LE MERCURE OU COURRIER CÉLESTE

0945
1632

Titre(s)

Le Mercure ou Courier céleste, Parlant à Monsieur Frère du Roy.

Cette feuille politique pourrait, en tant que «Mercure» ou «Courier», mériter une toute petite place dans l'histoire de la presse.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une feuille de 14. p. publiée en 1632, «avec permission» (date non indiquée).

Description de la collection

Cahier de 8 p., 100 x 160, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, François Le Prest, demeurant en la rue Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : «Toute l'antiquité [...] ne voyant les choses divines que du coin de l'œil et n'en parlant qu'avec une langue bégayarde» : «Mercure se présente aujourd'hui devant Monsieur» «avec une face angélique pour [lui] annoncer les choses divines».

Contenu réel : appel à la paix civile. Mercure montre à Gaston d'Orléans que c'est «hors de raison» qu'il s'élève «contre son frère». Il dénonce «les partisans d'Espagne» qui l'entourent.

Centres d'intérêt : évocation de l'état du royaume ; «les doléances de tant de pauvres gens ruinés par [la] suite» de Monsieur ; «le retardement des conquêtes de Sa Majesté, prête à voir les bornes de la France se porter sur le bord du Rhin». Eloge du «grand cardinal», le premier de ce royaume et «je dirai de tout le reste du monde pour bien gouverner un Etat».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, E 16616.

Auteur

Additif

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares: Malgré l’écart de dix-sept ans qui sépare l’exemplaire de Vienne ou celui de la BnF 4-LB37-730 et Rés. 4-NFG-22 (49) de l’original de Grenoble, il s’agit bien du même journal occasionnel, une mazarinade à peine périodique, comme il en existe beaucoup, peut-être publiée par le même auteur. Moreau (Bibliographie des mazarinades, n° 2454) ne mentionne que l’exemplaire de 1649.

Auteur additif

Titre indexé

MERCURE OU COURRIER CÉLESTE

Date indexée

1632

LE MERCURE ET FIDÈLE MESSAGER

0935
1622

Titre(s)

Le Mercure et fidelle messager de la Cour. Au Roy.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une feuille, 1622.

Description de la collection

Une feuille de 16 p., 8 p. par cahier environ, 104 x 162, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Lieu supposé: Paris.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: le «Mercure de la Cour» descend «des cieux» pour «dessiler les yeux» du Roi qui a «presque toujours été violenté» (p. 2-3).

Contenu réel: historique des malheurs du royaume, depuis les menées du duc de Nevers et l'élévation de «Conchine»: division de «tous les Grands» en trois partis; abus de pouvoir des princes (Vendôme, Condé...); dévastation de la Champagne et de la Picardie; mainmise actuelle du Sr «Arnoux, homme subtil autant qu'il puisse y avoir en la jésuitique société»: sous prétexte de réduire les calvinistes, «depuis l'an passé» on brûle le Poitou, la Saintonge, la Guyenne et le Languedoc.

Centres d'intérêt: évocation assez forte d'une décennie tourmentée, d'un roi abandonné ou prisonnier de ses ennemis... Dénonciation politique: «l'insatiable avarice» des grands, les artifices des «Ecclésistiques», «gens plus fins, cauteleux et couverts». Appel en faveur de la paix.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, E 15772.

Historique

Cette feuille qui semble s'insérer dans une série de Messagers et Mercures ne peut pas être considérée comme un simple libelle. Elle se situe aux premiers débuts d'une «presse d'opinion».

Auteur

Titre indexé

MERCURE ET FIDÈLE MESSAGER

Date indexée

1622

MÉMOIRES SUR DIVERS GENRES DE LITTÉRATURE ET D'HISTOIRE

0905
1722

Titre(s)

Memoires sur divers genres de litterature et d'histoire, melés de Remarques et de dissertations critique [sic], ouvrage divisé en 2 parties Premiere Partie contenant des recherches de productions de la nature de pieces fugitives, etc. Par la Société des curieux.

Seconde partie contenant divers ouvrages historiques et des vies des grands hommes etc.

Continué par Nouvelles littéraires curieuses et intéressantes (1723).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Un volume publié probablement au printemps de 1722; privilège du 7 mai 1722; probablement une seule livraison.

Description de la collection

117 p. (numérotées 1-101, puis 1-16) + 54, in-8°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, veuve Lefebvre: «chez la veuve Le Febvre, Imprimeur libraire, rüe et vis à vis S. Severin, au Soleil d'or» (Apollon monté sur Pégase).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Auteur: Adrien MARTEL.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: mémoires des «sçavans».

Contenu réel: mémoires scientifiques. Dans la dernière partie, articles sur les livres parus à l'occasion de la peste de Marseille (50 p.), puis deux pages de critique littéraire. Remarques sur les journaux du passé. Dans l'Avis du journaliste au public, un certain intérêt pour ce que nous appelons «littérature» ; phrases élogieuses sur «M. de Marivaux», en avril 1722.

Etudes sur : Le Spectateur français, de Marivaux ; Roderici Alexandri opus nullum ; L'Heureux infortuné, histoire arabe (de De Court).

Table des matières du premier volume, ainsi que d'un second volume (qui apparemment n'a pas paru).

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.N., Z 20743.

Historique

Le 7 mai 1722, «Adrien Martel avocat» obtient un «privilège général» de six ans pour un «ouvrage de sa composition : Mémoires sur divers genres de litteratures ou Recherches de litterature et d'Histoire mêlées de remarques [etc.] pour servir également à l'éducation d'un jeune prince, Nouvelles littéraires ou exactes relations...». De ce projet sortiront successivement les Mémoires et les Nouvelles littéraires.

A examiner le volume conservé à la Bibliothèque nationale, il semble qu'il n'y ait eu qu'une livraison des Mémoires, alors même que dans le courant de l'ouvrage on trouve un faux titre qui annonce, d'ailleurs assez fallacieusement, une orientation différente : «Seconde partie concernant divers ouvrages historiques et des vies des grands hommes tant anciens que modernes on y ajoutera les Extraits des journaux des sçavans, à mesure qu'ils Paraissent en divers Etats de l'Europe, avec de nouvelles réflexions sur les plus curieux ouvrages, dont les Analyses y sont rapportées». En effet, au bas de certaines des dernières pages (1-54), seules tournées vers l'actualité «littéraire», on trouve la mention : «Mémoires sur divers genres de littérature, mars 1722». Celles-ci semblent avoir été rédigées en avril 1722, puisqu'on peut lire, p. 52 : «Nous donnerions avec plaisir l'extrait des Journaux des savants de Paris et celui des Mémoires de Trévoux du mois de mars, s'il nous restait assez de place pour cela» ; et p. 53 : «Il paraît depuis 4 mois une feuille intitulée le Spectateur français». Tous les textes, mémoires et articles, ont dû être soumis ensemble à la censure, en vue de l'obtention du privilège, à la fin du mois d'avril 1722.

