FEUILLE DU JOUR

Numéro

0457a

Titre(s)

Feuille du jour ou Annonces générales de l’Europe. Succède à La Feuille sans titre (1777).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

53 numéros d’un quotidien conservé à la Bibliothèque universitaire de Gand (exemplaire unique).

Description de la collection

Le journal commence au 1er novembre 1784 (n° 1) et s’achève sans doute au milieu de 1785. La numérotation de 1 à 53 pour novembre-décembre, signifie en elle-même que ce quotidien commence en cours d’année, peut-être pour une période d’essai. Les appels à renouvellement en fin d’année (n° 40, 48, 49, 50, 51) portent à la fois sur l’ordinaire quotidien et sur l’année 1785; on ne possède aucun numéro pour l’année 1785, mais Ulysse Capitaine mentionne une collection (privée) en 3 vol.: « T. I, nov. et déc. 1784, n° 1 à 55; T. II, janv. et févr. 1785, n° 1 à 50; T. III, mars, n° 50 à 77. Le volume de 1784 compte 455 p. de pagination continue. Numéros de 8 pages in-8°, puis, d’après U. Capitaine, in-4° sur deux colonnes. Cahiers numérotés A, A2, B, B2, C, C2, etc., correspondant au numéro. Les numéros 5-6 et 34-36 manquent; les numéros 29 et 44 sont incomplets. Des suppléments semblent avoir été consacrés aux nouvelles liégeoises.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

« On souscrit pour cette Feuille à Liège, Chez J.J. Tutot, et dans tous les Bureaux des Postes Impériales où l’on souscrit pour l’Esprit des Journaux, au prix de 18 liv. par an, ou 30 sous de France par mois ».

Le journal semble avoir eu une diffusion essentiellement locale, et le rédacteur annonce en fin d’année que le tirage ne dépassera guère le nombre des souscripteurs (n° 48).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Les journaux mis à contribution sont pour l’essentiel le Mercure, le Journal de Paris, le Journal de Monsieur, la Gazette de France: ceux qu’un lecteur irrité appelle « vos docteurs » (n° 26). Toutefois, l’information est moins cosmopolite que celle de L’Esprit des journaux. À l’avantage de la Feuille du jour,on note un intérêt soutenu pour la médecine, pour l’économie et le commerce, pour les arts « méchaniques » et, à l’égal de toute la presse d’information en 1784, pour les montgolfières et le mesmérisme. Les « lettres aux rédacteurs » sont nombreuses; souvent longues, documentées et bien écrites, elles donnent à croire qu’elle émanent des rédacteurs eux-mêmes.

Historique

Jean-Jacques TUTOT reprend en 1784 son projet de quotidien inspiré du Journal de Paris. Il avait en février 1773 obtenu un privilège pour l’Indicateur, supplément hebdomadaire à L’Esprit des journaux, puis en juin un « octroi » de vingt ans pour publier les deux journaux (U. Capitaine, ouvr. cité, p. 91 et DP1, n° 614, notice de C. Rimbault). En février 1777, Tutot abandonne L’Indicateur et lui substitue La Feuille sans titre, quotidien comportant, outre les modes, les rubriques suivantes: Belles-Lettres, Tribunaux, Vers, Énigmes, Variétés, Médecine, Lettres aux Rédacteurs, Spectacles, Anecdotes, logogryphes et petits vers. C’est à peu de chose près le programme de la Feuille du jour. La Feuille sans titre fut interdite à la fin de1777 (DP1, n° 475, notice de M. Fabre), et Tutot revint à L’Indicateur, « sous le titre de Bruxelles, avec privilège ». Ces fluctuations suggèrent la grande difficulté, dans les Pays-bas autrichiens, soumis à la censure catholique, de publier un quotidien. L’affaire était cependant tentante pour Tutot, qui possédait, avec le fonds des périodiques utilisés pour L’Esprit des journaux, une source incomparable d’informations et d’articles. Avec la Feuille du jour, dont le titre manifeste l’intention claire de publier un quotidien, Tutot étend le programme de La Feuille sans titre: il ajoute aux rubriques générales des informations récentes analogues à celles que publiait la Gazette d’Amsterdam: cours des changes, prix des marchandises à Amsterdam (n° 9), arrivage d’une cargaison de thé (n° 2), équivalences des poids et mesures en Europe, cours des vins de Beaujolais (n °14) ou de Champagne (n° 24), spectacles de Paris, quitte à s’excuser auprès de ses abonnés liégeois au sujet de ces nouvelles qui ne les concernent pas (n° 26). Il multiplie les anecdotes dans le goût du Mercure ou tirées de la Gazette des tribunaux. Cet intérêt pour les faits de société n’est pas sans danger: le n° 22 du 25 novembre fait allusion aux lettres d’injures ou de « censure » que reçoivent les rédacteurs; on leur reproche d’avoir « élogé » deux cas de suicide et un cas de prostitution (p. 171). Les rédacteurs déclaraient dans leur prospectus (disparu) s’intéresser « à tout ce qui peut contribuer au bonheur de l’humanité » (cité, p. 73); on perçoit cet intérêt à travers divers articles sur la justice (n°1). sur la condition des nègres (n°13, 23), sur les enfants trouvés (n° 26).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Universiteit Bibliothek Gent, 126 S135.

Bibliographie

Capitaine, U., Recherches historiques et bibliographiques sur les journaux et les écrits périodiques liégeois,Liège, Desoer, 1850, p. 91-92.

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