Méchain (en 1788) vont engager des calculateurs auxiliaires, précédemment recrutés par Lalande et payés sur ses fonds propres pour effectuer tous les calculs fastidieux. Jeaurat est à l’origine de la création du premier poste officiel de calculateur de la CDT spécialisé dans les calculs des distances lunaires : Louis-Robert Cornelier-Lémery, restera calculateur pendant plus de vingt ans, rémunéré 1200 livres pour ces calculs, autant que pour un pensionnaire de l’ARS ! Lalande et ses successeurs ont introduit dans la CDT des notices et exposés scientifiques, les adresses et domiciliation des correspondants de l’Académie, des nouveautés astronomiques (très précieuses pour les historiens). La CDT représente désormais un gros volume de presque 700 pages.
Depuis que le Chevalier de Borda a codifié la méthode des distances lunaires après le voyage de la Flore en 1771-73, il est devenu crucial de répandre le goût des observations astronomiques chez les marins. En 1785, le maréchal de Castries puis l’officier et ministre de la Marine Pierre Claret de Fleurieu, soucieux de voir se répandre la culture astronomique chez les marins, font pression sur le Baron de Breteuil, pour que l’Académie sépare la CDT en deux parties : un extrait de cent pages destinés aux seuls marins, vendu au moindre coût ; une seconde partie destinés aux seuls astronomes. la CDT est devenue un ouvrage trop gros, trop cher pour les marins du commerce.
Le premier volume de la CDT dans sa version almanach nautique avec extrait, paraît en 1789 pour l’année 1791 ; il est calculé par Pierre Méchain. La Révolution vient faire avorter ce projet même si Méchain et Lalande font tout leur possible pour produire les volumes pendant les heures sombres de la Terreur, en sollicitant les calculateurs du cadastre placés sous la direction de Gaspard Prony.
En 1795, l’abbé Grégoire, soutenu par Lakanal et Lalande, plaide à la Convention pour la création d’un Bureau des longitudes, sorte de club durable et dispositif destiné à consolider une astronomie d’observation. L’édition de la CDT est alors transférée au Bureau. Dès le début du XIXe siècle, la CDT est devenu un objet de bibliophilie et les exemplaires anciens, sous la plume de Lalande, se vendent fort cher.
C’est actuellement l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides (IMCCE) qui, depuis sa création en 1998, produit la CDT, sous le contrôle du Bureau des longitudes.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares : Principales collections à la Bibliothèque de l’Observatoire de Paris, à l’Institut de Mécanique céleste (IMCCE), à l’Observatoire des Sciences de Marseille.
Bibliographie: Marguet F., 1912, La Connaissance des temps et son évolution, Revue générale des sciences pures et appliquées, vol. 23, 133-140. - Lévy J., 1976, La création de la Connaissance des temps, Vistas in astronomy, 20, 75-77. - Boistel G., 2001, L’astronomie nautique au XVIIIe siècle en France : tables de la Lune et longitudes en mer, thèse de doctorat en histoire des sciences et des techniques, Université de Nantes, 3 vols., 1000 pp. ; partie II : Une histoire de la Connaissance des temps, 1678-1795. Thèse publiée par l’A.N.R.T., 2003, 2 vols. (ISBN : 2-284-03915-4). - Boistel G., 2004, «Nicole Lepaute et l’hortensia», Cahiers Clairaut, 108 (Hiver 2004), 13-17 (Nicole Lepaute est calculatrice pour la CDT sous Lalande). - Boistel G., 2010, «Jérôme Lalande et la Marine : un engagement sans failles mais non désintéressé», in G. Boistel, C. Le Lay, J. Lamy (dir.), Jérôme Lalande (1732-1807) : une trajectoire scientifique, Presses Universitaires de Rennes, 67-82. - Guy Boistel, à paraître, Pour la Gloire de M. de la Lande. Une histoire scientifique et sociale des éphémérides astronomiques et nautiques de la Connaissance des temps, 1678-1905, parution prévue pour 2012-2013.
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