Auteur

Titre indexé

MÉMOIRES SUR DIVERS GENRES DE LITTÉRATURE ET D'HISTOIRE

Date indexée

1722

JOURNAL GÉNÉRAL DE FRANCE 1

0737
1681

Titre(s)

Journal général de France, ou Inventaire des adresses du bureau de rencontre où chacun peut donner et recevoir avis de toutes les nécessitez et commoditez de la vie et société humaine.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une feuille. Automne 1681. «On commencera à recevoir les Mémoires le premier jour d'octobre [...]; et le huitième du même mois, on distribuera le premier journal. On en donnera un tous les huit jours» (p. 15).

Description de la collection

Une feuille de 15 p., cahier de 4 p., 172 x 215, in-4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Claude Blageart, Court-neuve du Palais, au Dauphin.

«On fera toutes les semaines les paquets, et on les portera à la poste sans qu'il en coûte autre chose que le prix des Journaux, qui ne sera que d'une pièce de trois sols et demi» (p. 13).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: initiative placée sous le patronage de Montaigne, qui «s'étonne qu'on n'ait point encore trouvé le moyen de faire que les hommes se communiquent leurs pensées les uns aux autres»...

Prospectus vantant «l'utilité» d'un journal qui organisera un «concert entre les besoins et les remèdes». 53 articles «qui permettront à ses lecteurs de trouver à bon marché ce qu'il[s] cherche[nt], sans sortir de chez eux, et presque pour rien, et pour un seul quart d'heure de lecture».

Supériorité du Journal, «cette Affiche mobile et universelle», sur les affiches, dont la prolifération est si indescriptible et qui d'ailleurs «ne sont vues que de ceux qui vont à pied, dont la plupart même se font une honte de les regarder». Les mœurs du temps, d'après les rubriques proposées: - vente (terres, maisons, charges, meubles et bijoux, tableaux, vins, bibliothèques, livres, terrains à construire) et échange (rentes...); - objets perdus, inventions nouvelles, «secrets», chefs d'œuvre des «ouvriers», plaidoyers fameux; - recherches d'associés. Liste d'adresses (personnes publiques chargées de beaucoup d'affaires); - tourisme (visite de Paris par les étrangers, facilités d'installation)...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, Presse 1948.

Historique

Cette feuille éphémère vaut surtout par la critique qu'elle présente des «affiches» traditionnelles. «Sous un règne aussi florissant et après la paix que Louis-le-Grand a donnée à toute l'Europe» le Journal général visait à devenir «un des principaux liens de la société et du commerce de la vie»: «Affiche publique et universelle que tout Paris verra tout à la fois, et qu'on verra même dans toute la France».

Deux repoussoirs: les affiches. Elles sont d'ailleurs «en une telle confusion [...] qu'on ne remarque jamais que celles qui sautent aux yeux à cause qu'elles sont fraîches»; mais aussi les précédents journaux du même type; «Ils n'ont roulé que sur huit ou dix articles, la plupart touchant les ventes et les achats», et le dernier a été «quitté, ceux qui s'en sont mêlés n'y ayant point donné les soins nécessaires et l'ayant rempli d'histoires et de nouvelles qui n'y doivent point entrer».

Auteur

Titre indexé

JOURNAL GÉNÉRAL DE FRANCE 1

Date indexée

1681

LE JOURNAL CHRÉTIEN 1

0626
1685

Titre(s)

Le Journal chrestien, sur divers sujets de piété tirez des SS Pères et d'autres Auteurs ecclesiastiques. Par M. de M...

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Samedi 7 avril – samedi 28 juillet 1685. Privilège: 29 mars 1685.

Périodicité annoncée: hebdomadaire. Il y eut 10 numéros en 15 semaines.

Description de la collection

La collection comprend 120 p. numérotées. 12 p. par cahier. La première feuille comporte 16 p. (texte: p. 5-16); 156 x 213, in-4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«Paris, Lambert Roulland, Imprimeur Libraire ordinaire de la Reyne, rue Saint-Jacques, aux armes de la Reyne».

A partir du 14 avril, «Guillaume Deluyre, Libraire Juré au Palais, dans la Galerie des Merciers, à la Justice».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Etienne ALGAY DE MARTIGNAC.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Avertissement: «On peut bien juger que le Journal chrétien est destiné à traiter des matières qui regardent le salut de l'âme. Nous laissons aux théologiens scolastiques toutes les questions de doctrine qui partagent leurs opinions, et nous voulons nous borner aux instructions [...] que les Pères de l'Eglise ont données pour le règlement des mœurs».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, F 4503 (les feuilles sont recueillies dans un ensemble factice); Ars., 4° H 8897.

Historique

Martignac s'explique dans l'Avertissement sur le projet de ce journal, tout en invitant ses lecteurs à adresser leurs avis à l'imprimeur. «Nous ferons distribuer notre ouvrage par cahiers toutes les semaines selon l'usage établi pour les journaux de littérature. Nous sommes même persuadés qu'une lecture succincte est plus commode aux personnes qui sont engagées dans les affaires du siècle, et qui n'ont pas le loisir de lire beaucoup. Au reste nous prendrons soin de répandre dans nos journaux des matières différentes qui pourront non seulement convenir aux gens du monde, mais encore aux religieux et aux ecclésiastiques».

Le Journal chrétien est constitué de courts extraits des Pères de l'Eglise, en général accompagnés de leur référence et traduits dans un style très clair et très ferme. «Saint Grégoire, pape» (16 extraits), saint Basile (13) et Cassien (12); subsidiairement, saint Léon (4), Salvien, évêque de Marseille (3), saint Isidore de Péluse et saint Cyprien (2), Tertullien et saint Augustin (1). Il s'agit de points de morale ou de règles de vie religieuse, hors de toute controverse théologique: «l'envie», «la discrétion», «Contre la calomnie», «De la pénitence», «Du jeûne», «Sur la méditation», «L'étude de l'Ecriture sainte est nécessaire aux chrétiens», «Se soumettre à la volonté de Dieu», «Tout homme doit se soumettre à ses supérieurs», «Le salut des Grands est très difficile»...

A partir de la cinquième feuille l'auteur ajoute une rubrique nouvelle: «Eloge des écrivains ecclésiastiques», qui représentera au total 23 p. sur 124. «Nous emploierons [...] une partie de ce journal aux éloges des fameux auteurs qui ont travaillé pour l'Eglise. Nous commencerons par le siècle des apôtres à l'invitation d'Eusèbe et de Saint Jérôme». Saint Pierre et saint Jacques le mineur (feuille V), saint Matthieu et saint Jude (VI), saint Paul et saint Luc (VII), saint Marc, saint Jean, Heimas et «Philon juif (VIII), Abdias, saint Lin pape et saint Clément pape (IX), Josèphe (X)...». Du fait de la «brièveté de ce journal», il ne s'agissait pas de publier «le catalogue de tous leurs livres», mais de donner une idée de leur vie. Brèves notices, sans aucune précision érudite, mais qui semblent caractérisées par la volonté d'établir des faits authentiques en récusant des traditions légendaires.

