MERCURE HISTORIQUE ET POLITIQUE DES PAYS-BAS

0942
1759
1761

Titre(s)

Mercure historique et politique des Pays-Bas. En 1761 il porte comme sous-titre cette phrase extraite du prospectus : Où se trouve dans un nouvel ordre, et sur une méthode tout-à-fait nouvelle, ce qui s'est passé de plus considérable en Europe, dans les differens Départemens du Gouvernement et de la Société, pendant le cours de ce Mois.

On se gardera de confondre le présent périodique avec le Mercure historique et politique publié à La Haye (1686-1782), celui de Stockholm (1738-1739), de Lausanne (1767) et le Mercure historique et politique de Bruxelles (1779-1792).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Septembre 1759 – septembre 1761, dates apparaissant sur les livraisons. On ne connait pas de prospectus antérieur au n° 1. La périodicité annoncée est mensuelle mais en réalité dès le début se manifestèrent des retards qui se répéteront plus d'une fois. La dernière livraison connue porte le n° 25.

Description de la collection

Le périodique n'affiche pas de tomaison. Le nombre de pages qui se veut être de 80 par numéro oscille entre 66 (n° 8, avril 1760) et 96 (n° 9, mai 1760) sous Maubert de Gouvest. Plus tard il restera fixe à 80 p. (année 1761). Le format constant est in-8°.

La page de titre est ornée en 1759-1760 d'une estampe datée de 1758, spécialement dessinée par J. Keller et gravée par J. Körnheim. Un enfant, assis sur un nuage, tient un livre ouvert sur ses genoux, avec l'inscription «Mercure des Pays-Bas». Derrière lui l'ange de la Renommée embouche ses deux trompettes. Une seconde estampe, due aux mêmes artistes figure en tête du n° 1 (p. 7). Le Temps, assis, est entouré de cinq enfants ; le livre ouvert, avec un titre identique, apparaît en bonne place. Les livraisons de 1761 voient leur page de titre ornée d'un bois anonyme et assez fruste représentant un oiseau picorant et un reptile à la queue en flèche, le tout dans un encadrement orné. Des lettrines et des culs-de-lampe agrémentent çà et là les textes. Le périodique ne contient ni portraits, ni plans, ni dessins quelconques, ni partitions musicales.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le Mercure historique et politique des Pays-Bas autrichiens ne porte aucune marque d'imprimeur ou de libraire, se contentant d'un modeste mais réel «A Bruxelles». L'Avertissement du n° 17 précise que le périodique est imprimé place de la Chapelle mais ne cite pas de nom d'imprimeur. On trouve dans plusieurs livraisons des listes de diffuseurs dans les Pays-Bas autrichiens, dans les Provinces-Unies, en France, en Allemagne (Cologne, Francfort), en Grande-Bretagne (Londres) et au Danemark (Copenhague). La plupart des diffuseurs sont des officiers des Postes locales (de L'Orme à Lille, Compte à Bourg-en-Bresse) et parfois des libraires (Gretton à Londres, Duchesne et Lambert à Paris, Schuring à Amsterdam, Constapel à La Haye).

La livraison coûte 1 escalin aux Pays-Bas, 7 s. dans les Provinces-Unies, 15 s. en France, 5 gros de l'Empire et 1 sh. en Grande-Bretagne. L'abonnement pour 12 numéros, payable d'avance, coûte 15 £ ou francs pour la France.

Nous ne savons rien du nombre d'abonnés et des tirages. Un Avertissement en fin du n° 7 (mars 1760) annonce que le premier tome (n° 1-6), épuisé, sera à nouveau disponible en juin. Cette réimpression avec des caractères neufs dont le besoin se faisait sentir, ne semble pas avoir vu le jour.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le fondateur et premier auteur est Jean Henri MAUBERT DE GOUVEST (Rouen 1721 – Altona 1767), personnage dont nous avons étudié en détail le séjour à Bruxelles (voir la bibliographie). Maubert de Gouvest travaille seul, on ne lui connaît pas de collaborateur régulier. Il fait plusieurs fois allusion à des correspondants français, anglais «et dans le Nord» mais ne les nomme pas. Lorsque Maubert de Gouvest abandonnera la direction et la rédaction de son Mercure, celui-ci sera dirigé par un libraire haguois, Henri Constapel, qui travaillera avec un «Auteur» que nous n'avons pu identifier. Celui-ci ne nommera jamais non plus les noms des personnes qui adressent des lettres et des textes au Mercure, pour autant que tous ces envois soient réels.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu est annoncé par la requête déposée en avril 1759, par le Discours préliminaire et la dédicace au gouverneur général des Pays-Bas, Charles Alexandre de Lorraine, deux textes qui paraissent en tête du premier numéro (p. 3-6). Ces propos se recoupent et se complètent. Maubert de Gouvest se propose «sur une méthode tout-à-fait nouvelle» de donner chaque mois le tableau de «ce qui se sera passé de plus intéressant [...] dans les divers départemens du Gouvernement et de la Société» ; armes, politique, justice, arts, commerce et finances. Ce propos, nouveau à Bruxelles, n'est cependant guère original. Son plan s'écarte cependant de celui du Mercure de La Haye (en passant il rend hommage à son directeur Jean Rousset de Missy) et il est assez loin du Mercure de France.

Maubert prétend s'inspirer du plan qu'avait suivi Claude Fleury dans son Histoire ; il aurait pu ajouter Rousset de Missy et Voltaire puisqu'il prétend «rapprocher, et [...] présenter dans un seul point de vue, tous les divers départemens du Gouvernement et de la Société, et de donner l'Histoire de nos jours sur une méthode qui joigne la précision et la simplicité du style Historique». Au départ Maubert se propose d'analyser «la crise» des trois dernières années. Le souhait exprimé dans la requête d'avril de publier en néerlandais et en français n'a pas été maintenu et réalisé.

Le successeur de Maubert de Gouvest publie en tête du n° 25 (sept. 1761, p. 3-9) un «Nouveau plan» qui prend ses distances vis-à-vis du premier manifeste. Il ne s'agit pas seulement de rattraper le retard accumulé (cf. à ce sujet dans le n° 17 de janvier 1761 un «Avertissement de l'Editeur», daté de Bruxelles le 31 août suivant, qui propose un plan de rattrapage et annonce que la «forme» sera maintenue) mais surtout de mieux tenir compte des affaires courantes et quotidiennes, autrement dit de serrer davantage l'actualité. Il affirme cependant lui aussi le lien intime qui relie tous les événements (un souvenir de la «grande chaîne» ?) mais ceux-ci seront analysés avec tout le recul nécessaire, quasi olympien. L'auteur entend donc élargir la perspective créée par l'alliance du droit et de la politique. Il termine par un long et vibrant éloge de L'Esprit des lois et de son auteur, «génie plein de feu» dont il se réclame ouvertement.

Le contenu réel du Mercure historique sous la direction de Maubert est assez différent du propos annoncé. Au bout de trois numéros il avoue n'avoir traité son sujet qu'en partie et son analyse s'étendra au moins jusqu'au n° 12 d'août 1760. Sous sa plume les rubriques classiques apparaissent à peine : trois textes étrangers s'insèrent dans les livraisons à partir d'avril 1760 : une pièce «envoyée», anonyme, sur L'Esprit des lois (n° 8, avril 1760), une lettre-réponse sans date et anonyme à cette analyse (n° 9, mai 1760) et un texte anonyme «La culture des Lettres n'a-t-elle pas nui aux mœurs ? La lecture des Journaux ne suffit-elle pas pour rendre un homme sçavant» (n° 12, août 1760).

Le successeur de Maubert sera moins personnel et l'on peut dire que les numéros connus (17, 18, 19, 25) et le plan esquissé dans le n° 17 apportent les fruits d'un journalisme plus traditionnel : lettres, affaires, culture (entre autres sur la Pologne, n° 17), nécrologie (de Belle-Isle, n° 18), religion (assemblée du Corps évangélique, n° 19), commentaires sur les autres journaux (sur le Monitor, n° 25), sociologie (curieux texte «De l'Esprit philosophique en France», n° 25). Les numéros manquants devaient aborder des points semblables (les Jésuites et le commerce marseillais, les convulsionnaires) mais aussi l'agriculture, les finances.

Pendant son séjour bruxellois, Maubert de Gouvest a déployé une intense activité. Nommé directeur de l'Imprimerie royale, il reçoit le privilège de l'ancienne gazette gouvernementale créée en 1649 et la transforme en une dynamique Gazette des Pays-Bas, il crée et lance le Mercure, les Mémoires du temps (connus sous le titre de «Gazetin») et une feuille d'annonces. Cependant il est le prisonnier d'une cage dorée dont il n'aperçoit pas les barreaux au début. Le gouvernement de Bruxelles entend garder la haute-main sur la presse et s'y emploie avec zèle. De nombreux documents et surtout la correspondance avec le ministre Cobenzl montrent que s'il n'y a pas de censeur en titre, la censure vient de très haut : corrections nombreuses et suggérées, cartonnage, invitation d'écrire des articles répondant à la politique de la France voisine. Le successeur de Maubert ne jouira pas d'un sort meilleur : appuis financiers sollicités, contrôle des livraisons par le Conseil privé, menaces, etc., se succèdent de 1759 à 1761. L'initiative laissée aux rédacteurs est minime et il serait inexact de parler de liberté, même réduite.

