PRÉSERVATIF CONTRE LA CORRUPTION DE LA LANGUE FRANÇAISE

Numéro

1145

Titre(s)

Préservatif contre la corruption de la Langue Françoise, en France, et dans les Pays où elle est le plus en usage, tels que l'Allemagne, la Suisse, et la Hollande : Ouvrage Périodique utile aux Personnes de l'un et de l'autre Sexe.

Le titre subit quelques modifications d'une partie à l'autre : Préservatif contre la corruption de la Langue Françoise (parties I et II) ; ... contre la corruption de la Langue Françoise en Allemagne (III) ; ... en Allemagne et dans les Pays où elle est le plus en usage (IV) ; ... en Allemagne etc. (V-VIII).

Titre indexé

PRÉSERVATIF CONTRE LA CORRUPTION DE LA LANGUE FRANÇAISE

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1759–1764. Huit parties, réunies en deux tomes (un vol. dans notre collection). Périodicité annoncée : «A compter donc du 1er juillet de cette année 1759, il en paraîtra une Brochure de six à sept Feuilles, régulièrement tous les trois mois». Cette périodicité n'a jamais été respectée. Le t. I rassemble les quatre premières parties (1er juil. 1759–10 août 1760) ; le t. II rassemble les quatre dernières parties (s.d. et 1763–3 mai 1764).

Description de la collection

La composition des tomes et des parties est très irrégulière : t. I, 1re part., 1er juil. 1759, p. 1-116 ; 2e part., 1er oct. 1759, 2 p. non paginées ; 3e part., s.d., p. 117-194 ; 4e part., 10 août 1760, p. 195-410 (fin du t. I). T. II, 5e part., s.d., p. 1-80 ; Supplément de la 5e part., s.d., p. 81-132 ; 6e part., s.d. [1763 : «Voilà plus de deux ans que cet ouvrage est demeuré interrompu», selon l'Avertissement ; le discours publié p. 135 est daté du 2 juin 1763], p. 133-212 ; 7e part., s.d. [1764 : le discours publié p. 347 est daté du 5 janvier 1764] p. 213-344 ; 8e part, s.d. [1764 : le discours publié p. 347 est daté du 3 mai 1764] (fin du t. II).

Devise : «Aux gens du monde. / Le Langage est la preuve la moins équivoque de l'éducation que l'on a reçue, et de la compagnie que l'on fréquente ; on ne peut ouvrir la bouche, qu'on ne dépose pour ou contre soi. La Mothe Le Vayer. / Aux gens de lettres. / Sans la Langue, en un mot, l'Auteur le plus divin / Est toujours, quoi qu'il fasse, un méchant Ecrivain.

Des Préaux».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Berlin. Imprimé chez Grynaeus et Decker ; la 3e partie aux Presses étrangères (Avertissement, p. 117) ; la fin du t. I et le t. II chez George Louis Winter.

Souscription «pour les quatre Parties de l'année entière» à un écu. «A Berlin et de tous les divers endroits des Etats de Sa Majesté on pourra s'adresser directement à l'Auteur [...] Adresse : à Monsieur de Prémontval de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres, dans le Baehrenstrass au coin de la Charlottenstrass». Mêmes conditions pour le t. II, à la fin de la 4e partie, le 10 août 1760 : «Nouvelle adresse de l'auteur : à la Villeneuve, sous les Arbres, au coin de la Friedrichstrass. L'annonce des Conférences sur la Langue et la Littérature Françoise vers le commencement de l'hiver prochain».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

André Pierre Le Guay de PRÉMONTVAL.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le titre développé annonce : «1°. des Avis sur les Fautes qui se commettent tous les jours en parlant et en écrivant, et sur quantité de mauvaises Habitudes que l'on contracte d'après des Modèles vicieux ; 2°. des Observations sur la Littérature, le Goût, le Style épistolaire et celui de la Conversation, les Règles de la Lecture tant soutenue que familière, l'Art de faire un Récit, de dresser un Mémoire, une Relation, etc. 3°. enfin les Principes de cette Eloquence usuelle si agréable dans le commerce de la Société, avec les Moyens faciles de s'y former dans la jeunesse».

