JOURNAL DE VIENNE

0691
1784
1785

Titre(s)

Journal de Vienne, dédié aux amateurs de la littérature.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Octobre 1784 – septembre 1785. Huit volumes. Périodicité réelle: hebdomadaire, soit 51 livraisons. T. I-II: oct.-déc. 1784; t. III-VIII: janv.-sept. 1785.

Description de la collection

Chacun des cinq premiers tomes comporte 7 numéros hebdomadaires de 48 p.; le t. VI n'en comprend plus que 6; les t. VII et VIII respectivement 5. Nombre de pages des volumes: t. I-V, 336; t. VI, 288; t. VII, 240; t. VIII, 240. In-12, 105 x 165.

Devise: Omne tulit punctum, qui miscuit utile dulci, / Lectorem delectando, pariterque monendo. Horat. De Art. poet.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

A Vienne, chez les frères Gay, rue des Chantres (Singerstrasse), n° 927.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Auteur inconnu.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu réel: littérature contemporaine, française et européenne (articles originaux et extraits du Mercure de France, de l'Année littéraire, etc.); anecdotes, observations scientifiques (histoire naturelle, médecine, ascension aérienne); considérations morales; bons mots, charades et logogriphes.

Principaux centres d'intérêt: nouvelles littéraires d'Allemagne; présentation des ouvrages édités à Vienne, notamment chez les frères Gay; détails sur Joseph II, François-Joseph de Toscane, le prince de Ligne.

Principaux auteurs étudiés: Aristophane (trad. par Poinsinet de Sivry); Beaumarchais; Bernardin de Saint-Pierre; Boufflers; Condorcet; Cook; Le Coran (trad. par Savary); l'abbé Delille; Diderot; Madame de Genlis; Lessing; l'abbé Mably; Métastase; Montesquieu; Pompignan; l'abbé Prévost; J. J. Rousseau; l'abbé de Saint-Pierre; Sterne; Voltaire.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées: Österreichische Nationalbibliothek, Wien 104-593 A (t. I-VII); Stadtbibliothek Wien, A 14.881 (t. I-VIII).

Bibliographie

Zenker E., Geschichte der Wiener Journalistik von den Anfängen bis zum Jahre 1848, Wien et Leipzig, 1892. – Kirchner, Das Deutsche Zeitschriftenwesen. Seine Geschichte und seine Probleme,t. I, Wiesbaden, Harrassowitz, 1958. – Strasser K., Die Wiener Presse in der josephinischen Zeit,Wien, Verlag Notring der Wissenschaftlichen Verbände Österreichs, 1962. – Teissier Ph., «La presse de langue française éditée à Vienne au XVIIIe siècle», dans Le Journalisme d'ancien régime,ouvrage publié sous la direction de P. Rétat, Lyon, P.U.L., 1982.

Historique

Le Journal de Vienne tenta de renouveler, d'octobre 1784 à août 1785, la formule déjà essayée par la Gazette française littéraire de Vienne (1768-1769), puis par la Feuille littéraire de Vienne, supplément de la Gazette de Vienne publié chez Kurzböck durant l'année 1773. Editée avec une certaine élégance par Jean et Frédéric Gay, imprimeurs-libraires originaires de Strasbourg, elle ne parvint pas cependant à s'imposer longtemps auprès du public viennois. Il est vrai qu'elle lui proposait surtout des extraits des grands périodiques français de l'époque: Mercure de France, Année littéraire,etc. On y trouve des détails originaux sur Joseph II, François-Joseph de Toscane, le prince de Ligne, ainsi que d'intéressantes présentations des ouvrages édités à Vienne, notamment par les frères Gay: Histoire de la Bohème de l'abbé André, Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas autrichiens, Œuvres de Jamerey-Duval, etc. Conformément à une tradition bien autrichienne, la revue manifeste également une ouverture certaine sur l'Orient, Egypte et Turquie; ainsi ne manque-t-elle pas de présenter la traduction du Coran que venait d'effectuer Savary. Enfin, par son intérêt marqué pour les questions scientifiques – on y relève d'heureux portraits de Cook, Lavater, une épître à Spallanzani – et par son souci affirmé d'encourager les transformations sociales, notamment l'émancipation des juifs, elle témoigne assez bien du climat du joséphisme dont elle semble avoir voulu soutenir la politique éclairée.

Titre indexé

JOURNAL DE VIENNE

Date indexée

1784
1785

GAZETTE INTÉRESSANTE

0570
1772
1773

Titre(s)

Gazette intéressante.