Les feuilles sont numérotées à partir du n° VI (1er mai); mais dès le n° VIII, la périodicité devient irrégulière. Les trois dernières feuilles paraissent les 2 juin, 16 juin et 18 juillet. Même en 1685 le projet de Martignac pouvait sembler assez paradoxal.

Auteur

Titre indexé

JOURNAL CHRÉTIEN 1

Date indexée

1685

L'INDIGENT PHILOSOPHE

0617
1727

Titre(s)

L'Indigent Philosophe. Premier feuille. partir de la seconde feuille: L'Indigent Philosophe ou l'Homme sans soucy.

Continuation du Spectateur Français. Continué par Le Cabinet du philosophe.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Très probablement fin mars – début juillet 1727. Un volume. Le privilège est du 24 avril 1727 (les deux premières feuilles jouissaient d'une simple «permission» de Hérault; 19 mars et 12 avril). Périodicité approximativement bimensuelle. En tout, sept livraisons (Approbations, de Passart: mercredi 19 mars, vendredi 11 avril, mardi 22 avril, jeudi 8 mai, dimanche 25 mai, vendredi 13 juin, samedi 15 juillet).

Description de la collection

7 feuilles de 24 p., paginées successivement 1-168, in-12.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Noël Pissot, quai de Conty, vis-à-vis la descente du Pont-Neuf, à la Croix d'Or. Flahault, quai des Augustins, du côté du Pont Saint-Michel, au Roy de Portugal. Et, à partir de la seconde feuille, Pierre Huet, au Palais, sur le second perron de la Sainte-Chapelle, au Soleil Levant.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre Carlet de MARIVAUX.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: les «espèces de Mémoires» d'un indigent: «Je viens d'acheter quelques feuilles de papier pour me mettre par écrit, autrement dit pour montrer ce que je suis et comment je pense». Il promet d'«écrire tout couramment [ses] pensées». «Je suis naturellement babillard, il faut que cela se passe» (début de la première feuille).

Contenu réel: essentiellement «un essai de ce qu'on pourrait faire en écrivant au hasard ce qui viendrait à l'imagination» («Avis de l'Imprimeur au lecteur», dans l'édition collective du Spectateur Françaispubliée par Prault en 1728). Plus traditionnellement, on pourrait définir le contenu en se référant aux rubriques que permet de distinguer la table de 1728, à peu près certainement rédigée par Marivaux: 1) Critique sociale («Civilité», «domestiques», «fortune», «grands», «gueux», «ministres d'Etat», «pauvres, leur bon appétit», «repas des pauvres», «riches», «table gênante» ...); 2) Observation des êtres («amour de roman», «comédiens de campagne», «femmes savantes (des)», «fermeté masquée», «Français», «galanterie entre la poire et le fromage», «mariage d'une jeune fille avec un vieillard», «musicien», «Paris. Les mœurs et les caractères des habitants», «prodigue» ...); 3) Réflexions morales («amitié», «estime», «habits. Leur pouvoir», «modestie», «orgueil», «vertu» ...); 4) Métaphysique («esprit [de la]», «gens de bien», «Homme», «méchant», «nature» ...); 5) Relations entre auteurs et public («Auteurs. Les caractères de la plupart»; «Lecteurs», «livres, livrets et brochures», «préface»).

Centres d'intérêt: un éclat qui permet à Marivaux d'approfondir ses «réflexions» après une période de crise. Deux «gueux» face à la société et à la culture de 1727. Envers et contre tout, un message de joie.

Auteurs étudiés: allusion à «un gaillard», «maître Ovide», à la fin de la troisième feuille.

Tables: dans les éditions collectives du Spectateur français«table alphabétique des principales matières», imitant le genre de table (index) qui caractérisait le Spectateur ou le Socrate moderne«Amitié, Amour de, roman Auteurs», etc.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Poitiers, D. 3121. On n'a pu retrouver à ce jour qu'un exemplaire de l'édition originale, par feuilles: ce volume conservé à la B.M. de Poitiers, où les sept feuilles sont reliées avec les Essais hebdomadaires sur plusieurs sujets intéressants de Dupuy (1730).

On trouve dans certaines bibliothèques des exemplaires de l'édition séparée procurée par Pierre Prault au début de 1728: B.N., R. 20142; B.M. Avignon, 8° 55618; B.M. La Rochelle. Mais le plus souvent cette édition est incorporée à l'édition collective du Spectateur françaisvendue quelques semaines plus tard par le même imprimeur-libraire (B.N., B.M. Alençon, Avignon, Montpellier, Roanne, Valenciennes ...). Les exemplaires des éditions collectives de 1752 et 1761 sont plus fréquents encore.

Exemplaires rares: ex-libris, édition de 1728, B.M. Montpellier: M. Silva, maître des requêtes; B.M. La Rochelle: Desroches, chanoine (puis bibliothèque de l'église-cathédrale de La Rochelle). Ex. de M. Deloffre: Guérin, puis Denis de Pange (1750) puis M. Rebours, rue Meslée, puis J. Vernesson (1801) («A Paris, le 7 mai»). Editions suivantes: voir le Spectateur français.

Bibliographie

Réédition séparée chez Pierre Prault au début de 1728. Dans des éditions collectives du Spectateur français 1728 (avril), 1752, 1754, 1755, 1761; Journaux et œuvres diversesClass. Garnier, 1969, 1988. Dans les Œuvres complètes de Marivaux: 1781 (t. IX), 1825-1830 (t. X).

Mentions dans la presse du temps: Bibliothèque françaiset. IX, 2e partie, p. 315-316; t. X, 1re partie, p. 152 (1727).

Articles et monographies: mises à part quelques pages dans des études générales sur Marivaux, de G. Larroumet, M. Arland et surtout de Jean Fabre et Henri Coulet Marivaux romancierParis, Colin, 1975): – Greene E.J.H., «Marivaux's philosophical bum», Esprit créateurvol. I, n° 4, Winter,1961, p. 190-195. – Matucci M., L'Opéra narrativa di MarivauxNapoli, Pironti e figli, 1962, p. 140-155. – Idem«Marivaux e «l'Arlecchino selvaggio» del Nouveau Théâtre Italien», dans Studi in onore di Carlo Pellegrini, Societa Editrice Internazionale, 1963, vol. II, p. 289-299. – Greene E.J.H., «A philosopher on the stage and on the roads: L'Indigent philosophe p. 99-106, MarivauxUniv. of Toronto Press, 1965. – Gilot M., «Deux miroirs insolites: La Chute et l'Indigent philosophe Bulletin de la Faculté des lettres et sciences humaines de Grenobleoct.-déc. 1967, p. 25-31. –Jacoebée W.-P., La Persuasion de la charité. Thèmes, formes et structures dans les journaux et œuvres diverses de MarivauxAmsterdam, Rodopi, 1976. – Sturzer F., «Exclusion and coquetterie. First-Person narrative in Marivaux's L'Indigent philosophe The French Reviewvol. LV, n° 2, avril 1982, p. 154-170.

