L'ÉRUDITION ENJOUÉE
Numéro
Titre(s)
L'Erudition enjouée, ou Nouvelles sçavantes, satiriques et galantes, écrites à une Dame Françoise, qui est à Madrid. Sous-titre des n° 2 et 3 : Seconde, Troisième Lettre.
Titre indexé
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)
Juin – octobre 1703 ; 1 vol. ; premier numéro mensuel, ensuite bimestriel.
N° 1 : permission de d'Argenson, 11 juillet 1703 ; n° 2 : id. 11 juillet 1703 ; n° 3 : id. 28 septembre 1703.
Description de la collection
Trois livraisons : juin, 48 p. ; juillet-août, 58 p. ; septembre-octobre, 59 p. Cahiers de 8 et 16 p., 94 x 149, in-12.
Fleuron au titre dans les deux derniers numéros.
Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)
Paris. «Pierre Ribou, proche les Augustins, à la descente du Pont-Neuf, à l'image Saint Louis».
8 s. le numéro.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)
Marie-Jeanne L'HÉRITIER DE VILLANDON.
Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables
«Je vais vous informer de tout ce que je sais de nouvelles savantes : mais aussi ne pouvant me persuader qu'elles seront entièrement du goût de toutes vos aimables amies, ainsi qu'elles seront du vôtre, en faveur des Dames que les nouveautés de l'empire des Lettres touchent peu, je vous écrirai aussi des nouvelles badines et galantes» (n° I, p. 4).
Périodique en forme de lettre à une dame contenant nouvelles littéraires, œuvres originales ou reprises d'autres recueils et historiettes galantes.
Principaux centres d'intérêt : histoire, littérature, poésie.
Auteurs étudiés : Moreau de Mautour, Anacréon, La Fosse, Cervantès, Avellaneda, Lesage, Chasteuil.
Vers publiés : «La Carpe de Marly» (à la duchesse de Bourgogne). «Le Printemps. Idylle» (n° 2). «A Madame D ***. Comparaison de la Fièvre et de l'Amour» ; «Lettre de M. de Betoulaud à Mlle» (n° 3).
Articles intéressants : nouvelle galante sur Mme Durectangle, passionnée du «Système de Descartes» (n° 1), polémique contre Lesage, traducteur d'Avellaneda (n° 2) ; éloge des troubadours (n° 3).
Historique
Rédigé par Mlle l'Héritier, célèbre conteuse, nièce des Perrault et fille spirituelle de Mlle de Scudéry, ce périodique utilise la fiction d'une lettre à une dame séjournant à Madrid où le jeune Philippe V venait de s'installer avec une cour en partie française. Galante, mondaine, voire courtisane avec ses éloges de la reine d'Espagne et de la duchesse de Bourgogne, toutes deux princesses de Savoie, cette production est le premier en date des journaux féminins français. L'esprit moderne et précieux s'y exprime : textes de Betoulaud, dernier sigisbée de l'illustre Sapho, éloge des ouvrages d'un ami de la coterie, Moreau de Mautour, vers galants et intérêt pour la poésie des troubadours. Quelques piques contre la ridicule «dissertation in-folio toute hérissée de grec» (n° I, p. 7) et l'érudition peu enjouée, un goût pour «des réflexions qui ont un air de morale» sans ennuyer rappellent le ton du Mercure, archétype et bible du style «moderne».
L'originalité de Mlle l'Héritier est ailleurs : dans un féminisme militant, où elle se place en avant-garde par rapport aux Modernes. Pour Mlle l'Héritier, la femme moderne a «l'esprit droit et éclairé» (n° I, p. 38) ; son journal voudrait tenir registre des ouvrages de Dames ou se rapportant à elles. Rien moins que bas-bleu, bien que passionnée de beaux-arts utiles et des preuves que l'histoire donne de l'importance de la femme dans l'histoire de l'humanité, la femme forte selon Mlle l'Héritier a l'esprit libre (curieuse défense de Luthériens : n° I, p. 44) et romanesque (nostalgie des amazones et des cours d'amour du Moyen Age, n° 1 et 3). Mais elle sait aussi faire sa cour, plaire et être aimée.
Imprimé pour Ribou, éditeur des nouveautés littéraires et de journaux à 8 s. (Mémoires de Trévoux, voir Essais critiques de prose et de poésie et Essais de littérature à partir d'août 1703), ce périodique pourtant singulier, ne survécut pas : faute de public averti ? parce que Mlle l'Héritier s'en lassa ? Etoffé, il aurait pu cependant faire une concurrence réelle à un Mercure vieillissant entre les mains de Donneau de Visé et de Thomas Corneille.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares
Ars., 8° B.L. 31849 : exemplaire provenant de la bibliothèque du duc de La Vallière (Cat. de Nyon, n° 11153) ; B.N., Z 47978 (n° de juin).
Bibliographie
Moréri, t. V, p. 623 ; Barbier, t. II, p. 172 ; Gay, t. III, p. 15 ; Cior 18,n° 43385 (n° de juin).
Mercure galant, août 1703, p. 55-59, compte rendu n° 1 ; sept. 1703, p. 245-246, compte rendu n° 2. Mémoires de Trévoux, sept. 1703, p. 1701 (signale d'autres périodiques à 8 s. parus la même année). Journal des savants, déc. 1734, p. 833 : «Eloge de Mlle l'Héritier». – Storer M.E., Un épisode littéraire à la fin du XVIIe siècle : la mode des contes de fées (1685-1700), Champion, 1928, p. 46, 48, 57.
Date indexée
- Se connecter pour publier des commentaires