A la fin des tomes donnés par Maubert de Gouvest (deux volumes) paraissent des tables analytiques assez détaillées qui cesseront de paraître sous son successeur.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Nous ne connaissons pas de collection complète du Mercure historique et politique des Pays-Bas ; les arrêts et retards n'en n'ont pas favorisé la constitution.

B.R. Bruxelles, VH 27009 : deux volumes pour la première année 1759-1760 (période Maubert de Gouvest) ; Mundaneum, Bruxelles, numéros épars de juin et octobre 1760 et de mars 1761 avec un volume début 1761 : l'accès à ces volumes n'a pas été accordé ; Ars., 8 H 26363 : n° 1 relié avec d'autres périodiques ; 8° H 26363 A : un volume comprenant les numéros 17, 18, 19, 25 de 1761.

Bibliographie

D.P. 2, art. «Maubert de Gouvest» par J. Vercruysse.

Selon deux lettres de Maubert de Gouvest au ministre plénipotentiaire à Bruxelles, Cobenzl (5 et 14 nov. 1761), le Mercure historique et politique des Pays-Bas a été réimprimé à Francfort par Eslinger grâce à un accord conclu entre Maubert et un certain Berberiche qui, dit-il, l'a escroqué largement. Ses plaintes demeurèrent sans effet. Il est fait mention du Mercure dans les autres journaux bruxellois Gazette, Mémoires du temps ou gazetin, feuille d'annonces) parce qu'ils ressortent de la même direction du moins sous Maubert de Gouvest. Le gazetin sera confié à Chevrier mais disparaît en 1761 dans sa deuxième année : Constapel qui reprend le tout continue la pratique des références (souvent publicitaires) à l'intérieur du groupe.

Archives : outre les archives viennoises citées dans notre étude, il faut mentionner : Bruxelles, Archives générales du Royaume, Conseil privé, liasse 1065A ; registres 88, 91 ; Secrétairie d'Etat et Guerre, 1098, 1175 pour la correspondance Maubert-Cobenzl.

Imprimés : les mentions dans les anciens répertoires de Warzée (Essai historique et critique sur les journaux belges,Gand, Hebbelynck, 1845), Hatin (B.H.C.),voire plus récents ceux de Bertelson (La Presse d'information. Tableau chronologique des journaux belges, Bruxelles, 1956) et de Lemaire, sont sujettes à caution. On ne les mentionne que pour mémoire.

– Saint-Flour, L'Espion ou l'histoire du faux baron de Maubert, Liège, 1759. – Chevrier F.A., Le Colporteur, Londres, 1762.

– Piot C, «Jean-Henri Maubert de Gouvest à Bruxelles», Bulletin de l'Académie royale de Belgique, t. XLVIII, 1879, p. 693-720. – Belmas E., éd., Lettres iroquoises,Paris et Milan, 1962. – Vercruysse J., «Candide journaliste, J.H. Maubert de Gouvest gazetier à Bruxelles 1758-1761», Cahiers bruxellois, t. XIX, 1974, p. 46-83.

Historique

Maubert de Gouvest a introduit sa requête en publication du Mercure historique et politique des Pays-Bas vers la fin d'avril 1759 auprès du Conseil privé. La requête est transmise à cette instance le 6 mai pour consulte ; le 12, le Conseil propose un privilège révocatoire plutôt que perpétuel. Mais l'impossibilité juridique d'une formulation l'oblige à revenir sur la question le 17 et un privilège provisoire est accordé au requérant. Accepté par le gouverneur général, l'octroi est expédié le 25 mai. Le tout a donc été mené rondement et la faveur dont Maubert est l'objet n'a pas été étrangère à cette allure (Bruxelles, Archives générales du royaume, Conseil privé, liasse 1065A ; registre 83, f° 13-14, 39). Le Mercure suit sans encombre sa route jusqu'à l'été de 1760.

A cette époque, débordé de toutes parts, Maubert de Gouvest marque son accord pour céder l'octroi du Mercure et la direction de l'Imprimerie royale à Henri Constapel. Celui-ci présente le 31 juillet une requête demandant un octroi pour vingt ans. Transmise le 2 août, la requête est examinée le 11 septembre ; accordée aux mêmes conditions qu'à Maubert, la demande est cependant ramenée à dix ans. La consulte est envoyée au gouverneur général le 13 septembre et la réponse favorable est enregistrée le 22 (Bruxelles, A.G.R., Conseil privé, liasse 1065A ; registre 87, f° 165-166, 180).

Mais l'affaire n'est pas entièrement terminée. Le 13 octobre on demande copie des octrois de Maubert et de Constapel et les derniers détails financiers sont réglés dans la correspondance avec le ministre Cobenzl au cours de décembre 1760 et janvier 1761. Maubert, qui laisse un passif appréciable, est consigné mais un décret d'atermination le met provisoirement à l'abri. Il ne peut quitter Bruxelles qu'après le 7 janvier 1761.

C'est au tour de Constapel de presser le ministre, de solliciter de l'argent qu'il obtient, et les discussions qui portent sur des points de détail s'éternisent : la dernière lettre connue date du 18 mai 1767 ! Du Mercure il n'est plus question : avec le départ de Maubert il a cessé de paraître et l'on se rappellera que ce n'est que le 31 août 1761 que Constapel annonce la relance du périodique. Constapel s'est d'ailleurs retourné contre Maubert, le fait emprisonner à Amsterdam et l'ancien fondateur se verra finalement débouté en 1766-1767 dans ses suppliques. Il mourra à Altona en novembre 1767. Le Mercure a sombré six ans plus tôt. Le plan de redressement qu'il a lancé dans le n° 17, et relayé par le gazetin, n'a pu entièrement sortir ses effets. Le Conseil privé se méfie de cette affaire où politique, argent et arguments complexes s'embrouillent à plaisir. Le n° 15 fait l'objet d'un examen attentif comme tous les autres périodiques du groupe. Le résultat est mauvais. Le Conseil privé exprime un avis négatif le 14 octobre, commet un censeur officiel, resserre la marge d'action de l'auteur. Si Constapel quitte Bruxelles, conclut le Conseil privé, le Mercure et le gazetin seront supprimés. C'est ce qui se produira : découragé, écœuré peut-être, Henri Constapel quitte Bruxelles, semble-t-il, vers la fin de l'année 1761, rentrant au pays où le commerce de la librairie et l'air d'une certaine liberté lui vaudront une existence plus agréable. Le Mercure historique et politique des Pays-Bas disparaît sans gloire au cours de l'automne sans que personne, finalement, ait songé à entreprendre quoi que ce soit pour le sauver (Bruxelles, A.G.R., Conseil privé, liasse 1065A ; registres 88, f° 115, 120, 123, 136 et 91, f° 119-121 ; Secrétairie d'Etat et Guerre, 1098, f° 359-360.

Titre indexé

MERCURE HISTORIQUE ET POLITIQUE DES PAYS-BAS

Date indexée

1759
1760
1761

MÉMOIRES DU TEMPS

0891
1760
1762

Titre(s)

Mémoires du temps.

C'est là le titre authentique et permanent du périodique; et c'est à tort qu'on lui donne celui de «Gazetin», qui n'a jamais existé que dans l'usage commun, et que le Dictionnaire de l'Académie de 1762 (t. I, p. 810) définit comme «petite gazette», par opposition aux feuilles sérieuses. Un faux-titre imprimé après coup et ajouté à l'exemplaire de Bruxelles augmente la confusion entretenue à l'époque par le pouvoir et le public; il fallait distinguer les Mémoires du temps de la Gazette des Pays-Bas.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Les Mémoires du temps comportent deux séries. La première a paru du 3 mai 1760 au 25 avril 1761; la seconde s'étend du 2 mai 1761 au 3 avril 1762. Créé par Jean Henri Maubert de Gouvest, ce périodique n'existe que par une tolérance de fait ou par permission tacite. Son existence est cependant officiellement confirmée par l'octroi du 22 septembre 1760, qui permet à Henri Constapel de publier simultanément le Mercure historique et politique des Pays-Bas et les Mémoires du temps (cf. le rapport du conseiller Wavrans au Conseil Privé, le 11 mai 1761, Bruxelles, Archives Générales du Royaume, CP 1065 A).

On ne connaît pas de prospectus. La périodicité est hebdomadaire.

Description de la collection

Les deux séries des Mémoires du temps, qui comptent respectivement 52 et 49 livraisons, sont réunies en un seul volume. Chaque livraison compte 4 p. imprimées sur deux colonnes, format in-folio, 205 x 325.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Bruxelles. La feuille est diffusée par Balorier, messager établi vis-à-vis de l'Hôtel des Postes. La livraison coûte 2 s. de Brabant; il n'est pas prévu d'abonnement.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le fondateur est Jean Henri MAUBERT DE GOUVEST. Sous la direction commerciale de Constapel, François Antoine CHEVRIER devient le rédacteur du périodique (10 janvier 1761).

