LETTRES SUR LE NOUVEAU SYSTÈME DES FINANCES

Numéro

0836a

Titre(s)

Lettres sur le nouveau Système des finances

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Trois lettres datées (en colophon) du 21 février, du 11 mars et du 18 mai 1720. Ces trois lettres ont paru séparément et sont publiées simultanément par le Nouveau Mercure en février, mars, avril (réponse)  et mai 1720. Les lettres I et II annoncent, en fin de numéro, le numéro suivant et forment donc une série sous un même titre. Ce journal s’interrompt le 18 mai.

Description de la collection

Pagination distincte pour chaque numéro : 8 p., 16 p., 53 p., format in 4°.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Aucune adresse mentionnée, mais Mathieu Marais en donne la raison dans son Journal de Paris, le 10 juin suivant : « Coustelier. Le bureau de la librairie pour les privilèges et permissions d’imprimer et censures de livres a changé. C’est M. l’abbé d’Aguesseau qui a repris son ancien poste. Coustelier, libraire, craignant d’être recherché pour les Lettres sur le système, sur l’arrêt du 21 mai et sur la réponse aux remontrances du Parlement qu’il a imprimées, a rapporté les ordres de Law, les minutes apostillées de sa main et les ordres du Garde des sceaux à son fils, lieutenant de police. Ainsi on ne peut plus douter que ces pièces ont été faites par ordre public. Cela pourra servir en temps et lieu ». (Journal de Paris, éd. H. Duranton et R. Granderoute, Publications de l’Université de Saint-Étienne, 2004, 2 vol., t. I, p. 129). Les Lettres sur le nouveau Système ont donc été imprimées par Antoine Urbain Coustelier (mort en 1724), « par ordre public ».

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

L’auteur, Jean TERRASSON, est nommé en toutes lettres par Marais en juin (ouvr. cité, t. I, p. 113). En septembre 1722, Marais le cite encore parmi les thuriféraires des frères Pâris : « Misérables pensionnaires des Pâris, qui louent leur esprit et le mettent à gages pour prêcher le grand effet des liquidations, et ces liquidations perdent les trois quarts sur la place ! Voilà une réponse bien courte à ces beaux écrits qui viennent des La Motte et des Terrasson » (ouvr. cité, t. II, p. 560). La Motte venait de publier en janvier 1720 une Ode au Régent.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Chaque lettre comporte un titre de départ qui en désigne le contenu : I. « Lettre écrite à M*** sur le nouveau système des Finances, et particulièrement sur le remboursement des Rentes constituées » ; II. « Lettre où l’on traite du Crédit et de son usage » ; III. « Lettre où l’on traite encore des Constitutions et du Crédit ; et où l’on explique l’usage des Monnaies en général, et les avantages de la Monnaie de Banque en particulier ». Le Nouveau Mercure publie en outre en avril une réponse, probablement de la même main. Il s’agit de bout en bout  d’une apologie du Système de Law, d’un point de vue exclusivement théorique et « philosophique ».

Historique

Au début de l’année 1720, John Law se préoccupe de faire connaître à un vaste public, notamment provincial, les avantages du Système. Le Nouveau Mercure de François Buchet s’y emploie depuis 1719, et durant l’année 1720, ses campagnes de publicité en faveur du Mississipi font du bruit (l’abbé Prévost en montrera l’inanité dans le dénouement de Manon Lescaut en 1731). Pourtant, ce n’est pas Buchet qui publie en premier  les Lettres de Terrasson dans le Nouveau Mercure : les Lettres  sont datées du 21 février, du 11 mars et du 18 mai en édition séparée, alors que les tomes du  Nouveau Mercure ne paraissent qu’au début du mois suivant et parlent des Lettres de Terrasson comme d’un ouvrage qui vient de paraître. Et comme on l’a vu, c’est bien Coustelier, et non Buchet, qui  craint une condamnation du Parlement. On peut toutefois penser que le même texte est donné dans le Nouveau Mercure à destination du public parisien, et en édition séparée pour la province, avec une composition différente. On notera que la réponse supposée du provincial ne paraît que dans le Nouveau Mercure. Tout en s’essayant à la forme épistolaire, fréquente à cette époque dans la presse, Terrrasson apparaît ici comme un pédagogue cherchant à familiariser les lecteurs avec des notions économiques très abstraites, pour les encourager à convertir leurs rentes en actions. Son entreprise fut compromise très rapidement par les mesures prises par Law pour enrayer l’inflation : ses propos exagérément optimistes ont été immédiatement démentis par la réalité de la spéculation, et sa revue n’a pas survécu à l’arrêt de réduction des actions du 21 mai. Coustelier, en habile commerçant, publie aussitôt une critique du même arrêt.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

BnF, Gallica. Rééd.  dans la « Collection des principaux économistes », 1841. Reprint AediLivre, Livres du Patrimoine.

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