Historique

La publication de Indigent philosophepour lequel Marivaux, sous le nom du Sieur a***, obtient un privilège de trois ans le mardi 22 avril 1727, met fin dans sa carrière à une assez longue période de silence (quinze mois) et sans doute à une phase de crise dont nous avons au moins un témoignage, la lettre de l'abbé Bonardy, indiquant, le 8 mars 1726, que le poète «s'est brouillé avec Lélio et sa femme». Tout se passe comme si, après un temps de création silencieuse (le 16 février la veuve Coutelier a sollicité une approbation et un «privilège général» pour la «Vie de Marianne ou les Aventures de Mme la Comtesse de M***»), il était de nouveau avide d'entrer en contact avec le public. Le 30 janvier, les Comédiens-Français ont reçu La Surprise de l'amour. Le 2 mars le principal éditeur de L'Indigent philosopheNoël Pissot, a demandé un privilège pour L'Héritier de village, Le Dénouement imprévu, Le Prince travesti, Annibal. Enfin, le dimanche 22 avril (donc deux jours plus tôt et trois semaines après le lancement probable de L'IndigentPierre Prault vient de soumettre à l'approbation «Le Spectateur Français par le Sr de Marivaux» et d'obtenir pour cette première édition collective un privilège de huit ans. Rien ne révèle mieux que cette coïncidence la filiation entre le Spectateur et ce nouveau journal. Marivaux n'a certainement jamais pensé prolonger très longtemps L'Indigent philosophe. Ce qui est sûr, c'est que la suite immédiate de L'Indigent, abandonné au milieu de juillet, c'est L'Ile de la raison ou les petits hommesaccueillie avec transports par les Comédiens-Français le 3 août.

Auteur

Titre indexé

INDIGENT PHILOSOPHE

Date indexée

1727

GAZETTE ENRHUMÉE *

0558
vers 1655

Titre(s)

Gazette enrhumée.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Il ne s'agit pas d'un périodique, mais d'un bref divertissement en une seule feuille, publiée entre 1651 et 1663.

Description de la collection

3 p. en un cahier, 157 x 220, in-4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

S.l.n.d. [Paris].

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Développement allégorique assez laborieux sur l'assaut du général Rhume contre la place de Poictrine; interviennent le colonel Brouillard, le capitaine Vencoulis, le duc de Bouillon, le colonel Réglisse, etc. Don Francisco Natur, aidé par les capitaines Laxatif et Lavement, remporte la victoire...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, Presse 1449; V 1094-1138.

Historique

Cette feuille a dû être publiée dans les années 1650; la B.M. de Grenoble en conserve en effet un second exemplaire imprimé «à Dijon jouxte la copie imprimée à Paris» (4 p., in-4°). Cette feuille est la 39e pièce d'un recueil de textes ecclésiastiques imprimés pour la plupart entre 1651 et 1663 (ex-libris: «Ex Bibliotheca conventus et collegii FF. Praedicatorum urbis Gratianopolitanorum»).

Auteur

Titre indexé

GAZETTE ENRHUMÉE *

Date indexée

1655

GAZETTE DIVERTISSANTE

0551
1716

Titre(s)

La Gazette divertissante et allégorique de l’hyver, Première quinzaine de Janvier 1716.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une feuille. Permis d'imprimer du 15 janvier 1716, registre le 31.

Description de la collection

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Auteur

Titre indexé

GAZETTE DIVERTISSANTE

Date indexée

1716

CONTINUATION DES MÉMOIRES

0226
1726
1732

Titre(s)

Continuation des Mémoires de Littérature et d'Histoire de Mr. de Sallengre.

A partir du t. II, II, le titre est abrégé : Continuation des Mémoires de Littérature et d'Histoire.

Continuation nominale des Mémoires de littérature de Sallengre (1715-1717).

Continué dans une certaine mesure par le t. III du Recueil de pièces d'histoire et de littérature (1738).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Février 1726 – janvier ( ?) 1732. 11 vol. Privilège : 24 décembre 1724.

Périodicité : c'est seulement à la fin de la première partie du t. IV (1727) qu'il est indiqué, dans le «Catalogue des livres nouveaux imprimés chez Simart» où sont annoncées les «7 parties» des Mémoires de littérature et d'histoire  «On donne une suite de cet ouvrage tous les trois mois».

Périodicité réelle : approximativement trimestrielle.

4 livraisons par an jusqu'en 1730. 2 vol. par an. Datation : t. I et II : 1726 ; t. III et IV : 1727 ; t. V et VI : 1728 ; t. VII et VIII : 1729 ; t. IX : 1730 ; t. X et XI, I : 1731 ; t. XI, II : 1732.

Description de la collection

Chaque tome, sauf le t. IX, est divisé en deux parties, vendues séparément : «Tome premier, Partie I» ; «Tome premier, Partie II», etc. Nombre de pages : t. I, XVI + 514 ; t. II, 514 ; t. III, 2 + 488 : t. IV, 484 ; t. V. XII + 464 ; t. VI, 480 ; t. VII : 480 ; t. IX, 484 + 1 (catalogue) ; t. X, 453 + 31 (tables) ; t. XI : 480.

Cahiers de 16 p. in-8°, 100 x 163 (alors que dans ses catalogues le libraire déclare régulièrement l'ouvrage in-12).

Gravures, hors texte : t. I, I, p. 48, Deus Crepitus,le Dieu Pet (deux figures) ; t. IV, i, p. 176, les trois médailes d'Hermonthis, de Mendès et de Jotapé ; t. IV, II, p. 418, une médaille de l'empereur Trajan ; t. VIII, II, p. 438, Quatre médailles du consul P. Decius ; t. X, II, p. 386, le dieu Telesphore (statuette).

Dépliants, hors texte : t. I, II, p. 444, plan de deux basiliques ; t. V, II, p. 454, table de concordance : chronologies de Newton et du père Souciet ; t. XI, I, p. 224, bas-relief trouvé à Narbonne (enfants et bûcher, enfant à l'école).

Dessins incorporés au texte : t. IX, II, p. 472 et 476, inscription de Charles le Chauve et Épitaphe ; t., IV, p. 60, inscription de l'Hôtel-de-Ville de Nantes.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris, Simart (Nicolas Simart), rue Saint-Jacques, au Dauphin. Imprimeur : Louis-Denis Delatour, rue de la Harpe, aux Trois-Rois (t. I, p. 248). Puis Simart lui-même, qualifié dans la page de titre, à partir du t. X (1731) de «Libraire-Imprimeur de Monseigneur le Dauphin», mais probablement imprimeur dès la fin de 1726 (t. IV, I, «Catalogue des livres nouveaux imprimés chez Simart»).