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu initial des Mémoires du temps ne peut se concevoir clairement que si on le tient pour corollaire d'une gazette d'informations, en l'occurrence la Gazette des Pays-Bas. Il s'agit de fournir, le samedi, en vue d'une lecture dominicale, une feuille offrant un panorama hebdomadaire et des nouvelles qui ne relèvent pas d'une gazette sérieuse. Maubert de Gouvest se défend expressément, dès le 17 mai 1760, d'offrir un «Réchauffé des Gazettes de la Semaine». Il n'en demeure pas moins qu'une lecture parallèle des Mémoires et de la Gazette des Pays-Bas fait apparaître certaines similitudes. Manifestement, le rédacteur cherche à sensibiliser un public plus large, dont le temps et la patience sont limités, un public qui recherche l'information mondaine et distrayante. Chevrier promet d'abord de suivre les traces du premier rédacteur; mais une évolution se fait jour assez rapidement: vers, nouveautés et comptes rendus de spectacles, dissertations, critiques, éloges, discussions et annonces diverses se bousculent dans les colonnes des Mémoires du temps, offrant un bon aperçu de la vie mondaine et culturelle de Bruxelles. Malgré cet indéniable attrait, les Mémoires du temps, comme les autres feuilles de l'époque, demeurent étroitement soumis aux autorités. Gouvest prend parfois ses informations auprès du ministre plénipotentiaire (26 juillet 1760, SEG 1175, f° 145-146); mais nous n'avons pas trouvé de trace d'ingérence manifeste du pouvoir. Celui-ci se cantonne dans le rôle de surveillant de ce qui s'imprime et prend les mesures qui s'imposent. Le Conseil Privé ne semble pas avoir tenu la feuille en haute estime.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.R. Bruxelles, III 19910 B.

Bibliographie

B.H.C. ; D.P. 2, art. «Bastide», «Chevrier» et «Maubert de Gouvest». Mentions dans les périodiques bruxellois du temps, notamment dans les Annonces et avis divers des Pays-Bas, qui se plaignent d'une concurrence déloyale en matière de publicité. – Chevrier F.A., Le Colporteur, dans Œuvres complètes, Londres, 1774, t. I, p. 254-258, 261. – La Vie du fameux P. Norbert ex-capucin, ibid., t. III, p. 135-145. – Piot C., «François Antoine Chevrier en Belgique», Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. XLIX, 1880, p. 217-245. – Vercruysse J., «Candide journaliste: Maubert de Gouvest gazetier à Bruxelles», Cahiers bruxellois, t. XIX, 1974, p. 46- 86.

Historique

Maubert de Gouvest, qui jouissait à Bruxelles de l'appui du ministre plénipotentiaire Cobenzl, insuffle depuis 1759 une vie nouvelle à la Gazette des Pays-Bas et lance dans la foulée le Mercure historique et politique, les Mémoires du temps et une feuille d'Annonces. Il sera le directeur et, jusqu'en janvier 1761, pratiquement le seul rédacteur des Mémoires du temps. Il en cède très tôt la direction à Henri Constapel, qui présente une requête de vingt ans, le 31 juillet 1760. L'octroi, ramené à dix ans, sera accordé le 22 septembre suivant (CP 1065 A). Nous ignorons quelle part Constapel a pu avoir dans la rédaction ultérieure des Mémoires. Sous la direction commerciale de Constapel, Chevrier prend en main la rédaction le 10 janvier 1761 (Maubert à Cobenzl, lettre du 4 février 1761, SEG 1175, f° 195-196), et le ton change indubitablement dès le 17 janvier. Des maladresses criantes (projet de la Feuille manuscrite, article du 1er août 1761, maladroitement rétracté, qui irrite Versailles et le magistrat bruxellois) font que le Conseil Privé décide, le 9 septembre 1761, d'expulser Chevrier; celui-ci reçoit, le 12, un viatique prélevé sur les fonds secrets (SEG 2248, f° 98-100) et doit quitter les Pays-Bas au plus tard le 14 (CP reg. 91, f° 44 v°). Les Mémoires survivent pourtant jusqu'au 3 avril 1762. Nous ignorons qui assura la rédaction du périodique au cours des trois derniers mois de son existence. La menace de suppression du Conseil Privé, qui pesait sur le journal depuis la décision du 14 octobre 1761 (CP 1065 A), lors du retrait de Constapel, fut mise à exécution.

On ne liera pas le Journal de Bruxelles, dirigé par Bastide (1766-1767), aux Mémoires du temps, bien que dans les documents, il soit fait mention de l'un et de l'autre sous la mention commune de «gazetin». Le monde rédactionnel des Mémoires du temps paraît fort limité et réduit probablement à une seule personne qui tire essentiellement sa matière de ses propres démarches, d'informateurs locaux et de lettres occasionnelles de lecteurs.

Additif

Voir aussi le Gazetin de Bruxelles

Titre indexé

MÉMOIRES DU TEMPS

Date indexée

1760
1761
1762

LE LITTÉRATEUR BELGIQUE

0844
1755

Titre(s)

Le Littérateur belgique. L'adjectif, seulement utilisé aujourd'hui en langage héraldique, désigne au XVIIIe siècle ce qui relève des Pays-Bas. On connaît la Bibliothèque belgique d'Elie Luzac (1731-1732), la Nouvelle Bibliothèque belgique de L'Honoré (1781-1784). En 1789 paraît encore un éphémère Mercure flandrico-latino-gallico-belgique.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Jeudi 10 avril 1755 – septembre 1755. Son auteur a déposé une requête non datée, mais vraisemblablement rédigée en novembre 1754, auprès du Conseil privé, habilité à formuler des avis. Une apostille du 4 décembre 1754 stipule que l'auteur doit faire connaître les membres de la Société littéraire dont il se réclame. Les compléments demandés ne sont déposés que trois mois plus tard. Le Conseil privé émet un avis favorable le 15 mars 1755 et une apostille du gouverneur-général, Charles de Lorraine, datée du même jour, approuve la publication du périodique. Copie en est envoyée au procureur général de Brabant le 24. La consulte du Conseil privé stipule que les feuilles seront soumises à la censure du procureur général, que l'auteur déposera deux exemplaires de son journal à la Bibliothèque royale chaque année et qu'il jouira des droits de privilège. La page de titre du Littérateur fait mention expresse de l'approbation et du privilège: celui-ci n'a pas été retrouvé. De même le prospectus et le texte du premier numéro joints à la requête, selon celle-ci, n'ont pas été retrouvés.

La périodicité réelle, qui correspond sans doute à la périodicité annoncée, est hebdomadaire. 18 livraisons numérotées paraîtront régulièrement du jeudi 10 avril au jeudi 7 août 1755. Au-delà de cette date, le Littérateur devient mensuel: il ne survit qu'un mois, disparaissant après la livraison de septembre qui regroupe les n°h 19 à 23.

Description de la collection

Les exemplaires du Littérateur sont très rares. Nous ne connaissons qu'un exemplaire complet. Le volume a été pourvu d'une page de titre sans date. Il compte 285 [iii] p. in-8° numérotées de façon continue pour les livraisons hebdomadaires (n° 1-18) et 96 p. in-8° pour l'unique livraison mensuelle. Format: 98 x 163.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le lieu de publication mentionné, et authentique, est Bruxelles. L'éditeur dont le nom apparaît à chaque livraison est Jean-Joseph Boucherie, qui demeure rue de l'Empereur et exerce depuis 1738 la profession d'imprimeur-libraire. Il cessera ses activités en 1767. Il assure sans doute l'impression et certainement la vente, jusqu'à la dernière livraison, dans tout le pays.

Un Avis publié dans le n° 6 (15 mai 1755, cf. n° 13, 15, 18 des 5, 17 juil. et 7 août 1755) précise que l'adresse du journal est le «Caffé de Bois-le-Duc rue de Bergstraet» (actuelle rue de la Montagne, Bruxelles-centre).

La souscription annuelle annoncée dans le n° 1 est de 5 florins de Brabant. Lorsque le Littérateur devient mensuel à raison de 5 feuilles par mois, les nouvelles souscriptions sont fixées à 6 florins, somme payable en deux fois. Les anciens souscripteurs ne paieront pas de supplément: «mes engagemens me seront toujours sacrés», annonce l'auteur dans le n° 18 (7 août 1755). Ils paieront, précise-t-il en septembre, la deuxième partie de leur souscription à la parution du n° 43 en janvier 1756. Le mois suivant, le périodique cessait de paraître.

Les souscriptions pouvaient être prises dans tous les bureaux de poste des Pays-Bas autrichiens et de l'étranger. La nouvelle formule sera également disponible chez les libraires Changuion (Amsterdam), Néaulme (La Haye), Jacquez (Lille), Duchesne et Mérigot jeune (Paris).