A partir du n° 43 (29 mai 1772), apparaît la mention «A Düsseldorf», suivie de la date ; elle précède le titre dans ce seul numéro, mais le suit dès le numéro suivant (n° 44, 2 juin).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

2 janvier 1772 – 28 décembre 1773. 2 volumes. Périodicité bihebdomadaire. Soit 104 livraisons par an. 1772 : t. I ; 1773 : t. II.

Description de la collection

Chaque tome, en un volume, comporte deux livraisons hebdomadaires dont chacune comprend deux feuilles, et se trouve parfois accompagnée d'un supplément. Ces livraisons sont numérotées de 1 à 52, de six mois en six mois.

Cahiers de 4 p. in-folio, 150 x 185.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Lieu de publication mentionné : Aix-la-Chapelle, jusqu'au n° 8 (26 janv. 1772), «de l'Imprimerie privilégiée pour la Gazette intéressante». A partir du n° 13 (14 févr. 1772), le lieu d'impression est Düsseldorf.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu réel : nouvelles politiques (avec, semble-t-il, une prédilection pour les pays d'Europe du Nord) ; anecdotes, éloges funèbres ; nouvelles judiciaires et scientifiques, réclames médicales ; littérature contemporaine française et étrangère ; spectacles.

Principaux centres d'intérêt : donne des informations assez détaillées sur l'Europe septentrionale et orientale (Suède, Danemark, Prusse, Pologne) ; publie notamment des extraits fréquents du Mercure de Suède de Stockholm. On y trouve également une revue et des extraits des ouvrages nouveaux édités tant en France qu'à l'étranger (Allemagne). Principaux auteurs étudiés ou cités : Voltaire très fréquemment, Klopstock, de Hubsch, le chevalier de Boufflers, La Condamine, Voisenon, Dorat...

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Österreichische Nationalbibliothek, 213.823-B (manquent n°  9-12 de l'année 1772).

Historique

La Bibliothèque nationale d'Autriche possède 204 numéros de la Gazette intéressante, qui couvrent les années 1772 et 1773. Imprimée d'abord à Aix-la-Chapelle, elle devait être éditée à Düsseldorf dès février 1772. Prétendant, à l'image des gazettes anglaises, «parler franchement et librement des hommes et des choses», elle semble avoir eu des informations détaillées concernant l'Europe septentrionale et orientale, et notamment la Pologne, la Suède et le Danemark. Ainsi y trouve-t-on le prospectus et des extraits fréquents du Mercure de Suède, édité à Stockholm par Gjörwell. La politique de Londres, comme celle de Vienne, y semblent aussi suivies avec plus d'attention que les événements d'Italie ou d'Espagne. La Gazette intéressante se voulait également à l'écoute de l'actualité littéraire : Klopstock et de Hubsch, le chevalier de Boufflers, La Condamine et Voisenon y sont ainsi successivement étudiés ou cités ; mais elle manifeste surtout une entière dévotion à Voltaire dont elle publie fréquemment des lettres et des vers, sur parfois près de 3 p.

Titre indexé

GAZETTE INTÉRESSANTE

Date indexée

1772
1773

GAZETTE FRANÇAISE LITTÉRAIRE DE VIENNE

0566
1768
1769

Titre(s)

Gazette française littéraire de Vienne.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er avril 1768 – 29 décembre 1769. 2 volumes. Périodicité réelle: hebdomadaire, tous les vendredis. Soit 40 livraisons en 1768; 52 en 1769. Datation des volumes: t. I, 1er avril – 30 déc. 1768; t. II, 6 janv. – 29 déc. 1769.

Description de la collection

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

«A Vienne, chez les héritiers de de Ghelen, dans la maison de St Michel, au bureau de la Gazette allemande». Prix: 10 Kreutzer le numéro; souscription: 8 florins par an, payables d'avance, pour 3 mois.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur inconnu. Il n'est pas impossible qu'il se soit agi de Jean-Théodore de Gontier qui dirigeait depuis le 1er avril 1757 la Gazette de Vienne. Collaborateurs: Blin de Sainmore; un certain M.L.D.V.; l'abbé Milleton.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé: d'après le prospectus joint au n° 100 de la Gazette de Vienne, du mercredi 14 décembre 1768, la Gazette française littéraire de Vienne prétendait contribuer à augmenter les progrès accomplis depuis plusieurs années par «les Sciences et la Littérature françoise [...] dans les Etats de Sa Majesté Impériale, Royale et Apostolique, et principalement dans Sa Capitale».