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Pierre-Nicolas DESMOLETS, fondateur. Le privilège, d'une longue durée (huit ans), avait été acquis par Simart dès le 24 décembre 1724 et enregistré le 29 janvier 1725 (ms. f. fr. 21.953. p. 133). Comme en témoigne une lettre de Bougerel (21 févr. 1724) citée dans les Mémoires (t. I, p. 150), avant même d'interrompre la publication des Nouvelles littéraires, Desmolets avait commencé de «méditer» un «recueil» profondément différent, fondé sur l'idée que les bibliothèques privées renfermaient «des trésors considérables». Il s'agissait de «mettre entre les mains de tout le monde» les «dissertations» détenues par les «savants» de Paris et de province, et d'accueillir tout ce qui «apporterait quelque recherche utile, quelque expérience nouvelle, quelque point de critique ou d'histoire, appuyé sur de nouvelles preuves», (y compris des «pièces latines, italiennes et espagnoles» [que le rédacteur se proposait d'«accompagner autant que possible» de leur traduction]) ; des «extraits de livres rares et curieux trop considérables pour que beaucoup de savants» pussent «les acquérir», «surtout ceux dont ni Moreri ni Bayle» n'avaient «parlé» (t. I, Préface). Desmolets offrait aux auteurs dont le style apparaîtrait «bas ou obscur» de récrire leur texte s'ils y consentaient. Dans un Avis, en tête du t. III, il fit annoncer aux collaborateurs du journal qu'ils recevraient «un exemplaire du volume où on placerait] leur pièce».

Directeur : Desmolets. S'il a déployé une grande activité de prospection, dont témoigne notamment une lettre de l'abbé Bonardy (ms. f. fr. 24409, f° 105 ; 8 mars 1726), il est possible qu'il se soit contenté de présenter dans ses Mémoires les contributions d'autrui. D'après Andry, il ne leur aurait destiné qu'une courte «pièce», la «Lettre d'un professeur de l'Université d'Angers... «(t. I, I), d'ailleurs parue également dans la Bibliothèque française (mai 1726) et qu'il a laissé attribuer à Crevier, professeur au Collège de Beauvais Mémoires, t. III, «Nouvelles littéraires», p. 181). On serait cependant tenté de lui attribuer d'autres textes qui nous paraissent aujourd'hui beaucoup plus remarquables, notamment la «Lettre sur la vraie philosophie» (t. I, I). Les habitués de ses réunions ou «conférences» du dimanche soir semblent lui avoir tenu lieu de comité de rédaction ; il indique, en effet au début du t. III qu'il a l'habitude de soumettre son recueil à des «approbateurs d'un grand poids» et désigne nommément le père Tournemine.

Collaborateurs réguliers, par ordre d'importance : – L'abbé Goujet, «toujours zélé pour la Continuation des Mémoires qu'il a enrichis de plusieurs de ses savantes dissertations» (t. V, p. 332) : t. I, p. 121-137 et 138-149 ; t. I, II, p. 389-402 par «G.C. D.J.L.» (Goujet chanoine de St Jacques de l'Hôpital, ident. dans la Bibliothèque française, sept.-oct. 1726) ; t. V, I ; t. VIII, I. Articles auxquels il faut ajouter six autres textes anonymes, reconnus par Goujet dans ses Mémoires historiques III, I, p. 116-148 ; t. I, I, p. 137-190 ; t. IV, II, p. 417-430 et 430-468 ; t. X, Eloge de Dom Mopinot et conte en vers. – Le père Joseph Bougerel qui, en dehors de ses propres contributions (t. I, I ; t. II, II, «Histoire des Juifs de Provence», identifié dans Bibliothèque française : t. IX, I ; t. III, II ; t. VIII, I ; t. X, I ...), a collecté différentes «pièces» en Provence entre 1724 et 1726. – Jean-Jacques Bel, en 1726 et au début de 1727 (t. II, II ; t. III, I). Le jeu des renvois permet d'autre part d'établir que les seules «Nouvelles littéraires» que contiennent les Mémoires (t. III, I et II), précises et riches, sont certainement de lui. – Moreau de Mautour, à partir de 1727 (t. IV, II ; t. V, II ; t. VI, II ; t. VII, II). – L'abbé Papillon, de Dijon (t. II, I ; t. III, I ; t. IV, I). – L. B. (Le Beau ?), «chanoine d'Auxerre» (t. II, II ; t. VIII, II ; t. III, I).

Collaborateurs occasionnels :

Prose. Aubert, Académie de Lyon (t. X, II) ; Baltus, jésuite (t. II, I) ; Beneton de Perrins, écuyer, ancien gendarme de la Garde du roi (t. X, II) ; Bouhier (t. III, II) ; Chansierge, de Lyon (t. II, II) ; de Colonia, jésuite (t. VI, II) ; Claude Hemard de Danjouan, d'Etampes (t. I, I ; t. X, I) ; abbé du Bos (t. III, I ; et très probablement t. IX, I, la réponse à Boulainvilliers) ; Fréret (t. I, II, p. 349-363, identifié dans les Mémoires de Trévoux, août 1726, p. 1556 et dans les Mémoires de Goujet) ; abbé Fleury (t. IX, I) ; Gauger, physicien (t. V, I) ; Gerbier, prof, de mathématiques à Marseille (t. II, I ; t. III, II) ; Gibert, canoniste (t. VIII, I) ; Lafont, chanoine de Narbonne (t. XI, I) ; Mme de Lambert (t. II, II : «Lettre d'une dame à son fils sur la vraie gloire», «manuscrit communiqué» par le chevalier de Saint-Jorry) ; La Monnoye (t. III, II) ; Montbroux de la Nauze, chronologiste décédé (t. V, I) ; Le Brun, oratorien (t. VIII, I) ; Jean Morin, oratorien (t. I, II) ; Nervet (t. III, I) ; Claude Olivier, avocat de Marseille (t. I, I ; t. IV, II) ; Petit, médecin (t. III, II) ; Pouget, oratorien décédé (t. I, II) ; Claude Terrin, décédé (t. I, I) ; marquis de Valbonnais, président de la Chambre des comptes du Dauphiné (t. VI, I) ; de Velles, théatin (t. X, II) ; Vonderhardt (t. VI, I) ; D. Walthier, médecin (t. VII, I).

Vers. Boillot, oratorien (t. VII, II) ; Galaup de Chasteuil, poète en langue provençale, décédé (t. VIII, II) ; Fontenelle (t. II, I) ; La Monnoye (t. I, II ; t. III, I) ; abbé Le Blanc (t. VIII, I) ; Le Brun, oratorien (t. VIII, II) ; François Oudin, jésuite (t. VII, I) ; Rémond de Saint-Mard (t. I, II) ; de Vesrière (t. I, II) ; abbé de Villiers (t. II, II) ; Voltaire (t. II, I ; t. II, II).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : «Recueillir les petites pièces en tout genre de littérature, tant de vers que de prose», sans être trop difficile pour les «ouvrages» inédits, sauf en ce qui concerne «les pièces d'éloquence» (Préface, t. I, I).