Le nombre d'abonnés, les indications concernant le tirage nous sont inconnus. Notons toutefois que l'auteur fait plusieurs fois mention du nombre croissant de souscriptions (n° 3) au point (n° 14) qu'il envisage une deuxième édition de son journal; les souscripteurs de Hollande se voient priés de patienter jusqu'au n° 20 pour obtenir les 18 premières livraisons. La dernière annonce qu'il reste un «très-petit nombre» des n° 1-18 disponibles à 5 escalins, soit 1 florin 10. Un tel rabais nous semble indiquer davantage une liquidation forcée (par un manque d'argent?) qu'une indication d'un réel succès. La dernière feuille du recueil (p. 96, f. 8) stipule encore que le Littérateur paraîtra le 8 de chaque mois. Ensuite c'est la brusque disparition: aucun document n'a été retrouvé à ce sujet. Interdiction? Elle aurait laissé une trace. Succès limité, échec commercial? Essouflement de l'auteur? Transformer un périodique que l'on prétend florissant à chaque livraison hebdomadaire en mensuel compilatoire donne bien à penser.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

La requête en publication du Littérateur belgique fait état d'une Société littéraire ayant pour porte-parole Alexandre-Etienne DES ESSARTS (1728-1803), maître de mathématiques à l'Académie et admis à l'Ecole militaire. Néanmoins dès le n° 1 le ton est personnel et ce n'est point un artifice. Un Avis inséré dans le n° 2 déclare nettement que le journal n'est pas l'ouvrage d'une société à laquelle appartient le journaliste: c'est le produit d'un seul homme. Tout semble indiquer qu'il s'agit de Des Essarts dont au reste, la biographie demeure obscure.

Les noms des cinq autres sociétaires sont connus par les compléments d'information fournis par Des Essarts. Trois Lorrains: l'abbé Louis-Hyacinthe d'Everlange de Witry (1719-1791), aumônier d'honneur du gouverneur-général, surintendant des cabinets de raretés et futur membre de l'Académie impériale de Bruxelles; l'abbé Jacques-Louis de Viquesney (1724-1796), directeur de la Bibliothèque royale de Bourgogne; d'Hucher, sans doute N.B. de Hucher, directeur de l'Académie, futur officier du génie et candidat à l'Académie impériale. Un Français: Vincent Mousset (vers 1710-1785), ingénieur-mécanicien et futur maître de mathématiques. Un régnicole: e docteur «Schepers» (Henri-Louis de Scheppere), médecin consultant de la Cour et Flamand d'origine. Bref une compagnie d'hommes jeunes encore et tous liés d'une façon ou de l'autre à la Cour du gouverneur-général Charles de Lorraine.

Le Littérateur belgique ne semble pas avoir eu de collaborateurs réguliers. Hucher signe quelques propos sur les mathématiques. Mais au cours de sa brève existence le journal a publié un nombre appréciable de lettres (10) et d'envois, la plupart datés et signés d'initiales. Une lettre vient de Bruxelles, une de Vienne, les autres viennent toutes des Flandres. Notons un vicomte *** qui écrit de Bruges le 27 décembre 1754 (n° 4): son «discours» est donc antérieur à la publication et il a eu vent du projet bruxellois; un étudiant de l'université de Louvain signe «D.S.P.» une épître galante (n° 5), des dames de Gand adressent une «oraison à Jupiter» contre les hommes (n° 17), etc.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Bien que le programme originel ait disparu, on peut admettre que les déclarations contenues dans le n° 1 correspondent à celles du projet. Le contenu annoncé est clair. L'auteur se propose de combiner analyse des nouveautés et production personnelle: «Tantôt Sceptique, Tantôt Académiste, je n'aurai pour guide que l'aimable variété». Sensible à ces critiques il entend montrer que «littérature» et «belgique» ne sont pas des termes contradictoires. Les Pays-Bas n'ont-ils pas un riche passé littéraire? Le renom de ses artistes ne peut-il susciter des vocations littéraires? Peut lui chaut la critique: l'auteur «n'écoute plus qu'une seule voix celle des Muses».

Le Littérateur donne à ses lecteurs des comptes rendus divers (histoire, littérature, morale, sciences et arts) et de nombreux textes prétendus originaux: réflexions et dissertations morales, description de monuments et d'objets d'art, des contes, des portraits, des vers galants, didactiques ou moralisateurs. Il propose des problèmes de mathématiques, des sujets médicaux, technologiques, présente des inventions. Une mention particulière doit être réservée à quelques textes féministes nuancés. Outre les inévitables logogriphes et énigmes, le périodique informe ses lecteurs sur les représentations théâtrales à Bruxelles et à Paris.

Le Littérateur belgique, premier périodique «littéraire» des Pays-Bas autrichiens devance ainsi d'un an le Journal encyclopédique qui s'installera en terre d'Empire à Liège. Mais par rapport à ce dernier le Littérateur n'est pas un produit importé.

Le ton change complètement avec la nouvelle formule qui prévaut en septembre 1755 et annoncée dès le 7 août précédent (n° 18). Le «Nouveau plan» propose un changement complet en ce sens que les contributions personnelles feront place à un «précis raisonné» des nombreux périodiques qui couvrent le marché: «le tems et l'argent des lecteurs» s'en trouveront épargnés. Au périodique encyclopédique mâtiné de Mercure et de Spectateur succède en effet un «digest» qui annonce L'Esprit des journaux. La revue critique de douze périodiques constituera désormais le fonds journalistique: le Mercure de France, les Bibliothèques germanique, Impartiale et Italique, le Journal britannique, de Verdun, des savants, économique et étranger, la Clef du cabinet des princes et les «Feuilles de Mr. Fréron». Le résultat en est l'unique livraison de septembre sur des lettres à Laure, à une demoiselle «S. du C***» de Bruxelles, échelonnées du 1er au 31 août, lettres imprimées dans un corps réduit (gain d'espace), annonçant et rendant brièvement compte des nouveautés de toute espèce. Les premiers volumes de l'Encyclopédie ne sont pas oubliés. Quelques fables, assez médiocres, complètent cette unique, et ultime, livraison du Littérateur belgique.

Une table des n° 1-18 figure à la fin du n° 18.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.R. Bruxelles, Réserve VH 23202 A (reliure d'époque); Bruxelles, Mundaneum, une seule livraison isolée (n° 17, 31 juil. 1755).

Bibliographie

Aucune trace dans la presse du temps: son existence éphémère peut expliquer cette absence d'intérêt.

Inconnu à Hatin et à tous les répertoires belges classiques (Warzée, Bertelson, Lemaire). Il a été cité par R. Mortier, «La littérature des Lumières dans les Pays-Bas autrichiens», Revue de l'Université libre de Bruxelles, t. VII, 1955, p. 98215, texte repris et développé dans le Dictionnaire des lettres françaises et l'Histoire illustrée des lettres françaises de Belgique. – Vercruysse J., «Journalistes et journaux», Etudes sur le XVIIIe siècle, t. IV, Bruxelles, 1977, p. 117-127. – Idem,dans le catalogue Les Lumières dans les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège, Bruxelles, 1983, p. 49-50.

Nous avons consulté, outre les études citées ci-dessous, les documents suivants: Bruxelles, Archives de la ville (Etat-civil, Décès an XII/360), Archives générales du royaume (Conseil privé 1065 A, Conseil de Brabant 3679, f° 104, 3680, f° 159). De même nous avons mis à contribution le Calendrier de la cour de Son Altesse Royale pour l'année bissextile 1756, Bruxelles, 1756; E. Mailly, Histoire de l'Académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles, Bruxelles, 1883-1885, t. I, p. 129, 143, t. II, p. 38, 426; Charles de Lorraine, Bruxelles, 1987, passim.

Titre indexé

LITTÉRATEUR BELGIQUE

Date indexée

1755

JOURNAL LITTÉRAIRE ET POLITIQUE DES PAYS-BAS AUTRICHIENS

0766
1786

Titre(s)

Journal littéraire et politique des Pays-Bas autrichiens.

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

1er janvier-8 juillet 1786. La collection complète, fort rare, tient en un volume. Publié sous la fausse marque de Maestricht, le Journal paraît sans privilège ni octroi. Les deux prospectus connus (soit en 2 soit en 5 p.) et au contenu identique, ne portent pas de date. Sa périodicité annoncée, hebdomadaire, a été fidèlement respectée; le Journal sort régulièrement le samedi. Le feuillet de titre du t. I (seul paru) porte effectivement la date de 1786.

Description de la collection

L'unique volume publié contient 442 p. pour la partie littéraire et 250 pour la partie politique en cahiers in-8°. Les prospectus annoncent que la partie littéraire occupera une feuille, et la partie politique une demie. En réalité les livraisons tiennent deux feuilles, in-4°, soit 16 p. Mais il arrive que certains numéros contiennent un nombre de pages plus élevé (n° 1: 18 p.; n° 5: 20 p.; n° 14-15-16 réunis: 40 p.). Devise: le célèbre Utile dulci d'Horace (Art poétique, 343).

