GAZETTE DE NICE
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Historique
Pierre Joseph Cheisolme s'étant brouillé avec l'intendant de Monaco, abandonna Le Courrier de Monaco et rejoignit son fils à Nice pour fonder, en 1773, la Gazette de Nice. Cette gazette fut supprimée, semble-t-il, en 1775 (voir H. Chobert, «Le Courrier d'Avignon à Monaco (1769-1775)», Mémoires de l'Institut historique de Provence, t. IV, 1927, p. 42). Aucun exemplaire n'en a été retrouvé à ce jour.
Additif
Titre(s): La Gazette de Nice est issue de la suppression du Courrier d’Avignon en 1768 par le gouvernement français ; le 15 juillet 1768, Morénas s’exile et s’installe à Monaco où il recrée, le 8 février 1769, le Courrier d’Avignon sous le titre de Courrier ; cette gazette devient Courrier de Monaco le 1er janvier 1771 (Voir DP1, 262 : Courrier d’Avignon 2, notice de Raymond Moulinas). Dès le mois d’août 1771, Pierre Joseph Cheisolme devient directeur du Courrier de Monaco (8 février 1769-29 août 1775), dont l’imprimeur est Mossy, et le bailleur de fonds Jean Balthazar Daniel, mais il se brouille avec ce dernier et crée la Gazette de Nice en 1771 (DP2, 172). Le Courrier de Monaco et la Gazette de Nice se feront désormais concurrence de 1772 à 1775 (JS).
Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): La feuille du 17 août 1772 est la première à paraître ; on trouve dans les Archives d’État de Turin (Corte, Istruzione pubblica, Proprietà letteraria, m. 5), avec la «Partie des instructions à donner au réviseur de la Gazette de Nice», un message qui remercie les autorités pour le privilège d’impression, et signale que le public a accueilli avec faveur le projet du journal. Il reste impossible à ce jour d’établir que le n° LII, paru le 1er juillet 1774, fut le dernier. Dans le n° XXXIII du 24 juin 1774, le public était encore invité à s’abonner. D’après H. Chobert, la Gazette de Nice aurait été supprimée en 1775 («Le Courrier d’Avignon à Monaco (1769-1775)», Mémoires de l’Institut historique de Provence, t. IV, 1927, p. 42). Périodicité bihebdomadaire. Jusqu’à la fin de 1773, la Gazette paraît le lundi et le jeudi ; dès 1774, le mardi et le vendredi (R.B.).
Dans un article paru dans les Annales du midi en juillet-septembre 2008 (p. 359-377), Yann Bouvier a éclairé les débuts complexes de la Gazette de Nice : en difficulté avec son bailleur de fonds, Cheisolme s’installe à Nice durant l’été 1771 et s’associe à Gabriel Flotteront (ou Floteront) ; ils recrutent un rédacteur, Giuseppe Ferreri de La Fère, qui deviendra «l’auteur» de la gazette (nommée provisoirement Gazette du Piémont) et son soutien financier de 1772 à 1775. Tandis que la Gazette de Monaco continue de paraître sous privilège français, La Fère obtient un privilège de la cour de Turin pour Flotteront et Cheisolme (Bouvier, p. 363). Le prospectus de la Gazette de Nice paraît le 27 juin 1772.
La fin de la Gazette de Nice est difficile à dater. Yann Bouvier a trouvé aux A.D. des Alpes maritimes une supplique de La Fère au Sénat de Nice datant de 1775 et réclamant, semble-t-il, un dédommagement pour les 15.000 livres qu’il a perdues dans l’affaire de la gazette ; mais on ne sait pas si la gazette a été supprimée sur intervention de la France, ou si elle a fait faillite ; on ne sait pas non plus à quelle date elle a cessé : juillet 1774, fin décembre 1774 ou début 1775 ? (J.S.)
Description de la collection: Cahiers de 4 pages in-8° (23-25 x 18 cm.), imprimés sur deux colonnes. Dans le cartouche au-dessus du titre, un homme à cheval suivi d’un ange, tient dans la main droite une feuille de nouvelles ; il joint idéalement la mer et la terre, représentés par un bateau et une ville (Nice).