Contenu réel : dans sa préface Desmolets énumérait les différentes branches de la «Littérature» qu'il pensait voir représentées dans son journal : «Théologie, Morale, Histoire sacrée et profane, Mythologie, Physique, Métaphysique, Jurisprudence, Médecine, Mathématiques, Poésie». Le contenu réel des Mémoires ne correspond guère à cette liste. Rien sur le droit, les mathématiques, la mythologie. Quant aux autres matières, elles sont très irrégulièrement réparties, comme le montre la proportion du nombre de pages qui leur sont consacrées dans les pièces nouvellement produites : Religion : 13% (traditions ecclésiales, rituel, règles : plus de 6% ; vie des Saints : 2,5 % ; il ne reste que moins de 2,5 % pour l'exégèse et le commentaire de textes sacrés, 2% pour la théologie). Philosophie et morale (à peu près également réparties) : 7%. belles-lettres : 21% (textes anciens, établissement, traduction, commentaire : 45% ; vers en latin : 1,5% ; vers français : 3% ; facéties savantes, en latin ou en français : près de 1,5% ; art poétique, esthétique : 5% ; critique littéraire : un peu moins de 4% ; nouvelles littéraires de Paris : 1,5%...). Sciences et Arts : 4% (deux rubriques représentant environ 1,5% : la physique et d'autre part l'observation des phénomènes ou curiosités naturelles ; une troisième, médecine et chirurgie, un peu moins).

C'est l'Histoire qui se taille la partie belle avec 55%. Moins de 27 % pour ce que nous appellerions proprement de ce nom : histoire ancienne : 6,5 % ; histoire moderne : 20% (dont plus de la moitié consacrée à des controverses sur «les origines des institutions françaises», noblesse et monarchie). Plus de 28% pour ce que nous considérerions aujourd'hui comme des rubriques annexes : antiquités, inscriptions, médailles : 12% ; vie des «savants» et célébrités : près de 10% ; chronologie : 5,5% ; histoire, «littéraire», de villes françaises : plus de 1%.

Principaux centres d'intérêt : bien que la grande masse des «Dissertations» porte soit sur les antiquités, romaines ou nationales, soit sur les règles et usages religieux, on trouve quelques perspectives intéressantes dans deux domaines tout à fait différents : l'esthétique littéraire (critique du «système» de l'abbé du Bos par Bel, t. III, I ; les goûts des amateurs de romans à près d'un siècle de distance, t. VI, II ; «De la lecture des vieux romans», dialogue de Chapelain, t. V, i : «Lettre à M.D. sur les romans») ; la morale («Réflexions ou Maximes», t. VIII, I et ii ; «Lettre» de Mme de Lambert, «à son fils», t. II, II ; et surtout, t. I, I, «Lettre à Mlle D*** sur la vraie philosophie», éloge tout à fait nouveau, fait par un malebranchiste, de ce qu'on appellera plus tard sociabilité : «La liberté» [une <liberté honnête>] est l'âme de la société»).

Mais la principale spécialité de Desmolets demeure la publication de textes du XVIIe siècle : – Lettres inédites de Balzac, 1650-1653 (t. X, ii), Boileau (t. VII, II), Corneille, 1646 (t. X, ii), Leibniz à Arnaud (t. VIII, I), Malherbe (t. I, I), Racine (t. VII, II), Saint-Evremond à Mme d'Aulnoy (t. II, I), Mlle de Scudéry (madrigal, t. IV, i), auxquelles s'ajoutent deux lettres de Calvin, 1545, 1561 (t. X, ii). – Relations : la conversion de La Fontaine (t. , ii) ; une ambassade à Constantinople (t. IV, ii) ; rapports pour Colbert rédigés par Costar (t. II, II) et Chapelain (t. II, I) sur tous «les gens de lettres célèbres en France» (le jugement que celui-ci portait en 1662 sur Molière et sur Boileau est extrêmement savoureux). – Textes divers : vers inédits de Malherbe (t. I, I) et de Chaulieu (t. VII, I) ; Histoire de la Franche-Comté, par Pellisson (t. VII, I) ; un chapitre «ajouté par M. d'Aubignac à sa Pratique du Théâtre   : «Des Discours de piété» (t. II, I) ; mais surtout l'«Entretien de M. Pascal et de M. de Sacy» et la «Suite des Pensées de M. Pascal extraites du manuscrit de l'abbé Périer» (t. V, ii ).

Principaux auteurs étudiés : Du Bos (t. III, I) ; Boulainvilliers, dont le Traité sur l'origine et les droits de la noblesse est publié et vivement critiqué (t. IX, i) ; Voltaire Hérode et Marianne  . I, I ; t. III, I) ; La Motte Romulus : . I, I ; t. II, II) ; Watteau (t. II, I : épitaphes et hymnes).

Tables intégrées à la collection. Tables à la fin de chaque partie. Exceptionnellement la table des matières se trouve en tête de la première partie du t. I ; le t. IX qui compose un seul ensemble, ne comporte naturellement qu'une table, à la fin du volume, mais c'est aussi le cas pour le t. VII, bien qu'il renferme deux livraisons.

D'autre part on trouve deux tables générales (29 p.) à la fin du t. X : «Par ordre alphabétique des titres des traités», «Par les sciences, ou les disciplines auxquelles les différents traités ont rapport».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, E 13968 (notes manuscrites dans le t. VIII : désignation de trois auteurs d'articles, notamment Villefore, pour La Vie d'Athenaïs ; D 5248 ; P 7959 (t. I-X ; prix mentionné à l'encre à la dernière page du t. I : «20 livres 10 vol.») ; B.N., Z 20639-20649 ; Sorbonne, H Sg 66 (12°).

Bibliographie

Mentions dans la presse du temps :

Bibliothèque française, t. VII La France savante ou Histoire littéraire de la France, juil. et août 1726), p. 319 et suiv. (compte rendu de t. I, I) ; t. VIII La France savantesept, et oct. 1726, p. 135 et suiv. (compte rendu de t. I, I), nov.-déc. 1726, p. 279 et suiv. (compte rendu de t. II, I) ; t. IX, i, 1727, p. 14 et suiv. (compte rendu de t. II, II) ; t. XI, I, 1728, p. 19 et suiv. (compte rendu de t. III, I).

Mémoires de Trévoux, mars 1726, p. 619 (on vend «une Continuation des Mémoires de Littératures [sic] et d'Histoire, si souvent et si à propos discontinués chez Simart») ; août 1726, p. 1550-1556 (analyse de t. I, I, avec une pointe fielleuse à la fin : le «public qu'on respecte trop peu en ne lui présentant que le brouillon des pièces»).

Journal des savants, notamment juin 1726 et mars 1728, p. 179 (sur l'affaire de la publication du manuscrit de Mme de Lambert).

Le Nouvelliste du Parnasse, . III, lettre 40, p. 169-181 (compte rendu global, avec une très longue critique de la Dissertation sur le goût parue dans la première partie du t. XI).

Journal littéraire de l'année 1733 (La Haye), t. XX, i, p. 201 (compte rendu du t. XI).

Nouveaux Mémoires d'histoire, de critique, t I, 1749, p. 314.