Contenu réel: fables et contes; épîtres; lettres d'écrivains célèbres; anecdotes; portraits de personnages historiques; logogriphes; observations scientifiques (astronomie, médecine, histoire naturelle, agronomie); rapport de sociétés savantes; présentation des ouvrages nouveaux.

Principaux centres d'intérêt: reflète la vie culturelle de Vienne; propose notamment des comptes rendus des représentations données par les comédiens français; critique les ouvrages édités à Vienne ou en Allemagne; donne des relations des événements marquants de la vie intellectuelle viennoise.

Principaux auteurs étudiés: Voltaire; Gluck; Métastase; Gessner; Klopstock; Young; Marmontel; Spallanzani, l'abbé Raynal; l'Encyclopédie.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées: t. I, coll. privée du Dr Lang,Ö.N.B. Wien; t. II, Österreichische Nationalbibliothek, Wien,

104.593-A.

Bibliographie

Zenker, Geschichte der Wiener Journalistik von den Anfängen bis zum Jahre 1848... Wien und Leipzig, 1892. – Teissier P., «La presse de langue française éditée à Vienne au XVIIIe siècle», dans Le Journalisme d'ancien régime,P.U.L., Lyon, 1982.

Historique

On connaît l'existence de 92 numéros de la Gazette française littéraire de Vienne qui commença à paraître le 1er avril 1768. Sa dernière livraison, du 29 décembre 1769, contient un appel aux souscripteurs pour l'année 1770; mais il n'existe, semble-t-il, aucun numéro ultérieur. Imprimée chez les héritiers du célèbre libraire de Ghelen, connu pour ses éditions d'œuvres françaises, elle proposait au public viennois un ensemble très divers d'informations et d'articles d'intérêt culturel. Nombre de ces communications sont évidemment démarquées des grandes gazettes européennes, mais la Gazette française littéraire de Vienne n'en donne pas moins des informations originales. Elle présente notamment les ouvrages édités à Vienne chez de Ghelen, ou chez Trattner qui était pourtant son principal concurrent. Elle se fait l'écho des événements marquants de la vie culturelle viennoise, comme la création de la Société des gens de lettres, le 12 avril 1769, et propose des comptes rendus des représentations données par les comédiens français, établis à Vienne depuis 1752. Enfin, elle ne limite pas son intérêt aux seuls grands écrivains français de l'époque, parmi lesquels Voltaire a évidemment la part la plus belle, mais présente des auteurs et des œuvres qui influencèrent plus particulièrement la vie intellectuelle viennoise: Métastase, qui joua le rôle de poète officiel, Gluck, et notamment Alceste que venait d'imprimer Trattner; Gessner, dont nous est proposée une intéressante traduction de la cinquième Idylle. L'importance des Nuits de Young, et de la Messiade de Klopstock dont la traduction parut à Paris, chez Vincent, durant cette année 1769, n'ont pas échappé non plus aux rédacteurs, malheureusement inconnus, de ce périodique. Ainsi, par la coupe ponctuelle qu'elle permet d'opérer, la Gazette française littéraire de Vienne constitue un document précieux sur la vie culturelle à Vienne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Titre indexé

GAZETTE FRANÇAISE LITTÉRAIRE DE VIENNE

Date indexée

1768
1769

GAZETTE DE VIENNE

0533
1757
1792

Titre(s)

La Gazette de Vienne, communément nommée dans la presse locale de l'époque «das französische Wiener Diarium», reprit avec succès la tentative de lancement d'un journal français (non retrouvé) qui avait avorté à Vienne quatorze ans plus tôt. Annoncé dans les n° 101 à 104 du Wienerisches Diarium de décembre 1742, ce journal français n'était pas parvenu à se soutenir au-delà de quelques numéros édités chez Ghelen au début de l'année 1743.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Dix-sept volumes distincts sont actuellement connus, répartis dans plusieurs collections : 16 pour la période allant du 2 mars 1757 au 30 décembre 1772, et 1 volume correspondant à l'année 1783.

Privilège : janvier 1757. Périodicité réelle : bihebdomadaire, le mercredi et le samedi.

1757 : 88 livraisons annuelles ; puis 104 à 105 (105 en 1760, 1766, 1768 et 1783).

Description de la collection

Chaque volume, à part le premier, comporte 104 à 105 livraisons bihebdomadaires. Le nombre de pages des volumes est variable, et ces pages ne sont pas numérotées.

Cahier de 4 p., 160 x 220, in-folio, accompagné d'un Supplément de 2 p. et parfois d'une Feuille extraordinaire.