Il ne contient pas d'illustrations.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

L'adresse figurant sur la page de titre du t. I porte la mention «Maastricht» (ville gouvernée par les Provinces-Unies et le prince-évêque de Liège) sans plus d'informations. Une mention manuscrite ancienne sur l'exemplaire de la B.R. de Bruxelles (VH 23204 A) indique que l'imprimeur est Matthieu Le Maire [à Bruxelles], admis comme imprimeur en 1776 et qui cessera ses activités en 1805. Les prospectus indiquent comme distributeur l'«Expéditeur des gazettes étrangères pour les Pays-Bas Autrichiens», Horgnies. Selon les mêmes sources, le prix d'abonnement est de 6 florins 10 pour l'année et de 2 s. 6 par livraison ce qui laisse supposer un débit au numéro. Le nombre des abonnés, le tirage des exemplaires demeurent inconnus.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Le fondateur et directeur du Journal fut, selon la note manuscrite, Jean-Baptiste LESBROUSSART, né le 21 janvier 1747 à Ully Saint-Georges (Oise), décédé à Bruxelles le 10 décembre 18181. Il fut, fort jeune, professeur de rhétorique à Beauvais; appelé aux Pays-Bas, il fut successivement professeur au collège thérésien (enseignement de l'Etat), en 1778 à Gand, à Bruxelles ensuite. Membre du Muséum de Bordeaux, il fut candidat à l'Académie impériale des sciences, lettres et beaux-arts de Bruxelles le 25 septembre 1787. Les événements politiques retardèrent son élection qui n'eut lieu que le 14 mai 1790. Lesbroussart fut un fervent défenseur des idées libérales et novatrices du pouvoir joséphiste; il n'eût pas été nommé professeur dans les collèges d'Etat et plus tard à l'Athénée de Bruxelles sans manifester une attitude favorable à la politique gouvernementale. Parmi ses nombreuses productions on relèvera son Education belgique (Bruxelles, Le Maire, 1783) qui fait l'apologie de l'enseignement d'Etat nouvellement institué, ouvrage pour lequel il reçut un octroi gratuit.

Lesbroussart ne semble pas avoir eu de collaborateurs réguliers. Par contre, sur le plan occasionnel, on rencontre l'avocat Hubert Offhuys qui signe des poésies maçonniques (n° 16, 17, 18, 20), la «muse belgique», Marie-Caroline Murray (n° 10, cf. n° 13). D'autres textes en vers sont signés Orelli (n° 3), Audet (n° 16), Ducis (n° 17), Rouillé de Versailles (n° 1, 2), mais il est impossible de dire s'il s'agit de contributions originales. La plupart des textes poétiques, les variétés et critiques littéraires ou historiques anonymes sont issus pour sûr de la plume féconde de Lesbroussart.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu annoncé par les prospectus consisterait en extraits raisonnés des nouvelles productions littéraires, des découvertes et inventions «chefs d'œuvres [sic] des Artistes dans tous les genres». Le tout serait marqué au coin de la sobriété et de l'impartialité du jugement. Le contenu réel ne s'écarte pas trop de ce projet. On trouve dans le Journal des comptes rendus d'ouvrages de toutes les disciplines et en langues diverses, des textes littéraires (vers français et latins sans oublier les logogriphes et les énigmes), des variétés historiques sur les anciens Pays-Bas surtout), des variétés artistiques, scientifiques, sociales (anecdotes, enseignement), des annonces de nouveautés. Lesbroussart accentue ces annonces. La partie politique, à peine mentionnée dans les prospectus, paraît sous le titre général «Politique» avec une pagination particulière. Elle contient des nouvelles d'actualité sous la rubrique des villes, des textes d'édits impériaux et autres: trois numéros (n° 14, 15, 16) sont consacrés à la requête en grâce du cardinal de Rohan.

Les principaux centres d'intérêt semblent donc être les lettres, l'histoire et l'actualité. Plusieurs textes sont dits empruntés au Journal de Paris;on peut s'interroger sur l'authenticité de quelques lettres de «lecteurs» (n° 2, 4, 13). Dans cette perspective, à la rubrique de l'actualité près, le Journal de Lesbroussart ressemble assez curieusement aux projets déposés en 1760 par Antoine La Coste de Mezières pour un Journal des Pays-Bas,et par Goudar pour un Journal littéraire des Pays-Bas,projets refusés par le Conseil privé.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

B.R. Bruxelles, VH 23204 A. Nous ne connaissons d'autre collection complète, avec les deux prospectus et pages de tomaison. On trouve un exemplaire du n° 16 dans les collections du Mundaneum déposées auprès de la même institution.

Bibliographie

L'existence du Journal fut aussi brève que discrète. Il ne fut ni réédité ni contrefait; il est inconnu à Hatin, aux historiens de la presse et aux biographes de Lesbroussart. Vercruysse J., «Journalistes et journaux», Etudes sur le XVIIIe siècle, t. IV, Bruxelles, 1977, p. 117-126.

Historique

L'historique du Journal littéraire et politique des Pays-Bas autrichiens est bref et difficile à établir. La marque de Maestricht est fictive. Tout montre que le périodique fut l'œuvre d'un Bruxellois et imprimé à Bruxelles; les prospectus, la distribution, les annonces de nouveautés que l'on peut se procurer chez l'imprimeur Le Maire, qui fut par ailleurs l'éditeur de plusieurs ouvrages de Lesbroussart. Qu'un périodique ait pu paraître à Bruxelles sans l'accord des autorités est impensable. Lesbroussart a sans doute été l'objet d'une faveur de la part d'un pouvoir qu'il sert fidèlement. Mais jusqu'à nouvel ordre aucun document n'a pas été retrouvé, ni supplique, ni permission tacite.

Au bout de six mois de publication, Lesbroussart mit volontairement un terme à son entreprise en l'annonçant par un communiqué inséré dans le n° 26 du 1er juillet 1786. Il déclare: «Des raisons, dont il est inutile de fatiguer le Lecteur, m'obligent à m'arrêter tout-à-coup dans la carrière où j'étois entré». Les souscripteurs d'abonnements à l'année pouvaient retirer le montant des six mois à venir.

Notes

1. Sur la date exacte de la naissance et du décès de Lesbroussart les sources imprimées se contredisent. Nous nous fondons sur l'examen des registres de baptême d'Ully Saint-Georges (Archives départementales de l'Oise) et de décès de Bruxelles (Archives de la Ville, Décès 1818/2402). Nous avons également dépouillé les archives du Conseil privé (Bruxelles, Archives générales du royaume, Conseil privé, 1058 A, 1066 A) et de l'Académie (Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des arts de Belgique, Archives, 3041). Pour les sources imprimées, voir Biographie académique (Bruxelles, 1855) ; Index biographique des membres correspondants et associés de 1769 à 1884 (Bruxelles, 1984) ; F. Loise, article «Lesbroussart», Biographie nationale (Bruxelles, 1892-1895), XII, p. 2-3 ; E. Mailly, Histoire de l'académie impériale et royale des sciences et belles-lettres de Bruxelles (Bruxelles, 1883) ; G. de Stassart, Notice sur Lesbroussart, Œuvres complètes (Paris, 1855), p. 473-474.

Titre indexé

JOURNAL LITTÉRAIRE ET POLITIQUE DES PAYS-BAS AUTRICHIENS

Date indexée

1786

JOURNAL DU ROULAGE ET DU COMMERCE DE L'EUROPE

0725
1783  ?

Historique

Quoiqu'il n'ait pas encore été retrouvé d'exemplaire de ce Journal simplement cité par Hatin (p. 66), il est possible d'avancer une série d'éléments grâce à un «Avis important à tous les Négocians, Banquiers, Commerçans, Manufacturiers, Fabricans, Consommateurs et Rouliers de l'Europe», imprimé à la fin du sixième et dernier volume de l'ouvrage de Dérival, Le Voyageur dans les Pays-Bas autrichiens (Amsterdam, 1783, t. VI, p. 416).

Le titre complet annoncé est Journal du roulage et du commerce de l'Europe. Le premier numéro est annoncé pour le 1er septembre [1783]; la publication sera hebdomadaire et tiendra 4 p. Le Journal jouit d'une permission de libre circulation dans les Etats héréditaires (Pays-Bas autrichiens), permission accordée par l'Empereur qui a vu «le plan de cette entreprise». Cette permission laisse supposer une démarche officielle qui a été entreprise soit à Bruxelles soit à Vienne. Les archives bruxelloises demeurent muettes. Le lieu de publication n'est pas mentionné. Dans les Pays-Bas autrichiens le Journal sera disponible chez Villebon, éditeur de la gazette locale, demeurant rue de la Madeleine à Bruxelles. Un abonnement «rendu franc de port» coûtera 36 £. Tout semble donc indiquer une entreprise française. L'auteur demeure inconnu. L'«Avis» nous apprend que «Le plan du Journal est de renfermer régulièrement, dans une feuille de quatre pages, tous les renseignements qui peuvent faciliter les opérations du Commerce dans l'intérieur de la France et dans toute l'Europe». Voilà les seuls éléments certains dont nous disposons actuellement.

Titre indexé

JOURNAL DU ROULAGE ET DU COMMERCE DE L'EUROPE

Date indexée

1783

JOURNAL DE COMMERCE 1

0643
1759
1762

Titre(s)

Journal de commerce devient en décembre 1761: Journal de commerce, et d'agriculture.

Le Journal n'a pas connu de continuation effective malgré les propositions du Parisien Dufresne (voir plus loin).