Historique

La première partie du t. I, approuvée le 12 janvier, fut publiée vers le 20 février 1726. Le 8 mars l'abbé Bonardy annonce que les «Mémoires littéraires» doivent paraître environ tous les trois mois et que «le second volume est sous presse» Correspondance littéraire du président Bouhier, éd. H. Duranton, Saint-Etienne, Université de Saint-Etienne, 1974-1988, 14 vol., t. V, p. 9). Le rédacteur des «Nouvelles littéraires de France» de Histoire littéraire de l'Europe, mars 1726, note vers le même moment : «Il paraît ici Essais de littérature, petit volume qu'on donnera tous les mois. On en croit auteur le P. Molait, Bibliothécaire des frères de l'Oratoire» (p. 275). Le 9 juillet d'Olivet confirme la périodicité trimestrielle et précise que la première partie du t. II «n'est en vente que d'aujourd'hui» Correspondance littéraire du président Bouhier, t. III, p. 108) : 35 jours séparaient cette publication de la date d'approbation.

Dans le courant du printemps Desmolets reçoit des lettres de félicitation (réponse à Bouhier, du 3 mai, nouv. acq. fr. 1. 212, f° 75) et voit affluer les manuscrits. «Je recouvrai en six semaines un plus grand nombre d'écrits que je n'avais pu en rassembler avant la publication de mes Mémoires, pendant le cours de deux années», écrit-il dans une nouvelle Préface, vers la fin de l'année. Cette Préface, placée en tête de la première partie du t. II, traduit son euphorie : l'entreprise a connu un «succès inespéré» et la critique lui a été favorable. «Mrs les Journalistes de Trévoux ont critiqué quelques-unes des pièces de la seconde partie du premier tome», ne les trouvant «ni assez approfondies ni assez châtiées», mais les auteurs «des différents journaux de France et de Hollande [lui] ont rendu plus de justice»...

Globalement le rythme de publication se maintient pendant plusieurs années, puisque le recueil des sept premiers tomes est «retiré pour le Cabinet du roi» le 21 juin 1729 (ms. f. fr. 22023, p. 83) et que, le 22 juillet suivant, l'abbé Le Blanc envoie à Bouhier un nouveau volume qui est très probablement la première partie du t. VIII (ms. f. fr. 24412, f° 389). Il est cependant certain que les différentes livraisons ne parurent pas régulièrement en janvier (Desmolets, Préface, t. V), avril, juillet et octobre de chaque année. En tête de la seconde partie du t. III, imprimée en mars 1727, figure en effet un Avis prometteur : «On avertit le public qu'on a reçu un si grand nombre de pièces depuis quelque temps qu'on donnera le mois prochain un volume par extraordinaire» (verso de la feuille de titre), ce qui laisse augurer cinq livraisons pour 1727 ; or dans le courant de cette année, la publication des Mémoires prit en fait trois mois de retard, la première partie du t. V, approuvée seulement le 27 mars 1728, n'ayant pu paraître avant la fin d'avril. Retard d'ailleurs bientôt rattrapé : Desmolets, qui affirmait en mars 1727 avoir «devant [lui] plus de pièces qu'il n'en [fallait]) pour douze volumes», avait soumis à l'approbation une énorme fournée de pages dans le courant de l'hiver : «le tome V et suiv.» (ms. f. fr. 21956, f° 125, 18 janv. 1728), c'est-à-dire aussi le t. VI et très probablement le t. VII (appr. le 20 avril).

C'est en 1730 que la vie du journal a été beaucoup plus profondément perturbée : si le t. IX, approuvé le 18 janvier, parut probablement en février et avril, le t. X, qui aurait dû être mis en vente vers juillet et octobre et dont les pages de titre portent bien 1730, ne fut approuvé que le 15 mars 1731 ... Les livraisons du t. XI (appr. le 12 mars 1731) sont datées respectivement de 1731 et 1732. Pendant plusieurs années Desmolets et ses amis allaient déplorer l'arrêt de la publication. Le 16 juin 1732 il avoue à Bouhier qu'il ne peut dire quand paraîtra son «prochain mémoire», «dépendant absolument de son libraire» qui en «diffère de plus en plus l'impression [...], soit par indigence ou pure indolence» (dossier Bonnardet, fonds de l'Oratoire). Dans la Préface du t. V il avait déjà signalé, discrètement, la résistance de Simart et il se désolait de son inertie dans une lettre à Desmaizeaux du 27 juillet 1731 (nouv. acq. fr. 4285, f° 459)... Le 18 janvier 1734 Bougerel note que «les mémoires du père Desmolets ne paraissent plus, par la faute du libraire qui ne veut ni imprimer ni laisser imprimer les autres, le privilège [éteint en fait depuis la fin de 1732] étant sous son nom» (à Bouhier, ms. f. fr. 24409, f° 131). Enfin, le 21 septembre 1735, Desmolets signale qu'il ne peut plus du tout compter sur son éditeur, qui pourtant le «pressait de jour en jour de faire imprimer la suite des mémoires» : «Le pauvre homme est prisonnier à la Conciergerie sans qu'on puisse dire pourquoi, sinon qu'il était un des plus amis des valets de chambre des convulsionnaires» (à Bouhier, ms. f. fr. 24410, f° 453).

Desmolets se vouait passionnément à la recherche de pièces intéressantes. Inédits de grands écrivains, ce qui n'a pas été sans mésaventures (il dut reconnaître dans la Préface du t. III qu'il s'était un peu trop pressé de laisser attribuer à Boileau une Epître de vieillesse, publiée dans la première partie du t. II [en réalité de Saint-Didier : Bibliothèque française, t. VI, nov.] ; déc. 1726, p. 279)... Réflexions nouvelles : ses lettres à l'abbé Conti peuvent témoigner de son ouverture d'esprit. Le 14 avril 1728, il lui écrivit qu'il se ferait «un plaisir de faire connaître en France» des livres d'Italie ; le 12 mai 1727 il suggérait plus audacieusement : «Ce qui ne peut s'imprimer chez vous» (par exemple «des manuscrits d'histoire ... sans passion, sans médisance») «pourrait très bien s'imprimer ici» (dossier Ingold-Bonnardet, fonds de l'Oratoire).

Peut-être était-il trop optimiste ... En tout cas dans sa hâte il prit parfois de curieuses libertés avec les exigences de la censure. Dans le t. II, apparemment «approuvé» tout entier, «le 4 juin 1726», la dissertation de Chansierge sur la rime est datée du 7 juillet. Dans la seconde partie du t. III, apparemment «approuvé le 29 décembre 1726», les «Nouvelles littéraires» sont datées du 18 février 1727. Même phénomène dans la première partie du t. VI, approuvée le 27 mars 1728 : elle contient une lettre d'érudit datée du 20 avril. Quant au t. IV, il ne comporte aucune mention d'approbation...