Un trophée précède le titre de chaque numéro, ainsi que les feuilles extraordinaires qui sont parfois également décorées d'un motif de conclusion.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Vienne. Editeurs successifs : 1757-1771 : Trattner, au Schottenhof ; 1772-1776 : Kurzböck, place du Hoff, n°  216 ; 1776-1792 : Trattner, Freysingerhof, n°  591-596.

Prix : dans sa demande d'impression du 2 janvier 1757, conservée au «Haus-Hof und Staatsarchiv» (Zeremonialakten), Gontier annonçait les prix de 7 Kreutzer par numéro et 12 florins pour l'abonnement annuel, ce qui correspondait aux prix de la gazette allemande de Vienne, le Wienerisches Diarium.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Fondateur : Jean Théodore GONTIER.

Directeurs successifs : 1757-1780, Jean Théodore Gontier ; 1780-1786, Johann-Friedrich SCHMIDT ; à partir de 1786, Charles de GRANDMÉNIL.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Contenu annoncé : dans sa requête de janvier 1757, Gontier annonce clairement son intention de composer sa gazette «sous les yeux, de l'aveu, et pour ainsi dire par ordre du Souverain». Il s'interdira donc «la satire», ainsi que les «visions» et raisonnements vagues, et ne rapportera que des «faits vrais», avec netteté, exactitude et décence. Il sollicite pour ce faire des communications régulières des différentes chancelleries. Ainsi la collection des gazettes pourra former «un corps d'histoire du temps».

Contenu réel : informations politiques, militaires, scientifiques, littéraires et mondaines en provenance des principales capitales européennes. Le Supplément propose des documents officiels (déclarations solennelles, ordonnances, avis, notamment de la Députation ministérielle de la Banque, promotions, etc.).

Principaux centres d'intérêt : la Gazette de Vienne présente en français, sur plus de trente ans, la politique officielle de la cour d'Autriche ; elle donne des informations précises sur la vie mondaine et intellectuelle à Vienne, et annonce régulièrement les ouvrages nouveaux en vente chez Trattner.

Principaux auteurs cités : Métastase, Klopstock, Gottsched, Voltaire, et tous les membres de l'Académie française.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Collections étudiées : Wiener Stadt und Landesbibliothek, Wien, A 24 188 (1757-1769, 1783) ; Österreichische Nationalbibliothek, Wien, 48.F.55 (1757-1763, 1769) ; coll. privée du Dr Lang, ÖNB Wien (1760, 1769-1772).

Autres collections : B.N., 8° G 15 988 (1757-1761) ; Landesbibliothek Schwerin (1757-1761) ; Bundesarchiv, Frankfurt (1760-1766).

Bibliographie

D.P. 2.

Mentions dans la presse du temps : fréquentes à Vienne bien sûr, notamment dans le Wienerisches Diarium, mais aussi dans la presse allemande. – Zenker, Geschichte der Wiener Journalistik von den Anfängen bis zum Jahre 1848, Wien und Leipzig, 1892. – Kirchner, Das Deutsche Zeitschriftenwesen. Seine Geschichte und seine Probleme, t. I, Wiesbaden, Harrassowitz, 1958. – Strasser, Die Wiener Presse in der josephinischen Zeit, Wien, Verlag Notring der wissenschaftlichen Verbände Österreichs, 1962. – Duchkowitsch, Absolutismus und Zeitung, Die Strategie der absolutistischen Kommunikationspolitik und ihre Wirkung auf die Wiener Zeitungen (1621-1757), Diss. U. Wien, 1978. – Teissier, «La presse de langue française éditée à Vienne au XVIIIe siècle», dans Le Journalisme d'ancien régime, ouvrage publié sous la direction de P. Rétat, Lyon, P.U.L., 1982.

Historique

La Gazette de Vienne fut sans conteste le plus important des périodiques de langue française édités à Vienne au cours du XVIIIe siècle. Elle parut tous les mercredis et samedis, durant au moins 35 ans à compter de mars 1757, et constitue l'un des meilleurs témoignages du succès de la langue et de la culture françaises auprès de l'élite viennoise de l'époque.