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s)

Janvier 1759-décembre 1762. Il est approuvé d'abord par le censeur N. Kerpen, chanoine pléban de Sainte-Gudule, le 28 novembre 1758. Le privilège impérial a été accordé le 13 août 1761 (Bruxelles, Archives générales du royaume, Conseil privé autrichien 1065; il est également imprimé dans la livraison de janvier 1762). Pour le prospectus voir plus loin. La périodicité annoncée est mensuelle et l'ensemble de la collection tient en 48 fascicules datés, reliés en un nombre variable de volumes. L'Avertissement de janvier 1761 fait allusion à des retards d'impression. Un avis imprimé en janvier 1762 signale le retard des expéditions par «défaut de fonds», les souscripteurs ayant tardé à renouveler leur abonnement. La périodicité réelle du Journal n'a donc pas été mensuelle.

Description de la collection

Pas de tomaison annuelle ou autre imprimée. Quand elle existe, elle est le simple fait des relieurs. Le nombre de pages varie d'un fascicule à l'autre; elle se situe pour la période 1759-1760 entre 199 et 234 p., et pour la période 1761-1762 entre 156 et 199 p. Chaque livraison possède sa pagination propre et l'imposition des feuilles est in-8°. Les dimensions varient en raison du rognage effectué lors de la reliure. L'aspect des volumes est celui des in-8° courants.

Le Journal s'adjoint à partir de janvier 1761 l'éloquente devise (constituée de trois «dicta»?); Jubet amor patriae, natura juvat, sub numine crescit.

Il ne comporte pas d'illustrations mais de temps à autre des hors-texte de grand format pliés aux dimensions des fascicules, ainsi que des pages non chiffrées, viennent s'ajouter à l'ensemble.

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Le Journal paraît de janvier 1759 à décembre 1760 sous la marque bruxelloise réelle de l'imprimeur J. Vanden Berghen, domicilié Vieille Halle au blé. A partir de janvier 1761 le périodique paraît sous la marque bruxelloise réelle du libraire-imprimeur P. de Bast, imprimeur du gouverneur général, domicilié Montagne de la Cour.

La souscription annuelle pour 12 livraisons est fixée à 2 gros écus et demi, ou 15 £ de France, payable par anticipation. Vendu par livraison le Journal coûte plus cher: 2 escalins et demi ou 32 s. A partir de 1762 la souscription annuelle pour la France et l'Allemagne est portée à 20 £, soit une augmentation de 33%.

Le Journal est disponible dans les Pays-Bas, la principauté de Liège, dans les Provinces-Unies, en Suisse, dans les Etats allemands, au Danemark, en Grande-Bretagne (chez Seyffert à Londres) et dans toutes les villes françaises. Tout comme son confrère londonien, le libraire parisien Lambert fait offre de bons services.

Le nombre d'abonnés et le tirage du Journal sont inconnus. Il est dédié dès le n° 1 au prince Charles Alexandre de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas autrichiens.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Quoiqu'en ait prétendu J.M. Quérard (t. V, p. 39; t. VIII, p. 167-168) fidèlement suivi par plus d'un bibliographe et historien Catalogue des imprimés de la B.N.), le Journal n'est pas l'ouvrage de L.F. Le Camus et de l'abbé P.J.A. Roubaud. Les documents mis au jour par H. Hasquin font clairement état d'un seul auteur, Jacques ACCARIAS DE SERIONNE (1706-1792?). C'est lui qui l'a fondé et rédigé. Une malheureuse affaire financière força Serionne à se retirer dans les Pays-Bas vers novembre 1757. Il gagna la confiance du ministre plénipotentiaire de Vienne, Cobenzl, par des travaux et obtint de publier le Journal à partir de janvier 1759. L'affaire périclita au bout de trois ans et Serionne passa dans les Provinces-Unies (1763) pour s'installer ensuite en Autriche, où il serait décédé à Vienne en 1792. Son séjour à Bruxelles fut entrecoupé de voyages en Hollande; il rédigea et publia aussi son intéressant Almanach des commerçants (Bruxelles 1762).

Quoique les documents officiels soient muets sur ce point il est difficile de croire que Serionne ait été le seul rédacteur du Journal. Son biographe de 1889 affirme qu'il aurait reçu la collaboration assidue d'un économiste et négociant nantais, Jean Gabriel Montaudoin de La Touche (1722-1781). Le biographe omet du reste de prouver ce propos. Il est cependant avéré que La Touche collaborera aux Intérêts des nations de l'Europe de Serionne (Leyde 1766). Nous n'avons pu recueillir d'autres informations sur ce point. Remarquons cependant que la dédicace est signée A.D., initales qui désignent les signataires. Le privilège de 1761 mentionne J. de *** «notre secrétaire titulaire» comme seul requérant et «Auteur» du Journal. Accarias n'est nommé que par l'initiale de son prénom.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

L'Avertissement de janvier 1759 relayé par celui de janvier 1762 souligne la nouveauté du Journal à cause de sa portée utilitaire et son objet principal, le commerce, devenu une «science d'Etat». Le Journal offrira donc des études, des textes, des comptes rendus d'ouvrages spécifiques, des listes de prix, des adresses, des avis de circulation des denrées etc. mais il ne négligera pas les sciences auxiliaires du commerce telles que l'astronomie (pour la navigation), la chimie (pour les métaux), la botanique, l'histoire, le droit, la technologie.

Le programme ainsi proposé est assez fidèlement rempli. On trouve des annonces diverses (voies de circulation, ventes, prix, changes), des études entre autres sur le commerce étranger (en sept. 1759-avril 1760, dont H. Hasquin a prouvé qu'elles sont de Serionne), des avis divers (commerce, industrie, autorités locales, catalogues de firmes, manufactures, etc.), les cours des denrées et des produits à Amsterdam (cette rubrique disparaît en janvier 1761), le tableau des changes, des assurances, obligations et statistiques (disparaît en janvier 1762), des comptes rendus entre autres de L'Ami des hommes (janv. 1761 - mars 1762), des lettres (authentiques?) de lecteurs, pour la plupart anonymes, des textes polémiques (avec les physiocrates) et des études sur l'agriculture. Périodique équilibré, soigneusement relu comme le montrent les nombreux errata, bien à l'image de cette nouvelle presse spécialisée qui est en train de naître, le Journal qui reflète les vues gouvernementales de Vienne et de Bruxelles, n'appartient pas de fait à Serionne: celui-ci dispose d'une marge étroite pour se profiler et il y parvient. Le Journal n'est donc pas dénué d'intérêt.

Il existe des tables détaillées par années.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Les collections complètes du Journal sont rares: B.N., V 28726-28745; B.R. Bruxelles, VH 24923 (manquent la dernière livraison de 1759, la troisième de 1760 et les 3 dernières de 1762).

Bibliographie

Le Journal n'a pas été réédité et n'a pas été contrefait. Il est mentionné à l'époque entre autres par François Chevrier dans Le Colporteur (Londres 1762; cf. la réédition d'A. Van Bever, Paris, 1914, p. 14, 15, 116, 117, 254); Grimm, C.L. (t. VII, p. 258; t. VIII, p. 98); F.L., 1769, t. I, p. 405; B.H.C., p. 65; Cior 18, t. I, p. 216; D.P. 2.

Sur Accarias de Serionne, outre les archives de Bruxelles (Archives générales du royaume, secrétairie d'Etat et de Guerre 1233, 2247, 2248, 2250; Conseil privé autrichien, liasse 1065) et de Vienne (Österreichisches Staatsarchiv, Berichte DDA 75, 94; Depeschen DDA 43), on lira J. Accarias, «Un Publiciste dauphinois du XVIIIe siècle. Jacques Accarias de Serionne: sa famille, sa vie, ses ouvrages», Bulletin de l'Académie delphinale (1889), t. III, p. 487-533, et avant tout H. Hasquin, «Jacques Accarias de Serionne économiste et publiciste français au service des Pays-Bas autrichiens», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1974, t. I, p. 159-170. Voir également D.P. 2, art. «Accarias de Serionne».

Historique

Lancé en janvier 1759, pourvu de l'indispensable autorisation de la censure, le Journal de commerce, rédigé par Jacques Accarias de Serionne est une feuille gouvernementale comme tous les périodiques publiés alors dans les Pays-Bas autrichiens. En gagnant la confiance de Cobenzl par ses travaux Serionne ne peut cependant acquérir de fonction ou de titre officiels. Les Pays-Bas n'avaient pas encore de périodique commercial: le gouvernement de Bruxelles saisit l'occasion et c'est ainsi que Serionne devient journaliste. On ignore comment l'affaire s'est emmanchée: il n'a pas été trouvé de documents préalables à la parution dans les archives du Conseil privé, ni requête, ni consulte, ni décret. Le premier acte officiel connu est l'approbation par la censure: tout porte à croire qu'à ses débuts le Journal a été édité et imprimé par permission tacite issue des plus hautes autorités gouvernementales. Du reste, le Journal est régulièrement expédié à Vienne et il y donne satisfaction. Le 19 octobre, l'impératrice Marie-Thérèse enjoint au gouverneur général de payer à Serionne une gratification de cent pistoles (soit 1050 florins, somme considérable) qui sera versée sur les comptes secrets. Ces versements seront renouvelés annuellement jusqu'en 1762: ils font vivre Serionne et «son» périodique; le journaliste du reste demande et obtient plusieurs fois des versements anticipés. Il jouit donc manifestement de la bienveillance protectrice du gouvernement. Le Conseil privé rejette aussi en 1760 le projet d'une feuille plus ou moins concurrente; le 13 août 1761 le Journal reçoit enfin un privilège qui lui garantit certes l'exclusivité mais réserve aux autorités le droit de désigner «à l'avenir» un successeur de leur choix.