La 1re partie est fidèle à ce programme ; on y trouve des remarques critiques sur la langue française (problèmes grammaticaux, lexicaux, stylistiques), et surtout sur les fautes de style ou de prononciation commises par les étrangers, particulièrement en Allemagne. L'auteur se réfère fréquemment à la grammaire de Vaugelas ; il annonce des conférences publiques sur la langue et la littérature. La partie II est constituée d'un simple texte autographe de l'auteur, gravé sur deux pages, où il se déclare contraint d'interrompre son journal en raison d'un procès criminel que lui a intenté J.H.S. Formey au sujet de la 1re partie. Le t. II n'est plus composé que de pièces disparates et de discours : «Revue des différents ordres de mes Lecteurs» (V), «Réflexion sur l'Education, et particulièrement sur celle des jeunes Demoiselles» (Suppl. de V), «Projet de Conférences publiques sur l'Education, et sur l'Education françoise en particulier. Premier Discours prononcé à l'Assemblée publique de l'Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres, le 2. juin 1763» (VI), «De l'autorité de Locke dans la science de l'âme, surtout relativement à l'Enfance : Second Discours sur l'Education (prononcé à la rentrée de l'Académie, le 5 janvier 1764)» (VII), «De l'exercice de la Mémoire et de la vraie méthode de la perfectionner dans les Enfans. Troisième Discours sur l'Education (présenté à la Séance de l'Académie du 3 Mai 1764)» (VIII).

Tables du t. I p. 408-409.

Historique

Le journal de Prémontval, signalé par toutes les bibliographies, depuis la France littéraire de 1769, qui mentionne les cinq parties parues en 1761, cité en 1765 par Formey dans son Eloge de Prémontval, n'avait pas été retrouvé. L'exemplaire de Halle permet de comprendre ce que fut la carrière de Prémontval dans les dernières années de sa vie : précepteur puis professeur de langue et littérature à Berlin depuis 1752, membre de l'Académie royale de Berlin, il s'efforce de passer de l'obscure carrière de maître de langue à celle de professeur de rhétorique et de théoricien du langage. Son caractère irascible l'entraîne en même temps dans de violentes polémiques. Formey, dans son Eloge de Prémontval, a fait allusion à la querelle qui l'opposa à son rival ; selon lui, le Préservatif aurait été un pamphlet dirigé contre lui ; il se serait gardé de répondre. On devine qu'à la Cour de Berlin, où Formey, pasteur, professeur, journaliste, secrétaire perpétuel de l'Académie, jouit d'une sorte de monopole de l'influence française, Prémontval essaie vainement de se faire une place. Il reste difficile de savoir les tenants et aboutissants du procès de 1759-1763. On peut du moins constater que Prémontval a dû renoncer en cours de route à l'objet de son journal ; il s'autorise seulement de sa position de membre de l'Académie de Berlin pour publier ses réflexions et discours, à intervalles de plus en plus éloignés. Il est mort, dit-on, en apprenant, en septembre 1764, qu'un autre de ses adversaires, Toussaint, avait obtenu la chaire d'éloquence de l'Ecole militaire de Berlin (voir D.P. 2). La fin du Préservatif laisse penser que Formey avait déjà plus ou moins réussi à lui faire perdre ses élèves à Berlin.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.U. Halle, AB S 3583 ; D1 933 (1re partie).

Bibliographie

D.P. 2 art. «Prémontval» et «Formey» ; F.L., 1769.

Formey J.H.S., «Eloge de Prémontval», dans Histoire de l'Académie des Sciences de Berlin, 1765, p. 526-540.

Date indexée

1759
1760
1761
1762
1763
1764