Elle fut fondée, moins d'un an après le traité de Versailles, par Jean-Théodore Gontier, avec l'approbation bienveillante de Marie-Thérèse et du prince de Kaunitz, qui fut sans doute pour beaucoup dans sa création. Dans sa remarquable thèse sur l'absolutisme et la presse, Wolfang Duchkowitsch a publié la requête officielle de Gontier, datée du 2 janvier 1757, dans laquelle celui-ci manifeste clairement son intention de créer une sorte de journal officiel en langue française. Cette entreprise avait déjà été esquissée treize ans plus tôt, au début de l'année 1743, alors que Marie-Thérèse cherchait un rapprochement avec la France, par Johann-Peter van Ghelen, qui éditait en italien le Corriere de Vienna ; mais la tentative n'avait pas eu de lendemain. Il n'en fut pas de même en 1757, où toutes les circonstances étaient favorables au succès d'un tel projet. Kaunitz, qui depuis son ambassade à Paris était entièrement gagné à la culture française et dont le renversement des alliances était l'œuvre, fit enjoindre aux bureaux de communiquer régulièrement à Gontier toutes informations utiles, et la Gazette de Vienne put commencer à paraître sous les presses de Jean-Thomas Trattner à partir du 2 mars 1757.

Elle répondit parfaitement à son projet initial et proposa durant plusieurs décennies une lecture des événements (et d'abord des péripéties de la guerre de Sept ans) parfaitement conforme à la politique de la cour de Vienne. Le Supplément qui accompagnait chaque numéro proposait d'ailleurs souvent des textes officiels : déclarations solennelles, nominations, états des troupes, avis de la Députation ministérielle de la Banque... La France y était considérée comme l'alliée privilégiée, dont étaient délibérément soulignées toutes les manifestations de zèle, et minimisées les réticences ; alors que la Prusse était présentée comme l'adversaire principal, outrecuidant fauteur de troubles, dont le comportement déconcertant manquait à tous les usages ... La culture française, qui devait atteindre sous Marie-Thérèse son expansion la plus grande en Autriche, bénéficia largement du support de ce périodique qui sut faire place également aux informations concernant la vie intellectuelle et mondaine. L'audience que s'acquit ainsi la Gazette de Vienne et sa docilité envers le pouvoir bénéficièrent largement à son fondateur à qui fut confiée la charge de directeur de la régie du Burgtheater de 1770 à 1772, et qui, en tant que censeur et ami de Van Swieten, joua un rôle important dans la vie culturelle viennoise.

Peu à peu cependant, l'influence de la Gazette de Vienne commença à décliner : le changement d'imprimeur qui intervint de 1772 à 1776 ne semble guère lui avoir été financièrement favorable, en dépit ou peut-être à cause de l'adjonction, le 1er janvier 1773, d'un supplément culturel : la Feuille littéraire de Vienne (voir notice) qui ne put se soutenir plus d'un an. Aussi Gontier reprit-il bientôt sa collaboration initiale avec Trattner.

En 1780, la rédaction de la Gazette passa à Johann-Friedrich Schmidt, littérateur en vogue originaire de Berlin, qui avait créé en 1778 le Journal des auswärtigen und deutschen Theaters,dirigé en 1779 le théâtre de la Josephstadt, et à qui Trattner venait de confier la responsabilité de son cabinet de lecture. Cependant, le 12 mars 1782 la Gazette perdait le privilège dont elle avait joui depuis sa création, décision qui ne put que lui être grandement préjudiciable. En 1786, Trattner en confia la rédaction à un autre de ses lecteurs, Charles de Grandménil, journaliste qui semble avoir été particulièrement actif à cette époque, puisque après avoir dirigé, en cette même année 1786, l'Almanach universel, il devait assurer à partir du milieu de l'année 1787 la publication de la Correspondance universelle, bientôt dénommée Correspondance secrète, puis au début de 1788 celle de l'Extrait ou Esprit de toutes les gazettes. En dépit de cet activisme de son directeur, qui relevait aussi de l'affairisme, la Gazette de Vienne poursuivit son existence au moins jusqu'en 1792, puisqu'un guide viennois de cette année-là, imprimé chez Kurzböck (Neuester wissenschaftlicher Wegweiser für Fremde und Inlander vom Jahre 1792) mentionne encore la parution bihebdomadaire de la Gazette de Vienne. Dans son Histoire de l'Autriche, publiée aux P.U.F. en 1946, Jacques Droz souligne d'ailleurs qu'au début du règne de François II le journaliste Léopold Alois Hoffmann y développa la thèse que «c'étaient les francs-maçons et les illuminés qui étaient responsables de la Révolution française». Mais en dépit de ce soutien à la politique du comte Pergen, responsable de la police et de la censure, la revue dut ensuite disparaître dans la tourmente des guerres menées contre la France révolutionnaire, dont on sait qu'elles suscitèrent à Vienne un violent courant francophobe.

Titre indexé

GAZETTE DE VIENNE

Date indexée

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