Il semble que les difficultés ont surgi assez tôt. L'Avertissement de janvier 1761 fait allusion à des difficultés d'impression. L'imprimeur Vanden Berghe est dit trop occupé pour imprimer «notre Journal avec toute l'exactitude que demande un Ouvrage de cette nature». Le retard accumulé (dont l'ampleur n'est pas précisée) sera rattrapé. On change d'imprimeur, on utilise des caractères nouveaux et d'un corps plus petit, ce qui permettra de supprimer «quelques feuilles» pour «la même quantité de matières». Effectivement la moyenne des pages est en régression. Mais des rubriques disparaissent également. Le Journal cesse brusquement de paraître après décembre 1762. Les raisons de cet arrêt non annoncé restent obscures. Manque de succès? H. Hasquin pense que le gouvernement n'a pas retiré le profit escompté. Profit financier? moral? Lorsqu'en 1765 le Parisien Dufresne sollicite un privilège pour continuer le Journal,il se voit débouté par le Conseil privé qui justifie son refus en estimant inutile la publication de journaux sans intérêt, sans succès, plus inspirés par «la fureur d'écrire et de gagner en écrivant» que par «le désir d'être utile». Allusion à Serionne? Celui-ci avait-il déplu? Nous ne le croyons pas, car les ponts avec Vienne ne furent pas rompus. Serionne prétend en 1763 qu'il est chargé d'une mission économique; il continue à rendre des services au ministre plénipotentiaire et est payé sur les fonds secrets pour ses prestations au moins jusqu'en 1767.

Il est par ailleurs évident que si le gouvernement avait absolument désiré la poursuite du Journal de commercei, il l'aurait mise en œuvre quand et comment il l'entendait. Or, il n'en fit rien. Des recherches nouvelles permettront un jour, espérons-le, d'apporter une réponse précise et concrète à cette question.

Additif

Dates, périodicité, privilège(s), approbation(s): Gazette d’Amsterdam, 9, 13 février 1759: J. van den Bergh, libraire à Bruxelles, débite actuellement un Journal de Commerce qui a été très bien reçu du public. Il commence au 1er janvier de cette année et formera par mois un volume d’environ 200 pages. Cet ouvrage intéresse également les personnes qui font le commerce, celles qui l’étudient et celles qui le protègent. Il intéresse même ceux qui se livrent à l’étude de l’agriculture et des arts mécaniques. Il manquait au public un ouvrage périodique dans un genre si utile. La souscription est de 15 livres argent de France par année.

Gazette d’Amsterdam, 27 février avec adresses: On le trouve à Paris chez Lambert, libraire; à Amsterdam chez Rey et Magérus; à La Haye chez N. van Daelen et Gosse junior; à Cologne chez la veuve Krakamps; et à Liège chez Bassompierre. Ledit Van den Berghe le fera tenir par la poste, dans toute l’étendue de la France, aux personnes qui voudront le recevoir tous les mois par cette voie, franc de port, au moyen de 20 livres, argent de France, par année pour prix de ce journal [...].

Gazette d’Amsterdam, 20 avril: avis sur une contrefaçon envisagée par un libraire en Hollande; dorénavant les exemplaires du J.d.C. qui ne seront point paraphés par lui sur la première page, ne seront pas véritables .

Auteur additif

Titre indexé

JOURNAL DE COMMERCE 1

Date indexée

1759
1760
1761
1762

ANNONCES ET AVIS DIVERS DES PAYS-BAS

0050
1760
1811

Titre(s)

Annonces et Avis divers des Pays-Bas.

En 1800 le titre se modifie en Annonces et Avis divers de Bruxelles et le journal sera continué en 1805-1806 par une fusion de deux feuilles parallèles sous le titre unique de Affiches, Annonces et Avis divers du département de la Dyle. Nous connaissons pour la période 1802-1804 un Feuilleton supplémentaire.

Il n'existe pas de collection complète du journal et les renseignements fournis par les archives sont fragmentaires. Il est toutefois possible de tracer les lignes sommaires de l'existence du journal. En vertu d'un privilège accordé le 10 juillet 1760, le journal voit le jour le mardi 2 décembre suivant, à Bruxelles. Il avait été annoncé par un prospectus de 4 p., non daté, vraisemblablement lancé au cours de l'été.

Les périodicités, annoncées et réelles, sont exemplaires. Le journal paraît régulièrement deux fois par semaine, le mardi et le samedi. On notera que vers 1796 la fréquence s'élève à trois livraisons par semaine (mardi, jeudi, samedi). Chaque livraison est numérotée: on arrive ainsi à un total de 104 numéros par an ou davantage si la fréquence dépasse les deux numéros par semaine. Les livraisons de 4 ou 8 p. sont généralement reliées en un volume, parfois pourvus d'un titre général.

Description de la collection

Selon les années, le format varie du petit in-folio à l'in-8° en passant par la feuille in-4°.

A proprement parler il n'y a pas de devise sous l'ancien régime. De 1765, au moins, à 1789 on trouve les armes impériales, du 15 décembre 1789 au 30 novembre 1790 ce sera le Lion belgique des éphémères Etats Belges Unis. Les armoiries impériales reviendront (3 déc. 1790) jusqu'à l'invasion française. Au cours de l'occupation française on trouvera les mots Liberté-Egalité en tête de nombreux numéros (1796).

Édition(s), abonnement(s), souscription(s), tirage(s)

Suivant son existence mouvementée, le journal connaîtra au moins neuf adresses différentes. Paraissant sous la mention de Bruxelles l'adresse combine quelquefois celles de l'éditeur ou détenteur du privilège (E.), de libraires (L.) et d'imprimeurs (I.) selon le fait que les trois états peuvent être réunis sous un seul nom. Nous connaissons les adresses suivantes: J.J. Boucherie (1761, L.I., rue des Longs Chariots), H. Vleminckx (1765, I., rue des Chapeliers), E. de Bel (1785, I., Marché-au-bois), J.L. de Boubers (1780-1782, E.L.I., rue d'Assaut), J.B. Villebon (1785 et suite, 1802-1803, E.L., rue de la Madeleine, rue J.J. Rousseau [des Boggards]), le libraire Laurent (1797, rue du Marais), la veuve Lorent sic(1800, L.I., rue du Capitole [de la Madeleine], C.A. de Weissenbruch (depuis 1803, E.L.I., place de l'Egalité [de la Cour]).

Quant aux propriétaires réels, nous avons pu reconstituer la liste suivante: Charles Brindeau Des Roches (10 juil. 1760 – 30 juin 1762), Société de créanciers (1762-1780) avec la participation non légalisée de P. Vigoureux, Jean-Louis de Boubers (21 juin 1780 – 1782-1783 faisant banqueroute), Benoît Le Francq (le 11 févr. 1784 par surrogation), Gillyns fils (créancier, 16 févr. 1784), Judocus Gillyns (son père, été 1785), Jean-Baptiste Villebon (1785, nouvel octroi du 19 juin 1780 – 1802, du moins formellement), Charles Auguste de Weissenbruch (à partir de 1804?).

L'on ne connaît aucune indication concernant les abonnés ou le tirage du journal. A titre d'indication, le recensement de Bruxelles en 1784 compte 74 427 habitants intra-muros. L'abonnement coûtait en 1761 9 florins de Brabant par la poste, 8 par le bureau du journal. En 1789, il a grimpé à 10 fl. 10 stuyvers [cf. les sols]. Ce montant semble se maintenir jusqu'en 1796-1797. En 1800 il s'élève à 12 fl.; on note 24 francs [français] en 1806.

Fondateur(s), directeur(s), collaborateur(s), contributeur(s)

Compte tenu des renseignements fragmentaires, on peut dresser la liste suivante des auteurs ou journalistes qui se confondent quelquefois avec le détenteur du privilège: Charles Julien BRINDEAU DES ROCHES (1761-1762), René Néron (1762-1763), Pamphile Vigoureux (1763), épouse Vigoureux (jusqu'en 1779), Jean-Baptiste Villebon (1786, 1788-1801?), Charles Auguste de Weissenbruch (1801?-1811). Nous n'avons pu trouver aucune indication concernant les collaborateurs réguliers ou occasionnels. Selon toute vraisemblance le journal compile les mille et une informations locales et a eu le plus souvent recours à des collaborations occasionnelles, le journaliste ou auteur assurant la coordination et peut-être la teneur des rares articles en forme.