Alors qu'au printemps de 1727, Desmolets venait de s'attirer l'hostilité des auteurs du Journal des savants («Ces Messieurs sont jaloux de leurs droits et prétendent qu'ils peuvent seuls, à l'exclusion de tous autres, publier des nouvelles littéraires en France», à Conti, fonds Ingold-Bonnardet, 12 mai 1727), la publication d'une des pièces que contient ce t. IV, en tête de la deuxième partie, a pu être jugée subversive : le journaliste avait exhumé «des manuscrits du Sr Alexandre Le Roy, Censeur royal pour les affaires étrangères», le rapport envoyé à Louis XIV par un ambassadeur de France à Constantinople vers la fin des années 1660. Le Roy, censeur des trois premiers tomes des Mémoires, fut ensuite remplacé par Beauchamps ... Peut-être a-t-on là une des raisons de la brève suspension du périodique dans le courant de 1727.

De toute façon, la publication de Desmolets n'a certainement pas enrichi Nicolas Simart, puisque, malgré son nouveau titre de «Libraire-Imprimeur de Mgr le Dauphin», les affaires de celui-ci sont allées en déclinant : 40 livres de capitation pour 1722, 25 pour 1734 (ms. f. fr. 21857). Dans les Mémoires historiques et littéraires (La Haye, Du Sauzet, 1763), p. 63, Goujet a attribué l'interruption du journal à leur «dérangement». Mis à part le t. III du Recueil de pièces, 1738 (voir ce titre), La Continuation ne semble pas avoir eu de suite, bien que Calvet ait noté au bas d'une lettre de d'Artigny que «le premier volume» des Nouveaux Mémoires de celui-ci «parut la même année qu'on acheva d'imprimer les mémoires du P. Desmolets en 1749» (B.M. Marseille, ms. 1509).

Auteur

Titre indexé

CONTINUATION DES MÉMOIRES

Date indexée

1726
1727
1728
1729
1730
1731
1732

CAHIERS DU QUATRIÈME ORDRE

0192
1789

Titre(s)

Cahiers du quatrième ordre, celui des pauvres journaliers, des infirmes, des indigents, etc…; l'ordre sacré des infortunés ou Correspondance philanthropique entre les infortunés, les hommes sensibles, et les Etats-Généraux: pour suppléer au droit de députer directement aux Etats qui appartient à tout Français, mais dont cet ordre ne jouit point encore. Par M. Dufourny de Villiers.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Une seule livraison datée du 25 avril 1789.

Description de la collection

Un volume de 30 p. (Avertissement: 5 p. dont 3 numérotées: IV, V, VI; texte p. 7-30); cahiers de 24 p., 140 x 219, in-12.

Devise: Consolamini, consolamini, popule meus. Quare maerore consumeris Quare innovavit te dolor Salvabo: te noli timere. «O mon peuple, dis-moi quel chagrin te consume, quelle douleur te rend méconnaissable? Console-toi, console-toi; cesse de t'alarmer, ton bonheur est proche».

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Paris. Au bas de la page 30: «On est prié de faire remettre les mémoires franc de port à l'adresse de M. Dufourny de Villiers, rue des Mathurins, au petit hôtel de Clugny».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

DUFOURNY DE VILLIERS.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Constitué de trois parties: Avertissement, développement et Prospectus, le numéro 1 des Cahiers du quatrième ordre fournit à Dufourny de Villiers l'occasion d'émettre un certain nombre d'idées politiques, économiques et sociales tout à fait remarquables.

Avertissement: en attendant la loi «sur la liberté de la presse» que doivent porter les Etats généraux, et à un moment où les assemblées de district «sont de véritables États-Généraux d'où émanent toute volonté générale et tous pouvoirs», chaque citoyen a le droit et le devoir de participer aux efforts de la nation pour «se régénérer».

C'est en «détruisant tout ce qui satisfait jusqu'à la satiété, l'orgueil et la cupidité des grands et des Riches», qu'on parviendra à «l'unité de volonté de force et de puissance qui seule constitue la monarchie», qu'on «forgera cette puissance morale qui, seule redoutable, peut inspirer la terreur aux ennemis et conserver la paix». L'auteur n'use cependant de «[son] droit naturel de discuter les droits de l'humanité souffrante» qu'en «se rendant publiquement responsable» de ses «maximes», en avouant, par sa signature, «tout ce que le sentiment illimité d'homme et de Français dicte à son cœur». Développement: il existe un quatrième ordre, «l'ordre sacré des infortunés» qui n'a pas été convoqué aux États généraux: «cette classe immense des journaliers», des «salariés abandonnés de la société», «réduits par les systèmes régnants» à la condition d'«hommes disponibles», «contraints par la misère à donner tout leur temps, toutes leurs forces, leur santé même pour un salaire qui représente à peine le pain nécessaire pour leur nourriture».

Les députés aux États généraux sauront d'autant mieux agir pour «la protection, la conservation des faibles de la dernière classe» qu'ils se sentiront soutenus et poussés par «l'opinion publique»; s'ils reçoivent des mémoires pressants et documentés, les «États-Généraux ne feront que rédiger les délibérations publiques».

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.M. Grenoble, Presse 2074; B.N., 4°Lb39 1583; Ars., 8° Jo 20185.

Historique

Dufourny de Villiers a décrit sa démarche dans le prospectus du journal. Il a été le témoin des «vertus», des «traits héroïques» des gens du peuple, «les plus bienfaisants de tous les hommes», «les véritables héros de la société», eux que «des êtres dégradés osent traiter de canailles». Les Etats généraux devraient aller au devant des infortunés, par une démarche calmante et consolatrice, leur faire pressentir le changement de leur sort, et, à cette fin, «admettre provisoirement une personne dont la fonction spéciale serait de recueillir tout ce qui peut leur être avantageux». «Mission» sacrée et écrasante que Dufourny de Villiers essaiera de remplir en publiant tous les mémoires qui lui «seront adressés pour plaintes, révélation et réformation d'abus», sans rien «consigner» qui soit «dicté par la passion, l'esprit de parti, l'enthousiasme ou la haine».

A cette fin, il invite particulièrement «messieurs les curés, les sociétés philanthropiques, les administrateurs des hôpitaux» à se faire «les correspondants, les secrétaires du quatrième ordre», en lui adressant des mémoires sur la nature et les causes de la misère dans leur district, «le genre d'occupation des pauvres», l'action oppressive des impôts, «les remèdes et palliatifs à proposer». Tout en sachant que «les hommes les plus honnêtes ne sont pas toujours dans une relation habituelle avec les membres du quatrième ordre», il les invite «à s'en rapprocher sans délai» pour être à même de relever «les petits détails intimes de la misère» et d'en découvrir les causes «physiques, politiques et morales». Désireux de resserrer les liens de la fraternité entre tous les ordres, il a des propositions importantes à faire au moins sur trois points: - «les vicissitudes et l'excès des prix du pain et des premières denrées», – «l'éducation populaire», qui doit être une «éducation chrétienne», beaucoup mieux menée, mais aussi une «éducation nationale», – «le sort des malheureux que le défaut des principes, l'excès du besoin, le manque de courage ont jetés dans le crime». «Séparés de la société», ils sont plongés dans ces «gouffres appelés dépôts»: «lieux déformés», où sévit encore la torture tandis qu'on y fait «de véritables cours de rapines et de cruautés».

Auteur

Titre indexé

CAHIERS DU QUATRIÈME ORDRE

Date indexée

1789