L'ÉLITE DES NOUVELLES DE TOUTES LES COURS DE L'EUROPE

Numéro

0365

Titre(s)

L'Elite des Nouvelles de toutes les Cours de l'Europe Avec plusieurs faits curieux tant de l'ancienne Cour de France, et d'Angleterre, que de la moderne.

Titre indexé

ÉLITE DES NOUVELLES DE TOUTES LES COURS DE L'EUROPE

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un seul volume, publié en 1698. Pas de privilège. L'auteur annonce, dans son «Avertissement au lecteur», une périodicité mensuelle. Il ajoute: «Il semblera que je m'avise un peu tard, et même à contretemps en quelque façon, de mettre la main à ces ouvrages maintenant que l'année est commencée, mais comme elle n'est pas encore bien avancée, j'ai cru que je pourrais reprendre ici tout ce qui s'est passé de plus considérable dans les mois de Janvier et Février, afin que si ce petit livre a le bonheur de plaire au public, il y puisse trouver à la fin de l'année tout ce qui y sera arrivé depuis le premier de Janvier jusques à la fin de Décembre».

En fait, le volume se termine par les nouvelles de mai.

Description de la collection

Trois parties: 1) janvier, février et mars, 2) avril, 3) mai. Le volume unique compte 360 p. (120 p. par partie).

Format in-12. Marque: une coupe avec fleurs et feuillage.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Amsterdam, chez Louis Du Val, «Marchand Libraire dans le Kalverstraat».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Gatien de COURTILZ DE SANDRAS.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: «L'on trouvera peut-être dans ce petit livre, que l'on donnera tous les mois au Public, quelque sorte d'agrément par des faits curieux dont l'on tâchera d'égayer l'esprit du lecteur» («Avertissement au lecteur»).

Dans chaque partie, et dans l'ordre: nouvelles d'Italie, d'Allemagne, de France, d'Espagne, d'Angleterre, de Suède, de Danemark, de Pologne, de Hollande. Il s'agit d'un mélange de nouvelles politiques, religieuses et mondaines, auxquelles s'ajoutent des anecdotes, les unes récentes, d'autres anciennes, et des réflexions sur divers sujets.

Principaux centres d'intérêt: c'est d'abord l'Avertissement qui est intéressant, par le témoignage qu'il apporte sur la passion de l'époque pour les nouvelles: «Il n'y a rien de si amusant que les Nouvelles, chacun même s'en montre si friand que les plus habiles gens comme les autres y courent avec un empressement tout extraordinaire. Et cette passion est si commune aujourd'hui parmi tous les hommes, que ceux qui semblent avoir renoncé au monde n'en sont pas plus exempts que les autres. Il n'y a presque point de Couvent où l'on ne porte la Gazette. Ils veulent aussi avoir les Nouvelles à la main; et s'il se fait encore ou quelques petits vers, ou quelques petits écrits sur les Matières du Temps, on les trouvera tout aussitôt dans la manche d'un Capucin que dans la poche d'un Nouvelliste. De là vient que tout ce qui parle des Nouvelles est reçu du Public comme s'il avait quelque mérite». Malheureusement, dit Courtilz, on déçoit souvent ses lecteurs, surtout quand «on ne remplit ses Nouvelles que de louanges fades», et «c'est ce qui arrive tous les jours à l'Auteur du Mercure galant», qui loue tout le monde sans discernement.

Quant à l'ouvrage proprement dit, il souffre de deux inconvénients: d'une part, comme le dit l'Avertissement, «la stérilité des Nouvelles, maintenant que la paix est faite» (Ryswick, 1697), d'autre part l'emprisonnement de l'auteur à la Bastille (1693-1699). A court d'informations, Courtilz se rabat sur les faits divers scandaleux (et parfois inventés), sur les anecdotes romanesques, sur les réflexions à sujets variés: critiques des médecins, des partisans, des cafés anglais considérés comme des lieux de subversion, du quiétisme (auquel Courtilz se refuse à associer Fénelon), curieusement comparé au romanesque de Astrée (2e partie, p. 15-22).

A considérer l'ensemble, on ne peut dire, contrairement à ce qui a été écrit parfois, que Courtilz soit partial pour ou contre la France. Mises à part des critiques de l'attitude des papes (mai, p. 4-5) et des persécutions contre les réformés en France (mai, p. 14-15), les nouvelles et les réflexions de Courtilz sont d'ailleurs fort rarement de caractère politique. Sur le plan de la technique, Courtilz recourt souvent aux enchaînements par analogie, un peu à la manière de Brantôme.

Auteurs mentionnés: à la faveur de récits anecdotiques, Courtilz présente dans ce livre une galerie de plusieurs dizaines de personnages qui ont défrayé la chronique pour des raisons diverses, et dont il fait l'éloge ou la critique. Dans le domaine littéraire, il cite Furetière et Balzac, louange Molière, mais s'en prend à l'ignorance des historiens Léti et Raguenet, à l'irréalisme d'Honoré d'Urfé et à Bussy-Rabutin, qui est l'une de ses «têtes de Turcs».

Table à la fin de chacune des trois parties.

Historique

Parmi toutes ses productions littéraires, Courtilz de Sandras a fondé le Mercure historique et politique à La Haye en novembre 1686 et l'a rédigé jusqu'en avril 1693. Mais ses activités clandestines l'ont conduit à la Bastille, où il est entré le 22 avril 1693, et d'où il ne sera libéré que le 2 mars 1699. Cependant, il réussit à faire sortir des manuscrits de la prison, et à les faire acheminer et éditer en Hollande. Il espère pouvoir le faire encore plus facilement à partir du 25 juin 1696, jour où il obtient la «liberté de la cour».

C'est ainsi que, essayant de revenir au journalisme suivant la formule qui était celle du Mercure, il présente les actualités européennes de l'année 1698 sous le titre: L'Elite des nouvelles de toutes les Cours d'Europe.

Mais ce projet n'était pas réaliste. Il est en prison; il ne dispose plus de son réseau d'informateurs; il a beaucoup de mal à faire sortir ses manuscrits de la Bastille. La périodicité annoncée ne peut être respectée. En fait, la matière de janvier à mai est réunie dans une seule publication, et ce sera tout. Selon Bayle et Lelong, le libraire Du Val fut alors condamné au bannissement, mais on ne peut savoir s'il faut établir un rapport entre ce fait et la cessation du «journal» de Courtilz.

En tout cas, en France, celui-ci ne fut sans doute pas soupçonné d'être l'auteur de L'Elite des nouvelles, car il ne semble pas avoir été inquiété pour ce livre, puisqu'il sortira de prison l'année suivante.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Un seul exemplaire connu, B.U. Leyde, 289 G 6.

Bibliographie

G.H., p. 189-190; H.G.P. t. I, p. 150; D.P. , art. «Courtilz de Sandras». – Bayle, Réponse aux questions d'un Provincial, Rotterdam, 1704, t. I, chap. XLVII, p. 447. – Marchand P., Dictionnaire historique et critique, La Haye, 1758, t. I, p. 293. – Bourgeois et André, Sources de l'Histoire de France, 3e partie, t. IV, Paris, 1924, p. 51. – Woodbridge, Gatien de Courtilz, sieur du Verger, Baltimore et Paris, 1925, chap. 4. – Lombard J., Courtilz de Sandras et la crise du roman à la fin du Grand Siècle, Paris, PUF, 1980, p. 135, 138, 245-246, 347-360.

Auteur

Date indexée

1698