Contenu, rubriques, centres d’intérêt, tables

Le contenu est celui de toutes les feuilles publicitaires du temps: cours de la bourse, des effets, des changes; mercuriale des prix (grains, légumes, viandes, etc.), ventes, achats, échanges de biens mobiliers et immobiliers, objets, animaux domestiques, de ferme, perdus, trouvés; annonces des spectacles, fêtes, bals, redoutes, séances, etc.; embauches de gens de maison, ouvriers; personnes indélicates; objets perdus, trouvés; produits particuliers; démonstrations diverses; jeux de société (charades, etc.). On remarque cependant, dès le début, des articles plus nourris portant sur la critique des spectacles, des ouvrages nouveaux, des pièces en vers, des lettres de lecteurs (fictifs ou vrais). Par la combinaison de ces éléments le journal tient à la fois le rôle classique de la feuille d'annonces et d'information et celui d'opinion culturelle, sans se confondre cependant avec son aîné la Gazette. Il la complète de fait, et offre pour l'histoire locale quotidienne une mine inépuisable de renseignements sur la vie économique, sociale et culturelle des Pays-Bas autrichiens, particulièrement à Bruxelles. Il n'existe pas de tables.

Localisation(s), collections connues, exemplaires rares

Pour la localisation des exemplaires subsistants nous avons eu recours à cinq fonds différents à Bruxelles: Bibliothèque royale (B.R.), Archives de la Ville (A.V.B.), Archives générales du royaume (A.G.R.), Mundaneum (M.U.N.) et collection Weissenbruch (A.W.): 6 janv.-29 déc. 1761 (B.R.); 19 mars-18 oct. 1765 (A.G.R.), 24 déc. 1765 (M.U.N.); 1765-1785 (A.G.R., lacunes nombreuses); 13 mars 1770 (M.U.N.); 31 janv. 1775 (A.G.R.); 25 avril 1775 (M.U.N.); 21 juil. 1780-24 sept. 1782 (A.V.B., lacunes); 10 juin 1783, 11 janv. 1788 (M.U.N.); 2 janv. 1789-31 déc. 1790 (A.V.B.); 15, 22 janv., 5 nov., 24 déc. 1790, 11 nov. 1791 (M.U.N.); 28 mai 1796-23 déc. 1797 (A.V.B., lacunes); 21 avril 1798 (M.U.N.); 31 août 1798-20 déc. 1805 (A.W., lacunes); 9 sept. 1800 (A.V.B.); feuilleton 1802-1804 (A.G.R., lacunes); 4 janv., 20 mars 1803 (M.U.N.); 25 mars 1803 (A.V.B.), prospectus 1804 (A.V.B.); 3 janv.-30 déc. 1806 (A.V.B.).

Bibliographie

Il n'existe aucune bibliographie spécifique pour ce journal. On consultera aux Archives générales du royaume, les fonds suivants: Conseil privé autrichien, 1065-1066, 86-87; Office fiscal de Brabant, 1023; Secrétairie d'Etat et Guerre, 6116; Conseil général de Gouvernement, 2425. Aux Archives de la Ville: Police 776. Citons aussi notre «Journalistes et journaux», Etudes sur le XVIIIe siècle, Bruxelles, 1977, t. IV, p. 117-127, et H. De Schampheleire, «Documents relatifs à la diffusion des œuvres de Voltaire, de J.-J. Rousseau et de Diderot à Bruxelles», Etudes sur le XVIIIe siècle,Bruxelles, 1979, t. VI, p. 155-166.

Historique

Les Annonces et avis divers des Pays-Bas autrichiens s'inscrivent dans le mouvement des journaux publicitaires que l'on rencontre un peu partout en France, à la Guadeloupe, dans les Provinces-Unies (Amsterdam) et dans les pays qui formeront la Belgique actuelle (Bruges, Courtrai, Gand, Liège, Malines, Mons).

Au mois de mai 1760, un Tourangeau installé à Bruxelles, Charles Julien Brindeau Des Roches, présente au Conseil privé (Conseil de gouvernement) une requête afin de pouvoir publier une feuille d'annonces. Quelque peu réticent, le Conseil propose un octroi révocable à loisir (16 juin). Le gouverneur général, Charles de Lorraine, donne son accord et fait expédier un octroi le 19 juillet. Les débuts du journal sont difficiles à cause de la concurrence du Gazetin (ou Mémoires du temps), exploité par François Antoine Chevrier (Conseil privé, 18 avril 1761), et qu'il faut remettre au pas. Ne pouvant faire face à ses problèmes financiers, Brindeau Des Roches fait banqueroute et se réfugie à Liège, terre d'Empire, le 30 juin 1762. Dès le lendemain, ses créanciers réunis obtiennent la continuation du journal dont la rédaction est confiée à René Néron (18, 20 juil. 1762). Plus tard, Brindeau Des Roches, installé à Paris où il dirige un Bureau d'adresses, propose au Conseil privé un plan qui lui permettra d'étaler le paiement de ses dettes, et qui sera accepté (mars 1764). Entre-temps, le 15 mars 1763, le Parisien Pamphile Vigoureux et la société des créanciers concluent un accord selon lequel les bénéfices seront partagés de moitié et prévoyant une reprise du journal par ledit Vigoureux. L'affaire est conclue mais non pas légalisée et cette carence faillit coûter cher à Vigoureux en 1776, lorsque, arguant de son absence interprétée comme une fuite pour dettes, le puissant libraire Jean Louis de Boubers dépose le 13 février une demande pour un nouvel octroi. Bien que le Conseil privé soit gagné aux vues du libraire, et après des interventions et des offres répétées du ménage Vigoureux, Boubers doit s'incliner devant la volonté du gouvernement général qui entend «ne pas disposer» en sa faveur. Boubers revient cependant à la charge le 4 octobre 1779 après le décès de l'épouse Vigoureux qui résidait à Bruxelles. Son mari continue à résister de loin, tandis que le Conseil opine à nouveau en faveur de Boubers. Le 16 décembre celui-ci obtient gain de cause. L'octroi de 1760, toujours en vigueur, est révoqué. On passe outre aux protestations de Vigoureux et un appel d'offres est lancé. Au terme d'une lutte acharnée, qui durera près de 6 mois, Boubers finit par l'emporter sur ses concurrents, en offrant 4000 florins (mise à prix, 2000) pour un octroi de 8 ans, incluant la publication d'un supplément, l'insertion gratuite des avis officiels, un service de presse gratuit et une soumission inconditionnelle aux règlements. Le 21 juin 1780, après avis favorable du Conseil (12 juin), un octroi de 8 ans est enfin accordé à Jean Louis de Boubers. Lui-même fait faillite à la fin de 1783 et le Conseil lance un nouvel appel d'offres le 7 février 1784. L'imprimeur bruxellois Benoît Lefrancq, sur sa requête de surrogation en date du 9 et après accord avec les créanciers, décroche l'affaire le 11, mais la cède dès le lendemain à l'un des créanciers, Gillyns fils, procédure du reste approuvée le 16.

Au cours de l'été 1785 la créance de Gillyns fils est rachetée par le père de ce dernier, Judocus Gillyns, et à son tour ce dernier revend sa créance avec le matériel de l'imprimerie pour 5000 florins à Jean François Villebon. Le reste des créances sera racheté par Villebon pour 3000 fl. et il se trouve désormais seul à la tête des Annonces. Lorsque l'octroi de 1780, prévu pour 8 ans, vient à expiration, Villebon en sollicite un nouveau en date du 27 mars 1788. Boubers, qui a refait ses affaires entre-temps, se met sur les rangs le 2 avril et le schéma de 1779-1780 se répète: offres et contre-offres font monter les enchères. Le Conseil de gouvernement, qui a remplacé le Conseil privé, décida en fin de compte en faveur de Villebon qui reçoit le 19 juin un nouvel octroi moyennant le paiement de 5500 fl. (mise à prix de 4500 fl.), un service de presse gratuit pour 40 exemplaires, l'insertion gratuite des avis officiels et la soumission à tous les règlements en usage dans la profession du livre. L'octroi prend cours le 28 juin 1788 pour une durée de 8 ans. Villebon tenta de payer en deux tranches, le Conseil l'engage le 26 juillet à s'en tenir strictement aux stipulations de l'octroi. Il n'en demeure pas moins qu'il obtient gain de cause auprès de la Chambre des comptes et le Conseil doit prendre acte de la décision le 28 novembre 1789. A ce moment, les patriotes Brabançons sont aux portes de la capitale mais leur «révolution» ne semble pas avoir inquiété le cours du journal. L'invasion et l'occupation française en décident autrement et en l'an X Villebon cède la propriété de son journal à Charles Auguste de Weissenbruch, le beau-frère de Pierre Rousseau et directeur des journaux de la Société typographique de Bouillon, désormais installé à Bruxelles. Weissenbruch publiait au moins depuis le 8 floréal de l'an VI (27 avril 1798) des Annonces et avis divers de Bruxelles. Son journal paraît jusqu'en 1805 et devient à cette époque un feuilleton du Journal judiciaire du département de la Dyle. Un décret du 10 décembre 1811 réunira sous un titre un journal édité par Brackenier intitulé Feuille d'annonces de la ville de Bruxelles et ce qui s'appelait les Affiches, annonces et avis divers du département de la Dyle, lointain héritier du journal créé en 1760.

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