Edition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s): Du 17 août 1772 (n° I) au 10 juin 1773 (n° XLV), Floteront et Cheisolme, à Nice ; par la suite, Cheisolme seul. Abonnement : prix unique pour l’Italie et les «Provinces circonvoisines», soit 7.10 £ par semestre, 15 £ par an, franc de port.
Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s): Il est possible que Cheisolme ait participé à la fondation du journal (voir D.P.1, 172). Toutefois, une demande avancée en décembre 1771 par Le Fevre de Revel, de Nice, fait supposer qu’il participait à l’initiative (Archives d’État de Turin, Corte, Commercio, cat. 3, m.1 d.o.). La lettre signale l’intérêt de publier une gazette à Nice, comme dans d’autres ports de la Méditerranée (R.B.).
Le fondateur de la Gazette de Nice est Pierre Joseph Cheisolme, maître-imprimeur, mais sans imprimerie ; il doit donc s’associer à Gabriel Flotteront, imprimeur à Nice ; mais celui-ci disparaît de la page de titre de la gazette à partir de juin 1773. Le rédacteur est Giuseppe Ferreri de La Fère, connu par sa supplique au sénat de Nice en 1775. Selon ses dires, il serait natif d’Arles, fervent catholique, homme de lettres et financier. Après la fin de la gazette, il obtient, peut-être en dédommagement de la gazette, un permis d’exploitation minière dans la région de Nice (Bouvier, p. 361, 377). Raffaella Buoso parle de «Le Febvre de Revel» : il pourrait s’agir du même personnage (J.S.).
Contenu, rubriques, centres d'intérêt, tables: La Gazette de Nice publie surtout des nouvelles économiques et politiques en provenance des grandes villes européennes (Paris, Vienne, Londres, Saint-Pétersbourg, Madrid, Lisbonne, Milan, Florence, Rome, Varsovie, La Haye, Copenhague, Stockholm, Danzig), mais aussi de nombreux ports : Nice, Marseille, Gênes, Livourne, Portsmouth, Constantinople, Le Caire, Tunis, Tripoli, la Barbade. On donne la provenance et la destination des navires, ainsi que leur chargement. Parfois, on indique le nom du capitaine, la composition de l’équipage, les conditions météorologiques. On fournit plus rarement des indications sur le prix des marchandises ; on utilise des expressions vagues : «bâtiments chargés de marchandises et denrées pour les négociants». Rares nouvelles culturelles, et toujours associées à une initiative du gouvernement, telle que l’inoculation de la petite vérole aux fils du Grand-duc de Toscane (n° XXXIII du 26 avril 1774, de Florence le 15 avril) ; des annonces de livres nouveaux, des avis d’achat ou de vente ; nouvelles des déplacements des familles royales, surtout de Savoie, et des morts notables.
Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: B.R. Turin, P.M. 3862/ 1-3 (trois volumes reliés). D’après le Répertoire des gazettes européennes de langue française de P. Rétat (BnF, 2002, p. 41), la Bibliothèque royale de Turin conserve, sous la cote PM 3862/1-3, plusieurs séries de cette gazette : 17 août-31 décembre 1772, «A Nice, chez Floteront et Cheisolme. Imprimeurs libraires» ; 1773 (Chez Cheisolme seul à partir du 10 juin 1773) ; 4 janvier-1er juillet 1774 (R.B.).
Raffaella Buoso a utilisé l’exemplaire de Turin, il va du lundi 17 août 1772 au vendredi 1er juillet 1774 ; Yann Bouvier utilise une collection conservée à la bibliothèque Romain Gary de Nice, qui va du 17 août 1772 au 31 décembre 1773. La collection de la Bibliothèque royale de Turin reste donc actuellement la plus complète (en ligne sur le site du Gazetier universel) (J.S.).
Bibliographie: Buoso, Raffaella, «La Gazette de Nice et quatre gazettes piémontaises conservées à Turin», dans Gazettes et information politique sous l’Ancien Régime, textes réunis par H. Duranton et P. Rétat, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 1999, p. 69-75. Yann Bouvier, «La Gazette de Nice (1772-1775)» dans Annales du Midi, revue de la France méridionale, n° 263, juillet-septembre 2008.
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